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ENEV - Comité permanent

Énergie, environnement et ressources naturelles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'environnement et des ressources naturelles

Fascicule 27 - Témoignages du 21 avril 2015


OTTAWA, le mardi 21 avril 2015

Le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles se réunit aujourd'hui, à 17 heures, pour étudier le développement des énergies renouvelables et non renouvelables dans les trois territoires du Nord, y compris le stockage, la distribution, la transmission et la consommation d'énergie, de même que les technologies émergentes.

Le sénateur Richard Neufeld (président) occupe le fauteuil.

[Traduction]

Le président : Bienvenue à cette séance du Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. Je m'appelle Richard Neufeld. Je représente la Colombie-Britannique au Sénat et je suis président du comité.

Je souhaite la bienvenue aux sénateurs ainsi qu'aux membres du public sur place et aux téléspectateurs qui nous regardent à la télévision d'un bout à l'autre du pays. Je rappelle à ceux qui nous regardent que les séances du comité sont ouvertes au public et diffusées sur le Web à l'adresse sen.parl.gc.ca. Vous pouvez également obtenir de plus amples renseignements sur les témoins prévus à l'horaire sur notre site web sous « Comités du Sénat ».

Je vais maintenant demander aux sénateurs de se présenter; je vais commencer par le sénateur Patterson.

Le sénateur Patterson : Dennis Patterson, sénateur du Nunavut.

[Français]

Le sénateur Boisvenu : Sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, du Québec. Bonsoir.

[Traduction]

La sénatrice Seidman : Judith Seidman, de Montréal, au Québec.

Le sénateur Black : Doug Black, de l'Alberta.

Le sénateur Sibbeston : Nick Sibbeston, des Territoires du Nord-Ouest.

[Français]

La sénatrice Ringuette : Pierrette Ringuette, du Nouveau-Brunswick.

[Traduction]

Le président : J'aimerais également présenter notre personnel. Nous avons à ma gauche la greffière, Lynn Gordon, de même que nos deux analystes de la Bibliothèque du Parlement, Sam Banks et Marc LeBlanc.

Le 4 mars 2014, le Sénat a autorisé notre comité à entreprendre une étude sur le développement des énergies renouvelables et non renouvelables dans les trois territoires du Nord, y compris le stockage, la distribution, la transmission et la consommation d'énergie, de même que les technologies émergentes.

J'ai le plaisir d'accueillir des représentants de la Diavik Diamond Mines Inc. En direct de Yellowknife, nous avons Chris Bertoli, directeur des systèmes électriques et instrumentation, et Corey McLachlan, gestionnaire des relations avec les collectivités et des relations externes.

Messieurs, merci de témoigner devant notre comité aujourd'hui. Nous avons votre présentation. Vous pouvez donc y aller. Lorsque vous aurez terminé, nous passerons aux séries de questions et de réponses. Vous avez la parole, monsieur.

Corey McLachlan, gestionnaire, Communautés et relations extérieures, Diavik Diamond Mines Inc. : Je m'appelle Corey McLachlan. J'ai pensé vous le mentionner pour que vous sachiez le nom de la personne qui vous parle. Je vais commencer la présentation, puis je vais céder la parole à mon collègue, Chris. Je vais mentionner les pages ou les diapositives au fur et à mesure.

Commençons par la diapositive 2. Diavik Diamond Mines Inc. est une coentreprise de Rio Tinto et de Dominion Diamond. Rio Tinto en est propriétaire et exploitant à 60 p. 100.

Passons à la diapositive 3. Je vais maintenant vous dire quelques mots au sujet de Diavik. La construction a débuté en 2000; l'infrastructure principale a été terminée en 2002, et nous avons commencé nos activités et notre production en 2003.

Nous sommes actuellement une mine entièrement souterraine. Nous exploitons trois cheminées kimberlitiques. Si vous regardez la photo qui se trouve à la diapositive 3, vous pouvez voir la plus grande mine à l'avant qui a deux cheminées kimberlitiques. La plus petite mine à l'arrière en a une.

À la fin 2014, nous avons annoncé que nous exploiterons une quatrième cheminée kimberlitique, soit la cheminée A21. La construction à cet égard a récemment débuté. Il s'agit d'un projet de 350 millions de dollars américains, dont la construction se terminera en 2018, puis nous entamerons la production. Nous utiliserons la même technologie et les mêmes méthodes de construction que nous avons utilisées pour les deux autres dykes. Ce sera un dyke rempli de roches, parce que cette cheminée kimberlitique se trouve elle aussi sous le lac.

Nous avons en moyenne un peu moins de 1 000 employés, mais ce nombre variera jusqu'en 2018, compte tenu du chantier de construction. Ce nombre augmentera au cours de la construction durant l'été et sera un peu moindre en hiver.

Le dernier point, mais non le moindre, c'est que nous avons conclu des ententes officielles avec cinq partenaires autochtones dans le Nord. Diavik est un chef de file dans ses partenariats et ses relations avec les collectivités autochtones; nous sommes très fiers de tout le travail qui a été fait au fil du temps avec nos partenaires.

La diapositive 4 vous explique où nous sommes situés. Il était difficile de le voir à partir de la photo à la diapositive 3, parce que la photo a été prise l'hiver, mais nous sommes situés sur une île du lac de Gras, soit à 300 kilomètres au nord-est de Yellowknife. Nous nous trouvons au nord de la limite forestière et à environ 350 kilomètres au sud de l'océan Arctique.

Je suis persuadé que vous le savez déjà tous, mais notre site est seulement accessible par une route d'hiver. Autrement, il faut utiliser la voie des airs. Il n'y a aucune infrastructure permanente qui nous permet d'accéder à la mine.

