LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DE L’AGRICULTURE ET DES FORÊTS
TÉMOIGNAGES
OTTAWA, le mardi 22 octobre 2024
Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts se réunit aujourd’hui, à 18 h 30 (HE), avec vidéoconférence, afin d’examiner pour en faire rapport le problème grandissant des feux de forêt au Canada et les effets que les feux de forêt ont sur les industries de la foresterie et de l’agriculture, ainsi que sur les communautés rurales et autochtones, à l’échelle du pays.
La sénatrice Paula Simons (vice-présidente) occupe le fauteuil.
[Traduction]
La vice-présidente : Bonjour à tous. Avant de commencer, j’aimerais demander à tous les sénateurs et aux autres participants en personne de consulter les cartes sur la table pour obtenir des directives visant à empêcher les rétroactions acoustiques.
Veuillez noter les importantes mesures de prévention en place pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris nos interprètes qui travaillent fort. Si possible, assurez‑vous d’être assis de manière à augmenter la distance entre les microphones. N’utilisez que les oreillettes noires approuvées; les anciennes oreillettes grises ne doivent plus être utilisées. Veuillez tenir votre oreillette loin de tous les microphones en tout temps. Lorsque vous n’utilisez pas votre oreillette, placez‑la face contre le bas sur l’autocollant situé sur la table à cette fin. Je vous remercie tous de votre coopération.
Pour commencer, j’aimerais souhaiter la bienvenue aux membres du comité, à nos témoins ainsi qu’aux personnes qui observent les délibérations sur le Web.
[Français]
Bienvenue à tous, ainsi qu’à tous les Canadiens qui nous regardent sur sencanada.ca.
[Traduction]
Je m’appelle Paula Simons, et je suis sénatrice de l’Alberta. Je viens du territoire visé par le Traité no 6 et je suis vice-présidente du comité. J’aimerais commencer par inviter mes collègues du Sénat à se présenter.
La sénatrice Muggli : Tracy Muggli, de la Saskatchewan.
Le sénateur McNair : John McNair, du Nouveau-Brunswick.
[Français]
Le sénateur Dalphond : Pierre J. Dalphond, division De Lorimier, au Québec. Bonsoir.
[Traduction]
Le sénateur Klyne : Bienvenue. Marty Klyne, de la Saskatchewan, territoire visé par le Traité no 4.
La sénatrice Sorensen : Karen Sorensen, de l’Alberta, territoire visé par le Traité no 7.
[Français]
La sénatrice Petitclerc : Chantal Petitclerc, du Québec.
[Traduction]
La sénatrice McBean : Marnie McBean, de l’Ontario.
La sénatrice Marshall : Elizabeth Marshall, de Terre-Neuve-et-Labrador.
Le sénateur Richards : David Richards, du Nouveau-Brunswick.
La vice-présidente : Avant de présenter nos témoins, j’aimerais également reconnaître que nous recevons aujourd’hui dans la salle un invité spécial, le maire Richard Ireland, de la ville de Jasper, en Alberta, située dans le parc national Jasper. Il était ici aujourd’hui en visite avec la sénatrice Sorensen, et je suis très heureuse de l’accueillir dans la salle. Il sera de retour devant nous comme témoin, je pense, mais sous une forme désincarnée.
Aujourd’hui, nous recevons Doris Fortin, directrice générale, Direction des politiques, de la planification et des partenariats, Service météorologique du Canada; et Nathan Gillet, chercheur scientifique, Centre canadien de la modélisation et de l’analyse climatique, Direction générale des sciences et de la technologie, qui se joint à nous par vidéoconférence, tous deux d’Environnement et Changement climatique Canada, ou ECCC.
Nous accueillons Matt Jones, sous-ministre adjoint, Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs, de Santé Canada.
Nous recevons Andrew Campbell, vice-président principal des opérations; et Darlene Upton, vice-présidente, Établissement et conservation des aires protégées, de Parcs Canada.
Bienvenue, et merci à tous d’être avec nous. Vous aurez chacun cinq minutes pour présenter votre exposé. Je vous ferai signe qu’il vous reste peu de temps en levant une main lorsqu’il vous restera une minute, et je lèverai les deux mains lorsqu’il n’y aura plus de temps.
Doris Fortin, directrice générale, Direction des politiques, de la planification et des partenariats, Service météorologique du Canada, Environnement et Changement climatique Canada : Merci, madame la présidente, et merci aux autres membres du comité. Mon collègue et moi sommes honorés d’être ici aujourd’hui pour nous adresser à vous dans le cadre de votre étude qui examine le problème grandissant des feux de forêt au Canada et leurs effets dévastateurs.
[Français]
Au cours des deux dernières années, les Canadiens et Canadiennes ont tous fait l’expérience des effets dévastateurs des incendies de forêt, soit de façon directe, parce qu’ils étaient sur le chemin d’un incendie, soit par le biais de la fumée produite par ces feux.
Les conditions météorologiques qui sont propices aux feux de forêt sont exacerbées par les changements climatiques.
[Traduction]
En 2023, le Canada a connu la saison de feux de forêt la plus grave jamais enregistrée à ce jour. On estime que 15 millions d’hectares de terre ont été brûlés. Pendant certaines périodes — je pense que nous le savons tous —, la fumée provenant de ces incendies a recouvert la plus grande partie du pays et du Nord et Nord-Est des États-Unis, atteignant même l’Europe. Cette situation a dépassé les normes de santé en matière de qualité de l’air dans l’ensemble du pays et au-delà. Votre étude actuelle est importante pour nous aider à mieux préparer les autorités canadiennes, l’industrie et les citoyens à faire face à des incendies de forêt plus fréquents dans l’avenir.
[Français]
Malheureusement, l’année 2024 n’a pas été plus facile pour les Canadiens. En ce moment, près de 300 feux de forêt sont encore actifs, et on estime que 5,3 millions d’hectares ont brûlé, ce qui a eu un impact important sur de nombreuses communautés.
La ville de Jasper, en Alberta, un joyau du patrimoine canadien, a été ravagée par un feu de forêt qui a détruit et endommagé jusqu’à 30 % de ses structures; les premières estimations font état de plus de 882 millions de dollars en pertes assurées.
[Traduction]
Avant et pendant ces récentes saisons de feux de forêt, Environnement et Changement climatique Canada a généré des prédictions, des perspectives saisonnières et des conditions météorologiques et fourni une expertise clé, des modélisations et des prévisions pour soutenir l’état de préparation et les interventions liées aux incendies de forêt ainsi qu’à d’autres conditions météorologiques extrêmes. ECCC fournit des services de prévisions météorologiques au Centre des opérations du gouvernement de la Sécurité publique et d’autres partenaires, dont des homologues provinciaux et territoriaux et des organisations de gestion des urgences, au moyen de la collaboration régulière de nos météorologues.
[Français]
Ces experts fournissent régulièrement de l’information aux médias et au public et ils interagissent fréquemment avec les organisations de santé publique et de gestion des urgences pour fournir des prévisions de la température, des précipitations, des vents, de la qualité de l’air et des trajectoires de la fumée, et pour identifier leurs impacts potentiels afin d’aider à la prise de décision en temps réel.
[Traduction]
Nos experts ont également collaboré à l’intervention d’urgence, comme en 2023, lorsque les services météorologiques d’ECCC ont fourni des renseignements essentiels appuyant la décision d’évacuer plusieurs villes du pays. Par exemple, à Yellowknife, la fourniture de prévisions météorologiques rapides et précises, ainsi qu’une modélisation de haute résolution de la dispersion de la fumée ont été utilisées afin de permettre la détermination claire d’une fenêtre d’évacuation très étroite, mais sécuritaire, qui était primordiale pour évacuer la ville en toute sécurité. Ultérieurement, les mêmes compétences ont été utilisées par les météorologues pour fournir des renseignements qui ont permis un retour sécuritaire dans les villes évacuées.
L’augmentation de la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes est attribuable au changement climatique. Cela souligne le rôle vital que joue Environnement et Changement climatique Canada pour prédire ces événements et, par ricochet, gérer les effets de contagion de ces phénomènes sur les collectivités et les Canadiens, de la chaleur à la sécheresse en passant par les incendies de forêt, par exemple.
[Français]
Le rôle d’Environnement et Changement climatique Canada est mis à levier par plusieurs autres ministères fédéraux, comme Ressources naturelles Canada et Agriculture et Agroalimentaire Canada, qui reprennent les sorties de nos modèles et les utilisent dans l’indice Forêt-Météo (IFM) et dans l’Outil de surveillance des sécheresses au Canada, respectivement.
[Traduction]
L’intervention en cas de feux de forêt fait également appel à nos experts pour modéliser et prévoir les conditions afin d’assurer la protection des premiers répondants sur le terrain et de générer les prévisions en matière de qualité de l’air et de santé de manière à assurer la santé des Canadiens au pays et au-delà. ECCC, en collaboration avec d’autres partenaires, continuera de fournir ces renseignements essentiels durant les incendies de forêt et d’autres phénomènes météorologiques violents tout en continuant d’apporter un soutien en matière de décision et d’intervention pour protéger les intervenants de première ligne. Nous avons aussi récemment réalisé d’importants travaux sur la science de l’attribution afin de déterminer à quelle fréquence ces phénomènes pourraient survenir et leurs liens avec le changement climatique.
Nous souhaitons saluer les efforts dévoués du comité pour étudier la portée et les effets de plus en plus importants des incendies de forêt au Canada.
[Français]
Mon collègue et moi serons heureux de répondre à vos questions ce soir.
Matt Jones, sous-ministre adjoint, Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs, Santé Canada : Madame la présidente, honorables sénateurs, je vous remercie de m’avoir invité à discuter des effets des feux de forêt sur la santé des Canadiens. Je suis heureux de me joindre à vous aujourd’hui sur le territoire traditionnel non cédé de la nation algonquine anishinabe.
[Traduction]
Je suis le sous-ministre adjoint de la Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs à santé Canada. Nos rôles sont nombreux, et nos équipes se concentrent sur de nombreux dossiers différents où l’environnement a une incidence sur la santé humaine, et cela comprend une équipe dédiée à la qualité de l’air qui est très occupée par les incendies de forêt en particulier.
Le climat mondial contribue au changement, et nous faisons l’expérience de ces effets actuellement. On sait depuis longtemps que les hausses de température augmentent la fréquence, la durée et l’intensité des incendies de forêt.
À cette augmentation de l’activité des feux de forêt est associée une augmentation correspondante des risques pour la santé humaine. Nous avons évidemment observé ce phénomène l’an dernier, avec la saison sans précédent des incendies de forêt de 2023, où la fumée des feux de forêt a eu des effets sur des régions du pays qui n’étaient traditionnellement ou historiquement pas touchées. Bien qu’elle n’ait pas été aussi grave dans l’Est du Canada, la saison des feux de forêt de l’été dernier a tout de même nécessité de multiples évacuations des collectivités et contribué à propager la fumée, particulièrement dans le Centre et dans l’Ouest du Canada, sans mentionner les effets dévastateurs sur le parc national Jasper et le village.
Les feux de forêt peuvent produire une gamme d’effets sur la santé humaine, tout ce qui va de la menace directe du feu lui-même à l’effet de l’inhalation de la fumée des feux de forêt qui, en particulier, peut être assez important, ainsi que les effets sur la santé mentale des feux de forêt, de la fumée et des évacuations là où elles se produisent.
Les polluants nocifs de la fumée causée par les feux de forêt peuvent parcourir des milliers de kilomètres et, en plus des effets à court terme sur la santé, peuvent entraîner des effets à long terme sur la santé. La fumée des feux de forêt peut causer un éventail de symptômes et d’effets légers, comme des maux de tête et de la toux, mais les particules fines qui se trouvent dans la fumée des feux de forêt peuvent pénétrer dans nos poumons, ce qui peut entraîner des conséquences graves, dont des crises d’asthme. Cela est étroitement lié à un éventail de troubles cardiovasculaires, y compris les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et les troubles respiratoires. De plus, des segments de la population sont, bien sûr, plus gravement touchés par la fumée des feux de forêt, notamment les enfants, les personnes âgées, les personnes qui passent plus de temps à l’extérieur et les personnes qui ont des troubles respiratoires préexistants, lesquels sont nombreux.
Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada travaillent avec de nombreux autres ministères fédéraux, ainsi qu’avec des partenaires de santé provinciaux, territoriaux, municipaux et publics, pour réduire les risques pour la population canadienne causés par les incendies de forêt et la fumée des feux de forêt en particulier. Ces efforts supposent de fournir au public des renseignements, des conseils et des orientations à l’aide de nombreux canaux, dont des ressources en ligne et la Cote air santé. Si vous avez regardé les renseignements sur la qualité de l’air sur une application météo sur votre téléphone, vous avez accédé à la Cote air santé, qui est un projet conjoint avec nos collègues d’Environnement Canada.
