Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Affaires étrangères et
du commerce international
Fascicule no 50 - Témoignages du 4 octobre 2018
OTTAWA, le jeudi 4 octobre 2018
Le Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international se réunit aujourd’hui, à 10 h 30, pour étudier l’impact de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie du Canada ainsi que leur utilisation dans ces domaines, et d’autres questions connexes.
La sénatrice A. Raynell Andreychuk (présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La présidente : Chers collègues, soyez les bienvenus au Comité sénatorial permanent des affaires étrangères et du commerce international. Notre comité a été autorisé par le Sénat à étudier l’impact de la culture et des arts canadiens sur la politique étrangère et la diplomatie du Canada ainsi que leur utilisation dans ces domaines et à étudier d’autres questions connexes. Conformément à ce mandat, notre comité est heureux de poursuivre aujourd’hui cette étude.
Avant de céder la parole à nos témoins, je demande à mes collègues de bien vouloir se présenter.
La sénatrice Bovey : Patricia Bovey, du Manitoba.
[Français]
La sénatrice Saint-Germain : Raymonde Saint-Germain, du Québec.
Le sénateur Massicotte : Paul Massicotte, du Québec.
[Traduction]
Le sénateur Oh : Victor Oh, de l’Ontario.
La présidente : Raynell Andreychuk, de la Saskatchewan.
Au nom du comité, je suis très heureuse de souhaiter la bienvenue aux représentants de Patrimoine canadien. Ils viennent nous parler de la nouvelle Stratégie d’exportation créative du Canada pour les industries créatives. Nous avons pensé qu’il importait de comprendre cette politique plus en profondeur, puisque nous étudions la question dans toute son étendue.
Sachez que nous pourrons vous convoquer de nouveau vers la fin de l’étude, vu que vous êtes l’un des principaux organismes touchant la question avec Affaires mondiales Canada. Nous pourrions avoir d’autres questions pour vous.
Nous avons pensé que c’était une bonne occasion de prendre le temps de comprendre votre nouvelle initiative et de savoir à quel stade vous étiez rendus.
Soyez les bienvenus à notre comité.
[Français]
Julie Boyer, directrice générale, Commerce international, Patrimoine canadien : Je vous remercie, madame la présidente, de l’occasion que vous m’offrez de comparaître devant vous aujourd’hui. Je m’appelle Julie Boyer. Je suis directrice générale du commerce international au ministère du Patrimoine canadien. Je suis accompagnée aujourd’hui de mon collègue, Michel Sabbagh, directeur, Commerce international.
[Traduction]
C’est avec plaisir que je comparais pour discuter de la nouvelle Stratégie d’exportation créative ainsi que de ses divers volets.
[Français]
Le gouvernement du Canada a annoncé le 26 juin 2018 un investissement de 125 millions de dollars sur cinq ans afin de mettre la Stratégie d’exportation créative du Canada en œuvre. La stratégie comprend le lancement d’Exportation créative Canada, un nouveau programme de financement qui vise à aider les créateurs canadiens à se démarquer sur le marché mondial, ainsi que d’autres éléments tels que des investissements additionnels en faveur d’une composante sur l’exportation dans les programmes actuels, une capacité accrue aux ministères du Patrimoine canadien et des Affaires mondiales pour soutenir les entrepreneurs créatifs dans leurs efforts d’exportation et un financement pour accroître la présence des industries créatives canadiennes à l’international par le truchement d’événements commerciaux de marque et des missions commerciales.
[Traduction]
La Stratégie d’exportation créative repose sur trois piliers centraux. Le premier vise à augmenter le financement des exportations à même les programmes existants de Patrimoine canadien, à raison de 5 millions de dollars par année, en tout, au cours des cinq prochaines années. Un investissement accru lié aux exportations dans les programmes actuels de financement du ministère viendra stimuler les exportations et la promotion des œuvres créatives à l’étranger.
Les programmes qui bénéficient de ce financement supplémentaire comprennent le Fonds de la musique du Canada, le Fonds du livre du Canada, le Fonds du Canada pour les périodiques et le Fonds du Canada pour la présentation des arts. Téléfilm Canada reçoit également de ce pilier un financement annuel d’un plus grand nombre de coproductions audiovisuelles.
[Français]
Le deuxième pilier consiste à augmenter et à consolider la présence des industries créatives canadiennes à l’étranger avec un investissement de 6 millions de dollars par année. Affaires mondiales Canada a augmenté sa capacité à mettre la stratégie en œuvre en procédant à l’embauche d’employés recrutés sur place au sein de 14 ambassades et consulats situés dans des marchés prioritaires, et ce, afin d’offrir des services directs aux clients créatifs canadiens qui sont prêts à faire des affaires à l’étranger. Le financement versé à Affaires mondiales Canada fournit également 1,75 million de dollars annuellement au Fonds culturel des missions, dont vous avez entendu parler au cours des réunions précédentes, et un financement renouvelé de 250 000 $ par an au Fonds de la stratégie axée sur le commerce d’intégration.
Pour obtenir plus de détails sur la mise en œuvre de ce pilier de la stratégie, j’inviterais le comité à s’adresser à nos collègues d’Affaires mondiales Canada.
[Traduction]
Le troisième pilier vise à concevoir un nouveau programme de financement consacré à l’exportation des produits créatifs et à tisser des liens nécessaires à la conclusion des marchés, avec 14 millions de dollars par année. Le plus récent programme, chez Patrimoine canadien, Exportation créative Canada, est le seul qui soit conçu et créé avec le but précis de financer les projets des industries créatives canadiennes prêtes à l’exportation. Le budget du programme totalise 7 millions de dollars par année, pour les cinq prochaines années, et il soutient la découvrabilité et la monétisation internationales des projets créatifs canadiens.
Il est fondé sur un processus de financement compétitif, sans dogme arrêté sur l’industrie, focalisé sur le soutien aux projets qui promettent un bon rendement de l’investissement et il considérera favorablement les projets comportant des partenariats intéressants et des idées innovatrices.
Le programme possède des critères d’admissibilité élargis. Les acteurs de tous les secteurs créatifs, de l’audiovisuel aux médias numériques interactifs, en passant par la musique, les arts de la scène, l’édition, les arts visuels et, pour la première fois à Patrimoine canadien, le design, peuvent déposer une demande.
La première date limite du programme pour une demande a été le 14 septembre 2018. À cette date, on avait reçu 109 demandes d’un financement totalisant 31 millions de dollars dans la première année et 30 millions la deuxième. Nous nous attendons à un nombre de demandes semblable ou supérieur au deuxième cycle de demandes, dont la date limite est le 16 novembre 2018.
[Français]
Un montant de 1,6 million de dollars par an est réservé pour rehausser la participation des industries créatives à des événements commerciaux et l’organisation de missions commerciales dans des marchés clés. La participation du Canada à des événements commerciaux de grande échelle sont des occasions idéales de faciliter les relations entre les entreprises, de mettre en valeur et de promouvoir les industries créatives et de développer une meilleure connaissance des tendances des marchés à la fois régionaux et plus spécifiques.
De récents exemples de la participation du Canada à de tels événements sont Gamescom 2017 et le Festival du film international de Berlin, la Berlinale, tenus en Allemagne, où le Canada a été présenté comme pays à l’honneur. En outre, il y a eu aussi le Marché de l’industrie cinématographique et audiovisuelle de la ville de Mexico 2018 (MICA), auquel le Canada a participé à titre de premier pays invité. Un autre exemple important de nos engagements en matière de l’élaboration de partenariats est le premier Groupe de travail Canada-Mexique sur la culture et la créativité, sous l’égide du Partenariat Canada-Mexique, qui travaille à la mise en œuvre de plus d’une douzaine de projets conjoints.
Les missions commerciales liées aux industries créatives sont maintenant une activité clé du ministère du Patrimoine canadien dans la mise en œuvre de la stratégie.
[Traduction]
La mission commerciale des industries créatives, menée au nouveau ministériel en Chine, en avril 2018 a obtenu d’excellents résultats : 56 entreprises de plusieurs secteurs culturels ont fait partie de la délégation et ont signé plus de 23 ententes commerciales, dont la valeur estimée à 125 millions de dollars continue d’augmenter.
Pour profiter de cet élan, nous préparons des rencontres de relance avec la Chine, à l’occasion de grandes manifestations commerciales dans les années à venir et d’éventuelles missions commerciales intersectorielles.
[Français]
Un autre projet majeur géré par le ministère du Patrimoine canadien dans le cadre de cette approche a été d’accepter l’invitation de servir comme pays à l’honneur à la Foire du livre de Francfort en 2020, la foire commerciale de l’industrie de l’édition la plus importante au monde.
Cela correspond à l’approche adoptée par le gouvernement du Canada en ce qui a trait au développement de ses industries créatives à l’échelle nationale et à l’étranger. Nous espérons que cette présence à la Foire du livre de Francfort 2020 contribuera à développer des relations à long terme avec le marché de langue allemande, principalement pour l’industrie du livre, mais aussi pour l’ensemble des industries créatives canadiennes.
[Traduction]
Quoique la diplomatie culturelle ne soit pas un objectif central de la Stratégie d’exportation créative, cette stratégie renforce cependant les relations intergouvernementales par l’entremise de la croissance des échanges commerciaux au sein de leurs secteurs créatifs. La stratégie représente un investissement considérable dans l’appui aux créateurs culturels canadiens et leur réussite sur la scène internationale. Nous considérons que les efforts de diplomatie culturelle du Canada s’en trouvent améliorés, puisque, du même coup, elle révèle au monde entier les histoires et la puissance créatrice du Canada, ce qui rehausse l’image de notre pays à l’échelle mondiale.
