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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie


LE COMITÉ SÉNATORIAL PERMANENT DES AFFAIRES SOCIALES, DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE

TÉMOIGNAGES


OTTAWA, le mercredi 23 octobre 2024

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd’hui, à 16 h 15 (HE), pour examiner le projet de loi C-232, Loi instituant le Mois du patrimoine arabe, et le projet de loi C-284, Loi prévoyant l’élaboration d’une stratégie nationale sur les soins oculaires.

La sénatrice Ratna Omidvar (présidente) occupe le fauteuil.

[Traduction]

La présidente : Sénateurs, bonsoir.

[Français]

Je m’appelle Ratna Omidvar et je suis une sénatrice de l’Ontario.

[Traduction]

Je suis présidente du Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

Aujourd’hui, chers collègues, nous commençons notre étude du projet de loi C-232, Loi instituant le Mois du patrimoine arabe. Avant que nous commencions, je demande à mes collègues de se présenter à nos témoins et au public, en commençant par la vice-présidente.

La sénatrice Cordy : Je m’appelle Jane Cordy et je suis sénatrice de la Nouvelle-Écosse.

La sénatrice Moodie : Rosemary Moodie, de l’Ontario.

La sénatrice Osler : Flordeliz « Gigi » Osler, du Manitoba.

[Français]

Le sénateur Dagenais : Jean-Guy Dagenais, du Québec.

Le sénateur Cormier : René Cormier, du Nouveau-Brunswick.

[Traduction]

La sénatrice Bernard : Wanda Thomas Bernard de la Nouvelle-Écosse, qui est un territoire micmac.

[Français]

La sénatrice Petitclerc : Chantal Petitclerc, du Québec.

Le sénateur Forest : Bonjour. Éric Forest, division sénatoriale du Golfe, au Québec.

La sénatrice Seidman : Bonjour. Judith Seidman, du Québec.

La sénatrice Mégie : Bonjour. Marie-Françoise Mégie, du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Dasko : Donna Dasko, sénatrice de l’Ontario. Bonjour.

La présidente : Pour la première partie de la réunion, nous accueillons en personne l’honorable David McGuinty, c.p., député et parrain du projet de loi.

Merci de vous joindre à nous aujourd’hui. Monsieur McGuinty, nous allons commencer par votre déclaration liminaire, pour laquelle vous disposez de cinq minutes. Nous passerons ensuite aux questions de mes collègues. Vous avez la parole.

L’honorable David McGuinty, c.p., député, parrain du projet de loi : Merci beaucoup, madame la présidente et distingués membres du comité. C’est un privilège et un honneur d’être ici avec vous cet après-midi pour parler de mon projet de loi d’initiative parlementaire, le projet de loi C-232, Loi instituant le Mois du patrimoine arabe, que la Chambre des communes a adopté à l’unanimité.

Le projet de loi ferait en sorte que le mois d’avril au Canada deviendrait le mois du patrimoine arabe et il soulignerait et célébrerait l’apport historique passé et actuel des Canadiens d’origine arabe à la société canadienne. Le moment choisi correspondrait au mois national du patrimoine arabo-américain, qui est également célébré en avril aux États-Unis d’Amérique.

Au Canada, la diversité a toujours été l’une de nos grandes forces, et la célébration de notre diversité est essentielle afin de bâtir un pays plus fort et plus inclusif pour tout le monde. Le mois du patrimoine arabe au Canada sera une occasion importante de souligner la contribution des Canadiens d’origine arabe à ce beau pays.

C’est en 1882 que les premières personnes d’origine arabe sont arrivées au Canada, dans les premières années de la Confédération il y a environ 142 ans. La population de Canadiens d’origine arabe s’élève maintenant à plus de un million de personnes et continue de prospérer. Le mois du patrimoine arabe au Canada nous donnera l’occasion de les remercier de leur inestimable contribution à l’édification d’un Canada plus fort et plus inclusif. La population de Canadiens d’origine arabe dépasse maintenant le million de personnes, et des communautés arabo-canadiennes s’épanouissent aux quatre coins du pays.

Dans ma propre circonscription, Ottawa-Sud, que je sers depuis plus de 20 ans, nous avons la deuxième population arabophone en importance parmi l’ensemble des circonscriptions électorales au Canada. J’ai beaucoup d’amis dans la communauté arabe de la région de la capitale nationale et bien au-delà. Je suis extrêmement fier de leurs réalisations exceptionnelles, et c’est un privilège de les représenter.

[Français]

Les Canadiens d’origine arabe de tous les horizons ont apporté d’importantes contributions à la vie sociale, économique et politique du Canada ainsi qu’au tissu culturel du pays, notamment par la littérature, la musique, la nourriture et la mode. Ce sont là quelques-unes des nombreuses façons dont les Canadiens arabes partagent leur culture avec l’ensemble de la communauté canadienne, et nous les en remercions.

Bien que les Canadiens arabes viennent de différents pays d’origine et de différents milieux religieux, ils ont tout de même en commun le leadership, l’esprit d’entreprise et une solide éthique du travail. Nous pourrons reconnaître et rendre hommage aux innombrables entrepreneurs et propriétaires de petites entreprises arabo-canadiennes dans tout le Canada qui font énormément de choses pour soutenir leurs communautés.

[Traduction]

Sur une note personnelle, dans ma propre famille, mon parrain canado-syrien était un homme à l’intelligence, à la gentillesse et à l’intégrité remarquables.

Ses origines étaient humbles. En fait, il a grandi dans la pauvreté. Ses valeurs m’ont inculqué un profond respect pour le travail acharné et pour ce qui est de redonner aux autres, plus particulièrement dans le secteur public. Plus récemment, beaucoup de mes nièces et de mes neveux ont marié des partenaires libanais. Nous les avons accueillis les bras ouverts dans notre grande famille, et ils nous ont accueillis dans les leurs.

La création d’un mois du patrimoine arabe au Canada permettrait de souligner la contribution des Canadiens d’origine arabe, de la faire connaître et de finalement la célébrer partout dans notre grand pays, pas seulement en avril, mais tous les autres jours aussi. J’espère que mes observations font en sorte que le soutien de ce projet de loi est une évidence. Nous sommes toujours plus forts lorsque nous nous serrons les coudes. Pour illustrer mon propos, je vais conclure en reprenant les mots de ma mère qui possédait une incroyable sagesse et qui, à la table de cuisine, avait l’habitude de dire ce qui suit à ses 10 enfants :

Les enfants, vous devez comprendre que vous avez un choix à faire. Si vous vous divisez, vous aurez l’impression d’être cinq, mais si vous vous serrez les coudes, vous aurez l’impression d’être vingt.

Je crois que le projet de création d’un mois du patrimoine arabe a pour but d’unir nos efforts, de réfléchir à l’incroyable contribution que nos voisins et nos concitoyens d’origine arabe continuent d’apporter et de souligner cette contribution. Merci beaucoup de m’avoir écouté.

La présidente : Merci, monsieur McGuinty. Nous allons maintenant passer aux questions de mes collègues. Je propose d’accorder à chaque sénateur quatre minutes pour poser des questions et écouter les réponses. Si vous le permettez, je vais commencer.

Vous avez dit que cela aurait lieu en même temps que le mois du patrimoine arabo-américain aux États-Unis et qu’il est plutôt sensé que les Nord-Américains — le continent — célèbrent ensemble, mais y a-t-il quelque chose qui explique le choix du mois d’avril?

M. McGuinty : C’était le plus beau mois au Canada et un moment de renouvellement.

La présidente : Très bien. Cela dit, nous passons à la sénatrice Cordy.

La sénatrice Cordy : Il a la politique dans l’âme. Merci pour vos observations et pour avoir présenté ce projet de loi. Dans un discours que vous avez prononcé à la Chambre, j’ai lu que la circonscription d’Ottawa-Sud a la deuxième population arabophone en importance au pays. À quel endroit se trouve la plus grande? Qui est en tête de liste?

Par ailleurs, vous avez également dit — pas aujourd’hui — qu’environ 42 % de la population à moins de 24 ans. C’était intéressant. Vous pourriez peut-être en parler. Ces personnes sont-elles nées ici? Ont-elles immigré en bas âge?

Un autre de vos commentaires m’a vraiment surpris. Certaines personnes demanderont, puisque nous sommes au Canada, pourquoi nous avons un mois du patrimoine arabe ou un mois du patrimoine libanais. J’ai parrainé le projet de loi qui a mené à la création du second il y a quelques années.

Dans votre discours précédent, vous avez dit que nous devrions célébrer les identités canadienne et arabe et qu’elles ne sont pas incompatibles. Pouvez-vous en parler? C’est une observation très importante que vous avez formulée à la Chambre des communes. C’était très pertinent. Vous pourriez peut-être en parler et aborder aussi la question de la proportion de jeunes d’origine arabe et dire où se trouve la principale communauté arabe au Canada.

M. McGuinty : La plus grande communauté de Canadiens d’origine arabe au pays est quelque part à Edmonton, mais je peux vérifier pour vous et vous revenir là-dessus.

À propos de la proportion de jeunes personnes dynamiques au Canada, c’est la réalité. Il est phénoménal de voir à quel point cette population est ambitieuse, travaillante, dotée d’un esprit d’entreprise et disposée à prendre des risques. Lorsque nous avons commencé à examiner la population de Canadiens d’origine arabe dans son ensemble, nous avons observé un nombre remarquable de personnes influentes, des propriétaires du magasin Meubles Léon à des athlètes d’élite, en passant par des cardiologues, de très hauts fonctionnaires, des universitaires, des écrivains et des entrepreneurs du domaine du chauffage, de la ventilation et de la climatisation. Il y a des gens de tous les milieux qui sont hautement accomplis et très autonomes. Cela m’a frappé encore une fois lorsque j’ai commencé à examiner l’âge moyen et la population dynamique dont le Canada va profiter au fil du temps.

