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SOCI - Comité permanent

Affaires sociales, sciences et technologie

 

Délibérations du comité sénatorial permanent des
Affaires sociales, des sciences et de la technologie

Fascicule no 14 - Témoignages du 1er février 2017 (première séance)


OTTAWA, le mercredi 1er février 2017

Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie se réunit aujourd'hui, à 16 h 15, afin d'étudier, pour en faire rapport, le rôle de la robotique, de l'intelligence artificielle et de l'impression 3D dans le système de santé.

Le sénateur Kelvin Kenneth Ogilvie (président) occupe le fauteuil.

[Français]

Le président : Je vous souhaite la bienvenue au Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.

[Traduction]

Je suis le sénateur Kelvin Ogilvie, de la Nouvelle-Écosse, et je suis le président du comité. Je vais ouvrir la séance en demandant à mes collègues de se présenter, en commençant par ma gauche.

Le sénateur Eggleton : Art Eggleton, sénateur de Toronto, et vice-président du comité.

La sénatrice Merchant : Pana Merchant, sénatrice de la Saskatchewan.

Le sénateur Meredith : Sénateur Meredith, de l'Ontario.

Le sénateur Neufeld : Sénateur Neufeld, de la Colombie-Britannique.

[Français]

La sénatrice Petitclerc : Chantal Petitclerc, sénatrice du Québec.

[Traduction]

La sénatrice Raine : Sénatrice Nancy Greene Raine, de la Colombie-Britannique.

La sénatrice Seidman : Judith Seidman, de Montréal, au Québec.

La sénatrice Stewart Olsen : Carolyn Stewart Olsen, du Nouveau-Brunswick.

La sénatrice Beyak : Lynn Beyak, de l'Ontario. Bienvenue.

Le président : Je reprends à ma gauche, au bout, pour une seconde.

Le sénateur Dean : Tony Dean, de l'Ontario.

Le président : Je vous souhaite à tous la bienvenue au début d'une nouvelle saison; nous amorçons, pendant la présente séance, notre étude sur le rôle de la robotique, de l'impression 3D et de l'intelligence artificielle dans le système de santé.

Le 25 octobre 2016, le comité a reçu l'ordre de renvoi suivant :

Que le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie soit autorisé à étudier, en vue d'en faire rapport, le rôle de l'automatisation dans le système de soins de santé, plus particulièrement la robotique, l'intelligence artificielle et l'impression en 3D, dans les secteurs :

des soins directs aux patients;

des soins indirects aux patients;

des soins à domicile.

Que le comité dépose son rapport final au plus tard le 31 décembre 2017 et qu'il conserve tous les pouvoirs nécessaires pour diffuser ses conclusions dans les 180 jours suivant le dépôt du rapport final.

Aujourd'hui, le comité entame son étude par des témoignages concernant certains des projets de recherche menés dans ces secteurs de spécialité ou le soutien fourni par les organismes fédéraux de recherche du Canada.

Avant de vous présenter nos témoins, j'aimerais, si nous en avons le temps à la fin de la séance, que nous nous réunissions à huis clos quelques minutes de façon à pouvoir revoir avec les nouveaux membres du comité, rapidement, notre mode de fonctionnement. Espérons que nous disposerons de quelques minutes à la fin. La séance doit se terminer à 18 h 15, et, si vous êtes d'accord, si nous nous rendons jusque-là, nous pourrions quand même prendre trois ou quatre minutes pour passer rapidement en revue les règles générales.

Nous avons le grand plaisir aujourd'hui de recevoir des représentants de quelques-unes de ces entreprises de recherche et des gens qui pourront nous renseigner dans notre étude et à propos du rôle des membres de la communauté des chercheurs présents ici aujourd'hui. Je vais demander aux témoins de se présenter tour à tour. Pour commencer, j'aimerais inviter Mme Jane Aubin, chef des affaires scientifiques et vice-présidente à la recherche, à l'application des connaissances et à l'éthique, des Instituts de recherche en santé du Canada, les IRSC, comme nous les appelons, à présenter son exposé. Êtes-vous prête à le faire, madame Aubin?

Jane E. Aubin, chef des affaires scientifiques, vice-présidente à la recherche, à l'application des connaissances et à l'éthique, Instituts de recherche en santé du Canada : Monsieur le président, honorables sénateurs, merci de me donner l'occasion de comparaître devant vous dans le cadre de votre étude sur le rôle de l'automatisation dans les soins de santé. Comme on vient de le dire, je m'appelle Jane Aubin et je suis chef des affaires scientifiques et vice-présidente responsable du Portefeuille de la recherche, de l'application des connaissances et de l'éthique aux Instituts de recherche en santé du Canada; j'utiliserai l'acronyme, les IRSC, c'est plus court.

À titre d'organisme de financement fédéral, les IRSC soutiennent l'ensemble des domaines de la recherche en santé; cela va des sciences biomédicales de base aux aspects démographiques et sociaux de la santé. Puisque le but ultime de la recherche en santé est d'assurer à tous une meilleure santé, nous jouons aussi un rôle important pour intégrer dans la pratique les innovations en santé éprouvées. C'est en finançant ce continuum que les IRSC sont en mesure de susciter des changements transformateurs dans le système de soins de santé du Canada.

Aujourd'hui, j'aimerais vous donner quelques exemples concrets de projets de recherche financés par les IRSC en matière d'automatisation qui ont le potentiel de transformer la vie et d'influer sur la santé des Canadiens.

Les premiers exemples ont trait aux investissements des IRSC dans la robotique, qui permettent aux professionnels de la santé de fournir aux patients des traitements plus précis et personnalisés. Grâce à un investissement de plus de 1,1 million de dollars des IRSC, le Dr Sean Dukelow, de l'Université de Calgary, a été en mesure d'optimiser une technologie robotique de pointe pour fournir un traitement personnalisé aux survivants d'un accident vasculaire cérébral. En général, les médecins doivent se fier à leurs propres observations pour évaluer les capacités d'un patient après un AVC. La recherche du Dr Dukelow a montré qu'en utilisant un exosquelette appelé KINARM, les cliniciens pouvaient déterminer exactement l'état de ces patients et concevoir leur réadaptation en tenant compte de leurs déficits particuliers.

