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ENEV - Comité permanent

Énergie, environnement et ressources naturelles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles

Fascicule 12 - Témoignages du 8 mai 2014


OTTAWA, le jeudi 8 mai 2014

Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 9 h 2, pour étudier le développement des énergies renouvelables et non renouvelables dans les trois territoires du Nord, y compris le stockage, la distribution, la transmission et la consommation d'énergie, de même que les technologies émergentes.

Le sénateur Richard Neufeld (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bienvenue à cette séance du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Je m'appelle Richard Neufeld. Je représente la Colombie-Britannique et je préside le comité. Je souhaite la bienvenue aux sénateurs et aux personnes qui assistent à l'audience, ici même et aux quatre coins du pays par l'intermédiaire de la télévision. Je rappelle d'ailleurs à nos auditeurs que les audiences du comité sont ouvertes au public et qu'elles sont webdiffusées à sen.parl.gc.ca. Le calendrier des témoignages se trouve également sur ce site web, à la rubrique consacrée aux comités sénatoriaux.

Je prie maintenant les sénateurs de se présenter.

Le sénateur Sibbeston : Nick Sibbeston, des Territoires du Nord-Ouest.

Le sénateur Day : Sénateur Joseph Day, du Nouveau-Brunswick.

[Français]

La sénatrice Ringuette : Pierrette Ringuette, du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Massicotte : Paul Massicotte, du Québec.

[Traduction]

Le sénateur Wallace : John Wallace, du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Patterson : Dennis Patterson, du Nunavut.

Le sénateur Black : Doug Black, de l'Alberta.

La sénatrice Seidman : Judith Seidman, de Montréal, au Québec.

[Français]

Le sénateur Boisvenu : Pierre-Hugues Boisvenu, Québec.

[Traduction]

Le président : Je présente également notre personnel : la greffière, Lynn Gordon, et deux analystes de la Bibliothèque du Parlement, Sam Banks et Marc LeBlanc.

Le 4 mars dernier, le Sénat a autorisé le comité à mener une étude sur le développement des énergies renouvelables et non renouvelables dans les trois territoires du Nord, y compris le stockage, la distribution, la transmission et la consommation d'énergie, de même que les technologies émergentes. Nous en sommes aujourd'hui à la quatrième séance de cette étude.

Je suis ravi d'accueillir nos témoins, Paula Dunlop, directrice des affaires publiques et de la stratégie, et Paul Cheliak, directeur du développement des marchés, tous deux de l'Association canadienne du gaz.

Je vous remercie d'être parmi nous aujourd'hui. Nous vous en savons gré. Nous avons hâte d'écouter votre présentation, qui sera suivie d'une période de questions.

Madame Dunlop, vous avez la parole.

Paula Dunlop, directrice, Affaires publiques et stratégie, Association canadienne du gaz : Merci, monsieur le président, et merci également au comité de nous donner la chance de nous exprimer devant vous aujourd'hui. Comme on vient de l'entendre, je m'appelle Paula Dunlop et mon collègue Paul Cheliak. Nous avons préparé une courte déclaration. Nous serons heureux de répondre ensuite à vos questions.

L'Association canadienne du gaz est la porte-parole des distributeurs de gaz naturel canadiens. J'ai déjà présenté cette carte au comité, mais elle se trouve également dans la documentation. Je veux vous rappeler où s'inscrivent nos membres dans le paysage énergétique du Canada.

Nos membres sont les distributeurs et les transporteurs de gaz naturel qui fournissent des solutions énergétiques à plus de 6,4 millions d'abonnés au Canada. Maisons, appartements, bâtiments, hôpitaux, écoles et entreprises : nettement plus de la moitié de la population canadienne compte sur le gaz naturel. Des fabricants d'équipement et des fournisseurs comptent également parmi nos membres.

Aujourd'hui, j'aborderai le rôle éventuel du gaz naturel en tant que source d'énergie abordable, propre, sûre et fiable pour le Nord, y compris les trois territoires. Je répondrai plus particulièrement à trois questions. À quoi sert l'énergie consommée au Canada? Comment le gaz naturel et l'industrie de sa distribution répondent-ils actuellement à ces besoins au Canada? Quels avantages le Nord canadien et les territoires du Nord pourraient-ils tirer du gaz naturel ou du gaz naturel liquéfié? Je présenterai ensuite des projets pilotes qui devraient être lancés cette année. Comment le gouvernement fédéral peut-il les soutenir?

À quoi sert l'énergie consommée au Canada? Elle répond à trois besoins fondamentaux de la société : le chauffage et la climatisation, la mobilité ainsi que l'électricité. L'essentiel de l'énergie consommée au Canada, soit environ 50 p. 100, sert au chauffage. Ici, je parle aussi bien de chauffage ambiant que de thermogénie industrielle. Viennent ensuite, en ordre d'importance, l'énergie destinée à la mobilité et l'électricité, respectivement à raison de 30 et de 20 p. 100 environ.

Comment le gaz naturel et l'industrie de sa distribution répondent-ils actuellement à ces besoins au Canada? De nos jours, le gaz naturel est au cœur du paysage énergétique canadien, car il satisfait plus de 30 p. 100 des besoins énergétiques au pays. La clientèle résidentielle forme la majorité des 6,4 millions d'abonnés que j'ai mentionnés, mais c'est la clientèle non résidentielle — les entreprises, les établissements et la grande industrie — qui consomme l'essentiel du gaz naturel. Le gaz naturel sert à la thermogénie, à divers usages industriels, au chauffage résidentiel de l'air et de l'eau ainsi qu'à la production d'électricité. Seule une infime proportion du gaz naturel — moins de 1 p. 100 actuellement — sert de carburant pour le transport.