[Français]
En guise de conclusion, le ministère du Patrimoine canadien joue un rôle de premier plan dans la promotion de l’image de notre pays, de ses principes et de ses valeurs, ainsi que de ses intérêts sur la scène internationale. Alors que la Stratégie d’exportation créative repose sur les échanges commerciaux créatifs à l’échelle internationale, ces efforts rehaussent et complètent l’ensemble des efforts de la diplomatie culturelle en permettant au reste du monde de profiter de la créativité du Canada.
[Traduction]
Nous sommes impatients de prendre connaissance du rapport de votre comité alors que nous poursuivons nos efforts dans la mise en œuvre de la Stratégie d’exportation créative. Merci.
La présidente : J’ai besoin de quelques précisions. D’abord, vous avez parlé d’« industries créatives ». Je suis convaincue de pouvoir trouver l’expression dans nos documents, nos sites web, et cetera, mais il serait utile que vous définissiez ce dont il s’agit pour vos besoins. Le sens change-t-il d’un pilier à l’autre?
Ensuite, comment avez-vous fait la promotion, la publicité ou le contact avec les joueurs? Parmi les participants qui, dites-vous, ont rempli des demandes et obtiendront du financement, s’agit-il d’industries créatives existantes ou avez-vous rejoint de nouvelles industries avec lesquelles vous n’aviez encore établi aucun lien? Existe-t-il un comité d’examen? Qui décide de l’attribution des fonds pour faire ressortir les critères, comme vous l’avez dit? Fait-on un suivi des dossiers?
Je m’intéresse au processus et aux définitions. Si vous ne pouvez pas répondre aujourd’hui, peut-être pourriez-vous communiquer les renseignements à notre greffière.
Mme Boyer : Je suis vraiment prête à y répondre aujourd’hui. Je suis d’ailleurs heureuse que vous ayez posé la question.
La définition d’« industries créatives » est un peu plus large que celle des industries culturelles traditionnelles, parce qu’elle comprend le design. Dans un souci de clarté, permettez-moi de définir ce que nous entendons par industries créatives. Nous y englobons l’audiovisuel, les médias numériques interactifs, la musique, les arts de la scène, l’édition, les arts visuels et le design.
Ce design se limite à la conception d’expositions, à la haute couture, à la création de produits, à la conception d’œuvres d’art publiques et à l’esthétique urbaine. La même définition vaut pour les trois piliers de la stratégie.
En ce qui concerne la promotion, je cède la parole à Michel Sabbagh, qui a diligenté la création d’un site web consacré à la stratégie.
Michel Sabbagh, directeur, Commerce international, Patrimoine canadien : C’est exact. Le 26 juin, date de l’annonce de la Stratégie d’exportation créative, était aussi lancé ce site web, qui renferme d’amples renseignements sur le nouveau programme canadien d’exportation créative ainsi que des renseignements sur les missions antérieures et à venir, pour que les joueurs du secteur soient renseignés sur nos plans et sur les résultats antérieurs.
Le site web renseigne aussi sur les programmes et services fédéraux qui appuient les industries créatives, par du financement, des renseignements ou des liens avec le Service des délégués commerciaux du Canada à Affaires mondiales Canada. Tout l’éventail du soutien offert aux industries créatives y est accessible.
Mme Boyer : Si vous m’autorisez à répondre aux autres volets de votre question et à étoffer la réponse de Michel Sabbagh, nous avons créé, en plus d’un site web complet, une vigoureuse campagne auprès des médias sociaux. Nous avons consacré des efforts particuliers pour atteindre les groupes plus considérables que nos industries culturelles traditionnelles : les associations et parties prenantes qui pourraient nous aider à en faire la promotion sur leurs sites web et par les listes d’adresses de leurs membres.
Je pense que nos efforts de promotion du programme auprès des nouveaux clients ont été couronnés de succès. Nous avons déterminé que 60 p. 100 des 109 demandes reçues jusqu’ici pour le programme provenaient de demandeurs qui étaient inconnus de Patrimoine canadien. Je crois que nous élargissons la base déjà large des parties désireuses d’appuyer les exportations des industries créatives.
Pour la prise de décisions, nous avons constitué, à Patrimoine canadien, un comité qui réunit des représentants ou des spécialistes des différents secteurs de ces industries créatives, de certains de nos organismes de portefeuille et de nos bureaux régionaux. Ce comité examine actuellement les demandes pour en déterminer l’admissibilité en vue de l’étape de l’évaluation.
Pour les suites à donner, ce processus est le premier appel de propositions pour le programme Exportation créative Canada. Une fois déterminée la portée du projet, nous mettrons un point d’honneur à diriger vers les organisations compétentes les demandeurs qui n’auront pas répondu aux critères de ce programme, mais qui pourraient demander de participer aux programmes d’Exportation et développement Canada ou d’autres programmes fédéraux.
J’espère avoir bien répondu à vos questions.
La présidente : J’en ai quelques autres, mais je vais laisser mes collègues en poser.
La sénatrice Saint-Germain : Madame la présidente, je suis très heureuse que vos premières questions aient été celles que je voulais poser. Comme j’en ai beaucoup d’autres, je pourrai toutes les poser.
[Français]
Merci à vous deux de votre présence et de vos présentations. Je m’intéresse particulièrement au troisième pilier de la stratégie d’exportation. Le financement de 14 millions de dollars par année est peu élevé. Vous privilégiez le soutien aux projets ayant un potentiel élevé de retour sur l’investissement. Quels sont vos critères pour évaluer le potentiel de retour sur l’investissement?
Mme Boyer : Merci de votre question. Nous avons divisé les fonds pour le programme Exportation créative Canada pour un total de 7 millions de dollars. Nous réservons 1,6 million de dollars à des missions commerciales et à des délégations commerciales d’entrepreneurs créatifs menées à l’étranger en marge d’événements commerciaux de marque. Nous réservons 1,4 million de dollars annuellement jusqu’en 2020 pour l’équipe de la Foire du livre de Francfort, qui aide l’industrie à préparer la participation du Canada en tant qu’invité d’honneur à cet événement. Nous disposons d’un fonds de 1,3 million de dollars pour l’achat de statistiques et de contrats d’analyse pour les marchés internationaux. Enfin, nous consacrons 2,7 millions de dollars à l’équipe qui appuie la mise en œuvre de la Stratégie d’exportation créative du Canada pour un total de 14 millions de dollars.
En ce qui concerne l’évaluation des demandes reçues pour Exportation créative Canada, nous demandons aux gens qui présentent une demande de nous fournir un plan d’exportation clair qui inclut les marchés ciblés ainsi que le potentiel de revenus sur la vente de leurs produits créatifs à l’étranger. C’est surtout sur cet aspect que nous nous basons pour l’analyse du retour sur l’investissement. Nous laissons la responsabilité aux personnes qui font une demande de financement de nous démontrer que leurs produits se vendront sur ce marché.
La sénatrice Saint-Germain : Je comprends donc que les fonds, notamment pour les missions commerciales, servent surtout à financer les frais de transport et de séjour et les aspects plus logistiques ou administratifs des projets. Ai-je raison?
Mme Boyer : J’aimerais préciser que nous n’assumons pas les frais de déplacement pour les missions de la délégation commerciale. Les membres doivent assumer ces coûts. S’ils sont prêts pour l’exportation, le ministère du Patrimoine canadien juge qu’ils ont un investissement à faire pour réaliser ces projets d’exportation.
Nous finançons un service de liaison pour faciliter des rencontres avec des intervenants équivalents commerciaux dans ces marchés. Nous organisons ces événements avec la collaboration de notre ambassade pour nous assurer que, lorsque la délégation commerciale arrive à l’étranger, elle pourra rencontrer des experts dans leur domaine qui sont à la recherche de services créatifs canadiens.
La sénatrice Saint-Germain : Excellent.
J’ai une dernière petite question. Dans les marchés que vous avez cernés, j’ai remarqué qu’il n’y a qu’un seul marché francophone : celui de Paris. Dans le cas des industries liées à la langue, tenez-vous compte de ce facteur particulier dans les autres marchés? Y a-t-il d’autres programmes gouvernementaux qui visent notamment la promotion de la création en français au Canada?
Mme Boyer : Nous tenons compte des marchés francophones. En plus de l’appui qui existe dans les consulats et les ambassades, qui ont une liste spécifique de 14 marchés, nous avons, avec l’enveloppe de 1,6 million de dollars réservée aux missions commerciales, un plan stratégique d’engagement annuel qui a été élaboré avec un accent sur l’Asie au cours de la première année de sa mise en œuvre. Pour l’année 2018-2019, nous nous pencherons sur l’Amérique latine, plus spécifiquement sur le Mexique et probablement deux pays de l’Amérique du Sud. La troisième année, nous nous tournerons vers l’Europe.
Au cours de cette troisième année, nous aurons beaucoup de données à notre disposition pour déterminer où diriger nos efforts de financement pendant les quatrième et cinquième années. Pour la quatrième année, nous avons provisoirement choisi de nous tourner vers les marchés francophones de l’Afrique du Nord afin d’étendre nos efforts en préparation à notre présence en tant que pays à l’honneur à Francfort 2020. Nous allons probablement aussi appuyer l’industrie du livre, qui fait déjà beaucoup de progrès dans ce marché, afin de l’étendre et d’augmenter ses ventes en Afrique du Nord.
