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OLLO - Comité permanent

Langues officielles

 

Délibérations du Comité sénatorial permanent des
Langues officielles

Fascicule 11 - Témoignages du 4 juin 2012


OTTAWA, le lundi 4 juin 2012

Le Comité sénatorial permanent des langues officielles se réunit aujourd'hui, à 17 h 5, pour étudier les obligations de CBC/Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion ainsi que l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias, des médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens.

Le sénateur Maria Chaput (vice-présidente) occupe le fauteuil.

La présidente : Je déclare la séance ouverte.

Je vous souhaite la bienvenue à cette réunion du Comité sénatorial permanent des langues officielles. Je me présente, je suis la sénatrice Maria Chaput du Manitoba, présidente du comité. Avant de présenter les témoins qui comparaissent aujourd'hui, j'invite les membres du comité à se présenter.

Le sénateur Comeau : Sénateur Gerald Comeau de la Nouvelle-Écosse.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Suzanne Fortin-Duplessis de Québec.

Le sénateur Poirier : Sénatrice Rose-May Poirier du Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Tardif : Claudette Tardif de l'Alberta.

Le sénateur Segal : Hugh Segal de l'Ontario.

La présidente : Le comité poursuit ses études sur l'utilisation d'Internet et des médias sociaux et le respect des droits linguistiques des Canadiens et sur les obligations de Société Radio-Canada en vertu de la Loi sur les langues officielles et de certains aspects particuliers de la Loi sur la radiodiffusion.

Le comité s'intéresse au point de vue d'organismes francophones du milieu des arts et de la culture dans le cadre de ses deux études et c'est avec plaisir que nous accueillons trois représentants de la Fédération culturelle canadienne-française.

Nous avons avec nous Mme Marie-Claude Doucet, présidente, M. Éric Dubeau, directeur général du Collège Éducacentre et Mme Simone Saint-Pierre, chef des communications.

Merci mesdames et monsieur d'avoir accepté l'invitation de comparaître devant le comité. Une représentante de l'Alliance des producteurs francophones du Canada devait également comparaître avec vous aujourd'hui, mais n'est plus disponible. Je crois que vous vous êtes entendus avec la représente de l'Alliance pour dire quelques mots en son nom.

Je vous invite donc à prendre la parole et les sénateurs suivront par la suite avec des questions.

Marie-Claude Doucet, présidente, Fédération culturelle canadienne-française : Madame la présidente, je suis en compagnie, comme on vous l'a mentionné, de M. Éric Dubeau, directeur général du Collège Éducacentre et de Mme Simone Saint-Pierre, chef des communications de la FCCF qui m'appuieront pendant la période des questions.

Nous vous remercions de prendre le temps d'entendre la position de nos organismes sur vos deux sujets d'étude soit CBC/Radio Canada et l'utilisation de l'Internet, des nouveaux médias et des médias sociaux dans le contexte du respect des droits linguistiques des minorités des langues officielles du Canada.

La FCCF est un organisme national dont la mission est de promouvoir l'expression artistique et culturelle des communautés francophones et acadienne. Elle réunit des représentants de regroupements nationaux en théâtre, en édition, en chanson musique, en art médiatique, en art visuel et un regroupement de réseau de diffusion ainsi que des représentants des 11 provinces et territoires du Canada voués au développement culturel.

La FCCF représente aussi deux alliances : l'un regroupant trois réseaux régionaux de diffusion des arts de la scène, et l'autre regroupant les radios communautaires de la francophonie canadienne.

La FCCF regroupe 22 organismes membres et parle au nom de quelque 3000 artistes, 33 radios communautaires, 150 organismes artistiques et de développement culturel qui oeuvrent dans plus de 250 communautés francophones et acadienne partout au pays.

Depuis plus de 35 ans, la FCCF rassemble les points de vue et les voix d'un réseau pancanadien d'organismes voués au développement culturel et artistique de Moncton à Vancouver et de Windsor à Yellowknife.

Nous avons bien lu le mandat de vos études ainsi que les objectifs de celles-ci. Nous répondrons d'abord brièvement à vos questions sur CBC/ Radio-Canada et ensuite sur celles d'Internet et les médias sociaux.

Rappelons tout d'abord que pour plusieurs de nos communautés, la seule télévision conventionnelle disponible en français est celle de Radio-Canada. Les stations régionales de Radio-Canada jouent un rôle important dans le développement de nos communautés, entre autres en développant des partenariats. Par exemple, certaines stations s'engagent comme producteurs et diffusent des émissions, des projets artistiques et culturels et des événements rassembleurs et significatifs pour la communauté. Plusieurs de ces partenariats ont directement bénéficié aux artistes en augmentant le rayonnement et la visibilité de leur œuvre dans les médias à l'échelle régionale et parfois même interprovinciale et nationale.

On peut penser, entre autres, à la diffusion du Gala des prix Trille Or, du spectacle Des rencontres qui chantent et de la soirée Les Éloizes pour ne nommer que quelques-uns des événements qui ont directement profité de ces partenariats. Les partenariats avec des producteurs indépendants ont aussi un effet bénéfique sur le développement de l'ensemble de l'industrie culturelle franco-canadienne et particulièrement sur celle de la production télévisuelle. Notons d'ailleurs que ces partenariats favorisent notamment la rétention des artistes et des travailleurs culturels dans nos communautés et évite l'exode des talents vers les grands centres, un enjeu particulièrement problématique dans la francophonie canadienne.

Les postes créés par les diverses stations régionales de Radio-Canada permettent aux francophones de travailler en français dans des régions où il est parfois difficile de trouver un emploi en français.

De plus, les emplois ainsi créés sont souvent occupés par les jeunes et en ce sens, ces emplois servent aussi d'occasion de formation de la relève. Les producteurs œuvrant dans nos communautés sont les premiers artisans à participer pleinement à la diversification de la programmation régionale en produisant des contenus qui trouvent un écho auprès des communautés desservies.

En effet, les producteurs indépendants dans nos régions jouissent d'un ancrage régional fort et d'une grande adhésion du public. La SRC, les producteurs et le gouvernement ont tout intérêt à ce que les partenariats déjà développés se maintiennent à l'avenir puisque les Canadiens exigent de plus en plus un contenu local de qualité et puisque les partenariats sont un pas dans la bonne direction pour la production de contenu à la fois de haute gamme et à l'image de nos milieux.

Bien que les partenariats soient déjà développés, ceux-ci sont fragiles. Afin de pouvoir stabiliser ces partenariats et leur assurer un avenir, il serait souhaitable d'instaurer des normes exigeant que la SRC entreprenne des partenariats; ce que nous avons d'ailleurs recommandé au CRTC il y a quelques semaines lors de notre comparution pour le renouvellement du FAPL.

Il nous semble nécessaire pour l'essor culturel de nos communautés que les francophones partout au Canada se reconnaissent au petit écran autant dans des documentaires qui viennent démystifier des enjeux propres à la francophonie canadienne que dans les téléséries, qui misent sur les talents issus de nos communautés ou encore des nouvelles locales bien branchées à l'image de nos collectivités.

La diffusion de multiples genres d'émissions favorise la diversité des voix auxquelles les francophones ont accès au Canada. Certes le travail pour ce qui est des stations régionales est bien amorcé, mais il doit se poursuivre.

Tout reste à faire ou presque pour les contenus reflétant la réalité de nos communautés dans les émissions réseau produites à Montréal.

Permettez-nous maintenant de partager avec vous notre réaction quant au plan d'action que Radio-Canada a mis de l'avant après l'annonce des compressions du Budget fédéral de mars 2012.

D'abord, soulignons que nous nous réjouissons du fait que Radio-Canada maintienne l'objectif qu'elle s'était fixé dans sa planification stratégique 2010-2015 d'investir davantage dans les régions. Toutefois, Radio-Canada a déjà annoncé son intention de revoir son rôle en ce qui a trait au partenariat culturel que nous invoquions tantôt. Ce qui pourrait réduire radicalement la diffusion de concerts sur les ondes, et avoir un effet néfaste sur la diffusion d'œuvres d'artistes franco-canadiens particulièrement en ce qui a trait aux artistes émergents.

En effet, les compressions en région ne comptent que pour 20 p. 100 de la mise en œuvre des coupes. Nous avons tout de même certaines inquiétudes que nous aimerions porter à votre attention et que nous souhaitons illustrer par deux cas particuliers.

D'abord, en Saskatchewan, nous savons que le Conseil culturel fransaskois n'arrive pas à faire signer cette année son entente de partenariat avec Radio-Canada pour la diffusion de certains spectacles et d'un gala de la chanson.

Par le passé, cette entente se renouvelait systématiquement en mars de chaque année. De plus, dans cette province, on vient d'apprendre que le seul poste francophone aux communications régionales de Radio-Canada Saskatchewan disparaîtra en raison des restrictions budgétaires annoncées le 29 mars. Puis des rumeurs circulent selon lesquelles la station tente de vendre son studio mobile qui permet l'enregistrement d'émissions à distance.

Devant ces quelques renseignements que nous continuons d'obtenir au compte-gouttes, nous attendons avec impatience les précisions qui permettront de mieux comprendre l'ampleur des dégâts découlant de l'opérationnalisation des coupes pour les stations régionales.

Le deuxième cas sur lequel nous désirons vous entretenir est une situation à Yellowknife. Un membre de la FCCF, l'Association franco-culturelle de Yellowknife est responsable d'une antenne analogique qui diffuse le signal de Radio-Canada dans ce secteur du pays. Cette antenne doit être changée afin de répondre aux nouvelles normes numériques imposées par le CRTC. Cette petite association n'a ni les compétences techniques ni le financement pour procéder à la mise à niveau de cette antenne.

Le plan d'opérationnalisation des coupes de Radio-Canada indique que le changement des antennes se fera au ralenti. Comme elle œuvre dans une région éloignée et par surcroit où le marché francophone est petit, Radio-Canada tarde à appuyer concrètement l'association à Yellowknife.

Vous comprendrez que nous sommes d'avis qu'il serait déplorable que les francophones du Nord n'aient pas accès à un signal numérique au même titre que les auditeurs dans diverses autres régions du Canada.

On pourrait en dire encore beaucoup au sujet de Radio-Canada, mais pour l'instant, nous désirons vous parler d'Internet, des nouveaux médias et des nouvelles technologies, ainsi que certains des impacts du numérique sur les arts et la culture.

Précisons tout d'abord que les effets du numérique sur les arts et la culture se font sentir à toutes les étapes du continuum culturel, soit la création, la diffusion, la distribution et lors de la réception de l'œuvre par le public. On peut donc dire que tous les acteurs du continuum culturel sont interpellés d'une façon ou d'une autre par cette révolution technologique.

Avant de vous donner quelques exemples précis de la façon dont nos membres utilisent Internet et des défis qu'ils rencontrent, nous désirons d'abord dresser quelques constats généraux. Comme vous le savez, la toile mondiale reste un endroit dominé par l'anglais et il est parfois difficile de s'affirmer comme minorité et de se distinguer comme francophone dans cette mer d'informations. Ceci est d'autant plus vrai que nombre de nos organismes avec qui nous travaillons ont peu de ressources financières et humaines à y consacrer. Le défi est de taille puisque le Web évolue rapidement et qu'il est difficile de suivre toutes les nouvelles tendances. Dès que l'on développe des nouvelles stratégies, elles deviennent rapidement désuètes et ce, parfois même avant la fin de leur mise en œuvre.

La formation des ressources humaines capables de répondre en français à toutes les demandes d'innovations technologiques nécessaires pour se distinguer sur le Web fait aussi partie des défis quotidiens auxquels font face nos organismes artistiques et culturels. Cette pénurie ne fait que s'accentuer depuis la disparition, en 2008, du programme Francocommunautés virtuelles et du Fonds interactif du Canada, abolis tout dernièrement dans la mise en œuvre des coupures amorcées par le budget du 29 mars.

Sans le financement qu'offraient ces programmes, il sera quasi impossible pour les organismes de suivre le rythme de l'univers des nouveaux médias et de continuer de performer autant sur le Web, les réseaux sociaux et les applications mobiles. Qui plus est, le déploiement de contenu multiplateforme est aussi un réel défi, tant pour les organismes que pour les artistes.

L'année dernière, le Conseil provincial des sociétés culturelles du Nouveau-Brunswick lançait une billetterie virtuelle grâce, entre autres, au financement du Fonds interactif du Canada. Or, vu l'abolition du programme, cette merveilleuse initiative ne pourra pas bénéficier d'appui à l'avenir. La première phase d'implantation est complétée, mais sans appui continu, l'avenir de cet outil, grandement utile pour les artistes, diffuseurs et citoyens du Nouveau-Brunswick, n'est nullement assuré.

Nous touchons ici à un enjeu critique pour les intervenants en art et culture de la francophonie canadienne. Pour porter des projets structurants, qui ont un impact durable et des effets multiplicateurs véritables, il faut pouvoir compter sur l'appui public à différentes étapes du projet. Ainsi, il faut que les porteurs de tels projets puissent compter sur du financement stable, récurrent et suffisant, sans quoi, malgré leur expertise et leur dévouement, les meilleurs efforts seront voués à l'échec.

Le Web est une plateforme collaborative qui permet parfois de diminuer l'effet d'isolement de nos communautés et qui fait en sorte que les artistes et les intervenants culturels puissent établir un dialogue soutenu et actif avec leur public. Pour certains, le Web favorise des pratiques innovatrices et plus accessibles, surtout au niveau de la médiation culturelle. Combinées avec des stratégies de communication et de promotion de la dernière heure, on peut parler ici d'histoires à succès. Pensons, entre autres, aux artistes en chanson, Geneviève Toupin et Lisa LeBlanc, qui ont utilisé efficacement les réseaux sociaux pour augmenter leurs ventes, mais aussi leurs liens avec des diffuseurs potentiels qui achèteraient leur spectacle en tournée.

Nous pensons aussi à l'Alliance nationale de l'industrie musicale et à l'Alliance des radios communautaires du Canada qui ont développé un site Web réservé aux radios communautaires afin de rendre plus accessibles les enregistrements des artistes en chanson et en musique de la francophonie canadienne.