Revenons à la première carte, à la page 1. On y voit les 440 000 kilomètres de gazoducs souterrains ainsi que les infrastructures et les installations de stockage qui ont été aménagés dans le but d'acheminer le gaz naturel jusqu'aux consommateurs, d'un bout à l'autre du pays. On constate également que les zones visées par une franchise de distribution du gaz naturel se situent dans des centres urbains et en périphérie. Depuis 2005, le secteur de la distribution de gaz naturel a investi au-delà de 25 milliards de dollars dans l'exploitation et l'entretien de ce vaste réseau national, c'est-à-dire de 2 à 3 milliards de dollars par année, afin qu'il demeure sûr et fiable.

C'est ainsi que l'on consomme de nos jours ce produit et ce sont là nos consommateurs. Passons maintenant à la proposition de valeur qu'impliquerait le prolongement du réseau de distribution de gaz naturel dans le but d'offrir des services énergétiques plus abordables, plus écologiques et plus efficients qu'auparavant aux consommateurs, aux collectivités et aux industries, en particulier l'industrie minière canadienne, qui, puisqu'elle se trouve dans des régions nordiques et éloignées, n'est pas reliée au réseau de distribution existant.

En ce qui concerne la proposition de valeur pour le Nord canadien, rappelons que le gaz naturel est une ressource abondante, abordable, propre, polyvalente, sûre et fiable. Aux fins de nos échanges, je tiens à m'arrêter à ceux de ces attributs qui revêtent une pertinence particulière lorsqu'il est question d'éventuellement recourir au gaz naturel dans le Nord canadien.

Sur le plan financier, toute réduction des coûts d'énergie qui ne se fait pas au détriment du confort ou qui a une incidence neutre, voire positive sur le niveau de service ou la productivité constitue un avantage manifeste pour l'ensemble des consommateurs d'énergie. C'est autant d'argent supplémentaire qu'ils peuvent consacrer à leur famille et à leur domicile ou, pour les clients commerciaux, réinvestir dans le but de gagner en productivité et de prendre de l'expansion.

Selon Statistique Canada, les dépenses totales en gaz naturel des foyers canadiens ont été ramenées d'un peu moins de 8 milliards de dollars en 2008 à un peu moins de 6 milliards de dollars en 2013. En parallèle, les dépenses en électricité sont passées de 15,5 à 17,7 milliards de dollars au cours de la même période, ce qui signifie que, en 2013, le ménage canadien moyen dépense de 1 000 $ à un peu plus de 4 000 $ pour se chauffer, selon les régions du pays, économisant plus de 3 000 $ lorsqu'il opte pour le gaz naturel plutôt que pour le mazout.

À long terme, l'Office national de l'énergie prévoit que le cours du gaz naturel devrait atteindre de 4 $ à 6 $ le gigajoule d'ici à 2035 et que celui du pétrole brut, duquel dépend le prix du diesel et de l'essence, devrait se maintenir à plus de 100 $ le baril.

Sur le plan écologique, le gaz naturel constitue un choix énergétique efficace et à combustion propre qui génère moins d'émissions que beaucoup d'autres combustibles. De plus, le gaz naturel est un important partenaire des produits renouvelables et des technologies nouvelles à faibles émissions. En outre — et c'est particulièrement pertinent pour le Nord —, en cas de fuite, le gaz naturel se dissipe dans l'air et ne peut donc pas contaminer le sol.

Le gaz naturel ouvrirait par ailleurs des perspectives dans le Nord canadien. En effet, en matière de chauffage et d'électricité, les habitants et les industries qui s'y trouvent dépendent actuellement de sources énergétiques plus coûteuses qui produisent davantage d'émissions, principalement le diesel. Souvent, les infrastructures existantes arrivent en fin de durée utile et leur remplacement est déjà envisagé. Parfois également, des mises en chantier nécessitent l'aménagement d'infrastructures. Dans les deux cas, le gaz naturel liquéfié, ou GNL, et le gaz naturel comprimé, ou GNC, sont des solutions avantageuses, à la fois abordables et écologiques.

À titre d'information, on obtient le GNL en refroidissant du gaz naturel de pipeline à moins 162 ºC afin de le ramener à l'état liquide, pour un volume 620 fois inférieur à celui du gaz naturel à pression normale. Le GNL peut alors être stocké dans des réservoirs et transporté par camion, par bateau ou par train jusqu'à une installation de regazéification, à proximité de grands complexes industriels — une mine, par exemple — ou de localités nordiques où le gaz naturel peut servir au chauffage ou à la production d'électricité.

Quant à lui, le GNC s'obtient en comprimant du gaz naturel à haute pression, pour un volume pas moins de 300 fois inférieur à celui du gaz naturel à pression normale. Il convient particulièrement aux collectivités rapprochées — 400 kilomètres maximum — du réseau de gazoducs existant. Concrètement, pour le Nord, c'est le GNL qui nous intéresse.

Les infrastructures de production et de regazéification du GNL se multiplient au pays. Depuis trois ans, des installations ont été construites ou proposées dans plusieurs provinces et territoires.