De plus, dans nos efforts pour préparer notre participation en tant que pays à l’honneur à Francfort 2020, nous apportons un appui important à l’industrie de l’édition francophone, au Québec et à l’extérieur, en appuyant ses efforts d’exportation vers le marché européen, en Allemagne, et ailleurs, car 50 p. 100 ou plus des exportations dans le domaine du livre sont destinées à l’Europe, surtout dans les marchés francophones.
La sénatrice Saint-Germain : Merci.
[Traduction]
La sénatrice Bovey : Merci beaucoup. Bien qu’encouragée par l’annonce de la stratégie, je suis troublée par le montant du financement. Il me semble très faible.
Permettez-moi de vous questionner sur la déclaration qui figure à la dernière page complète de votre exposé, selon laquelle la Stratégie d’exportation créative du Canada renforce les relations intergouvernementales par le biais de la croissance des échanges commerciaux au sein de leurs secteurs créatifs.
Pourquoi le ministère du Patrimoine canadien ne parle-t-il pas, au contraire, de renforcer les relations intergouvernementales par les secteurs créatifs pour intensifier les échanges commerciaux? Pourquoi notre ministre chargé de la culture inverse-t-il l’ordre des choses et accorde-t-il le second rôle aux secteurs créatifs?
Mme Boyer : J’ai focalisé mes observations sur le volet commercial des efforts de notre ministère, parce qu’ils sont assez nouveaux. Nous revenons aux échanges commerciaux, mais rassurez-vous, notre engagement auprès de nos partenaires créatifs et nos actions pour les promouvoir ne faiblissent nulle part au Canada. Nous agissons de même dans notre diplomatie culturelle. Nous présentons les artistes et les créateurs canadiens à l’étranger.
Bien sûr, j’ai insisté sur le volet commercial. J’ajouterais qu’il est nouveau et important, comme vous l’avez fait remarquer dans votre première observation.
Grâce à la Stratégie d’exportation créative, nous avons consacré environ 90 000 $ à Statistique Canada pour qu’il commence à examiner les données sur les échanges culturels et sportifs. Les données ont révélé que la contribution économique du secteur culturel s’élevait à 2,8 p. 100 de notre produit intérieur brut. Il pourvoit à 6 500 emplois et il correspond à 3,1 p. 100 de toutes les exportations du Canada.
En gardant ces chiffres à l’esprit et les 54 milliards de revenus produits chaque année, il importe de ne pas négliger le volet commercial ou sa contribution à nos efforts culturels à l’étranger. C’est une extension de la diplomatie culturelle qui englobe les échanges commerciaux culturels.
La sénatrice Bovey : Les deux sont solidement liés. Je suppose que c’est le résultat que je recherche. Les échanges commerciaux sont certainement augmentés par la communauté culturelle, d’après ce que tous les témoins nous ont dit. Cette plateforme a besoin d’exister et, je l’espère, elle sera renforcée.
Hier, Mme Lambert, qui, depuis de nombreuses décennies, fait énormément de travail sur la scène internationale, nous a dit avoir l’impression que nous devions cesser de privilégier les exportations aux échanges. Dans ses observations, elle a certainement soulevé l’importance des personnes.
Pourriez-vous parler de ce programme relativement à la notion d’échange? Je comprends la notion d’exportation et j’en conçois l’importance réelle. Cependant, les échanges comportent manifestement des services et des partenariats.
Pourriez-vous nous en parler et parler des gens? En même temps, pourriez-vous dire pourquoi on n’a pas créé un jury des pairs du secteur, par opposition à des décideurs de la fonction publique?
Mme Boyer : Exportations et échanges de personnes vont de pair. Sans ce premier contact et sans rapports noués, il est difficile d’augmenter les échanges ou de trouver des nouveaux débouchés. La plupart des missions commerciales de l’équipe insistent d’abord sur la création de relations intergouvernementales dans les industries avant d’aboutir à des résultats commerciaux ou à des missions commerciales concrètes.
Nous reconnaissons que les deux vont de pair. Nous collaborons étroitement avec les partenaires du portefeuille, les provinces et les territoires, les associations et tous les joueurs de nos industries créatives pour que cet objectif soit atteint. C’est un précurseur des échanges commerciaux. Ce n’est pas un oublié de la stratégie. C’est un élément très important de la Stratégie d’exportation créative.
En ce qui concerne le jury de pairs, je prends note de vos observations. Dans ce nouveau programme, nous ne sommes pas fixés sur le type de demandes que nous recevrons par suite du premier rappel. Nous pourrons ajuster le tir à mesure. Nous sommes seulement dans la première année de la mise en œuvre de la stratégie. Nous espérons donc examiner les modalités d’application de cette recommandation.
Le sénateur Oh : Vous êtes bien directrice générale du commerce international au ministère du Patrimoine canadien? Rien à voir, n’est-ce pas, avec le ministre Carr, de la Diversification du commerce international?
Mme Boyer : Non.
Le sénateur Oh : Le total de vos trois catégories est de 25 millions de dollars, et vous saluez votre succès. Combien avez-vous dépensé chaque année sur les 25 millions destinés à la promotion de ce programme?
M. Sabbagh : Voulez-vous dire pour la création du site web?
Le sénateur Oh : Peu importe. Vous faites chaque année de la promotion. Vous fréquentez les salons internationaux, entre autres. Vous entamez maintenant votre troisième année, n’est-ce pas?
Mme Boyer : Non. Nous en sommes à la première année.
M. Sabbagh : C’est la première année de la mise en œuvre de la Stratégie d’exportation créative. Il y a eu deux années de financement, conformément aux annonces du budget de 2016. Elles se sont terminées le 31 mars 2018.
Le sénateur Oh : Avez-vous une estimation de vos dépenses sur les 25 millions de dollars? Votre financement est important.
Mme Boyer : Je répondrai d’abord que nous n’avons jamais dépensé plus que les 25 millions qui nous sont affectés chaque année. Nous sommes aux tout premiers mois de notre premier exercice. Nous sommes loin de ces 25 millions. Nous n’avons pas affecté la part prévue des 7 millions de dollars pour le premier exercice du programme Exportation créative Canada.
Nous serons mieux en mesure de vous renseigner le 31 mars 2019, à la fin du premier exercice de la stratégie.
Le sénateur Oh : Combien de financement chaque demande peut-elle obtenir?
Mme Boyer : Cela reste à déterminer. Nous sommes encore en train d’évaluer les demandes. Il est évident pour nous que la demande de fonds a été très forte : plus de trois fois les fonds disponibles pour le programme Exportation créative Canada. Nous évaluons très soigneusement les propositions, pour choisir celles qui ont le meilleur plan d’exportation, les plus grandes chances de réussite sur les marchés internationaux, le meilleur rendement du capital investi et le meilleur volet innovation.
Nous évaluons aussi des critères de diversité pour éventuellement accorder une prime aux mesures prises en amont pour prévenir le harcèlement au travail et appuyer la parité hommes-femmes et la représentation des minorités visibles, la prise de décisions et les rôles de leadership.
Cette évaluation faite, nous investirons 7 millions dans la première année. Certains de ces projets peuvent demander du financement sur deux ans. Nous évaluerons donc soigneusement les montants que nous pouvons leur accorder dans la deuxième année pour qu’ils maintiennent leurs efforts sur les marchés internationaux, tout en réservant une partie de ces 7 millions pour le deuxième appel de propositions.
Le sénateur Oh : Est-ce que votre ministère ira de l’avant et installera des pavillons canadiens, quand nous visiterons les manifestations internationales? Il y a toujours des pavillons canadiens à l’étranger. Le ferez-vous?
Mme Boyer : Patrimoine canadien ne reçoit plus de financement pour jouer ce rôle sur les tribunes internationales. Cependant, je vous dirai que, par l’entremise de notre 1,4 million de dollars par année, jusqu’à la fin de 2020, nous travaillons à notre présence de pays invité d’honneur à la Foire du livre de Francfort. Ce salon a un pavillon, et le Canada aura un pavillon du pays invité d’honneur pendant la foire. C’est une manifestation unique en son genre, et Patrimoine canadien ne la compte plus dans son programme ordinaire d’activités.
La présidente : Pourriez-vous nous communiquer les chiffres relatifs au programme biennal terminé avant que vous ne commenciez le programme triennal? Peut-être, pourriez-vous nous les communiquer plus tard pour que nous sachions combien d’argent a été dépens?. Cela pourrait être utile à nos évaluations.
[Français]
Le sénateur Massicotte : Merci à vous deux d’être parmi nous ce matin. C’est très intéressant, car vous connaissez bien vos dossiers.
Vous avez répondu à une question de la présidente plus tôt quant au processus comme tel, mais vous n’avez pas mentionné quels sont les critères ou les objectifs sur lesquels le comité se base pour approuver un projet. Il y a certainement des critères de référence sur lesquels s’appuie le comité lorsqu’il choisit parmi tous les candidats et candidates. Quels sont ces objectifs?
Mme Boyer : Merci beaucoup de votre question.
On a des objectifs définis. Je vais les traduire, parce que la liste devant moi est en anglais. On examine le potentiel des revenus d’exportation; les avantages possibles ou les retombées pour les autres secteurs créatifs; le potentiel offert à d’autres intervenants de faire des affaires dans le marché; l’existence de partenariats, par exemple, entre les industries francophones et anglophones, avec des associations nationales et régionales, ou avec le secteur privé; la possibilité de reprendre ce projet et de le refaire dans un autre marché; la composante liée à l’innovation dans la proposition.