Si vous prenez la carte qui se trouve à droite, vous pouvez voir que Dominion Diamond exploite une mine de l'autre côté du lac, et les deux autres mines de diamants dans les Territoires du Nord-Ouest que De Beers possède et exploite se trouvent au sud de la nôtre.

Passons à la diapositive 5. Nous avons passé un certain nombre d'années à examiner diverses options énergétiques. À l'époque, nous utilisions uniquement du carburant diesel, mais nous voulions voir si d'autres options s'offraient à nous. Un certain nombre de raisons nous motivaient à le faire, et je vais vous en parler dans un instant. J'aimerais tout d'abord passer en revue les options que nous avons examinées.

Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a étudié durant quelques années la possibilité de construire une ligne de transport d'électricité qui relierait ses barrages hydroélectriques au sud du Grand lac des Esclaves aux mines de diamants dans le Nord. Malheureusement, ce n'était tout simplement pas possible, parce que cela nécessiterait une infrastructure coûteuse et des dépenses en immobilisations. Nous n'avons pas pu aller de l'avant.

Nous avons également regardé du côté des énergies solaire et géothermique, mais ces options n'étaient pas non plus économiques; elles ne fonctionneraient pas dans notre cas.

Au final, nous avons choisi l'énergie éolienne comme source d'énergie secondaire au carburant diesel. Cette décision n'a pas été prise à la légère et a nécessité une étude qui a duré des années. Nous avons mené durant trois ans une étude sur les vents sur le site pour nous assurer que cette option pourrait fonctionner dans notre cas. Cela dit, même si nous sommes fiers du parc éolien et de ce qu'il nous apportera, nous devrons quand même encore utiliser du carburant diesel pour répondre à la majorité de nos besoins énergétiques.

Passons à la diapositive 6. Nous avons ici quelques éléments dont il a été question dans les discussions sur les options énergétiques dont je viens de parler. Notre mine est seulement accessible huit semaines par année grâce à une route d'hiver. Nous sommes donc conscients que nous devons profiter de cette période pour faire venir tout ce dont nous avons besoin, y compris des composants de grande taille. Nous pouvons actuellement stocker sur place 80 millions de litres de carburant diesel. Je répète que nous avons huit semaines pour tout acheminer à notre mine. C'est donc un défi sur le plan logistique. Nous voulons nous assurer d'avoir suffisamment de carburant diesel pour toute l'année.

Nous sommes situés dans l'Arctique, comme vous le savez déjà. Cela pose certains défis en ce qui concerne la météo et le froid extrême pendant l'hiver. Nous avons besoin d'un approvisionnement en énergie qui est sécuritaire, parce que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre, compte tenu de l'endroit où nous sommes situés, de l'absence d'infrastructure et des températures, de passer de longues périodes sans électricité.

Il fallait considérer des options énergétiques sécuritaires et fiables. Évidemment, nous devions tenir compte de certaines variables, dont les changements climatiques et la fluctuation des cours du pétrole. Nous voulions trouver une solution qui pourrait nous aider à atténuer certains de ces risques. En 2006, nous avons connu une année particulièrement chaude dans les Territoires du Nord-Ouest, et notre route d'hiver a dû être fermée considérablement plus tôt que ce que nous avions prévu. Nous avons donc dû dépenser une vraie petite fortune pour acheminer jusqu'à la mine des composants et du carburant diesel. Nous voulions examiner des options énergétiques qui pourraient nous aider à atténuer certains de ces risques.

Passons à la diapositive 7. Je vais céder la parole à mon collègue, Chris Bertoli, qui vous présentera le reste des diapositives.

Chris Bertoli, directeur, Distribution de l'alimentation et surface électrique, Diavik Diamond Mines Inc. : Bonjour. Je vais vous expliquer en partie l'option que nous avons retenue. Nous avons opté pour quatre éoliennes d'Enercon de 2,3 mégawatts. Cela nous permettra de réduire de 10 p. 100 notre empreinte carbone et notre consommation de carburant diesel, si nous nous basons sur notre présente consommation annuelle de kilowatts d'électricité.

Dans l'ensemble, cette option réduira notre empreinte carbone de 12 000 tonnes de CO2. Les éoliennes sont également munies d'un système de dégivrage des pales. Nous prévoyions que ces éoliennes généreraient 17 gigawattheures d'énergie renouvelable par année. La fiabilité des éoliennes faisait également partie de nos préoccupations, mais les éoliennes d'Enercon n'ont pas d'engrenages et ont un entraînement direct. Ces caractéristiques donnaient une certaine fiabilité aux éoliennes. Nous avons le parc éolien le plus au nord du Canada, et notre projet est primé.

Nous avons débuté en septembre 2012. Nous avons tout d'abord fait un suivi du vent, ce qui veut dire en gros que toutes les éoliennes étaient synchronisées. À mesure que le vent se levait ou se calmait, nous modifiions le gouvernail des éoliennes pour suivre le vent et ainsi utiliser toute l'énergie produite par le parc éolien.

Nous avons également fait des prévisions concernant les vents. Nous avons utilisé le site web norvégien yr.no. C'est un site météorologique. Nous avons raccordé directement le parc éolien à la ligne aérienne qui va jusqu'à la salle des chaudières. Nous nous sommes ensuite connectés pour la première fois au système exclusif d'Enercon, le SCADA, pour le transfert direct de renseignements dans notre système SCADA.

La diapositive 9 présente en orange l'énergie que nous prévoyions produire, et cela se fonde sur les prévisions quinquennales provenant de l'étude du vent, et la ligne bleue correspond à la réalité. Comme vous pouvez le constater, en janvier et en février, nous avons eu des vents moins favorables et connu quelques problèmes. Passons à la diapositive 10. Dans l'ensemble, 2013 a été notre année la plus froide. Septembre, octobre et novembre ont été de très bons mois durant la saison chaude, mais nous avons certes connu des difficultés en janvier et en décembre.

