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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule no 5 - Témoignages du 20 avril 2016


OTTAWA, le mercredi 20 avril 2016

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 16 h 17, pour étudier la question de la démence dans notre société.

Le sénateur Kelvin Kenneth Ogilvie (président) occupe le fauteuil.

Le président : Bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

Je suis Kelvin Ogilvie, de Nouvelle-Écosse, président du comité. Je vais inviter mes collègues à se présenter, en commençant à ma gauche.

Le sénateur Eggleton : Art Eggleton, sénateur de Toronto et vice-président du comité.

La sénatrice Merchant : Pana Merchant, sénatrice de la Saskatchewan.

La sénatrice Nancy Ruth : Nancy Ruth, de l'Ontario.

La sénatrice Stewart Olsen : Carolyn Stewart Olsen, du Nouveau-Brunswick.

Le président : Merci beaucoup.

Je rappelle à tous qu'aujourd'hui, notre comité poursuit son étude sur la question de la démence dans notre société.

Nous avons le plaisir de recevoir trois groupes de témoins aujourd'hui. Je vais les inviter à se présenter de ma droite vers ma gauche. Je crois que cela a été jugé satisfaisant.

J'ai le plaisir d'inviter le Dr Andrew Kirk à commencer. Il est professeur et chef du Département de neurologie à l'Université de la Saskatchewan. Il représente Rural Dementia Action Research ou RaDAR.

Dr Andrew Kirk, professeur et chef, Département de neurologie, Université de la Saskatchewan, à titre personnel : Merci infiniment, sénateur, et merci à vous tous de m'avoir invité ici aujourd'hui.

Je voudrais vous dire ce que nous faisons dans notre Clinique de la mémoire en régions rurales et éloignées et j'aurai ensuite des recommandations à formuler.

C'est un gros problème. Nous savons que la prévalence de la démence augmente avec le vieillissement de la population et nous avons une importante population rurale, surtout en Saskatchewan. Nous avons aussi une importante population de personnes âgées qui croît rapidement. Les aînés ont davantage tendance à vivre dans les régions rurales que les jeunes et nous avons un vaste secteur géographique.

Par exemple, la Saskatchewan a presque la même superficie que le Texas, mais alors que le Texas compte 27 millions d'habitants, nous n'en avons qu'un million. Nous avons beaucoup de vastes espaces libres.

« Obtenir un diagnostic a été un vrai parcours du combattant. » C'est ce qu'a dit le participant à un groupe témoin au cours d'une session de la Société Alzheimer au début des années 2000. Nous avons constitué notre groupe pour essayer de rendre ce parcours plus facile.

Notre but était de mettre sur pied et d'évaluer une clinique rationalisée et interdisciplinaire offrant un guichet unique aux patients des régions rurales et éloignées de la Saskatchewan pour le diagnostic et la gestion de la démence. Il s'agissait aussi d'évaluer la télésanté comme moyen d'assurer le suivi des soins aux patients et à leur famille. C'était un projet de recherche largement communautaire et participatif. Lorsque nous avons établi la clinique, nous avons visité tous les sites de télésanté qui existaient alors dans la province. Il y en a maintenant beaucoup plus et ce serait une tâche difficile aujourd'hui.

Les patients nous sont adressés par leur médecin de famille ou infirmière et le patient et sa famille viennent seulement une fois à Saskatoon. Ils sont évalués par un neurologue, un neuropsychologue, un physiothérapeute et un diététicien. Ils subissent des tests de neuro-imagerie et leur analyse sanguine a déjà été faite. Tout cela se déroule en une journée.

Au départ, nous avons constaté que certaines modifications s'imposaient. Certains tests neurologiques, par exemple, ne conviennent pas dans le contexte des Prairies. Par exemple, il y un test appelé Pyramides et palmiers. On vous donne une image et vous devez l'apparier avec l'une des deux images qui apparaissent en dessous. Par exemple, vous avez un clown puis, un lion et une girafe. Vous êtes censé dire que le lion va avec le clown car ils font, tous les deux, partie du monde du cirque. Certaines personnes disaient que c'était la girafe parce qu'ils avaient tous les deux une drôle de tête. Nous n'avons pas beaucoup de cirques en Saskatchewan; nous n'avons pas de lions ou de girafes. Je suppose que nous avons de nombreux clowns comme dans la plupart des endroits.

Néanmoins, la Dre Margaret Crossley, une de nos neuropsychologues, a préparé un nouveau test. C'est celui des sauterelles et des oies. Une des images, par exemple, représente une piste enneigée dans la forêt, et vous avez ensuite une moto et une motoneige. Cela correspondait mieux à l'environnement de la Saskatchewan, surtout à celui des Premières Nations du Nord. Elle a adapté plusieurs tests de cette façon.

À la fin de la journée à la clinique, tous les professionnels de la santé qui ont participé à l'évaluation se réunissent. Le médecin de famille peut se joindre à la discussion par téléphone et nous rencontrons ensuite le patient et sa famille pour discuter du diagnostic et du plan de gestion.

Nous faisons ensuite un suivi. Quand nous avons commencé, il n'y avait aucune clinique de ce genre dans le monde. Nous ne savions pas si la télésanté était un moyen valide de suivre les patients. Au début, nous avons choisi au hasard les patients qui devaient venir, en personne, à Saskatoon, pour leur première visite de suivi et ceux pour qui nous utilisions la télésanté, près de leur lieu de résidence. Il y avait ensuite une alternance.

Vous verrez, dans un instant, pourquoi nous nous servons maintenant uniquement de la télésanté pour les suivis. Nous voyons des gens qui présentent toutes sortes de démence différentes, généralement des types de démence que le médecin de famille a plus de difficulté à diagnostiquer. Près de la moitié des patients ont la maladie d'Alzheimer et les autres divers autres types de démence. En même temps, nous pouvons rassurer environ 15 p. 100 des patients en leur disant qu'ils ne souffrent pas de démence.

Alors cela a-t-il fonctionné?

Voyons l'aspect pratique des déplacements. L'aller-retour pour se rendre de chez soi à un site de télésanté est en moyenne de 71 kilomètres pour nos patients. C'est déjà beaucoup. L'aller-retour pour se rendre à Saskatoon est en moyenne de 529 kilomètres. Nous épargnons à nos patients 458 kilomètres pour chaque visite, ce qui est assez impressionnant.

Quand nous avons demandé à la famille et au patient d'évaluer leur satisfaction à l'égard des rendez-vous, il n'y avait aucune différence entre la télésanté et la visite en personne. Ils étaient tout aussi mécontents de moi, qu'ils m'aient rencontré en personne ou grâce à la télésanté. Néanmoins, quand on leur a demandé ce qu'ils pensaient de la commodité des rendez-vous, la télésanté était jugée beaucoup plus commode, comme vous pouvez vous en douter.

Pouvions-nous vraiment suivre l'évolution de la cognition au moyen de la télésanté? Nous n'en étions pas certains. Les personnes souffrant de démence pouvaient-elles vraiment comprendre ce que le gars à la télévision leur disait?

Le mini-examen de l'état mental est un simple test de dépistage neuropsychologique. Pour nos premiers 71 patients, nous avons comparé le mini-examen de l'état mental effectué en personne et effectué par la télésanté et là encore, nous n'avons constaté aucune différence importante. Il est donc acceptable d'examiner les patients au moyen de la télésanté.

Au départ, notre projet de recherche était financé par les IRSC. Maintenant, le gouvernement provincial nous finance directement. Le parcours a été sinueux. Le financement, dont nous sommes reconnaissants, est assez faible et ne nous permet seulement de travailler un jour par semaine.

Nous reconnaissons que les cliniques spécialisées ne peuvent pas s'occuper de toutes les personnes qui souffrent de démence. Nous travaillons maintenant en collaboration avec le service régional de santé en milieu rural pour essayer d'améliorer le diagnostic et la gestion de la démence au niveau des soins primaires.

Une clinique de la mémoire multidisciplinaire, offrant un guichet unique pour les régions rurales et éloignées, avec un suivi au moyen de la télésanté, représente une façon commode, valide, efficace et transférable d'améliorer les services aux personnes souffrant de démence et à leurs familles.

Voici quelques recommandations, comme je vous l'ai promis. L'une d'elles concerne le transport. Si vous vivez au centre-ville de Toronto et que vous ne pouvez pas conduire parce que vous souffrez de démence, vous pouvez facilement prendre un taxi ou un autobus. Néanmoins, ces possibilités n'existent pas dans les régions rurales de la Saskatchewan et de Terre-Neuve. Nous devons trouver des meilleurs moyens de transporter les gens.

Soutien aux aidants : Encore une fois, si vous vivez à Toronto et que votre conjoint est atteint de démence fronto- temporale, il vous est assez facile de trouver un groupe de soutien qui vous permettra de parler à d'autres personnes dans la même situation, mais si vous vivez à La Ronge, en Saskatchewan, la personne la plus proche avec qui en parler est peut-être à des centaines de kilomètres. Par conséquent, Megan O'Connell, une neuropsychologue de notre équipe a mis sur pied un groupe de soutien par télésanté qui permet à toutes les personnes de la province dont le conjoint souffre des formes de démence les moins courantes de se réunir chaque mois pour discuter de leurs difficultés.