La Cote air santé offre des conseils au grand public et aux personnes les plus à risque quant à la façon de réduire au minimum l’exposition à la fumée et de gérer leur comportement dans des périodes de pollution atmosphérique élevée.
En outre, le Portefeuille de la santé joue un rôle pour aider les administrations à établir et à gérer des espaces antifumée à l’aide d’un certain nombre de moyens, dont la fourniture de conseils techniques, d’une expertise et d’orientations.
Le Portefeuille de la santé aide les partenaires provinciaux, territoriaux et fédéraux à intervenir en cas de feu de forêt. L’Agence de la santé publique du Canada fournit aux provinces et aux territoires un soutien en santé publique 24 heures sur 24, sept jours sur sept dans les situations d’urgence et répond à toutes leurs demandes. De plus, la Réserve nationale stratégique d’urgence de l’agence, ou RNSU, contient de l’équipement auquel les provinces et les territoires peuvent accéder sur demande dans les situations d’urgence, comme les phénomènes météorologiques extrêmes. Les équipements, dans le contexte des feux de forêt, ont été mis à leur disposition, grâce à un certain nombre de canaux, d’organisations non gouvernementales et directement à celle de nos homologues provinciaux.
En résumé, le Portefeuille de la santé s’efforce d’appuyer la réponse du gouvernement du Canada aux feux de forêt de plusieurs façons, en mettant l’accent, bien sûr, sur la santé et le bien-être des humains. Nous travaillons avec nos partenaires et prévoyons le faire encore longtemps.
La vice-présidente : Merci beaucoup, monsieur Jones.
Madame Upton, voulez-vous dire quelque chose?
Darlene Upton, vice-présidente, Établissement et conservation des aires protégées, Parcs Canada : Je remercie le comité de me donner l’occasion de prendre part à cette importante discussion. Je suis ravie d’être ici avec mon collègue Andrew Campbell. Après ma déclaration, bien sûr, nous serons heureux de répondre à vos questions.
Parcs Canada protège au nom des Canadiens plus de 450 000 kilomètres carrés de terres, d’eau et de glace. Il s’agit de la seule organisation fédérale qui gère les feux de forêt sur le terrain et lutte contre ceux-ci, et ses rôles et ses capacités sont semblables à ceux des organismes provinciaux et territoriaux de lutte contre les feux de forêt. Parcs Canada renforce ses capacités et son expertise en gestion des incendies depuis plusieurs décennies.
Dans le cadre de son Programme national de gestion du feu, Parcs Canada travaille en étroite collaboration avec d’autres ordres de gouvernement à l’élaboration de mesures visant à réduire les risques liés aux feux de forêt, à améliorer la préparation aux situations d’urgence et, au besoin, à fournir du personnel et de l’équipement pour appuyer l’intervention en cas d’incendie de forêt. Comme le comité le sait, la gestion des terres pour la foresterie ou la production agricole relève de la compétence des provinces et des territoires. Parallèlement, les mesures prises pour atténuer les risques et gérer les incendies dans les lieux administrés par Parcs Canada contribuent à la protection des forêts et des terres agricoles à proximité des lieux historiques nationaux, des parcs nationaux et du parc urbain national de la Rouge. Dans le cas des terres agricoles, par exemple, cela comprend des lieux comme le parc national des Prairies en Saskatchewan, le parc national du Mont-Riding au Manitoba, et le parc urbain national de la Rouge en Ontario.
Parcs Canada contribue à la protection des forêts et des terres agricoles d’autres façons beaucoup plus directes. En tant que membre du Centre interservices des feux de forêt du Canada, Parcs Canada collabore avec d’autres organismes canadiens de gestion des incendies pour fournir un soutien aux provinces et aux territoires partout au pays et à l’étranger lorsqu’ils ont besoin d’aide. De plus, Parcs Canada a conclu des ententes avec les provinces, les territoires et certaines municipalités pour aider à réagir rapidement et directement aux feux de forêt à l’extérieur de nos frontières.
Parcs Canada dispose d’un personnel de gestion des feux de végétation professionnel et bien formé partout au pays qui se consacre à la sécurité publique et à l’intendance des lieux administrés par Parcs Canada. Cet effectif national se compose de 300 membres du personnel de gestion des feux de végétation dûment formés, dont des pompiers forestiers, des pompiers de soutien et du personnel de gestion des incidents. En plus de ces ressources humaines, Parcs Canada dispose d’une cache centralisée d’équipement de lutte contre les incendies dans le parc national de Banff. Elle contient un stock complet d’équipement d’extinction et de gestion des incendies prêt à être utilisé et déployé rapidement dans les lieux administrés par Parcs Canada et dans d’autres secteurs où il y a des besoins partout au pays.
Des travaux sur une version nouvelle et améliorée de la cache nationale d’équipement sont en cours. Ils s’inscrivent dans le cadre d’un investissement de plus de 65 millions de dollars que le gouvernement du Canada a réalisé dans notre Programme national de gestion des feux de forêt depuis 2021.
En plus de la cache nationale, de grandes remorques remplies d’équipement de lutte contre les incendies sont déployées à différents endroits d’un bout à l’autre du pays, prêtes à être déployées à un site actif de feu de forêt. Chaque parc national ou lieu historique national présentant un risque d’incendie de forêt dispose d’une cache locale d’équipement.
Les aéronefs sont un outil important dans la lutte contre les feux de forêt — ils participent à l’écopage de l’eau, à la livraison de fournitures à la ligne de feu et à la transmission d’informations tactiques importantes à nos équipes et aux autres premiers intervenants. Parcs Canada dispose de quatre hélicoptères sous contrat à long terme pendant la saison des incendies dans les parcs nationaux de Prince Albert, de Jasper et de Wood Buffalo. Ils sont déployés dans d’autres parcs nationaux au besoin et nous pouvons en louer d’autres au besoin.
L’importance du partage de ces ressources et de la coopération intergouvernementale ne fait aucun doute. L’augmentation de la fréquence et de l’intensité des feux de forêt est l’un des effets les plus dévastateurs des changements climatiques. Nous ressentons ces répercussions en ce moment même. La saison des feux de forêt de 2023 a été sans précédent pour le Canada et pour Parcs Canada. Tout en déployant du personnel et de l’équipement pour soutenir les efforts de lutte contre les feux de forêt en Alberta, au Québec et dans les Territoires du Nord-Ouest en 2023, Parcs Canada a fait face à plus de 100 incendies qui ont brûlé plus d’un million d’hectares de ses territoires.
Jusqu’à présent en 2024, Parcs Canada a comptabilisé environ 90 incendies et 115 000 hectares brûlés dans des parcs nationaux. Cela comprend les feux de forêt dans le parc national de Jasper qui ont entraîné la perte de 30 % de la municipalité de Jasper et d’environ 32 700 hectares de forêt.
De plus, Parcs Canada a déployé du personnel et des ressources à Terre-Neuve-et-Labrador, au Manitoba, en Alberta, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon en 2024, ainsi que des pompiers la semaine dernière pour prêter main-forte au Montana, aux États-Unis.
Parcs Canada continuera de travailler avec ses partenaires pour atténuer les risques pour les collectivités, les infrastructures et d’autres actifs importants, comme les forêts et les terres agricoles dans les lieux qu’il administre et à proximité, et il respectera ses engagements à répondre aux demandes de soutien des provinces et des territoires. Merci, madame la présidente.
La vice-présidente : Merci à tous nos témoins et à tous ceux qui les appuient.
La sénatrice Sorensen : Merci à vous tous d’être ici aujourd’hui. Pour les représentants de Parcs Canada, je vais regrouper deux questions ensemble, ce qui est parfois plus efficace que de poser une question après l’autre.
Encore une fois, il n’est pas surprenant que la saison des feux de forêt de l’Alberta ait commencé plus tôt, duré plus longtemps et touché de plus grandes régions ces dernières années, ce qui a créé une pression importante sur les municipalités et les services d’incendie à l’intérieur et à l’extérieur de l’aire de protection des forêts. Nous avons tous parlé de l’incendie survenu à Jasper, le plus grand incendie de forêt que le parc ait connu depuis plus d’un siècle. Si je ne m’abuse, il y a eu quatre débuts d’incendie à des endroits différents pendant une très courte période.
Je m’en voudrais de ne pas mentionner à nouveau que 20 000 personnes ont été évacuées en cinq heures, ce qui est incroyable, et que 70 % de la ville ont été sauvés. Je veux donner le crédit aux personnes qui ont rendu cela possible. C’est difficile de dire que c’est un succès, mais j’étais à Jasper la semaine dernière, et c’est dévastateur, mais il est aussi vraiment remarquable de constater à quel point la ville se tient encore debout.
Ma première question est la suivante : en gardant cela à l’esprit, pourriez-vous nous en dire plus et nous renseigner sur les stratégies actuelles de Parcs Canada — et cela faisait partie de vos commentaires, madame Upton, comme le programme Intelli-feu et les brûlages dirigés —, alors pourriez-vous nous en dire plus sur les nouveaux projets de réduction des risques d’incendie de forêt dans vos efforts pour prévenir des menaces d’incendie de cette ampleur et vous y préparer? Vous avez parlé de votre version améliorée de la cache d’équipement.
Ma deuxième question est la suivante : comment Parcs Canada conçoit-il et gère-t-il les valeurs à risque qui pourraient être adjacentes aux terres qu’il administre, comme les terres agricoles et les terres forestières?
Mme Upton : Merci.
Je vais commencer par expliquer ce qu’est le Centre interservices des feux de forêt du Canada, ou CIFFC, avec lequel nous avons un accord de fonctionnement. Cette organisation se concentre sur le partage des ressources, l’aide mutuelle et l’échange de renseignements avec les provinces, les territoires et nous-mêmes. Certaines de nos ententes sont des accords de partage d’aide mutuelle pour l’équipement, le personnel et les aéronefs. Une grande partie de l’étape de préparation consiste à nous assurer que ces accords sont en place et que la coordination est optimale.
Dans le cadre des plans de préparation de Parcs Canada, on trouve la Directive nationale sur la gestion du feu, qui met l’accent sur la prévention, la réduction des risques, l’état de préparation, l’intervention et les brûlages dirigés. Tout site qui offre le potentiel d’incendies de forêt doit faire l’objet d’un plan de gestion du feu, puis de plans annuels de prévention et de préparation. Cela nous permet ensuite d’examiner à l’échelle nationale toutes les ressources à notre disposition et de déployer des processus comme les brûlages dirigés.
Je pourrais demander à M. Campbell de parler précisément de Jasper, mais nous disposons d’un robuste programme de brûlages dirigés effectués au printemps et à l’automne de chaque année. Nous en prévoyons le plus possible, mais ils ne peuvent se faire que lorsque les conditions le permettent.
De plus, nous pouvons recourir à l’enlèvement mécanique des arbres à certains endroits dans le cadre du programme Intelli-feu, en plus des coupe-feu dans les collectivités et ainsi de suite. Notre plan comprend un certain nombre de procédures normales d’exploitation mises en place pour faire en sorte que nous puissions parler la même langue. Nous pouvons calculer la superficie brûlée. Nous disposons de pratiques de gestion financière et de toutes ces choses.
Je vais demander à M. Campbell de rajouter quelque chose.
Andrew Campbell, vice-président principal des opérations, Parcs Canada : Je vais ajouter deux petites parties. Je vais commencer par Jasper, puis je parlerai de façon plus générale. Comme Mme Upton l’a dit, d’un bout à l’autre du pays, nous examinons des éléments différents et les valeurs à risque. Ce pourrait être l’agrandissement du réseau de Trans Mountain, ou TMX, et les lignes hydroélectriques d’ATCO qui traversent le milieu du parc de Jasper. Celles-ci seraient protégées tout comme les chemins de fer du CN.
Si vous deviez prendre tout le cœur du centre-ville d’Ottawa, jusqu’au canal Rideau, les plaines LeBreton et l’autoroute, c’est la zone qui est éclaircie et enlevée autour d’un endroit comme Jasper pour faire en sorte que les coupe-feu soient en place. Les routes jouent également ce rôle. Nous n’en parlons pas souvent, mais on fait également le travail d’enlèvement à la main.
Jasper était sans aucun doute le lieu le plus Intelli-feu du pays. Une chose importante que le comité doit examiner est ce qui s’est produit dans un endroit comme Jasper, qui avait des protections. Si vous regardez dans le reste du pays où ce type de protection n’est pas en place, il y a certes d’autres endroits qui sont davantage exposés à un risque.