À propos de la question sur la célébration de notre diversité, c’est intéressant. J’arrive tout juste de Genève, où j’ai dirigé une délégation pour le Canada à l’assemblée mondiale de l’Union parlementaire. Il y avait 1 550 parlementaires de 140 pays différents, et le monde a de la difficulté. Dans une salle de rassemblement microscopique, je pouvais voir que le monde continue d’avoir de la difficulté à se célébrer les uns les autres. Ce projet de loi est une façon pour le Canada de rayonner.

J’ai toujours cru, pendant mes 20 années en tant qu’élu et mes 10 années qui ont précédé en tant que sous-ministre au Bureau du Conseil privé, que le Canada avait la responsabilité particulière de mettre en valeur notre capacité à nous rassembler et à nous célébrer les uns les autres.

Il s’agit vraiment ici de célébrer nos voisins canadiens d’origine arabe. Cela cadre bien avec les mois du patrimoine des Tamouls, des Noirs, des Irlandais, des sikhs, des Asiatiques, des Canadiens juifs, des Polonais, des Autochtones, des Italiens, des Philippins, des Portuguais, des Allemands, des Canadiens musulmans, des Latino-Américains, des femmes, des hindous et des Libanais.

Bien franchement, il est judicieux de la part des Canadiens de montrer à la planète que nous sommes ouverts au monde. Nous ne demandons pas aux gens de renoncer à ce qu’ils sont lorsqu’ils se joignent à nous et lorsqu’ils font venir leurs familles ici. Nous espérons vraiment qu’ils peuvent continuer de refléter toutes les formidables qualités que les différentes cultures apportent à notre mosaïque.

La sénatrice Cordy : Merci beaucoup de votre réponse, mais vous avez oublié les Écossais. Je viens du Cap-Breton.

M. McGuinty : Désolé. Oui, nous excusons les Écossais.

La sénatrice Seidman : Merci d’être ici. J’allais vous demander pourquoi c’est au mois d’avril, mais la question a déjà été posée, et vous avez répondu cordialement.

Nous avons parlé de la façon dont nous célébrons la diversité au moyen de ce genre de mois du patrimoine. Ma question pour vous est la suivante : envisagez-vous certaines façons d’accroître la visibilité et de sensibiliser la population, y compris les Canadiens d’origine arabe, je suppose, mais aussi tous les autres Canadiens? Qu’envisageriez-vous?

M. McGuinty : Ces activités rappellent ce que d’autres mois du patrimoine reflètent et célèbrent déjà : des activités culturelles, des soupers, des piqueniques, des activités communautaires, des danses, des concerts, des soirées et des rassemblements.

Une grande partie de la population canadienne d’origine arabe avec qui j’ai travaillé et une grande partie des groupes — en fait, presque tous les groupes qui représentent des Arabes au Canada — se sont rangés derrière cette mesure. Ils y sont très favorables. Cela leur permet aussi de se retrouver dans une bonne position pour demander un certain soutien aux différents ordres de gouvernement afin de procéder ainsi tout en apportant leur propre contribution.

La communauté arabo-canadienne attend que cette mesure soit adoptée pour pouvoir vraiment célébrer en avril prochain. C’est ce que nous espérons. Nous voulions que ce soit fait avant le mois d’avril l’année dernière, mais nous avons été un peu dépassés par les événements. De nombreux facteurs différents et différentes sortes de possibilités vont donner forme à cela. Bien entendu, le monde arabe ne se limite pas à un seul pays. Ce n’est pas simplement une religion. Ce n’est pas uniquement de la danse, de la musique, de la nourriture, un style vestimentaire ou une langue. C’est une combinaison de ces choses.

Je répète que je reviens tout juste d’une réunion plutôt clivante où les gens s’arrachaient les cheveux à cause de la situation sur la péninsule arabe. Il y a beaucoup de divisions entre les pays arabes et beaucoup moins entre d’autres intervenants. Je reviens toujours à la nécessité pour le Canada de prendre cette mesure, encore une fois, afin de — je ne veux pas parler d’un « projet pour montrer comment faire » — donner un exemple à suivre aux gens partout dans le monde qui pourront ensuite dire que c’est ce que nous faisons et que c’est mieux même si ce n’est pas parfait.

La sénatrice Seidman : Merci.

La sénatrice Osler : Merci beaucoup d’être ici. J’ai une question à deux volets. Premièrement, pour ceux d’entre nous qui ne font pas partie de la communauté arabo-canadienne, comment pouvons-nous utiliser ce projet de loi afin de surmonter la division, le sectarisme et la haine? Deuxièmement, pourrait-il y avoir des effets indésirables à la désignation du mois d’avril comme mois du patrimoine arabe? Comment les personnes parmi nous qui ne font pas partie de la communauté arabo-canadienne peuvent-ils utiliser le projet de loi C-232 pour, encore une fois, bâtir des ponts et surmonter la division et la haine?

M. McGuinty : Ces deux questions sont très bonnes et très difficiles.

Pour commencer, tous les parlementaires parmi nous — et bien au-delà des parlementaires — peuvent peut-être — je ne vais pas employer le mot « ressusciter » — renforcer les efforts que nous déployons entre nous pour que personne n’oublie l’incroyable richesse que nous possédons au pays.

Je vais me rendre dans deux classes de cinquième année, et il y aura peut-être 80 enfants. De nos jours, il y a probablement 40 à 50 pays d’origine qui sont représentés. Je dis tout le temps aux enfants qu’ils sont incroyablement riches, et ils commencent à fouiller dans leurs poches pour trouver de l’argent. Je leur dis ensuite que ce n’est pas une question d’argent. Il est plutôt question de la richesse que chacun d’eux représente. Nous devrons nous réapproprier cela. Au-delà des discours, nous devrons nous réapproprier cette valeur en tant que pays.

J’ai travaillé des dizaines d’années à l’étranger, et je m’y rends encore souvent pour le travail. Je constate que le Canada a la responsabilité très particulière d’aider à montrer au reste du monde qu’il y a une autre façon de faire. En nous célébrant les uns les autres, nous pouvons contribuer à lutter contre le sectarisme, la division et les discours haineux, qui peuvent ressurgir, surtout à une époque où nous semblons être passés de la colère à la haine.

C’est peut-être un problème attribuable à la pandémie de COVID. J’ai déjà parlé du trouble de stress post-COVID. Je ne sais pas si c’est de cela qu’il s’agit ici, mais il semble y avoir une attitude plus dure. En tant que parlementaires, nous sommes tous très souvent ciblés.

Pour ce qui est des conséquences imprévues, j’espère qu’il n’y en aura pas. Il pourrait y en avoir, mais si nous voulons que le pays fonctionne, nous devons nous pencher là-dessus. Nous devons parler ouvertement. Nous devons nous défendre mutuellement. Nous devons dénoncer le sectarisme et les discours de division. C’est un gros problème. Plus particulièrement en tant que superviseur du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, je peux vous dire que l’ingérence étrangère n’est pas près de disparaître. Chose certaine, je m’attends à ce qu’il y en ait à nos prochaines élections, tout comme je sais qu’il y en a actuellement aux États-Unis.

Nous allons devoir travailler très fort pour faire ressortir toute la bonté des Canadiens, toute la bonté dont ils peuvent faire preuve, pour nous rappeler les uns les autres que nous filons à vive allure dans l’espace sur une planète qui a certainement ses limites. Il n’y a pas de solution de rechange; nous n’avons qu’une seule planète, et nous devrons nous en contenter.

[Français]

La sénatrice Mégie : Je peux témoigner du fait que l’existence du mois pour un patrimoine X est vraiment très importante. Je le vis avec le Mois de l’histoire des Noirs en février et avec le Mois du patrimoine latino-américain. C’est un moment où les gens de la communauté prennent le temps de réfléchir sur les origines et peuvent former les plus jeunes qui montent, qui peuvent être envahis par la culture américaine.

Si vous vous êtes basé sur le mois d’avril qui vient des États-Unis, est-ce que dans la communauté arabe il y a une différence — parce qu’aux États-Unis, la culture est vraiment différente? Ici, je le vois dans d’autres communautés, mais est-ce que dans la communauté arabe la grande différence existe aussi? Lorsque vous mettez les mêmes dates, croyez-vous que cela va les rapprocher?

M. McGuinty : C’est une excellente question. On espère que cela va rapprocher les communautés canadiennes et américaines arabes.

J’arrive d’une assemblée au Kentucky où il y avait 2 500 législateurs des 50 États. Je parlais avec un groupe de législateurs américains d’origine arabe du projet de loi et ils étaient complètement bouleversés. Ils ont appris que ce n’était pas le Congrès américain qui a légiféré l’équivalent aux États‑Unis; c’est le président Biden qui l’a introduit par décret et l’a adopté lui-même comme président. Je crois que c’est parce qu’il savait qu’il y aurait peut-être un problème au Congrès américain, parce que c’est très divisé.

Les législateurs américains étaient bouleversés, car pour eux, il s’agissait plus de laisser leur culture à la porte en arrivant aux États-Unis.

Au contraire, j’expliquais qu’au Canada, c’est plutôt une question de célébrer cette culture et de l’amener avec soi, avec chaque personne. Je ne sais pas si cela va nuire. Je crois que l’impact ou l’influence du Canada pourrait aider la situation aux États-Unis où je vois de plus en plus que les deux groupes, leurs commettants et commettantes, et les deux partis ne semblent pas pouvoir se parler du tout. Ce qui était fort intéressant, à l’assemblée au Kentucky, c’est qu’il y avait plusieurs séances organisées pour simplement enseigner et apprendre aux législateurs des deux partis comment avoir des discussions.