Soins à domicile : Nous avons besoin de plus de personnel et plus d'heures pour aider à garder les gens chez eux. L'autre jour, alors que je me préparais pour cette réunion, j'ai reçu un appel de La Ronge au sujet d'une patiente dont l'état serait beaucoup mieux géré si elle pouvait prendre un médicament deux fois par jour, mais qui ne bénéficie de soins à domicile qu'une fois par jour pour recevoir le médicament; le service ne peut pas aller chez elle le soir. Nous avons donc dû nous résoudre à essayer un autre médicament moins efficace, à prendre une fois par jour. Nous verrons ce qui se passera.

Outils d'évaluation adaptés à la culture : J'en ai déjà parlé.

Plans de gestion des maladies chroniques. Les médecins de famille sont poussés à utiliser certains de ces plans pour des maladies comme le diabète et l'hypertension, mais il n'en existe pas pour la démence. C'est une des choses que nous essayons d'élaborer.

Meilleure formation en soins primaires. Nous avons réalisé plusieurs enquêtes qui révèlent que les médecins de famille de région rurale, du moins en Saskatchewan, ont peu confiance dans leurs compétences pour diagnostiquer la démence ou avoir certaines conversations difficiles sur des sujets comme la conduite, qui sont problématiques.

Comme un remède ne semble pas imminent, il est important de chercher des meilleurs moyens de soigner la démence. Nous devons rechercher des indicateurs de qualité. Si nous ne mesurons pas la façon dont les soins sont dispensés, nous ne savons pas si nous donnons des soins de bonne qualité.

Recours plus important à la télésanté — J'en ai déjà parlé.

Investissement pour mieux maîtriser le diabète et les autres facteurs de risque, surtout dans la population autochtone — Nous en entendrons davantage parler. Nous savons que le diabète, par exemple, est très répandu dans les populations des Premières Nations. C'est une population relativement jeune, mais qui vieillit et c'est pourquoi nous verrons des cas de démence, mais aussi de maladies cardiovasculaires, d'AVC, et tous les autres troubles qui sont des facteurs de risque.

Stratégie nationale sur la démence — Cela va de soi.

Nous avons besoin d'un meilleur financement pour les programmes innovateurs qui ont démontré leur efficacité, les programmes comme le nôtre, oserais-je dire. Si nous avons le financement nécessaire, pour un neuropsychologue, par exemple, rien ne nous empêcherait de travailler cinq jours par semaine au lieu d'un seul.

Voilà ce que j'avais à vous dire et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.

Le président : Merci beaucoup, docteur Kirk.

Je vais maintenant passer au Dr Wayne Warry, professeur et directeur, Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du Nord, Université Laurentienne.

Wayne Warry, directeur, Centre de recherche en santé dans les milieux ruraux et du Nord, Université Laurentienne, à titre personnel : Je remercie le comité de son invitation.

Je suis ici au nom de l'International Indigenous Dementia Network que la Dre Kristen Jacklin a établir en 2009. Nous étions au départ un réseau national de 16 membres et nous comptons maintenant 53 membres dans six pays. Notre but est de réunir les chercheurs qui s'intéressent à la maladie d'Alzheimer et à la démence dans les populations autochtones afin de faciliter l'échange et l'expérience de la recherche dans ce domaine et aussi pour favoriser la collaboration entre les chercheurs, le gouvernement et les communautés.

Il est urgent de faire plus de recherches sur tous les aspects de la démence dans les populations autochtones. Un grand nombre de nos membres font partie du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement. Cette initiative a joué un rôle crucial pour soutenir nos efforts collectifs dans ce domaine.

Néanmoins, les besoins dans ce domaine sont disproportionnés par rapport au financement disponible. Trop peu de chercheurs s'investissent dans ces recherches. Un manque d'argent empêche les universitaires ou les chercheurs de carrière de se lancer dans ce domaine. On manque de l'argent pour entreprendre des études multisectorielles pancanadiennes à grande échelle afin de mieux comprendre la complexité de la démence dans les populations autochtones.

Je voudrais vous faire part de ce que nous savons actuellement au sujet de la démence dans la population autochtone au Canada.

Premièrement, nos recherches montrent que le taux de démence au sein des Premières Nations a augmenté régulièrement au cours des 7 à 10 dernières années. À l'heure actuelle, la prévalence est environ 34 p. 100 plus élevée que dans le reste de la population. De plus, la maladie débute généralement 10 ans plus tôt que dans les communautés non-autochtones. Il s'agit d'un changement récent par rapport au taux de démence qui était jusque-là plus faible dans les Premières Nations.

L'étude a également révélé que cette augmentation ne pouvait pas être attribuée uniquement au vieillissement : d'autres facteurs y contribuent. Ces facteurs sont notamment un taux élevé de maladies reliées à la démence telles que le diabète, comme on l'a mentionné, les maladies cardiovasculaires et une plus grande exposition à des facteurs de risque comme le tabagisme et les traumatismes crâniens.

Les taux de démence sont encore plus importants lorsqu'on les situe dans un contexte plus vaste. Étant donné qu'en général, cette population reçoit un diagnostic plus tardivement et ne consulte pas toujours, en réalité, le nombre des personnes atteintes de démence est probablement beaucoup plus élevé. D'autre part, en l'absence de diagnostic, les patients et leurs familles ne peuvent pas bénéficier pleinement des services locaux de soins et de soutien lorsqu'ils sont disponibles. Il vaut la peine de souligner que souvent, ces services ne sont pas adaptés aux peuples autochtones. Les approches classiques ne fonctionnent pas.

Nous avons constaté que les communautés et les familles autochtones ont une conception culturelle particulière de la démence ainsi qu'une approche fondée sur leur culture pour prendre soin des personnes souffrant de démence. Nos recherches montrent que les symptômes, l'expérience et l'évolution de la démence correspondent à la culture, à la vision du monde et au cercle de vie autochtones qui considèrent la démence comme une étape naturelle dans la vie de beaucoup de personnes.

Il ressort de notre étude que cette vision du monde aide à considérer la démence comme un phénomène naturel plutôt qu'une maladie. Les modèles de soins dispensés dans les familles autochtones soutiennent aussi les personnes atteintes de démence et les croyances autochtones produisent moins de stigmatisation dans la communauté à l'égard des stades ultimes de la démence.

Le secteur des soins de santé a un grand défi à relever pour créer des politiques et des pratiques respectant cette perspective culturelle tout en veillant à ce que les Autochtones aient accès à un diagnostic précoce, une bonne information et un modèle de soins adapté à leur culture.

Comme bien d'autres, nous avons aussi constaté que l'héritage des pensionnats indiens, des sanatoriums, du retrait forcé des communautés pour recevoir un traitement médical et des politiques injustes et discriminatoires touchant les peuples autochtones du Canada constituent des obstacles en ce qui concerne les soins à la population âgée. Un grand nombre des problèmes mentionnés dans le rapport de 2012 du Conseil canadien de la santé sur la sécurisation culturelle des Autochtones intitulé Empathie, dignité et respect se retrouvent aussi dans les collectivités rurales et éloignées.

Les communautés éloignées sont confrontées à d'énormes difficultés pour prendre soin des aînés. Il s'agit notamment du taux élevé de migration des jeunes; du financement cruellement insuffisant des services de santé primaires de base et des soins à domicile; du manque d'accès à l'aide non gouvernementale; de l'absence d'établissements de soins de longue durée, d'hôpitaux et de centres pour les aînés; des longues distances à parcourir pour obtenir des services de spécialistes et d'imagerie; du manque de formation du personnel de santé autochtone dans le domaine de la démence et d'un manque de formation à la sécurité culturelle pour les fournisseurs de soins non autochtones.

Malgré des collaborations récentes entre le gouvernement fédéral et les provinces pour faire face à certaines crises sanitaires des Premières Nations, nous remarquons également que les problèmes interjuridictionnels continuent de créer des obstacles pour la prestation de soins de santé adéquats. Nous pouvons dire aussi que certains besoins fondamentaux en matière de santé, tels que le besoin de médecins, sont généralisés tandis que d'autres sont propres à certaines communautés et influencés par la géographie, la langue, la culture et l'histoire.

Le Dr Kirk a mentionné le rôle de la technologie. Le travail préliminaire que nous avons réalisé dans ce domaine a révélé d'importantes différences entre les provinces et à l'intérieur des provinces en ce qui concerne les technologies à haut débit et mobiles, des différences énormes, en Ontario par exemple, en ce qui concerne l'accès aux services à haut débit. Une connectivité limitée rend difficiles la télémédecine et les autres modes de consultation technologiques.

Je suis d'accord avec le Dr Kirk. Nous avons eu des consultations préliminaires avec des gériatres qui croient qu'au début, les consultations avec les patients autochtones devraient avoir lieu en personne, mais que la télémédecine pourrait jouer un rôle énorme pour le suivi des patients.

Pour traiter la démence dans les communautés autochtones, il est également nécessaire d'adopter des approches fondées sur la culture et les points forts pour de soutenir les aidants de la famille et de la communauté. La priorité doit être de garder les aînés autochtones dans leur communauté au fur et à mesure qu'ils vieillissent, avec ou sans démence.

La maladie chronique est difficile à gérer dans les communautés autochtones. Il y a un taux élevé de gens qui présentent des morbidités multiples et de polypharmacie, ce qui oblige encore plus les praticiens à rechercher à fond les symptômes. Pourtant, il n'y a pas d'accès facile aux tests, y compris les tests d'imagerie qui sont faits couramment dans les centres urbains. Je pourrais en dire davantage à ce sujet. Nous avons besoin d'évaluations cliniques adéquates, y compris d'une approche sensible à la culture pour parler de la démence avec les patients et leur famille, de tests cognitifs appropriés et adaptés au contexte de la communauté autochtone.