Des avancées dans la chirurgie robotique aident également à améliorer l'accès aux soins. Par exemple, les sommes investies par les IRSC dans le Centre pour l'invention et l'innovation en chirurgie, centre d'excellence en recherche et en commercialisation, ont conduit à la mise au point d'un robot automatisé guidé par l'image qui peut être manipulé à distance, et qui permet aux radiologistes de faire des biopsies et de traiter les personnes atteintes de cancer qui vivent dans des endroits éloignés.

Les IRSC investissent aussi dans l'intelligence artificielle, qui donne des résultats prometteurs dans nombre de contextes, y compris pour les personnes âgées et les personnes handicapées. Les IRSC ont notamment investi plus de 487 000 $ dans les travaux d'Alex Mihailidis, du Réseau de santé universitaire de Toronto, qui cherche à mettre au point un système automatisé d'instructions appelé COACH. Ce système donne des instructions verbales ou visuelles pour aider les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer à un degré modéré ou sévère à accomplir des tâches de base, comme se laver les mains. L'efficacité de ce système a été démontrée dans des établissements de soins de longue durée. On est en train d'adapter le système d'intelligence artificielle COACH pour aider les gens, dans leur foyer, à accomplir d'autres gestes du quotidien grâce à des robots mobiles.

Les IRSC appuient aussi de nouvelles applications médicales de l'impression 3D, comme en témoignent les récentes avancées dans la création de modèles 3D précis et sur mesure des os, des articulations de la hanche et du genou et de tissus organiques, entre autres. Par exemple, nous avons investi près de 340 000 $ sur quatre ans pour appuyer Stephen Waldman, de l'Université Ryerson, dans sa recherche en reconstruction d'organes et en ingénierie tissulaire. Grâce à cet investissement, M. Waldman sera en mesure de reconstruire des répliques vivantes fonctionnelles des oreilles de ses patients à l'aide de tissu humain d'ingénierie et de moules d'impression 3D; cette méthode devrait permettre une meilleure reconstruction avec moins de complications chirurgicales. Comme vous pouvez l'imaginer, cette recherche est extrêmement prometteuse pour les victimes de brûlures ou d'accidents graves.

En 2014, les IRSC et 14 organismes partenaires ont investi plus de 32 millions de dollars sur cinq ans dans le Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement, qui étudie les maladies neurodégénératives et leur impact sur la cognition. Le consortium se concentre notamment sur les aides technologiques, comme l'intelligence artificielle et la robotique, qui aideront à améliorer la qualité de vie des gens atteints de divers troubles neurodégénératifs.

Par leur initiative appelée Innovations en cybersanté, les IRSC, avec des partenaires comme le Conseil national de recherches du Canada et l'Association pour une vie active et adaptée de l'Union européenne, soutiennent également la mise au point, l'intégration et l'évaluation des technologies de cybersanté, comme des applications mobiles relatives à la santé, qui améliorent clairement la qualité et le rapport coût-efficacité des soins axés sur le patient et sur la population. À l'avenir, cette initiative visera à adapter les technologies innovantes en vue de personnaliser davantage les soins de santé.

L'automatisation devrait rester un important domaine d'investissement pour les IRSC. Comme je l'ai dit plus tôt, l'avenir des soins de santé au Canada dépend de notre capacité d'innover. Cela signifie que nous devons faire preuve d'imagination et d'audace, et que nous devons être prêts à faire intervenir des partenaires qui ne sont pas habituellement associés au secteur de la santé.

Aujourd'hui, la recherche et l'innovation en automatisation ont conduit à des technologies évoluées qui assurent une plus grande efficience du système de soins de santé et améliorent l'expérience des patients. Les IRSC appuient depuis longtemps la recherche de pointe, et ils continueront d'investir dans des projets de recherche avant-gardistes, dans le cadre soit de leurs programmes de recherche stratégique axée sur les priorités, soit de leurs programmes de recherche libre.

Nous serons heureux de continuer de travailler avec des partenaires pour investir dans la recherche en automatisation et dans d'autres secteurs émergents. Nous nous assurerons aussi que ces innovations se traduisent par une meilleure santé pour les Canadiens, des services et des produits de santé plus efficaces, et un système de soins de santé canadien renforcé.

Monsieur le président, je vous remercie, vous et vos collègues, de m'avoir donné l'occasion de vous parler de notre travail. Je répondrai avec plaisir aux questions de votre comité.

Le président : Merci beaucoup.

J'aimerais maintenant donner la parole aux représentants du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, que nous appelons plus familièrement le CRSNG. Permettez-moi de vous présenter les deux témoins que nous recevons ici aujourd'hui : Mme Bettina Hamelin, vice-présidente, Direction des partenariats de recherche; Pamela Moss, directrice, Fabrication, communications et technologies (FCT), Direction des partenariats de recherche. Je crois, madame Hamelin, que vous avez un exposé à nous présenter.

Bettina Hamelin, vice-présidente, Direction des partenariats de recherche, Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada : Merci beaucoup, monsieur le président et merci aux honorables membres du comité, de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui de ce sujet fascinant. Aujourd'hui, je vais formuler mes commentaires dans les deux langues officielles.

Je présenterai aujourd'hui mes commentaires sous l'angle d'un organisme qui entretient des relations étroites avec des universités, des collèges, des écoles polytechniques, mais aussi avec des partenaires du secteur industriel. Le CRSNG est le principal investisseur et un grand rassembleur, dans les milieux universitaires, pour ce qui est des sciences naturelles et du génie; c'est aussi un important investisseur et mobilisateur pour ce qui est des partenariats de recherche universités-industrie.