Le chauffage des pales a été incorrectement réglé par Enercon. Il a été réglé à 50 hertz, alors qu'il aurait dû être de 60 hertz. L'anémomètre de chaque éolienne a commencé à connaître des ratées en raison de problèmes électroniques causés par le froid. Nous avons également eu des problèmes électroniques en ce qui concerne les onduleurs sur la terre ferme et dans la nacelle, soit tout en haut de l'éolienne. Enercon a eu beaucoup de difficulté à nous offrir du soutien, parce que la connexion par l'entremise de son système SCADA ne fonctionnait pas bien.

Nous devions apporter immédiatement certaines mesures correctrices. Nous avons installé des appareils de chauffage de 600 volts dans les bases et les nacelles des éoliennes. C'était en fait la seule manière de pouvoir réparer les éoliennes. Imaginez que vous êtes à 240 pieds dans les airs et qu'il fait -40 ºC. Vous avez vraiment besoin d'appareils de chauffage. Nous avons donc installé ces appareils et nous avons également installé des génératrices pour les alimenter en électricité. Nous arrêtions les génératrices lorsque les éoliennes fonctionnaient, et nous les mettions en marche, lorsque les éoliennes ne fonctionnaient pas ou qu'il y avait un entretien. Nous avons également remplacé des anémomètres et des onduleurs électroniques. Nous avons également essayé d'obtenir du soutien de la part d'Enercon par l'entremise du système SCADA.

La diapositive 12 présente les modifications que nous avons apportées au parc éolien en 2013. Enercon a remplacé tous les composants de chauffage des pales, y compris les câbles, les appareils de chauffage et les disjoncteurs. L'entreprise est venue sur le site. Elle y a également dépêché un ingénieur allemand en février et en mars. Tous les lubrifiants ont été remplacés par des lubrifiants adaptés à des températures froides qui ont une plus faible viscosité. De nouveaux programmes mieux adaptés à l'utilisation dans le Nord ont été installés pour les éoliennes, et le système Enercon SCADA-Delta V a été raccordé, et le soutien a été amélioré.

Nous avions prévu que le parc éolien produise 17 gigawattheures en 2013 et en 2014 et ait un taux de pénétration moyen de 10 p. 100. Dans l'ensemble, nous avons produit 15,9 gigawattheures en 2013, et c'est principalement en raison des piètres mois de janvier et de février.

Pour ce qui est de 2014, je répète que nos prévisions étaient de 17 gigawattheures. Nous avons au final produit 19,9 gigawattheures ou presque 20 gigawattheures. Nous avons donc dépassé nos prévisions de 3 gigawattheures, et nous avons eu un taux de pénétration moyen de 10,5 p. 100. En ce qui concerne les économies, les 19,9 gigawattheures équivalent à 4,9 millions de litres, ce qui représente des économies de plus de 6 millions de dollars.

M. McLachlan : Pour conclure avec la diapositive 14, lorsque nous avons examiné différentes options pour diminuer notre consommation de carburant diesel, nous comprenions que nous pouvions aussi faire part des avantages et de nos connaissances avec l'ensemble du Nord, et je répète que c'est ainsi que fonctionne Diavik. Nous sommes ravis d'avoir été en mesure de démontrer que l'énergie éolienne est une option viable pour le Nord. Nous sommes heureux de démontrer que les modifications apportées en 2013 ont amélioré la fiabilité et la production d'électricité du parc éolien.

Nous avons offert notre aide au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, et nous collaborons avec le gouvernement pour faire part de nos connaissances en matière d'éoliennes. De manière plus tangible, nous avons également fait don de notre tour météorologique à l'un de nos partenaires autochtones; nous l'avions utilisée pour mesurer la capacité du vent. Notre partenaire l'a installée à la mine Giant. J'espère que les exploitants seront en mesure d'utiliser l'énergie éolienne pour assainir aussi leurs activités.

Notre projet a également suscité beaucoup d'intérêt. Nous savons que le gouvernement des Territoires du Nord- Ouest regarde également du côté de l'énergie éolienne au nord à Inuvik et aux alentours. Nous sommes heureux que les gens aient appris de ce que nous avons fait. Nous avons entendu dire que la mine Raglan dans le nord du Québec a collaboré avec Enercon et a probablement encore plus fait progresser la technologie en ce qui concerne son utilisation dans l'Arctique et sa fiabilité. Nous sommes très heureux des résultats et nous sommes ravis d'en faire part aux autres, d'en faire profiter les autres et de les appuyer dans leur apprentissage.

Monsieur le président, voilà qui conclut notre présentation officielle. Nous serons ravis de discuter plus en détail du parc éolien avec vous et les membres du comité.

Le président : Merci beaucoup, messieurs. Passons aux questions.

Le sénateur Massicotte : Merci à tous les deux de votre présence au comité. C'est très intéressant. Ce l'est particulièrement, étant donné que nous avons entendu d'autres spécialistes avant vous qui avaient moins d'expérience que vous. Or, nous avons souvent entendu que l'énergie éolienne ne peut pas fonctionner dans le Nord en raison de la glace qui se forme sur les pales, ce que vous avez évidemment vécu, et du caractère imprévisible du vent. Compte tenu de votre propre expérience, vous devez prévoir une certaine redondance pratiquement en tout temps, parce que vous n'êtes jamais certains des conditions que vous aurez.