La deuxième carte, dont la version française se trouve à la page 4 et la version anglaise, à la page 3, montre dans le détail les trois projets pilotes de livraison de GNL à des localités nordiques qui dépendent du diesel ou qui, pour une raison ou une autre, ont du mal à subvenir à leurs besoins en énergie. Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, utilise du gaz naturel liquéfié transporté depuis une installation de stockage appartenant à FortisBC, une société britanno-colombienne de distribution de gaz naturel. Le GNL parcourt plus de 3 600 kilomètres par camion dans chaque direction entre Delta, en Colombie-Britannique, et la localité, où on le regazéifie pour l'employer afin de produire de l'électricité et de se chauffer. Le passage au GNL devrait générer des économies d'environ 2 millions de dollars et 500 tonnes d'émissions de gaz à effet de serre de moins chaque année.

La localité yukonaise de Watson Lake se convertira en partie du diesel au GNL. La même installation de FortisBC l'approvisionnera. Le gaz naturel liquéfié parcourra alors plus de 2 000 kilomètres par camion entre Delta et Watson Lake avant de servir à la production d'électricité. Ce changement devrait engendrer des économies de 2,7 à 4 millions de dollars par année environ et réduire de 500 tonnes annuellement la quantité de gaz à effet de serre émis.

La même histoire se répète à Whitehorse, au Yukon : là aussi, le gaz naturel liquéfié viendra remplacer le diesel.

Je souligne par ailleurs, à titre d'information, que la mine de diamants Stornoway, dans le Nord du Québec, entend abandonner le diesel au profit du GNL. C'est Gaz Métro qui l'approvisionnera d'ici 2016. Ce sera la toute première mine canadienne à opter pour le gaz naturel liquéfié plutôt que pour le diesel. Voilà qui témoigne du potentiel du GNL à l'appui du développement économique du Nord canadien.

J'ignore si le comité a cherché à obtenir de plus amples renseignements auprès des entreprises qui prennent part à ces projets, mais, si vous le désirez, nous pourrons sans aucun doute vous mettre en relation.

Dans l'ensemble, nous estimons que le recours au gaz naturel, qui constitue une solution énergétique écologique et abordable, va dans le sens des intérêts nationaux, notamment en stimulant l'économie et la productivité, en soutenant le développement économique et l'emploi dans les réserves et dans le Nord, en appuyant l'industrialisation du Nord canadien, en créant des marchés, en favorisant l'atteinte d'objectifs environnementaux, en propulsant l'innovation et en proposant aux localités nordiques une source d'énergie efficiente et efficace.

En conclusion, je tiens à rappeler quelques points concernant le rôle du gouvernement fédéral et la présente étude. Tout d'abord, je vous remercie de prendre le temps d'examiner la question et d'y consacrer un rapport. Nous poursuivons notre dialogue sur d'éventuels débouchés avec Ressources naturelles Canada et le ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien, et l'étude fournira un nouvel éclairage fructueux.

En tant qu'industrie, nous nous affairons à proposer une vision pour le gaz naturel au Canada. Cette vision tiendra compte de nos idées à ce sujet et sur d'autres questions ainsi que de notre perception du rôle du gouvernement fédéral dans la concrétisation de ce que nous considérons comme une occasion qu'il faut saisir. Nous serons ravis de faire suivre ce document au comité lorsqu'il sera terminé, mais je crois néanmoins pouvoir vous donner un aperçu de nos réflexions initiales à l'égard des recommandations. J'ai trois points à ce sujet.

Primo, nous estimons que le gouvernement fédéral doit absolument continuer à faire équipe avec l'industrie pour favoriser l'innovation et les approches novatrices de manière à trouver des solutions énergétiques plus propres et plus abordables qu'actuellement pour le Nord canadien. Au moyen d'investissements et de partenariats en innovation dans le domaine de l'énergie, nous favoriserons les gains d'efficience et la diminution des coûts énergétiques, ce qui entraînera des gains de productivité et des possibilités d'investissement qui rejailliront directement sur notre économie.

Secundo, sur le plan des mesures fiscales ou d'une réaffectation de l'enveloppe budgétaire actuelle des programmes ou des infrastructures, autoriser la mise en œuvre dans le Nord de plus de projets tels que ceux que j'ai présentés en favoriserait la rentabilité. Là encore, notre énoncé de vision fournira de plus amples renseignements.

Tertio, l'industrie, Ressources naturelles Canada, le ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien ainsi que les gouvernements provinciaux et territoriaux doivent absolument continuer à travailler de concert pour faire connaître les avantages des modes de distribution d'énergie non conventionnelle, comme le gaz naturel liquéfié, dans les régions les plus nordiques du Canada. Nous appuierons le gouvernement fédéral dans toute tentative de favoriser ce genre de dialogue.

Monsieur le président, merci de m'avoir donné la chance de m'exprimer. Ainsi se termine mon exposé. Je serai ravie de répondre aux questions des membres du comité

Le président : Merci beaucoup de cette présentation. Pour commencer, en l'absence du vice-président, j'ai moi-même quelques questions.

Vous avez indiqué que les dépenses en gaz naturel ont diminué, passant d'un peu moins de 8 milliards de dollars à 6 milliards de dollars. Ces données concernent les dépenses des ménages seulement. C'est bien ce que vous avez dit? Pour l'électricité, vous signalez que les dépenses sont passées de 15 milliards de dollars à 17,7 milliards de dollars en 2013. Vous essayez d'établir une comparaison, mais je ne suis pas trop certain des éléments de la comparaison. Les données concernant l'électricité s'appliquent-elles aux dépenses des ménages seulement ou à tous les usages de cette forme d'énergie?