Le sénateur Massicotte : Si on résume ces critères, l’évaluation est basée sur la rentabilité du candidat ou de la candidate. Il n’y a pas vraiment de mesures ou de critères liés aux avantages pour le Canada et la diplomatie culturelle, ou même au chapitre financier. C’est plutôt fondé sur l’espoir que le projet sera un succès.
Mme Boyer : Je répondrai à votre question en deux volets. Le premier porte sur la rentabilité, et c’est exactement ce que nous visons avec le programme d’Exportation créative Canada. En résumé, tous ces critères sont basés sur l’espoir que les projets dans lesquels nous investissons seront rentables.
Le sénateur Massicotte : C’est un chiffre que chaque candidat doit fournir dans sa demande. Y a-t-il une vérification qui est faite par la suite, par exemple, deux ans plus tard, pour comparer les données réelles aux données projetées?
Mme Boyer : Absolument. L’évaluation du rendement de notre investissement et des résultats de notre financement est très importante dans le cadre de ce programme, puisque c’est une initiative qui est financée sur cinq ans seulement, comme le reste de la Stratégie d’exportation créative. Nous espérons que le financement sera renouvelé à la fin de ces cinq ans, et nous savons l’importance qui est accordée aux résultats. Pour nous, il est primordial de voir les résultats et de comparer ce qui était estimé aux résultats finaux des efforts d’exportation.
Le sénateur Massicotte : Dans un marché d’exportation, c’est souvent nouveau, et les chiffres sont loin d’être fiables, mais sachant que c’est important pour vous, un candidat pourrait vous donner un chiffre impressionnant, sans savoir s’il réussira à l’atteindre. Comment gérez-vous cette réaction humaine d’être porté à exagérer?Je vois difficilement comment vous pouvez évaluer les résultats, même deux ou trois ans plus tard, car il est difficile d’arriver à ces calculs.
Mme Boyer : Oui, il est difficile d’arriver à ces calculs. Ce qui est le plus efficace — évidemment, nous en sommes encore au début de nos efforts —, c’est de poursuivre les conversations avec les intervenants que nous avons amenés dans les missions commerciales et qui ont reçu du financement, et de leur demander s’il y a eu des retombées ou de nouveaux contacts. Dans le domaine du commerce international, il faut du temps pour développer des relations commerciales. Alors, on leur demande s’il y a eu des suivis, des contrats qui ont été signés ou des ventes à la suite des rencontres. C’est ainsi que nous avons pu évaluer les projets.
Le sénateur Massicotte : Combien de temps après l’événement?
Mme Boyer : Immédiatement après, trois mois, six mois, un an.
Le sénateur Massicotte : Y a-t-il un formulaire standard qui est rempli?
Mme Boyer : Oui. On a essayé de façon écrite, par sondage ou au moyen d’appels personnalisés. Il est essentiel de connaître les résultats.
Le sénateur Massicotte : Pouvez-vous nous faire parvenir une copie de votre analyse standard?
Mme Boyer : Je pense qu’on pourrait vous fournir les rapports de nos missions commerciales qui ont été menées pendant les années où nous avons commencé à compiler les résultats. Il y a une très bonne liste de ce qui s’est passé en Chine en avril.
Le sénateur Massicotte : Pourriez-vous nous fournir l’exemple d’un très bon rapport et d’un autre rapport qui a été décevant?
L’autre commentaire que j’aimerais faire, c’est que, chaque année, vous changez de territoire. Ayant fait un peu d’exportation moi-même, je sais bien que les efforts d’exportation prennent du temps, et il faut que ce soit soutenu. Je ne vois pas comment il peut être utile que, une année, on aide les candidats en Amérique du Sud et que, l’année suivante, on se tourne vers l’Europe. Le pauvre candidat qui arrive en Amérique du Sud devra mettre cinq à sept ans avant d’avoir du succès. Est-il logique que votre programme change de territoire continuellement? Cela permettra-t-il à notre artiste d’arriver à des résultats qui sont satisfaisants, étant donné qu’on le soutient seulement un an et qu’on change ensuite de territoire?
Mme Boyer : Merci de votre question. On y a beaucoup réfléchi. Notre rôle dans la stratégie d’exportation créative et dans l’appui spécifique à l’entrée des marchés, c’est d’ouvrir les portes avec le gouvernement, avec notre mission à l’étranger et avec les entreprises qui sont dans ces marchés.
Par exemple, pour la Chine, on a très bien réussi à le faire et on continue à en voir les retombées économiques. Cependant, on n’oubliera pas la Chine. Dans notre deuxième année d’exportation, on va continuer à soutenir des événements et des rencontres avec des délégations chinoises, mais pas nécessairement avec une autre mission ministérielle au même prix, de la même taille et avec de multiples industries culturelles. Si on retourne en Chine cette année, ce sera sans doute avec une mission ciblée de plus petite envergure. On sait qu’il y a eu plus de résultats au cours de notre première entrée sur ce marché. À titre d’exemple, il y a un événement d’animation en Chine, axé sur les jeux vidéo interactifs, qui se tiendra à San Francisco cette année, et le Festival international du film de Vancouver, car nous savons que l’audiovisuel est très populaire. On va organiser des rencontres d’affaires avec les participants de ces missions commerciales ou d’autres intéressés et leurs homologues chinois ou de potentiels partenaires commerciaux chinois.
Le sénateur Massicotte : Quelle portion de ces 25 millions de dollars est-elle destinée aux artistes et quelle portion est versée à l’administration, aux coûts de fonctionnement, à la supervision, au suivi, et cetera?
Mme Boyer : Laissez-moi regarder mes chiffres. Je dirais que tous les suppléments de financement qui sont versés aux programmes existants du ministère du Patrimoine canadien vont aux artistes. Ce que nous avons réservé dans notre programme d’Exportation créative Canada de 7 millions de dollars est consacré aux artistes. L’appui des missions commerciales vise les artistes.
Le sénateur Massicotte : Il n’y a pas de frais d’administration. Vous n’avez aucun salaire pour vous deux, aucuns frais dans ce sens-là.
Mme Boyer : Oui, nous avons un salaire. Notre salaire est de 2,7 millions par année.
Le sénateur Massicotte : Sur les 25 millions?
Mme Boyer : Pour Patrimoine canadien. Pour le ministère des Affaires mondiales, c’est 4 millions de dollars. En tout, il s’agit d’environ 6,7 millions qui sont consacrés à l’administration du programme par année.
Le sénateur Massicotte : Donc, ce sont 18 millions de dollars qui sont versés aux artistes comme tels.
Mme Boyer : Aux artistes comme tels, il s’agit d’au moins 12 millions directement. Le reste est destiné à l’appui et aux services qu’on leur offre, mais c’est versé directement aux créateurs.
Le sénateur Massicotte : Donc, 50 p. 100 sont versés à l’administration et 50 p. 100 sont versés aux artistes.
M. Sabbagh : L’une des choses que nous avons entendues lors de nos tournées de consultation en 2016, c’est que, à la suite de l’abolition des programmes Routes commerciales et Promart, la présence des personnes qui peuvent aider nos industries créatives dans les marchés clés à l’étranger, donc dans les ambassades et les consulats clés, était un aspect qui manquait beaucoup au secteur créatif. La décision a été prise de réinstaller ces 14 personnes dans nos missions clés, comme à New York, à Paris, à Londres, à Berlin et ailleurs. Nous avons la liste, si le comité s’y intéresse.
Oui, ce sont des fonds qui sont consacrés à des personnes, mais ces personnes travaillent afin de soutenir le secteur créatif en trouvant des contacts et des occasions d’affaires, en aidant les candidats dans leurs démarches d’exportation, et en nous aidant aussi, lorsque nous menons des missions commerciales à l’étranger, en ce qui a trait à l’organisation sur le terrain et à l’appui à la délégation canadienne.
Le sénateur Massicotte : Dans votre présentation, vous avez parlé de trois volets. Je suppose que, quand vous parliez des objectifs, plus tôt, cela s’appliquait aux trois volets. Les critères de sélection s’appliquent aux trois secteurs.
Mme Boyer : Cela s’applique spécifiquement au programme d’Exportation créative Canada. Il n’y a pas de critère spécifique pour les autres piliers.
Le sénateur Massicotte : Pour les deux autres, quels sont les objectifs?
Mme Boyer : Dans le cadre du supplément, pour les efforts d’exportation au sein des programmes actuels de Patrimoine canadien, il y en a une partie qui vise à appuyer la participation des artistes à des festivals à l’étranger...
Le sénateur Massicotte : Quels sont les critères de sélection?
Mme Boyer : Il faudra que je fasse le suivi auprès des programmes spécifiques. Nous serons heureux de vous remettre les critères; ils sont très bien établis.
Le sénateur Massicotte : J’ai une dernière question. Quand on parle de l’organisation, des trois volets et des objectifs, comment tout cela a-t-il été décidé? Est-ce qu’il y a un groupe d’artistes, comme point de repère, qui en a discuté et qui a décidé que 50 p. 100 de l’enveloppe serait consacrée aux frais d’administration, et que de l’argent serait versé aux ambassades? Qui a décidé de tout cela? Est-ce que les artistes sont très impliqués dans ces décisions ou s’agit-il de décisions politiques?
M. Sabbagh : En 2016, on a fait une tournée à travers le Canada. On a rencontré près de 250 membres des industries créatives, de même que des artistes des quatre coins du Canada. On a tenu des tables rondes à Vancouver, à Toronto, à Montréal et on a également rencontré beaucoup d’associations à Montréal.