[Français]

Le CRSNG appuie activement la recherche fondamentale axée sur la découverte en sciences naturelles et en génie. Il appuie également les partenariats de recherche novatrice basée sur la découverte qui visent à répondre aux besoins du secteur privé et des intervenants de l'écosystème de l'innovation.

[Traduction]

Nous constatons encore et toujours que de telles innovations ont tendance à entraîner de nouvelles questions auxquelles on ne peut répondre que grâce à des projets en recherche fondamentale et en recherche appliquée.

Je dois en outre souligner que le CRSNG est déjà familiarisé avec la recherche en santé. Au cours du dernier exercice, nous avons investi environ 184 millions de dollars, soit 18 p. 100 de notre budget, dans la recherche en biomédecine. De manière générale, il s'agissait de recherches axées sur la découverte dans le domaine des mécanismes biologiques de base ou encore de projets axés sur la bio-ingénierie. Cela comprend également d'importants efforts de recherche axés sur l'innovation et visant la commercialisation de nouveau matériel biomédical et d'outils de TI.

En ce qui concerne les trois sujets à l'ordre du jour aujourd'hui, le CRSNG a investi en 2015-2016 52 millions de dollars dans le génie biomédical et les technologies médicales, une augmentation de 37 p. 100 par rapport à la décennie précédente.

[Français]

Au CRSNG, les partenariats industriels constituent une priorité stratégique. En 2015-2016, 3 700 entreprises étaient des partenaires industriels dans le cadre de projets de recherche appuyés par le CRSNG. Grâce à ces investissements, nous accordons beaucoup d'importance au développement de la prochaine génération de talents en sciences et en génie, ce qui représente plus de 30 000 personnes chaque année. De ce nombre, 10 000 d'entre elles œuvrent en recherche industrielle et les autres, en recherche postsecondaire.

[Traduction]

Si nous parlons des technologies — l'intelligence artificielle, la robotique et l'impression 3D — et de la santé, il est évident que les technologies ont un énorme potentiel et peuvent améliorer la prestation des services de santé dans un cadre traditionnel.

L'intelligence artificielle, c'est un moyen d'effectuer une analyse plus approfondie des données et de les interpréter pour en dégager de meilleurs algorithmes, logiciels et systèmes, lesquels servent par exemple à l'échange de données sur les patients entre professionnels de la santé et pour la planification du traitement. La robotique joue un rôle de premier plan, par exemple dans les blocs opératoires et pour ce qui est des membres artificiels. Enfin, l'impression 3D permet désormais d'envisager la possibilité de fabriquer rapidement des pièces et du matériel médical essentiels dans le cadre clinique. La recherche financée par le CRSNG vise une nouvelle génération de matériel médical intégrant des matériaux biologiques ou construits grâce à un support fait de matériaux biologiques, le tout étant fabriqué à l'aide des technologies d'impression 3D.

J'aimerais insister sur le fait que, à long terme, l'aspect qui se révélera le plus fécond en matière d'innovation ou de perturbation tient à la façon dont ces nouvelles technologies accéléreront la conception des nouveaux modèles de prestation des soins de santé. Pensez à des systèmes sortis des milieux institutionnels, à des systèmes qui sont axés sur le patient, voire gérés par eux. Je crois que les chercheurs comprennent bien cette possibilité. Ils laissent souvent entendre que leurs buts, sur le plan professionnel, ont trait à la prise en charge, à l'indépendance des personnes et à la qualité de vie.

[Français]

Dans le domaine de l'intelligence artificielle, j'aimerais attirer votre attention sur un projet de maison intelligente « prête à monter ». Ce projet s'inscrit dans les projets de recherche menés dans le cadre du réseau AGE-WELL appuyé par le Programme des réseaux de centres d'excellence, qui est administré par les trois organismes subventionnaires fédéraux. Le projet est mené en collaboration par l'Université de Waterloo et l'Université de Sherbrooke, et vise à développer une maison intelligente qui permettrait aux personnes âgées de vivre confortablement et en sécurité dans un environnement adapté à leurs besoins. Cet environnement pourrait accéder à une base de données dynamique qui renferme de l'information sur les besoins particuliers et le mode de vie du résident. Ce sont les technologies d'intelligence artificielle qui sous-tendent l'environnement de cette maison qui la rendent vraiment intelligente.

[Traduction]

Du côté de la robotique, j'aimerais parler des travaux innovateurs qui se déroulent dans le laboratoire de Mike Van der Loos, à l'Université de la Colombie-Britannique. M. Van der Loos combine les technologies de la robotique, la conception de logiciels et les plateformes de jeux électroniques pour créer des outils de réadaptation innovateurs. En intégrant à la thérapie le caractère ludique des jeux, il rend plus attrayants des exercices autrement ennuyeux. Son projet est fondé sur des unités de commande de jeu sensibles aux mouvements, conçus sur mesure, et sur un nouveau logiciel qui oblige le patient à coordonner les mouvements de ses mains. Ce projet changera les méthodes thérapeutiques utilisées pour les patients affectés d'une hémiplégie post-AVC ou d'une infirmité motrice cérébrale et permettra d'importantes avancées dans le domaine de la réadaptation médicale.

Mon dernier exemple concerne l'impression 3D à l'aide de ce que l'on appelle les encres biologiques. Le CRSNG a offert son soutien à plusieurs chercheurs de ce domaine, et ces recherches supposent un certain nombre de partenariats avec le secteur industriel. Stephanie Willerth, de l'Université de Victoria, travaille dans le domaine de l'ingénierie des tissus à l'aide de l'impression 3D. Ce processus utilise des imprimantes 3D et un liquide contenant des composantes biologiques, les « encres biologiques », pour créer de petits tissus vasculaires qui pourront être réunis et former un réseau vasculaire.

Les répercussions de ces travaux sont importantes. Les travaux permettent l'ingénierie complète des organes, des greffes, et même des tests liés à un traitement médical. En intégrant l'impression 3D et les encres biologiques aux soins de santé, on renforcera le traitement des patients et la prévention des maladies. C'est un important pas en avant qui permettra de garder les Canadiens en santé plus longtemps.