L'ANIM a aussi développé une liste de diffusion, sur YouTube, pour mousser les clics de vidéos d'artistes de nos communautés. Ce sont quelques exemples parmi plusieurs autres, qui démontrent que nos membres réussissent déjà à miser sur l'Internet et les nouveaux médias afin de favoriser l'accès aux arts et à la culture de la francophonie canadienne.

Mais les défis demeurent nombreux. Les artistes doivent maintenant passer plus de temps à faire leur promotion et cela leur donne moins de temps de création. Les artistes en chanson doivent vendre 20 fois plus qu'avant pour avoir le même montant d'argent, surtout qu'ils vendent de moins en moins d'albums, mais plus de chansons à l'unité.

Le modèle d'affaires est complètement modifié et passe par une monétisation des contenus disponibles en ligne. Or, dans nos communautés, les artistes membres de l'APCM offrent plus de 90 p. 100 de leurs produits à l'aide de méthodes plus traditionnelles de distribution. On parle ici de magasins de disques, de ventes lors d'événements, et cetera. Ceci ne correspond pas du tout aux nouvelles habitudes des consommateurs qui, de leur côté, achètent leurs produits en ligne à 90 p 100. Sans financement public adéquat pour déployer une stratégie d'accompagnement pour les artistes et leur équipe, il sera bien difficile de répondre aux nouvelles attentes du marché.

Les jeunes artistes visuels comme Dominique Rey, du Manitoba, qui ont de nombreux contacts à l'international, utilisent, entre autres, le Web pour garder des contacts avec des artistes de partout à travers le monde. Plusieurs centres d'artistes utilisent le Web de façon innovatrice pour faire la promotion de leurs activités. On peut nommer ici le collectif Taupe, au Nouveau-Brunswick, et La Manivelle de la Baie Sainte-Marie, qui maintiennent des blogues très actifs. Comme le Web ne connaît pas de frontières, ces nouvelles façons de faire favorisent parfois le développement de public élargi, tant au Canada qu'à l'étranger. Mais ces exemples sont exceptionnels et force est de constater que nos créateurs sont à la croisée des chemins et nous voulons qu'ils s'engagent dans celui du numérique rapidement.

En ce qui a trait au cinéma et à la télévision, l'ère numérique affecte la production depuis 1990. Par contre, c'est tout récemment que ce secteur a pu constater comment le Web pouvait bouleverser les modèles d'affaires et les habitudes au niveau de la distribution et de l'exploitation.

Les petits intermédiaires plus locaux, comme les cinémas indépendants et les petits distributeurs vidéo, qui étaient plus sensibles aux revendications des artistes des communautés de langue officielle en situation minoritaire, sont souvent anéantis par les gros joueurs. Les fournisseurs de services comme Rogers, Bell et Vidéotron deviennent dorénavant des acteurs à part entière dans la chaîne de distribution et de diffusion et ceux-ci n'ont pas nécessairement le bien des petites communautés inscrites au centre de leur plan d'affaires.

L'intégration verticale de l'industrie des communications accentue cette tendance et amène des défis de taille. Comment les petites entreprises franco-canadiennes peuvent-elles faire le poids face à de gros empires commerciaux? Le défi du multiplateforme, dont on a déjà parlé, est entier et ressenti au quotidien dans ce champ d'activités. En effet, les producteurs qui veulent obtenir du financement du Fonds des médias du Canada doivent déployer leurs projets sur plus d'une plateforme s'ils veulent obtenir le financement désiré. Les équipes des producteurs sont certes bien informées, mais la main-d'œuvre francophone est peu nombreuse.

Cette pénurie de main-d'œuvre spécialisée est encore plus remarquable dans les communautés éloignées des grands centres. En art et culture, on peut dire que c'est toute la dynamique industrielle qui est en mutation. Ceci vaut aussi pour la musique et pour le livre, bref, pour toutes les industries culturelles. Plus précisément pour l'industrie du livre francophone hors Québec, il ne reste que quelque 17 librairies francophones hors Québec. Pourtant, c'est par elles qu'on peut mieux rejoindre les lecteurs à l'échelle locale. Il faut faire attention de ne pas tout anéantir avec le numérique. C'est d'ailleurs pourquoi le Regroupement des éditeurs canadiens-français participe au projet l'Entrepôt numérique mené par l'Association nationale des éditeurs du livre.

Les défis techniques sont donc apprivoisés pour ce secteur au niveau de la numérisation du livre, mais le travail reste à faire au niveau du développement de stratégies de commercialisation mixte pour favoriser la vente de livres papier tout en développant les ventes de livres numériques. Vous conviendrez que c'est tout un casse-tête avec les petits moyens dont disposent certaines des plus petites maisons d'édition.

Il faut se poser collectivement la question de la rentabilité pour l'ensemble de l'écosystème artistique et culturel. Nous estimons que les gouvernements doivent établir des stratégies à long terme dans le but de protéger les industries culturelles tout en préservant la diversité culturelle. Il sera important que ces stratégies s'appliquent de façon asymétrique pour tenir compte de la fragmentation du produit culturel et de la variation du rythme auquel chaque forme artistique peut se déployer sur le Web. On ne peut pas avoir la même stratégie pour la poésie, par exemple, que pour le roman, que le format des tablettes électroniques favorise par une mise en page plus standardisée et facile à mettre en ligne. Il faut donc établir une politique culturelle numérique qui puisse nous permettre de se démarquer dans cette ère technologique.

Nous vous remercions pour votre écoute attentive et nous sommes prêts à répondre à vos questions.

La présidente : Merci beaucoup. Nous passerons maintenant à la période des questions.

Le sénateur Fortin-Duplessis : D'abord, je tiens à vous féliciter d'avoir pris la peine de venir nous faire part de votre opinion sur cet important sujet.

Ma première question : est-ce que l'Internet influence la culture francophone au pays?

Mme Doucet : Oui. Cela a une influence parce que cela modifie toutes nos façons de faire. Il faut réinventer les façons de livrer les œuvres, réinventer les façons d'interagir avec le public, entre autres. Mes collègues auront peut-être quelque chose à ajouter.

Simone Saint-Pierre, chef des communications, Fédération culturelle canadienne-française : Particulièrement en création, il y a de plus en plus de création interactive. Le public veut davantage participer à l'oeuvre. C'est donc une toute nouvelle façon de créer.

Il y a de plus en plus de films produits par des citoyens qui ne vont pas nécessairement rencontrer un créateur professionnel, mais qui vont plutôt le faire de façon virtuelle. Ce sont des pratiques artistiques novatrices qui exigent beaucoup de moyens technologiques. Comme le disait notre présidente, c'est vraiment à la livraison du produit qu'il faut déployer le plus d'efforts de promotion pour arriver aux mêmes ventes.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Selon vous, outre de rares éléments tenus en marge, est-ce que les francophones hors Québec peuvent vraiment prendre une réflexion ailleurs qu'au Québec et communiquer avec d'autres communautés francophones vivant en situation minoritaire? Est-ce qu'il y a beaucoup d'échanges qui se font mais qui ne se font pas nécessairement avec des Québécois?

Mme Doucet : Définitivement. Il y a plusieurs événements annuels qui permettent ce genre de rencontre. On aurait probablement intérêt à en avoir plus, c'est toujours ce qu'on souhaite pour nos petites communautés. Mais définitivement, ce genre d'échange existe.

Éric Dubeau, directeur général, Fédération culturelle canadienne-française : Je trouve votre question très intéressante parce que l'enjeu est particulièrement remarqué dans l'ère du numérique. En principe, l'accès à Internet et aux nouveaux médias devrait faciliter le rayonnement de la culture de chez nous vers d'autres clientèles et favoriser l'accès à la culture d'ailleurs dans nos communautés, qu'elle provienne du Québec, de la France ou de la Francophonie des Amériques.

Or, il y a une très grande méconnaissance des cultures plurielles et bien que l'offre et l'accès soient multipliés, la connaissance ne l'est pas nécessairement. Il y a un effort à faire en ce sens. Il y a aussi une série d'occasions qui se présentent à nous pour l'avenir, qui restent à explorer et qui sont vraiment enracinées dans une volonté d'échange et de réciprocité interculturelle et ce, à plusieurs égards.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Ma troisième et dernière question touche un peu le domaine des arts. Avez-vous perçu des lacunes en matière d'accès à de nouvelles technologies dans le domaine des arts et de la culture?

Mme Doucet : Comme on l'a mentionné un peu plus tôt, des lacunes existent dans la formation des artistes face à ces nouvelles technologies. Par exemple, un artiste qui développe ses œuvres à travers son processus artistique envers les arts visuels n'a pas nécessairement reçu la formation d'appui nécessaire pour travailler ses œuvres ou pour les exposer au public par le biais des nouveaux médias.

Mme Saint-Pierre : Il y a aussi un problème d'accès à la large bande chez certaines de nos communautés, en particulier celles situées dans le Nord ou dans les régions éloignées. Pour répondre à votre question précédente, je dirais que l'accès Internet favorise une plus grande discussion entre les petites communautés.

Pour citer un exemple, l'organisme Mask, situé à Ottawa, fait la promotion d'artistes professionnels en les mettant en contact direct avec des jeunes. Il a organisé un webminaire avec Andrea Lindsey, une artiste de la chanson de Guelph qui œuvre dans nos communautés. Toutes les écoles canadiennes y ont eu accès et cela a eu pour effet de diminuer l'isolement des communautés.

M. Dubeau : D'abord, en ce qui a trait à l'accès, deux choses concernant l'Office national du film me viennent à l'esprit à titre d'exemples. L'office a remarqué que certaines communautés ne disposaient pas de salles de cinéma branchées sur le numérique.

En Acadie, au cours des dernières années, ils ont mis en place un certain nombre de salles qui favorisent cet accès. J'ai pu assister à une projection de film à Bathurst il y a quelques semaines. Et sans un investissement en matière d'infrastructure par une institution fédérale, cette communauté n'aurait pas eu accès à des projections de qualité numérique. Je pense aussi à l'ONF et à la mise en ligne de plusieurs films produits ou réalisés par des artistes de la francophonie canadienne à partir de leur site Web. C'est une grande richesse pour nous. Évidemment, il y a la création de nos œuvres qui peut être un enjeu, mais l'accès est un enjeu assez important.

Pour un francophone de la Colombie-Britannique, du Manitoba ou de la Saskatchewan, le fait d'accéder à des œuvres créées par des Franco-Ontariens ou par des Acadiens, c'est tout un défi ou ça l'aurait été à une autre époque. Ça peut l'être de moins en moins si on exploite davantage et mieux le numérique.

En ce sens, l'investissement dans ONF.ca est un bel exemple. On a cité aussi le fait qu'il n'existe que 17 librairies pour quelque 250 communautés francophones à l'échelle du pays. Si vous évoquez la question de l'accès, vous comprendrez que la réponse évidente, c'est qu'il existe une problématique sur le plan de l'accès aux livres numériques parce que ce ne sont pas toutes les publications des maisons d'édition qui ont été converties au numérique. Mais elles sont en voie de l'être.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci beaucoup.

Le sénateur Segal : Ma première question concerne Radio-Canada. Avec mon expérience gouvernementale, tant au fédéral qu'au provincial, je crois que quand les gouvernements font des compressions budgétaires, de temps en temps les sociétés de la Couronne ou les départements décident de réduire les services en coupant en dehors ou très loin parce que c'est plus facile pour eux qui demeurent à Ottawa ou à Montréal, de faire des coupures en Saskatchewan, par exemple.

Du point de vue des droits culturels des concitoyens francophones hors Québec, est-ce que vous allez comparaître devant le CRTC pour exposer vos préoccupations, spécialement en ce qui concerne nos collègues fransaskois? Avez-vous une perspective, une vue d'ensemble de toute la situation entre Radio-Canada et les groupes culturels francophones?

En tant que citoyen, je trouve étrange qu'une agence fédérale, qui a le mandat de servir la population francophone commence à couper au sein des minorités francophones dans une province comme la Saskatchewan. J'aimerais avoir votre point de vue à ce sujet.

Mme Doucet : Comme on a mentionné, 20 p. 100 des coupures se feront en région. Donc ce n'est quand même pas la majorité des coupures qui sont faites en région. Par contre, il faut tenir compte du fait que ce 20 p. 100 peut avoir des effets plus néfastes que dans les grands centres. Notre dialogue avec Radio-Canada est toujours constant et nous exprimons nos préoccupations dans ce sens. On a déjà tenu quelques rencontres au cours des derniers mois et je sais qu'on doit prochainement rencontrer le CRTC.

Au sujet du renouvellement de licence de Radio-Canada, on ira faire une présentation et nos préoccupations seront exposées publiquement de cette façon. Nous le ferons également lors de futurs rencontres avec des représentants de Radio-Canada.

Le sénateur Segal : Mais le problème, c'est quand un membre du Parlement fait une critique quelle qu'elle soit, à propos de Radio-Canada, On va dire que le fait de prendre sa propre décision est une limitation de liberté de la part de Radio-Canada. Mais si des groupes enracinés avec des responsabilités sérieuses sont prêts à parler de façon équilibrée là-dessus, cela va nous aider.

Premièrement, la Société Radio-Canada et le gouvernement ont financé des choses qui comptent vraiment. Deuxièmement, vous avez mentionné le manque de librairies auprès d'une population de 250 000 francophones hors Québec. Du point de vue des nouvelles sources littéraires telles que Kindle et les autres, est-ce que la représentation des sources francophones et des livres francophones est assez compétente pour les francophones qui cherchent des livres en français compatibles avec les tablettes électroniques?

Est-ce possible ou si, à votre avis, la représentation des maisons de publication n'est pas assez grande dans ces domaines?

Mme Doucet : De mon point de vue ainsi que de celui de la FCCF, ce n'est certainement pas suffisant. Ce que l'on retrouve sur le marché des lecteurs de livres numériques provient souvent de la France ou d'ailleurs, mais pas de la francophonie canadienne. Cela ne met pas forcément en valeur nos œuvres, même s'il y a des œuvres disponibles en français.

Également, ce n'est pas nécessairement tout le monde qui possède ces outils électroniques, donc c'est souhaitable qu'il y ait des librairies pour justement répondre à ce besoin.

Le sénateur Segal : Si vous aviez des conseils ou des recommandations à soumettre à notre comité pour augmenter l'accès à des publications canadiennes en français sur les lecteurs de livres numériques, cela nous aiderait infiniment.