Alors, si ce qu’on fait ici peut aider la situation au mois d’avril aux États-Unis, tant mieux.

On voulait que cela concorde avec le Mois national du patrimoine arabe américain, qui se tient en avril, parce que les groupes canadiens ont aussi dit que ce serait fort intéressant de faire des choses des deux côtés de la frontière.

La sénatrice Mégie : Merci.

Le sénateur Cormier : Bienvenue parmi nous et merci beaucoup pour ce projet de loi qui m’a porté à réfléchir sur la diversité culturelle au Canada. La communauté arabe partage globalement cette identité, mais évidemment, il y a une diversité culturelle très forte.

Cela m’a permis aussi de revenir sur une réflexion, à savoir qui est d’origine arabe sur le plan artistique — puisque c’est le secteur dont je suis issu — puisqu’on oublie parfois les origines.

Le grand Wajdi Mouawad, un homme de théâtre extraordinaire, est d’origine libanaise, tout comme René Angélil et Bashar Shbib, qui est un cinéaste important.

On oublie souvent d’où sont originaires certains de nos compatriotes ou concitoyens canadiens.

Comment imaginez-vous que cette journée va permettre aux différentes communautés culturelles arabes de se retrouver, de se rapprocher, de cohabiter? Y a-t-il des défis dans le rapprochement des différentes communautés arabes au Canada? Est-ce que cette journée permettra un rapprochement entre les communautés?

M. McGuinty : C’est une excellente question et on espère que oui. C’est l’une des raisons pour lesquelles tous les groupes d’origine arabe au Canada appuient ce projet de loi. Cela devient un instrument pour assurer un rapprochement entre les communautés. Il y a tellement de pressions aujourd’hui qui nous divisent, tellement de forces qui nous divisent, que je crois que ce genre de célébration peut rassembler les gens. Je crois que cela pourrait être organisé avec les municipalités, avec les provinces et surtout avec le gouvernement fédéral, qui aurait du financement pour participer à l’organisation des célébrations.

Le sénateur Cormier : C’était ma deuxième question. Il n’y a pas de financement affecté à ce projet de loi, et c’est souvent le défi. Comment imaginez-vous que les gouvernements peuvent soutenir ce projet de loi?

M. McGuinty : Lorsque ce projet de loi deviendra une loi canadienne et que le mois sera établi, cela va donner la permission aux communautés arabes de demander du financement auprès du gouvernement fédéral.

Le gouvernement fédéral met toujours de l’argent de côté pour tous les mois et toutes les célébrations au Canada. Donc, je crois que ce financement va beaucoup aider, mais je vous assure, avec l’appui qu’on a déjà reçu depuis le début, que la communauté arabe attend avec impatience. Je ne crois pas que cela serait un problème de moyens ou d’argent, car ils veulent vraiment lancer des célébrations.

Le sénateur Cormier : Merci beaucoup.

[Traduction]

Le sénateur Al Zaibak : Merci d’être ici, monsieur McGuinty. En tant que Canadien d’origine arabe né en Syrie, je veux vous dire à quel point je suis reconnaissant que vos collègues à la Chambre des communes et vous ayez présenté ce projet de loi. Je veux aussi remercier la sénatrice Cordy de le parrainer au Sénat.

Partout au pays et au-delà, les membres de la communauté arabo-canadienne reconnaissent votre travail acharné et votre amitié. Je n’ai qu’une seule question à vous poser : qu’est-ce que le Canada peut faire d’autre selon vous pour renforcer sa relation avec le monde arabe en général?

Merci encore à vous et à votre famille pour votre amitié, votre travail acharné et votre service public. Merci.

M. McGuinty : Merci. Je vous en suis très reconnaissant; c’est vraiment touchant. Je veux également remercier la sénatrice Cordy de piloter ce projet de loi au Sénat dans une période occupée.

On m’a demandé à maintes reprises pourquoi un Canadien catholique d’origine irlandaise et française propose au Parlement du Canada de créer un mois du patrimoine arabe, et ma réponse est celle de ma mère : nous sommes toujours plus fort ensemble. C’est l’occasion pour moi de mettre en valeur ce que j’observe depuis des dizaines d’années au Canada auprès de notre population arabo-canadienne : ce sont des gens discrets et disciplinés, des entrepreneurs qui font le gros du travail, des professionnels, des universitaires, des artistes, des musiciens et j’en passe. J’ai constaté que la plupart de mes amis et collègues arabo-canadiens ne se vantent pas et sont très discrets. Ils font tout simplement le travail, que ce soit en tant que chauffeurs de taxi ou neurochirurgiens.

Je crois que c’est également important pour le Canada et le monde. La population arabe est en pleine croissance, non seulement en Occident, mais aussi dans les pays arabes. Je pense que cela donne au Canada un coup de pouce dans sa relation avec cette population, dans le commerce et dans les échanges ainsi que pour renforcer notre capacité et faire venir des experts ici. Je ne sais pas combien de professionnels arabes de la santé ont reçu mon aide pour venir au pays et travailler à l’hôpital pour enfants ou à l’Hôpital d’Ottawa dans ma circonscription. L’Hôpital d’Ottawa est celui qui offre le plus de soins aux patients au Canada.

De nombreux professionnels arabes viennent au pays et nous aident dans toutes sortes de disciplines, y compris beaucoup dans le domaine de la recherche. Pour moi, c’est tout simplement une bonne façon de jouer le jeu. Ce que nous voyons ici, c’est le Canada et le monde qui montrent que des gens de tous les milieux peuvent unir leurs efforts.

Dans ma circonscription, 85 langues sont parlées et il y a 116 pays d’origine. Ce sont les Nations unies d’Ottawa-Sud, et j’ai un grand nombre de voisins exceptionnels d’origine arabe. C’est un grand honneur.

[Français]

Le sénateur Forest : Je vous remercie de me permettre de poser une question, madame la présidente.

Je pense que si cette loi est adoptée — et je le souhaite, dans le contexte actuel —, ce sera une excellente occasion pour la communauté arabo-canadienne de mettre cette culture en lumière et en valeur.

Pour la communauté canadienne, il faut aussi profiter de l’occasion pour développer des valeurs d’inclusion et de respect dans le contexte actuel.

Au-delà de l’adoption du projet de loi, le message à la communauté arabo-canadienne sera plus facile que de transmettre le message à la communauté canadienne. Il y a une responsabilité, au-delà de l’adoption du projet de loi qui est de transmettre le message à la communauté canadienne : il faut développer ces valeurs de respect et d’inclusion. Avez-vous réfléchi à la façon concrète de nous attaquer à ce défi important?

M. McGuinty : Je vais répondre en anglais avec une expression que j’utilise très souvent.

[Traduction]

On me dit souvent qu’il est important de faire preuve de tolérance les uns envers les autres. Je réponds que je n’aime pas du tout le mot « tolérance ». Tolérer les gens ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est de célébrer tout le monde. Je pense que c’est la marque d’une société avancée du XXIe siècle de nos jours.

Comme je l’ai dit plus tôt, la planète file à une vitesse vertigineuse dans l’espace, et nous sommes confrontés à de nombreux problèmes. En tant qu’avocat spécialiste des questions environnementales ayant récemment travaillé sur les objectifs d’environnement durable pour le secrétaire général de l’ONU, je poursuis les efforts pour les faire adopter dans plus de 180 parlements.

Je suis absolument convaincu que nous serons très bientôt obligés, en tant que planète, de décider si nous coopérerons ou non, et cela ne reposera pas uniquement sur l’humanité, mais presque entièrement sur la capacité des écosystèmes naturels de la planète de supporter la population ou non, étant donné ce que l’on observe : rareté des ressources, perte de biodiversité et d’énergie, problèmes liés à l’eau et à l’eau douce.

Nous avons fait beaucoup de progrès. Au cours des 50 dernières années, nous avons réduit la pauvreté mondiale de moitié. C’est un progrès énorme, mais compte tenu de ce qui nous attend par rapport aux changements climatiques, l’approche canadienne — une approche rassembleuse — sera absolument essentielle.

On observe une multitude de facteurs de stress. On a fait appel à moi pour contribuer à régler le différend entre l’Éthiopie et les pays voisins au sujet de l’extraction d’eau. C’est ainsi que je gagnais ma vie dans un autre monde, à une autre époque. Or, ce n’est là qu’une flambée parmi tant d’autres à venir.

Si le Canada peut montrer que nous vivons ensemble, que nous nous célébrons mutuellement et que nous avons tous conscience d’être dans le même bateau et de partager une humanité commune — point à la ligne —, cela assure notre crédibilité dans le monde entier. Beaucoup de gens sont très repliés sur eux-mêmes, craintifs, méfiants et isolés, et c’est correct. Voilà où en est la planète, à mon avis. Cependant, je pense qu’une telle mesure, avec les autres mois du patrimoine, nous place dans une position unique. J’espère avoir répondu à votre question.

[Français]

Le sénateur Cormier : J’aurais une question concernant la langue.

M. McGuinty : Oui.

Le sénateur Cormier : Évidemment, la langue arabe est une langue très diversifiée que je ne maîtrise pas.

Je vais me permettre un commentaire qui n’est pas très correct, mais on identifie souvent la langue arabe à une certaine forme de violence dans notre monde. Je le dis avec toutes les nuances possibles. Je suis conscient que parfois, en entendant cette langue, il y a une crainte qui surgit, pour toutes sortes de raisons réelles ou fictives. C’est une langue extraordinaire. Comment le Mois du patrimoine arabe peut-il être une occasion de célébrer cette langue et de faire en sorte qu’on en saisisse toute la musicalité? Même si on ne parle pas cette langue, comment peut-on se l’approprier?