[Français]

Le CRSNG est fier de financer tous ces projets intéressants et est fier de ses efforts pour appuyer l'innovation dans le domaine de la santé.

[Traduction]

Le président : Merci beaucoup. Je vais maintenant donner la parole au Conseil national de recherches du Canada; nous accueillons le Dr Roman Szumski, vice-président, Sciences de la vie et Robert Diraddo, chef du groupe, Simulation et santé numérique, Dispositifs médicaux.

[Français]

Dr Roman Szumski, vice-président, Sciences de la vie, Conseil national de recherches Canada : Bonjour. Je m'appelle Roman Szumski, et je suis vice-président des Sciences de la vie au Conseil national de recherches du Canada (CNRC). Je suis accompagné par M. Robert Diraddo.

Je tiens d'abord à remercier le comité de nous offrir la possibilité de lui faire part des travaux que mène le CNRC pour améliorer la santé et la qualité de vie des Canadiens et, dans de nombreux cas, pour sauver des vies.

[Traduction]

J'occupe le poste de vice-président des Sciences de la vie depuis mon arrivée au CNRC en 2005. Je suis médecin et pathologiste de formation et ancien dirigeant d'organisations du secteur des sciences de la vie. J'ai été attiré par le CNRC en raison des travaux novateurs qu'il menait en collaboration avec des partenaires des secteurs public et privé en visant à ce que les découvertes scientifiques et technologiques canadiennes soient porteuses de progrès concrets et importants pour le système de soins de santé de notre pays.

Pour vous donner une meilleure idée de l'ampleur et de la portée des travaux du CNRC, mentionnons que nous sommes une organisation nationale dotée d'un effectif de quelque 3 700 chercheurs et employés hautement qualifiés et novateurs travaillant dans toutes les régions du pays.

[Français]

Nos travaux couvrent un large éventail de disciplines scientifiques et techniques et ont contribué à changer la vie de nombreuses personnes, partout sur la planète.

[Traduction]

Le CNRC a célébré son centenaire l'an dernier, et j'estime que le moment est particulièrement bien choisi pour souligner sa longévité et sa pertinence. Du tout premier stimulateur cardiaque et du fauteuil roulant électrique jusqu'aux inventions plus récentes comme le vaccin contre la méningite, pour les nouveau-nés, les innovations du CNRC ont sauvé une quantité innombrable de vies humaines et ont été le point de départ d'une toute nouvelle génération de solutions.

Au CNRC, nous avons toujours travaillé au point de convergence des technologies relevant de multiples disciplines ou collectivités. Le CNRC dépend aussi beaucoup des liens de collaboration établis avec ses partenaires de la collectivité, dont des entreprises, des hôpitaux d'enseignement, des universités, ainsi que mes collègues, ici à ma gauche, et d'autres ministères fédéraux, pour créer les meilleures solutions possibles.

Vu le sujet de l'étude de votre comité, j'aimerais prendre quelques instants pour vous faire part des activités du CNRC dans l'automatisation du système de santé et m'arrêter sur quelques exemples concrets.

La plupart d'entre nous seront probablement d'accord pour dire que le Canada doit rehausser l'efficacité de son système de santé pour mieux utiliser l'argent des contribuables canadiens et répondre aux besoins de sa population vieillissante. C'est pourquoi le CNRC considère comme prioritaire la recherche de solutions à ce défi.

Je vous invite maintenant à imaginer une réalité virtuelle, où nos travailleurs de la santé suivent leur formation et s'exercent sur des patients simulés ailleurs que dans l'environnement clinique d'une salle d'opération. Cette formation virtuelle améliore la qualité des soins aux patients et réduit les risques pour le patient.

Par ailleurs, s'il est vrai que la recherche est importante, il importe aussi de s'assurer que les innovations qui en sont issues ne finissent pas sur une tablette. Actuellement, le CNRC collabore donc avec l'une des plus grandes entreprises de simulateurs médicaux du monde, la société CAE Santé de Montréal, afin de commercialiser la technologie de simulation neurochirurgicale qu'il a mise au point et de la faire adopter partout dans le monde. Il s'agit de la même société que celle qui forme des pilotes sur des simulateurs. Baptisée NeuroVR, cette technologie est déjà utilisée dans 20 hôpitaux d'enseignement du Canada, des États-Unis, d'Europe et d'Asie.

Si vous le voulez bien, je vais maintenant vous faire voyager un peu en vous parlant de la collaboration entre le Réseau universitaire de santé de Toronto et l'hôpital Korle Bu du Ghana. En collaboration étroite avec cette équipe internationale, le CNRC a mis au point des simulateurs chirurgicaux et les a fournis à ces deux établissements de santé afin de faciliter la formation par télésimulation des chirurgiens ghanéens par des chirurgiens torontois.

La formation portait plus particulièrement sur la ventriculostomie endoscopique du troisième ventricule, le traitement recommandé pour les enfants atteints d'hydrocéphalie. Touchant 90 000 bébés dans cette région, l'hydrocéphalie est une maladie qui provoque une accumulation excessive et dangereuse de fluide clair autour du cerveau et de la moelle épinière, ce qui entraîne des difformités et crée une pression douloureuse dans la boîte crânienne. La disponibilité de ce traitement en Afrique subsaharienne est essentielle à la survie des enfants atteints.

Nous avons en outre cultivé au CNRC une grande capacité d'analyse appliquée des données. Le meilleur exemple de l'application de cette capacité spécialisée au Canada, c'est notre décision de miser sur nos technologies de traitement du langage naturel pour mettre au point un outil de surveillance des textes en santé pour le compte de l'Agence de la santé publique du Canada. Grâce à cet outil, les analystes de la santé obtiennent un message d'alerte et un résumé de la situation chaque fois que des articles sur des situations préoccupantes sont publiés dans les médias du monde entier. L'outil regroupe par catégories et organise automatiquement les documents rédigés dans différentes langues, permettant à l'agence de prévoir les tendances et les menaces d'envergure mondiale susceptibles de toucher la santé et la sécurité des Canadiens ici même.