Le sénateur Tardif : Vous avez parlé de l'importance pour les communautés francophones d'avoir accès à du contenu qui reflète leur réalité. Certainement, les stations régionales de Radio-Canada, que ce soit en Alberta, en Saskatchewan ou en Colombie-Britannique, jouent un rôle important pour assurer un contenu local, et l'un de ces moyens est le fonds pour l'amélioration de la programmation locale. Le CRTC devait prendre une décision sur le renouvellement de ce fonds, avez-vous des nouvelles à cet effet?

Mme Saint-Pierre : J'ai rencontré le commissaire Lamarre et le commissaire Poirier en fin de semaine au gala de l'ARC du Canada, un de nos membres, et j'ai appris que la décision sera rendue publique d'ici la fin juillet. Nous avons déposé un mémoire dans ce cadre, je pourrais le transmettre à Mme Labonté pour compléter ce mémoire.

Le sénateur Tardif : Merci, je l'apprécierais. Vous nous avez présenté beaucoup d'informations très rapidement et j'aimerais revenir sur certains points.

Vous avez indiqué des coupures de 20 p. 100 sur le plan local et vous avez dit que cela pourrait avoir un effet dévastateur sur toute la composante culturelle si Radio-Canada ne maintenait pas ses partenariats. Je ne comprends pas tout à fait cette dimension. Est-ce que vous pourriez expliquer davantage pourquoi cela pourrait avoir un effet dévastateur? Aussi jusqu'à quel point les compressions budgétaires annoncées dans le dernier budget pourraient-elles venir jouer dans toute cette question du fait qu'on puisse établir des partenariats?

Mme Doucet : On n'a pas encore toutes les informations sur la manière dont les coupures vont être mises en œuvre, il reste encore beaucoup de choses à connaître. Au niveau justement du centre culturel fransaskois, dont on traite dans la présentation d'aujourd'hui, c'est une façon pour un conseil culturel de mettre en valeur les artistes émergents de sa communauté, de les faire connaître à la communauté, en ayant des partenariats avec Radio-Canada.

Entre autres, cela permettait d'avoir cette visibilité. Si les partenariats n'existent plus, quels sont les autres moyens qui restent au Conseil culturel fransaskois pour faire valoir les artistes émergents et faire connaître sa culture fransaskoise? C'est un résumé. Je suis certaine que le directeur général pourra élaborer un peu plus, mais c'est vraiment un exemple très terre à terre, bien ancré dans une communauté.

M. Dubeau : C'est la bonne réponse. Le reste de la réponse donne un coup de pouce à la question du sénateur Segal, c'est-à-dire que, de notre côté, on perçoit non seulement que la problématique est au niveau de la coupure, mais aussi au niveau de sa mise en œuvre. Il peut sembler rassurant que 20 p. 100 seulement de la mise en œuvre de la coupure se fasse à l'extérieur des grands centres. Or, une coupure de l'ordre de 20 p. cent dans nos communautés peut avoir un impact démesuré. Il faut donc avoir une perspective de niveau macro sur la chose. Abolir un seul poste en communication, dans le gros portrait des choses, qu'est-ce que cela veut dire sur des centaines ou des milliers d'emplois? Quand c'est le seul poste en communication en Saskatchewan, cela fait toute la différence, de notre point de vue.

Pour revenir à votre question, par rapport à la captation et au partenariat, je pense, par exemple, à la captation des soirées dans le cadre du Festival du voyageur au Manitoba ou Les Éloizes en Acadie, il y a un rôle qui va au-delà de la simple captation en tant que coproducteur de l'événement télévisuel, il y a vraiment une collaboration au niveau de la conception de la soirée, de la programmation et un engagement de la part de la Société Radio-Canada pour une diffusion systématique. Si jamais cela s'effrite, si les moyens dont dispose la société pour s'engager dans un tel partenariat disparaissent ou sont diminués, il est clair qu'on aura un gala de seulement quelques minutes en onde ou une série de moments forts du gala plutôt qu'une captation ou une diffusion d'un événement qui est parmi les seuls de nos communautés à rayonner, à être diffusés sur la chaîne à l'échelle du pays. Cela fait toute la différence de notre point de vue.

Mme Doucet : Une phrase très simple : la francophonie canadienne ne peut être maintenue, se développer et s'épanouir que si elle est entendue, vue et vécue.

Mme Saint-Pierre : Ce qui est plus inquiétant particulièrement sur ce point, c'est que dans le plan qui a suivi les compressions, les partenariats avec la communauté sont vraiment identifiés comme un aspect qui allait diminuer. Il y en aura aussi avec le Festival de jazz, mais eux ont déjà 20 captations, s'ils en ont une de moins, cela a moins d'impact que nous qui en avons cinq à travers le pays puis qui en perdons une.

L'autre chose, il va falloir, un moment donné, quand la décision sur la FAPL sera rendue publique — vous en avez fait état tantôt — qu'on mette les deux en corrélation, parce que souvent Radio-Canada a utilisé le Fonds d'amélioration de la programmation locale pour mettre en œuvre ces partenariats. C'est pour cela qu'ils ne veulent pas signer maintenant, mais c'est dans leur mandat principal. Il ne faut pas seulement le faire avec le FAPL, mais aussi avec leur agent de programmation. Si le FAPL n'est pas renouvelé ou qu'il y a des conditions plus particulières, c'est certain que ces partenariats vont être encore plus touchés. Cela va augmenter encore plus l'effet de la compression suite au budget.

Le sénateur Tardif : Merci pour vos clarifications.

Le sénateur Poirier : Merci pour votre présentation. Si j'ai bien compris, vous êtes une organisation nationale qui a pour mission de promouvoir les expressions artistiques et culturelles dans les communautés francophones et acadienne, vous regroupez également environ 13 organisations différentes à travers le Canada qui ont à cœur le développement culturel de la région et, en plus de cela, vous avez sept groupes d'art national qui représentent la musique, la chanson, et cetera. Je suis curieuse de savoir, étant donné que vous êtes en contact avec tellement de groupes à travers un pays si grand, si les défis rencontrés sont semblables partout à travers le Canada ou à travers les groupes avec lesquels vous travaillez ou s'ils sont différents selon les régions, au niveau des médias sociaux et même pour les différents artistes.

Mme Doucet : Il est clair pour nous qu'il y a des défis à la grandeur du pays, dans toutes les communautés, peu importe que ce soit des organismes nationaux, provinciaux ou territoriaux. Ils ne sont pas nécessairement au même niveau. Par exemple, on faisait état de l'ANIM, qui a déjà développé certains partenariats. Il y a également le regroupement des éditeurs franco-ontariens qui a développé certains partenariats pour améliorer leur travail ou leurs interventions avec les médias sociaux et les nouvelles technologies.

Mais il y a certains groupes par contre qui ont du travail à faire. On parlait aussi de l'Association culturelle francophone de Yellowknife qui rencontre des défis techniques tout autres avec leur antenne par rapport à Radio-Canada, que d'autres communautés ne vivent pas. Il y a des défis asymétriques et il y en a qui sont communs, comme la formation qu'on a mentionnée tout à l'heure, les besoins en formation sont nécessaires partout.

M. Dubeau : Je pense que ce que je donnerais comme information supplémentaire, c'est qu'il y a certainement une asymétrie géographique mais aussi disciplinaire, dans le cas de la chanson et la musique en particulier. Je vous donne deux exemples. L'Acadie et l'Ontario ont depuis plusieurs années des réseaux de distribution de musique traditionnelle bien ancrés. Ils ont des kiosques, ils ont accès à des magasins de distribution de disques, et cetera. Alors que dans l'Ouest canadien, cette capacité même traditionnelle n'était pas terriblement bien développée pour nos communautés.

Or, ces deux régions seront nécessairement favorisées en ce qui a trait au virage vers le numérique. Ils ont une banque de produits qu'ils peuvent convertir vers le numérique et des ententes avec des artistes qui leur permettent de commencer le travail en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et en Colombie-Britannique, pour ne rien dire du Nord, ce n'est pas nécessairement le cas. Ils ont encore une longueur d'avance de plus. J'essaie de démontrer un peu les asymétries.

Le sénateur Poirier : L'Ontario et les Acadiens sont censés être plus avancés. Est-ce parce que plus on va vers l'Ouest du pays, plus il y a de communautés minoritaires ou c'est parce que les finances sont moindres pour les autres groupes?

Mme Saint-Pierre : C'est un problème asymétrique pour les organismes. Beaucoup de nos organismes n'ont personne aux communications. Nous sommes chanceux, nous avons une ressource dédiée aux communications. Dans beaucoup de nos organismes, il n'y a qu'une seule personne et elle est à la direction générale. C'est certain qu'elle n'y arrive pas. Dans ce temps-là, ils se retournent vers nous et nous demande de le mettre sur la page Facebook de la fédération ou sur notre fil Twitter.

Dans les communautés, comme au Nouveau-Brunswick ou en Ontario où le public est plus nombreux, on peut avoir des animateurs de communauté numériques. Tandis que dans les communautés où le nombre le justifie moins, on ne peut pas se permettre de faire du partage. Au Nouveau-Brunswick, le partage se fait entre les organismes culturels. Ceux qui percent réellement dans les médias sociaux sont ceux qui peuvent se permettre des animateurs de communauté et aucun de nos organismes ne peut se le permettre.

Le sénateur Comeau : Merci de venir nous donner vos suggestions. Pour revenir au but principal de Radio-Canada, si je me rappelle bien, Radio-Canada a été conçue pour répondre aux besoins de tous les francophones d'un bout à l'autre du Canada peu importe la région, comme CBC devait répondre aux besoins de tous les anglophones du Canada.

On n'a qu'à regarder une émission de CBC, peu importe où on est, que ce soit en Colombie-Britannique ou à Terre-Neuve, on peut presque sentir qu'il s'agit d'une émission qui couvre tout le pays juste en regardant les nouvelles, la programmation.

Lorsqu'on regarde Radio-Canada, on n'a pas ce sentiment. C'est mon opinion, vous pourriez me corriger si je suis dans l'erreur. Sentez-vous que vous faites partie de Radio-Canada?

Mme Doucet : Quand on regarde les émissions produites localement, les téléjournaux locaux, les initiatives locales, on le voit et on le sent. C'est certain qu'avec les émissions réseau, le téléjournal national, on le sent moins. On en a déjà discuté avec Radio-Canada de toute façon. Il ne faut pas oublier qu'il y a beaucoup d'initiatives et de partenariats qu'on ne veut pas laisser tomber. On sent que c'est vraiment important dans la communauté et grâce à cela, il y a une implication de Radio-Canada dans nos communautés.

Le sénateur Comeau : Si dans les premières 15, 20 ou 25 minutes des nouvelles nationales de Radio-Canada on voit ce qui se passe sur la rue Décarie ou Sainte-Catherine à Montréal ou encore à l'Assemblée nationale québécoise, pour moi qui suis de la Nouvelle-Écosse, quel est mon intérêt? Mon intérêt serait plus de savoir ce qui se passe au Canada. Je vais voir mes voisins en Nouvelle-Écosse et je leur demande s'ils regardent les nouvelles de Radio-Canada et ils sont peu nombreux à le faire à cause de cela. Si on ne prend pas l'habitude de regarder Radio-Canada, de s'intéresser à Radio-Canada afin découvrir ce qui se passe dans notre pays, parce qu'on est dégoutté quelques fois des émissions importantes comme les nouvelles, on ne regarde pas les autres émissions et on ne prend pas l'habitude de regarder Radio-Canada. Cette habitude vient en regardant CBC et c'est le danger.

Allez-vous continuer de travailler avec Radio-Canada? Il faut rappeler à Radio-Canada son mandat national. J'ai bien entendu ce qu'a dit M. Dubeau au sujet de la coupure d'un poste en Saskatchewan, peut-être en Nouvelle-Écosse. C'est très différent que de faire la coupure d'un poste à Montréal.

On touche ici, encore une fois, à une institution nationale. Je peux voir un moyen de faire de la pression sur nous les parlementaires francophones, c'est de couper la dernière personne qui travaille à Radio-Canada en Saskatchewan, et la dernière personne qui travaille à Radio-Canada en Nouvelle-Écosse, bien sûr cela aura un effet. Ils mettent de la pression sur moi et les autres parlementaires qui nous retrouvons dans cette position. Pression qui n'existera pas pour mes collègues du Québec. Je les aime bien. Ce sont de bons cousins et cousines les Québécois, mais on aimerait parfois que Radio-Canada, comme CBC, revienne à la source de leur mandat initial qui était de servir tout le Canada. Est-ce que je suis en train de parler dans le vide?

Mme Doucet : Pas du tout. Dans toutes nos discussions avec Radio-Canada, il y a eu un rappel de leur mandat national, parce qu'effectivement, pour ce qui est des émissions réseau, la façon dont les choses étaient présentées ne nous servait pas.

Effectivement, le désintéressement amène autre chose. Dans nos échanges, Radio-Canada avait un plan stratégique pour 2010-2015, qui est Partout pour tous. Il semblait y avoir de bonnes initiatives, une bonne volonté de progresser, d'aller plus en région, un meilleur reflet des régions. Avec les coupures malheureusement, c'est un peu difficile à ce moment-ci de savoir, même s'ils disent qu'ils vont maintenir cela et aller de l'avant, quelles seront les coupures et les impacts qui viendront peut-être affaiblir certaines initiatives qu'ils voulaient développer. On partage tout à fait vos préoccupations.

M. Dubeau : Vous m'aurez souvent entendu dire « l'impact démesuré » de certaines coupures. C'est-à-dire que le poste disparaisse à Toronto ou à Montréal ou en Saskatchewan, la perte de tout emploi pour n'importe quel Canadien nous attriste.

Le sénateur Comeau : Oui.

M. Dubeau : La perte d'un emploi dans une de nos communautés a un « impact démesuré » par contre. Je pense que vous l'avez bien souligné. On le rappelle régulièrement à Radio-Canada. Un des gros défis à l'heure actuelle est de documenter ces impacts et de les suivre. On obtient de l'information au compte-gouttes. On parle aujourd'hui de la Société Radio-Canada parce que vous nous avez interpellés sur cette question. Il y a d'autres agences et instances fédérales qu'on suit de très près avec qui on a un dialogue et qu'on documente aussi. C'est un impact qui nous inquiète.