M. McGuinty : Le Canada dans le monde. La première fois que je me suis présenté en politique, il y avait un débat de candidats dans ma circonscription. Des gens m’ont demandé quelle était ma position envers le bilinguisme officiel au Canada. Ma réponse a été — et c’est toujours la même réponse — que c’était un bon début; que les jeunes qui sortent de l’école secondaire aux Pays-Bas doivent parler au moins quatre langues et en Allemagne, c’est au moins trois langues. L’idée qu’on ne fasse pas la promotion du fait de parler le plus de langues possible, dans un monde qui devient de plus en plus petit, c’est un manque de possibilités, à mon avis.

Si le projet de loi aide avec l’apprentissage de l’arabe, c’est excellent. Le monde arabe continue de croître en population. Le Canada fait des affaires partout dans le monde; pourquoi ne voudrait-on pas avoir des Canadiens qui font des affaires et qui peuvent s’exprimer dans la langue de l’Arabie saoudite?

J’espère que cela va aider, comme j’espère que le Mois du patrimoine portugais va aider la langue portugaise ou l’italien.

[Traduction]

Ce sont des questions de perception, mais nous devons surmonter ces perceptions, car elles ne sont que cela : des perceptions. Les arabophones du monde entier sont beaux, chaleureux, aimants, attentionnés, accomplis et travaillants.

Le sénateur Cormier : Je suis d’accord.

M. McGuinty : Nous avons la chance d’avoir tant d’Arabo-Canadiens qui nous aident à construire ce pays. Encore une fois, j’y vois une occasion pour notre pays de tendre la main au monde et de communiquer. Lorsqu’on peut le faire dans la langue maternelle de l’autre, cela nous place dans une bonne position concurrentielle.

[Français]

Le sénateur Cormier : Vous avez proposé un projet de loi. Pourquoi n’avez-vous pas proposé une motion, tout simplement? Pourquoi un projet de loi plutôt qu’une motion?

M. McGuinty : Parce qu’une motion ne mènerait pas au même résultat. Je voulais vraiment avoir un mois attribué à la communauté arabe. J’ai proposé plusieurs motions à la Chambre depuis 20 ans, mais je voulais que cela commence le plus vite possible, pour que les gens puissent organiser des festivals, des pique-niques et des rassemblements partout.

J’ai aussi respecté le fait qu’on avait déjà beaucoup d’autres mois, et je pense que tous ces mois ont été mis en œuvre à la suite de l’adoption de projets de loi, et non de motions.

Le sénateur Cormier : Merci beaucoup.

[Traduction]

La présidente : Monsieur McGuinty, la célébration est une chose, mais s’attaquer au racisme systémique et institutionnel profondément enraciné en est une autre. Le Comité sénatorial des droits de la personne a publié un rapport sur l’islamophobie qui démontre l’existence du racisme au sein de divers organismes, ici à Ottawa : l’Agence du revenu du Canada, ou ARC, l’Agence des services frontaliers du Canada, ou ASFC, et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC. Pensez‑vous que cette mesure permettra de bâtir un pont, et si oui, comment?

M. McGuinty : J’espère que cela pourra vous aider. Dans mes autres fonctions — 30 heures par semaine à titre de président du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement —, nous avons effectué la toute première analyse de la diversité et de l’inclusion de l’ensemble des organismes canadiens de la sécurité et du renseignement. Nous l’avons fait parce que nous savions qu’il nous fallait une base de référence. Les discours, c’est bien beau, mais nous avons besoin d’une base de référence. Nous avons besoin d’indicateurs et de bases de référence. On ne peut gérer ce qu’on ne peut mesurer.

Nous avons entrepris le travail, fait un suivi, et nous faisons maintenant un suivi de nos travaux antérieurs. La première étape a été de valider l’idée selon laquelle les meilleurs organismes de la sécurité et du renseignement au monde sont ceux qui sont les plus diversifiés. Cela ne vient pas de nous, mais du FBI, qui a étudié la situation à l’échelle mondiale. Les gens de qualité font des organismes de la sécurité et du renseignement de qualité, ce qui requiert une diversité et une véritable inclusion. Voilà pourquoi nous avons mis en place une analyse de référence; l’objectif est de mesurer les progrès accomplis aux trois à cinq ans.

Je ne sais pas si c’est directement lié aux importantes conclusions de ce rapport, mais commençons par le commencement. Si nous pouvons commencer par célébrer les qualités de nos voisins et concitoyens d’origine arabe, et de nos nouveaux arrivants, ce sera probablement un bon début.

La présidente : Merci, monsieur McGuinty. Notre comité est probablement le plus amical que vous ayez rencontré.

M. McGuinty : Puis-je revenir?

La présidente : Chers collègues, nous allons maintenant procéder à l’étude article par article. Monsieur McGuinty, vous êtes libre de rester ou de partir. À vous de choisir.

M. McGuinty : Merci, madame la présidente, et merci à vous tous.

La présidente : Je vous remercie. Plaît-il au comité de procéder à l’étude article par article du projet de loi C-232, Loi instituant le Mois du patrimoine arabe?

Des voix : D’accord.

La présidente : Est-il convenu de reporter l’étude du titre?

Des voix : D’accord.

La présidente : Est-il convenu de reporter l’étude du préambule?

Des voix : D’accord.

La présidente : Est-il convenu de reporter l’étude de l’article 1, qui contient le titre abrégé.

Des voix : D’accord.

La présidente : L’article 2 est-il adopté?

Des voix : D’accord.

La présidente : L’article 1 est-il adopté?

Des voix : D’accord.

La présidente : Le préambule est-il adopté?

Des voix : D’accord.

La présidente : Le titre est-il adopté?

Des voix : D’accord.

La présidente : Le projet de loi est-il adopté?

Des voix : Adopté.

La présidente : Félicitations, monsieur McGuinty. Nous ferons rapport du projet de loi au Sénat.

M. McGuinty : Merci beaucoup.

La présidente : Bravo. Est-il convenu que je fasse rapport de ce projet de loi au Sénat, dans les deux langues officielles?

Des voix : D’accord.

La présidente : Merci, chers collègues.

Nous passons maintenant à notre prochain groupe de témoins. Nous allons étudier le projet de loi C-284, Loi prévoyant l’élaboration d’une stratégie nationale sur les soins oculaires. Nous accueillons l’honorable Judy Sgro, la marraine du projet de loi. Je vous remercie de vous joindre à nous aujourd’hui. Nous commencerons par votre déclaration préliminaire, puis nous passerons aux questions des membres du comité. Il est sans doute préférable de ne pas dépasser les cinq minutes imparties de façon à nous laisser beaucoup de temps pour vous poser des questions.

L’honorable Judy A. Sgro, c.p., députée, marraine du projet de loi : Je remercie le comité d’avoir mis le projet de loi C-284 à l’avant-plan afin qu’il puisse être adopté, ce que nous souhaitons tous vivement.

Le projet de loi C-284 vise l’élaboration d’une stratégie nationale sur les soins oculaires afin de préserver la santé visuelle de millions de Canadiens, en mettant l’accent sur la réduction de la cécité évitable et sur l’amélioration de la santé oculaire en général, laquelle a une incidence directe sur la qualité de vie, la productivité et le bien-être d’une personne. Le projet de loi C-284 met l’accent sur une approche à facettes multiples à l’égard de la prestation de services de soins oculaires complets.

Premièrement, l’accessibilité est la clé. La stratégie viserait à s’assurer que les résidants des régions urbaines et rurales ont accès aux services de soins ophtalmologiques essentiels. Il s’agit notamment d’augmenter le nombre de centres de soins de proximité et de rendre les traitements abordables pour tous, peu importe leur statut socioéconomique.

Deuxièmement, la sensibilisation et l’éducation du public joueront un rôle important. De nombreuses affections oculaires peuvent être évitées lorsque détectées tôt. Les campagnes de santé publique peuvent sensibiliser la population à l’importance d’un examen de la vue régulier et d’une intervention précoce, en particulier pour les problèmes courants comme la cataracte, le glaucome et les défauts de réfraction.

Troisièmement, le renforcement des capacités est essentiel à la mise en œuvre réussie de cette stratégie. Il s’agit notamment de former davantage d’optométristes, d’ophtalmologues et d’autres professionnels de la santé et de veiller à ce qu’ils aient les ressources nécessaires à la prestation de soins de premier ordre.

Enfin, le projet de loi C-284 met l’accent sur l’intégration des technologies. Le recours à la technologie, de la télémédecine aux outils de diagnostic avancés, peut accroître l’efficacité et l’accessibilité des services de soins oculaires, en particulier en région éloignée.

Aujourd’hui, plus de 8 millions de Canadiens — une statistique absolument alarmante — risquent une perte de vision grave en raison de maladies oculaires courantes. Une stratégie nationale sur les soins oculaires est essentielle, puisqu’elle fournirait aux gouvernements et aux intervenants une orientation cohérente pour s’attaquer de concert à cette crise qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Le projet de loi C-284 porte sur la création d’une stratégie visant l’établissement d’une approche coordonnée en matière de soins oculaires dans l’ensemble des administrations, la réduction des chevauchements et l’optimisation des efforts de prévention et de gestion des maladies oculaires à l’échelle nationale. En outre, il permettra aux peuples autochtones de participer à la création d’une approche fondée sur les distinctions, assurant ainsi la prise en compte de leurs besoins particuliers.

En outre, pour sensibiliser le public, le gouvernement désignera le mois de février comme « Mois de la sensibilisation à la dégénérescence maculaire liée à l’âge ». L’éducation à la santé oculaire et aux risques de maladies oculaires est cruciale. Nous devons veiller à ce que les Canadiens aient les renseignements nécessaires pour préserver leur vision à long terme. La perte de vision n’est pas seulement un problème de santé. Elle peut avoir de multiples répercussions, tant physiques que psychologiques, notamment des difficultés financières, la perte d’autonomie et l’isolement social qui, évidemment, entraînent souvent la dépression.