Nous terminons en énonçant une évidence : à bien des égards, l'équité en matière de santé porte sur l'accès aux ressources tant matérielles qu'humaines. Nous espérons que les populations autochtones participeront activement à l'élaboration de toute stratégie, politique ou initiative nationale centrée sur la démence et que les ressources accordées pour la recherche, les équipes d'intervention ou les programmes innovateurs tiennent compte des données démographiques. Nous voulons dire par là qu'il faut y consacrer un montant correspondant au niveau de la population autochtone ou 4 à 5 p. 100 du financement fourni. Ce financement équitable ou basé sur la population existe en Australie, par exemple, mais il n'a jamais été garanti dans le cadre de l'environnement de recherche des IRSC. Merci.

Le président : Merci, docteur Warry.

J'ai maintenant le plaisir d'accueillir les représentants de l'Assemblée des Premières Nations qui sont le chef Isadore Day, responsable du portefeuille national de la santé, APN de l'Ontario et Norma Rabbitskin, infirmière-hygiéniste principale, Centre de santé de la Première Nation de Sturgeon Lake.

Chef Day, c'est vous, je crois, qui allez faire une déclaration.

Isadore Day, responsable du portefeuille national de la santé, chef de l'APN de l'Ontario, Assemblée des Premières Nations : Oui. Premièrement, je tiens à remercier le comité sénatorial de nous avoir invités ici. Monsieur le président, merci de tenir cette importante réunion et de permettre à l'APN de présenter cet important mémoire. Je tiens aussi à remercier les personnes qui m'accompagnent.

Je désire apporter ce témoignage dans l'esprit de respect et de déférence que les Premières Nations ont envers les personnes que nous n'appelons pas souvent des personnes âgées, mais plutôt nos aînés. Nous avons, dans ce sens, un sentiment très personnel et profond de nos liens avec la communauté et des responsabilités qui sont les nôtres dans le domaine de la santé.

Pour commencer, je voudrais remercier le peuple algonquin sur le territoire duquel nous nous sommes réunis.

C'est pour moi un honneur de comparaître devant vous pour parler de l'incidence croissante de la démence au Canada, de ses causes, de ses conséquences et de la voie de l'avenir pour les Premières Nations. L'APN juge prioritaire de s'engager avec le gouvernement au sujet des problèmes des aînés des Premières Nations et de l'incidence croissante de la démence au Canada, du point de vue des Premières Nations.

Avant de présenter la totalité de notre mémoire, je voudrais souligner un certain nombre de recommandations clés. Il faut faire davantage de recherches, en respectant la gouvernance et les méthodes des Premières Nations, en suivant les principes de propriété, de contrôle, d'accès et de possession, pour bien comprendre la démence et ses effets sur les Premières Nations.

Nous demandons au gouvernement fédéral de s'engager à mettre entièrement en œuvre le Cadre du continuum du mieux-être mental des Premières Nations. Ce cadre reconnaît que la culture joue un rôle primordial pour améliorer le mieux-être mental des Premières Nations tout en reconnaissant aussi l'importance des pratiques exemplaires qui ont fait leurs preuves. Nous demandons au gouvernement fédéral d'utiliser des statistiques démographiques à jour pour attribuer le financement du programme de soins à domicile et en milieu communautaire.

Les Premières Nations ont besoin de soutiens et d'une formation pour les aidants pour fleur permettre de face aux défis complexes que pose un diagnostic de démence. Il faut de l'aide pour les soins de relève urgents et il faut financer des programmes de soins de jour structurés, comme mesure de prévention, afin d'aider suffisamment les familles pour qu'elles puissent garder les aînés à la maison le plus longtemps possible. Les communautés des Premières Nations des régions éloignées et isolées peuvent bénéficier de mesures clés d'aide gouvernementale ainsi que d'investissements dans la télésanté.

Enfin, nous sommes pour un engagement et une collaboration continus dans le but de faire face à l'incidence croissante de la démence au Canada, à ses causes, aux conséquences de l'inaction et de l'apathie, et pour trouver la voie à suivre, de façon à ce que les communautés des Premières Nations puissent adapter, réformer et réaligner les programmes et services de mieux-être en fonction de leurs priorités.

Je voudrais parler de l'article 23 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones :

Les peuples autochtones ont le droit de définir et d'élaborer des priorités et des stratégies en vue d'exercer leur droit au développement. En particulier, ils ont le droit d'être activement associés à l'élaboration et à la définition des programmes de santé, de logement et d'autres programmes économiques et sociaux les concernant, et, autant que possible, de les administrer par l'intermédiaire de leurs propres institutions.

Le paragraphe 24 (2) porte que :

Les autochtones ont le droit, en toute égalité, de jouir du meilleur état possible de santé physique et mentale. Les États prennent les mesures nécessaires en vue d'assurer progressivement la pleine réalité de ce droit.

L'Assemblée des Premières Nations a, depuis longtemps, pour objectif d'éliminer l'écart entre les résultats de santé des Premières Nations et ceux de la population générale, comme l'a mentionné mon collègue.

Nous partageons certainement les mêmes objectifs, mais les Premières Nations continuent de souffrir de façon disproportionnée d'une mauvaise santé, tant sur le plan mental que physique. Pour examiner l'incidence croissante de la démence et les lacunes dans les soins aux personnes qui ont en sont atteintes comme c'est son rôle, le gouvernement doit tenir compte des Premières Nations et de leur histoire, en prenant conscience des répercussions de l'histoire sur notre culture.

On est de plus en plus conscient de la crise sanitaire que connaissent d'autres communautés et cette crise touche nos aînés.

Je voudrais seulement mentionner qu'au cours des dernières semaines, au sujet d'Attawapiskat et d'autres communautés des Premières Nations qui ont fait la une des médias, nous avons centré notre attention sur diverses données démographiques. Nous avons vu les bébés de Kashechewan. Nous avons entendu parler des familles et des trois générations qui ont perdu la vie dans l'incendie. À Attawapiskat, nous parlons maintenant surtout des jeunes et ici aujourd'hui, nous parlons des personnes âgées, de ceux que nous appelons nos aînés.

Quand nous parlons des aînés, nous devons tenir compte non seulement des déterminants sociaux qui sont les leurs actuellement, mais également des déterminants auxquels ils ont été exposés depuis leur naissance, ou même leur conception, et qui contribuent tous à modeler la vie et la santé d'une personne selon l'étude, de 2009, des chercheurs Charlotte Loppie-Reading et Fred Wein.

Voici un bref aperçu des problèmes des aînés des Premières Nations. En 2007, l'Assemblée des Premières Nations a présenté au Comité sénatorial spécial sur le vieillissement un rapport détaillé et complet intitulé Sustaining the Caregiving Cycle : First Nations People and Aging, concernant la situation des aînés ainsi que des données et des recommandations clés. Le comité sénatorial spécial a ensuite énoncé dans son rapport des conclusions importantes et la direction à suivre pour des travaux futurs.

Les chercheurs mentionnent que selon les prévisions démographiques, la population des Premières Nations du Canada devrait augmenter de 40 p. 100 entre 2006 et 2031 et que l'augmentation se fera surtout chez les 60 ans et plus dont le nombre devrait presque tripler passant à 184 334 en 2031. Je mentionnerais simplement, monsieur le président, qu'il y a une différence très nette entre la bulle démographique de la population générale du Canada et celle des Premières Nations et que cela oblige clairement à envisager des modèles particuliers pour les Premières Nations.

De nombreux chercheurs estiment que les personnes atteintes de diabète, surtout du type 2, risquent peut-être davantage de développer une démence; néanmoins, il faut faire plus de recherches pour mieux comprendre le lien. Il y a beaucoup d'autres raisons pour lesquelles le taux de démence augmente dans cette population. Encore une fois, nous voyons aussi des personnes plus jeunes souffrir de diabète de type 2. Les enfants des Premières Nations en sont atteints à un taux alarmant.

Les gens des Premières Nations subissent déjà les effets durables de la colonisation et des pensionnats et souffrent d'une forme de trouble de stress post-traumatique ou TSPT. Je tiens à mentionner que j'ai souligné récemment dans les médias la possibilité d'un trouble de stress post-traumatique collectif dans les communautés des Premières Nations, un phénomène très étrange attribuable à ce que la Loi sur les Indiens impose à un groupe de gens. Cela devrait également faire l'objet d'une étude.

J'ajouterais que de nombreux aînés sont isolés socialement et que les familles sont moins en mesure d'en prendre soin à cause de leurs propres difficultés qui sont notamment des problèmes de santé mentale, de toxicomanies, de pauvreté et de violence familiale.

Le Programme de soins à domicile et en milieu communautaire des Premières Nations et des Inuits vise à permettre aux personnes ayant des handicaps, des maladies chroniques ou aiguës ainsi qu'aux personnes âgées de recevoir les soins dont elles ont besoin dans leur communauté. Les soins fournis dans ce cadre familier permettent aux gens des Premières Nations de rester près de leur famille le plus longtemps possible tout en gardant leur indépendance. Je mentionnerais simplement que c'est un modèle de soins coutumier que la population générale ne comprend pas très bien et qu'à mon avis, c'est un aspect important qu'il faudrait explorer davantage.

Malheureusement, le programme de soins à domicile et en milieu communautaire continue de gérer son financement en fonction des statistiques démographiques de 1997. Les infirmières de soins à domicile constatent le nombre grandissant de clients et l'incidence croissante de la démence sans qu'il y ait de financement ou d'aide supplémentaire pour les aider à faire face à l'épidémie. Certaines communautés refusent d'administrer le programme faute d'un financement suffisant. Certaines provinces n'apportent pas d'aide pour les soins à domicile dans les réserves en invoquant la compétence fédérale.