Selon ce que j'en comprends, en dépit de vos dépenses en immobilisations pour votre centrale au carburant diesel, indépendamment du reste, et en dépit des coûts de l'énergie éolienne, vous dites tout de même que vous réalisez des économies marginales grâce à l'énergie éolienne, malgré toutes les difficultés. Est-ce un bon résumé?

M. Bertoli : Oui, je suis tout à fait d'accord. Nous produisons notre énergie principalement à partir du diesel. Les éoliennes viennent s'y ajouter. Lorsqu'il n'y a pas de vents, les résultats seront variables, effectivement, mais lorsqu'il y en a, nous les utilisons. Il n'y a pas de stockage; s'il y a des vents un jour donné, que ce soit pour 100 kilowatts ou plus d'un mégawatt, nous utiliserons tout ce que nous pourrons.

M. McLachlan : Il en a coûté 32 millions de dollars pour construire le parc éolien. Nous prévoyons que la période de récupération sera d'environ sept ans ou sept ans et demi. Étant donné les coûts du diesel et l'éloignement de nos activités, le projet d'éoliennes était très réalisable.

Nous avons aussi, comme je l'ai mentionné, effectué beaucoup de recherches au préalable. Je pense — et Chris peut me corriger si j'ai tort — que des données sur les vents ont été recueillies durant plus de trois ans pour confirmer, comme vous l'avez mentionné, sénateur, que nous avions les ressources éoliennes suffisantes. Je crois qu'il y a beaucoup d'autres collectivités dans le Nord qui disposeraient de ressources éoliennes suffisantes. Le véritable défi sera lié, de toute évidence, aux charges dans ces collectivités et à l'expertise technique requise sur le terrain pour résoudre les problèmes au besoin.

Le sénateur Massicotte : Si c'est tellement rentable et que vous pouvez actuellement combler environ 10 p. 100 de vos besoins énergétiques, pourquoi ne pas continuer et faire passer ce pourcentage à 60 ou 70 p. 100?

M. Bertoli : Actuellement, nous avons choisi une capacité de 9,2 mégawatts. Ce qui finit par se produire, c'est que le taux de pénétration durant l'été, lorsque les charges résistives diminuent, atteint 50 et 60 p. 100. Cela entraîne une instabilité du réseau et nuit au facteur de puissance, et les génératrices commencent alors à ne plus suffire.

Le taux de pénétration le plus élevé que nous ayons vu durant l'été est de 60 p. 100. Il y a des fluctuations.

Le sénateur Massicotte : Cela dit, comme vous le savez, nous nous penchons sur les défis énergétiques dans le Nord, et votre exemple est excellent. Vous avez de toute évidence connu de grands changements. Si vous étiez président ou premier ministre de tout le territoire du Nord, que nous diriez-vous? Que feriez-vous en ce qui concerne les ressources énergétiques? L'énergie éolienne est-elle une solution? Passons-nous à côté de quelque chose?

M. McLachlan : Ce que je dirais, c'est que nous avons rencontré récemment des représentants du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et que nous avons discuté avec eux de cette question. Le défi, c'est l'évolutivité. La plupart des collectivités ont des charges très faibles. Notre facteur de charge à la mine Diavik est équivalent à celui de Yellowknife. Il peut donc être difficile de trouver des possibilités économiques associées aux éoliennes dans les petites collectivités, mais ce n'est pas impossible. Surtout, le message que nous avons transmis au gouvernement, c'est qu'il faut s'assurer que l'étude sur les vents est réalisée à l'avance, afin que la ressource soit viable. Il faut également continuer de se pencher sur cette technologie; elle a tellement évolué ces dernières années qu'elle est maintenant viable dans le Nord. Comme Chris l'a mentionné, le fait de ne pas avoir d'engrenage dans la nacelle... Il n'est pas nécessaire de toujours avoir une grosse grue sur place, mais il faut tout de même une certaine expertise technique et la capacité de vérifier régulièrement les éoliennes; ce n'est donc pas impossible. C'est probablement l'une des options à envisager dans le Nord, mais encore une fois, il faut qu'il y ait une synchronisation avec les génératrices diesel qui sont déjà dans les collectivités, car l'énergie éolienne ne pourrait combler tous leurs besoins énergétiques.

M. Bertoli : Ni l'hydroélectricité, ni autre chose.

La sénatrice Ringuette : D'abord, je dois dire que je suis très heureuse de voir que votre période de récupération sera de sept ans à sept ans et demi. C'est très bon.

Le professeur Yves Gagnon, de l'Université du Nouveau-Brunswick, est titulaire d'une chaire de recherche sur l'énergie éolienne. Il a établi le potentiel éolien de l'ensemble du pays. Avez-vous eu recours à son expertise avant de consacrer trois ans à l'étude de la capacité éolienne potentielle?

M. Bertoli : Je ne saurais vous le dire. Tout ce que je sais, c'est que les données que nous avons recueillies au cours de ces trois à cinq ans ne sont pas tellement exactes. En examinant le graphique, on voit que la première année, au mois d'août, il était censé y avoir beaucoup de vents, mais il n'y en a pas eu beaucoup. Il est donc très difficile de se fier aux données antérieures. Je ne sais pas comment il aurait pu nous aider. Toutefois, plus nous aurons de l'aide, mieux ce sera. S'il possède des connaissances, je suis sûr qu'il aimerait les communiquer à d'autres entreprises ou à d'autres collectivités.

M. McLachlan : L'autre problème, comme nous l'avons mentionné, c'est que nous exerçons nos activités sur une île. Notre superficie au sol est donc extrêmement petite, soit de 20 kilomètres carrés. Je ne sais pas de quelles données il dispose, mais nous devions être très précis et évaluer la ressource éolienne dans une zone très petite et précise, car nous n'avions tout simplement pas la capacité d'aller plus loin.