Considérons les faits marquants suivants : en 2019, la perte de vision a coûté la somme astronomique de 32,9 milliards de dollars à l’économie canadienne. Environ 1,2 million de Canadiens sont aveugles ou atteints de cécité partielle, et plus de 8 millions de personnes ont un risque important de cécité. Fait troublant, on déplore 1 292 décès associés à la perte de vision en 2019. La bonne nouvelle, c’est que 75 % des cas de cécité peuvent être évités grâce à un diagnostic et à un traitement précoces.

Voilà pourquoi le projet de loi C-284, qui vise à établir une stratégie nationale sur les soins oculaires, est si important. Il vise à sensibiliser aux conséquences de la perte de la vue, à améliorer les soins de santé oculaire et à appuyer et favoriser la recherche innovatrice sur les nouveaux traitements. Les optométristes, les ophtalmologues, les chercheurs et les défenseurs des droits des patients réclament depuis des années que le gouvernement fédéral soit un chef de file en matière de soins oculaires. Ce projet de loi se fait attendre depuis longtemps et il est essentiel pour des millions de Canadiens. Des intervenants clés comme l’Association canadienne des optométristes et la Société canadienne d’ophtalmologie ont milité activement pour une stratégie nationale, et certains organismes, notamment le Conseil canadien des aveugles et Vaincre la cécité Canada, ont publiquement appuyé le projet de loi C-284.

Vaincre la cécité Canada rapporte que le nombre de Canadiens souffrant d’une perte de vision est en hausse. En effet, un Canadien sur cinq souffre actuellement d’une affection oculaire. L’augmentation des investissements dans la recherche en santé oculaire, en particulier pour les traitements préventifs et réparateurs, fait évidemment partie intégrante de la stratégie. Nous devons réclamer un financement accru pour les traitements génétiques, les pharmacothérapies, les dispositifs chirurgicaux et non chirurgicaux et les initiatives de diagnostic pour veiller à ce que les Canadiens bénéficient de ces avancées.

Le projet de loi C-284 a été adopté à l’unanimité à la Chambre des communes, et a reçu l’appui du premier ministre Justin Trudeau, du chef de l’opposition officielle et des caucus du NPD et du Parti vert. En mettant l’accent sur l’accessibilité, l’éducation, le renforcement des capacités et la technologie, le projet de loi C-284 vise à réduire considérablement la déficience visuelle et à améliorer les résultats en matière de santé oculaire d’un bout à l’autre du pays. Cette initiative souligne l’engagement du gouvernement à protéger l’un de nos sens les plus précieux : la vue.

Madame la présidente, je vous remercie beaucoup de m’avoir donné l’occasion d’être ici. C’est ma première comparution devant un comité sénatorial, et je suis tout à fait ravie de vous rencontrer. Je connais certains d’entre vous, et après aujourd’hui, je connaîtrai évidemment tous les autres. Merci beaucoup.

La présidente : C’est un plaisir. Nous sommes un comité amical. Je pense que vous l’aurez constaté.

Nous passons maintenant aux questions. Chers collègues, vous avez quatre minutes, ce qui inclut votre question et la réponse. Nous commençons par la sénatrice Cordy.

La sénatrice Cordy : Madame Sgro, je vous remercie beaucoup de votre travail sur ce projet de loi. C’est un enjeu de santé extrêmement important auquel nous n’avons peut-être pas accordé assez d’attention, sauf lors de l’achat de nouvelles lunettes, par exemple.

Vous avez parlé de l’importance du diagnostic précoce et des coûts de 32,9 milliards de dollars liés aux problèmes de la vue en 2019. Ce qui me sidère, en quelque sorte, c’est à quel point cet argent pourrait être utilisé à meilleur escient si nous mettions l’accent sur le diagnostic précoce, la prévention et la communication à cet égard. Pourriez-vous en dire davantage sur l’importance du diagnostic précoce et sur la meilleure voie à suivre pour favoriser le diagnostic précoce des problèmes de la vue?

Mme Sgro : Sénatrice Cordy, je vous remercie de votre intérêt et de votre question. Il va sans dire que beaucoup de gens n’ont pas consulté un professionnel de la santé durant la pandémie — médecin, ophtalmologiste ou autres —, même si bon nombre de médecins étaient alors mobilisés. Lorsqu’une maladie oculaire est dépistée, il est souvent trop tard.

Le 2 novembre, je tiendrai un forum, en collaboration avec l’Université de Waterloo, pour les enfants de 5 à 18 ans. Les étudiants universitaires feront des examens de la vue pour bon nombre de jeunes qui n’en ont jamais eu, pour diverses raisons. Le dépistage précoce des maladies oculaires est ce qu’il y a de mieux. Je suppose que cela vaut aussi pour toutes les maladies, mais on n’accorde pas autant d’attention aux maladies oculaires et à la perte de la vue, même si nous sommes déterminés à mettre en place une stratégie nationale sur les soins oculaires depuis 2003. On a promis cette stratégie à la population à maintes reprises, mais elle ne s’est jamais concrétisée, pour une raison ou une autre.

Je suis ravie d’avoir pu présenter ce projet de loi et, avec votre aide, de le faire avancer afin qu’il devienne loi. Nous pourrons alors commencer à accorder l’attention nécessaire à la perte de la vue.

La sénatrice Cordy : Autrefois, pour les questions de santé, on organisait des cliniques de soins pédiatriques. Les parents y amenaient leur bébé. Les bébés étaient pesés, examinés, etc. À l’époque, des examens de la vue étaient faits dans le réseau scolaire. Des infirmières en santé publique allaient dans les écoles. Cela fait longtemps que je suis allée dans le réseau scolaire, mais il y avait simplement un manque de financement pour y envoyer des infirmières et d’autres pour faire des interventions et des diagnostics précoces, dont vous avez parlé plus tôt, ou pour recommander aux parents d’emmener leur enfant chez le médecin.

Pourrait-on utiliser les ressources communautaires, y compris les écoles, pour mener certaines activités dont il est question dans le projet de loi?

Mme Sgro : Comme vous l’avez dit, il y avait une journée — je ne peux parler que de l’Ontario en particulier — une fois par année, où l’optométriste venait à l’école et faisait des examens préliminaires pour les enfants. Je pense que cela a cessé il y a longtemps.

Pour cette raison, lorsque j’ai enquêté sur des jeunes âgés de 5 à 18 ans, j’ai été très choquée de constater que bon nombre d’entre eux n’avaient jamais subi d’examen de la vue. Pourquoi le feraient-ils? Ils n’avaient aucune raison de le faire. Ils pouvaient encore voir, alors ils ne se rendaient pas compte de l’importance d’un tel examen. Par l’entremise du forum que je tiendrai le 2 novembre, nous espérons sensibiliser ces jeunes à l’importance de la vue et à la façon dont ils doivent en prendre soin. L’équipe examinera aussi ce groupe d’environ 200 jeunes pour voir combien d’entre eux ont besoin de soins. Est-ce qu’ils auront tous une bonne santé oculaire? Est-ce qu’on détectera un problème chez la moitié d’entre eux?

En réalisant cet exercice et en recueillant des données, on pourra peut-être changer les choses et rétablir de tels services dans les écoles. Les parents sont occupés de nos jours; ils n’ont pas de temps. S’il n’y a rien de préoccupant qui justifie un examen de la vue, ils ne se donnent pas la peine de le faire. Il faut étudier cette question.

La sénatrice Cordy : Merci.

La sénatrice Seidman : Merci, madame Sgro. Il ne fait aucun doute que la santé oculaire est d’une grande importance. Il y a des facteurs de risque associés à certaines maladies et des signes précurseurs pour d’autres, des indices relatifs à certaines maladies. Toutefois, comme nous le disons toujours au sujet de la santé, il y a certains enjeux associés à la compétence. Avez-vous déjà consulté les associations professionnelles et les gouvernements provinciaux?

J’ai remarqué que l’alinéa 2(2)c) du projet de loi prévoit des mesures visant à :

[...] promouvoir l’échange de renseignements et de connaissances entre les gouvernements fédéral et provinciaux sur la prévention et le traitement des maladies oculaires et sur la réadaptation visuelle [...]

De plus, l’alinéa 2(2)a) fait référence à l’identification des « besoins des professionnels de la santé et d’autres professionnels en matière de formation et d’orientation ».

Comment pouvons-nous aborder les questions très délicates relatives à la compétence des provinces et faire de la stratégie une réussite?

Mme Sgro : Tous les soins de santé de l’ensemble du système doivent être offerts en partenariat avec les provinces. J’ai discuté de la question avec le gouvernement de l’Ontario dès le départ. Nous ne voulons pas nous lancer dans les questions de compétences. L’enjeu, ce sont les soins oculaires, et nous devons l’aborder en collaboration avec les provinces.

Ensemble, nous pourrons élaborer une stratégie et trouver des façons de sensibiliser tout le monde. Nous voulons travailler dans la collaboration et aller de l’avant.

La sénatrice Seidman : Mais on dit que la stratégie pourrait comprendre des mesures visant à « identifier les besoins des professionnels de la santé et d’autres professionnels en matière de formation et d’orientation » et à « promouvoir l’échange de renseignements et de connaissances entre les gouvernements fédéral et provinciaux ». Comment allez-vous y arriver?

Mme Sgro : Nous y arriverons de la même façon que nous arrivons à atteindre bon nombre d’autres objectifs : par la coopération et l’établissement de partenariats.

La sénatrice Seidman : Avez-vous dit que vous aviez consulté les associations professionnelles provinciales?