Paul Cheliak, directeur, Développement des marchés, Association canadienne du gaz : Aux dépenses des ménages. Il s'agit de dépenses résidentielles. On constate les mêmes variations dans les dépenses des entreprises et de l'industrie. Cependant, les chiffres indiqués se rapportent aux dépenses des ménages en matière d'énergie.

Le président : La raison pour laquelle les dépenses au chapitre du gaz naturel ont diminué, c'est qu'en 2008 — si je me rappelle bien — le gaz naturel coûtait probablement autour de 10 $, alors qu'il coûte maintenant 4 $. Voilà ce qui expliquerait la baisse. C'est ce que vous dites?

M. Cheliak : C'est exact.

Le président : La consommation a donc probablement augmenté?

M. Cheliak : Pour les ménages, la consommation a diminué d'environ un demi pour cent par année parce que les nouveaux appareils électroménagers sont plus éconergétiques et que les maisons sont mieux isolées et plus étanches. L'utilisation par client a réellement diminué.

Mme Dunlop : La principale raison de la baisse du prix du gaz, c'est en réalité le profil de l'offre en Amérique du Nord.

Le président : Je savais que Fortis fournissait du gaz naturel liquéfié, mais vous avez parlé d'autres projets. Quand je regarde la carte à l'endroit où je vis, je trouve intéressant de constater que le gaz vient de Fort St. John et de Fort Nelson, qu'il est acheminé jusqu'à Vancouver, où il est transformé en gaz naturel liquéfié, puis qu'il refait le trajet en sens inverse en camion. Ce n'est pas comme aller d'ici et l'épicerie du coin; entre Fort St. John et Vancouver, il y a 1 300 kilomètres, dans un sens seulement.

Fort Nelson possède d'immenses usines de production gazière et se trouve encore plus au Nord. Est-ce que des entreprises ont pensé à produire du gaz naturel liquéfié à Fort Nelson, qui est deux fois moins loin d'Inuvik que Delta? Avez-vous entendu parler de quelque chose à ce sujet, ou est-ce simplement que cela ne fait que commencer?

M. Cheliak : Des discussions préliminaires sont en cours au sujet de trois projets sur la côte Ouest du Nord de la Colombie-Britannique. Le tout devrait être conclu sous peu.

Le président : Je suis au courant de projets de production de gaz naturel liquéfié à Kitimat et à Prince Rupert. Je ne veux pas que vous alliez là parce que c'est sur la côte Ouest. Si on regarde les routes, on constate que la distance est presque la même que si on venait de Delta. Je parle de Fort Nelson et de Fort St. John.

M. Cheliak : Je parle aussi d'usines de liquéfaction pour le marché intérieur, pas pour l'exportation. Des plans préliminaires sont élaborés pour en installer à Dawson Creek et, je crois, à Fort St. John ou à Fort Nelson; il est également question de Prince Rupert. Ces installations répondraient aux besoins du Nord et de la Colombie-Britannique. On songe à établir une source d'approvisionnement plus proche que celle qui se trouve actuellement à Delta.

Le président : De qui s'agit-il?

M. Cheliak : Je devrai vous revenir au sujet du nom de l'entreprise. Rien n'a encore été arrêté.

Le président : Je serais très heureux que vous nous fournissiez ce nom. Je vous prie de le faire parvenir à Mme Gordon, qui veillera à ce qu'il nous soit transmis à tous.

Le sénateur Massicotte : Merci d'être avec nous ce matin. Votre témoignage est des plus utiles. Nous apprenons beaucoup.

Vous avez parlé, à la fin de votre exposé, de la nécessité d'un départ avec le gouvernement fédéral. Je suppose que vous parlez de quelque chose comme un crédit d'impôt ou des infrastructures. C'est comme un nom de code; ce que vous dites, dans le fond, c'est que vous avez besoin de financement de la part du fédéral pour que cela fonctionne, autrement, ce n'est pas réalisable. Est-ce bien cela?

Mme Dunlop : Le gouvernement fédéral joue trois rôles. Nous avons avec TDDC un nouveau partenariat en matière d'innovation qui porte sur la technologie d'utilisation finale. Cette technologie est disponible, mais elle n'est pas encore commercialisée. Nous croyons que ce genre de partenariat continu en matière d'innovation est utile.

Pour ce qui est de votre question concernant les dépenses de programmes, l'un des avantages de ces trois projets pilotes tient au fait qu'une grande quantité de données et de renseignements seront produits au sujet des obstacles à leur mise en œuvre et de leurs aspects économiques. Quand ces renseignements nous parviendront, nous serons mieux en mesure de voir comment reproduire ces initiatives ailleurs au pays. Je pense que nous pourrons préciser ce que j'ai dit là.

Le sénateur Massicotte : Combien cela coûtera-t-il aux contribuables canadiens?

Mme Dunlop : Nous n'avons pas déterminé le genre d'impôt ou de réaménagement de programmes qu'il faudrait.

Le sénateur Massicotte : Il ne s'agit pas de notre argent; il s'agit de l'argent des contribuables. Si le gouvernement fédéral vous assurait qu'il vous fournirait tous ses cerveaux et toute son expertise, mais qu'il ne vous donnerait pas un sou, cela signifierait-il à coup sûr que vous ne pourriez pas fournir de gaz naturel au Nord? Croyez-vous qu'il existe un mécanisme qui ferait que ce serait profitable pour vos membres, indépendamment de cela?