La sénatrice Ringuette : D'après ce que j'ai vu lors de ma visite à ce centre, les données sont très précises et détaillées. Je crois que certaines remontent à plus de 50 ans. C'est vraiment incroyable de voir ce qu'ils ont là-bas. Je suis sûre que si vous avez besoin d'information supplémentaire pour votre entreprise, les gens de l'université seront très heureux de vous aider.

Le sénateur Black : Messieurs, je vous remercie beaucoup de votre participation. Vous l'avez sans doute expliqué, mais je voudrais être sûr de bien comprendre. Quel pourcentage de votre production énergétique provient des éoliennes, et quel pourcentage provient du diesel?

M. Bertoli : Tout dépend du mois de l'année. En général, en été, la production éolienne est censée être inférieure, mais parfois, c'est principalement l'énergie éolienne qui alimente la mine, et non le diesel. En hiver, lorsque les charges résistives augmentent, c'est principalement le diesel, même si les vents...

Le sénateur Black : J'aimerais que vous me donniez une moyenne sur un an. Vous n'avez pas besoin de nous donner un chiffre précis, mais j'aimerais avoir une idée approximative de la production éolienne par rapport à la production générée par le diesel.

M. Bertoli : Ce sont les 10 p. 100 dont j'ai parlé.

Le sénateur Black : Dix pour cent de production éolienne. Est-ce bien ce que vous dites?

M. Bertoli : Oui.

Le sénateur Black : D'accord, merci beaucoup. Je voulais simplement bien comprendre. Savez-vous si d'autres installations minières ou industrielles du Nord utilisent des éoliennes?

M. McLachlan : Comme je l'ai mentionné, je crois que la mine Raglan a, elle aussi, installé récemment une éolienne Enercon. La sienne est un peu plus grosse que les nôtres, mais il n'y en a qu'une, à ma connaissance.

Le sénateur Black : D'accord. Voilà qui est utile. Je voudrais revenir sur la question qu'a posée l'un de mes collègues, le sénateur Massicotte, je crois. Si vous étiez le grand patron du monde, quelle serait pour vous la solution idéale pour le Nord, sur le plan énergétique?

M. McLachlan : Oui, c'est une question difficile. Nous savons que le Nord a un excellent potentiel hydroélectrique. Or, nous savons que malheureusement, compte tenu des grandes distances, les dépenses d'investissement de capital sont extrêmement importantes.

De façon réaliste, étant donné l'isolement des collectivités, la distance qui les sépare et les coûts de mise en place de l'infrastructure, on souhaiterait quelque chose de ce genre, mais le projet serait progressif et à long terme. À court et à moyen terme, ce que vous pourriez probablement faire, c'est ajouter des sources d'énergie renouvelable aux installations existantes qui ont de bons antécédents et qui ont démontré leur fiabilité et dont la source d'énergie est le diesel, et garder comme objectif à long terme d'étendre le réseau vers le sud du Canada, puis d'y ajouter graduellement des collectivités et des zones industrielles.

L'un des plus grands obstacles au développement économique dans le Nord — et encore une fois, c'est une chose que vous savez déjà —, c'est le manque d'infrastructures, et l'un des facteurs clés, c'est l'énergie. C'est une autre opinion personnelle.

Le sénateur Black : C'est très intéressant. Vous dites que l'énergie constitue un obstacle au développement industriel, est-ce bien cela?

M. McLachlan : Oui, tout à fait. On n'a qu'à penser aux coûts du diesel, par exemple... Imaginez-vous que nous l'achetons à Edmonton. Nous devons ensuite le transporter jusqu'à Yellowknife, et de là, le transporter encore 400 kilomètres jusqu'à notre mine. Nous disposons d'une période de huit semaines chaque année pour faire venir ce carburant diesel. Cette période est déterminée par la route de glace temporaire qui nous coûte 18 millions de dollars à construire et qui fond chaque printemps. Si quelque chose devait se produire, comme en 2006, si la route fermait plus tôt en raison des conditions météorologiques et que nous étions incapables d'acheminer tout le diesel nécessaire à la mine, nous n'aurions tout simplement pas d'autres moyens de fonctionner.

Il est tout à fait impératif pour nous d'avoir cette sécurité d'approvisionnement, cette possibilité d'approvisionnement dans cet environnement; il y a aussi les coûts additionnels considérables que nous devons supporter pour faire venir notre source d'énergie à la mine.

Le sénateur Black : Si votre vœu était exaucé et qu'il y avait une électrification, un investissement — il s'agirait d'un investissement national dans les installations hydroélectriques et l'alimentation du Nord en électricité —, quelle incidence cela aurait-il, selon vous, sur le développement industriel dans le Nord?

M. McLachlan : Encore une fois, ce n'est qu'une hypothèse, mais je pense qu'il serait juste de dire que si des ressources énergétiques moins coûteuses étaient disponibles dans la région géologique des Grands Lacs, où sont situées actuellement les quatre mines de diamants, il serait peut-être possible de prolonger la durée de certaines des opérations de la mine. On aurait aussi la possibilité d'exploiter des ressources qui sont moins économiques en ce moment, en raison des coûts élevés. Encore une fois, lorsque l'infrastructure est en place, les coûts supplémentaires pour construire un raccordement sont moins élevés par la suite. On dispose d'une sécurité d'approvisionnement. Cela rend les choses plus simples.

Nous savons qu'à l'heure actuelle, dans les Territoires du Nord-Ouest, le potentiel minier est excellent, selon de nombreuses études. En ce qui concerne la confiance des investisseurs, elle est à son plus bas, principalement en raison des coûts liés à l'exploitation d'une entreprise et au manque d'infrastructures là-bas.