La vice-présidente : Merci, monsieur Campbell.
[Français]
La sénatrice Petitclerc : Ma question s’adresse à vous, madame Fortin.
Dans votre présentation de départ, vous avez parlé de prévisibilité — ou d’espoir de prévisibilité — et d’un modèle. C’est très intéressant, parce qu’on parle des interventions, du rétablissement et de la prévention. Avec ce qu’on fait comme travail et comme recherche, peut-on espérer qu’on pourra mieux prédire ce genre d’événement, soit les feux de forêt? Y a-t-il un moyen de le faire? Peut-on espérer avoir de meilleures prévisions? Collabore-t-on avec les milieux académiques et universitaires et utilise-t-on les savoirs autochtones? Comment est-ce que cela s’organise et s’articule?
Mme Fortin : Merci beaucoup pour la question. Je vais commencer à répondre et je me tournerai vers mon collègue M. Nathan Gillet pour qu’il ajoute de l’information, car il est à notre Direction générale des sciences et de la technologie.
Comme vous l’avez mentionné, on utilise plusieurs modèles très sophistiqués pour prédire les conditions futures. On utilise les conditions d’aujourd’hui et du passé, on les met dans le modèle et ce dernier nous permet de prédire les conditions futures. On peut le faire pour différents créneaux de temps, c’est‑à‑dire les conditions pour demain ou la semaine prochaine. On est aussi capable de prédire les conditions de façon saisonnière et annuelle. C’est sûrement à ce créneau que vous êtes intéressée pour savoir quels seront les conditions et les risques lors de la prochaine saison. On est déjà en mesure de le faire. On livre des prévisions saisonnières. Pour cet été, on a commencé à donner des prédictions saisonnières. On voyait déjà que les conditions seraient sèches cet hiver et que les températures seraient élevées. On a déjà commencé à prédire qu’il y aurait potentiellement un plus grand risque d’incendies de forêt dans certaines régions. On est capable de le faire d’avance.
Bien entendu, ces découvertes et modèles sont appuyés par une capacité de recherche importante d’Environnement et Changement climatique Canada et du milieu académique canadien et mondial. On continue toujours d’améliorer nos modèles et les différentes variables qui nous permettent de prédire les conditions futures. On collabore étroitement avec le milieu académique canadien et à travers le monde. On participe à des organisations mondiales, comme l’Organisation météorologique mondiale ainsi que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. On met à levier toutes les découvertes scientifiques publiées partout à travers le monde pour améliorer ce qu’on fait par rapport à la prévision. Je vais me tourner maintenant vers mon collègue Nathan Gillet.
Nathan Gillet, chercheur scientifique, Centre canadien de la modélisation et de l’analyse climatique, Direction générale des sciences et de la technologie, Environnement et Changement climatique Canada : Merci beaucoup.
On utilise les modèles climatiques pour simuler le climat futur. On peut utiliser ces simulations pour mieux informer les décisions en matière d’adaptation au changement climatique. Comme Mme Fortin l’a expliqué, on collabore étroitement avec des partenaires académiques et scientifiques dans d’autres ministères, comme Ressources naturelles Canada.
[Traduction]
La vice-présidente : Merci.
La sénatrice Marshall : Parcs Canada, j’aimerais continuer dans la même veine que la sénatrice Sorensen. Pourriez-vous nous dire plus précisément comment les parcs sont gérés pour la prévention des incendies? Y a-t-il des équipes assignées à chaque parc, et font-elles une évaluation annuelle avant la saison des feux? Il est à espérer que, pendant la saison estivale, elles seraient en mesure de mettre en œuvre des mesures de prévention des incendies, puis à l’automne, de retourner évaluer si elles ont fait tout ce qui était en leur pouvoir. À quel point vos procédures de prévention des incendies sont-elles précises?
Je vis dans une région très boisée, et chaque année, quelqu’un vient couper les arbres et brûler des broussailles. Ce ne sont pas des brûlages dirigés, mais bien du brûlage de broussailles. Avez‑vous quelque chose de semblable à Parcs Canada? J’essaie de comprendre à quel point vos procédures sont précises.
Mme Upton : Un parc dispose d’un plan de prévention, qui est assez précis. L’un des objectifs est de déterminer les valeurs à risque dans cette zone particulière, puis les actions se concentrent sur ces valeurs. Si l’une des tactiques qu’ils souhaitent utiliser est un brûlage dirigé, alors ils disposent d’un plan très précis pour ce brûlage qui serait mis en œuvre au printemps ou à l’automne.
Encore une fois, il y a d’autres moyens d’examiner la préparation d’un lieu ou de prévenir un incendie. Le brûlage dirigé est important pour la réduction des risques, mais aussi pour l’intégrité écologique, mais nous pourrions utiliser l’éclaircissement des forêts. Nous évaluerons également tous les coupe-feu naturels comme les rivières et ces types d’éléments pour déterminer le statut. Il y a une cartographie très détaillée. Les mesures prises tout au long de l’été dépendront de la réception des prédictions météorologiques. Nous examinons ces indices tous les jours et travaillons avec les provinces et les territoires pour connaître leurs prédictions également.
Le plan d’un site est très détaillé. Grâce à lui, on sait exactement où se trouvent les valeurs à risque et on y définit les tactiques qu’il utilise pour les protéger.
La sénatrice Marshall : Qui évalue l’intégrité des plans, et qui l’évalue à la fin? À l’automne, lorsque vous retournez, quelqu’un doit retourner voir, par exemple, qu’ils ont pu prendre les mesures un, deux et trois, mais pas quatre et cinq. Qui fait ce travail? Est-ce un groupe distinct? Qui évalue l’intégrité des plans et des mesures prises en fonction des plans?
Mme Upton : Oui. Il existe au pays un certain nombre de ressources en matière d’incendie. Dans le service de M. Campbell, beaucoup de gens travaillent sur les incendies, et il y en a aussi beaucoup dans mon service. Lorsque les plans sont réalisés, ils travaillent avec le groupe national qui relève de moi et me donnent des conseils et des avis scientifiques supplémentaires. Nous collaborons également à la planification avec des universitaires. Je vais céder la parole à M. Campbell, qui pourra nous dire comment tout cela est opérationnalisé.
M. Campbell : Pour les brûlages dirigés, il y a évidemment une direction — d’où l’expression « brûlages dirigés » —, l’humidité, la probabilité de précipitations, l’état des forêts et ces types de choses. Ils sortent et vont ou bien faire ce brûlage dirigé, ou bien les cas nécessitant ce type de brûlage ne se présentent pas, auquel cas ils ne pourront pas le faire.
À partir de là, ils détermineront d’autres mesures à prendre. Devons-nous effectuer un éclaircissement de cette zone en prévision de l’été — comme ce que vous avez décrit, sénatrice Marshall — ou devons-nous maintenant passer à une méthode mécanique et commencer à enlever mécaniquement des arbres dans la zone pour diminuer la probabilité de risque d’incendie dans cette région? À la fin de l’année, mon groupe se tourne vers le personnel de Mme Upton qui possède ces compétences scientifiques en gestion de la science des feux et examine le travail réalisé à l’été, puis il révise le plan pour la prochaine année. C’est une boucle continuelle.
La sénatrice Marshall : Donc les plans et l’évaluation sont faits par des professionnels.
M. Campbell : C’est exact.
La sénatrice McBean : Monsieur Jones, vous avez mentionné que la Cote air santé se trouve sur les téléphones cellulaires. Je suis allée en Colombie-Britannique lorsque la qualité de l’air était terrible; 10 ou pire encore. Vous devez rentrer, mais vous êtes à l’intérieur dans des collectivités qui n’ont pas d’air climatisé; il y a donc cette lutte.
Quel est l’avantage? Avez-vous étudié l’avantage d’avoir une Cote air santé et de dire aux gens que c’est terrible? Est-ce vraiment mieux à l’intérieur? Quelles sont les options pour les gens?
M. Jones : Merci. C’est une excellente question. Pour ce qui est de l’information, nous essayons de diffuser des orientations et des conseils pour se préparer lorsque l’on sait que la situation va s’aggraver, des conseils pour calfeutrer sa maison le mieux possible afin de garder la fumée à l’extérieur, et même des conseils pour bricoler des purificateurs d’air. J’ai installé un filtre de fournaise à un compartiment pour ventilateur il y a quelques années parce que mes détecteurs de fumée n’arrêtaient pas de se déclencher malgré le fait que ma maison était calfeutrée. Qui plus est, il y a des conseils pour savoir si l’on doit aller dehors. Dois-je le faire? Devrais-je aller à ma pratique de soccer? Les organisateurs doivent savoir s’ils doivent annuler la pratique de soccer ou changer l’heure.
La Cote air santé couvre 130 collectivités et environ 80 % de la population. Ce n’est pas le pays au complet, mais il y a aussi des alertes et des avis qui couvrent tout le pays. La Cote air santé est utile parce qu’elle aide à orienter ces décisions importantes. Elle fournit des conseils sur — si vous êtes en bonne santé — ce que vous devriez faire à des niveaux faible, modéré, élevé et extrême. De plus, si vous êtes vulnérables à une dégradation de la qualité de l’air, il existe un ensemble de conseils distinct.
La sénatrice McBean : Nos maisons sont-elles en fait de bons filtres? Nous fermons toutes les fenêtres et les portes, mais la qualité de l’air à l’intérieur est assez mauvaise lorsqu’elle est mauvaise à l’extérieur. Est-ce une fausse protection si vous êtes dans une maison sans courant d’air, s’il y a un courant d’air?
M. Jones : De niveau 10 ou plus, l’extrême dans tous les cas, la qualité de l’air peut être épouvantable. Nous disposons de quelques orientations pour la qualité de l’air intérieur et la façon de la préserver lorsque c’est pire à l’extérieur. C’est certainement mieux à l’intérieur, surtout si vous utilisez un filtre, quel qu’il soit.
Il y a toujours le plan de rechange, le plan B, qui consiste à se rendre dans un refuge climatisé où l’air est pur. De nombreuses collectivités disposent de bâtiments publics climatisés qui ouvrent leurs portes en cas de chaleurs extrêmes ou de problèmes de qualité de l’air. Même sans air climatisé, si vous avez une chaudière munie d’un système de ventilation, vous pouvez filtrer l’air avec son filtre.
La sénatrice McBean : Ce n’est pas de votre ressort, mais Santé Canada connaît-il le pourcentage de Canadiens qui ont dans leur maison un système de climatisation centrale ou de circulation d’air?
M. Jones : Oui. Je n’ai pas ces chiffres à portée de main. C’est une proportion assez modeste, mais nous offrons des conseils adaptés à des circonstances différentes. La plus grande préoccupation... eh bien, cela oscille entre les préoccupations liées à la qualité de l’air, mais aussi les préoccupations liées à la chaleur extrême. Pour ce qui est de la chaleur extrême, elles concernent davantage les tours d’habitation, alors que nos préoccupations liées à la qualité de l’air touchent les petites maisons unifamiliales qui n’ont pas d’air climatisé ou de système de chauffage, de ventilation et de climatisation munis de conduits de circulation.
La sénatrice McBean : Madame Upton et madame Fortin, vous avez toutes les deux parlé d’études, que ce soit en partenariat avec des organisations mondiales de météorologie ou de dizaines d’années d’études sur la gestion des feux. Quels sont les pays qui excellent en la matière? Quels pays gèrent le mieux les feux, le risque et les prévisions?
Mme Upton : Dans mes rapports avec d’autres organisations de parcs nationaux dans le monde, j’ai constaté que nous avons beaucoup de bonnes pratiques dont elles s’inspirent. Nous nous inspirons également d’elles pour leurs bonnes pratiques. Nous échangeons régulièrement des ressources, alors il existe toujours la possibilité d’échanger et de ramener des pratiques exemplaires. Mais pour ce qui est des organisations de parcs nationaux dans le monde, on se tourne vers Parcs Canada pour son leadership.
Mme Fortin : Je ne peux pas parler des incendies de forêt en particulier, mais du point de vue des prévisions météorologiques, il y en a un certain nombre, mais le Canada est également l’un d’entre eux. Le Canada est un pays de premier plan pour les prévisions météorologiques, essentiellement. Il y en a d’autres, comme l’Australie pour certaines conditions, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, les États-Unis, les classiques, quoi.
La sénatrice McBean : Ce sont de bonnes réponses. Merci.