Sachez que pour nous, il semble impératif que les citoyens, que la communauté soit informée de l'impact possible de la mise en œuvre des coupures, et que vous le soyez aussi, parce que notre impression est que tant il est complexe pour nous d'obtenir de l'information quant aux détails, il l'est probablement pour vous aussi. C'est la raison pour laquelle on se permet de vous rapporter des bouts et des bribes d'information aujourd'hui.

Le sénateur Comeau : On l'apprécie. Pour ce qui est des programmes qui pourraient venir en aide à nos communautés culturelles et nos associations culturelles en lesquelles nous croyons beaucoup, avec les discussions qui ont débutés ou celles à venir avec la Feuille de route pour les prochaines années, vous allez certainement faire des commentaires, et possiblement, s'il y a des programmes qui ont vu des fins, les réinstaurer?

Mme Doucet : Pour les arts et la culture, on est très sollicité par les processus d'évaluation de la Feuille de route. Trois programmes ont découlé de la Feuille de route pour nos artistes et nos organismes culturels. Les vitrines musicales ont été un succès. Vraiment de très belles retombées. Pour ce qui est du Fonds de développement culturel, il y a eu de bonnes initiatives financées, mais il y a un petit peu de peaufinage à faire par rapport à, soit certains critères ou certains octrois de subvention parce qu'on n'a pas complètement répondu aux besoins de la communauté.

Au niveau du livre, c'était sur le plan de la traduction, si je ne me trompe pas. Encore là, il y a des choses à améliorer. Ce programme n'a pas été tout à fait pensé pour les communautés francophones, peut-être plus pour les communautés anglophones en situation minoritaire. Cependant, il y aurait probablement moyen de s'asseoir avec les gens qui traitent avec les maisons d'édition et les auteurs afin de trouver des façons de réussir et d'avoir vraiment les impacts que l'on souhaite.

Le sénateur Comeau : On va certainement suivre ces dossiers.

Le sénateur Tardif : Je tiens à vous encourager sur la question de documenter un peu les effets non anticipés ou démesurés, comme vous l'avez si bien dit, des coupures. Je pense que c'est très important de savoir quels sont ces impacts. Souvent, on ne le sait pas et on ne réalise pas jusqu'à quel point cela peut être difficile pour une communauté, qui a déjà très peu de ressources humaines, et cela ne se compare pas d'un bout du pays à l'autre. Ce serait bon de continuer en ce sens.

J'aimerais poser une question quant à la formation. Vous avez indiqué que c'était un défi dans l'utilisation des nouveaux médias puisque que cela va tellement vite qu'on a à peine la chance de comprendre l'outil technologique qu'il est déjà désuet. Est-ce qu'il y avait des programmes qui vous appuyaient dans la formation des ressources humaines pour pouvoir utiliser ces nouveaux médias? Qu'est-ce que cela vous prendrait pour être à la hauteur des exigences et des attentes de notre population francophone afin qu'elle puisse aussi réagir sur le plan des médias sociaux pour atteindre son plein potentiel?

M. Dubeau : La courte réponse est qu'il n'y avait pas de programmes qui misaient directement sur la formation et qui auront disparu. Le Fonds interactif du Canada, disparu il y a quelques semaines seulement, était quand même une ressource assez importante à nos yeux pour une simple et bonne raison : c'est un fonds qui a, entre autres, permis de retenir des ressources humaines spécialisées dans certaines communautés.

Le sénateur Tardif : Vous parlez de quel fonds?

M. Dubeau : Le Fonds interactif du Canada. Dans certains cas, il y a des organismes qui ont pu retenir les services de gens qui savaient ce qu'ils faisaient grâce à une subvention de ce fonds.

La réponse un peu plus longue est celle-ci : il y a peut-être plusieurs pistes de solution. Une de ces pistes est peut-être un clin d'œil à la sénatrice Fortin-Duplessis. Elle a posé une question par rapport à l'échange d'expertises, entre autres avec le Québec. Il existe une très grande richesse d'expertises en matière de nouveaux médias du côté du Québec. Vous comprendrez que chez vous, dans l'Ouest canadien, il est beaucoup plus difficile d'accéder à une formation de langue française sur les nouveaux médias, même de base, que cela ne l'est sur l'île de Montréal. Donc il y aurait probablement raison de concevoir un modèle qui favoriserait une connexion entre quelqu'un en Alberta, qui cherche à se doter d'une capacité — un organisme, un individu — et une expertise ailleurs au Canada. Cela n'existe pas à l'heure actuelle. On ne vous l'a pas proposé, mais vous posez une question fort intéressante, et c'est peut-être un angle à explorer.

Mme Saint-Pierre : Il n'y a aucun programme collégial ou universitaire en communication à l'ouest d'Ottawa. La Cité collégiale et l'Université d'Ottawa; cela s'arrête ici.

Le sénateur Tardif : C'est intéressant.

Mme Saint-Pierre : Au Collège Saint-Boniface, je sais qu'il y a eu trois études de faisabilité, mais je ne sais pas pourquoi cela n'a pas abouti. Il faudrait que cela aboutisse à un moment donné.

Le sénateur Tardif : Et le fonds que vous avez mentionné, quel ministère offrait ce programme?

M. Dubeau : C'est une branche de Patrimoine canadien, si ma mémoire est bonne.

Le sénateur Tardif : Cela a été supprimé il y a quelques semaines?

M. Dubeau : Le fonds a été aboli. Un des impacts non anticipés que vous évoquiez tantôt, c'était entre autres l'abolition de ce fonds.

Mme Saint-Pierre : Au lieu d'être identifié comme l'abolition de ce fonds, cela a été dans les 46 millions qui ont été coupés dans tout le ministère, donc cela n'a pas été rendu public. C'était le suivi logique du Programme Franco communauté virtuelle d'Industrie Canada, qui n'était pas géré par Patrimoine canadien, mais qui avait fait des miracles, disons-le, pour développer notre infrastructure numérique. Je ne sais pas pourquoi ils ne l'ont pas repris à Industrie Canada. Maintenant, il n'y en a plus du tout, ni à Industrie Canada ni à Patrimoine canadien. Pourtant, le gouvernement Harper a développé une stratégie numérique l'année dernière ou celle d'avant, mais il n'appuie pas ceux qui veulent poursuivre.

Le sénateur Tardif : Est-ce que ce serait une recommandation que vous feriez à notre comité, c'est-à-dire qu'il serait important de voir à cela?

M. Dubeau : La disparition de ce mécanisme est une préoccupation importante à nos yeux. Si le comité peut intervenir sur ce plan, je vous encouragerais à le faire.

Le sénateur Tardif : Merci.

La présidente : Je veux revenir à l'utilisation des médias sociaux, des nouveaux médias. Premièrement, il faut avoir accès. Deuxièmement, cela prend de l'équipement. Troisièmement, on parle de la formation. Ensuite, il y a la question du contenu francophone disponible. Quand on regarde ces quatre points — et il y en a sûrement d'autres —, dans quelle situation se retrouve vraiment le secteur des arts et de la culture sur les plans de l'accès, de l'achat d'équipement, de la formation et du contenu en français? Cela prend le paquet si on veut vraiment que ce soit positif.

M. Dubeau : Grosse question, donc la réponse est complexe et probablement multiple. Différents secteurs, différentes régions auraient différentes capacités par rapport à différents aspects des quatre éléments que vous avez évoqués.

La présidente : Si vous aviez des informations additionnelles que vous ne pouvez pas nous donner aujourd'hui, pourriez-vous les faire parvenir au comité? Cela serait fort intéressant de pouvoir regarder l'ensemble des besoins.

M. Dubeau : Si cela vous intéresse, on pourrait tenter de recenser, parmi nos membres, la capacité sur ces quatre points et vous revenir avec une réponse.

La présidente : Ce serait parfait.

M. Dubeau : J'ajouterais peut-être un cinquième point, si vous me le permettez.

La présidente : Oui, absolument.

M. Dubeau : Je trouve cela intéressant comme squelette de plan de match et de diagnostic. Vous avez évoqué l'offre comme quatrième élément, c'est-à-dire ce qui est déjà disponible ou qui pourrait l'être. J'ajouterais aussi la demande. Il peut exister des milliers de livres sur Internet. Toujours est-il qu'il faut trouver une façon d'informer les lecteurs francophones et les francophiles qu'ils existent, qu'il y en a de la Nouvelle-Écosse, de l'Alberta, de l'Ontario, de partout, et qu'ils sont tous intéressants. Je pense que c'est là aussi tout un défi de communication et de diffusion d'informations qui favoriserait l'accès pour tous.

La présidente : Merci. S'il n'y a pas d'autres questions, mesdames et monsieur, je vous remercie beaucoup de la part du comité d'être venus nous rencontrer. Merci de votre présentation et de vos réponses très complètes. Merci et bon succès.

Le comité aura maintenant l'occasion d'en apprendre davantage au sujet de quelques institutions qui œuvrent dans le milieu de l'éducation et qui font l'utilisation d'Internet, des nouveaux médias et des médias sociaux.

C'est donc avec plaisir que nous accueillons M. Yvon Laberge, directeur général du Collège Éducacentre, situé en Colombie-Britannique ainsi que M. Roberto Gauvin, directeur du Centre d'apprentissage du Haut-Madawaska, situé au Nouveau-Brunswick. Merci d'avoir accepté l'invitation de comparaître devant le comité. Je vous invite maintenant à prendre la parole et les sénateurs suivront par la suite avec des questions.

Yvon Laberge, directeur général, Collège Éducacentre : Honorables sénateurs, je suis Yvon Laberge et c'est à titre de directeur général du Collège Éducacentre, le seul collège francophone de la Colombie-Britannique, que je comparais devant vous aujourd'hui.

Le but de ma présentation est de vous offrir mes réflexions, à titre d'administrateur d'une institution de formation des adultes dans un contexte minoritaire francophone, sur les opportunités et les défis qu'apportent les médias sociaux dans l'apprentissage des adultes en français.

Je voulais commencer par une définition des médias sociaux. Grosso modo, les médias sociaux regroupent différentes techniques de communication et d'applications rendues hautement accessibles par le biais d'Internet et favorisent la création et le partage de différents contenus pour faire en sorte que l'internaute devienne acteur et auteur sur le Net.

Le Collège Éducacentre a été incorporé comme organisme sans but lucratif en 1992. Il est le seul collège francophone en Colombie-Britannique. Les programmes, cours et services qui y sont offerts sont regroupés dans trois grands domaines, soit la formation collégiale avec environ 72 cours; la formation continue et sur mesure, qui comprend la formation en français langue seconde et en anglais langue seconde, French for Parents et bien d'autres formations.

Il y a aussi la formation de base qui comprend l'alphabétisation, le développement des équivalences du diplôme secondaire et les compétences essentielles. Le collège a quatre campus pour rejoindre une population dispersée sur un grand territoire. Le campus principal est situé à Vancouver, nous en avons un à Victoria, un à Prince George et nous avons un campus virtuel. Nous utilisons les médias sociaux pour faire la promotion de nos cours à distance, surtout les cours collégiaux et certains cours de français langue seconde. Actuellement nous utilisons davantage les médias sociaux dans nos activités de promotion et de recrutement.

En 2011, par exemple, nous avons amélioré la structure et la classification de l'information de notre site Internet. Le besoin pour la création d'un nouveau site Internet émane du constat que nous ne pouvions pas facilement effectuer les changements sur notre ancien site et la structure que nous utilisions ne permettait pas aux utilisateurs de nous trouver facilement. Le référencement retravaillé nous permet de capter plus de trafic. Donc, depuis son lancement, le 1er septembre 2011, nous constatons une augmentation de fréquentation de notre site de 20 p. 100 par rapport à la même période de l'année précédente, soit un total de 49 000 visites. Ces données supposent un plus grand accès à nos services, ce qui, nous le souhaitons, mènera à une plus grande utilisation de nos services et à une croissance dans nos inscriptions.

J'aimerais parler un peu du potentiel qu'offrent les médias sociaux dans le domaine de l'éducation aux adultes. Je souligne que je vais parler du potentiel. On n'est pas rendu là encore.

Au Collège Éducacentre, nous voyons le potentiel qu'offrent les médias sociaux et nous cherchons par tous les moyens possibles à en bénéficier. Les francophones de la Colombie-Britannique sont dispersés sur un grand territoire. La plupart de nos étudiants suivent des cours à temps partiel tout en travaillant. La formation à distance permet aux apprenants de suivre la formation dans leur foyer quand cela leur convient. Les médias sociaux permettraient de rendre les environnements d'apprentissage plus interactifs et plus dynamiques. Ce qu'on constate aussi dans les études, c'est que l'utilisation des médias sociaux peut mener à un véritable apprentissage tout au long de la vie parce qu'on travaille dans des contextes formels et informels. On a de nos étudiants qui suivent des cours formels, développent des intérêts dans un certain domaine spécifique et poursuivent leurs recherches utilisant Internet de façon informelle. Ensuite, on voit un agrandissement de la formation informelle de cette façon.

Dans un contexte minoritaire francophone, l'éclosion des médias sociaux offre aussi le potentiel d'augmenter la gamme de services et de programmes pour atteindre un niveau similaire à celui offert par les institutions anglophones. Je vais parler un peu plus tard sur comment on pourrait travailler à rendre cela concret.

Entre autres, nous sommes de l'avis que cela peut tendre à une démocratisation de la formation parce que cela permet de surmonter les barrières de temps, d'espace et de lieu; cela rend les environnements d'apprentissage plus interactifs et plus dynamiques et, dans un contexte minoritaire, cela offre le potentiel d'accès à une plus grande gamme de services et de programmes.

Je donne l'exemple d'un apprenant qui a des difficultés de motricité, qui font en sorte qu'il a de la difficulté à tenir un stylo. Il a fait des progrès remarquables depuis que nous employons le iPad avec une application interactive pour la lecture et l'écriture.