Par conséquent, tout ce que vous pourrez faire pour favoriser l'investissement sera utile. Évidemment, vous avez également l'immense avantage de pouvoir rattacher les collectivités éloignées. Je suis sûr que vous êtes tous déjà allés dans des petites localités où il y a une génératrice diesel au milieu du village. C'est bruyant. Les gens ne demandent pas mieux que d'avoir un autre type de ressource pour leur fournir de l'énergie.

Le sénateur Black : J'ai trouvé vos réponses excellentes. Merci beaucoup à vous deux.

Le sénateur Sibbeston : Je sais que nous examinons les questions énergétiques dans le Nord et que nous vous avons invités à comparaître pour nous parler des éoliennes. Je pense toutefois qu'à certains égards, ce que vous avez n'est accessible qu'à une mine de diamants très lucrative, positionnée comme elle l'est. Les coûts de mise en place d'un tel projet et les ressources techniques nécessaires pour le réaliser sont très élevés et hors de portée de la simple petite collectivité nordique. Votre expérience, à mon avis, est unique et ne pourrait être utilisée nulle part ailleurs dans le Nord. Qu'en pensez-vous?

M. McLachlan : Je dirais que vous soulevez des arguments valables, sénateur. Pour revenir à ce que nous disions tout à l'heure, la capacité de charge des collectivités est très limitée dans les Territoires du Nord-Ouest, comme vous le savez, et nos activités correspondent à celles de Yellowknife, qui est le plus grand centre. Le point que je mettrais en doute, c'est celui qui porte sur la technologie. La technologie en matière d'éoliennes continue d'évoluer; il est maintenant possible — et nous l'avons démontré — de les utiliser dans des conditions nordiques extrêmes. Nous savons que la ressource éolienne existe dans les Territoires du Nord-Ouest et qu'elle serait une solution économique, mais c'est la prochaine étape. Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest dispose-t-il des fonds nécessaires pour investir dans une source d'énergie qui ne pourra jamais combler qu'une fraction des besoins énergétiques des collectivités? Comme nous le savons, les éoliennes ne sont pas la solution pour combler la totalité de leurs besoins énergétiques.

Vous avez raison; ce serait difficile. C'est exactement ce que nous avons dit au gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Ce sera un défi, mais à Yellowknife et dans les environs, peut-être autour de certains grands centres, à Inuvik également, il y a des possibilités sur le plan des ressources éoliennes. Il y a une charge un peu plus importante. Il y a une certaine expertise technique; la société d'électricité a peut-être des bureaux et des gens là-bas.

Je pense qu'il y a tout de même une possibilité. Je n'écarterais pas complètement cette solution.

Le sénateur Sibbeston : Avez-vous collaboré avec le gouvernement pour explorer la possibilité d'utiliser l'hydroélectricité? Je sais qu'un des scénarios était d'utiliser la centrale hydroélectrique de Taltson, au sud de votre position, et de construire une ligne qui contournerait le lac. Il y a aussi de plus petits projets dans la région de Yellowknife, au nord de Yellowknife. Avez-vous évalué pleinement la possibilité de coopérer avec le gouvernement ou de contribuer en partie à la mise en place d'un système hydroélectrique et d'un réseau qui se rendrait jusqu'à vos mines et à cette région, comme vous l'avez dit, ce qui serait avantageux à long terme pour votre industrie, mais également pour les habitants du Nord, en particulier ceux des petites collectivités et de Yellowknife?

M. McLachlan : Oui, sénateur. Nous avons envisagé cette option avec eux à quelques reprises, mais au bout du compte, le coût global était encore trop élevé pour nous; nous en sommes donc restés là. Le gouvernement a discuté avec nous et avec les autres exploitants, mais nous n'avons pu aller de l'avant avec ce projet. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes tournés vers les éoliennes.

Étant donné que le cycle de vie de notre mine s'achèvera dans seulement 10 ans, nous n'avions tout simplement pas assez de temps pour attendre une éventuelle ligne de transmission. Nous voulions agir sans tarder.

Le sénateur Patterson : Je vais poursuivre dans la même veine que le sénateur Sibbeston. Vous nous avez parlé en toute franchise des problèmes, des difficultés initiales que vous a causées le système. De quelle capacité aurait besoin une collectivité, comparativement à la capacité que vous avez avec vos employés, pour régler les problèmes que vous avez décrits relativement à l'électronique et à l'ajout de sources de chaleur, par exemple? Quelle est la complexité des besoins en matière d'entretien pour ces systèmes?

M. Bertoli : Pour répondre à votre question, je vais revenir sur ce qu'a dit Corey. Les petites collectivités auraient des difficultés à ce chapitre. Dans les grands centres, il y a des gens de métier qualifiés; il n'y aurait donc pas de problème. Les modifications sont assez simples pour un électricien. En général, l'entretien est très minimal. Enercon effectue quatre entretiens par année, d'une semaine chacun, pour moins de 100 000 $.

M. McLachlan : Chris, serait-il juste de dire qu'une fois le parc éolien opérationnel et les modifications apportées, l'entretien régulier est très minimal, comme vous l'avez mentionné?

M. Bertoli : Oui. Nous nous y rendons peut-être une fois par semaine pour effectuer une réinitialisation. Nous pouvons nous y rendre pour enlever les amoncellements de neige, par exemple, afin d'avoir accès à l'éolienne pour une inspection. Nous avons une surveillance constante, pour savoir ce qui se passe, ainsi que des alarmes. Les gens d'Enercon surveillent quotidiennement la situation à partir d'Halifax et de l'Allemagne. S'il y a des problèmes, ils nous appellent. Nous ne pourrions y arriver sans l'aide d'Enercon également.