Je tiens aussi à prendre quelques instants pour vous parler d'un aspect important des opérations du CNRC, lequel s'éloigne un peu des activités de recherche et de développement palpitantes qui ont fait sa réputation et génère des retombées économiques autant que sociales, au Canada, à savoir le Programme d'aide à la recherche industrielle du CNRC, communément appelé le PARI. Ce programme offre aux PME innovantes du Canada les conseils et le financement dont elles ont besoin pour faire passer leurs projets en santé à l'étape de la commercialisation.

L'un de mes exemples préférés d'entreprise ayant bénéficié du PARI est celui de Medella Health, une entreprise ontarienne qui a créé un produit extrêmement novateur. Les lentilles cornéennes révolutionnaires mises au point par Medella appuient le modèle de la médecine préventive. Elles assurent une surveillance continue de la glycémie du patient et transmettent l'information à un dispositif mobile. Le patient peut ainsi mieux gérer son alimentation, ses habitudes de vie et son exercice physique. Les lentilles cornéennes intelligentes fonctionnent au moyen d'un minuscule capteur, d'une puce et d'une microantenne intégrés à leur structure.

Imaginez un peu les retombées de cette innovation pour les personnes atteintes d'un diabète grave et qui ont de la difficulté à faire le suivi sur leur état. Une surveillance continue en temps réel améliorera la qualité de vie globale des patients, qui n'auront plus à se piquer continuellement afin d'analyser leur sang.

En terminant, permettez-moi d'insister une fois de plus sur le fait que c'est l'étendue du savoir-faire du CNRC, son infrastructure scientifique unique et sa portée nationale, ainsi que ses collaborateurs, qui expliquent collectivement sa capacité de réunir des acteurs de l'ensemble du spectre de l'innovation du Canada et de l'étranger afin qu'ils travaillent de concert à la recherche de solutions aux problèmes les plus pressants. Il va sans dire que nous sommes également bien positionnés pour convaincre les principaux acteurs du marché de travailler ensemble pour mettre au point des interventions pouvant améliorer la qualité de vie et sauver des vies partout dans le monde, aujourd'hui et pendant les décennies à venir.

Je vous remercie encore une fois de votre intérêt pour le CNRC. Mon collègue et moi-même répondrons maintenant à vos questions.

Le président : Merci à vous tous. Avant de laisser mes collègues commencer à poser leurs questions... Madame Hamelin, vous avez parlé brièvement d'un aspect que j'espérais que quelqu'un soulève pendant les exposés, c'est-à-dire la question des Réseaux de centres d'excellence. Pourriez-vous en dire un peu plus à leur sujet de façon à donner aux membres du comité une idée de leur rôle par rapport aux approches des entreprises scientifiques et technologies, des réseaux, et ainsi de suite? Peu importe qui répond, mais je crois que nous aimerions éclaircir cette question avant de commencer notre discussion.

Mme Hamelin : Les Réseaux de centres d'excellence sont un programme clé, et il est géré par les trois organismes : le CRSNG, les IRSC et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Ces réseaux investissent chaque année 110 millions de dollars dans des projets qui réunissent les réseaux de chercheurs, et leurs mandats vont des partenariats de recherche universitaire à des travaux axés sur l'innovation et à l'application des découvertes à des solutions innovatrices.

La santé est un aspect très important de la raison d'être des Réseaux de centres d'excellence. En fait, plus de 50 p. 100 des ressources des Réseaux de centres d'excellence sont consacrées à la santé. Le réseau AGE-WELL est un des réseaux clés parmi les réseaux que j'ai déjà mentionnés, et il est important d'en parler aujourd'hui, car il s'appuie sur l'intelligence artificielle et un grand nombre de technologies de TI pour aider les gens à vieillir en beauté. Mais, à l'échelle du pays, un grand nombre d'autres réseaux reçoivent du financement; ils sont bien représentés dans toutes les provinces et s'attachent à différents aspects de la recherche dans le milieu de la santé et à l'innovation.

Mme Aubin : C'est un très beau résumé.

Le président : Oui, cela résume l'ensemble du programme. J'aimerais maintenant que vous vous en teniez au réseau, qu'il y en ait un ou plusieurs, dont l'objectif a trait à l'objet de notre étude.

Mme Aubin : Le réseau AGE-WELL en est un, c'est clair. Il y a d'autres RCE et, si je puis parler d'un programme dérivé, il y a les Centres d'excellence en commercialisation et en recherche, qui s'intéressent également à ces questions, notamment les questions générées par le programme des RCE, par exemple, la médecine régénératrice, qui utilisera l'impression 3D et certaines des approches qui sont déjà là.

J'aimerais souligner une autre chose à propos des programmes des RCE, et c'est qu'ils supposent toujours un partenariat. Dans de nombreux cas, ils intègrent également en tant que participants des patients, les utilisateurs finaux des technologies et les bénéficiaires des résultats de la recherche; je crois que c'est un modèle important qu'il faudra conserver, à l'avenir, dans les domaines dont nous parlons ici.

Je crois que nous l'avons tous bien dit, même si nous ne l'avons pas tous dit de la même manière... Il faut que les innovations trouvent un usage, et nous sommes toujours, en tant que pays, en train de l'apprendre, en train d'apprendre à bien le faire. Étant donné qu'ils font participer l'ensemble des intervenants dès le début des projets, en tant que réels partenaires de l'entreprise, je crois que les RCE et les autres réseaux mis sur pied dans le cadre d'autres programmes constituent des aspects importants.

Je n'ai pas apporté de liste complète ici aujourd'hui, mais nous pouvons communiquer au comité une liste des réseaux qui travaillent justement dans les domaines qui nous intéressent. J'aurais une question, si vous voulez que je vous communique la meilleure information possible, et c'est celle de savoir si vous définissez largement ou étroitement l'automatisation dans les soins de santé, étant donné que la robotique et l'intelligence artificielle en font déjà partie; nous aimerions peut-être aussi préciser le niveau d'analyse des données massives sur lesquelles vous désirez recevoir de l'information, puisque cette analyse, quoique accessoire, est importante à cet égard.