Il en est ressorti différentes constatations. Premièrement, les industries créatives appréciaient les programmes de Patrimoine canadien, mais trouvaient que les fonds disponibles pour les projets à l’échelon international étaient souvent insuffisants. C’était à la base de la décision d’augmenter l’enveloppe accordée au Fonds de la musique du Canada, au Fonds du livre du Canada, au Fonds du Canada pour les périodiques, au Fonds du Canada pour la présentation des arts, et à Téléfilm Canada. On nous a dit apprécier les programmes existants, mais qu’il n’y avait peut-être pas assez de financements pour appuyer les activités internationales.
La deuxième chose, comme je l’ai mentionnée plus tôt, était le manque d’appui dans le cadre des missions à l’étranger. C’est quelque chose qui a été mentionné à plusieurs reprises par tous les différents secteurs et dans toutes les régions du pays. C’est là-dessus que nous avons basé notre décision de réinstaller ces 14 personnes chargées d’appuyer le secteur créatif à l’étranger.
Pour le reste, on a cerné, avec les intervenants, le besoin de créer un programme horizontal dont la seule raison d’être serait d’appuyer le secteur créatif et qui serait assorti de critères d’admissibilité plus flexibles que les programmes existants de Patrimoine canadien. En outre, il devait être accessible aussi à des secteurs nouveaux, comme le design et les jeux vidéo interactifs.
Le sénateur Massicotte : Quand vous dites « on », de qui parlez-vous?
M. Sabbagh : C’est en écoutant ce que les intervenants nous ont dit...
Le sénateur Massicotte : Qui a organisé tout cela? Vous dites « on »; de qui s’agit-il?
M. Sabbagh : Patrimoine canadien a organisé des consultations que nous avons menées conjointement avec Affaires mondiales Canada et le Conseil des arts du Canada.
Le sénateur Massicotte : On a organisé des réunions d’information; est-ce qu’on a publié un rapport pour présenter les conclusions et sollicité des commentaires de la part des intervenants et des artistes à cet égard?
M. Sabbagh : Nous n’avons pas publié de rapport à ce sujet, mais nous avons produit un résumé des conversations.
Le sénateur Massicotte : Est-il public?
M. Sabbagh : Je ne pense pas.
Le sénateur Massicotte : C’est vous qui avez conclu que, en fonction des bonnes informations que vous avez recueillies et de votre grande sagesse, vous alliez faire X et Y. C’est ça?
M. Sabbagh : Notre rôle ici est de donner des recommandations qui sont fondées sur les faits. Nous avons consulté l’industrie et nous nous sommes basés sur les données recueillies et sur nos consultations avec Affaires mondiales Canada et les agences du portefeuille pour arriver avec une recommandation pour la stratégie d’exportation.
Le sénateur Massicotte : Est-ce qu’on peut avoir une copie de vos recommandations?
M. Sabbagh : Quelles recommandations?
Le sénateur Massicotte : Celles que vous avez présentées au ministère à la suite de tout ça.
M. Sabbagh : Les recommandations sont protégées, mais on peut vous transmettre le rapport des consultations.
Le sénateur Massicotte : Merci.
[Traduction]
La sénatrice Bovey : Je vous remercie de cette information. J’aimerais poursuivre dans la veine des questions du sénateur Massicotte.
Pour en revenir aux critères, nous sommes nombreux à avoir siégé à des jurys, à divers titres, pour le financement culturel, au fil des années. On nous donnait à cette fin des critères et une pondération. J’aimerais connaître les pourcentages. Est-ce un système sur 10 points ou sur 100 points? Quels points correspondent à quel critère, de sorte que la prise de décisions soit uniforme? C’est particulièrement important, étant donné que vous ne travaillez pas avec des jurys formés de pairs et que c’est un service interne. Il serait très utile que vous nous fournissiez la pondération qui vous sert à mesurer ces critères.
Aussi, est-ce que vous ne regardez que les revenus immédiats? Comment mesurez-vous les gains intangibles à long terme liés aux partenariats en cours dans le monde des affaires, le monde culturel et le monde social? Comment mesurez-vous ces gains intangibles? J’aimerais savoir cela.
Je comprends que vous ayez mené des consultations, mais 200 membres des industries créatives canadiennes, ce n’est presque rien. C’est un secteur énorme, comme vous l’avez dit, qui emploie 3,3 p. 100 de la population active canadienne d’âge adulte. Je conviens que les milieux culturels de Vancouver, Toronto et Montréal sont vigoureux, mais c’est aussi le cas ailleurs au pays. Pourquoi avez-vous choisi ces trois collectivités sans inclure les Prairies ou le Canada atlantique, où il se fait du travail créatif et du travail de portée internationale très important?
Comment avez-vous choisi les 14 pays? Et que donnez-vous comme préavis au milieu culturel pour l’informer de ce que c’est? Est-ce plutôt presque rétroactif? Est-ce que l’Allemagne a été choisie parce que l’industrie de l’édition a été invitée à Francfort? Est-ce plutôt l’inverse, donc le Canada a choisi Francfort, après quoi l’industrie de l’édition canadienne a été choisie? J’aimerais savoir où se trouvent précisément la charrette et les bœufs, et le type de préavis que les milieux culturels ont en ce qui a trait aux pays qui profitent du favoritisme.
Mme Boyer : Je vais commencer par expliquer comment nous avons choisi certains des marchés clés. Le Compte satellite de la culture de Statistique Canada nous a donné un bon point de départ, car il nous a montré que la plupart des exportations de nos industries créatives vont aux États-Unis, pour une valeur annuelle de 10 milliards de dollars, à la Chine, pour une valeur annuelle 695 millions de dollars, et à l’Allemagne, pour une valeur annuelle de 428 millions de dollars. Nos décisions reposent en grande partie là-dessus.
Nous communiquons constamment avec nos intervenants. Nous menons des consultations par l’entremise des provinces, des territoires, des associations, de nos partenaires de portefeuille et du Conseil des arts du Canada. Nous utilisons les renseignements et l’information du Service des délégués commerciaux concernant les débouchés et les marchés émergents afin de déterminer les priorités.
Grâce à toute cette mobilisation et cette consultation, nous informons nos intervenants de nos plans concernant la scène internationale de sorte qu’ils puissent participer à ces efforts. Ils sont informés à l’avance, mais la période d’avis peut varier de trois à six mois avant une mission ministérielle.
La sénatrice Bovey : Permettez-moi de vous interrompre. Vos organismes artistiques et culturels planifient sur 5 à 10 ans. Des avis de trois à six mois ne leur donnent pas la souplesse qui leur permettrait de participer à un programme répondant à vos besoins. Au fil des ans, on m’a toujours donné de trois à cinq ans d’avis concernant les pays prioritaires, de sorte que mon organisation puisse structurer les programmes en conséquence. Je me permets de vous mettre en garde : trois à six mois, ce n’est pas assez pour permettre à une industrie culturelle, numérique ou créative de participer d’une façon valable.
Mme Boyer : Nous reconnaissons que c’est difficile, mais étant donné que nous en sommes à la première année de la mise en œuvre, il était difficile de donner un plus long préavis. Nous signalons maintenant quelles seront nos régions de prédilection.
Le programme donne vraiment aux industries et entreprises créatives le choix des marchés qu’elles veulent cibler. La diversification que permet notre Stratégie d’exportation créative contribue à résoudre certaines difficultés que nous reconnaissons également.
M. Sabbagh : J’aimerais revenir sur les 250 représentants que nous avons rencontrés. J’estime vraiment que nous avons rejoint toutes les grandes associations. Elles ont assurément senti qu’elles avaient été consultées. C’est ce qu’elles nous ont indiqué. Pour ce qui est de la représentation régionale, nous avons aussi inclus les 10 provinces et les 3 territoires, dans nos consultations. Le comité fédéral-provincial-territorial de Patrimoine canadien a régulièrement fait des appels. Nous les avons vraiment inclus.
Oui, bien sûr, nous avons ciblé les grands centres, car c’est là que se déroule la plus grande partie de l’activité culturelle au Canada. C’était une manière facile et moins coûteuse de les atteindre. Nous avons aussi discuté au téléphone avec nos collègues du Canada atlantique et des Prairies. Nous avons téléphoné à Creative Saskatchewan. Nous avons tenu des tables rondes dans ces trois villes, mais il y a eu beaucoup d’appels partout au pays. Je suis convaincu que nous avons eu un échantillon représentatif des industries créatives.
La sénatrice Bovey : L’activité dans ces trois grands centres est impressionnante, mais je vous recommanderais de regarder les données par personne, dans des endroits comme Victoria, Winnipeg, Halifax et le Cap-Breton, car le milieu culturel et les industries créatives fondent leurs activités sur la population et sur des données par personne.
Je me permets encore une fois de vous inviter à faire très attention avant de dire que ce sont les trois centres les plus actifs. Oui, il y a beaucoup d’activité. Je suis très fière de toute l’activité dans ces villes. J’ai de bien des façons travaillé avec ces villes. Par personne, il y a de très petites collectivités qui contribuent beaucoup, comme le festival de chant choral de Powell River. Ils ne sont pas allés à Vancouver. C’est une industrie énorme qui rayonne partout dans le monde. Je ne fais que souligner cela.
Mme Boyer : J’aimerais vous faire part d’un fait intéressant concernant Exportation créative Canada. Nous avons regardé l’origine des propositions que nous avons reçues en réponse à notre première demande de manifestations d’intérêt, et je suis ravie d’annoncer que nous avons reçu des propositions de toutes les provinces et de tous les territoires. Naturellement, les propositions venant du Nord sont moins nombreuses, mais nous avons reçu des candidatures de partout au Canada. Nos efforts pour rejoindre ces gens par la promotion du programme ont été fructueux.