Le sénateur Patterson : Je vous remercie de votre excellent exposé. Vous avez décrit cette autre option énergétique comme un moyen de réduire les risques liés au fait que vous dépendez de la route de glace; vous avez mentionné que l'année 2006 a été chaude et que la route a dû être fermée prématurément. Depuis ce temps, comment a été la route de glace? La durée des saisons vous a-t-elle posé problème, récemment? Y a-t-il eu des signes que ces dernières années, les changements climatiques ont une incidence sur la route hivernale?

M. McLachlan : Merci. C'est une excellente question. Nous avons compris les risques, mais l'année 2006 a été excellente pour nous sur le plan de la réorientation.

Je suis heureux de dire que nous nous sommes améliorés pour ce qui est de la construction et de l'entretien de la route. Nous consacrons encore beaucoup d'argent à la recherche et à la conception. Ces dernières années, nous avons mis en œuvre un certain nombre d'initiatives qui nous ont sans doute permis d'être plus efficaces que jamais en ce qui concerne la route de glace. Par exemple, nous la déneigeons maintenant plus tôt dans la saison, afin de faciliter l'épaississement de la glace. Nous effectuons le profilage de la glace, et en le faisant régulièrement, nous pouvons déterminer quelles zones sont plus fragiles et les recouvrir d'eau plus régulièrement.

Dans l'ensemble, toutes ces initiatives nous ont permis de construire la route d'une manière plus efficace. Il faut que la glace ait une épaisseur de 48 pouces pour supporter le poids d'un camion-citerne super B à pleine charge. Ces dernières années, nous avons pu faire passer ces camions à pleine charge plus tôt que dans le passé.

Ma réponse est longue, mais pour résumer, depuis 2006, nous n'avons pas eu de souci ni de problème lié à la route de glace. Cela ne veut pas dire que nous n'en aurons pas à l'avenir, mais nous avons maintenant beaucoup plus confiance en notre capacité de construire et d'entretenir cette route, de même que de faire venir les chargements.

Cela dit, 2015 arrive au deuxième rang des années où la route de glace a été la plus achalandée, et ce, en raison de la construction de la quatrième mine de diamants dans les Territoires du Nord-Ouest. Compte tenu de l'accroissement des activités d'exploration et d'exploitation, la route sera sans doute davantage utilisée; elle devra donc supporter un peu plus de pression. Il est de notre responsabilité de rester à l'affût et de continuer de nous améliorer sur le plan de l'entretien et de la construction.

Le sénateur Massicotte : En ce qui concerne l'énergie, vous avez fait valoir que c'est un enjeu très important dans le Nord. Quel pourcentage du total de vos coûts d'exploitation représentent les coûts énergétiques, si vous amortissez vos dépenses d'investissement de capital sur la durée de vie utile de la mine?

M. McLachlan : Je n'ai pas le chiffre exact en main, mais je pense, Chris, qu'il serait juste de dire que les coûts énergétiques représentent la deuxième dépense en importance dans le cadre de nos travaux d'exploitation.

M. Bertoli : Oui, ces coûts arrivent au deuxième rang.

M. McLachlan : C'est une dépense très importante.

Le sénateur Massicotte : Après les coûts liés à la main-d'œuvre?

M. McLachlan : Exactement.

Le président : Au début de votre exposé, vous avez dit avoir envisagé d'utiliser l'énergie solaire. Pourriez-vous nous en parler plus en détail? Nous avons entendu dire que les gens des Territoires du Nord-Ouest vont commencer à utiliser beaucoup plus l'énergie solaire. J'aimerais simplement connaître votre opinion et savoir où vous en êtes à ce chapitre.

M. McLachlan : Je vais répondre et Chris pourra compléter si j'oublie quelque chose.

Nous avons étudié l'option de l'énergie solaire, mais, comme je l'ai dit et comme nous l'avons souligné dans notre présentation, ce n'était pas économiquement viable pour nous, alors que l'énergie éolienne répond mieux à nos besoins énergétiques.

Encore une fois, je sais qu'en juin, une petite collectivité dans les Territoires du Nord-Ouest disposera d'une centrale solaire fonctionnelle. Donc cette option est utilisée à petite échelle, mais l'énergie solaire ne pouvait pas combler nos besoins énergétiques comme peut le faire l'énergie éolienne.

M. Bertoli : Je suis d'accord. Au fur et à mesure que la technologie évolue, le NPB pour les projets d'énergie solaire s'améliorera.

Le président : La technologie s'améliore, mais pour le moment, elle n'a pas atteint le niveau recherché pour l'énergie solaire. Je comprends.

Même si votre parc d'éoliennes ne produisait aucune électricité, vous seriez en mesure de produire suffisamment d'électricité avec votre centrale au diesel pour satisfaire à vos besoins, n'est-ce pas? Vous pouvez produire suffisamment d'électricité pour tout faire fonctionner.

M. Bertoli : Effectivement. La capacité de production d'électricité de nos générateurs au diesel est de 50 mégawatts. Les 9,2 mégawatts de production provenant de notre parc d'éoliennes s'ajoutent à cela.

Le président : Donc, si votre parc d'éoliennes ne produisait aucune électricité, vous pourriez fonctionner pendant toute l'année, c'est exact?

M. Bertoli : Tout à fait.

Le président : Vous me corrigerez si j'ai tort, mais vous dites que votre parc d'éoliennes vous a permis d'économiser 6 millions de litres de diesel l'an dernier. C'est bien cela?