Je dirais que tous les réseaux sont concernés, d'une manière ou d'une autre, mais nous voulons vous fournir l'information la plus utile possible pour votre étude.

Mme Hamelin : Me permettez-vous d'ajouter une petite information? Le réseau AGE-WELL est vraiment le réseau le plus pertinent.

Le président : Oui, il est sur notre liste.

Mme Hamelin : Oh! Il y est. Je vois.

Le président : Merci beaucoup de cet exemple. J'essayais de me faire une idée de la façon dont vous gérez les réseaux de ce domaine. Je crois, madame Aubin, que nous allons accepter votre offre de nous dire dans quels réseaux existants on s'intéresse à la robotique, à l'impression 3D et à l'intelligence artificielle. Par contre, les données massives ne nous intéressent pas directement, sauf si elles jouent un rôle dans la conception d'applications en intelligence artificielle.

Le sénateur Eggleton : Merci beaucoup de vous être présentés ici et de nous aider à mener notre étude sur l'automatisation dans les soins de santé, en particulier la robotique, l'intelligence artificielle et l'impression 3D. Vous nous avez présenté un magnifique tour d'horizon des projets de recherche et des entreprises innovatrices qui sont en cours, des procédures et des produits médicaux.

J'ai une question à deux volets. La première concerne les partenariats. Avez-vous conclu beaucoup de partenariats internationaux pour ces projets? J'imagine qu'il se fait beaucoup de recherche, ailleurs, dans ce domaine, et j'espère que nous ne sommes pas en train de réinventer la roue. En fait, j'espère que nous avons l'occasion de travailler avec des gens d'ailleurs, par exemple des gens représentant d'autres institutions ou universités.

Ma deuxième question s'adresse en particulier à Mme Aubin, car elle a mentionné quelques-uns des objets de la recherche. J'aimerais savoir par quelles étapes les produits de la recherche finissent par être commercialisés ou, selon le cas, servir dans d'autres établissements de soins médicaux à l'échelle du pays. Le Dr Szumski en a mentionné quelques- uns, parlant entre autres de la société CAE, qui vous permet de commercialiser un produit, mais vous avez abordé certains sujets et j'aimerais que vous me disiez comment vous assurez le suivi ou qui assure le suivi de façon à ce que tous ces travaux ne soient pas vains, au bout du compte.

Mme Aubin : Permettez-moi de répondre pour commencer à votre question sur les partenariats internationaux. J'ai donné un exemple précis touchant notre initiative appelée Innovations en cybersanté, qui est également le fruit d'un partenariat du CNRC et de son Programme d'aide à la recherche industrielle, le PARI. Les IRSC — je suis désolée, je n'ai pas les chiffres exacts sous la main — mènent plusieurs projets de collaboration avec des pays de l'Union européenne, entre autres, mais aussi avec d'autres pays. J'en ai donné un exemple, ici, mais les pays sont nombreux; je pense notamment au Japon, à la Chine, à l'Australie, et cetera.

Bien sûr, la recherche en santé, de nos jours, est un projet d'envergure mondiale. Notre organisation croit fermement qu'il est important que nos chercheurs émérites participent aux autres projets menés à l'échelle internationale, non pas seulement pour la raison que vous avez énoncée — nous ne voulons pas réinventer la roue —, mais, en fait, parce que certains de nos chercheurs en santé dirigent des projets innovateurs et qu'ils peuvent les présenter au monde entier.

Pour mettre davantage en relief, j'espère, l'importance de nos partenariats internationaux, notre conseil scientifique tiendra une réunion dans deux semaines environ, et nous avons invité des représentants de la Commission européenne à passer tout un après-midi avec nous pour discuter des projets qui s'appuient sur des partenariats et des domaines où nous pourrions en établir davantage. Bien sûr, nous sommes tous limités à de nombreux égards, à mon avis, quant au nombre de partenariats internationaux auxquels nous pouvons concrètement participer.

Pour en revenir à la question de la commercialisation, je vais demander à Roman de formuler quelques commentaires supplémentaires à ce sujet. J'aimerais revenir sur un autre aspect important du processus d'innovation qui va au-delà de ce que nous avons dit à propos du Centre national de recherches.

Les IRSC travaillent depuis de nombreuses années, entre autres stratégies, à celle qui s'appelle aujourd'hui la Stratégie de recherche axée sur le patient. Il s'agit d'un projet de collaboration avec les provinces et de nombreux autres partenaires, entre autres des partenaires commerciaux, visant le transfert intégré des connaissances tirées de la recherche; cette collaboration vise à réunir tous les intervenants que j'ai déjà mentionnés — les chercheurs, les décideurs, les entreprises, les cliniciens, d'autres fournisseurs de soins de santé — dès le début d'un projet, puisque ces gens ont d'excellentes idées innovatrices à proposer, pour nous assurer qu'il y aura également au bout du compte des personnes réceptrices qui faciliteront l'application des résultats des recherches. Au-delà des RCE et de leur programme, il existe d'autres stratégies et d'autres programmes qui offrent une bonne contribution dans ce domaine.

Vous voudriez peut-être ajouter des commentaires, Roman, sur le partenariat du PARI, en particulier, dans le domaine de l'innovation en cybersanté, car je crois que c'est ici aussi un exemple intéressant de la participation du secteur commercial.