Pour ce qui est des facteurs de risque de la démence, un grand nombre d'entre eux sont modifiables. Ce sont notamment le diabète de type 2, les traumatismes crâniens, les AVC et mini-AVC, un taux de cholestérol élevé, une tension artérielle élevée, un déficit cognitif léger, l'inflammation chronique, des antécédents de dépression clinique, le manque de stimulation cognitive et l'obésité. Les autres facteurs qui ont été reliés à une augmentation du risque de démence sont notamment le manque d'éducation, un faible statut socio-économique, le tabagisme et l'alcoolisme.

Encore une fois, il faut tenir compte des peuples des Premières Nations et des effets à long terme de la colonisation, des traumatismes intergénérationnels et de l'accumulation de traumatismes historiques qui ont pu avoir des effets néfastes sur les peuples des Premières Nations lorsqu'on cherche à comprendre les causes et les symptômes de la démence.

Pour ce qui est des conséquences, nous ne pouvons pas dire les choses plus clairement. Chaque année pendant laquelle le financement des soins à domicile et en milieu communautaire se base sur les données démographiques de 1997, cela augmente les pressions sur les programmes de soins à domicile en milieu communautaire, les infirmières, les clients et les budgets des collectivités. Il n'y a donc pas de fonds supplémentaires pour répondre à l'augmentation de la demande des clients atteints de démence et cela doit changer. Lorsque les familles traditionnelles prennent soin des aînés, il arrive trop souvent que des problèmes liés à la pauvreté et à la toxicomanie les empêchent de le faire, ce qui compromet beaucoup les soins aux aînés.

Pour ce qui est de l'avenir, les chercheurs remarquent que la démence est une atteinte du cerveau et non pas une maladie mentale, mais nous reconnaissons les liens importants entre la démence et le bien-être mental. Nous tenons à mentionner notre plan de bien-être intitulé Cadre du continuum de mieux-être mental des Premières Nations. Ce cadre, monsieur le président, peut servir de modèle pour guider et appuyer des échanges avec d'importants professionnels des soins de santé, d'autres fournisseurs de services et d'autres partenaires afin d'améliorer la collaboration et d'établir des partenariats pour répondre aux besoins des Premières Nations sur le plan de la démence. La première enquête de santé régionale du First Nations Information Governance Centre est actuellement en cours et pose des questions clés sur la démence. Le rapport d'enquête aidera à recueillir les données probantes nécessaires du point de vue des Premières Nations et le rapport final devrait être présenté en 2018.

L'Organisation mondiale de la Santé est en train de mettre au point iSupport, une solution de télésanté qui fournit une éducation basée sur les données probantes, une formation et un soutien social aux aidants de personnes atteintes de démence. Les communautés des Premières Nations des régions éloignées et isolées peuvent bénéficier d'investissements dans la télésanté. Un élément crucial de tout effort visant à améliorer les résultats de santé des aînés des Premières Nations et de planifier l'avenir est l'utilisation de recherches et de données de haute qualité, pertinentes et accessibles.

Les Premières Nations ont également besoin d'un diagnostic, d'une évaluation et d'un traitement de la démence adaptés à leur culture dans leurs communautés.

Merci de nous avoir permis de présenter notre point de vue au comité.

Le président : Merci beaucoup. Nous allons entamer la période des questions et je vais commencer par le sénateur Eggleton.

Le sénateur Eggleton : Merci beaucoup pour vos exposés. Cela ne devrait pas nous étonner. Vous avez décrit les nombreux besoins des communautés des Premières Nations.

Y a-t-il un programme particulier ou deux ou trois programmes qui existent actuellement, ou qui n'existent pas, et qui devraient recevoir une attention prioritaire, afin de faire face à la démence avec le maximum d'efficacité?

M. Day : Il est question ici du Cadre du continuum de mieux-être mental des Premières Nations. Le fait est qu'il y a une différence entre le modèle médical axé sur la maladie et la santé mentale, il va sans dire que les Premières Nations sont communautaires et que nous avons beaucoup d'autres problèmes qui touchent le bien-être de la communauté dans son ensemble et collectivement. Le Cadre du continuum du mieux-être mental engage tous les soutiens et organismes communautaires, ainsi que les dirigeants, les jeunes et les aînés.

L'adoption d'un cadre du continuum de mieux-être mental est l'un des principaux atouts dont nous disposons actuellement. Je dirais que cet outil est prêt à être développé, que nous avons des projets prêts à être entrepris et que c'est là un énorme pas en avant qui intéressera le comité.

M. Warry : Je tiens aussi à souligner l'importance des programmes de soins à domicile et en milieu communautaire. Nous travaillons avec Santé Canada et le Programme des soins à domicile en milieu communautaire des Premières Nations et des Inuits pour élaborer des feuillets de renseignements et des programmes de formation à l'intention des travailleurs en soins à domicile et en milieu communautaire afin qu'ils aient une meilleure compréhension de la démence et des symptômes annonciateurs. Je pense que c'est vraiment un programme important.

Je soulignerais aussi que nous répondons au besoin d'un dépistage précoce adapté à la culture qui peut être fait non pas par les médecins, mais par les aidants et d'autres personnes, dans la communauté. Nous venons de commencer à adapter le KICA, le Kimberley Indigenous Cognitive Assessment, de l'Australie. C'est un simple outil de dépistage de la démence mis au point en Australie et qui est connu dans le monde entier comme le premier instrument de dépistage cognitif vraiment adapté aux populations autochtones.

Nous travaillons à l'heure actuelle avec des groupes linguistiques de l'île Manitoulin pour adapter cet outil, mais là encore, c'est une chose qui a vraiment besoin d'un soutien supplémentaire.

Le sénateur Eggleton : Cela vient d'Australie?

M. Warry : C'est un modèle australien que nous avons adopté.

Le sénateur Eggleton : J'aimerais avoir une idée de la façon dont les Autochtones perçoivent traditionnellement la démence, et des soins qui seraient différents dans les communautés autochtones par rapport aux autres communautés du Canada. Comment les Premières Nations considèrent-elles la démence et le genre de soins qu'elles estiment nécessaires?

Norma Rabbitskin, infirmière-hygiéniste principale, Centre de santé de la Première Nation de Sturgeon Lake, Assemblée des Premières Nations : Je suis infirmière principale à Sturgeon Lake et je supervise le programme communautaire des soins de santé à domicile et en milieu communautaire.

Nous valorisons traditionnellement nos aînés. Comme ils sont nos gardiens de la sagesse, ils nous indiquent la voie à suivre. Pour ce qui est de notre histoire, ce rôle a été enlevé à nos aînés au fil des ans. Ce qui nous reste maintenant, dans nos communautés, ce sont les symptômes. Il faut que nous comprenions la conception autochtone de la démence.

Quand nous nous préparons pour le grand départ ou la transcendance, nous célébrons le cercle de vie. Nous commençons comme nouveau-né et nous retournons en enfance à la fin du cycle de vie — je suppose que le reste de la population parlerait alors de démence. C'est une célébration. Nous devons donner à la culture autochtone la possibilité de dire ce qu'il en est, et pourquoi c'est une célébration.

Un grand nombre de facteurs prédisposants entrent en jeu lorsque débute la démence. Nous devons prendre soin de l'esprit. Un processus normal est interrompu. Comme l'ont dit nos collègues, il y a à cela de nombreuses causes. Dans nos communautés, ce n'est pas toujours diagnostiqué dès le début. Nous devons relier ces services à une évaluation.

Pour essayer de décrire la démence à mon peuple, nous devons nous servir de la vision autochtone de notre culture et de a façon dont toute chose est interrompue. Il faut que ce soit dirigé par notre peuple pour qu'on comprenne vraiment ce qui s'est passé. Quand nous parlons du mieux-être mental, nous ne pouvons pas vraiment séparer la santé mentale de tout le reste. Il faut tenir compte de l'ensemble de la personne.

Le sénateur Eggleton : Quels sont les types de soins? Le programme de soins à domicile et en milieu communautaire répond-il à vos besoins sur le plan culturel?

Mme Rabbitskin : Le programme de soins à domicile et en milieu communautaire est en place depuis plus de 10 ans. Il faut bien comprendre le caractère très particulier de la façon dont les services sont offerts dans l'ensemble du pays. En Saskatchewan, ils sont assurés au niveau communautaire ou par le conseil tribal. S'ils sont fournis par le conseil tribal, vous obtenez seulement des soins infirmiers à domicile. Dans ma communauté, nous offrons des soins à domicile. Nous pouvons fournir, à domicile, l'évaluation d'une infirmière, la gestion du cas et des soins personnels. Nous recrutons des aides au service de soins personnels, mais nos difficultés sont dues au manque de financement voulu pour fournir des soins appropriés.

M. Day : Merci, Norma. À Serpent River, où j'ai été chef pendant 10 ans, un des programmes que nous avions reposait sur le continuum d'apprentissage. Nous savons que la démence affecte les capacités cognitives et les capacités d'apprentissage. Ce que nous avons fait, à Serpent River, a été un succès. Nous avons établi le programme JOY, qui rejoint les jeunes comme les vieux.