Mme Dunlop : Je ne dispose pas de ce genre de renseignements. Il y a deux choses que nous aimerions voir : les projets pilotes et leurs résultats finaux. Je recommande au comité d'entendre les entreprises concernées, parce qu'elles auront une meilleure idée des coûts ainsi que des dépenses et des retombées sur ce plan.

Le sénateur Massicotte : Quand je regarde la carte et que je vois tous les camions qui montent dans le Nord, je me dis que les distances sont longues, très longues. Les conditions routières varient parfois selon la saison et peuvent être très difficiles. On pourrait faire valoir que cela ne pose pas de problème et qu'on crée de l'emploi. Des témoins nous ont cependant parlé de la sécurité. La distance à parcourir est longue, et si on transporte du gaz naturel liquéfié, la question de l'environnement se pose.

Or, dans votre exposé, vous avez parlé de la quantité de gaz à effet de serre qu'on évite de produire en transportant du gaz naturel dans le Nord au lieu de carburant diesel, je suppose. C'est avantageux du point de vue de l'environnement. Quand vous faites ce calcul, pensez-vous aux conséquences du transport par camion sur une telle distance? Vous parlez de « réduction nette »; je suppose qu'il s'agit de la réduction nette des gaz à effet de serre totaux, y compris ceux que produit le transport par camion?

Mme Cheliak : La réduction des gaz à effet de serre indiquée est celle qui se produit à la source, où s'effectue la combustion. Il ne faut pas oublier que le diesel est transporté par camion, lui aussi. Il se peut que la production de gaz à effet de serre soit un peu plus élevée pour le transport du gaz naturel liquéfié que pour le transport du diesel, mais c'est parce que la distance à parcourir est plus longue. Cependant, la majeure partie des émissions, dans un projet de cette nature, proviennent de la combustion du produit. Les kilomètres supplémentaires à parcourir ont une incidence minime, qu'il faut toutefois prendre en considération.

Le sénateur Massicotte : Il ne faut donc pas trop s'inquiéter des conséquences pour l'environnement du transport par camion sur une si longue distance, parce que, d'après ce que vous dites, ces conséquences sont relativement mineures comparativement à celles que comporte l'utilisation de carburant.

M. Cheliak : C'est exact.

La sénatrice Ringuette : Corrigez-moi si je me trompe, mais j'avais l'impression que, dans la région dont nous parlons, on produisait du gaz naturel. Est-ce bien le cas? Ou est-ce plutôt qu'on pourrait en produire?

Mme Dunlop : Dans la région d'Inuvik, on se servait à l'origine de gaz naturel produit localement. Le puits est censé s'assécher plus tôt que prévu, de sorte qu'il faut chercher une autre source d'approvisionnement.

La sénatrice Ringuette : Vous avez dit qu'un des puits est en train de s'assécher. J'avais cru comprendre qu'on découvrait beaucoup de gaz dans la région. Est-ce que je me trompe?

M. Cheliak : Oui, il y a des ressources considérables dans le Nord.

La sénatrice Ringuette : Du gaz naturel?

M. Cheliak : Oui, des billions de pieds cubes découverts dans les années 1970, 1960 et même avant. Le problème se situe sur le plan des infrastructures : il faut des conduites pour déplacer ce gaz. Est-il réellement possible de déterminer la valeur pécuniaire de l'un de ces puits, d'installer une usine de liquéfaction à côté et d'acheminer le produit vers les mines et les collectivités à partir d'un endroit situé plus au Nord? Il faudrait déterminer si ce serait rentable. Mais il est certain que le sol du Nord recèle des ressources potentielles considérables.

La sénatrice Ringuette : À mon avis, nous devrions envisager de mettre en place les infrastructures nécessaires afin qu'il soit possible, en premier lieu, d'exploiter le gaz naturel de la région, puis de le distribuer aux collectivités locales et de faire éventuellement autre chose.

Monsieur le président, d'une part, on nous dit que l'énergie coûte cher et qu'on a trop recours au diesel, et d'autre part, on nous indique que les ressources en gaz naturel de la région sont énormes. Si les infrastructures sont tout ce qui empêche d'exploiter les ressources et d'approvisionner adéquatement les collectivités et les futures industries de la région à un prix raisonnable, je pense que nous devrions y réfléchir. Pour moi, c'est tout à fait logique. Qu'en pensez-vous?

Mme Dunlop : Il y a certainement des avantages à ce que la source d'énergie soit le plus près possible du marché. Le comité pourrait peut-être songer à inviter un représentant de l'ACPP, l'Association canadienne des producteurs de pétrole, à parler de la nature intégrée du marché du gaz naturel du côté de la production, parce que celui-ci pourrait parler des aspects économiques de la mise en valeur et de la production du gaz naturel. C'est vraiment de cela qu'il s'agit et des raisons pour lesquelles la ressource n'a pas été exploitée jusqu'ici dans le Nord et des circonstances dans lesquelles il devient économique de le faire. Il pourrait être intéressant pour le comité de recevoir un tel témoin, parce qu'il serait en mesure de parler de cette question.

Le sénateur Patterson : Je me réjouis de l'intention de l'Association canadienne du gaz d'établir une vision pour le gaz naturel au Canada. Je pense que ce travail serait très utile pour notre comité, compte tenu du temps dont nous disposons pour notre étude, qui doit se terminer à la fin de la présente année civile. Ce serait bien, il me semble, si nous pouvions connaître les résultats de votre travail cet automne.