Le sénateur Richards : Merci à vous tous d’être ici. Madame Upton, dans quelle mesure les ressources dont vous disposez et que vous pouvez gérer sont-elles à jour? Quel est l’âge de vos hélicoptères et de vos bombardiers à eau, si vous les utilisez? Qu’en est-il de l’équipement pour les hommes et les femmes et de la formation de sécurité? Malheureusement, l’an dernier, il y a eu deux décès. À quel point l’équipement et la formation et tout le reste sont-ils à jour? Je suis sûr que certaines personnes qui luttent contre les incendies n’ont pas encore beaucoup d’expérience. Si elles n’ont pas encore combattu d’incendie, combien de temps dure leur formation? Ensuite, j’aurai une autre question rapide.
Mme Upton : Je vais commencer, puis je céderai la parole à mon collègue. Pour ce qui est de notre équipement, tous les gros équipements font l’objet d’un contrat de sous-traitance, et nous avons donc des spécifications exigeant qu’ils soient en bon état.
Pour ce qui est de la formation de lutte contre les incendies de forêt, nous disposons d’une norme de formation à divers niveaux. Mon collègue peut la décrire.
M. Campbell : Oui, il existe trois types de formation différents. Une porte sur la gestion des incidents et le commandement, afin que tout le monde agisse dans la même direction. Lorsque les pompiers arrivent par l’intermédiaire du CIFFC, en provenance d’une autre province — comme dans le cas de Jasper, où ils venaient de l’Alberta —, ils agissent tous sous la même structure de commandement unifiée. Tout le monde sait exactement comment agir dans l’incident et quelles sont les équipes. Chacune d’entre elles est au fait de la santé et de la sécurité.
Puis, dans chacune des équipes, certains membres sont plus responsables de la santé et de la sécurité, des premiers soins, de ce genre de choses, dans chacune des équipes d’attaque qui sont parties. Nous les voyons comme des unités.
Tout le monde a un niveau supérieur au niveau de base, comme un niveau deux, en matière de formation à la santé et à la sécurité. Les personnes responsables des premiers soins les accompagnent. En ce qui concerne la formation de lutte contre les incendies, nous différons de beaucoup d’autres pays, parce que nous avons une norme pour la lutte contre les incendies de forêt, et tout le monde travaille en ce sens. Cette norme de lutte contre les incendies de forêt est utilisée pour la formation à l’échelle nationale. Nous utilisons la norme nationale de Parcs Canada, tout comme les provinces.
Mme Upton : Je peux ajouter un exemple rapide. Nous avons toujours des membres présents qui possèdent une expertise, comme dans l’analyse des dangers pour les arbres associés à l’incendie, parce que c’est l’un des grands risques.
Le sénateur Richards : Ma deuxième question est une observation. J’ai combattu des incendies de forêt quand j’étais enfant. Je n’avais pas beaucoup de formation, mais je suis resté en vie. La saison des incendies au Nouveau-Brunswick n’est pas vraiment pire, de façon exponentielle, que lorsque j’étais enfant. J’espère qu’elle ne s’aggravera pas. Il y a toujours de mauvais incendies, mais il y en avait quand je combattais à 19 et à 20 ans. Nous avons beaucoup d’arbres au Nouveau-Brunswick, mais les incendies dans l’Ouest semblent être vraiment déchaînés. Les incendies des trois ou quatre dernières années ont été vraiment horribles.
Est-ce le réchauffement mondial ou est-ce que les conditions dans les forêts de l’Ouest sont en partie à blâmer? Je vais juste lancer l’idée et poser cette question.
Mme Upton : Je dirai une seule chose, puis je céderai la parole à ma collègue d’Environnement Canada. Pour Jasper en particulier, nous recueillons les données météorologiques depuis 1962. Tous les indices des feux de forêt ont été pires que jamais depuis que nous avons commencé à recueillir ces données. Il est certain que nous observons des conditions plus sèches et plus chaudes. Cela se reflète également dans nos saisons de lutte contre les incendies de forêt; elles commencent beaucoup plus tôt et durent plus longtemps.
Mme Fortin : Je vais céder la parole à mon collègue Nathan Gillet qui pourra en parler avec plus d’éloquence que moi.
M. Gillet : Merci de poser la question. Premièrement, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ou GIEC, a estimé l’influence des changements climatiques d’origine humaine comme étant la plus claire dans l’Ouest de l’Amérique du Nord. Cela concorderait avec votre observation. Mais, cela dit, j’ai participé à une étude de notre ministère qui s’est penchée sur l’attribution de la saison des feux de forêt en 2023, et a constaté une influence des changements climatiques d’origine humaine dans l’ensemble du Canada, y compris dans l’Est. Il est vrai que l’influence la plus forte se trouve peut-être dans l’Ouest, mais nous constatons une influence des changements climatiques d’origine humaine sur les incendies dans l’ensemble du pays.
Le sénateur Richards : Merci. Je vais seulement mentionner que l’un des plus grands incendies jamais survenus au Canada était le 7 octobre 1825. Environ 10 000 miles carrés ont été brûlés en 10 heures au Nouveau-Brunswick. C’était un automne très chaud. Je tenais juste à le mentionner.
Le sénateur Klyne : Ma question s’adresse à Parcs Canada, et si nous avons le temps, j’aimerais m’adresser à ECCC au deuxième tour.
Selon la page Web de la gestion des feux de forêt de Parcs Canada, en 2023, l’organisme a vu 109 feux de forêt dans 20 parcs et sites différents représentant plus de un million d’hectares brûlés. Quelles leçons Parcs Canada a-t-il tirées de la saison des incendies de forêt de 2023 pour se préparer à la saison des feux de forêt de 2024 et y réagir? De même, quelles ont été les leçons tirées des incendies de forêt de 2024 en prévision de la saison des incendies de forêt de 2025?
Mme Upton : Je n’ai pas de liste sous les yeux, mais il y a eu un genre de séance d’information majeure concernant cette saison 2023. Nous avons reçu un certain nombre de ressources et avons pu augmenter le nombre de pompiers, de sorte que nous avons une capacité accrue à cet égard.
Certes, on tire toujours des leçons sur le plan scientifique. La chose la plus importante à laquelle on s’attend après cette année est... Une partie des comportements météorologiques des feux de forêt était très différente. Si vous avez regardé les nouvelles, les chercheurs étaient sur le terrain pour voir s’il y avait une tornade de feu.
Toutes les mesures de prévention que nous prenons reposent sur les meilleures données scientifiques disponibles. Lorsque celles-ci changent, nous devons également changer nos pratiques et notre réflexion en conséquence.
Cette année encore, nous aurons beaucoup à apprendre des incendies et des conditions météorologiques propices aux incendies que nous avons observés, en particulier à Jasper. Cela aura une influence dans l’avenir. C’est un peu tôt pour tirer des conclusions de la saison 2024.
M. Campbell a peut-être tiré quelques leçons, en particulier des évacuations.
M. Campbell : Évidemment, nous avons augmenté la quantité de formations en évacuation, où nous avons dû mener des simulations d’évacuation. Heureusement, nous venions juste de terminer une séance de formation quelques semaines avant l’incendie à Jasper, ce qui nous a aidés à exécuter ces évacuations.
Nous avons également examiné un modèle différent pour voir comment plus de pompiers formés pourraient occuper plus de postes. Par exemple, un préposé de camping à Kejimkujik pourrait être appelé pendant l’été pour faire partie d’une équipe d’incendie. Nous pourrions fermer différents secteurs de nos activités. Nous avons pris ce genre de décisions après la saison 2023, sachant combien de personnes étaient nécessaires sur le terrain. Il y avait d’autres éléments.
Mme Upton : Il faut également souligner la question de la santé mentale. L’année 2023 a été très difficile pour les gens. Nous l’avons également observé chez les premiers intervenants en 2024. Nous avions deux personnes à temps plein sur le terrain qui fournissaient des services de santé mentale aux premiers répondants, et ces services ont beaucoup été utilisés.
Au cours des dernières années, nous avons appris que nous devons vraiment investir dans ces ressources sur le terrain pour aider les gens à conserver une bonne santé mentale lorsqu’ils luttent contre les incendies, en particulier l’été dernier lorsque certaines des personnes qui combattaient les feux assistaient à la perte de leur maison ou à celle de leurs amis. Cela a été une grande leçon à tirer au cours des dernières années pour les ressources et les investissements que nous avons consacrés à ce domaine.
Le sénateur Klyne : La question suivante se pose alors : avez-vous besoin d’autres mesures de soutien pour vous acquitter de votre mandat de gestion des feux de forêt?
Mme Upton : Je veux dire, c’est...
Le sénateur Klyne : Je l’ai posée lentement.
Mme Upton : Il y a beaucoup de coordination au Canada. Il y a beaucoup d’excellent travail qui se fait. Nous continuons d’apprendre, et je pense que cette coopération interservices a été primordiale et accrue, parce que nous avons besoin des données scientifiques sur les feux, des prévisions et de tous ces outils. Ils sont tous là, et nous avons simplement besoin de temps pour apprendre de ces incidents et continuer d’investir dans l’état de préparation à l’avance, ainsi que dans l’intervention et le soutien des équipes sur le terrain.
[Français]
Le sénateur Dalphond : Dans les statistiques, j’ai pu voir qu’au cours des 10 dernières années, 5 597 feux de forêt en moyenne ont détruit 2,7 millions d’hectares. L’année 2023 est exceptionnelle, en ce sens qu’il y a eu 6 623 feux de forêt qui ont détruit 18 millions d’hectares, donc sept fois plus que la moyenne. En 2024, nous avons subi 5 539 feux de forêt, donc l’année 2024 se place dans la moyenne; cela a mené à la destruction de 5,4 millions d’hectares, ce qui est deux fois plus que la moyenne, mais beaucoup moins qu’en 2023.
Devons-nous considérer que l’année 2023 est une année exceptionnelle, mais non représentative? Faut-il croire au contraire qu’on a eu un répit en 2024, mais qu’on va remonter? Je vous demande de lire dans une boule de cristal.
Mme Fortin : Pour le moment, c’est sûr que l’année 2023 a été une année record. C’est un record qui a véritablement surpassé la moyenne, comme vous l’avez très bien mentionné. C’est peut-être un cas particulier; c’est difficile de prédire l’avenir, mais on peut dire que les conditions propices aux feux de forêt vont continuer de se produire au Canada, on peut s’attendre à avoir des chaleurs extrêmes et moins de précipitations dans certaines régions, ce qui qui donnera lieu à des feux de forêt à l’avenir.
Je cède la parole à mon collègue qui étudie le climat, M. Gillet.
M. Gillet : Oui, je suis d’accord. On a fait une étude d’attribution concernant les feux de forêt de 2023 et effectivement, l’année 2023 a été une année extrême, mais c’était une année extrême qui était plus probable à cause des changements climatiques. À l’avenir, on prévoit que cela deviendra encore plus probable. Alors, cela a été une année extrême, mais c’était plus probable à cause des changements climatiques.
Le sénateur Dalphond : Quand on se penche sur la moyenne des 10 ans... Une moyenne traduit une réalité, mais cela ne donne pas un portrait nécessairement exact. Est-ce que la moyenne de 10 ans montre une augmentation d’année en année ou sur une période plus courte?
M. Gillet : Oui, si l’on regarde les statistiques depuis le début du XXe siècle, on a vu une augmentation d’une décennie à l’autre en général. Il y a beaucoup de variabilités d’une année à l’autre, mais il y a eu une augmentation, effectivement.
Mme Fortin : Le climat continue de changer aussi. La moyenne aura peut-être tendance à continuer de changer aussi; c’est difficile à prédire.
Le sénateur Dalphond : Lorsque vous demandez aux provinces de vous aider dans certaines situations, sont-elles remboursées pour les frais encourus?
M. Campbell : Oui, c’est la même chose pour Parcs Canada aussi si nous en aidons d’autres.
Le sénateur Dalphond : Au Québec, lors des grands feux de 2023, vous avez été remboursés par la province?
Mme Upton : Oui, cela fait partie des ententes entre les provinces et nous. De plus, au sein du Centre interservices des feux de forêt du Canada (CIFFC), il y a un formulaire de remboursement des dépenses. Par exemple, on a des personnes aux États-Unis et on recevra des indemnités de la part des États‑Unis pour les personnes qui y sont.
Le sénateur Dalphond : Merci.
[Traduction]
Le sénateur McNair : Je remercie les représentants d’être ici et de témoigner aujourd’hui. Monsieur Ireland, nous vous sommes également très reconnaissants de votre présence.
L’une des raisons pour lesquelles nous essayons de mettre notre nom sur la liste des intervenants si tôt, c’est que lorsque les gens commencent à poser des questions, ils prennent les questions que vous alliez poser, essentiellement, et poursuivent dans la même veine. Le sénateur Klyne a abordé la question que je voulais aborder.