Dans notre communauté, les aînés passent du temps dans les services de garderie. Ils ont également des programmes structurés, des exercices et des activités artistiques, par exemple, qui les aident à conserver des capacités et à faire face à la démence. Il y a aussi de la cohésion sociale. Les bâtiments où se trouvent les services à l'enfance et la garderie est un des meilleurs programmes que nous ayons à Serpent River. Je pense qu'il faudrait explorer ce modèle, car il utilise les ressources communautaires, tient compte du continuum d'apprentissage, il est basé sur la culture et il fonctionne bien.

M. Warry : Il y a tant de choses à dire. La population générale peut beaucoup apprendre de la façon dont les Autochtones conçoivent la vieillesse et la démence. C'est une conception beaucoup plus positive du vieillissement.

Je vais vous donner un exemple. Quand une personne de la population générale est atteinte de démence, nous disons qu'elle hallucine. Si un Autochtone a une hallucination auditive ou visuelle, c'est souvent considéré comme un signe positif montrant qu'il est davantage en contact avec le monde spirituel et qu'il essaie de retransmettre des renseignements à notre monde. C'est une conception complètement différente du vieillissement et de la démence qui réduit la stigmatisation de la maladie. Je pense que la population générale peut en tirer d'importantes leçons.

Il y a beaucoup de bons modèles de soins dispensés par les aidants naturels en milieu communautaire. Le chef Day a mentionné la nécessité de soins de relève. Les Autochtones veulent prendre soin des membres de leur famille et les garder à la maison le plus longtemps possible. Ils n'aiment pas les foyers pour personnes âgées ou les établissements de soins pour de multiples raisons.

Les gens préfèrent garder les personnes âgées à la maison, mais cela exige des ressources pour des choses comme les soins de relève.

Dr Kirk : Vous avez certainement entendu parler de communautés plus tolérantes face à la démence. Je constate personnellement que ce sont souvent les communautés autochtones qui sont les plus tolérantes dans les régions rurales de la Saskatchewan. Les gens savent qu'une personne s'est égarée et la ramènent ou l'envoient chez elle. J'ai constaté que les gens sont plus disposés à garder les membres de la famille à la maison le plus longtemps possible que dans le reste de la population. Nous avons beaucoup à apprendre, je pense, des communautés des Premières Nations.

La sénatrice Stewart Olsen : Merci à vous tous pour vos exposés vraiment intéressants. J'apprends beaucoup, surtout sur la façon autochtone d'envisager le vieillissement et le cercle de vie. Je suis fascinée, docteur Kirk, par votre approche rurale, car je viens du Nouveau-Brunswick où nous avons certainement besoin de quelque chose de ce genre. Vous avez lancé votre projet au début des années 2000. Est-ce un groupe important qui se réunit? Comment vous êtes- vous lancés?

Dr Kirk : Une photo de notre groupe, à ses débuts, se trouve dans un des documents en PowerPoint qui a été distribué. Vous pouvez donc voir les gens.

À l'Université de Saskatchewan, un groupe de personnes qui travaillaient sur le sujet de la démence, mais pas nécessairement ensemble, se sont réunies. En fait, c'est la Dre Debra Morgan qui nous a réunis en nous disant qu'il y avait une nouvelle subvention que nous pouvions demander aux IRSC pour faire quelque chose au sujet de la démence. Quelques-uns d'entre nous se sont regroupés — je pense que nous étions huit dans l'équipe initiale. Nous n'étions pas tous des cliniciens. Nous avions un géographe, un sociologue, diverses catégories de gens. Nous avons visité tous les sites de la province — certains au nord, d'autres au sud — et nous avons parlé aux communautés pour leur demander ce dont elles avaient besoin relativement à la démence.

Curieusement, dans un grand nombre de communautés des Premières Nations, on nous a dit : « Pourquoi vous occupez-vous de la démence? Ce sont les jeunes qui posent notre principal problème. » C'est ce que nous voyons aux nouvelles ces jours-ci, mais toutes ces questions sont problématiques. Comme on l'a entendu dire, la démence est en croissance dans la communauté autochtone. Je ne pense pas qu'on nous dirait : « Pourquoi vous intéressez-vous à la démence? » si nous allions aujourd'hui, dans les communautés des Premières Nations.

Notre groupe a mis au point cette initiative avec beaucoup de rétroaction de la part des communautés et le projet a pris de l'expansion au fil des années.

La sénatrice Stewart Olsen : Vous voyez les patients pour leur évaluation initiale un jour par semaine. Combien de personnes pouvez-vous examiner?

Dr Kirk : À l'heure actuelle, nous voyons deux nouveaux patients dans la matinée. Je les vois le matin avec le groupe, après quoi ils subissent diverses évaluations en neuropsychologie, diététique et physiothérapie ainsi que des tests de neuro-imagerie et de tomodensitométrie. Je les revois ensuite à la fin de la journée. Pendant le reste de la journée, je fais le suivi de patients de toutes les régions de la province par télésanté.

La sénatrice Stewart Olsen : Vos séances de télésanté se font-elles individuellement ou en groupe?

Dr Kirk : Je vois les patients individuellement. Il arrive parfois qu'un des autres fournisseurs de soins de santé intervienne si nécessaire. Généralement, je suis seul à communiquer avec le patient, mais ce qui est peut-être le plus important, c'est que la famille peut être présente. Il est beaucoup plus facile pour un patient de faire venir sa famille à une station locale de télésanté que de l'emmener à Saskatoon, ou à Moncton, si nous étions au Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Stewart Olsen : Vous avez fait une observation intéressante, monsieur Warry, au sujet du manque de réseaux à haut débit. C'est un énorme problème, partout au Canada.

Madame Rabbitskin, je m'intéresse à votre façon de voir les choses. Les gens viennent-ils vous dire : « Ma mère ou ma grand-mère ne semble pas aller très bien. » Tout le monde est-il au courant de l'incidence de la démence? Je sais que votre communauté ne voit pas les choses de la même façon que les autres, mais comment les gens obtiennent-ils de l'aide au début de la maladie?

Mme Rabbitskin : Nous avons des outils, la même chose que les mini-évaluations mentales. Nous essayons d'adresser les patients à leurs médecins de famille, mais ces derniers ne veulent pas diagnostiquer la démence. C'est là que la fragmentation des soins nous cause des problèmes.

Cela fait partie des projets futurs. C'est quelque chose que nous ne maîtrisons pas vraiment bien, car nous ne faisons pas un bon suivi. Le programme des soins à domicile en milieu communautaire n'a que 10 ans d'existence et nous avons notre propre façon de l'évaluer. Nous n'avons pas d'outil d'évaluation. Il y en a un qui a été mis au point dans notre région. Je sais qu'on utilise interRAI comme outil d'évaluation, mais c'est une solution envisagée pour évaluer les gens et les relier au système provincial.

La difficulté est d'établir des liens avec des services en dehors de la communauté. La prestation des services est très particulière. J'essaie toujours de relier les services. Je ne savais pas que vous aviez cette étude en Saskatchewan. Je pourrais en apprendre plus sur la façon dont vous assurez les services et comment nous pourrions améliorer notre programme.

Il s'agit surtout de former notre personnel, nos soignants et notre personnel de soutien et aussi d'améliorer nos programmes. Nous avons beaucoup de chemin à faire.

La sénatrice Stewart Olsen : Nous avons notamment constaté qu'il y a des connaissances et des programmes un peu partout. Il serait vraiment nécessaire d'avoir un endroit centralisé où vous pourriez aller chercher ce qui fonctionnera dans votre communauté.

Dr Kirk : Les soins à domicile sont extrêmement importants. J'estime que pour peut-être 10 p. 100 des patients que nous voyons, l'infirmière de soins à domicile qui l'a vu pour un autre problème a dit à son médecin de famille : « Je pense que vous devriez envoyer cette personne subir une évaluation cognitive. »

Pour répondre à une des remarques de Norma, nous essayons de ne pas faire trop de bruit. Nous ne faisons pas de publicité au sujet de notre clinique, car nous sommes suffisamment débordés lors de notre journée hebdomadaire. Je ne saurais trop insister sur l'importance des évaluations faites dans le cadre des soins à domicile.

La sénatrice Merchant : Merci à toutes les personnes de la Saskatchewan qui sont ici; c'est formidable. Vous avez répondu à ma question, docteur Kirk; vous avez une longue liste d'attente. Qui vous adresse des patients? Vous avez dit que si vous aviez plus de neurologues, vous pourriez faire fonctionne la clinique tous les jours.

Dr Kirk : Les patients nous sont adressés par des médecins de famille et des infirmières praticiennes. Nous les invitons à nous envoyer des gens qui ont des problèmes difficiles à diagnostiquer ou dont le cas est difficile à gérer. Il est néanmoins difficile de faire respecter ce principe. Nous voyons parfois des personnes pour qui j'estime le médecin de famille aurait pu établir le diagnostic. Comme je l'ai dit, nous devons aider les médecins de famille à faire les diagnostics. Notre liste d'attente est longue.

Si nous avions les moyens de payer un neuropsychologue à plein temps, nous pourrions ouvrir la clinique tous les jours, mais ce n'est pas le cas. Megan O'Connell, notre neuropsychologue, travaille gratuitement dans le cadre de sa mission universitaire, mais nous pourrions certainement utiliser davantage de personnel.

Il n'a pas été facile d'obtenir le financement dont nous disposons, comme vous pouvez l'imaginer. Vous savez ce que c'est.

La sénatrice Merchant : Des personnes de toutes les régions de la Saskatchewan viennent vous voir?

Dr Kirk : Oui, elles viennent aussi bien de l'extrémité sud-est de la province que d'endroits très au nord, jusqu'à Black Lake, près de la frontière des Territoires du Nord-Ouest.