Mme Sgro : De nombreuses associations se sont montrées très favorables au projet de loi. Il a été élaboré à la suite de consultations sur des questions de compétence, ainsi qu’avec des ophtalmologistes, des optométristes et les membres du Conseil canadien des aveugles. Je les ai tous consultés. Ils ont tous participé à l’élaboration du libellé et de l’orientation appropriés pour assurer le respect des autres compétences. J’ai établi le profil des nombreuses personnes qui travaillent sur ce dossier depuis longtemps. J’ai eu la chance de présenter un projet de loi d’initiative parlementaire. Je m’intéresse à la cécité en raison de ma grand-mère, d’une tante et de mon mentor. C’était l’occasion idéale pour moi de travailler avec eux pour rassembler tous les éléments et veiller à ce que tout soit formulé correctement afin de répondre à toutes les préoccupations au fur et à mesure que nous allions de l’avant.

La sénatrice Seidman : Je suis curieuse à propos d’une chose. L’article 5 du projet de loi semble être un ajout, en quelque sorte. Le mois de la sensibilisation à la dégénérescence maculaire liée à l’âge sera désigné chaque année. Je m’interroge à ce sujet. L’article ne se semble pas intégré au projet de loi. J’ai l’impression que c’est un ajout à la toute fin du projet de loi. Quelle en est l’importance? Pourquoi cette désignation?

Soit dit en passant, lorsque je regarde le calendrier du gouvernement du Canada pour les journées de promotion de la santé, il y en a beaucoup... La Semaine mondiale du glaucome, le Mois de la santé visuelle, le Mois de la sensibilisation à la cataracte, le Mois de la santé visuelle des enfants. Alors, quel est le sens de cela? Que tente-t-on de faire ici?

Mme Sgro : J’en ai beaucoup appris au sujet de la dégénérescence maculaire et de l’impact qu’elle aura sur bon nombre d’entre nous. Il y a un manque de sensibilisation à l’égard de cette affection. De nouvelles technologies permettent de traiter bon nombre de maladies oculaires. Contrairement à d’autres affections oculaires, il n’y avait pas de mois de sensibilisation à la dégénérescence maculaire. Étant donné la prévalence de la maladie, ce mois nous donnerait l’occasion de sensibiliser la population sur le sujet, puisque la détection précoce peut permettre d’éviter une perte vision. Ce serait une bonne occasion d’en parler.

Tous les mois et les jours que nous soulignons visent la sensibilisation. C’est une autre façon d’attirer l’attention sur une maladie en particulier.

La sénatrice Seidman : Je pose la question parce qu’il est intéressant de voir que la stratégie est associée à la journée de sensibilisation. Comme nous en avons discuté, la stratégie vise les bébés, les enfants et les personnes de tous les âges, tandis que la dégénérescence maculaire touche les personnes âgées.

Mme Sgro : Oui.

La sénatrice Seidman : C’est une juxtaposition intéressante. Je me demande s’il y a une explication derrière cela.

Mme Sgro : C’est un peu comme un ajout, puisque la maladie touche beaucoup de gens. Ma tante, qui est décédée il y a quelques mois, souffrait de dégénérescence maculaire. Elle avait complètement perdu la vue à la fin de sa vie. Elle me disait :

Judy, tu ne veux pas être vieille comme moi, parce qu’avec la dégénérescence maculaire, on ne voit plus rien. Je ne peux plus voir les gens que j’aime.

Cela me rappelle ce qui se passe lorsqu’on perd la vue. On parle d’isolement social et de dépression. Imaginez ce que ces gens doivent vivre. Je parlais à ma tante tous les deux jours. Elle ressentait une telle frustration au cours de ses derniers mois, parce qu’elle ne voyait plus. Elle avait dû être relocalisée dans un autre établissement. Elle n’avait plus de repères. C’était vraiment triste. Chaque fois que j’aborde ce sujet, je pense à elle et à l’importance de bien connaître cette maladie. Nous devons nous concentrer là-dessus.

La sénatrice Seidman : Merci.

La sénatrice Osler : Merci beaucoup de votre présence. Ma question fait suite à certaines questions posées par mes collègues, et porte sur les enfants ayant une perte de vision. Selon certaines sources, jusqu’à 10 % des enfants d’âge préscolaire ont des déficiences visuelles.

Bien que le projet de loi n’exclue pas explicitement les enfants de la stratégie nationale sur les soins oculaires, il fait référence aux maladies oculaires chez les adultes, comme la dégénérescence maculaire, les cataractes, le glaucome et la rétinopathie diabétique. Il désigne le mois de février comme étant le mois de la sensibilisation à la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Il y est question de réadaptation visuelle. Si une personne perd la vue, la réadaptation vise le rétablissement des compétences et des activités, plutôt que l’habilitation. Si une personne est aveugle à la naissance, elle devra être habilitée pour s’adapter. L’Institut national canadien pour les aveugles, ou INCA, a constaté que trop d’enfants aveugles ou malvoyants n’ont pas accès à des soutiens communautaires, à des appareils d’aide technologique, à du matériel didactique et à des mesures d’adaptation.

Compte tenu de ce préambule et du libellé du projet de loi, envisagez-vous d’inclure les enfants aveugles ou malvoyants dans la stratégie nationale sur les soins oculaires afin qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte?

Mme Sgro : Absolument. On part de zéro pour atteindre... Je crois que la dernière personne dont j’ai entendu parler avait 102 ans.

Il faut sensibiliser la population. Les gens — que ce soient les enfants, les adultes ou les aînés — tiennent leur vue pour acquise; ils pensent que leurs yeux vont toujours fonctionner. Il est essentiel de sensibiliser tout le monde, de zéro à 100 ans, et d’aborder ce sujet. On ne parle jamais de la vue, parce qu’on la tient pour acquise jusqu’à ce qu’on ait un problème. Il faut donc sensibiliser la population, aborder la question dans le cadre de diverses tribunes et faire comprendre aux gens qu’ils doivent subir des examens périodiques et prendre les mesures nécessaires à l’avenir. Oui, le projet de loi est très inclusif.

La sénatrice Osler : J’ai entendu dire que l’on viserait également l’examen chez les enfants et les bébés.

Que faudrait-il pour que la stratégie sur les soins oculaires soit une réussite? Avez-vous songé à intégrer certaines mesures de la réussite dans la stratégie?

Mme Sgro : Pour nous, la stratégie serait une réussite si les gens allaient faire vérifier leurs yeux et en prenaient soin comme il se doit. Nous avons tendance à nous occuper de toutes les autres parties de notre corps lorsqu’elles nous font mal, mais lorsqu’on a mal aux yeux, il est probablement déjà trop tard, ou alors c’est le signe d’autres maladies. La sensibilisation, c’est la clé. Nous y avons recours pour bon nombre d’autres maladies, et il faut parler de la santé oculaire.

[Français]

Le sénateur Cormier : Bienvenue. Je vous remercie pour votre présentation.

Dans vos remarques liminaires, vous avez parlé de différents sujets : l’abordabilité, la sensibilisation, le renforcement des capacités sur le plan de la formation et l’intégration des technologies, notamment concernant la télémédecine, surtout dans les régions éloignées.

J’ai deux questions qui concernent le renforcement des capacités et l’intégration des technologies.

Dans le projet de loi, à l’alinéa 2(2)a), on dit que les besoins de formation et d’orientation pour les professionnels de la santé seront pris en compte dans la stratégie. Dans le domaine des nouvelles technologies à distance, les besoins de formation des professionnels sont bien exprimés, mais les patients eux-mêmes doivent souvent utiliser certains appareils. Cette stratégie tiendrait-elle compte des besoins de formation et d’accompagnement des patients qui auraient à utiliser la télémédecine dans les régions éloignées?

[Traduction]

Mme Sgro : J’imagine que cela en ferait naturellement partie. Si les patients avaient besoin d’une formation précise sur la façon d’utiliser un appareil que leur ophtalmologiste ou leur optométriste leur aurait recommandé, par exemple, elle serait évidemment offerte.

J’ai été très surprise d’apprendre que dans les régions rurales du nord de nos provinces — dans les collectivités autochtones —, les gens devaient parcourir des kilomètres en avion pour obtenir des soins oculaires. Bien sûr, très peu d’entre eux ont accès à de tels soins, à moins qu’ils aient un grave problème et qu’ils doivent prendre l’avion pour se rendre quelque part.

Je sais qu’il y a des cliniques mobiles — des autobus et des fourgonnettes — qui se rendent occasionnellement dans le Nord. Les ophtalmologistes et les optométristes donnent de leur temps, mais cette partie de la population est souvent négligée, parce qu’elle n’obtient pas les services dont elle a besoin. Je parle des communautés autochtones parce que nous devons leur garantir l’accès à ces soins. Il nous faut une stratégie nationale pour tout le monde au Canada, et pas seulement pour ceux qui vivent dans les centres urbains.

Il serait utile de se concentrer sur les collectivités autochtones et rurales qui ont un accès très limité aux soins de santé.

[Français]

Le sénateur Cormier : Dans un autre comité, nous faisons présentement une étude sur les soins de santé pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Ce qu’on apprend dans le cadre de cette étude, c’est qu’il y a des enjeux majeurs de capacité de livraison des services dans la langue de la minorité. Il n’y a rien dans votre stratégie nationale qui parle des obligations qu’a le ministre de la Santé en matière de Loi sur les langues officielles. Dans cette stratégie, comment seront pris en compte les besoins des communautés linguistiques en situation minoritaire, que ce soit les communautés anglophones au Québec ou les communautés francophones à l’extérieur du Québec, qui, effectivement, ont besoin d’être servies dans leur langue? Surtout, on a compris récemment que lorsqu’il y a concordance linguistique entre le médecin et le patient, la qualité des soins et la santé des patients sont meilleures. Je ne vois rien dans le projet de loi qui traite de cet aspect.