Dans votre déclaration liminaire, madame Upton, vous avez parlé d’une force de 300 pompiers, « l’effectif national », comme vous l’avez décrit, je pense, et de fonds de 65 millions de dollars du gouvernement fédéral pour la mise sur pied de tout ce processus, je présume.
L’année 2023 a été le point culminant de la situation en matière d’incendie de forêt, mais celle-ci semble s’aggraver à mesure que nous avançons. Ce financement est-il adéquat à l’heure actuelle? Le sénateur Klyne a également demandé s’il existait des ressources supplémentaires que vous pourriez utiliser pour mieux gérer ou combattre ces feux de forêt. Vous avez parlé des aéronefs. Pour Parcs Canada, je présume que vous parlez des hélicoptères et non des camions-citernes, ou des bombardiers, comme on les appelait autrefois.
Mme Upton : Au besoin, nous obtenons habituellement les bombardiers à eau des provinces ou des territoires.
Le sénateur McNair : La Saskatchewan vient d’en acheter quatre.
Mme Upton : Oui, alors dans le cadre de cet accord d’aide mutuelle, nous ferions une demande à CIFFC, et celui-ci regarderait où se trouvent toutes ces ressources au pays et où sont les priorités, et c’est ainsi qu’il viendrait nous aider à lutter contre un incendie de forêt.
Le sénateur McNair : Et l’investissement de 65 millions de dollars sera-t-il suffisant, ou cela dépend-il de l’année?
Mme Upton : Les 65 millions de dollars sont un investissement prévu spécialement dans la cache, la cache centralisée de Banff. Nos dépenses dans la lutte contre les incendies de forêt ont augmenté chaque année. Nous avons reçu 50 millions de dollars supplémentaires sur cinq ans dans le budget 2021, je pense, ainsi que dans notre budget existant. Puis, nous accédons à des fonds spéciaux, au besoin, pour les interventions, comme nous l’avons fait l’an dernier. Les dépenses de l’organisme l’an dernier ont totalisé, je pense, 79 millions de dollars. Nous n’avons pas 79 millions de dollars, mais nous avons accès à des fonds supplémentaires, au besoin.
Le sénateur McNair : Je suis heureux de vous entendre parler des ressources en santé mentale pour les pompiers. L’étude nous a notamment appris qu’un certain nombre de pompiers quittent la profession en raison de l’usure qu’ils subissent, tant mentalement que physiquement. Constatez-vous cela parmi votre équipe de 300 pompiers? Vous avez mentionné deux responsables de la santé sur le terrain. Est-ce suffisant?
Mme Upton : Le temps nous dira si nous devons mettre en place davantage de ressources. Après la saison 2023, nous avons réuni les équipes et organisé un certain nombre de choses, comme des cérémonies de guérison, et nous leur avons donné la possibilité de se réunir et de discuter de ce qui s’est passé.
Nous envisageons un soutien par les pairs comme nous le faisons avec les gardes de parc. Ils ont leur propre système de soutien par les pairs. Nous examinons différentes façons d’offrir du soutien, et je pense que nous aurions pu le faire davantage dans le cas d’incidents exceptionnels. Nous devons maintenant envisager que cela fasse partie intégrante du programme.
M. Campbell : Nous avons constaté une augmentation considérable du nombre de ressources pour les familles dans le cadre de notre Programme d’aide aux employés et à leur famille, que ce soit pour les familles qui viennent voir si elles ont perdu leur maison à Jasper ou même pour les familles de certains de nos pompiers.
En cas d’incident majeur, nous ferons appel à davantage de personnes par l’intermédiaire du groupe de M. Jones à Santé Canada. Il s’agit des Services organisationnels spécialisés, ou SOS — un service plus vaste. Nous avons également renforcé ce service en faisant appel à des aînés autochtones, car le nombre de pompiers autochtones que nous avons continue de croître partout au pays. Dans ce contexte, il est important de mettre en place d’autres types de soutiens pour que les personnes puissent parler à des gens de leur propre communauté.
Tout cela vise à essayer de garder les gens dans la profession plus longtemps et de conserver l’expertise. Comme l’a dit Mme Upton, la preuve en sera faite dans quelques années.
La sénatrice Muggli : Merci d’être ici. Nous l’apprécions vraiment. Ma question s’adresse à Parcs Canada. Le rapport reçu fait état du déploiement de pompiers la semaine dernière pour aider au Montana. Je suis curieuse de savoir s’il existe des critères permettant de déterminer si nous sommes en mesure d’envoyer des ressources aux États-Unis. Est-ce en fonction de nos capacités ou existe-t-il d’autres critères? Combien de fois le Canada doit-il dire « Je suis désolé »?
Mme Upton : C’est une bonne question. Nous disposons d’une base de données de gestion de suivi des incidents qui permet d’assurer le suivi de nos finances et de toutes les équipes de gestion des incidents qui gèrent ces incendies, ainsi que les programmes et l’évolution des feux. Ces données sont en temps réel et, lorsque la saison des incendies est très chargée, elles sont mises à jour quotidiennement et partagées.
Dans ce contexte, nous veillons constamment à disposer de suffisamment de ressources et à ce que des ressources soient disponibles pour être envoyées, si nécessaire. Il arrive parfois que nous n’ayons pas de ressources disponibles à envoyer, et ce, même dans une province, simplement parce que nous luttons contre nos propres incendies. Nous surveillons cela en permanence.
Je ne sais pas combien de fois nous avons dit non. Je pense qu’il est courant, dans un sens, qu’à un moment donné, certaines organisations ne soient pas en mesure de déployer des ressources. En 2020, nous avions beaucoup de gens en Australie et aux États-Unis. Ceux qui sont envoyés sont parfois sur le terrain pour lutter contre les incendies, mais cela dépend vraiment. Si le comportement et l’environnement des incendies sont très différents, nous ne les enverrons pas dans ce contexte. Souvent, les gens que nous envoyons sont des gens très expérimentés, qui peuvent gérer un incident. Ils vont en Australie, par exemple, et sont chargés de gérer un feu entier et de diriger une équipe d’incendie complète, donc ils jouent un rôle de leadership. Ils ne sont pas toujours en première ligne, mais c’est le genre d’expertise que nous avons. Il faut environ 20 ans pour qu’une personne qui combat les incendies ait le niveau d’expertise nécessaire pour gérer un incident et être celle qui est sur le terrain pour prendre les décisions difficiles. Toutes ces possibilités de déploiement sont des occasions d’apprendre, de grandir et de renforcer des compétences.
M. Campbell : La partie II du Code canadien du travail s’applique à nos employés lorsqu’ils partent dans d’autres pays. Si un autre service de lutte contre les incendies devait faire quelque chose qui présenterait un risque plus élevé que celui que nous prendrions au Canada, la partie II du Code canadien du travail s’appliquerait quand même, et ils pourraient refuser ce travail.
Mme Upton : Nous avons une personne dans chaque déploiement dont le travail consiste à assurer la liaison. Si quelqu’un sur place a un problème, une inquiétude ou une question concernant la sécurité ou quoi que ce soit d’autre, le rôle particulier de cette personne dans le cadre du déploiement est de répondre aux questions, de communiquer avec nous et d’assurer la sécurité de nos gens sur le terrain. C’est très organisé.
La sénatrice Muggli : Merci.
[Français]
La sénatrice Oudar : Les questions précédentes concernaient la santé de la population, mais ce soir, j’ai beaucoup de questions sur la santé des pompiers et pompières. C’est ce sur quoi j’ai travaillé dans ma précédente carrière avant d’arriver au Sénat.
J’aimerais que vous éclairiez le comité sur les cancers reconnus comme lésions professionnelles. La science a établi qu’il y avait effectivement un lien direct entre les cancers de la vessie, de la prostate, du larynx, de la peau, des poumons et aussi les lymphomes. On sait que chaque province a aussi son lot de cancers reconnus.
Que pouvez-vous nous dire au sujet des pompiers et pompières qui combattent des incendies pour Parcs Canada, et particulièrement sur la suite des choses après l’adoption du projet de loi qui prévoyait l’élaboration d’un cadre national sur la prévention et le traitement des cancers liés à la lutte contre les incendies?
Où en sommes-nous dans l’élaboration de ce cadre national après l’adoption du projet de loi l’année dernière? Quel est son impact sur le travail des pompiers à Parcs Canada?
M. Jones : Je vais répondre en anglais, si vous me le permettez.
[Traduction]
De toute évidence, les pompiers font face à toutes sortes de risques, notamment au cancer, à la fois en raison des feux de forêt et des polluants auxquels ils sont exposés dans le cadre de leur travail. Il y a deux volets à cela.
Mon équipe travaillait sur un projet de loi d’initiative parlementaire visant à élaborer le cadre national sur les cancers liés à la lutte contre les incendies. Ce projet de loi a été adopté. J’étais ici il y a environ un an pour parler de ce projet de loi devant un comité sénatorial. Le projet de loi a été adopté, et le cadre national vient d’être déposé. Le ministre Holland a déposé ce cadre. Nous allons mener un certain nombre d’activités pour réduire l’exposition aux produits chimiques toxiques contenus dans les retardateurs de flamme, dans l’équipement des pompiers et dans les mousses extinctrices qu’ils utilisent pour éteindre les incendies.
En ce qui concerne l’exposition aux feux de forêt, le lien entre les particules présentes dans la fumée des feux de forêt et la santé humaine est bien documenté. Généralement, il s’agit davantage de maladies cardiovasculaires, comme la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’asthme, les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, l’infarctus du myocarde... la liste est longue. Si cela intéresse le comité, nous venons de passer en revue la littérature scientifique sur les liens entre la fumée des feux de forêt et la santé humaine; on y énumère toutes les différentes maladies et les liens entre les hospitalisations et les visites aux urgences après une exposition à la fumée des feux de forêt.
En ce qui concerne les pompiers, nous essayons de mieux comprendre les risques de cancer — janvier est le Mois de la sensibilisation au cancer chez les pompiers —, de dresser, espérons-le, un répertoire des pompiers et des cancers et de nous attaquer au côté toxique. Je vais demander à mes collègues de parler davantage des activités des pompiers employés par le gouvernement fédéral.
M. Campbell : À l’heure actuelle, nous travaillons avec les syndicats pour élaborer un système qui serait essentiellement une retraite anticipée, de sorte que le nombre d’années de service compterait pour une plus longue période. Nous avons également une période de rotation. Je pense qu’une autre chose importante... un domaine important, j’en suis sûr, d’après l’étude — et je vais utiliser l’exemple de Jasper parce que je vois le maire juste là — est où se situe l’interface entre...
[Français]
Je parle de l’interface entre les feux de forêt et les incendies dans les structures. Lorsque les feux de forêt traversent une ville ou un village, il y a différents types d’équipements pour protéger la santé des pompiers et pompières. Dans le cas de Jasper, on nous a demandé de retirer tous les pompiers de feux de forêt et d’affecter seulement des personnes qui possédaient tous les équipements requis, dans le but de faire en sorte que la santé de ces personnes soit bien sauvegardée.
[Traduction]
La vice-présidente : Monsieur Jones, si vous pouviez, en fait — je le demande en ma qualité de présidente — transmettre les documents que vous avez décrits au greffier pour qu’il les transmette à notre analyste, cela serait très utile.
En tant que présidente, je vais poser quelques questions rapides. Je m’adresse à M. Campbell et à Mme Upton. Nous avons beaucoup parlé de Jasper, mais la Nation des Cris de Little Red River, qui comprend une partie du parc national Wood Buffalo, a évacué toute la nation de 5 000 personnes cette année, y compris Garden River, qui fait partie de Wood Buffalo. Je me demande si nous pourrions parler un peu de Wood Buffalo, qui est un endroit très différent de Jasper, Banff ou Waterton. Pouvez-vous expliquer les risques d’incendie de forêt à Wood Buffalo? Quelle était la gravité des incendies et comment coordonnez-vous la gestion de ces incendies avec la Première Nation qui se trouve dans le parc?
M. Campbell : Mme Upton peut parler des risques d’incendie, mais dans le parc national Wood Buffalo, nous constatons certainement les mêmes types de risques d’incendie que dans tout l’Ouest canadien. Pour ceux qui ne connaissent pas le parc national Wood Buffalo, sa superficie est équivalente à celle de la Suisse, juste pour vous donner une idée de la taille du parc — peut-être que cela n’aide pas, mais c’est un parc national de la taille d’un pays. Dans ce parc, nous avons une entente de cogestion avec les 11 nations autochtones qui ont la responsabilité des terres ou du territoire du parc. Il y a donc un groupe qui examine, chaque année, le commandement des interventions; la planification de la gestion du parc passe par ce groupe. Cela fait partie de ce que nous faisons. Nous embauchons également des membres des communautés autochtones dans les équipes de lutte contre les incendies du parc national Wood Buffalo.