La sénatrice Merchant : Combien de kilomètres y a-t-il entre votre clinique et l'endroit le plus éloigné?

Dr Kirk : L'endroit le plus éloigné au nord, ce doit être environ 1 000 kilomètres. C'est une simple supposition.

La sénatrice Merchant : Les patients sont sur la liste d'attente pour faire les déplacements?

Dr Kirk : Oui. Comme ils ne peuvent pas conduire, ils doivent souvent venir en avion et rester un ou deux jours avant de rentrer chez eux.

Tout le monde vit au moins à 100 kilomètres de Saskatoon ou Regina. En moyenne, les gens habitent à quelques centaines de kilomètres de distance.

La sénatrice Merchant : Je voudrais parler des habitudes culturelles différentes des Premières Nations. Je vais allusion aux sensibilités culturelles dont vous avez parlé.

Nous avons appris que les femmes sont plus exposées à la démence que les hommes. Les femmes âgées jouent un rôle important dans la famille, n'est-ce pas? J'ai connu des grand-mères qui prenaient soin des petits-enfants parce que la génération intermédiaire vivait en ville ou ailleurs.

Vous pourriez peut-être nous dire en quoi les choses sont si différentes en raison de la nature de la cellule familiale. Quand une femme âgée assume toutes sortes de responsabilités en prenant soin d'une autre génération, comme cela fonctionne-t-il?

Mme Rabbitskin : Les grands-mères et les femmes sont les piliers de la communauté. Les grands-mères sont des matriarches dans nos communautés. Lorsqu'elles sont touchées par la maladie, c'est une grande perte.

Les membres de la communauté et traditionnellement, la famille, prennent soin des uns des autres. Les liens du sang revêtent une importance cruciale. Quand une personne tombe malade dans la famille tombe malade, les autres membres de la famille se soutiennent mutuellement. C'est ce qui rend les choses difficiles. Nous n'avons pas l'habitude de placer un membre de la famille dans un foyer des soins. Ce n'est pas une chose qui nous a été enseignée. C'est une épreuve pour les familles et le placement d'un être cher dans un foyer de soins lorsque la famille est épuisée cause beaucoup de stress.

C'est là que les soins à domicile peuvent apporter un soutien temporaire jusqu'à ce que la famille puisse faire face. Ce service n'est pas disponible 24 heures sur 24. Il n'est pas toujours offert dans la communauté. C'est donc à ce niveau-là que nous devons établir un lien avec les services extérieurs ou aider la communauté à établir des soins à domicile. Les communautés ne sont pas toutes prêtes à cela. C'est comme pour un grand nombre de problèmes de financement et d'accès.

M. Warry : Je suis entièrement d'accord avec ce qu'on vient de dire. Les femmes des Premières Nations jouent un rôle absolument crucial sur le plan de la santé, mais j'aurais un petit correctif à apporter.

On vous a dit que le taux de démence était plus élevé chez les femmes dans la population générale, mais une chose intéressante que nous avons découverte au sujet de la démence est que son incidence est en fait plus élevée chez les hommes dans les communautés autochtones. C'est la situation inverse. Je ne sais pas vraiment pourquoi. C'est peut- être dû à l'incidence de la démence vasculaire par rapport aux autres formes de démence. Quoi qu'il en soit, les causes sont plus équilibrées dans les Premières Nations que dans la population générale.

M. Day : C'est une excellente question et précision.

Une des raisons — et cela va sans dire — est que dans nos familles, les femmes ont des responsabilités multiples. Elles peuvent faire un grand nombre de choses et utilisent en même temps l'hémisphère gauche et l'hémisphère droit de leur cerveau parce qu'elles prennent soin de leurs enfants, de leurs petits-enfants, de leurs nièces et neveux. C'est leur mode de vie. Je crois que l'activité, la simple répétition des tâches peuvent combattre la démence. Je dirais que l'esprit des femmes est plus solide que celui des hommes.

Une chose à mentionner est que l'incidence plus élevée de la démence chez les hommes est peut-être due au système d'aide sociale et aux répercussions du colonialisme. Nos hommes étaient des chasseurs, des cueilleurs, des pêcheurs et ils voyageaient. Le système d'aide sociale et les limitations de la Loi sur les Indiens qui oppriment les gens, la terre et leurs activités ont créé un « ethnostress » qui est certainement en corrélation avec l'incidence plus élevée de la démence chez nos hommes.

Je ne suis pas certain que cela soit confirmé dans une étude, mais il est évident que notre peuple était étroitement relié à la terre et que la Loi sur les Indiens, qui nous a privés de l'accès à la terre, a engendré ces résultats. Cela crée maintenant un certain nombre d'autres problèmes et a des répercussions sociales sur notre peuple.

Le président : Cela entrerait dans la définition d'un facteur de stress important, le concept d'un important changement culturel.

Dr Kirk : Je tiens à souligner, moi aussi, l'importance des grands-mères. Je n'ai pas eu le temps de le dire dans ma déclaration préliminaire, mais j'ai mentionné que Margaret Crossley, notre première neuropsychologue, avait adapté un grand nombre de tests neuropsychologiques. C'est parce qu'elle avait rencontré un groupe de grands-mères autochtones à Saskatoon et leur avait demandé conseil. Elle leur a montré certains des tests neuropsychologiques qu'elle utilisait, mais certains d'entre eux les ont fait rire et elles lui ont dit : « Ce n'est pas bon pour notre peuple. Vous devez adapter ces tests. » Voilà comment c'est arrivé.

Pour être plus précis, environ 20 p. 100 des patients que je vois à la clinique pour les régions rurales et éloignées sont des Autochtones et les autres font partie de la culture majoritaire.

La sénatrice Merchant : Est-il acceptable, du point de vue culturel, de dépendre entièrement de médicaments? J'ai parfois entendu dire que les personnes atteintes de démence n'aiment pas prendre leurs médicaments, quelle que soit leur culture. Dans la culture autochtone, y a-t-il un conflit entre les modes de guérison faisant appel aux médicaments et les autres modes de guérison que votre culture juge appropriés pour la démence?

Mme Rabbitskin : J'avouerais que ce sont généralement les femmes qui demandent immédiatement de l'aide. Dans notre communauté, nous offrons des modes de guérison traditionnels et ce sont elles qui viennent demander cette aide. Elles utilisent les deux. C'est une des choses que disent les guérisseurs : vous utilisez les deux et vous les intégrez. Lorsque vous utilisez la médecine traditionnelle, vous finissez par pouvoir vous passer des médicaments, car vous prenez votre santé en main. Lorsque vous le faites, cela vous rend plus fort.

La médecine traditionnelle guérit le corps et l'esprit. Si la femme qui demande de l'aide prend sa santé en main, elle constatera qu'elle n'a plus besoin de médicaments. Vous faites appel à votre force intérieure.

Le modèle biomédical ne tient pas compte de la dimension spirituelle et émotionnelle. Nous constatons que le stress post-traumatique a eu des répercussions dans nos communautés et nos femmes assument de nombreux rôles et responsabilités. De nombreux facteurs s'additionnent. Les gens se tournent vers les modes de guérison traditionnels et nous leur offrons ce qui peut les aider.

M. Day : Si vous prenez les études sur les placebos et le rôle qu'ils jouent pour déterminer la meilleure approche, les pilules et autres méthodes sont essentielles pour notre peuple.

Je reconnais que souvent, notre peuple a juste besoin de purifications répétées et de diverses activités pour pouvoir se battre contre la démence. Dans nos communautés, nous constatons que si vous confiez un travail à quelqu'un, même s'il s'agit seulement de balayer devant le bureau de la bande, cela aide souvent à combattre des problèmes comme celui de la démence. Voilà mon opinion.

La sénatrice Nancy Ruth : Docteur Kirk, vous semblez faire certaines analyses statistiques tenant compte de la race et du sexe, n'est-ce pas?

Dr Kirk : Nous sommes en train de nous pencher sur la question. J'ai actuellement un étudiant qui travaille avec moi pour comparer les différences entre les hommes et les femmes que nous voyons à notre clinique. J'ai un autre étudiant qui s'intéresse aux différences entre Autochtones et non-Autochtones à partir de certaines données. J'espère pouvoir en dire plus à ce sujet bientôt.

La sénatrice Nancy Ruth : Vous n'avez donc pas encore de conclusions.

Votre modèle de santé rurale semble très intéressant. Y a-t-il d'autres pays qui ont des modèles comparables ou des bons modèles dont nous pourrions nous inspirer?

Dr Kirk : Des gens de l'Australie sont venus nous voir. Bien entendu, les Australiens ont aussi des grands espaces. Nous avons également reçu des visiteurs de l'Écosse, qui n'apparaît pas, de prime abord, comme un pays ayant besoin d'un service de télésanté. Si vous prenez les îles Shetland, par exemple, qui se trouvent au nord, il faut faire un long voyage en transbordeur jusqu'au continent pour consulter un médecin. Par conséquent, ce système est utilisé ailleurs et nous avons eu des contacts avec des gens d'autres pays. Il est également utilisé dans une certaine mesure aux États- Unis. Il y a là-bas des grandes distances à couvrir. Je pense que le Canada est le pays où l'on couvre les plus grandes distances.

Le président : Avant de passer au deuxième tour, j'aurais quelques questions à vous poser.

Je voudrais d'abord commencer par votre dernière remarque au sujet de l'effet placebo, chef. Le placebo a un effet bien réel que ce soit sous la forme d'une activité, d'une fausse pilule ou autre chose. Il faut avoir confiance dans ce concept. Cela montre que, comme l'a dit Mme Rabbitskin, si l'intéressé prend sa santé en main et est convaincu qu'une activité, un comportement, une pratique ou un événement culturel l'aidera, c'est parfaitement possible.