M. Bertoli : Nous avons économisé 4,9 millions de litres pour des économies de 6 millions de dollars.

Le président : D'accord. Conservez-vous 5 millions de litres en réserve au cas où il y aurait un pépin ou est-ce que vous éliminez ces 5 millions de litres de vos demandes, car vous êtes certain que votre parc d'éoliennes produira l'électricité nécessaire?

M. Bertoli : Nous n'ajoutons pas des litres supplémentaires au cas où la production éolienne ne serait pas suffisante. Nous avons un plan de contingence au cas où la route de glace serait en mauvais état ou qu'elle soit formée sur le tard. Notre commande tient compte de cela.

M. McLachlan : J'aimerais souligner à quel point cette réduction de la consommation de diesel est impressionnante. Nous devons forer plus en profondeur et cela demande plus d'énergie. Les coûts du chauffage augmentent et le minerai doit être transporté par camion sur une plus grande distance. Donc, nos besoins énergétiques n'ont pas diminué, mais notre parc d'éoliennes et plusieurs autres initiatives d'efficacité énergétiques viennent compenser. Donc, malgré le fait que nous devons forer plus en profondeur, il est impressionnant de constater que nous utilisons moins d'énergie.

Le président : À la diapositive 11, vous dites que vous avez installé des appareils de chauffage de 600 volts dans les éoliennes pour les chauffer lorsqu'elles ne sont pas utilisées pour la production d'électricité. Ai-je bien compris? Il vous a fallu installer une génératrice au diesel dans les éoliennes?

M. Bertoli : Elle sert principalement à faciliter le dépannage lorsqu'il y a des problèmes électriques à l'intérieur des turbines.

M. McLachlan : Si un électricien doit faire des travaux dans une turbine — vous pouvez vous imaginer qu'à -40 dans une turbine, sans chauffage, il est très difficile de travailler.

Comme Chris l'a souligné, il faut monter 240 pieds dans une échelle. En haut, il n'y a pas de chauffage. Les électriciens ont donc peu de temps pour faire leur travail avant d'être obligés de redescendre pour se réchauffer dans leur camion. Les appareils de chauffage servent à faciliter le dépannage et la vérification des turbines.

Le président : C'était ma question. Je me demandais pourquoi ces appareils étaient nécessaires, mais ils servent à faciliter l'entretien des turbines.

M. Bertoli : C'est la seule raison.

Le sénateur Sibbeston : J'ai essayé de convaincre mon collègue, Grant Mitchell, de vous poser une question très intelligente, mais il a refusé, alors je vais vous la poser.

Avez-vous songé à attacher des caribous ou des rennes ensemble et à les faire tourner comme une turbine pour produire de l'électricité?

M. Bertoli : Avez-vous réfléchi à cette option?

M. McLachlan : Je vais m'abstenir de répondre.

Le président : Nick vit dans les Territoires du Nord-Ouest, alors, ça s'explique.

Le sénateur Patterson : Avez-vous eu à surmonter des problèmes de réglementation pour l'installation des éoliennes? Vous a-t-il fallu suivre un processus en particulier?

M. McLachlan : Il a fallu suivre un processus, mais pour nous, c'était assez simple. Nous devions installer nos éoliennes sur le terrain actuel de la mine, ce qui a facilité les choses, mais le processus était efficace. Les échéanciers pour l'approbation du projet et la construction des éoliennes étaient plutôt serrés, mais nous avons réussi à les respecter.

Le sénateur Patterson : Avez-vous eu une aide financière ou reçu des subventions pour vos infrastructures énergétiques dans ce projet?

M. McLachlan : Non, aucune. C'est nous qui avons financé le projet, sans le soutien de l'un ou l'autre des ordres de gouvernement.

Le sénateur Patterson : J'ignore si vous connaissez le projet Raglan, mais je sais que ce projet a reçu une aide financière du gouvernement fédéral. Selon vous, le gouvernement devrait-il fournir une aide financière ou offrir des incitatifs pour ce genre d'initiatives?

M. McLachlan : J'accepterais bien une aide financière rétroactive. Comme je l'ai dit, les promoteurs du projet Raglan ont appris de notre expérience, tant sur le plan technique que sur le plan de l'aide gouvernementale.

Sérieusement, je crois que dans le Nord, avec les conditions difficiles qui existent dans cette région, ceux qui tentent de nouveaux projets, des projets plus risqués devraient bénéficier d'une aide gouvernementale. Ce serait grandement apprécié et cela encouragerait probablement plus d'entreprises à prendre des chances et des risques.

J'imagine qu'avec les années, l'exploitation de notre parc d'éoliennes rassurera les autres, mais un soutien gouvernemental ne ferait certainement pas de tort. Beaucoup de gens nous demandent combien nous avons reçu en aide financière et croient qu'un tel projet n'est possible qu'avec des subventions, mais lorsque nous leur disons que nous n'avons reçu aucune aide financière, ils se rendent compte du risque que nous avons couru étant les premiers à mettre sur pied un tel projet. Encore une fois, nous avions fait nos devoirs et étions convaincus que cela allait fonctionner. Jusqu'à maintenant, nous ne nous sommes pas trompés.

Le sénateur Patterson : Savez-vous comment se porte le projet Raglan?

M. McLachlan : Selon ce qu'on me dit, les choses vont bien. Comme je le disais, ils se sont appuyés sur notre expérience et ont construit une plus grande turbine. Je crois qu'ils ont également la possibilité de stocker de l'énergie, chose que nous n'avons pas. C'est à peu près tout ce que je sais.

Le président : Merci beaucoup, messieurs. Nous avons eu une discussion très intéressante. Merci d'avoir pris le temps de témoigner et de partager vos connaissances. Cela nous sera très utile dans la préparation de notre rapport.

(La séance est levée.)


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