Nous voulons examiner la question de l'énergie en même temps que celle de l'exploitation des ressources naturelles. Vous avez parlé de la mine de diamant de Stornoway. Si je ne m'abuse, il y a une route qui se rend là. La difficulté, du moins dans ma région du Nunavut, c'est que la plupart des mines n'ont pas de lien routier, de sorte qu'il faut transporter le gaz naturel liquéfié par bateau. Je me demande, étant donné que le principal coût d'immobilisation du gaz naturel liquéfié réside dans l'entreposage, puisqu'il faut le conserver à basse température, quoique nous ayons un climat froid pendant la majeure partie de l'année...

Le président : Pas moins 162!

Le sénateur Patterson : Non, pas si froid que cela.

Le président : Vous, les gens de là-bas, vous êtes résistants, mais pas à ce point-là.

Le sénateur Patterson : Vous avez dit que le gaz naturel comprimé est viable si on est près de la source. Il est deux fois moins dense que le gaz naturel liquide. Je sais qu'on l'utilise abondamment dans les Maritimes. Doit-il être entreposé à une température aussi basse que le gaz naturel liquéfié? Je me demande si c'est une source d'énergie viable. Un grand nombre de nos mines se trouvent près des côtes. Peut-on conserver le gaz naturel comprimé parce qu'il n'a pas besoin d'infrastructures, ou peut-on le conserver plus facilement?

M. Cheliak : Je pense que, pour un utilisateur final de grande envergure, le gaz naturel liquéfié est ce qu'il y a de mieux parce qu'il faudrait doubler le nombre de réservoirs de stockage. Le gaz naturel liquéfié n'est pas entreposé à basse température; le gaz comprimé, oui. En fait, il est conservé juste sous pression. Dans ce cas, il n'y a pas de différence de température, contrairement à ce qui se passe avec le gaz naturel liquéfié, qui est conservé dans un réservoir, à la pression atmosphérique.

Pour ce qui est de la différence entre le coût du gaz naturel liquéfié et de son entreposage dans des réservoirs spéciaux et celui du gaz naturel comprimé entreposé dans des réservoirs sous pression, je ne sais pas vraiment ce qu'il en est.

Le sénateur Patterson : Peut-on facilement convertir une génératrice diesel au gaz naturel et est-ce une solution viable? Au Nunavut, nous dépendons entièrement du diesel pour fournir de l'électricité aux localités et aux mines existantes et prévues. Dans quelle mesure la conversion est-elle viable?

M. Cheliak : Des trois projets pilotes dont Mme Dunlop a parlé, celui de Watson Lake comporte l'installation de trousses de conversion sur les génératrices diesel en place. On estime que c'est beaucoup plus économique, compte tenu de la vie de l'équipement qui se trouve là-bas. Comme cet équipement n'est pas encore à la fin de sa vie, les trousses de conversion sont tout à fait pertinentes. À Whitehorse, on a plutôt commandé de nouveaux moteurs au gaz naturel.

Les deux formules sont possibles. Tout dépend de l'âge de l'équipement : s'agit-il d'un appareil qui est à la moitié de sa vie et sur lequel on peut installer une trousse de conversion ou s'agit-il d'un appareil qui doit être remplacé, de sorte qu'il serait aussi bien d'opter pour un modèle entièrement au gaz naturel?

Le sénateur Massicotte : Combien coûte une trousse de conversion?

M. Cheliak : Je ne le sais pas. Le promoteur du projet, ATCO Gas, pourrait certainement...

Le sénateur Massicotte : Approximativement.

M. Cheliak : Je ne pourrais pas le dire. Je vais me renseigner.

Le sénateur Massicotte : Pourquoi pas une usine de liquéfaction locale? Quel en serait le coût?

M. Cheliak : Les plus petites coûtent entre 8 et 10 millions de dollars environ. Pour vous donner une idée, elles produisent à peu près 10 000 gallons par jour. Les plus grosses usines peuvent coûter entre 100 millions de dollars et plusieurs centaines de millions de dollars.

Le sénateur Massicotte : On ne parle pas de montants insignifiants.

M. Cheliak : Exact.

Le président : Pour répondre à certaines de ces questions, nous envisageons de faire appel à des spécialistes pour ce qui touche au gaz naturel liquéfié. Nous pouvons nous adresser encore à Westport Engineering, qui convertit des moteurs diesel au gaz naturel partout dans le monde. Cette entreprise est située à Vancouver et existe depuis un bon moment. Nous les avons déjà entendus et nous pourrions les entendre encore.

Mme Dunlop : FortisBC et ATCO Gas pourraient parler du coût de ces projets en particulier et du coût du diesel par rapport au gaz naturel.

La seule autre chose que je dirais à propos des coûts est que le gouvernement subventionne généreusement le diesel et les biens d'équipement dans les Territoires du Nord-Ouest. Nous pensons donc que le gouvernement fédéral pourrait réaliser des économies sur le coût du produit de base.

Le président : À Whitehorse, je pense que 95 p. 100 de l'électricité provient de l'énergie hydraulique. Un témoin nous l'a dit. Est-ce que le gaz naturel liquéfié qui serait utilisé à Whitehorse serait réservé aux périodes de pointe? Construisent-ils les centrales pour les périodes de pointe?

M. Cheliak : C'est principalement pour l'alimentation de secours. Naturellement, cela représente 5 p. 100 du total, mais, lorsque des travaux d'entretien ou d'autres travaux devront être faits à la centrale hydraulique, cette énergie permettra de répondre aux besoins.

Le sénateur Black : Votre exposé a été extrêmement utile. Je vous remercie beaucoup.