Dans de petites institutions comme la nôtre, il y a souvent seulement un ou deux intervenants qui travaillent sur le développement de curriculum et de contenu. Les médias sociaux permettent aux intervenants de se créer des communautés d'échange virtuel et permettent aux étudiants et aux formateurs d'élargir leurs horizons et de collaborer au-delà des frontières géographiques, des barrières linguistiques, même, et des murs institutionnels. Les médias sociaux permettent de connecter les apprenants les uns aux autres ainsi qu'à des experts et des formateurs. Ainsi, les apprenants et les formateurs peuvent puiser dans les connaissances de leurs pairs et avoir accès à des connaissances très spécifiques et ciblées dans des domaines d'intérêt donné. Il est plus facile pour les apprenants et enseignants de collaborer à des sujets d'intérêt commun et cela favorise la mise en commun des expertises et des ressources.

L'accès à une variété de matériel de formation en français à un prix modique est plus difficile dans un contexte minoritaire. Les médias sociaux permettent aux apprenants et aux formateurs d'accéder, souvent gratuitement, à une grande variété de contenu en français. Les médias sociaux permettent aux établissements d'enseignement d'améliorer la qualité et la disponibilité de leur matériel d'apprentissage.

En termes de facteurs de réussite, nous en identifions quelques-uns. Si nous voulons bien exploiter toutes les possibilités offertes par les médias sociaux, il est essentiel de prévoir l'ajout de nouvelles fonctions au sein de l'institution. Il faut d'abord un expert pour gérer et garder à jour l'infrastructure technologique, ensuite il faut des experts de contenu et de développement de curriculum capables de préparer des cours et des programmes utilisant des approches mixtes d'apprentissage. Il faut aussi des tuteurs ou mentors pour donner des conseils aux apprenants sur toute question liée à l'utilisation de la technologie.

L'utilisation des outils des médias sociaux dans les milieux éducatifs exige un niveau minimal de vitesse de connexion à Internet. Cela s'applique aux utilisateurs individuels et aux institutions. Il se peut que dans certaines régions rurales, par exemple, ce niveau ne soit pas disponible. D'autant plus que ce ne sont pas tous les apprenants qui ont tous les outils technologiques en main et à jour. La qualité de l'équipement technique affecte directement la qualité du processus d'apprentissage et même la possibilité d'accès à la formation.

Il faut se pencher sur la question de l'égalité d'accès. Un facteur pertinent de la réussite est la présence de fonds suffisants pour établir l'infrastructure en technologie et pour la maintenir. En plus, un financement stable permet aussi l'embauche de personnel qualifié et d'investir dans la formation du personnel.

La présidente : Monsieur Laberge, le temps passe, est-ce possible pour vous d'accélérer votre présentation?

M. Laberge : D'accord. La souplesse du niveau financier s'applique aussi aux bailleurs de fonds. Je vais y revenir tantôt.

Ensuite, je pense qu'il faut reconnaître les besoins des apprenants et reconnaître que leur niveau de compétence dans l'utilisation des nouvelles technologies n'est pas égal. Très souvent, les plus jeunes sont mieux équipés que des personnes de mon âge, par exemple.

Les compétences numériques et didactiques des enseignants sont importantes parce qu'une génération de personnes qui sont capables de développer du curriculum n'a pas les compétences pour le faire au niveau des nouveaux médias sociaux. Il faut prévoir aussi des appuis à la formation du personnel enseignant et des développeurs de curriculum dans l'utilisation des médias sociaux.

Quelques conclusions — et là, je n'aurai pas l'occasion de retourner en anglais, désolé — et réflexions pour l'avenir : les médias sociaux ont un potentiel considérable pour permettre à plus de francophones en milieu minoritaire d'accéder à plus de cours et de programmes en français. Cela permet aussi d'améliorer le processus d'apprentissage, de faire la promotion de l'innovation dans le processus d'apprentissage et permettre aux institutions et aux individus de réaliser un véritable apprentissage tout au long de la vie dans des contextes formel et informel.

Dans l'ensemble, les études montrent que les médias sociaux ont un potentiel considérable pour améliorer le processus d'apprentissage. Les décideurs politiques devraient appuyer et encourager l'utilisation des médias sociaux dans l'enseignement et la formation. Les nouvelles technologies favorisent le développement d'approches novatrices et d'apprentissages qui permettent de préparer les étudiants à participer activement à la société du savoir.

Quelques suggestions pour l'avenir, très rapidement : je crois qu'il est important d'avoir une enveloppe financière avec des projets spéciaux pour encourager le développement des infrastructures électroniques qui favorisent l'intégration des médias sociaux dans les institutions de formation des adultes. Aussi, je crois qu'il est important d'encourager tous les ministères à assouplir les paramètres de financement, voire même mettre le développement des infrastructures électroniques et les approches d'apprentissage utilisant les médias sociaux en priorité.

Il est important d'appuyer la création et le maintien de réseaux de formation à distance en français, plus spécifiquement le développement du réseau d'éducation et de formation à distance, le REFAD. On pourrait aussi mettre de l'avant d'autres réseaux.

Il serait bon d'appuyer et d'encourager les activités de formation des formateurs et des experts en curriculum sur les compétences numériques et didactiques utilisant les médias sociaux. Il serait également bon d'encourager et de stimuler la création et le partage de nouveaux programmes collégiaux et cours crédités utilisant les médias sociaux. Je vous remercie.

La présidente : Merci beaucoup monsieur Laberge. Les sénateurs ont une copie de votre présentation et pourront s'y référer si le besoin est là. Passons maintenant à la présentation de M. Gauvin. Monsieur Gauvin, vous avez un maximum de 15 minutes, tout comme M. Laberge.

Roberto Gauvin, directeur, Centre d'apprentissage du Haut-Madawaska : Je suis fier d'être ici ce soir pour représenter une petite école rurale d'environ 220 élèves qui dessert les villages de Clair, Lac Baker, Baker Brook et St-Hilaire, au Nouveau-Brunswick.

Lorsque je présente cette école, je la présente souvent comme une amibe, une cellule animale à la recherche de nourriture et de stimulus. Lorsqu'on trouve quelque chose qu'on aime, on l'absorbe mais lorsqu'on aime moins, on tend les bras et on cherche autre chose ailleurs. J'aime aussi l'analogie de l'amibe parce qu'on est sous le microscope.

Notre école fait beaucoup de choses qui suscitent le questionnement. On est l'auteur d'un colloque international depuis maintenant trois ans. Il y a des gens qui viennent de France, d'Écosse et d'un peu partout pour voir les choses qui se font à notre école.

On nous demande d'innover, de faire différent, de faire mieux. Mais en même temps, il faut toujours tenir l'école et les élèves à l'ordre et souvent on se sent déchirés entre les deux. Évidemment, si on veut essayer des choses à l'aide de nouvelles technologies, il faut prendre un risque et souvent, ce risque n'est pas nécessairement partagé par toutes les organisations.

Évidemment, il y a des défis importants à relever en éducation. Par exemple, les élèves doivent pouvoir communiquer efficacement à l'écrit et à l'oral. Que ce soit en français ou en anglais, on doit relever ce défi avec nos élèves. Je vous dirais que c'est le défi et avec lequel l'école a le plus de difficulté.

Avec les médias sociaux, on utilise le blogue. À notre école, on a des élèves de deuxième année qui en ont un. Évidemment, ce n'est pas un blogue comme celui des journalistes. Ils vont plutôt écrire une ou deux phrases mais ils ont quand même un blogue. Et lorsqu'on sait qu'on doit écrire et que quelqu'un va nous lire, on a tendance à mieux se préparer.

Ce soir, en sachant que je venais ici, je me suis préparé de façon différente que si j'avais une réunion avec des membres du personnel ou avec trois personnes. On sait que le potentiel du Web est énorme. Par exemple, je peux vous parler des blogues que nous avons si vous avez des questions par rapport à ça.

Les parents peuvent s'abonner au blogue de leur enfant. Donc lorsqu'un enfant écrit un texte, le grand-papa, la grand-maman ou l'oncle, qui est en Floride, peut recevoir un courriel qui dit que Ti-Pierre ou Ti-Paul a écrit un billet et il est possible de laisser des commentaires. Donc lorsqu'on sait que ces gens vont nous lire, on a tendance à mieux se préparer et à faire plus attention. Imaginez le potentiel d'un vidéo sur YouTube. Lorsqu'on sait qu'on présentera quelque chose sur YouTube et qu'on sait que le potentiel est astronomique, on a tendance à mieux se préparer.

Aussi, les élèves doivent pouvoir résoudre des problèmes complexes, et pas seulement en mathématiques. Il y a des résolutions de problèmes qu'on débute à l'école et plus tard dans la vie, on utilise ces mêmes démarches.

Les élèves doivent être capables de trouver et d'analyser l'information, c'est très important. Ils doivent être capables de réfléchir, d'analyser leur façon d'apprendre, ce qu'on appelle en éducation la métacocognition. On n'apprend pas tous de la même façon et lorsqu'on est conscient de la façon dont on apprend, on peut évidemment aller de l'avant beaucoup plus rapidement en mettant ces approches à profit.

Les élèves doivent pouvoir utiliser les technologies qui leur sont proposées. Nous à l'école, on propose différentes technologies aux élèves. Dans leur futur milieu de travail, ils auront à s'adapter à de nouvelles technologies et cette façon de s'adapter aux technologies doit s'apprendre dès le jeune âge.

On doit réfléchir à nos pratiques pédagogiques. On doit expliquer, démontrer et pratiquer. En tant que directeur d'école, j'ai l'impression qu'on explique beaucoup en classe. On explique même peut-être un peu trop. Il faut démontrer et il faut pratiquer.

Je donne l'analogie d'un joueur de tennis. Si vous voulez devenir le meilleur joueur de tennis au monde, je peux vous parler de tennis, je peux vous expliquer c'est quoi une raquette, comment la tenir et comment faire un service, mais je dois aussi vous montrer comment faire votre service.

Où doit-on passer la majeure partie de notre temps si on veut devenir un joueur de calibre international? C'est sur le terrain. On doit pratiquer, pratiquer et encore pratiquer. Nous à l'école, nos blogues ce sont les terrains de tennis de l'écriture. C'est là qu'on veut que les jeunes passent du temps à écrire.

Et oui, ils vont faire des fautes d'orthographe. Il y a des gens qui disent qu'ils ne sont pas encore prêts à écrire en public parce qu'ils vont faire des fautes. Si on attend que les jeunes sachent écrire parfaitement avant de les faire écrire sur un blogue, ils n'écriront jamais. Donc si on veut qu'ils s'améliorent et qu'ils reçoivent des commentaires constructifs, je crois que le blogue est une plateforme incroyable pour le faire.

Bien sûr, on ne les laisse pas écrire sans suivre des règles. Il y a des façons pour eux de s'autocorriger. Il y a des outils qu'on peut utiliser et développer avec les jeunes. Et si on écrit en sachant que des gens vont nous lire, on a tendance à mieux nous préparer et cela devient encourageant et motivant de le faire.

Lorsqu'on reçoit un commentaire de grand-papa qui nous dit « Bravo, tu as fait un beau travail », ça rend le prochain travail drôlement intéressant. On doit admettre que notre système d'éducation est loin d'être en santé. Au Nouveau-Brunswick, environ 48 p. 100 des jeunes de 16 à 24 ans n'atteignent même pas un niveau 3 en littératie. Pour le reste du Canada, c'est environ 50 p. 100 des adultes. Je crois qu'il y a du travail à faire de ce côté.

Aussi, ce qui m'a chicoté dans ces statistiques, c'est qu'on prédit que la situation va demeurer telle quelle jusqu'en 2031. Donc c'est encore loin d'ici. Il y a quelqu'un que j'affectionne sur le plan des nouvelles technologies, il s'agit de M. Mark Prenski, qui dit que les compétences essentielles du XXIe siècle, c'est de savoir que lorsqu'on est confronté à un problème, il faut pouvoir trouver quelle est la meilleure chose à faire.

Les élèves doivent pouvoir faire des choses avec les autres en collaborant de façon créative. Ils doivent aussi être capables de s'améliorer. Lorsque je fais des présentations, je parle souvent de feu ma grand-mère, Thérèse, qui ne pouvait pas croire qu'une carte de guichet automatique fonctionnait. Elle ne pouvait pas croire qu'une carte te donne de l'argent à partir du bon compte. Pire encore, elle ne pouvait pas croire que tu déposes de l'argent dans la machine et que le dépôt se fait dans le bon compte.

Mais le monde n'a pas attendu que ma grand-mère soit prête pour faire des guichets automatiques. Il y a quand même eu des guichets automatiques. Le monde ne va pas attendre que les enseignants soient prêts pour le Web 2.0. Donc il va quand même y avoir le Web 2.0 puis ce sera aux enseignants à s'adapter.

La technologie a changé, vous le savez. Dépendamment de votre âge, il y a peut-être des photos que vous reconnaissez plus facilement que d'autres. Ça va changer encore. On ne sait pas exactement où ça s'en va, mais on sait que ça va changer et on sait qu'on va devoir s'adapter.

Si je vous montre cette photo, évidement, vous allez me dire que cela a été pris il y a longtemps. C'est une photo qui nous montre les pupitres en rang d'oignon, et je dois vous dire que ça devrait avoir changé dans les salles de classe. Et c'est vrai qu'il y a des initiatives locales, où certaines écoles essaient différentes choses. Je pourrais vous dire que cette photo a été prise hier dans une école quelque part au Canada, et plusieurs me croiraient parce que dans plusieurs écoles, ça n'a pas encore changé. Les rangs d'oignon, c'est comme avant. Pire, des parents viennent parfois à l'école et disent : « Cela me rappelle mon temps quand j'étais dans l'école. » Chez nous, je ne veux pas entendre ce commentaire-là. Je veux que les gens me disent : « C'est pas pareil comme quand j'étais à l'école, c'est différent, cela a changé. »

Nos élèves, est-ce qu'ils ont changé? À part les habits, il y a autre chose qui a changé évidemment, c'est la façon de réfléchir, la façon de penser, la façon de chercher l'information, et cela va continuer de changer. Nos élèves sont différents et les écoles vont devoir s'adapter aux élèves. On va devoir différencier nos apprentissages pour faire en sorte que des élèves avec des besoins différents peuvent apprendre différentes choses. Je vous dirais que c'est un défi majeur pour les écoles. On a encore tendance à enseigner la même chose, à expliquer de la même façon à tout le monde. Donc on doit se questionner. Qu'est-ce qui est à faire?