La sénatrice Bovey : En guise de suivi, pourrions-nous obtenir les notes attribuées à chacun des critères du programme? C’est un guide important pour les organismes et les entreprises qui cherchent à se prévaloir de tels programmes. Cela les aide à déterminer la pondération de ce que vous recherchez plutôt que de ne compter que sur une liste qui ressemble souvent aux 10 commandements : ne faites pas ceci; ne faites pas cela, et ne faites pas cela non plus. Regardons les priorités et votre façon de les pondérer pour aider les organismes et les industries à faire des demandes.
Mme Boyer : Nous serons ravis de transmettre cela à votre greffière, avec les lignes directrices de notre programme, ce qui vous donnera le contexte plus général.
La présidente : Je suis contente que la sénatrice Bovey ait parlé de cet aspect très important. Il y a de l’activité créative partout au Canada, dans les petites villes et les villages.
Premièrement, parmi tous vos critères, avez-vous quelque chose concernant la participation des Autochtones? Deuxièmement, avez-vous aussi contacté la communauté multiculturelle? Vous utilisez des sites web, et ainsi de suite. Les gens d’autres cultures ont certaines des activités les plus créatives de nos centres, dans leur propre contexte culturel, et ils n’utilisent peut-être pas votre site web. Pouvez-vous nous dire comment vous êtes entrés en contact avec ces communautés, de sorte que nous soyons véritablement représentatifs de tous les Canadiens?
Mme Boyer : Absolument. Nous avons travaillé en très étroite collaboration avec nos bureaux régionaux également, pour qu’ils contactent les intervenants des diverses régions du Canada. Un dépliant décrivant le programme, énonçant les critères qui s’appliquent et donnant un aperçu de la Stratégie d’exportation créative leur sera transmis. Nous sommes très attentifs à cela.
Nous organisons pour les mois à venir des séminaires sur l’expansion de l’exportation dans divers centres au Canada. Nous sommes encore à déterminer les lieux et les dates, mais cela aura lieu. Nous sommes très conscients de tout le Canada et de la richesse de l’expression culturelle à l’échelle du pays.
M. Sabbagh : Nous avons aussi tenu des webinaires pour expliquer les nouveaux programmes d’Exportation créative Canada qui sont offerts partout au Canada.
La sénatrice Bovey : Il y a bien des endroits dans le Nord où ils n’ont pas Internet. De nombreux artistes et organismes de l’Arctique ne sont pas en mesure de transmettre des demandes en ligne pour se prévaloir de ces programmes. Notre défi est de rejoindre les parties du pays qui sont impossibles à joindre avec la technologie moderne.
La présidente : Nous avons étudié le commerce. Vous avez choisi 14 pays. Certains vont aller vers ces endroits, mais nous voulions diversifier le commerce.
De nombreuses industries créatives trouvent leurs créneaux un peu partout. Le dilemme, pour nous, c’est que les nouvelles industries — et elles sont très nombreuses — n’avaient pas le temps de remplir tous les formulaires de demande pour être tenues au courant. La réaction a été que les entreprises établies et bien connues sont celles qui retiennent l’attention. Si nous voulons vraiment inclure de nouvelles industries et élargir le cercle, il faut commencer à travailler différemment.
Je peux presque imaginer ce projet devenir un établissement de prêt plutôt qu’un établissement qui favorise les arts créatifs. Je veux que vous pensiez à cela. Vous pourriez revenir au comité à la fin de la session, alors j’aimerais que vous envisagiez cela.
Est-ce qu’on va embaucher des gens localement dans les 14 pays, contrairement à ce qu’on fait ailleurs?
M. Sabbagh : En effet, ce sont les endroits où des gens seront embauchés localement. Ils vont s’ajouter au personnel existant d’Affaires mondiales. Vous remarquerez que le Brésil et l’Australie ne sont pas sur la liste. La raison de cela, c’est qu’Affaires mondiales a déjà la capacité requise dans ces pays, pour le soutien des industries créatives.
Avec nos collègues d’Affaires mondiales, nous avons aussi regardé la capacité des missions étrangères, et nous avons ajouté du soutien à ces endroits, parce que c’était la chose sensée à faire. Ce sont les pays prioritaires sur le plan du commerce dans le domaine des arts créatifs, mais la capacité manquait peut-être.
La présidente : Qui a choisi les 14 pays? Je sais que c’était les ministres, mais quel ministère a fait les recommandations? Est-ce le vôtre?
M. Sabbagh : Les décisions ont été prises par Affaires mondiales Canada, mais ils nous ont consultés et ont consulté les autres partenaires du portefeuille, y compris le Conseil des arts du Canada et Téléfilm, pour choisir ces pays.
La présidente : Vous êtes peut-être contents que votre temps soit terminé. Nous avons besoin de comprendre la nouvelle initiative, car nous parlons de diplomatie culturelle, en fait. Il est très important que nous comprenions la portée et la profondeur de ce projet, pour que nous puissions en parler convenablement et l’intégrer dans la perspective globale de ce qu’est ou devrait être la dimension culturelle de notre politique étrangère.
Je vous remercie d’être venus et de nous avoir fourni cette information. Nous vous savons gré d’être venus et nous vous remercions à l’avance de fournir l’information que nous avons demandée à notre greffière.
Mesdames et messieurs les sénateurs, nous sommes prêts à passer à la partie suivante de notre réunion et à entendre notre témoin par vidéoconférence, parce qu’il est à Halifax, M. Chris Crowell, vice-président, Innovation d’entreprise, chez Volta. Nous avons fait distribuer votre information et votre biographie, afin que nous puissions utiliser le temps efficacement. Nous demandons généralement à nos témoins de nous présenter une déclaration liminaire. Les sénateurs auront très certainement des questions à vous poser après votre exposé.
Bienvenue à notre comité. La parole est à vous.
Chris Crowell, vice-président, Innovation d’entreprise, Volta : J’aimerais commencer par vous donner une idée de ce qu’est Volta, de ce qu’est un centre d’innovation et de la façon dont cela change en fait la nature du travail au Canada et des cultures dans les milieux de travail. De là, nous pourrons établir les assises d’une conversation fructueuse sur la façon dont cela pourrait se répercuter sur l’investissement direct étranger et, peut-être, sur le commerce extérieur.
Un centre d’innovation n’est pas réservé aux entreprises en technologie ou aux entreprises des TIC. C’est un endroit où l’on aide les entreprises qui veulent adopter les nouvelles technologies, ou les sociétés qui misent sur des solutions technologiques, si vous le voulez. Elles viennent ici pour démarrer, croître et réussir. C’est un point de convergence qui se trouve dans le milieu des affaires qu’il dessert, que ce soit dans une ville ou une région. C’est une véritable communauté pour les innovateurs, les entrepreneurs, les entreprises en démarrage, les organisations d’entreprises, les ressources techniques et créatives et les secteurs public et privé.
Si vous regardez les entreprises qui sont déjà à Volta, ou les entreprises qui sont issues de Volta, vous verrez que c’est un échantillon représentatif d’une grande variété d’industries. Certaines sont plus proches de ce que vous considéreriez comme étant à la fine pointe de la technologie et offriraient, par exemple, des microservices utilisant des plateformes infonuagiques. D’autres vont offrir des services de gestion de marina ou de gestion d’événements pour le monde des arts, des lunettes, des lentilles cornéennes, des services vétérinaires, des activités de financement philanthropiques, et ainsi de suite. La liste est longue. Ce qu’elles ont toutes en commun, c’est qu’elles utilisent l’intelligence artificielle et les plateformes de mégadonnées pour perturber les modèles d’affaires et changer la façon dont les entreprises de leur industrie vont sur le marché.
Volta est l’un des plus importants centres d’innovation au Canada. Certains de vous connaissent peut-être Communitech, à Kitchener-Waterloo, en Ontario. Notre modèle est très semblable à celui de Communitech. En fait, nous avons dans notre équipe et parmi nos administrateurs des dirigeants qui sont ou qui ont été associés à Communitech.
Nous comptons en ce moment 33 entreprises résidentes. Certaines en sont à leurs débuts et ont deux ou trois fondateurs, ainsi que 25 à 30 employés. Nous avons 37 sociétés qui ont obtenu leur diplôme et qui sont toujours actives dans l’économie du Canada atlantique. Ces sociétés ont embauché plus de 500 personnes. Nous avons un réseau de plus de 1 000 membres qui, régulièrement, utilisent les services de Volta ou participent à des programmes. Nous estimons que nous allons organiser 300 événements annuellement, maintenant que nous avons ouvert notre nouvel espace. Deux entreprises se sont prévalues du programme appelé Creative Destruction Lab, qui les aide à aller chercher plus d’argent et à prendre de l’expansion grâce aux investisseurs locaux.
Nous avons maintenant deux cohortes d’entreprises qui sont passées par Volta. Près de 100 sociétés du Canada atlantique ont demandé du financement de démarrage et sont devenues des entreprises résidentes de Volta. Nos nouvelles installations, pour lesquelles il y a eu une inauguration officielle la semaine passée, couvrent une superficie d’un tout petit peu moins de 60 000 pieds carrés. L’inauguration officielle s’est faite la semaine passée, et je suis ravi de vous dire que l’endroit est déjà occupé à 85 p. 100.