Dr Szumski : Il est certain que nos organismes travaillent activement et explorent de nouveaux modes de collaboration dans le but d'augmenter l'efficience du transfert de la technologie. Jane a donné l'exemple de la cybersanté, mais je dirais que, de manière générale, ce qui se passe habituellement, lorsqu'un hôpital d'enseignement ou une université a conçu un produit innovateur et que cette innovation commence à susciter l'intérêt des investisseurs et à faire l'objet d'investissements, il faut créer une entreprise, et cette entreprise peut demander du soutien dans le cadre du PARI; ce programme fournira du financement, mais aussi des conseils qui aideront la petite entreprise à prendre un peu d'expansion et, en lui offrant des services comme le service des guides experts, mettra l'entreprise en contact avec d'autres ingénieurs ou chercheurs du milieu universitaire ou d'organismes comme le CNR, lesquels pourront effectuer le travail qu'il reste à faire pour poursuivre le processus.

En ce qui concerne les liens avec les autres pays, en plus de ce que vous avez dit, c'est-à-dire l'accès à l'expertise étrangère et la collaboration visant à éviter de réinventer la roue, ces liens offrent également l'occasion d'accéder à des maillons de la chaîne de valeur qui n'existeraient peut-être pas ici ou d'accéder aux marchés. Nous menons de dynamiques projets de développement avec d'autres pays, dans cette optique, justement. À l'heure actuelle, en ce qui concerne le matériel médical, Taïwan présente beaucoup d'intérêt. J'ai donné l'exemple de l'entreprise Medella, qui fabrique des lentilles cornéennes; nous avons amené ses représentants à Taïwan pour leur présenter les fabricants de lentilles cornéennes de ce pays. Taïwan produit 80 p. 100 des lentilles cornéennes achetées dans le monde. Un produit comme celui-là est complexe à de nombreux égards, et il faut de nombreux partenaires. Il faut se tourner vers les autres pays pour être certain de trouver les meilleurs intervenants qui soient pour aider les entreprises canadiennes.

La sénatrice Stewart Olsen : Merci, sénateur Eggleton. Je voulais justement parler de ce sujet-là. J'aimerais en ajouter un peu. Madame Aubin, vous avez parlé des partenariats public-privé. Je suis peut-être un peu arriérée, car je commence tout juste à me renseigner sur ce domaine, mais, lorsque vous dites cela, parlez-vous strictement de la recherche ou êtes-vous en train de dire qu'une entreprise privée peut cogner à votre porte en demandant de l'argent pour réaliser son projet? Est-ce que cette entreprise va elle aussi apporter du financement? C'est un domaine réellement emballant, mais je peux comprendre que le gouvernement canadien ne puisse pas assumer la totalité des coûts.

Mme Aubin : Nous avons deux grandes enveloppes, si je puis m'exprimer ainsi : la première pour les programmes de recherche libre, l'autre, pour les programmes de la recherche priorisée. Je fais cette distinction parce que, dans les programmes de recherche libre, c'est le chercheur qui propose une idée; il peut décider de mener sa recherche seul ou avec des partenaires d'une entreprise, ou tout autre type de partenaire, dans le but d'essayer d'obtenir du financement dans le cadre des concours. C'est un des volets. Nous finançons des projets ayant trait à ces trois domaines, ces trois sujets, dans le cadre des programmes de financement de la recherche libre.

L'autre grande enveloppe, c'est celle des projets de la recherche prioritaire. Bon nombre des initiatives financées à même cette enveloppe doivent être associées à un partenariat, à défaut de quoi elles ne seront pas admissibles au financement. Il y a deux modes de fonctionnement. Nous pouvons concevoir un programme et demander à un chercheur universitaire de se trouver un partenaire, une entreprise, par exemple, pour présenter un projet; nous pouvons aussi, en tant qu'organisme, trouver des partenaires potentiels, par le truchement des partenariats public- privé, comme vous l'avez dit, et élaborer avec eux un programme de financement que nous pouvons ensuite présenter aux chercheurs qui pourront envoyer leur demande.

J'aimerais faire une distinction : nous ne finançons aucune entreprise, nous finançons les chercheurs, dans ce type de partenariats. Et souvent, le partenaire contribue à hauteur de la même somme que nous. Il arrive aussi qu'un partenaire fournisse une contribution en nature en lien avec la proposition. Voilà les moyens que nous avons à notre disposition quand il est question de ce type de partenariats public-privé.

La sénatrice Stewart Olsen : Quant au produit final, il est évident que certains des produits finaux dont vous avez parlé coûteront assez cher, mais, à mon avis, ils restent absolument essentiels pour bien des provinces. Est-ce que les provinces auront accès à une aide financière qui les aidera à acheter certaines de ces nouvelles technologies, puisque cela leur permettrait de sauver beaucoup d'argent, par exemple? J'aimerais simplement savoir comment les provinces vont pouvoir participer et accéder à ces toutes récentes inventions.

Mme Aubin : Je crois que cela peut se faire de plusieurs façons. Il est tout à fait évident que certains des projets dont nous parlons coûtent cher et que le produit sera offert dans des établissements de santé, des hôpitaux et d'autres établissements de santé. Mais il y en a d'autres — je crois que nous avons tous donné des exemples — qui ne coûtent pas nécessairement très cher et qui peuvent tout à fait être utilisés pour les soins à domicile et la responsabilisation du patient. En réalité, c'est un modèle de soins de santé différent du tout au tout. Je crois sincèrement qu'il ne faut pas perdre cet aspect de vue quand nous parlons de toutes ces nouvelles technologies potentielles.

J'ai parlé de notre Stratégie de recherche axée sur le patient. Je crois que c'est un élément important de notre débat, étant donné que nous cherchons à commercialiser les résultats des recherches et il faut que ces résultats se retrouvent dans le système de santé ou à la maison, où les gens pourront les utiliser. Si je parle de cette stratégie, c'est parce qu'elle vise à réunir tous les intervenants dès le début. Il s'agit d'un partenariat avec les provinces, ce qui fait que les décideurs peuvent dès le départ commencer à réfléchir aux répercussions de certaines de ces interventions et aux aspects économiques touchant le système de santé. Cela ne règle pas le problème, mais cela permet d'entamer très tôt la discussion. En fait, un grand nombre de nos propositions, dans ce volet, exigent que le projet s'attache entre autres à l'économie de la santé, qui devient un préalable. Nous voulons savoir quels en seront les coûts.