Comme directeur d'école, je pense qu'on doit se réseauter, et c'est encore plus important en contexte minoritaire. Il est important pour les écoles — dans mon cas c'est une école francophone — de se réseauter avec d'autres écoles francophones en milieu minoritaire. On doit échanger avec d'autres écoles. Chez nous, on a la chance d'avoir un projet avec l'ACDI et le Mali. On fait des échanges. Demain, on a justement une classe qui va parler avec des jeunes Maliens. Vous connaissez probablement le contexte politique présentement au Mali, donc c'est très intéressant. On ne peut pas emmener tous les élèves au Mali, mais on peut amener le Mali dans notre salle de classe avec Skype.

Il faut prendre le temps de partager ce qui fonctionne avec d'autres personnes. Il faut avoir accès au Web. Ce n'est pas normal que ce soit plus facile de se brancher sur Internet dans un Tim Horton's que dans une école. Donc il faut que les écoles soient capables de se brancher. Souvent, les gens disent : « Il va falloir qu'on achète des ordinateurs à tous les élèves. » Ce n'est pas nécessaire, ils ont déjà un ordinateur à la maison et ils sont pas mal meilleurs que les ordinateurs qu'on leur propose à l'école. Si on leur donne accès au Web, ils vont probablement apporter leur ordinateur à l'école et ils vont pouvoir se brancher et faire leur travail scolaire. On va donc éviter d'avoir à acheter des ordinateurs parce que les jeunes vont fournir l'ordinateur qu'ils aiment.

Il faut faire des expériences, il faut essayer des choses. Il y en a qui fonctionnent mieux que d'autres avec la culture organisationnelle. Il faut prendre des risques; il y a des endroits où on peut prendre plus de risques. Il faut voir l'utilisation pédagogique. Les parents disent souvent que les jeunes vont jouer sur l'ordinateur parce que c'est souvent ce qu'ils font à la maison; ils jouent à l'ordinateur. À l'école, évidemment, on l'utilise comme outil de travail.

Donc l'intégration pour la pédagogie est très importante. On l'utilise maintenant comme référence. Dans notre école, on est en train de changer la bibliothèque pour les documents de référence. On ne consulte plus l'Encyclopédie Britannica qu'on a achetée il y a 20 ans pour aller chercher de l'information. C'est sur le Web. Quand je dis ça, les gens disent : « Oui, mais les livres de lecture? » C'est sûr que les livres et la littérature jeunesse ont leur place dans les écoles. Cela va toujours être là. Peut-être que le format va changer, mais il va être important de continuer à faire ça.

Souvent, lorsque je parle à des étudiants d'université, je leur donne le choix entre un épluche-carottes et un ordinateur neuf. Je leur demande : « Vous avez le choix entre les deux, lequel vous aimeriez avoir? » Tout le monde me répond : « L'ordinateur neuf. » Je leur dis : « Vous ne vous êtes pas posé la bonne question. Qu'est-ce que vous voulez faire avec ça? Si vous voulez éplucher des carottes, ça, c'est pas mal plus utile. » Donc on doit se demander ce qu'on veut faire avec nos ordinateurs. Souvent, les gens disent : « On veut aller sur le Web. » Mais on ne se pose pas la question à savoir ce qu'on veut faire avec ça. Je crois qu'il est important de le faire.

Lorsqu'on trouve quelque chose qui fonctionne dans notre école, on essaie de devenir ce qu'on appelle un virus, c'est-à-dire qu'on partage, on propage et on échange. Si on est tout seul dans notre coin à faire ce qu'on fait, je pense qu'on est un peu comme un abîme, un petit peu invisible. Donc il faut partager ce qu'on fait.

Si je vous montre ce chiffre, soit 0,8, c'est le nombre de Canadiens qui ont eu un doctorat. Souvent, j'ai l'impression qu'on enseigne aux élèves comme si on voulait tous qu'ils fassent un doctorat. Sachant que 99 p. 100 de nos jeunes n'iront pas vers des études doctorales, je crois qu'il faut modifier ou regarder la façon qu'on enseigne.

Le sénateur De Bané : C'est plus que 0,8 ici, le petit groupe qu'on est.

M. Gauvin : Oui, mais ce n'est pas la norme. Souvent, dans une école, je me sens un peu comme ça, on regarde la personne qui veut innover et on la trouve bizarre, on trouve qu'elle n'a pas sa place. On utilise parfois le sarcasme, on fait des blagues, mais tout d'un coup, quand on voit que ça marche, qu'est-ce qui arrive? Il y a des gens qui vont la rejoindre, qui font comme elle. Et avec le temps, les gens commencent à poser des questions, et il y a de plus en plus de personnes qui vont la rejoindre. On s'aperçoit qu'on n'est plus vu comme un être bizarre, mais comme étant la norme.

Je termine en disant qu'il faut avoir la conviction que la petite corde va nous tenir. Ce n'est pas toujours facile au jour le jour, mais lorsqu'on voit la réussite des élèves, lorsqu'on les voit s'épanouir, grandir, c'est beaucoup plus facile.

Je vous remercie de votre attention et je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.

La présidente : Merci monsieur Gauvin. La première question sera posée par la sénatrice Fortin-Duplessis.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Merci d'être présents et d'être venus nous renseigner sur vos institutions. Monsieur Laberge, est-ce que vous avez vu des réticences chez vos enseignants francophones qui travaillent dans des écoles de la minorité en ce qui concerne l'utilisation des nouvelles technologies en salle de classe? Vous avez mentionné que votre clientèle est composée d'adultes. Est-ce que les enseignants avaient des réticences?

M. Laberge : Ce sont moins des réticences qu'un manque de connaissances sur l'utilisation et l'exploitation des médias. Je crois qu'ils sont ouverts aux nouvelles technologies, mais ils ne savent pas comment s'en servir, d'où l'importance d'offrir de la formation. Il faut aussi fournir l'accès à une formation utilisant les médias sociaux aux étudiants dans les universités.

Le sénateur Fortin-Duplessis : J'aimerais connaître le taux de réussite depuis que vous utilisez des médias sociaux. Est-ce que vous avez vu une augmentation, un plus grand taux de réussite, ou c'est resté comme c'était?

M. Laberge : Comme j'ai dit, on parle de potentiel d'utilisation des médias sociaux. On ne les utilise pas encore beaucoup. On offre surtout de la formation à distance, au niveau collégial par exemple, et on commence tout juste à intégrer les médias sociaux dans les programmes. Cependant, les études que j'ai vues démontrent qu'il y a une meilleure réussite en utilisant les médias sociaux dans l'atteinte de l'objectif pédagogique, mais on voit aussi une continuité dans l'apprentissage au-delà du domaine spécifique étudié.

Le sénateur Fortin-Duplessis : Est-ce que le gouvernement vous offre une aide financière ou c'est simplement le gouvernement provincial qui vous soutient dans vos institutions pour le contenu en ligne en français?

M. Laberge : C'est une question complexe à répondre. Notre financement, au collège, vient surtout du gouvernement fédéral par le biais des ententes bilatérales en éducation. Cela nous permet un certain fonds de fonctionnement. Les autres sources de financement, ce sont les inscriptions des étudiants et des projets ponctuels qu'on va chercher à gauche et à droite. C'est pourquoi j'ai noté que la stabilité du financement est un élément et un facteur de réussite très important.

Le sénateur Fortin-Duplessis : C'est pour cela que je vous ai questionné là-dessus. Ma dernière question est la suivante : j'ai remarqué que le collège Éducacentre assurait une présence sur Twitter; par contre, pourquoi n'ouvrez-vous pas votre compte au grand public? Tantôt, vous avez mentionné que sur votre site — pas sur Twitter, sur un autre site — vous avez eu 49 000 visites. Pourquoi ce n'est pas ouvert au grand public, sur Twitter?

M. Laberge : Bonne question. On s'en sert surtout pour annoncer des cours très ponctuels. Avec les médias sociaux, dans la promotion et dans la publicité, ce qu'on faisait auparavant c'était des promotions très larges. Vu que les francophones sont dans la communauté en général, on achetait des publicités dans des journaux anglophones et autres. Les médias sociaux nous ont permis de vraiment cibler notre promotion vers les francophones. Mais le lien Twitter, comme vous dites, c'est une très bonne idée, on va certainement le rajouter.

Le sénateur Fortin-Duplessis : C'était surprenant de voir ça; peut-être que les étudiants étaient les clients potentiels qui pouvaient l'utiliser, mais le grand public ne pouvait pas y aller et c'était un peu surprenant. Merci beaucoup, monsieur Laberge, je laisse maintenant aux autres la chance de poser des questions.

Le sénateur Tardif : Je vous remercie tous les deux pour votre présentation et je vous félicite du travail que vous faites pour vos apprenants.

Ma première question serait pour M. Gauvin. Vous avez identifié les défis d'apprentissage et les compétences que tous les apprenants dans votre école devraient maîtriser afin de bien réussir. Vous avez indiqué évidemment qu'il fallait bien écrire, savoir bien travailler avec les autres, bien communiquer, résoudre des problèmes. Qu'est-ce que il y a de particulier à tout cela du fait que vous faites cela en français et que vous vivez dans une situation de francophonie minoritaire?

M. Gauvin : Je crois que c'est une initiative au niveau de l'école par rapport à l'utilisation des nouvelles technologies. Nous avons des résultats qu'on appelle transdisciplinaires, c'est-à-dire qu'on suit les programmes d'étude de la province. En plus de cela, il y a des résultats que l'on s'attend à ce que les élèves obtiennent pour ce qui est de l'utilisation des nouvelles technologies. Ce qui arrive ici c'est que, lorsqu'on utilise le blogue ou les médias sociaux, on fait d'une pierre deux coups. On va, en plus de travailler à l'atteinte de nos objectifs d'apprentissage, qui sont généraux, travailler à ceux qui sont disciplinaires.

Également, j'aimerais dire qu'on ne peut pas prédire ce qui s'en vient. Nos jeunes ont besoin de compétences pour pouvoir résoudre des problèmes complexes dont on ignore la nature à ce jour. La plupart des métiers de l'an 2050 ne sont probablement pas encore inventés. On ne sait pas encore quel va être le travail que ces jeunes vont faire. Il faut que les jeunes soient capables de s'adapter, de faire de façon différente.

J'ai eu la chance de me promener un peu avec Microsoft et d'aller visiter une université à Hong-Kong. Beaucoup de matériel vient de Hong-Kong et est Made in Hong-Kong. On veut changer ça et passer maintenant à Designed in Hong-Kong. Pour y arriver, c'est tout un processus totalement différent, il s'agit de créer des choses. Il faut mettre nos jeunes dans ce mode, un mode de création.

Le sénateur Tardif : Je vais essayer de reposer ma question; je ne suis pas certaine que vous m'ayez comprise. Les compétences que vous avez identifiées sont des compétences pour lesquelles, peu importe qu'on soit dans un milieu anglophone ou francophone, un pédagogue ou un éducateur viseraient les mêmes objectifs que ceux vous avez identifiés. Quelles sont les particularités de la situation francophone avec lesquelles vous devez composer? Qu'est-ce qui change? Est-ce qu'il y a quelque chose dans votre façon de faire qui est différente parce que vous êtes francophone et que vous êtes dans un milieu minoritaire francophone?

M. Gauvin : Ce qui est intéressant avec les médias sociaux, c'est d'être capable d'être en contact la communauté francophone à l'extérieur de notre province. Chez nous, au Nouveau-Brunswick, nous sommes une petite province. Les médias sociaux font en sorte qu'on peut échanger avec d'autres jeunes. Je parlais du Manitoba tout à l'heure, cela se passe en français aussi. Je vais donner un exemple peut-être plus spécifique : nous participons chaque année au Festival des vidéastes du Manitoba. C'est un échange que nous faisons avec une autre province du Canada. Nous sommes la seule école du Nouveau-Brunswick qui participe à ce festival. Cela donne une chance à nos jeunes de créer une vidéo et ensuite d'échanger avec d'autres jeunes Canadiens, par rapport à notre identité, au Nouveau-Brunswick. Nous avons un parler différent, des expressions différentes, et lorsqu'on se voit sur vidéo, sur YouTube, par rapport à ce qu'on a fait comme travail, souvent c'est là qu'on va remarquer qu'on n'a peut-être pas utilisé le bon vocabulaire, le bon mot.

Également nous avons le podcasting, par exemple des émissions de radio dans lesquelles les jeunes peuvent s'exprimer sur la vision qu'ils ont de leur province, de l'endroit où ils habitent, car on a des réalités différentes d'un endroit à l'autre.

J'ai eu la chance de travailler au Manitoba pendant dix ans comme directeur adjoint d'une école; les réalités des jeunes francophones au Manitoba évidemment sont très différentes de celles au Nouveau-Brunswick.

Le sénateur Tardif : Mais l'accès au contenu en français est-il suffisant?

M. Gauvin : C'est sûr que c'est limité. Sauf que, ce qui est bien avec le Web, c'est qu'on peut créer des réseaux. Avec Twitter justement — mes enseignants à l'école ont tous des comptes Twitter, même les non enseignants — ce qui est intéressant c'est que, lorsqu'on trouve quelque chose de bien, qui fonctionne bien, on partage cette information sur Twitter. Si je suis enseignant en mathématiques, je vais avoir accès aux meilleurs sites de mathématique possibles. Si je communique en réseau avec d'autres enseignants en mathématiques, peu importe où sur la planète, mais en particulier au Canada francophone puisque j'enseigne en français, à ce moment-là ce partage devient très riche et très intéressant, et c'est gratuit. On s'entraide en partageant la meilleure information possible.

Le sénateur Tardif : Je voudrais poser encore une question à M. Laberge. Bonjour Yvon, c'est toujours bon de te revoir; je sais que tu travailles depuis de nombreuses années sur la question de l'éducation à distance.

Pour ce qui concerne les partenariats que vous avez avec d'autres institutions, est-ce qu'il y a un gain financier pour vous dans tout cela, ou est-ce que ce serait surtout au niveau de partage de contenus et de compétences? Parce qu'on sait que, et le REFAD l'a dit, l'acquisition des outils technologiques est quelque chose de très dispendieux, et il faut davantage se former en réseaux et travailler ensemble. Comment voyez-vous l'avenir d'Éducacentre et le développement de ses partenariats?