Nous divisons ce parc en secteurs. Il y a une station d’incendie complète à Ford Smith. Nous travaillons également avec les communautés lorsqu’elles ont un plan d’évacuation. Ainsi, Garden River, en ce qui concerne l’évacuation, puis nous envoyons les pompiers forestiers dans ce secteur, où nous aidons également. Fort Chip était une autre station d’incendie; lorsque Fort Chipewyan a été évacué — encore un autre secteur —, nous avons participé à l’évacuation. Nous avons tous les deux des employés dans ces secteurs, mais nous participons également à l’évacuation et à la planification par secteur dans le parc, ce qui est très important en raison de sa taille.
L’un des éléments que nous continuons d’utiliser est le satellite, plus que jamais auparavant. Mme Upton voudra peut-être en parler également, mais nous sommes passés d’un grand nombre de tours de guet pour la détection des incendies à la détection par satellite — avec nos collègues — et nous recevons des mises à jour ponctuelles tous les matins dans tout le pays grâce aux satellites; vous pouvez voir l’image satellite infrarouge montrant les incendies disséminés qui se produisent dans tout le pays.
Je ne sais pas si mes collègues d’Environnement et Changement climatique Canada veulent en parler. C’est certainement l’une des grandes différences : l’énormité du parc et le fait que nous pouvons lancer une attaque initiale dans bon nombre de ces zones immédiatement.
La vice-présidente : C’est la première fois que quelqu’un parle de technologie satellite. C’est vraiment intéressant.
Mme Upton : Si je peux ajouter deux choses rapidement au sujet de Wood Buffalo, toutes nos ressources peuvent être déployées, mais nos équipes permanentes sont situées dans les parcs les plus à risque. Wood Buffalo, comme M. Campbell l’a mentionné, en fait partie. L’autre chose intéressante à propos de Wood Buffalo qui est importante en ce qui concerne le comportement des incendies et la façon dont nous envisageons les choses, c’est que Wood Buffalo a connu un certain nombre de ce qu’on appelle des « feux dormants ». Il s’agit d’incendies qui ont persisté pendant l’hiver et qui peuvent se déclarer à nouveau au printemps. Après 2023 et jusqu’en 2024, nous avons encore investi pas mal de ressources dans la surveillance et la gestion de ces feux dormants à Wood Buffalo.
La vice-présidente : Je vais poser cette question à M. Jones : nous avons parlé de la santé des pompiers. Je veux parler de la santé mentale des Canadiens qui ont été évacués et traumatisés par les feux de forêt dans leurs collectivités — le trouble de stress post-traumatique, toutes sortes de conséquences psychiatriques et psychologiques. Le gouvernement fédéral a-t-il une stratégie, en collaboration avec les provinces et les collectivités, pour aider dans ces cas également?
M. Jones : C’est certainement une question qui nous préoccupe. Je pense que lorsque nous parlons des feux de forêt et des changements climatiques en général, nous sommes parfois dépassés par l’ampleur du défi. Il est certain que les effets sur la santé mentale sont réels et importants. Dans les ententes bilatérales de financement que nous avons conclues avec les provinces pour les soins de santé, la santé mentale était un élément explicite. Des ressources importantes sont prévues à cet effet. Le gouvernement fédéral a négocié avec nos collègues provinciaux et territoriaux pour que la santé mentale soit incluse. Je pense qu’il est largement reconnu que davantage de ressources sont nécessaires pour la santé mentale.
La vice-présidente : Y a-t-il des dispositions particulières pour les collectivités qui ont été dévastées par les feux de forêt?
M. Campbell : Si le comité n’a pas vu les personnes qui travaillent à Sécurité publique, sachez qu’il y a de nouvelles dispositions dans les Accords d’aide financière en cas de catastrophe, ou AAFCC. Je ne pense pas qu’aucun d’entre nous connaisse le programme fédéral d’aide aux personnes qui ont travaillé pour les provinces qui ont fourni des services aux personnes évacuées. Elles auraient les détails à ce sujet. Mais il s’agit certainement d’une nouvelle disposition dont nous avons tous parlé cette année.
La vice-présidente : C’est utile. Nous allons faire un suivi. Nous passons au deuxième tour.
La sénatrice Petitclerc : On a déjà abordé beaucoup de choses, mais j’ai une question précise, probablement pour vous, monsieur Campbell. Nous avons parlé de sauvetage et d’évacuation. Je suis curieuse de savoir qui possède l’expertise en matière d’évacuation et de réinstallation des personnes vulnérables, et plus particulièrement des personnes handicapées. Je vois très bien que cela nécessite des connaissances particulières : de quoi ont-elles besoin? Qui sont-elles? Où sont‑elles? Et puis, réinstaller ces personnes de manière appropriée est aussi un grand défi. Qui s’en charge?
M. Campbell : Cela dépend de l’administration. Dans le cas des parcs nationaux, nous travaillerions de concert avec divers services d’intervention d’urgence pour connaître les normes. Au sein de Parcs Canada, Mme Upton est notre championne des personnes ayant des capacités différentes. C’est quelque chose sur quoi nous nous penchons. Nous essayons effectivement de voir comment nous allons évacuer les personnes des terrains de camping dans ce genre de situations. Est-ce que nous maîtrisons les choses aujourd’hui? Je dirais non. Mais, nous essayons de nous améliorer et continuerons d’avancer dans ce sens-là. Je pense que lorsqu’on se situe à l’extérieur de... de la zone, encore une fois, je ne veux pas citer d’autres personnes que vous voudriez appeler, mais, certainement, les évacuations qui ont eu lieu dans les Premières Nations... pour ce genre de choses, M. Jones et moi sommes régulièrement sur appel. Je pense que Services aux Autochtones Canada envoie des avions parce que la situation est très différente. De plus, lorsqu’il faut évacuer des personnes des hôpitaux ou des centres médicaux à différents endroits, c’est une équipe très spécifique qui s’en charge.
La sénatrice Petitclerc : Exactement. C’est pour cela que je me posais la question. Je me disais que, par exemple, lorsqu’il s’agit d’une municipalité... je sais que, moi, en tant que personne qui se déplace en fauteuil roulant, je suis enregistrée quelque part dans la Ville de Montréal. Ils savent que j’ai besoin d’aide. Mais, pour ce qui est des parcs, la situation serait très compliquée. Mais, de ce que je comprends, il y a un plan.
Mme Upton : Dans le cadre du programme de sécurité des visiteurs, en particulier, les parcs disposent d’un plan de sécurité pour les visiteurs, qui leur indique comment évacuer leur terrain de camping. Les terrains de camping sont conçus pour faciliter l’évacuation. Il faut qu’il y ait deux sorties. Et il y a des systèmes entiers en place, surtout pour ceux qui sont également dans la campagne profonde. On s’entraîne régulièrement avec ces systèmes, avec les partenaires concernés, quels qu’ils soient.
Je dirais qu’à partir du moment où l’un des agents de Parcs Canada a passé le coup de fil pour dire que c’est le moment d’évacuer, le système en place à Jasper était un système qui a très bien fonctionné. Je pense qu’il y aura beaucoup de leçons à en tirer, et c’est dû en grande partie au travail préparatoire qui a été effectué, à la collaboration entre les administrations et le leadership à Jasper, donc je les félicite.
La sénatrice Marshall : Ma question s’adresse à M. Jones.
Pouvez-vous expliquer le lien entre le fait de mesurer la qualité de l’air lorsqu’il y a de la fumée et le type d’avertissements au public que vous émettez? Quand j’étais en Alberta, on nous disait que lorsqu’on n’arrivait plus à voir la maison située de l’autre côté de la rue, il fallait fermer toutes les portes et toutes les fenêtres. Est-ce que c’est le seul avertissement?
Est-ce qu’il arrive que, lorsque la qualité de l’air se détériore jusqu’à un certain point, vous songiez à faire évacuer les personnes âgées et les nourrissons? Est-ce que vous pouvez nous expliquer cela en détail?
M. Jones : Oui, et je pense que Mme Fortin pourra compléter ma réponse.
Nous avons des dispositifs qui permettent de surveiller la qualité de l’air dans tout le pays... pas partout, mais il y a un bon réseau. Ces dispositifs permettent de voir sur la Cote air santé, la qualité de l’air en temps réel, où que vous soyez. Lorsque le niveau dépasse 7, c’est « élevé », et lorsque le niveau est entre 7 et 10 — c’est une échelle de 1 à 10 — voire plus de 10, c’est un niveau qui correspond à plus que ce qui est normalement enregistré sur l’échelle; c’est très inhabituel, pour ainsi dire.
Il y a des instructions pour chacun de ces chiffres, qui indiquent ce qu’il est conseillé de faire ou de ne pas faire. Ces instructions sont à la fois à l’intention du public et à l’intention des personnes les plus vulnérables à la fumée. Quand le niveau dépasse 10, si vous pouvez, il faut éviter de sortir. Lorsque le niveau est un peu en dessous de 10, vous devriez éviter les activités physiques intenses, à l’extérieur, si possible, et ainsi de suite.
Il y a des consignes ici. Je peux parler du tableau à deux colonnes...
La sénatrice Marshall : J’aimerais voir cela. Mais les consignes sont données par l’entremise d’avis au public, car la seule consigne que j’aie jamais entendue, c’est de rentrer chez soi et de fermer toutes les fenêtres et toutes les portes.
M. Jones : C’est exact. Environnement Canada émet d’autres avis du service météorologique, une fois que le niveau dépasse sept, car on considère que ce niveau est élevé. Une fois que le niveau atteint 10 et plus, une alerte est émise.
Lorsque le niveau est élevé ou extrême, on émet un avis ou une alerte par l’entremise d’un système de prévisions météorologiques existant.
La sénatrice Marshall : Est-ce qu’il peut arriver que la qualité de l’air se détériore au point où vous conseillez qu’une certaine partie de la population soit évacuée?
M. Jones : En général, non, et c’est pour plusieurs raisons. Premièrement, il est difficile de prédire la force ou la direction du vent, donc, il est compliqué de savoir où évacuer. Souvent, lorsque la qualité de l’air est terrible, peu importe où vous vous trouvez, c’est qu’elle est probablement mauvaise sur une grande distance autour de vous.
Bien sûr, les évacuations ne sont pas sans répercussions. On ne peut pas juste prendre la décision d’évacuer des gens à la légère. Souvent, c’est parce qu’il y a un risque élevé, comme par exemple, lorsqu’un feu est trop proche et qu’il y a un risque trop élevé que votre maison brûle.
En ce qui concerne la qualité de l’air, on ne prévoit généralement pas d’évacuation. Le besoin d’évacuer a des répercussions sur la santé mentale, et il n’y a aucune garantie que la qualité de l’air à l’endroit où vous serez évacué, deux heures plus tard, sera meilleure; elle pourrait même être pire.
Le sénateur Klyne : J’ai une question pour Environnement et Changement climatique Canada.
Le 3 juin 2024, Environnement et Changement climatique Canada a annoncé qu’un financement de 530 millions de dollars sera versé par l’entremise du Fonds municipal vert en vue de construire des collectivités résilientes aux changements climatiques. J’aurais deux questions à ce propos. Premièrement, lorsqu’on parle de collectivités vulnérables aux feux de forêt, est-ce que vous pouvez expliquer au comité à quoi ressemble un modèle de collectivités résilientes aux changements climatiques, et quel genre de progrès la plupart des collectivités pourraient viser? Deuxièmement, combien de collectivités vulnérables aux feux de forêt y a-t-il au Canada, et est-ce qu’il y a une région surreprésentée par ces collectivités?
Mme Fortin : Je suis vraiment désolée, mais je ne peux pas répondre à cette question. Peut-être que M. Gillet pourrait y répondre. Autrement, nous vous reviendrons avec des réponses.
M. Gillet : Malheureusement, je ne peux pas non plus répondre à cette question.
Mme Fortin : Nous pouvons vous fournir les détails du programme et du financement, si cela vous intéresse.
Le sénateur Klyne : Cela m’intéresse beaucoup.
La vice-présidente : Veuillez transmettre cette information à notre greffier pour qu’il la communique à notre analyste. Est-ce que vous aviez une autre question, sénateur Klyne?
Le sénateur Klyne : Non, j’ai tiré mon coup.
La vice-présidente : Merci. C’est très élégant.
Le sénateur Dalphond : Ma question s’adresse au représentant de Parcs Canada.