Je veux juste comprendre les conditions préalables qui devront être remplies pour que puissent être réalisés les projets de gaz naturel liquéfié dans le Nord. D'après ce que je comprends de votre témoignage : il faudra a) des routes ou un chemin de fer, b) des installations de regazéification et d'entreposage et c) un soutien fédéral, quel qu'il soit, s'il y a lieu, comme le sénateur Massicotte l'a laissé entendre, une taxe ou autre chose. Y a-t-il autre chose à ajouter à la liste?

Le sénateur Massicotte : Des clients.

Le sénateur Black : Oui, bien sûr. Nous présumerons qu'il y aura des clients. Donc, j'ai des routes ou un chemin de fer, la regazéification et l'entreposage et un soutien fédéral.

M. Cheliak : Il est certain qu'au niveau local, où c'est à une échelle plus restreinte, comme vous dites, nous estimons qu'un apport en capital ou des réaffectations pourraient être utiles.

Lorsqu'il s'agit de mines, où les investissements sont de l'ordre de milliards de dollars, on recourt davantage à la fiscalité, je suppose. Nous en avons certainement discuté avec l'Association minière du Canada et l'approche fiscale semble avantageuse pour cette industrie.

Le sénateur Black : Est-ce qu'on élabore ou envisage des projets pour que le gaz naturel liquéfié soit transporté par camion jusque dans le Nord et regazéifié et que de l'électricité soit produite, puis transportée par câbles dans les collectivités ou vers des chantiers?

M. Cheliak : C'est le modèle actuel, oui.

Le sénateur Black : Est-ce que cela se fait en ce moment?

M. Cheliak : Oui. À Watson Lake et à Whitehorse, le projet vise à produire de l'électricité, qui est ensuite utilisée pour le chauffage et l'éclairage. À Inuvik, il y a en fait un système de distribution par gazoduc. Les gens ont donc des cuisinières, des chaudières et d'autres appareils semblables. Il y a deux approches différentes : l'acheminer dans les maisons par des tuyaux ou l'acheminer par des fils électriques, lorsqu'il y a des plinthes, et cetera.

La sénatrice Seidman : J'aimerais poser quelques questions sur le transport par Gaz Métro jusqu'à la mine de diamants Stornoway dans le Nord québécois. Vous dites que cela se fera en 2016. C'est ce qui est prévu.

Je sais que Ressources naturelles Canada a dit que des pourparlers étaient en cours avec eux et votre organisation relativement à la possibilité d'utiliser le gaz naturel liquéfié ou le gaz comprimé dans les activités d'exploitation minière dans le Nord. Il semble que les discussions avancent, si ce projet en est le résultat, en partie peut-être. Pourriez-vous nous expliquer ce qu'il en est en ce moment, où vous en êtes, quelles infrastructures sont actuellement en place et ce qu'il vous faudrait pour mener à bien le projet?

M. Cheliak : Pour ce qui est des discussions, le transport de gaz naturel liquéfié jusqu'à des sites éloignés est relativement nouveau au Canada, ayant commencé il y a moins de 50 ans. Du gaz naturel liquéfié est exporté de l'Alaska et d'ailleurs depuis les années 1970, mais cette nouvelle approche est assez novatrice. Nos pourparlers avec des fonctionnaires ont consisté à leur faire part de l'idée et de cette possibilité, à leur faire comprendre ce qu'ils doivent savoir et aussi à surmonter certaines difficultés techniques qui existent dans n'importe quelle industrie nouvelle. C'est ce sur quoi ont porté nos discussions jusqu'à maintenant.

En ce qui a trait à ce qu'il faudrait pour que cela se fasse davantage, il s'agirait vraiment d'augmenter la capacité de liquéfaction, donc, le nombre de centres ou d'installations de gaz naturel liquéfié partout au pays. Une fois que vous en êtes dotés, idéalement à des endroits stratégiques, vous pouvez considérer les besoins des utilisateurs finaux. Donc, si vous êtes à Nunavut, vous pourriez avoir besoin d'une barge pour l'acheminer. Si vous êtes à Churchill, un système ferroviaire ferait l'affaire et, s'il y a une route, le camionnage est envisageable. Je pense que vous devez déterminer quelles sont les options et lesquelles sont les plus sensées, les classer par ordre d'importance et voir ce qu'il faudrait pour aller de l'avant avec ces projets.

La sénatrice Seidman : Si tout cela fonctionne comme prévu et que, d'ici 2016, Gaz Métro livrera du gaz naturel liquéfié à la mine, a-t-on prévu quelque chose pour en faire bénéficier la localité? Je pense que vous en avez parlé un peu dans votre réponse à la question du sénateur Black. Une fois que vous l'acheminez jusque là-bas en camion ou autrement, comment l'intégrez-vous à la collectivité pour qu'elle puisse l'utiliser?

Mme Dunlop : C'est certainement une des possibilités. Je pense que le meilleur cas est celui où vous avez un gros utilisateur industriel. Le gaz naturel liquéfié est expédié là-bas. Pour ce qui est des localités environnantes, nous verrons comment rendre cela économique. J'avancerais que le gouvernement fédéral intervient probablement déjà dans nombre de ces localités pour faciliter leur approvisionnement en énergie. Lorsque le moment sera venu d'examiner les groupes électrogènes qui alimentent les localités environnantes, nous croyons qu'il y aura des possibilités.

La sénatrice Seidman : Merci.