M. Laberge : Merci pour votre question. De fait, je vois l'acquisition d'infrastructures comme étant un élément, et, comme l'a très bien souligné le sénateur Chaput à la fin de l'autre présentation, il y a les quatre niveaux. L'acquisition d'infrastructure est très importante, mais aussi l'accès à du matériel pédagogique adéquat et varié. Nous sommes dans une situation où nous pouvons offrir 72 cours et programmes différents à distance. En créant des partenariats avec, entre autres, le consortium national du développement pédagogique en français au niveau collégial, cela nous permet d'accéder à plein d'autres curriculums. On le fait en partenariat avec une vingtaine d'autres institutions à travers le Canada.

Si nous n'avions pas Internet et si nous n'avions pas cette capacité de réseautage, nous ne pourrions pas le faire. Donc ce n'est pas un financement direct que cela nous apporte, c'est une économie dans le développement des cours. Donc, l'idée selon laquelle nous voulons essayer d'offrir une plus grande variété de programmes est très importante. C'est un outil qui peut nous permettre de le faire.

Le sénateur Segal : Je veux poser à nos deux témoins une question pédagogique. J'accepte comme principe que l'éducation est une responsabilité du gouvernement provincial. Je ne cherche pas à contester cette réalité canadienne. Mais je veux avoir vos avis sur la différence entre les contenus et les contenants.

Ma question est peut-être quelque peu marquée, venant d'une personne de 61 ans, qui a été éduquée par les pères Oblats avec les classiques, l'histoire, la langue française, les belles lettres et d'autres choses fondamentales qui n'ont rien à voir avec une ordinateur; mais comment est-ce qu'on organise, aujourd'hui, l'équilibre entre le contenu, qui est absolument essentiel, et le contenant?

Voici une de mes craintes. On est en train de créer une génération de jeunes qui sont tout à fait compétents avec tous les outils de communication, les ordinateurs, les blogues, tout ceci fait partie intégrante de leur vie. Mais pour ce qui est du contenu, la capacité de lire, d'écrire, on a des problèmes, que ce soit en anglais ou en français.

En tant que pédagogue, vous avez la responsabilité d'éduquer nos enfants pour faire face à une vie moderne, les préparer à faire des choix. Mais, à mon avis, il faut comprendre que sans le contenu, le contenant ne sera pas d'une grande aide.

J'aimerais connaître votre pensée sur cette question.

M. Gauvin : Ce qui a changé avec le temps c'est que maintenant, on s'attend à la réussite de tous les élèves. Il y a longtemps, les élèves qui ne fonctionnaient pas bien à l'école ou qui avaient de la difficulté quittaient l'école pour aller sur le marché du travail. La réalité n'est plus la même. On a maintenant besoin au minimum d'un diplôme d'études secondaires pour pouvoir accéder au marché du travail.

Maintenant, la réalité des enseignants est que tous les élèves doivent réussir. Lorsqu'on prend des élèves dans une salle de classe, avec la diversité des forces et les défis que cela comprend, l'enseignant doit trouver des façons pour les motiver ou les intéresser à mieux écrire.

Lorsqu'on écrit un blogue, si on veut que ce soit bien écrit, les règles de grammaire s'appliquent, que ce soit sur une feuille de papier ou sur un blogue. L'enseignant saisit cette occasion pour enseigner et faire passer les règles.

J'ai des élèves qui ont écrit des textes et les parents sont venus laisser un commentaire pour dire que les textes étaient plein de fautes, que l'enfant devrait réécrire son texte. Ce ne serait jamais arrivé avec une feuille de papier. Parce que souvent le papier, lorsque le travail est fini, l'enfant va le mettre dans son cartable ou même le mettre à la poubelle alors que sur le blogue, ça reste.

Une chose est intéressante. Les gens vont dire de mettre une majuscule lorsqu'on commence une phrase et la terminer avec un point; souvent les jeunes vont écrire et vont oublier cette règle. Mais lorsque quelqu'un de l'extérieur laisse un commentaire pour dire que l'étudiant a oublié de mettre une majuscule, ce dernier ne comprend pas. Même si à chaque jour, on leur dit de mettre des majuscules en début de phrase; que ce soit en deuxième ou en huitième année, il faut mettre une majuscule en début de phrase. C'est une approche expérientielle par rapport à l'utilisation du français écrit, dans un contexte qui est réel.

C'est le contexte des technologies 2.0. Le problème c'est qu'il y a beaucoup d'adultes qui ne sont pas confortables avec cela. Ils ont peur du contrôle. Un enseignant va corriger des fautes et se dira que les gens vont penser qu'il n'est pas un bon enseignant parce que ses élèves ont publié des fautes. Et pourtant, ce qui a été publié n'a pas rapport à l'enseignant. C'est plutôt le niveau auquel l'élève est rendu. Notre travail est maintenant de prendre l'élève au niveau qu'il est et de le mener à un niveau supérieur.

Je fais des conférences où je montre le texte d'un élève, sans mentionner que l'élève est en deuxième ou troisième année. Quelqu'un va dire que ce n'est pas difficile d'écrire un texte. Mais quand je dis que c'est un élève de deuxième année qui a écrit ce texte, les gens changent de perception. Il faut donc mener l'élève à un autre niveau. Apprendre à écrire.

Comme je l'ai dit tout à l'heure, le programme d'études au Nouveau-Brunswick est le même, que ce soit en deuxième ou huitième année, avec des niveaux différents. C'est une façon, pour les enseignants, de marteler le fait de l'importance d'apprendre, par exemple, les règles de grammaire.

Le sénateur Segal : À votre école, préparez-vous les jeunes à être capables de faire des distinctions entre les différentes sources trouvées sur le Web en leur montrant que certaines sources sont valables et d'autres ne le sont peut-être pas autant et n'ont aucune base factuelle? Les guidez-vous afin qu'ils soient en mesure de saisir les nuances entre ces sources et éviter qu'ils ne se fassent berner?

M. Gauvin : C'est un processus. Ce n'est pas aussi simple que cela. L'éducation média doit se faire dans un contexte d'apprentissage, on éduque les jeunes par rapport aux textes. Il y a, par exemple, certains sites Web qui contiennent des informations fictives, qui n'ont aucun sens. On peut amener les jeunes à faire une recherche vers ce site Web. Mais je vous dirais que beaucoup d'adultes ne sont pas confortables de faire cet exercice parce qu'on ne l'a pas fait avec eux.

Je vous parlais plus tôt de contrôle, de prendre le risque. Il y a des enseignants qui ne veulent pas se rendre là parce qu'ils ont justement peur de tomber dans un piège et de voir des choses qui ne sont pas appropriées pour des salles de classe. Il ne faut pas se mettre dans le trouble. Il y a beaucoup de travail à faire avec les adultes.

M. Laberge : Pour ce qui est du point de vue de l'éducation aux adultes, au niveau collégial et dans notre population, ce sont des adultes qui veulent le plus souvent se former pour se trouver un emploi ou un meilleur emploi. Ils ont un objectif très pratique par rapport à ce qu'ils veulent faire. Et la façon dont on le fait pour eux est un moyen pour atteindre cet objectif.

Les gens doivent avoir un certain niveau de compétence selon le niveau de la formation qu'ils veulent suivre et ils vont travailler pour l'atteindre. On a des gens qui ont commencé par des programmes d'alphabétisation, ils sont passés par le certificat d'études générales et se sont inscrits dans des programmes de niveau collégial.

Mais ce qu'on remarque avec l'utilisation des médias sociaux, c'est que les gens écrivent davantage. Par exemple, il y a le programme Jeunes au Travail; ce sont des jeunes qui ont de la difficulté à se trouver un emploi. Ils ont peut-être eu des parcours un peu difficiles dans leur vie. Certains n'écrivaient pas beaucoup. On a développé une page Facebook pour ce groupe et on constate qu'ils la consultent régulièrement et s'envoient des messages les uns aux autres comme par exemple « j'ai trouvé un emploi, va voir à tel endroit, peut-être que tu peux en trouver un toi aussi ». C'est très court comme phrase, ce n'est pas une grande dissertation, mais on voit qu'ils écrivent plus qu'ils écrivaient. C'est un moyen pratique de communication.

Chose surprenante, de l'autre côté de la médaille, on fait de la recherche appliquée. On vient de compléter une analyse des besoins des femmes immigrantes en matière de compétences essentielles et d'alphabétisation familiale. Un des chercheurs principaux de cette analyse est le Dr Bassirou Diene. À la fin de l'étude, on remarque qu'environ 20 p. 100 des références sont des références papier. Le reste des références ont été prises sur Internet.

Le sénateur Segal : Je veux féliciter nos deux témoins pour le travail énorme qu'ils font pour les jeunes et les adultes. Quelle serait la recommandation la plus profitable que notre comité pourrait faire au gouvernement fédéral, que ce soit un changement, une addition à un programme, un remaniement de quelque chose qui vous aiderait d'une façon pragmatique dans vos devoirs et activités? À votre avis, quelle serait la chose primordiale que nous pourrions recommander d'une façon positive au niveau de votre travail?

M. Laberge : C'est toujours la même réponse. Je crois qu'il est important pour nous d'avoir un financement stable et continu. Il est important d'avoir un financement souple, qui reconnaît les changements dans les modalités d'apprentissage. Cela nous permettrait de nous procurer des infrastructures nécessaires et de développer les curriculums et de former des gens pour pouvoir les livrer.

Bien que ce soit une responsabilité provinciale, je crois que le gouvernement fédéral a un mot à dire. Je pense aussi que c'est important dans la même perspective en termes de financement. On a parlé lors d'une autre présentation d'un Fonds interactif du Patrimoine canadien qui a été coupé. Nous allions justement déposer un projet auprès du Fonds interactif. On a un excellent programme d'alphabétisation familiale qui s'appelle Chansons, contes et comptines. Nous avons fait un partenariat avec une des plus grandes compagnies de développement de jeux vidéo au Canada, et ils étaient prêts à travailler avec nous pour prendre notre contenu et développer un genre de jeu interactif accessible à tout le monde. On l'avait déposé au sein de ce programme qui a malheureusement été coupé. Je crois que ce type d'imagination et de souplesse est important. On doit penser à l'avenir. On ne sait pas dans 30, 40 ans quels seront les types d'emplois qu'on aura, mais on doit se préparer en fonction de cela.

M. Gauvin : Vous avez fait des choses, vous faites des choses et vous pourriez faire des choses. En 2003, notre école a reçu un prix d'Industrie Canada pour joindre les rangs du réseau des écoles innovatrices avec Industrie Canada. On était la seule école francophone de l'Est du Canada à faire partie de ce réseau. Cela nous a donné des moyens financiers non négligeables pour une petite école.

Au-delà de l'argent, il y a la reconnaissance de ce qu'on fait, la reconnaissance qu'on était sur la bonne voie et que cela attirait l'attention. De ce côté, cela va bien.

On a un partenariat avec le Conseil national de recherche Canada. En 2004, on voulait faire du blogue scolaire. Cela fait presque dix ans qu'on a un blogue à l'école alors qu'à cette époque, cela n'existait pas. Je connaissais une école au Québec, mais pour avoir les services de blogue, il fallait le créer. J'ai pris ma voiture, je suis allé à Moncton au Conseil national de recherche rencontrer un ami, Sébastien Paquet, avec qui j'ai développé une plate-forme à partir d'une page blanche. Ce partenariat n'aurait pas été possible avec mon district scolaire ou ma province parce que ces gens n'avaient pas les infrastructures ou les connaissances.

Ce qui pourrait continuer à nous encourager, c'est vraiment de reconnaître les gens qui pensent en dehors de la boîte. Souvent, on récompense beaucoup les gens qui sont traditionnels et qui ont des résultats.

À la deuxième question posée au sujet des résultats mesurables, je répondrais non, on n'a pas de résultats mesurables qui démontrent qu'utiliser un livre est une bonne chose. C'est souvent une question facile qui fait que si on a des résultats, de l'argent sera donné en conséquence. Les jeunes font beaucoup de choses qui ne sont pas mesurables et qu'il ne faut pas négliger. Tous mes élèves de septième et huitième années ont des portables. Cela n'a pas augmenté les résultats mathématiques radicalement, mais mes jeunes font des choses qui ne sont pas mesurées aussi.

Le sénateur Poirier : Vous êtes une petite école du Nouveau-Brunswick de la première à la huitième année. Qui a-t-il de différent entre votre mission ou votre école et ma petite école à Saint-Louis-de-Kent au Nouveau-Brunswick de la première à la huitième année?

M. Gauvin : C'est difficile pour moi d'expliquer exactement parce que je n'étais pas là lorsqu'on a eu l'idée de cette école. Je sais que les gens à l'origine avaient l'idée d'avoir une école nouvelle avec ce qu'on appelait un peu tout ce qui vient des États-Unis, avec les learning centers. C'est la raison pour laquelle notre école est un centre d'apprentissage. On voulait avoir une façon différente d'offrir les services d'éducation. Sauf que c'est une école publique normale et évidemment, les grandes idées se sont buttées à des bâtons dans les roues dans les structures, le syndicat, le patronat, et cetera. C'est devenu tout simplement une école. Sauf qu'on a eu la chance de se doter d'une mission avec un volet technologique. Dans notre école, ce n'est pas les sports — on en fait quand même — mais c'est le volet technologique qui était important.

Les membres de notre personnel, nos élèves, notre communauté, sans trop savoir où on s'en allait avec cela — c'est un peu comme un voyage — se sont donnés pour mission de développer cette composante technologique. Donc toutes les écoles pourraient se donner une mission comme ça. Une fois qu'on s'est doté d'une mission, ce qui est plaisant, c'est que lorsqu'on approche des gens pour créer des partenariats, on peut dire que dans notre mission d'école, on veut promouvoir le volet technologie et on leur demande de nous aider. La mission a été, je parle pour moi, à la base de tout.

Le sénateur Poirier : Si j'ai bien compris, vous suivez les curriculums du ministère de l'Éducation du Nouveau-Brunswick.

M. Gauvin : On n'a pas le choix.

Le sénateur Poirier : Comme toutes les autres écoles?

M. Gauvin : C'est ça, oui.

Le sénateur Poirier : Et vos enseignants font partie du personnel du ministère de l'Éducation comme tous les autres enseignants de la province?