[Traduction]

Mme Sgro : On s’y attendrait certainement. Comme vous l’avez souligné, sénatrice, lorsque tout le monde parle la même langue, on se comprend mieux.

J’imagine que, dans notre pays, il y a beaucoup d’ophtalmologistes et d’optométristes qui parlent très bien le français et possiblement plusieurs autres langues. Maintenant que le gouvernement met enfin l’accent sur une stratégie nationale sur les soins oculaires, de nombreuses personnes suivent une formation pour devenir optométristes et ophtalmologistes. Je les ai vus à l’université. Le programme de formation a atteint sa capacité maximale. Je m’attends à ce qu’il y ait suffisamment de professionnels formés, et je l’espère. Plusieurs témoins comparaîtront ultérieurement et pourront probablement vous parler du nombre d’optométristes ou d’ophtalmologistes au Canada qui parlent plus d’une langue.

[Français]

Le sénateur Cormier : Je parlais surtout des obligations du ministre envers la Loi sur les langues officielles. Je vous remercie.

[Traduction]

La sénatrice Moodie : Madame Sgro, nous vous remercions d’avoir présenté ce projet de loi. Je voulais revenir à la question de l’accès aux soins et à certains des enjeux les plus troublants auxquels font face les gens qui vivent dans le Grand Nord et dans les régions rurales, comme vous l’avez déjà mentionné.

Nous en avons parlé un peu tout à l’heure et nous savons que les gens qui habitent dans la région urbaine de Toronto, par exemple, peuvent facilement passer un examen de la vue et utiliser une allocation à cette fin. Leurs enfants ont aussi souvent droit à un examen de la vue à l’école. On le fait encore souvent.

Mais si vous êtes situés dans une région rurale, c’est beaucoup plus difficile. Il y a de nouvelles technologies qui nous permettent de faire des tests maculaires et qui sont accessibles, mais il faut atteindre les gens dans ces régions rurales et géographiquement complexes.

Dans le cadre de vos consultations, avez-vous parlé aux gens des territoires? Avez-vous parlé aux dirigeants dans le Grand Nord pour comprendre certains des problèmes auxquels ils font face en ce qui concerne l’accès aux soins et l’accès aux nouvelles technologies? Selon vous, en quoi la stratégie contribuera-t-elle à orienter les solutions? Les réponses à vos questions ont-elles été positives? Est-ce que les gens croient qu’une telle stratégie pourrait être utile?

Mme Sgro : Les enjeux associés au Grand Nord et les obstacles qui nuisent à l’accès à un examen de la vue sont similaires à ceux associés à d’autres questions de santé. La population et les dirigeants accueillent favorablement l’idée de pouvoir avoir accès à de tels services. Par exemple, il y a une clinique d’examen ambulante qui se rend au nord de l’Ontario deux fois par année. On offre des examens de la vue à bord d’un camion, mais il faut en faire beaucoup plus. Le gouvernement doit veiller à ce que tout le monde ait accès à ces examens et à ce que tout le monde sache qu’en vertu de la stratégie nationale sur la santé oculaire, il faut passer un examen, de façon similaire à ce qui se fait avec les jeunes de 5 à 18 ans en collaboration avec l’Université de Waterloo.

Ce sont des régions difficiles, et il faut plus d’intervenants pour faire les examens et les suivis. D’après mes discussions avec mes collègues et d’autres témoins qui ont comparu en comité — et je crois que vous entendrez d’autres témoins à ce sujet —, c’est une nécessité. Si nous adoptons la stratégie sur la santé oculaire, le gouvernement aura l’obligation d’assurer l’accès aux soins dont les gens ont besoin.

La sénatrice Moodie : Ma question fait suite à la question de la sénatrice Seidman. Est-ce que la stratégie sera bien accueillie? En avez-vous parlé à des gens? Les avez-vous consultés?

Mme Sgro : Je crois que oui. Les gens étaient vraiment enchantés par l’idée. Ils espéraient que le projet de loi serait adopté. Les projets de loi d’initiative parlementaire ne sont pas — comme vous le savez, car je pense que vous en traitez beaucoup — toujours faciles à adopter. Il a passé deux ans à la Chambre, et il a finalement reçu l’appui de tous. Au total, 334 personnes ont voté sur ce projet de loi; personne n’a voté contre. Les représentants du Nord ont participé à la consultation, afin que le projet reflète les nombreuses communautés diverses partout au Canada et réponde à leurs besoins.

La sénatrice Bernard : Je vous remercie de votre présence et de vos réponses aux questions de mes collègues. Ma question fait suite à d’autres qui ont déjà été posées. Je réfléchis à l’idée des facteurs de risque, et le diabète est l’un des facteurs de risque des maladies oculaires. Notre comité a également étudié le projet de loi sur l’assurance médicaments qui vient d’être adopté. Je me demande quels liens vous voyez. Je pense à la question de l’accessibilité. Ce n’est pas seulement une question de géographie, c’est aussi une question d’accessibilité financière. Il faut sensibiliser les gens, veiller à ce qu’ils reçoivent des soins oculaires et à ce que des évaluations soient effectuées, mais qu’en est-il des interventions à proprement parler? Les traitements pour les maladies oculaires sont dispendieux. Même les régimes privés ne couvrent probablement pas l’intégralité des coûts. Les lunettes correctrices peuvent également coûter très cher. Comment cet aspect est-il pris en compte dans ce projet de loi, ou l’est-il? Quels liens voyez-vous avec le projet de loi sur l’assurance médicaments?

Mme Sgro : Je vous remercie d’avoir adopté le projet de loi sur l’assurance médicaments, soit dit en passant. J’aurais dû commencer par ces remerciements. Je pense que de nombreux Canadiens en seront vraiment reconnaissants à l’avenir. L’objectif derrière la stratégie sur les yeux est de mettre l’accent sur cet enjeu, d’amener les gouvernements — aux paliers fédéral, provincial ou municipal — à prêter attention à un dossier crucial et à garantir l’accès aux soins. Tout commence par la sensibilisation. Si les patients ne savent pas qu’ils ont un problème oculaire parce qu’ils n’ont jamais passé d’examen de la vue, lorsqu’ils la font enfin évaluer, les interventions sont rendues très coûteuses. La sensibilisation est au cœur de notre démarche. Après la sensibilisation, il y aura d’autres discussions pour déterminer comment les patients pourront se payer certains soins. C’est très coûteux, et cela vaut même pour certaines de ces recommandations. Mais il y a des organisations, ainsi que des gouvernements, qui vont devoir répondre à certaines de ces questions.

Nous devons enfin mettre en place, une fois pour toutes, une stratégie et une orientation qui permettent d’éduquer la population sur les mesures à prendre pour protéger la vue. Une multitude de réponses seront nécessaires. Comment aider les personnes qui en sont à un stade où les interventions leur coûteront des centaines de dollars alors qu’elles n’ont pas accès aux installations nécessaires ou qu’elles n’ont pas la capacité d’absorber les coûts? Je pense que les traitements finiront par être couverts par un autre programme qui devra être lancé.

Il faut d’abord sensibiliser les gens à leur vue et à son importance, puis nous passerons à l’étape suivante.

La sénatrice Bernard : Cette conversation a-t-elle eu lieu pendant vos consultations sur ce projet de loi?

Mme Sgro : Non, il n’a pas été question des implications financières. N’oubliez pas qu’il faut rédiger les projets de loi d’initiative parlementaire avec beaucoup de prudence, car s’ils sont associés à un montant précis, ils ne peuvent pas être adoptés par la Chambre. Il faut y présenter ses intentions, puis laisser le processus suivre son cours. Il fallait donc préciser dans le projet de loi que le gouvernement doit s’engager à mettre en place une stratégie et un programme de sensibilisation, pour ensuite passer à l’étape suivante.

La sénatrice Bernard : Merci.

La sénatrice Dasko : Bienvenue au Sénat. Après toutes vos années au Parlement, c’est votre première fois ici.

Mme Sgro : Merci. Il m’a fallu beaucoup de temps pour enfin venir ici.

La sénatrice Dasko : C’est vrai. C’est formidable. J’ai quelques questions. Je pense qu’elles sont toutes interreliées. Nous parlons d’une stratégie nationale sur la prévention et le traitement des maladies oculaires. Je ne suis pas médecin, mais je connais les traitements. C’est le volet préventif de cet enjeu que je ne comprends pas très bien. J’aimerais le comprendre un peu mieux.

Pour prévenir d’autres maladies, nous savons qu’il faut réduire les facteurs de risque, adopter un régime alimentaire sain, faire de l’exercice, etc. Quelles sont les principales mesures de prévention pour cette initiative? C’est ma première question.

Deuxièmement, vous avez mentionné à plusieurs reprises la sensibilisation. Il s’agit d’une activité différente : la promotion de la santé. Mais toutes les activités de sensibilisation des gouvernements ou des organisations sont ciblées. On ne peut pas se contenter de lancer des messages n’importe comment et espérer qu’ils se rendent aux bonnes oreilles. Les campagnes de sensibilisation sont structurées et ciblent des publics particuliers. J’aimerais savoir sur quoi portera la sensibilisation, et quels publics seront ciblés. À qui les messages s’adressent-ils? À la communauté médicale? À des segments de la population? J’essaie d’en savoir un peu plus à ce sujet, ce qui m’aidera à comprendre quels sont les enjeux — je reviens donc à la prévention, puis à la promotion.

Mme Sgro : De nos jours, on fait la promotion de toutes sortes d’avancées pour prévenir la dégénérescence maculaire, notamment. Certaines d’entre elles ont vu le jour au cours des dernières années. Sont-elles efficaces? Je n’en sais rien. Mais je pense que les autres témoins, qui viennent du milieu médical, vous diront que plusieurs mesures préventives peuvent être prises. La sensibilisation n’est qu’un début. Mais que font les professionnels de la santé au juste? Ce sont les réponses que vous obtiendrez des professionnels de la santé lorsque vous les rencontrerez à votre prochaine réunion.