Le sénateur Sibbeston : Il y a quelque 66 collectivités dans les trois territoires du Nord et, comme il a été dit, elles utilisent presque toutes le diesel. On a tenté, ces dernières années, d'utiliser d'autres sources. À Yellowknife, bon nombre d'entreprises et d'institutions utilisent le granulé de bois et l'énergie éolienne, à l'occasion. D'autres sources d'énergie sont utilisées.

Je sais que, si le gazoduc Mackenzie avait été construit, le gaz naturel aurait été une source de gaz pour les collectivités, mais il est peu probable que cela se fasse. D'une certaine façon, c'est une course entre le gaz naturel liquide et d'autres sources d'énergie pour alimenter ces collectivités, leur fournir une source d'énergie.

Pensez-vous qu'il est possible que le gaz naturel liquide offre une solution de rechange réelle, qu'il pourrait alimenter en électricité les 66 collectivités dans le Nord?

M. Cheliak : Il est certain qu'il faut d'abord examiner les questions d'infrastructure. Manifestement, le combustible est actuellement acheminé jusque dans ces localités d'une manière ou d'une autre. Il serait donc possible de transporter le gaz naturel liquéfié par camion, train ou barge tout comme le diesel. Du combustible, c'est du combustible.

Pour ce qui est des combustibles renouvelables ou de remplacement, le gaz naturel est un facilitateur et un complément à ces sources dans toute l'Amérique du Nord, où l'énergie éolienne et d'autres formes d'énergie renouvelable sont exploitées. Ils ont ce qu'on appelle habituellement un système de secours au cas où le vent ne soufflerait pas ou que le soleil ne brillerait pas. Vous pouvez activer la centrale au gaz naturel pour obtenir l'électricité qui vous manque et combler vos besoins.

Nous estimons que le gaz naturel pourrait jouer un rôle complémentaire des énergies renouvelables, dans des proportions de 50-50 ou 90-10, d'une manière ou d'une autre. Il existe certainement des possibilités de le faire et cela se fait actuellement dans toute l'Amérique du Nord.

Le sénateur MacDonald : J'aimerais qu'on parle du gaz naturel liquéfié et du gaz naturel comprimé pendant quelques minutes dans le contexte du Nord.

Il y a une chose que vous n'avez pas mentionnée — et elle devrait être consignée — c'est que le gaz naturel liquéfié a environ le double de la capacité du gaz naturel comprimé, mais ce dernier est aussi très instable. C'est l'une des raisons pour lesquelles il n'est pas indiqué de le transporter sur une trop longue distance.

Vous parlez d'acheminer le gaz naturel liquéfié dans le Nord. Je regarde les trois territoires et il est intéressant de voir la différence entre le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon quant à l'utilisation de diesel. Ils dépendent complètement du diesel et vous vous rendez compte à quel point ces régions sont isolées et éloignées pour avoir ce type d'infrastructure. Vous avez mentionné que la construction d'une usine de conversion de gaz naturel liquéfié coûterait dix millions de dollars.

Même si vous y installez une usine, vous devrez transporter le gaz naturel tiré du gaz naturel liquéfié. Je vois donc mal comment vous pourriez utiliser du gaz naturel liquéfié là-bas d'une manière qui vous éviterait de devoir le transporter tout comme vous devez transporter le gaz naturel comprimé une fois qu'il a été décompressé.

La technologie pour le gaz naturel comprimé et son expédition a beaucoup évolué. Plusieurs brevets ont été approuvés pour des navires de gaz naturel comprimé. A-t-on examiné la question du transport de gaz naturel comprimé par navire dans le Nord? Je me demande ce qu'il en coûte pour tout le diesel brûlé dans le Nord. Supposons qu'au Nunavut on n'utilise que du diesel. Je me demande combien ce diesel coûte au total, ce que coûterait le gaz naturel comprimé et ce qu'il en coûterait de l'acheminer jusque là-bas.

M. Cheliak : Ce sont toutes de très bonnes questions. Une partie du travail que nous et le comité voulons faire est de déterminer certains coûts généraux de référence.

En ce qui a trait à l'expédition de grandes quantités de gaz naturel comprimé dans les régions du Nord, je ne connais pas d'étude à ce sujet. Toutefois, je crois que certaines mines dans le Nunavut ont examiné la possibilité d'utiliser le gaz naturel liquéfié. Elles ont fait faire des études pour analyser l'aspect économique de cette option.

En ce qui a trait au coût pour le gaz naturel liquéfié par comparaison aux autres combustibles, l'ACG a préparé, en collaboration avec un groupe, Jemnar Concepts, un modèle qu'un utilisateur final pourrait utiliser pour savoir ce qu'il paye en ce moment et ce que cela lui coûterait de se faire livrer du gaz naturel liquéfié. Ce modèle est utilisé par des mines et des associations minières auprès de nos membres. Nous avons fait des analyses générales avec des outils pour déterminer de combien le coût serait plus avantageux ou désavantageux.

Le sénateur MacDonald : Avez-vous déjà des chiffres?

M. Cheliak : Je devrai recommuniquer avec vous pour donner des cas précis. Nous avons fait trois études de cas et elles ne concernent que les entreprises étudiées, mais ces entreprises pourraient peut-être fournir cette information au comité.

Le sénateur Macdonald : Je serais intéressé. Merci.

Le président : Je n'ai personne d'autre sur ma liste. Je vous remercie donc pour les exposés et les réponses que vous avez donnés. En ce qui concerne toute information que vous comptez envoyer, si vous l'envoyez à notre greffière, elle sera transmise à tous les sénateurs. Merci beaucoup.

(La séance est levée.)


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