M. Gauvin : L'école publique normale, oui.

Le sénateur Poirier : Est-ce qu'on vous a ciblé pour être un projet pilote?

M. Gauvin : À l'origine, oui. À l'origine, c'était de faire une école différente. Mais ce qui est arrivé avec le temps, c'est que les réalités ont réapparu. Pour ce qui est des enseignants, de l'ancienneté, ils ont dû embaucher des enseignants qui avaient de l'ancienneté au niveau du district et pas seulement les enseignants qui voulaient faire de la technologie.

Mon travail de direction est de m'assurer que les gens qui travaillent dans l'école se dotent d'un plan de croissance personnel en technologie. J'accepte que tous mes enseignants ne soient pas au même niveau. Il y a de nouveaux enseignants qui arrivent de l'université avec des idées différentes et d'autres qui ont plus d'expérience et qui essaient des choses. Mais c'est vraiment la culture organisationnelle de l'école qui permet cette prise de risque. Dire aux enseignants qu'on ne peut pas tout faire, mais on peut tous faire quelque chose. C'est quoi votre projet cette année?

Le sénateur Poirier : Est-ce que ce projet pilote a été mis sur pied par la province ou par le district scolaire local ou par vous-même?

M. Gauvin : Je n'étais pas là à ce moment-là, ce n'est sûrement pas de moi. Je crois que c'est une initiative locale au niveau du district scolaire. On a voulu faire différent et on s'est rendu compte que la route pour s'y rendre était longue. Ce n'est pas aussi simple que de dire, demain matin, on va acheter des ordinateurs à tous les élèves. Si c'était si simple, on le ferait déjà.

Le sénateur Poirier : À vous entendre, le projet pilote a été une réussite. À quel point vont-ils élargir le projet pilote à la grandeur du Nouveau-Brunswick pour commencer et ailleurs par la suite? Y a-t-il des pourparlers qui se font pour l'expansion de vos idées et de votre manière d'enseigner?

M. Gauvin : Venir à notre école fait deux choses : un enseignant va en ressortir et se dira qu'il veut essayer plein de choses et cela fait peur aussi. Je crois que les méthodes utilisées font parfois peur aux gens. Certains ne seraient pas prêts à donner la liberté aux élèves d'aller sur Google pour faire une recherche.

Je dis souvent à la blague à des élèves à qui j'enseignais l'astronomie, la science et je me suis aperçu que Vénus n'était pas seulement une planète. Sur Google, on voit plein de choses, sauf qu'il faut éduquer nos élèves. Si nous ne le faisons pas à l'école, les élèves vont quand même aller sur Google en dehors des heures de classe et c'est là qu'ils vont peut-être se mettre dans le trouble. Il faut avoir cette approche; aller sur Internet est aussi important qu'apprendre à traverser la rue par exemple. On le fait avec nos enfants. On leur montre comment traverser la rue. Avec des choses comme Facebook, des fois on est fâché ou surpris que les jeunes se mettent dans le trouble, mais est-ce qu'on a pris vraiment le temps de leur montrer comment éviter les pièges? On devra le faire et en tant qu'adulte, je connais plein de gens qui disent qu'ils ne vont pas sur Facebook parce qu'ils n'ont pas le temps et qu'ils ne comprennent pas. Je suis d'accord sauf que nos jeunes y vont et on doit se créer l'obligation de voir ce qui s'y passe parce qu'ils vont y aller de toute façon.

Le sénateur Poirier : Vous êtes la seule école des provinces de l'Atlantique qui fait partie d'Industrie Canada. Pouvez-vous me parler de ce réseau? Pourquoi en faites-vous partie? Pourquoi êtes-vous la seule école des provinces de l'Atlantique à en faire partie?

M. Gauvin : C'est le réseau des écoles innovatrices d'Industrie Canada. Ce réseau n'existe plus maintenant. Le financement a été arrêté depuis 2004, 2005. On est la seule école à l'avoir eu parce qu'on est probablement la seule école à avoir posé sa candidature. Le processus de sélection est très compliqué.

La première année nous avons fait une demande et on a été refusé. Mais on s'est retroussé les marches et on a travaillé beaucoup plus fort, et la deuxième année notre candidature a été retenue. C'est souvent juste le processus qui est décourageant pour plusieurs.

Je dois dire aussi que les francophones ont peut-être un retard au niveau de l'utilisation des nouvelles technologies, peut-être parce qu'elles sont pensées à la base en anglais. On a du rattrapage à faire à ce point de vue. Sauf qu'il y a de belles initiatives.

Tout à l'heure, je disais qu'il faut, je ne veux pas dire récompenser en donnant un prix ou de l'argent, mais je crois qu'il faut souligner. Une des raisons pour lesquelles j'ai accepté de venir ici aujourd'hui, c'est que je crois que cela donne le message aux gens dans notre communauté que si Roberto va à Ottawa parler de ce qu'on fait, on doit être sur la bonne voie. Je ne rate jamais une occasion pour venir parler en bien de ce qu'on fait parce que, justement, je veux éduquer les gens par rapport à ce qu'on fait et ce qui est nouveau. Il s'agit de changements et souvent la question est : je ne suis pas certain que j'aimerais que mes élèves le fassent. On a peur de perdre le contrôle avec nos élèves, on a peur que les élèves jouent des jeux pendant notre classe de français par exemple.

Le sénateur Poirier : Pour terminer, j'aimerais vous féliciter pour tout ce que vous faites.

M. Gauvin : Merci.

Sénateur De Bané : Monsieur Laberge, si on regarde le corps professoral que vous avez pour tous ces cours, où est la ligne de démarcation entre les professeurs qui ont du talent pour enseigner avec ces nouvelles méthodes et les autres? Je présume que les jeunes professeurs s'ouvrent à ces techniques, mais il doit y avoir des professeurs plus âgés qui y sont plutôt réfractaires. Parlez-moi de cela.

M. Laberge : Vous avez tout à fait raison. Je suis probablement parmi les plus âgés qui ne maîtrisent pas la technologie. Mon consultant en médias sociaux, c'est mon fils de 18 ans. Je crois que vous avez entièrement raison, mais il ne faut pas généraliser quand même.

Ce qu'on a constaté jusqu'à maintenant, c'est qu'on a besoin d'un appui à plusieurs niveaux pour l'utilisation et l'exploitation de ce moyen d'apprentissage. Les apprenants ont besoin d'un appui parce qu'eux-mêmes ne maîtrisent pas la technologie, pour pouvoir bien l'utiliser, et quand ils se sentent à l'aise, à ce moment-là, l'apprentissage s'accélère. C'est la même chose avec nos formateurs et formatrices, ils ont besoin d'un appui. Cela peut passer par la formation, mais aussi par un appui ponctuel pour qu'ils apprivoisent cette nouvelle technologie.

Sénateur De Bané : Monsieur Gauvin, parlez-moi des limites et des dangers de cette nouvelle façon d'enseigner. Considérant mon âge, quand j'ai fait mes études, ces choses n'existaient pas, mais si vous me demandez aujourd'hui, à l'âge que j'ai, à travers tous les gens que j'ai rencontrés dans ma vie, quel est celui qui m'a le plus influencé, je vous dirais, de tous les gens que j'ai rencontrés dans ma vie, une des personnes capitales, c'est un professeur que j'ai eu quand j'avais 14 ans. J'ai donc peine à croire qu'en jouant avec l'informatique, on va trouver un site sur Internet qui va nous inspirer, nous amener à nous dépasser comme tel professeur qu'on a eu à un moment donné, puis qui nous a regardés dans les yeux et a dit : « Toi, tu peux faire beaucoup mieux que cela. » Qu'est-ce que vous pouvez me dire là-dessus? Dans quelle mesure finalement ces techniques peuvent-elles suppléer à l'élan qu'un professeur ou un éducateur peut donner à un élève?

M. Gauvin : En écoutant la question, il me revient l'image d'un élève de mon école qui s'appelle Keith, qui est dyslexique. Il n'est plus à notre école actuellement. Il ne pouvait pas écrire à la main, mais avec l'ordinateur, il nous produisait des histoires fabuleuses, incroyables. Donc, le mot n'est pas de jouer avec ces nouvelles technologies, le mot c'est d'utiliser les technologies de façon constructive pour justement amener plus de jeunes à pouvoir créer du contenu.

Par exemple, lorsque le texte d'un élève est complètement barbouillé de rouge après la correction du professeur et qu'on lui demande une copie au propre, que déjà l'activité d'écrire est compliquée pour lui, et qu'il peut juste aller sur l'ordinateur, corriger les erreurs et imprimer de nouveau, on voit de petits miracles. Ce qui a changé c'est qu'on veut la réussite de tous les élèves. Dans notre classe, en tout cas au Nouveau-Brunwick, on a l'inclusion scolaire, donc on a tous les élèves. Il y a des élèves qui ont des problèmes à écrire leurs textes à la main. Ce n'est pas la même chose pour tout le monde. Je pense à un enseignant qui donne un projet ou une feuille de route aux élèves et que l'élève peut choisir l'outil pour faire le travail demandé.

Sénateur De Bané : Dans ma province, au Québec, dans les années 1970 à 1980, la grande règle, c'était : ils ne savent pas écrire, d'accord, mais laissons-les s'exprimer. Et pendant une dizaine d'années, je crois qu'ils n'ont pas ouvert un livre de grammaire. On disait : il faut qu'ils s'expriment. On s'est rendu compte à un moment donné que c'était grave. Il faut que les jeunes apprennent les conjugaisons et les règles de syntaxe.

Dans quelle mesure le fait d'avoir ces outils va réellement permettre à chacun de ces 30, 40 enfants dans la classe de tout comprendre? Cette présentation est uniforme, univoque, le professeur qui est en avant d'une salle, quand les étudiants n'ont pas compris ce que le professeur vient d'expliquer, il le voit dans leurs yeux et il recommence. Tandis que sur le moniteur de l'ordinateur, le texte est là, dans quelle mesure l'étudiant a compris, dans quelle mesure ce qu'il y a là est compréhensible?

Je vous donne un exemple très simple : je paie ma facture de téléphone sur Internet, mais tous les deux ou trois mois, la compagnie de téléphone change le site. Ils ont les plus grands designers qui existent, mais ils se rendent compte que le monde n'arrive pas à comprendre la façon dont ils ont organisé leur site et ils recommencent. Pourquoi? Parce qu'ils se rendent compte que cela ne passe pas. Un cours donné, comme disait M. Laberge, par télédistance, ou je ne sais pas quoi, dans quelle mesure est-ce aussi efficace que le professeur en chair et en os qui explique quelque chose et, si l'élève ne comprend pas, il recommence et il voit sur son visage ce que l'élève n'a pas compris? Je suis peut-être trop vieux, de là ma difficulté à le comprendre?

M. Gauvin : La méthode dont vous avez bénéficié fonctionne très bien avec les groupes homogènes, qui ont à peu près les mêmes habiletés, qui sont à peu près au même niveau et qu'on accompagne à un autre niveau. La réalité dans les classes des écoles publiques, c'est qu'on a des groupes tellement diversifiés, tellement hétérogènes, cela fait en sorte qu'on doit être capable de capter l'attention. Puis je ne veux pas dire « donner un spectacle pour les garder occupés », je veux dire « répondre à leurs besoins ». Dans nos classes, on a des réalités qui font que les jeunes ont des besoins différents.

Je parlais justement, plus tôt, d'une feuille de route; c'est une stratégie pour aller rejoindre plus d'élèves. Par exemple, je me souviens qu'au début de l'ère des blogues, les gens disaient que cela allait isoler les enfants devant leur écran, mais c'est complètement le contraire qui s'est produit.

L'autre jour, je me promenais dans l'école et j'ai croisé un élève qui était allé à Québec la fin de semaine précédente, visiter l'aquarium, et j'ai échangé sur ce sujet avec lui. Je sais ce qui se passe dans la vie de mes élèves, parce que je peux aller les lire et leur laisser des commentaires. Les blogues ont provoqué cette ouverture, cette autre dimension.

Le sénateur Comeau : Je serai bref. M. Gauvin a mentionné le fait qu'on mettait en garde les jeunes en leur disant de ne pas se fier complètement à ce qu'ils lisent sur certains sites Web.

Monsieur Laberge, faites-vous ce genre de mise en garde? Par exemple, leur dites-vous qu'ils ne peuvent pas complètement se fier à Wikipedia comme il était possible de le faire dans le passé, avec le contenu des documents qui étaient doublement vérifiés?

Maintenant avec Wikipedia, c'est un peu plus suspect. Les journalistes créent des journaux qui ne sont pas du même calibre que ceux auxquels nous sommes habitués. Il y a même des gens qui publient des articles et des documents sans même en identifier la source. On est en train de créer une société qui se fie sur de l'information qui n'est pas nécessairement validée. Est-ce que vous faites des mises en garde à vos étudiants à ce sujet?

M. Laberge : C'est une très bonne question. Il y a deux parties à la réponse. D'abord, comme je le disais tantôt, nos étudiants s'enlignent vers un objectif très spécifique. Donc très souvent, leur formation est rattachée à des compétences très spécifiques de leur futur métier ou quoi que ce soit. On ne dévie pas beaucoup de ces éléments.

Par contre, de façon plus générale, je partage votre souci par rapport à tout cela. Quand je vois mon fils qui utilise ces sources d'information, je me pose la même question. Je crois que ce qu'il faut développer chez les gens, c'est la réflexion critique par rapport à ce qu'ils lisent.

Et comme n'importe quelle personne qui fait une analyse scientifique, ils iront vérifier via d'autres sources pour voir si l'information qu'ils ont obtenue est crédible ou si elle est reproduite ailleurs.

La présidente : Messieurs, au nom des membres du comité, je vous remercie très sincèrement d'être venus répondre aux multiples questions qui vous ont été posées. Honorables sénateurs, je vous remercie de votre collaboration. La réunion a été longue mais nous prenons les bouchées doubles parce que nous arrivons à la fin juin.

La semaine prochaine le comité entendra un seul groupe de témoins, soit des représentants de la Fédération canadienne des enseignants et enseignantes et de la Commission nationale des parents francophones.

Sur ce, merci beaucoup. La séance est levée.

(La séance est levée.)


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