Autrement dit, nous reconnaissons que le comportement a un impact évident et que cet impact peut être très positif. Nous pensons généralement qu'un comportement a un impact négatif, mais en réalité, l'intervention de la communauté peut avoir un impact positif sur la santé. Nous savons que les gens guérissent beaucoup mieux dans leur environnement qu'en milieu hospitalier. C'est juste que nous n'apprenons pas assez vite comment mettre en oeuvre ces principes.

À ce sujet, Norma, vous avez parlé de la mise en contact des aînés avec les jeunes et de l'intervention médicale. Je voudrais en savoir un peu plus sur la façon dont vous traitez les gens, disons les aînés qui présentent des symptômes de démence. Sont-ils davantage libres de se promener dans la communauté que ce ne serait le cas dans une ville typique où il y a généralement un fort degré d'institutionnalisation?

Pourriez-vous nous dire si les aînés de votre communauté ont plus de liberté de mouvement et si, d'après vos observations, ils ont tendance à être plus heureux dans ce genre de situation que ceux qui sont davantage confinés au même endroit?

Mme Rabbitskin : Un des membres de notre communauté a été atteint de démence, ces dernières années, et il faisait partie de notre conseil consultatif des aînés. Sa famille a essayé de l'aider. Le programme des soins à domicile a contacté sa femme, mais elle a refusé. Vous devez respecter le désir des gens; vous ne voulez pas outrepasser vos droits. Nous avons apporté de l'aide. Nous avons aidé sa femme à obtenir l'équipement et les fournitures nécessaires pour rendre le logement sécuritaire.

En général, nous n'essayons pas de nous ingérer, car la norme culturelle est la non-ingérence et nous devons respecter notre culture, de même que les familles. Cette femme nous a demandé de l'aide chaque fois qu'il fallait faire le lien avec des services de l'extérieur. Il s'agit de permettre aux gens de rester à domicile et de fournir à la famille ce que nous appelons un soutien total. C'est le mandat du programme de soins à domicile et en milieu communautaire. Nous sommes là pour apporter ce soutien et aider les gens à rester indépendants. Il s'agit de leur permettre de rester à domicile, là où ils se sentent le mieux.

Le monsieur en question a pu venir assister à des réunions avec sa femme. Il restait simplement assis à écouter.

Le président : Merci.

Docteur Kirk, je voudrais reparler de votre modèle, qui était très intéressant. Je veux être certain de l'avoir compris. Pour le moment, la première évaluation a lieu à votre clinique et les gens doivent donc s'y rendre.

Dr Kirk : C'est exact.

Le président : C'est seulement après que vous pouvez, lorsque c'est possible, vous servir de la télémédecine, n'est-ce pas?

Dr Kirk : Au départ, nous avons alterné la télésanté et les visites en personne pour déterminer si le système était valide, mais maintenant, tout est fait par télésanté, sauf dans certaines circonstances particulières. L'été dernier, lorsqu'il y a eu des incendies de forêt dans le Nord, j'ai vu certains de mes patients du Nord en personne parce qu'ils étaient coincés à Saskatoon.

Le président : Les catastrophes naturelles constituent une exception. J'essaie d'établir la nature de votre programme.

Je vous ai également entendu dire clairement que si vous aviez un neuropsychologue à plein temps, vous pourriez ouvrir votre clinique cinq jours par semaine. Je suppose que cela aurait un effet important pour réduire les délais d'attente des gens qui doivent obtenir leur première évaluation, par exemple.

Dr Kirk : J'espère que oui.

Le président : J'ai l'impression qu'il s'agit d'un investissement social relativement petit qui rapporterait beaucoup.

Dr Kirk : Moi aussi.

Le président : J'ai une ou deux questions concernant le suivi à distance. J'ai été impressionné par votre analyse et les tests que vous avez faits pour comparer l'utilisation — puis-je appeler cela la télémédecine ou avez-vous un meilleur terme?

Dr Kirk : En Saskatchewan, c'est ce qu'on appelle la télésanté. Bien des gens l'appellent aussi la télémédecine.

Le président : Très bien. Vous vous servez de la télésanté. Le modèle de télésanté par comparaison avec le modèle in situ. Vous n'avez constaté aucune différence importante et il serait donc souhaitable de l'appliquer à plus grande échelle. Je comprends la difficulté d'obtenir le haut débit dans l'ensemble du pays et ce ne sera donc pas ma question. C'est facile à comprendre pour nous.

Ma question concerne, de nouveau, celle j'ai posée sous une forme différente à Norma. Nous entendons dire que lorsque les gens peuvent communiquer librement avec d'autres personnes, si vous avez un établissement avec un vaste endroit où les gens peuvent se déplacer librement, ces derniers semblent beaucoup plus heureux et satisfaits. On semblait dire que cela ralentissait certains aspects de la démence.

Pensez-vous qu'il serait possible d'implanter un des cafés de la mémoire qui sont en train de se répandre? Le mouvement a commencé aux Pays-Bas, il s'est répandu aux États-Unis et il est en train de gagner notre pays. Ce genre d'endroits existe maintenant au Nouveau-Brunswick et dans d'autres régions du Canada.

Pensez-vous qu'il serait possible d'avoir une station de télésanté dans un de ces cafés afin que les personnes des diverses régions puissent se réunir et socialiser dans le cadre d'un modèle de télésanté?

Dr Kirk : Ce n'est pas une chose que nous avons envisagée. Comme je l'ai dit, nous avons eu un groupe de soutien pour la télésanté à l'intention des aidants, des conjoints des personnes atteintes de démence fronto-temporale. Nous n'avons pas envisagé ce genre de modèle pour les personnes atteintes de démence, mais c'est certainement une chose que nous serions prêts à examiner.

Le président : Oui, je sais que vous ne l'avez pas fait. Si vous aviez la possibilité d'entrer en contact avec une personne pour établir un diagnostic important et comparativement exact grâce à la télésanté, j'ai l'impression que ce serait vraiment une possibilité étant donné que la technologie moderne permet aux gens de communiquer ensemble grâce à la réalité virtuelle.

D'après ce qu'on nous a dit, ces cafés ont un effet positif sur l'attitude sociale des intéressés. J'apprécie la franchise de votre réponse. Pensez-vous que ce serait une possibilité, du moins en principe?

Dr Kirk : Je pense qu'il vaut la peine d'étudier la question, en effet.

M. Day : J'ajouterais qu'à mon avis, c'est une excellente idée. Dans un grand nombre de nos communautés éloignées des Premières Nations, qui pour la plupart vivent actuellement dans des conditions dignes du tiers monde, nous constatons que la possibilité de relier tout le monde au XXIe siècle grâce à Internet est certainement un précieux outil. Nous constatons que nos jeunes et ceux qui adoptent cette technologie font des choses formidables grâce à elle.

Grâce à Internet, les Premières Nations, qui sont tellement désavantagées et sous-développées, bénéficient de la télésanté dans le Nord et cela semble être utile.

Pour ce qui est de rejoindre ces communautés et d'employer ce genre de stratégies, je peux vous dire que j'ai trouvé des aînés des Premières Nations dans les médias sociaux. Je m'étonne qu'ils soient aussi présents dans les médias sociaux. Je pense qu'il y a là d'énormes possibilités. C'est une chose qu'il faudrait également explorer avec les Premières Nations, je pense.

Le président : C'est excellent, chef. Pendant que nous discutions, je me disais que la participation des jeunes, leur activité et leur motivation, l'interaction des jeunes dans différents domaines au moyen des applications sociales interactives — qui font maintenant partie de l'éventail de compétences et les avantages des activités de groupe interactives utilisant la technologie — si ce genre de choses pouvaient se développer, cela pourrait être l'importante possibilité de motivation. Cela couvrirait également ces questions.

M. Day : Oui. Je tiens à dire aussi qu'à mon avis, il y a un autre facteur alarmant dont le comité doit tenir compte. Les changements climatiques qui surviennent dans le Nord ont un sérieux impact sur le tissu social des communautés des Premières Nations. Cela augmente le niveau d'anxiété et de stress. C'est probablement une des raisons de l'augmentation des idées suicidaires. Je suis convaincu que cela doit avoir aussi un impact sur les aînés, autant que la démence. Je pense que nous devons faire quelque chose rapidement.

Le président : Merci.

Le sénateur Eggleton : Docteur Kirk, vous dites que Rural Dementia Action Research ou RaDAR a débuté au début des années 2000. La clinique de la mémoire est un projet phare.

Quand la clinique de la mémoire a-t-elle ouvert ses portes?

Dr Kirk : Nous avons vu notre premier patient en mars 2004.

Le sénateur Eggleton : Combien y a-t-il eu d'évaluations?

Dr Kirk : Nous avons fait de nombreuses évaluations.

Le sénateur Eggleton : Et d'évaluations faites par des tiers?

Dr Kirk : Je ne pense pas qu'il y ait eu d'évaluations par des tiers. Dans les autres documents que j'ai réunis, vous pouvez voir de nombreuses mentions de choses que nous avons publiées au fil des ans.

Le sénateur Eggleton : Vous avez déclaré, à deux reprises, que vous pouvez seulement fonctionner une journée par semaine parce qu'il est difficile d'obtenir l'argent nécessaire. Si ces programmes fonctionnent aussi bien, pourquoi est- ce difficile? D'où vient votre argent? Vient-il du gouvernement de la Saskatchewan?