J’en ai dit suffisamment à propos de Volta. Si vous me le permettez, je vais vous dire ce qu’est un écosystème d’innovation. Si nous ne définissons pas ce concept, il ne s’agira que d’une expression dans le vent que les gens entendent sans trop savoir ce que cela signifie. Un écosystème, c’est en fait tous les divers intervenants qui contribuent à aider les sociétés à croître et à réussir, non seulement dans leur marché local, mais à l’échelle mondiale. Il y a des entreprises de démarrage. Il y a des entreprises en développement. Et il y a de grosses entreprises qui veulent être plus novatrices et souhaitent s’associer à de petites organisations. Les universités sont un élément important, ainsi que le gouvernement. Les bailleurs de fonds, les mentors et les entreprises de service se regroupent dans le centre d’innovation — comme Volta — qui sert de catalyseur.
Les grandes organisations se tournent vers des endroits comme Volta pour deux raisons. Premièrement, la perturbation est en hausse. Si vous regardez la durée de vie moyenne des sociétés selon l’indice du S&P 500 depuis 1960, vous verrez qu’une société en 1960 pouvait s’attendre à faire des affaires pendant une période moyenne de 60 ans. En 2018, c’est moins de 20 ans. Ces sociétés sont acquises ou cèdent plus rapidement sous la pression de la concurrence.
Deuxièmement, les obstacles à l’entrée tombent comme jamais auparavant. Selon CB Insights, pour lancer une entreprise dans le domaine des technologies ou une entreprise de démarrage qui mise sur des solutions technologiques, en 2000, il en coûtait autour de 5 millions de dollars. En 2005, c’était plus autour de 500 000 $, grâce à l’avènement des logiciels en libre accès et à l’expansion horizontale. En 2009-2010, le coût avait diminué à environ 50 000 $, avec l’avènement de l’infonuagique. Quelques années plus tard, le coût se situe autour de 5 000 $. Quelqu’un du milieu des affaires, ici à Halifax, m’a récemment dit avec raison qu’ils ont réinventé leurs entreprises de services professionnels en trouvant tout simplement la bonne application capable de s’occuper de toutes les fonctions générales de l’entreprise. Ce que je veux dire, c’est que les obstacles à l’entrée disparaissent comme jamais auparavant.
Les grandes organisations y voient souvent une menace. Elles sont grandes et réagissent parfois avec lenteur, et elles sont parfois prisonnières de leurs vieilles façons de faire, mais elles ont beaucoup de clients et de revenus et elles retiennent l’attention. Heureusement, c’est très stimulant pour les entreprises en démarrage qui veulent s’investir dans le domaine et travailler en collaboration avec elles, ou simplement entendre parler de leurs problèmes pour s’atteler à des solutions. Les entreprises en démarrage sont agiles et sans peur. Elles explorent de nouveaux sentiers et sont inventives. Elles s’adaptent rapidement et sont toujours en mouvement. Les grandes entreprises les regardent en se disant qu’elles veulent un peu de cet ADN au sein de leur organisation.
L’important en ce moment, c’est que nous voyons de plus en plus de grandes entreprises avoir une présence dans les centres d’innovation comme Volta. Cela a des répercussions profondes sur la façon de fonctionner de ces entreprises, sur leur culture, leur délai de mise en marché, leur R-D, et même sur les sociétés étrangères qui regardent du côté du Canada pour mettre le pied dans un de nos marchés.
C’est là où nous intervenons au sein des grandes entreprises rationalisées que Volta veut aider pour qu’elles deviennent plus agiles et prennent de meilleures décisions. Nous les aidons à devenir curieuses de façon intelligente. Nous les aidons à établir des partenariats. Honnêtement, quand on cherche à attirer des talents, le facteur branché entre en ligne de compte. Je suis certain que le comité sait où sont les lacunes du côté des talents au sein de notre économie.
Le rôle des centres comme Volta consiste à aider les entreprises à trouver les outils dont elles ont besoin, la technologie étant le premier d’entre eux, les méthodes et les façons de penser qui ont une incidence sur leur culture, et à les mettre en rapport avec les talents qui vont travailler pour ou avec elles. Bien souvent, les grandes organisations vont mettre en place des antennes d’innovation. Volta est fière d’accueillir deux de ces antennes. Nos amis de Communitech en accueillent plus d’une vingtaine. Nous espérons en accueillir quelques-unes de plus.
Notre première antenne a été celle de la Société des loteries de l’Atlantique. À première vue, on peut se demander pourquoi une loterie pourrait souhaiter établir une antenne dans un centre d’innovation. Selon leur vice-président responsable de l’innovation, en travaillant avec Volta, la société peut tirer parti de la culture des entreprises en démarrage pour ses initiatives, avoir accès aux bonnes ressources et aux bons talents, et prospérer dans un environnement qui favorise la rapidité d’exécution. Ce sont tous des atouts dans notre économie.
En terminant, lorsque les grandes organisations tentent de s’inspirer des entreprises en démarrage, ce n’est plus le statu quo pour elles. Il y a également un endroit où les organisations dans l’espace S&P peuvent ouvrir un deuxième bureau ou un autre bureau dans une ville comme Halifax. Elles peuvent trouver cela plus facile maintenant en raison de la souplesse que leur offre un centre d’innovation. Il ne s’agit plus seulement d’une ou deux personnes qui travaillent à distance. Ces personnes qui travaillent pour leur organisation font partie d’une communauté. En un sens, on prend soin de leur culture dans un centre d’innovation.
Cela met fin à mon exposé. Je serai heureux de répondre aux questions que les sénateurs pourraient avoir sur l’incidence que cela a sur la question à l’étude aujourd’hui.
Le sénateur Massicotte : Je me suis rendu dans quelques-uns de ce que vous appelez des centres d’innovation, mais parlez-moi un peu du vôtre. Vous avez dit que vous disposez d’une superficie de 6 000 pieds carrés, presque totalement occupée. Les gens louent une table, une chaise ou un petit bureau, mais outre l’espace, dites-moi quelle valeur ajoutée vous avez pour les gens qui occupent un espace dans vos bureaux.
M. Crowell : Pour être bien clair, nos installations couvrent 60 000 pieds carrés. Nous occupons trois étages au Maritime Centre qui se trouve au centre-ville de Halifax. Un des grands avantages est la colocalisation. Pour revenir à votre question, s’il s’agissait uniquement de colocalisation, ce ne serait pas différent de WeWork ou d’autres phénomènes qu’on voit aux États-Unis. Il y a un endroit pour cela. Les entreprises en démarrage qui résident chez nous ont fait une demande dans le cadre du programme de cohortes Volta dont je vous ai parlé dans mon exposé ou une demande de résidence directement, la différence entre les deux étant les fonds de démarrage qui les accompagnent.
Lorsqu’une entreprise devient résidente à Volta, elle devient membre de ce qu’on appelle le Volta Bureau qui se réunit tous les deux mois. Ce bureau est composé de pairs, de membres chevronnés de l’équipe Volta et de fondateurs qui ont réussi au sein de notre communauté. L’entreprise prend des engagements à l’égard de ce qu’elle va accomplir d’ici la prochaine rencontre.
À la rencontre suivante, l’entreprise doit rendre compte des objectifs atteints. Si on constate que, d’une fois à l’autre, elle n’y arrive pas, elle terminera son séjour dans nos installations pour faire place à une autre entreprise qui a une trajectoire de croissance plus forte. Les entreprises bénéficient en cours de route d’encadrement, de mentorat et de soutien.
J’aime à penser que nous avons bien fait les choses à Volta, car un esprit de coopération très fort s’installe alors entre les entreprises en démarrage. Une entreprise s’apprêtait à conclure de gros contrats aux États-Unis, mais ses fonds d’investissement commençaient à manquer. Honnêtement, si l’entreprise avait perdu quelques techniciens, elle aurait été obligée de mettre la clé sous la porte et de déposer son bilan, car elle n’aurait pas pu remonter la pente. Au sein de la communauté ici, elle a pu compter sur d’autres entreprises qui ont confié des projets à ses techniciens pour qu’ils puissent continuer à recevoir un salaire. Elle les a repris lorsque ses problèmes de financement ont été réglés.
Enfin, l’esprit de communauté qui s’est installé aide beaucoup les entreprises à avancer. La colocalisation donne la chance aux entreprises d’échanger des ressources, de recevoir du mentorat et de l’encadrement, et de participer à des programmes, des ateliers de développement des compétences et des dîners-conférence.
Le sénateur Massicotte : Je sais, bien sûr, qu’il y a des avantages à se trouver à proximité de gens à l’esprit novateur. Si j’ai bien compris, pour pouvoir occuper un espace dans vos installations de 60 000 pieds carrés, les entreprises doivent recevoir des fonds de démarrage de votre groupe?
M. Crowell : Non, nous ne prenons aucune participation financière dans les entreprises.
Le sénateur Massicotte : Quelqu’un peut-il devenir locataire chez vous?
M. Crowell : Nous offrons quelques options. Je vais vous expliquer tout d’abord comment une entreprise peut venir s’installer à Volta. Cela peut se faire de deux façons. Elles peuvent faire une demande dans le cadre du programme de cohortes. Il s’agit essentiellement d’un concours d’autopromotion. Nous avions 58 postulants la dernière fois, à la fin mai.
Nous en avons sélectionné une petite liste de 15 à partir du curriculum vitæ de leurs fondateurs et de leurs plans d’affaires. Essentiellement, il s’agit pour les juges de déterminer si nous pouvons aider les entreprises à réussir, à grandir et à jouer un rôle au sein de notre économie. Les 15 entreprises ont ensuite été invitées à faire leur autopromotion en public. Cinq finalistes ont été choisis, qui sont maintenant chez eux à Volta. En passant, les fonds de démarrage dans ce cas venaient d’Innovacorp, une source de financement provinciale en Nouvelle-Écosse pour, en règle générale, les entreprises de technologie, et la BDC.