Le gouvernement participera à la stratégie si le projet de loi est adopté. Il jouera un rôle dans la prévention, comme c’est souvent le cas, et coopérera avec tous les professionnels de la santé qui savent quelles tranches d’âge doivent être ciblées pour différents problèmes de santé. Nous savons que la perte de vision est de plus en plus fréquente aujourd’hui. Qu’elle soit liée au fait de regarder continuellement nos iPhone ou nos ordinateurs, je pense que les données qui seront fournies montreront où cibler nos efforts, par le biais de quelque campagne de sensibilisation que ce soit. Tout cela se fera, bien sûr, avec les professionnels du milieu de la santé.

La sénatrice Dasko : En ce qui concerne les mesures de prévention, le dépistage est-il la principale mesure de prévention? Y a-t-il autre chose que les gens devraient faire? J’essaie de comprendre.

Mme Sgro : J’essaie de répondre à cette question. Si l’on regarde nos propres comportements et le temps que nous passons devant l’ordinateur, l’iPad ou tout autre appareil, le nombre d’heures passées devant un écran n’est pas nécessairement la meilleure habitude au monde. Je remarque que si je tiens mon iPhone trop près de mon visage, un message s’affichera pour me dire que je le tiens trop près de moi. Mais il y a toute une série de techniques qui vont devoir être efficaces en matière de prévention pour que nous puissions sensibiliser la population.

Nous tenons notre vision pour acquise et pensons qu’elle ne faillira pas, jusqu’à ce que les problèmes se manifestent. Nous pensons à la prévention pour de nombreux problèmes de santé, mais pour la santé oculaire en particulier, nous croyons que tout va bien jusqu’à ce que nous remarquions que notre vision s’est affaiblie.

La sénatrice Dasko : Pour en revenir à la sensibilisation, vous avez manifestement beaucoup de connaissances dans ce domaine. Pensez-vous que les messages clés devraient cibler les médecins de famille, ou plutôt les pédiatres ou les écoles? Quels personnes ou groupes devraient être informés dans cette campagne de sensibilisation?

Mme Sgro : Si une campagne ou une structure de sensibilisation générale est mise en place, elle s’intégrera à toutes les autres activités de promotion et de sensibilisation pour la population. Nos optométristes sont extrêmement compétents. Ils détectent les problèmes s’ils ont l’occasion de tester la vue d’un patient. Cependant, les parents sont très occupés, et je ne pense pas qu’ils se précipitent pour faire tester la vue de leurs enfants, à moins qu’ils remarquent une anomalie.

La sénatrice Dasko : C’est vrai.

Mme Sgro : Admettons qu’une publicité dans un abribus attirait notre attention et demandait : « Avez-vous fait tester votre vue? Votre vision est-elle de 20/20? » Nous serions alors portés à nous dire : « Eh bien, je devrais probablement passer un examen de la vue. » Parfois, lorsqu’on commence à ressentir des symptômes, il est bien trop tard pour pouvoir traiter les problèmes touchant surtout les aînés.

La sénatrice Dasko : Qui mènerait ces campagnes de sensibilisation?

Mme Sgro : Elles feraient partie d’une campagne quotidienne menée par le gouvernement sur toute une série de sujets. Le projet de loi C-284 m’a permis d’en apprendre énormément, et c’est ainsi que tout le monde apprend et prend conscience de réalités. Nous en apprenons tous les jours sur des questions qui nous échappaient complètement auparavant. J’espère que la population prendra conscience de ces soucis de santé, et pas seulement les personnes souffrant de dégénérescence maculaire, de glaucome ou d’une autre maladie. On apprend des choses par quelqu’un d’autre. La sensibilisation et une campagne pourraient être très efficaces pour informer la population.

[Français]

La sénatrice Mégie : Je suis heureuse de vous voir ici, madame la ministre. Je sais que plus on met de choses dans la stratégie, moins on a de chances de faire adopter le projet de loi. Je pense que c’est très bien. Ma question est la suivante. Préférez-vous laisser aux provinces le choix des groupes d’âge? Vous dites que la stratégie en général, ça va, mais est-ce que ce sont les provinces qui vont déterminer les groupes d’âge, par exemple l’âge de la scolarité de 0 à 18 ans, et les personnes de 65 ans et plus, car c’est une autre période de vulnérabilité pour la dégénérescence maculaire et autres problèmes? Est-ce que vous préférez laisser cela aux provinces et n’imposer aucune directive au sujet des âges?

[Traduction]

Mme Sgro : Je pense que le succès du projet de loi C-284 repose entièrement sur la coopération avec les provinces, et je ne vois aucune raison de ne pas obtenir cette coopération d’après les discussions que j’ai eues avec les dirigeants provinciaux. Les gens reconnaissent que les efforts pour remédier à la perte de vision laissent à désirer. Il suffit de penser aux 39 milliards de dollars qu’a coûtés la perte de vision. Les provinces seront d’excellentes partenaires pour établir l’ordre de priorités des groupes qui devraient avoir un accès facilité par rapport aux autres.

L’objectif ultime est de nous assurer que les gens sont conscients de la gravité des problèmes de vision et de l’importance de leurs yeux. N’attendez pas de perdre la vue pour dire : « J’aurais aimé être mieux informé, » par exemple.

J’ai grandi avec ma grand-mère, qui a perdu la vue d’un œil et qui avait un œil de verre. Je me souviens qu’elle l’enlevait pour le nettoyer le soir et qu’elle marchait avec sa canne blanche. C’était très triste à voir, et elle était au début de la cinquantaine. Je me souviens que, enfant, j’étais terrifiée de la voir retirer son œil. Je me demande ce que la médecine pourrait faire aujourd’hui pour la maladie qu’elle avait à l’époque. Se ferait‑elle encore remplacer un œil aujourd’hui? Je ne sais pas. Je me souviens avoir été très effrayée. Je pense que c’est la première fois que j’ai pris conscience du fait que l’on peut perdre la vue, avoir un accident ou contracter une maladie oculaire et devoir composer avec les conséquences. Nous avons de nombreux partenaires qui coopéreront et travailleront avec nous dans le cadre de cette campagne.

La sénatrice Osler : J’ai une question précise concernant l’alinéa 2(2)d), sur le contenu de la stratégie. C’est l’alinéa qui dit de :

[...] veiller à ce que le ministre soit en mesure d’examiner rapidement, conformément à la Loi sur les aliments et drogues, certaines demandes ou présentations [...]

Vous pouvez lire le reste.

Ma question est la suivante : le ministre est-il actuellement incapable d’examiner rapidement ces demandes et présentations? Des données de Santé Canada indiquent-elles que ces présentations sont retardées de manière prolongée, et cet alinéa signifie-t-il que ces demandes et présentations seraient d’une manière ou d’une autre traitées plus rapidement que d’autres?

Mme Sgro : L’un des points abordés concernait les délais. Nous savons que le processus prend beaucoup de temps au sein de Santé Canada étant donné le nombre de médicaments étudiés. C’est une plainte que j’entends souvent, dans mon rôle d’élue, surtout au sujet des yeux et de la vue. Il y a donc eu un peu d’engorgement quand on a essayé de faire avancer le dossier.

Des gens — je reviens à la question de la dégénérescence maculaire — perdent la vue, et il existe de nouvelles technologies, dont certaines ont été approuvées par Santé Canada, que les patients attendent. Le problème, c’est que s’il y a une bonne idée, il ne faut pas que Santé Canada l’ignore. Essaieriez-vous de faire avancer les choses? Des gens perdent la vue et vivent des difficultés tous les jours, et il y a peut-être de nouvelles technologies ou de nouveaux médicaments qui pourraient aider à prévenir ces problèmes. C’est vraiment déchirant. Ne prolongez pas ces processus. Notre vue est d’une importance capitale, et la population doit la préserver et la protéger.

La sénatrice Osler : Savez-vous s’il existe des lignes directrices scientifiques ou des délais prescrits pour le traitement des demandes? Les délais de demande et de traitement actuels dépassent-ils ces lignes directrices?

Mme Sgro : Je ne peux pas répondre à cette question. Il y a certainement des délais et des objectifs que le personnel essaie de respecter, mais il se heurte souvent à d’autres problèmes. Il n’est pas nécessairement en mesure de respecter ces délais en tout temps. Il y a certainement des délais prescrits, et je crois que les fonctionnaires essaient de respecter ces lignes directrices, mais ce n’est pas toujours possible.

La sénatrice Osler : Merci.

La présidente : Merci, chers collègues. Je pense que nous avons terminé de poser nos questions. Merci beaucoup, madame Sgro, d’être venue témoigner pour nous.

Chers collègues, nous poursuivrons l’étude de ce projet de loi demain. Une fois encore, nous vous remercions vivement d’avoir été parmi nous et d’avoir répondu à toutes nos questions. Nous espérons que l’étude de ce projet de loi se fera très rapidement.

Mme Sgro : Merci énormément. Je sais que vous avez du pain sur la planche, et je vous suis vraiment reconnaissante d’étudier ce projet de loi. J’ai parlé de 2003; la communauté attend depuis une éternité que le Canada se dote d’une stratégie nationale sur les yeux. Elle suit ce dossier de très près depuis deux ans et demi, et elle serait extrêmement attristée si, après avoir atteint ce stade, nous n’avions pas l’occasion de le mener à bien en raison de problèmes persistants à la Chambre. La communauté serait énormément déçue. Je vous remercie donc de votre attention et du temps et des efforts que vous consacrez à ce projet de loi. Merci beaucoup.

La présidente : Merci beaucoup.

(La séance est levée.)

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