Dr Kirk : Il vient du gouvernement de la Saskatchewan, en effet. C'est également un mystère pour nous. Quand nous avons commencé ce travail, notre région sanitaire n'était pas encore au courant quelques années plus tard. Comme je l'ai dit, nous n'avons pas fait de publicité; nous savions que nous serions suffisamment occupés.

Nous avons obtenu l'accréditation de notre région sanitaire et c'est ce qui nous a fait connaître. La personne qui nous a accordé l'accréditation a terminé son discours en mentionnant notre projet comme une initiative très utile. Notre région sanitaire a alors commencé à s'intéresser à nous. Elle a publié des articles dans le journal et nous a fait connaître. C'était très bien jusqu'à ce que le financement de notre projet de recherche soit épuisé et nous avons alors demandé de l'argent.

Pendant un certain temps, les autorités nous ont donné le nom de Clinique de la mémoire de la région sanitaire de Saskatoon, ce qu'elle n'était pas vraiment. Néanmoins, lorsque nous leur avons demandé de l'argent, elles nous l'ont refusé. Nous avons adressé une demande au gouvernement provincial qui nous a donné un peu d'argent, mais il est difficile d'obtenir un financement pour des projets dans le climat actuel.

M. Warry : Je ne devrais sans doute pas le dire, mais il y a un énorme fossé institutionnel entre la recherche et les programmes d'intervention. Il se passe beaucoup de choses dans le monde de la recherche où vous démontrez la viabilité d'un projet, mais il est ensuite très difficile d'obtenir des fonds pour assurer la viabilité du projet.

Le sénateur Eggleton : Oui, c'est une vieille histoire.

Le président : Nous avons constaté dans le cadre d'un grand nombre de nos études — et c'est un terme qu'on utilise beaucoup dans la profession médicale — que le Canada est un pays de projets pilotes. C'est vrai.

Je voudrais revenir sur la question que le sénateur Eggleton vous a posée au sujet du financement. Je voudrais savoir exactement s'il y a, à votre connaissance, d'autres exemples de ce genre dans les provinces de l'Ouest.

Dr Kirk : Il y a certains gériatres et neurologues qui voient des gens grâce à la télésanté — pas d'une façon aussi organisée que la nôtre, mais il y a des exemples de consultations faites au moyen de la télésanté. Je connais des gens qui voient des patients atteints de sclérose en plaques au moyen de la télésanté, par exemple.

Un médecin a un gros effort à fournir pour commencer à se servir de la télésanté. Une fois que vous le faites, cela devient une seconde nature et c'est facile. Mais il est parfois assez difficile de se lancer.

Le président : Il y a une différence importante entre une idée et un programme qui a fait ses preuves. Je pense que vous devriez aller frapper à la porte du sous-ministre.

Dr Kirk : Nous rencontrons le sous-ministre adjoint la semaine prochaine sur un autre sujet.

Le sénateur Eggleton : Brad Wall vient de se faire réélire, alors allez lui demander de l'argent.

La sénatrice Stewart Olsen : Je voudrais vous demander votre opinion. Pensez-vous que, pour une personne qui commence à souffrir de la maladie d'Alzheimer ou de démence, c'est peut-être moins stressant si elle vit dans une communauté autochtone en raison de la façon dont elle est considérée? Je veux parler du patient. J'ai vu des gens absolument terrifiés parce qu'ils savent qu'ils sont en train de perdre leurs capacités. Si vous vivez dans une société qui rend la chose moins terrifiante, cela n'améliore-t-il pas largement la progression de la maladie?

Je voudrais connaître votre opinion à ce sujet. Je pense que les gens sont très stressés lorsqu'ils s'aperçoivent qu'ils perdent leurs capacités cognitives.

Quand vous avez décrit la culture autochtone, j'ai eu l'impression que c'était une étape normale de la vie; c'est une progression. « Si cela arrive, nous serons avec vous, nous nous en occuperons. »

Je me demande ce que vous pensez de ce genre de perspective?

Dr Kirk : Je vais répondre en premier, en tant que non-Autochtone. Wayne a mentionné les hallucinations et j'ai aussi constaté que les gens présentant une démence à corps de Lewy ont souvent des hallucinations. Les patients autochtones sont moins troublés par leurs hallucinations parce qu'ils les considèrent comme des parents qui viennent leur rendre visite. Cela semble plus acceptable dans leur culture.

M. Day : Il y a, je crois, plusieurs choses à considérer. Dans une communauté en bonne santé, une communauté qui bénéficie de tous les éléments des déterminants sociaux de la santé, les résultats sont généralement plus positifs. Vous voyez un oncle errer dans la rue, mais quelqu'un s'en occupe. On sait tout le temps où il est et divers programmes sont prévus dans la communauté. À cet égard, la réponse est « oui ».

Il faut néanmoins comprendre que les communautés qui ne vivent pas au XXIe siècle — celles où règnent actuellement des conditions de vie du tiers monde — n'ont pas les déterminants sociaux de la santé. Les systèmes sont dysfonctionnels. Les jeunes connaissent de graves difficultés et des problèmes sociaux dans le Nord, par exemple. Lorsque la famille est secouée par une tentative de suicide, cela augmente le stress et la pression dans la communauté.

Nous connaissons actuellement un état d'urgence sanitaire dans les Premières Nations du pays et une des choses que je vais faire en tant que président du Comité des chefs sur la santé à l'Assemblée des Premières Nations sera d'examiner les déterminants sociaux de la santé de l'Organisation mondiale de la Santé, car c'est une des choses dont nous devrons assurer la mise en place.

Les patients prédisposés à la démence, ou qui sont à un stade avancé de la maladie, sont dans une situation vulnérable et nous allons devoir envisager une approche globale de la démence. C'est pourquoi l'APN a un groupe de travail spécial sur la démence et c'est pourquoi nous nous orientons dans cette voie.

La sénatrice Stewart Olsen : Je comprends cela, mais je dis que nous pouvons peut-être apprendre plus des communautés autochtones et de la façon dont elles abordent le problème. Nous avons tendance à entreposer les gens ou, au Nouveau-Brunswick, nous essayons de les garder dans la famille.

J'ai beaucoup appris aujourd'hui, et je me demande si cela allégerait en partie le stress des personnes qui viennent de recevoir un diagnostic ou qui le redoutent. Elles sont terrifiées et leur entourage ne les soutient peut-être pas aussi bien que c'est le cas dans vos communautés en raison de votre façon d'envisager le cercle de vie.

M. Warry : Je suis d'accord sur ce point. Il n'y a pas de mot précis désignant la démence en langue autochtone et je pense que les mots sont importants. Quand les gens parlent de la perte de mémoire ou des oublis, c'est avec les mots qu'utilisent les Autochtones au lieu de parler de démence.

Le diagnostic engendre du stress et si l'on pouvait présenter la démence sous un autre jour aux patients et aux aidants de la famille, je pense que ce serait une chose importante que les gens pourraient apprendre des Autochtones.

La sénatrice Stewart Olsen : Merci. Je ne dis pas que ce soit une panacée.

Mme Rabbitskin : Oui, vous verrez différentes communautés qui en sont à différents stades du soutien apporté à une multitude de clients souffrant de maladies chroniques.

Une de mes objections est que nous avons effectivement des programmes de soins à domicile et en milieu communautaire financés par le gouvernement fédéral dans nos communautés. Il y a aussi le système de santé publique qui est censé s'occuper de maladies chroniques dans la communauté, mais c'est un des programmes qui ne sont pas financés dans les communautés des Premières Nations.

Alors qui fait tout le travail? Les services de soins à domicile. Ils sont censés remplacer tout le reste alors que nous sommes déjà surchargés de travail. Voilà pourquoi nous estimons nécessaire de ramener la culture et de célébrer les forces de la communauté.

J'ai travaillé dans une communauté où nous assurions des soins primaires et pas seulement des soins ponctuels. Je suis dans cette communauté où la culture est toujours bien vivante avec des cérémonies, des méthodes de guérison que l'on utilise à pleine capacité. C'est pourquoi je suis restée là, car je vois des résultats positifs quand la communauté prend sa santé en main et se porte bien. Nous avons quand même beaucoup de maladies chroniques et un important problème de financement.

Le problème que nous voyons dans les Premières Nations de notre région est que le VIH est en augmentation et qu'il est également relié à la démence. J'ai dû prendre soin d'un client qui était en phase aiguë et nous avons dû lui apporter notre soutien. Lorsque vous n'avez pas de soins palliatifs, lorsque vous êtes censé relier votre service avec les services provinciaux alors qu'ils ne sont pas là, vous vous retrouvez seul. Nous devons donc également relier ces services et travailler ensemble.

La sénatrice Stewart Olsen : Merci beaucoup.

Le président : Cette séance a été particulièrement intéressante et je pense que nous avons appris des choses vraiment utiles aujourd'hui.

Certaines initiatives en sont à l'étape du projet pilote, comme c'est le cas pour beaucoup de choses au Canada, mais je pense que vous nous avez beaucoup aidés sur le plan de certains concepts, idées et expériences concrètes, des expériences très réelles. Je vous invite à prendre le bus jusqu'au siège du gouvernement pour obtenir les neuropsychologues supplémentaires dont vous avez besoin. Cela pourrait accélérer énormément le rythme auquel vous traitez les personnes qui ont d'énormes besoins.

Je tiens à vous remercier tous d'être présents ici et à remercier mes collègues pour leurs questions. Sur ce, la séance est levée.

(La séance est levée.)

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