Le sénateur Massicotte : Pour se qualifier, doivent-elles avoir reçu des fonds d’une tierce partie ou est-ce qu’un groupe de gens peuvent demander à résider dans vos installations?
M. Crowell : Il n’y a pas d’exigences. Elles doivent avoir un certain potentiel de progression. Leur idée doit être développée. Nous avons une entreprise à succès qui est arrivée à Volta par l’entremise de notre programme de cohortes sans avoir de prototype, mais elle avait beaucoup d’expérience dans son domaine. Elle avait des schémas de procédé et des maquettes fonctionnelles et savait ce qu’elle voulait construire.
Le sénateur Massicotte : Vous avez un jury, si on veut, qui tente de choisir les entreprises les plus innovatrices et au plus fort potentiel de croissance. À partir de la décision subjective de ce jury, vous devenez admissible à occuper un espace. Est-ce exact?
M. Crowell : Dans le cadre du programme des cohortes, oui. Si une entreprise ne passe pas par le programme, elle doit faire une demande de résidence.
Le sénateur Massicotte : Comment f-gagnez-vous de l’argent? De toute évidence, vous êtes le principal occupant. Vous disposez de l’espace que vous subdivisez en petites sections. Vous en sous-louez des parties à ceux que vous choisissez. Vous devez normalement louer l’espace plus cher que ce que vous payez, et vous offrez des services d’innovation ou des conseils à ces entreprises. Est-ce que cela résume bien votre plan d’affaires?
M. Crowell : Je devrais préciser que nous sommes une organisation à but non lucratif. Nous devons payer les frais courants et nous avons un mandat d’organisation à but non lucratif. Notre modèle de financement reflète en grande partie ce que nous voulons devenir : un partenariat public-privé. Je vous invite à examiner plus en détail Communitech, qui a plus de chemin que nous de parcouru. Nous recevons des fonds publics du gouvernement fédéral et du gouvernement provincial. Ce que nous souhaitons sincèrement, c’est d’en arriver le plus rapidement possible à un modèle de financement public-privé le plus près possible du 50-50. Nous allons y arriver grâce aux loyers que nous facturons aux entreprises en démarrage, notre réseau de gens dans la communauté qui utilisent nos installations et qui participent aux programmes, aux partenariats et aux antennes d’innovation.
Le sénateur Massicotte : La question que se pose le comité est de savoir comment utiliser l’industrie culturelle pour la mettre à profit dans la diplomatie et la politique étrangère du Canada. Pouvez-vous nous dire qu’il s’agit d’une excellente initiative pour le Canada parce qu’elle lui permet d’exporter sa culture et d’en tirer des avantages financiers, de rehausser sa réputation, son image de marque, et cetera? Quelle est votre contribution?
M. Crowell : Les lieux comme Volta aident à accroître l’innovation au Canada. Nous créons un environnement attrayant pour les investissements directs étrangers, que ce soit sous forme de capitaux ou d’autres formes d’investissements dans les entreprises en démarrage. Ce sont des lieux où des entreprises peuvent éventuellement venir s’installer au Canada. Ils créent plus de possibilités pour les gens de travailler dans nos villes.
Le sénateur Massicotte : Qu’en est-il de la culture? Quel est son rôle dans tout cela?
M. Crowell : C’est une question difficile. Nous transformons la culture canadienne. Nos entreprises en démarrage innovent dans tous les domaines. Certaines sont plus près des industries culturelles, d’autres moins. Nous aidons les entreprises à orientation culturelle à se développer et à commercialiser leurs produits rapidement.
Le sénateur Massicotte : Donnez-moi quelques exemples, si vous voulez bien.
M. Crowell : Nous avons une entreprise qui s’appelle Side Door, par exemple. Side Door veut mettre en relation des artistes de la scène avec des lieux de spectacle. Je ne parle pas ici des lieux habituels comme les salles de concert, mais, par exemple, des librairies ou des résidences privées où des concerts ou spectacles pourraient être donnés.
La sénatrice Bovey : Je vais vous poser une question en lien direct avec le monde des arts et de la culture, qui est l’objet de notre étude, comme mon collègue l’a mentionné.
Les industries culturelles canadiennes occupent une place grandissante dans le monde. Il y a de plus en plus de produits culturels en format numérique. Pouvez-vous nous dire quelle est la contribution de votre entreprise à cet égard?
M. Crowell : Volta est au début de son voyage. Nous examinons actuellement la possibilité d’établir des partenariats avec des intervenants locaux et la possibilité de créer un laboratoire de réalité virtuelle et de réalité amplifiée. Hier soir à CBC, j’ai vu le concept d’une école océanique, auquel Volta, je dois l’admettre, n’a pas participé directement en Nouvelle-Écosse. L’idée visait à utiliser les technologies de la réalité virtuelle et de la réalité amplifiée en partenariat avec l’Office national du film pour créer une expérience d’immersion dans un environnement sous-marin et d’autres environnements en lien avec les océans.
Voilà un exemple formidable d’utilisation de la technologie pour promouvoir un mandat culturel ou obtenir des résultats. Si vous me demandez aujourd’hui si Volta a participé directement à un projet du genre, je dois vous dire que personne ne nous en a soumis un jusqu’à maintenant. Comme je l’ai mentionné, nous examinons la possibilité de travailler avec des intervenants locaux pour mettre en place un laboratoire de réalité virtuelle et de réalité amplifiée afin d’accroître la capacité.
Je suis d’accord que la technologie chamboule de plus en plus les industries, en particulier les industries culturelles, et j’en suis conscient. Toutefois, les centres comme Volta ont la possibilité de jouer un rôle dans les arts et la culture en mariant la créativité du monde des arts à l’entrepreneuriat et à l’innovation des entreprises en démarrage, dans une foule de secteurs verticaux, pour en faire jaillir le potentiel inexploité.
La sénatrice Bovey : Je vais mêler industries culturelles et technologie bientôt, mais si notre étude portait sur la diplomatie technologique, quels seraient vos objectifs et vos actions?
M. Crowell : C’est un peu plus simple à ce stade-ci de l’évolution de Volta. Nous sommes un catalyseur de talents. Nous sommes un agrégateur d’entreprises en croissance et en expansion. Nous sommes une vitrine qui montre ce que nos entrepreneurs créatifs et innovants et souvent nos jeunes peuvent faire dans notre communauté. La portée de Volta va bien au-delà de Halifax et s’étend dans bien des cas en Nouvelle-Écosse et au Canada atlantique.
Nous pourrions facilement devenir un lieu d’atterrissage pour les entreprises qui veulent prendre pied au Canada, pour tirer parti de nos talents et ouvrir un bureau ici. On pourrait même parler d’un type d’immigration dans le cadre duquel les entreprises peuvent facilement ouvrir un bureau, y faire venir des talents étrangers et avoir un centre d’activités pour leur organisation qui ne se trouve pas trop loin de l’organisation mère, mais qui fait partie du centre d’innovation où elles peuvent avoir accès à des programmes, des activités sociales, et où elles peuvent s’intégrer à la communauté des gens d’affaires.
La présidente : Vous voulez donc aider les gens qui ont des idées et qui veulent les concrétiser, si j’ai bien compris ce que vous avez dit dans votre exposé. Vous leur fournissez une plateforme à partir de laquelle ils peuvent amener les communautés artistiques et culturelles à voir différemment leurs rôles et leurs façons de faire valoir leur potentiel au Canada et partout dans le monde.
M. Crowell : Je pense que c’est un excellent résumé. On parle souvent de l’innovation comme d’une collision aléatoire. Un des défis dans tout un éventail de secteurs verticaux au Canada atlantique est notre petite taille par rapport aux grands centres et aux grandes provinces au Canada. Les centres comme Volta ont une importance toute particulière pour nous, car nous pouvons ainsi créer une densité artificielle au cœur même d’une de nos grandes villes. Nous réunissons des gens de différents horizons qui ont des perspectives différentes. On voit alors des choses intéressantes se produire. Je verrais bien plus d’entreprises issues des industries créatives, comme je les appellerais de façon générale, venir s’installer chez nous. La rencontre entre des techniciens très talentueux et des gens ayant une vision artistique ne peut produire que du bon. Des gens sont là et de bonnes choses vont en résulter.
Nous mettons un peu l’accent sur le recrutement et la bonification de notre soutien. Nous avons des programmes comme notre initiative Volta Academy, qui vise vraiment à les aider. À la fin du programme de 11 ou 12 semaines, une personne sans antécédents en affaires peut avoir une idée, avoir préparé son autopromotion, si on veut, et la présenter à une source pour obtenir des fonds.
La présidente : J’ai vu dernièrement des jeunes dans ma province, la Saskatchewan, qui trouvent de nouvelles façons de faire connaître leurs talents ou leurs compétences, des façons dont nous ne rêvions sans doute même pas il y a 20 ans. Vous dites que nous devrions commencer à penser à la culture et aux arts de façons nouvelles et créatives dans nos communautés. Nous pourrions réunir un artiste et une personne dans la vente pour discuter de la façon de faire des affaires, de diffuser l’information et de se développer. Vous avez une initiative très intéressante à Halifax. Dans notre étude, nous devrons examiner les points de vue que vous avez portés à notre attention.
Au nom de tous les sénateurs, je vous remercie, monsieur Corwell, de votre vidéoconférence. Nous avons pu la terminer sans interruption. C’est une première dans cette courte période de temps. Nous espérons rendre justice à vos commentaires dans notre rapport.
(La séance est levée.)