Vous avez mentionné que votre organisme comptait 300 pompiers. J’imagine qu’il s’agit d’employés saisonniers, car je suppose que les feux se produisent principalement d’avril à octobre ou novembre. La neige peut aider, même s’il y a toujours des feux qui brûlent à Buffalo. Est-ce que cela est susceptible d’affecter des ressources? Est-ce qu’ils entrent en formation ou est-ce qu’ils vont quelque part d’autre?
Mme Upton : Ils ne sont pas tous des employés saisonniers. Une grande partie de ces pompiers sont des travailleurs saisonniers, mais certains s’occupent davantage de la surveillance et de la gestion. J’ai parlé de la planification tout à l’heure, et il y a du travail à faire tout au long de l’année pour se préparer pour la prochaine saison des feux. Les employés saisonniers de Parcs Canada font toutes sortes de choses.
Vers avril, ils reviennent travailler, et ils doivent réussir leur évaluation physique et aller en formation. Ils apprennent, s’il y a lieu, les nouvelles mises à jour en matière de protocoles, ou autres. Ensuite, ils commencent à se préparer pour la saison, en s’assurant que les tuyaux d’incendie, les boîtes... toutes ces choses... sont prêts et fonctionnels. C’est tout un cycle.
Mais vous avez raison : il n’y a pas assez de travail pour les 300 employés dans toute l’année, en raison de la nature de leur travail.
Le sénateur Dalphond : Parmi ces 300 pompiers, combien d’entre eux sont issus de communautés autochtones? Je pense qu’à certains endroits, seules certaines communautés autochtones occupent le terrain?
Mme Upton : Je ne pense pas avoir les chiffres. L’équipe du parc Pukaskwa est permanente, donc, elle est sûrement composée d’un grand nombre de pompiers autochtones. C’est la même chose pour le parc Wood Buffalo.
M. Campbell : De mémoire, je n’ai pas ce chiffre, mais nous pouvons certainement vous le fournir.
Le sénateur McNair : Je voulais vous poser une question sur la différence entre le brûlage dirigé et le brûlage culturel, mais votre site Web l’explique déjà bien, donc je ne vais pas perdre de temps là-dessus. Non pas parce que la différence n’est pas importante, mais j’imagine que les deux techniques servent à réduire le risque de feu.
Mme Upton : C’est exact.
Nous avons fait appel à une personne spécifique qui possède de l’expertise dans le brûlage culturel. Au cours de ces dernières années, l’organisation s’est efforcée d’apprendre ce qui le diffère du brûlage dirigé, et la façon de le mettre en application. Comme M. Campbell l’a mentionné, la plupart de ces parcs et de ces sites ont tout ce qu’il faut. Ils disposent d’une véritable cogestion, d’un comité consultatif, et ainsi de suite. C’est sur ce genre de tribune qu’on discuterait de l’application du brûlage culturel, et des protocoles à suivre.
Mais effectivement, c’est une autre pratique sur le terrain.
Le sénateur McNair : Je vous encourage à continuer de développer et de consolider la relation que vous entretenez avec les intendants autochtones du feu, et à apprendre d’eux.
En ce qui concerne la santé mentale, pour revenir sur ce que nous disions tout à l’heure, nous avions reçu un témoin de Kamloops, je pense, et je n’avais jamais songé à cet aspect, auparavant. Cette personne soutenait le principe de « rester et défendre ». Selon elle, il y avait 2 000 personnes dans sa communauté, et ces personnes disposaient de tous les équipements. Elles étaient adéquatement redéployées dans une autre zone du feu, par la suite. Mais, les conséquences psychologiques associées au fait d’être laissé derrière pour se défendre tout seul...
Je pense que vous allez comprendre qu’il faut continuellement augmenter le nombre de personnes sur le terrain, et ce, de manière considérable.
La sénatrice McBean : Madame Fortin, lorsque vous avez répondu à la question de la sénatrice Petitclerc sur la prévisibilité, vous avez répondu que vous étiez à même de fournir des prévisions sur demain, la semaine prochaine et la prochaine saison. Vous êtes à même de faire des prévisions saisonnières. Vous avez ensuite mentionné qu’il y avait un risque pour cet été, selon les prévisions. Dans la note sarcastique que je me suis faite à moi-même, j’ai écrit « N’est-ce pas évident? » Selon moi, prédire qu’il y a un risque accru d’incendie aujourd’hui ne relève pas vraiment du génie. Pendant que nous sommes assis ici, il me semble que le feu est bien parti pour durer, selon ce que quelqu’un a dit, les 10 prochaines années.
Je n’essaie pas de vous manquer de respect, car je vous écoute, et j’en suis très reconnaissante. Merci d’être venue nous faire part de votre expertise. Je suis soulagée de savoir que votre équipe et vous, vous vous chargez de ce problème.
Quel est le degré de précision et de ciblage qui vous permet d’affirmer, avec assurance, qu’il faut déplacer la cache d’équipement? Comment les choses se déroulent-elles, ici, mis à part le fait de dire :« Ça se voit, non? »
Mme Fortin : C’est une très bonne question. Pour répondre à cette question, je dirais que, premièrement, cela dépend. Plus on est loin dans le temps, moins on a de certitudes au sujet disons, de la précision des limites, et on aura plus de certitude avec le temps.
De façon générale, nous pouvons mieux prédire certaines conditions météorologiques que d’autres. Par exemple, il est toujours compliqué de prédire les précipitations. À l’heure actuelle, nous nous affairons à la prévision saisonnière pour l’hiver. Nous commençons à voir des signes pour les températures, mais pour ce qui est des précipitations, nous n’en voyons aucun. Évidemment, les précipitations seront au rendez‑vous cet hiver, mais, nous ne pouvons pas encore vous dire si les quantités seront supérieures, inférieures ou même identiques à celles des précipitations habituelles. Cela dépend un peu.
Bien entendu, les premières prévisions saisonnières ont tendance à concerner ces grandes zones ou régions. On voit un peu si les températures seront plus chaudes ou plus froides, par exemple, ou s’il y aura des changements au chapitre des précipitations. Plus on est proche dans le temps, et plus on est capable de communiquer une information davantage détaillée et fiable sur une région donnée.
Dans mes observations, j’ai mentionné que lorsque la ville de Yellowknife a été évacuée en 2023, nous nous sommes inspirés d’un modèle à très haute résolution pour le modèle de la qualité de l’air et de la dispersion de la fumée, particulièrement aux abords de Yellowknife, afin de fournir des conseils sur l’endroit et le moment où évacuer, par exemple.
Donc, cela dépend un peu. Bien sûr, lorsqu’un feu se déclare ou qu’un grave événement climatique se produit, nous actualisons et fournissons l’information de façon quasi continuelle à nos partenaires du gouvernement et de toutes les administrations.
La sénatrice McBean : Est-ce que vous les appelez par téléphone?
Mme Fortin : Oui.
Mme Upton : Simplement pour faire le lien avec les conditions météorologiques, nous avons des niveaux de préparation, tout comme les provinces et les territoires. Nous utilisons un système commun pour établir les niveaux de préparation. Il est important de faire ces prévisions, et, bien évidemment, à mesure que les conditions approchent, si nous devons atteindre un certain niveau de préparation, nous allons commencer à déployer des ressources. Nous pourrions déployer des hélicoptères. Une bonne partie de la préparation à l’intervention est fondée sur les conditions météorologiques, et nous disposons d’importantes données afin de déployer des ressources et de nous préparer aux urgences.
Au début, la situation est vague, mais à mesure qu’elle se précise, il y a davantage de mesures, de déploiements et de choses intéressantes.
M. Campbell : Dans le cadre d’une approche pangouvernementale, le Centre des opérations du gouvernement tient une séance d’information quotidienne auprès d’Environnement Canada pour lui dire :« Voici nos prévisions pour la journée; voici nos prévisions pour demain, voici nos prévisions pour la semaine. » Nous examinons tous la situation — nous tous, à l’échelle du gouvernement — et nous envisageons où nous devons déployer des ressources. Comme l’a dit Mme Upton, nous intervenons et ne faisons qu’une chose, à Parcs Canada, mais il s’agit d’une approche pangouvernementale qui est menée par l’intermédiaire du Centre des opérations du gouvernement.
J’aimerais féliciter ce groupe parce qu’il n’est pas très connu au Canada et que tous les Canadiens devraient en être fiers parce qu’il assure une coordination entre tous les ordres de gouvernement et les organismes gouvernementaux dont, je crois, rêveraient la plupart des autres pays.
La sénatrice McBean : Tout le monde dit que c’était en quelque sorte la tempête parfaite, — cela semble être un tel cliché — mais compte tenu de tout ce qui se passait dans la région de Jasper, avez-vous déjà transporté des fournitures dans la région, en vous disant : « La foudre va frapper. Va-t-il y avoir des foyers d’incendie? »
Mme Upton : Nous effectuons, par exemple, une surveillance de la foudre; alors nous savions que la foudre avait frappé. Nous avons déployé immédiatement des équipes de gestion instantanée.
La sénatrice McBean : Ce que je demande, c’est ce qui s’est produit deux semaines plus tôt.
Mme Fortin : En ce qui concerne les conditions météorologiques, pour cette année — donc, cela ne concerne pas seulement Jasper — en général, pour la saison des feux de forêt, nous avons commencé à tenir en décembre des séances d’information auprès du Centre des opérations du gouvernement. Donc, c’était en décembre dernier que nous avons vu que des signaux indiquaient qu’il y aurait un risque accru de feux de forêt.
La sénatrice McBean : A-t-on commencé à déplacer et à mobiliser la cache d’équipement? Avez-vous commencé à la déplacer?
La vice-présidente : Pour que les choses soient claires, le signal indiquait qu’il n’y avait pas de neige où que ce soit en Alberta.
Le sénateur Richards : Merci encore de votre présence. La sénatrice McBean a parlé de la préparation, et je vais vous poser une question au sujet de la coordination avec les autres pays. Comment cette préparation se fait-elle? Lorsqu’on pense aux incendies, dans l’Ouest, ces pompiers et pompières travaillent jusqu’à l’épuisement. Quand décidez-vous qu’il est nécessaire de faire venir une équipe de l’Afrique du Sud ou de l’Australie? De plus, je crois que nos pompiers sont allés en Grèce et au Portugal cette année. Quand décidez-vous que cela est nécessaire? Cela est-il coordonné à l’échelle internationale, ou décidez-vous simplement de prendre le téléphone et de passer des appels à un moment donné? Comment cela fonctionne-t-il?
Mme Upton : Les demandes de déploiements à l’échelle internationale sont reçues par le CIFFC, qui s’adresse ensuite aux provinces. Il s’agit du Centre interservices des feux de forêt du Canada, et cette organisation reçoit tous les appels internationaux, puis communique avec les provinces, les territoires et nous-mêmes pour connaître nos disponibilités. Nous envoyons des gens seulement si nous ne sommes pas nous‑mêmes en danger et que nous ne sommes pas exposés à un risque élevé.
Le sénateur Richards : Comment demande-t-on aux équipes de l’Afrique du Sud et de l’Australie de venir? Le terrain ici est très différent de celui de l’Afrique du Sud et de l’Australie. Je me demande comment cela est coordonné. Se joignent-elles aux équipes ici, sont-elles dirigées par leurs propres chefs d’équipe? Comment cela fonctionne-t-il?
Mme Upton : Ce serait mieux de poser la question au Centre interservices des feux de forêt du Canada, ou CIFFC, pour ce qui est des protocoles qu’il applique. Désolée, nous utilisons une abondance de sigles au gouvernement. Mais le Centre devrait avoir en place des protocoles et ainsi de suite. Il serait responsable de demander de l’aide à l’échelle internationale. Les gens qui viennent doivent respecter certaines normes et savoir comment les choses fonctionnent.
Par exemple, nos équipes qui sont allées au Montana ont eu droit à une journée complète de débreffage avant l’incendie. C’est à ce moment que l’on s’assure que les équipes comprennent comment fonctionne tout l’équipement utilisé et se familiarisent avec son utilisation. Il existe un certain nombre de protocoles et autres visant à garantir la sécurité de personnes qui sont déployées. Tout cela est coordonné par le CIFFC. À l’échelle fédérale, cela relève de Ressources naturelles Canada, mais nous contribuons tous à cette organisation. Nous siégeons au comité directeur, au conseil des gouverneurs.
Le sénateur Richards : Je suis certain que certaines des équipes de l’Afrique du Sud, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande ou d’ailleurs sont déjà venues ici et qu’elles reviendront. Et que les équipes qui sont déployées au Montana ou en Australie, si nécessaire, y sont déjà allées aussi.
Mme Upton : Exactement.
[Français]
La sénatrice Oudar : Je vais continuer l’échange de tout à l’heure parce que j’avais une autre question. On a parlé des cancers et des maladies professionnelles, et vous avez parlé de santé mentale.
J’ai deux questions. La première concerne les statistiques que vous pourriez avoir. Vous me direz si je me trompe, mais je pense que, comme tous les agents du gouvernement fédéral, c’est la Loi sur l’indemnisation des agents de l’État qui s’applique pour l’indemnisation des pompières et pompiers; auquel cas, chaque province administre pour vous l’indemnité et verse celle‑ci à chaque pompière et pompier en vertu de cette loi. Pouvez‑vous me dire si c’est le cas? Si oui, avez-vous quand même des statistiques communes, ou laissez-vous toutes les provinces gérer même les statistiques? Êtes-vous informés d’augmentation de maladies professionnelles et de problèmes de santé mentale?
Je vous pose cette question parce que les données de gestion servent aussi à faire de la prévention. Quel genre de statistiques avez-vous, si vous en avez?
Pourriez-vous éclairer le comité sur ces chiffres ou nous les fournir ultérieurement, si vous ne les avez pas ici?
M. Jones : J’ai plus d’information spécifique sur le sujet.
L’une des raisons pour lesquelles le projet de loi était nécessaire, c’était pour traiter ce type d’information.
La plupart des pompiers ne sont pas des employés du gouvernement fédéral, mais des municipalités et les provinces. L’information n’est pas complète ni facilement disponible, et c’est la raison pour laquelle nous préparons le lancement d’un nouveau projet. Il s’agit d’une base de données de tous les pompiers afin de surveiller leur santé. C’est une occasion d’accumuler de l’information pertinente pour mieux développer les politiques et les règlements, mais c’est un des projets, après Montréal, faisant partie de cette nouvelle stratégie.
La sénatrice Oudar : Il s’agit aussi d’indemniser et surtout de faire de la prévention pour éviter certaines situations problématiques qui sont évitables. Effectivement, c’est grave, car il y a beaucoup de cas de cancer qui sont différents d’une province à l’autre. De plus, il y a des décès, et l’indemnisation des survivants diffère également d’un endroit à l’autre.
Je vous remercie. Je vois que c’est quelque chose qui est en mouvement et que vous aurez peut-être plus de chiffres quand le cadre national s’appliquera et que vous serez mieux outillés.
Pour les employés qui travaillent chez vous — on parle de 300 personnes —, quel est votre constat par rapport à leur santé et aux maladies professionnelles? Y a-t-il une augmentation? Trouvez-vous que la situation a empiré par rapport à leur santé? En tant que dirigeant, quel est votre constat par rapport à l’état de santé de vos troupes?
[Traduction]
M. Jones : Permettez-moi de répondre brièvement aux points que vous avez soulevés. Nous constatons qu’il y a de multiples problèmes que nous tentons de régler au moyen des nouveaux plans d’action. L’un d’eux est le manque d’information et de recherches. Nous tentons de régler ce problème à l’aide d’une base de données qui nous fournira une série chronologique d’informations et nous dressera un portrait complet de la situation.
Un autre problème est celui de l’indemnisation. En tant que Canadien, je trouve frustrant que l’on puisse contracter un type de cancer et recevoir une indemnisation dans une province sans toutefois être indemnisé pour le même cancer dans une autre province. L’un de nos objectifs est de réunir nos homologues provinciaux dans l’espoir d’avoir un dénominateur commun supérieur au chapitre de la couverture pour l’indemnisation des travailleurs ayant différents types de cancer.
Enfin, il y a un problème de dépistage. L’un de nos objectifs est de collaborer avec les organismes de santé publique et les responsables de la santé publique pour avoir des dépistages plus normalisés. Si vous êtes un pompier, vous devriez vous faire dépister davantage que la population générale, et nous allons élaborer des lignes directrices à promouvoir par l’entremise des réseaux de santé publique.
[Français]
M. Campbell : Chaque année, nous avons un examen de santé pour nos pompiers. C’était une des façons d’obtenir plus d’information sur leur santé et plus d’information à long terme. Comme je le disais, c’est un domaine où nous devrions redoubler d’efforts. Comme M. Jones l’a mentionné, ce sont des normes adoptées il y a quelques années, mais pour nous, cela fait partie de nos programmes de santé et de sécurité. Nous devons toujours faire en sorte que chacun de nos employés a les équipements requis pour assurer une bonne santé à long terme.
[Traduction]
La vice-présidente : J’ai l’impression d’être une mère juive à la table à manger; je sers maintenant une troisième portion. Quelqu’un veut-il participer à la troisième série de questions? Non. Je vais donc poser quelques questions pour conclure.
Monsieur Jones, vous êtes le sous-ministre adjoint de la Direction générale de la santé environnementale et de la sécurité des consommateurs. Nous sommes le Comité de l’agriculture et des forêts. Savez-vous si des études sont réalisées au sujet des répercussions des incendies, de la fumée et des particules sur nos récoltes et sur l’approvisionnement alimentaire? Quelles sont les répercussions sur notre bétail? Quelles sont les répercussions sur les fruits, les légumes et les grains qui poussent dans les champs?
M. Jones : Je ne sais pas en ce moment si des études qui portent précisément sur le sujet sont réalisées, mais nous communiquons de façon régulière avec des universitaires de différentes institutions du pays. Nous concentrons nos efforts à établir des liens solides entre l’inhalation directe de la fumée de feux de forêt et ses effets sur la santé humaine, ainsi que sur les hospitalisations, les traitements et les affections, tout particulièrement au fil du temps, puisque je crois qu’on se concentre trop sur les effets à court terme, et non pas suffisamment sur les répercussions d’une exposition chronique.
Je peux certainement faire le suivi auprès de mon homologue au ministère de l’Agriculture pour savoir si des travaux ont été entamés à ce sujet. Je suis au courant d’aucune étude pour le moment.
La vice-présidente : Cela concerne la sécurité des consommateurs. Très bien. J’ai une question pour Mme Upton et M. Campbell. L’été dernier, certains membres de notre comité ont eu le privilège d’aller à Rome pour rencontrer l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Je vais toujours me souvenir de ma rencontre avec le diplomate chinois des Nations unies, qui nous a demandé de manière plutôt piteuse pourquoi nous ne nous contentions pas d’éteindre les incendies. Il a dit : « En Chine, il n’y a jamais de feux de forêt. Nous déterminons où ces feux vont se déclarer et nous les éteignons. » Mais, soyons réalistes : lorsque nous parlons d’espaces de la taille du parc Wood Buffalo ou même du couloir Banff-Jasper; nous nous préoccupions de l’incendie de Jasper parce qu’il empiétait sur une ville. Nous nous préoccupions des incendies à Fort McMurray et à Slave Lakes parce qu’ils touchaient des grandes collectivités, et il en était de même pour l’incendie du parc des Lacs-Waterton. Mais si un incendie se déclare au parc Wood Buffalo et qu’il n’y a aucune habitation humaine à proximité, quelle priorité accorde-t-on à l’extinction de ce feu? Ou laissez-vous le feu s’éteindre de lui-même, selon le cours naturel des choses?
Mme Upton : Pour ce qui est des valeurs à protéger, elles touchent parfois les structures dans les collectivités, mais elles peuvent également toucher l’habitat essentiel pour les espèces en péril et constituer d’autres valeurs écologiques de ce type. Vous avez raison; bien souvent, dans des grands parcs comme Wood Buffalo, il existe des zones où il ne serait pas prioritaire d’éteindre un feu, mais la priorité ne serait pas accordée seulement aux collectivités. Si un habitat essentiel pour les caribous ou d’autres espèces est en jeu dans une région en particulier, cela pourrait nécessiter une gestion plus dynamique des incendies.
La vice-présidente : Dans une certaine mesure, ce sera le statu quo. Nous n’allons pas faire comme Smokey l’Ours et éteindre chaque feu de forêt parce que nous ne croyons pas qu’il s’agit là d’une bonne gestion des forêts.
Mme Upton : Exact.
La vice-présidente : Je vais poser une dernière question, puis je vais vous laisser partir.
Je n’ai pas besoin de dire aux gens de Parcs Canada ou au maire de Jasper que de nombreux pompiers forestiers qui ont été relégués au second plan à la veille de l’incendie ont expliqué, dans le confort de leur maison, toutes les choses que, selon eux, vous avez mal faites, au point où leurs propos deviennent entachés d’une pensée complotiste. Que dites-vous aux personnes qui remettent en question les décisions que vous prenez? Monsieur Campbell, vous avez parlé de manière plutôt éloquente de tout ce que vous avez déjà enlevé pour installer un coupe-feu; il s’agit d’un nombre incroyable d’hectares. Que voulez-vous que les gens sachent au sujet de la préparation de Jasper et de la manière dont l’incendie a été combattu?
M. Campbell : Merci beaucoup de poser la question. C’est très impressionnant d’être assis aujourd’hui à côté du maire Ireland, étant donné qu’il en a déjà parlé de manière si éloquente, mais, comme je l’ai déjà dit, Jasper était l’une, voire la principale, des villes les mieux préparées aux incendies. C’était la zone d’Intelli-feu par excellence.
Je crois qu’il y a des leçons à tirer du comportement du feu dans ces conditions de sécheresse extrême, en ces temps sans précédent de sécheresse et de vents; comme Mme Upton l’avait dit, si on avait dit il y a 10 ans qu’il existait des phénomènes appelés « tourbillons de feu », les gens auraient dit que c’était tout droit sorti d’un film. Ces phénomènes existent maintenant.
Je crois que c’est la leçon à retenir, et nous avons encore des choses à apprendre et nous sommes toujours en train d’apprendre. C’est pourquoi il faut effectuer un examen rétrospectif, et nous l’effectuons à l’heure actuelle pour connaître les conditions qui pourraient devenir la nouvelle normalité et envisager ce que nous devons faire pour l’avenir.
Des choses s’en viennent, toutefois, et nous envisageons de reconstruire à Jasper selon une nouvelle norme, une nouvelle norme Intelli-feu. Bien entendu, nous collaborons avec le maire, et des annonces seront faites, j’en suis convaincu, sur les nouvelles normes que nous examinons.
Vous ne pourrez peut-être plus vivre au bien milieu de la forêt et avoir une toiture en bardeaux de cèdre. Nous n’en sommes peut-être plus là, et le Bureau d’assurance du Canada en dira certainement autant aujourd’hui, mais je crois que c’est le type de leçon que nous pouvons tous tirer après une catastrophe comme celle de Jasper.
C’est une leçon d’humilité que de voir le maire, qui a perdu son domicile familial, présent ici. Nous sommes, parmi tous les employeurs de la région, celui dont un bon nombre des employés, sinon la plupart des employés — monsieur le maire Ireland, je présume — ont perdu leur maison. Nous trouvons navrant que des personnes tiennent cet autre discours et disent : « Il s’agissait de personnes de la communauté qui faisaient de leur mieux pour leur famille ». Et c’est très insultant et blessant pour ces personnes, et nous avons dû mettre à leur disposition davantage de services de soutien en santé et en santé mentale parce que chaque jour des gens leur disent « vous n’en avez pas fait assez ».
Lorsqu’on vous dit : « Vous n’en avez pas fait assez », cela veut dire que vous n’en avez pas fait assez pour votre famille, votre conjoint ou vos voisins.
Oui, je crois qu’il y a des leçons à retenir, mais il y a également des personnes à qui nous devrions aussi dire : « Vous avez fait un excellent travail ».
La vice-présidente : Merci beaucoup à tous. Merci, monsieur Campbell, madame Upton, monsieur Jones, madame Fortin et — courageusement, par vidéoconférence —, monsieur Gillet. Je tiens à vous remercier tous de vos témoignages, de vos connaissances et de votre passion.
Je souhaite remercier tous les membres du comité de leur participation active et de leurs questions toujours réfléchies, et je veux profiter de l’occasion — comme le sénateur Black le fait toujours — pour remercier tout le personnel qui soutient le travail du comité. Cela inclut nos interprètes, l’équipe de transcription des débats de cette réunion, le préposé à la salle de réunion, le technicien des services multimédias, l’équipe de diffusion, le centre d’enregistrement, la DSI et Olivia, notre merveilleuse page.
Mesdames et messieurs, en vue de l’examen article par article du projet de loi C-275, prévu le jeudi 24 octobre, tout membre qui souhaite proposer des amendements ou formuler des observations doit consulter le conseiller juridique affecté à cette fonction par le Bureau du légiste et conseiller parlementaire pour s’assurer de rédiger des amendements dans le format adéquat et dans les deux langues officielles et de nous fournir également les observations dans les deux langues officielles.
(La séance est levée.)