La sénatrice Stewart Olsen : Merci beaucoup.

Mme Aubin : C'est un aspect très important.

La sénatrice Seidman : Merci beaucoup de vos exposés.

Si vous me le permettez, je vais vous poser à tous la même question, qui consiste en fait à savoir comment fonctionnent les conseils. Ce que j'aimerais savoir, si c'est possible, c'est de quelle façon les conseils déterminent leurs priorités de financement et s'ils mettent à jour ces priorités. Comment choisissez-vous les critères de sélection des centres et des réseaux? Comment déterminez-vous la proportion de financement qui sera accordée à chacun des secteurs?

Le président : Je dois vous interrompre. Cela pourrait nous prendre tout l'après-midi. Pourriez-vous limiter votre réponse à ce qui concerne notre étude ou ce domaine en particulier en donnant un exemple se rapportant à votre mode de financement? Veuillez utiliser un exemple précis pour expliquer comment cela joue sur vos décisions en matière de financement.

Mme Hamelin : D'accord. De manière générale, le CRSNG examine les propositions en fonction de l'examen que les pairs en ont fait, mais sans tenir compte des grandes priorités stratégiques, sauf pour une petite partie des programmes, c'est-à-dire nos projets stratégiques et nos réseaux stratégiques. Nous avons défini des cibles qui sont revues tous les cinq ans.

Comment prenons-nous notre décision, dans de tels cas? Disons qu'un chercheur présente une demande de subvention pour une découverte; sa demande est examinée par des pairs et soumise à une évaluation, et on conclut que le projet peut recevoir du financement. C'est la même chose pour les Réseaux de centres d'excellence. Les demandes sont examinées par des pairs, puis des groupes viennent nous présenter leur proposition.

Mme Aubin : Nous avons des mécanismes semblables. J'ai expliqué que nous avons deux grands types d'enveloppes. Nous sommes de plus en plus à l'affût des tendances émergentes, dans le programme de la recherche libre, qui bouillonne d'idées. C'est entre autres de cette façon que nous pouvons cerner les domaines qui émergent, comme celui- ci, et décider, selon un processus auquel participe notre conseil scientifique, si nous devrions accorder plus de place à un domaine en particulier et lancer des initiatives ciblant spécifiquement ce domaine.

L'enveloppe des projets de recherche priorisée des IRSC, qui représente environ 30 p. 100 de notre financement annuel, est dépensée de cette manière. Nous avons établi un plan stratégique, et nous avions déjà ciblé des projets liés aux trois aspects en question, qui étaient des projets prioritaires, en 2014-2015, pour cinq ans, et je parle ici d'un échelon supérieur. Chaque année, cependant, il y a certaines initiatives mises en œuvre grâce à cette enveloppe de la recherche priorisée qui ont trait à un ou plusieurs de ces domaines. L'initiative Innovations en cybersanté est un des exemples que nous avons donnés, qui est inscrit dans le plan stratégique de 2014-2015, et nous lançons toujours des initiatives qui y sont liées. Voilà le processus d'établissement des priorités que le conseil scientifique applique au moment de distribuer les fonds de cette enveloppe.

Dr Szumski : Je vais m'efforcer de faire en sorte que cela ne nous prenne pas tout l'après-midi.

Le président : Nous essayons de bien cerner la question. Je vous ai déjà entendu parler de cette question.

Dr Szumski : Le volet du CNR qui verse ce financement, c'est celui dont j'ai parlé, le PARI, qui finance des entreprises. Cela se fait au cas par cas, avec la contribution des experts sur le terrain. Nous comptons 270 de ces experts, que nous appelons des conseillers en technologie industrielle, partout au pays et dans le Nord; ils travaillent auprès des entreprises, dans leur collectivité. Lorsqu'ils jugent qu'il serait justifié d'investir dans une entreprise qui favoriserait des progrès technologiques, ils vont de l'avant.

L'autre volet du CNR, c'est le laboratoire de recherche, qui compte 3 700 employés; c'est un organisme qui fournit une aide concrète, pas un organisme de financement. Avec un laboratoire, nous élaborons des plans stratégiques et des plans d'activité. Une bonne partie de nos activités sont liées à l'industrie, et une partie de nos activités sont définies en fonction de ce qui intéresse l'industrie et de ce dont elle a besoin pour promouvoir ses produits. C'est ainsi que nous déterminons nos priorités.

Mme Aubin : Puis-je ajouter une chose? J'ai utilisé l'expression « conseil scientifique » deux ou trois fois. Je crois qu'il me faudrait expliquer qu'il s'agit d'un de nos organes de gouvernance et qu'il est composé des directeurs scientifiques de nos 13 instituts; certains ont déjà comparu devant votre comité. Les membres du conseil et ceux de la direction des IRSC participent activement aux réseaux nationaux et internationaux d'autres bailleurs de fonds, et certaines idées nous viennent également par ces voies de communication. Nous pouvons donc en faire un de nos projets, et pas seulement comme projet provenant d'un chercheur, mais aussi pour déterminer où s'en vont les choses et quel devrait être notre rôle.

Le sénateur Meredith : Merci à vous tous des exposés que vous avez présentés cet après-midi. Je suis moi aussi fasciné par les nouvelles technologies naissantes. En fait, il y a deux ou trois ans, j'ai eu l'occasion de visiter un hôpital de Toronto. J'ai même pu opérer un cerveau, sans tuer le patient, et c'était plutôt innovateur. C'est pourquoi je suis touché par toutes ces possibilités d'expansion.

Nous avons reçu ici même, hier, le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique. Ils reviennent toujours sur le sujet — et la sénatrice Seidman a elle aussi soulevé cette question —, c'est-à-dire le financement et la façon dont cela fonctionne.

Il y a tellement d'idées, et il y a tellement d'individus. Je dis cela pour vous trois, et ma prochaine question va porter sur les universités. Nous devons nous assurer que les gouvernements fassent les investissements nécessaires pour que ces idées révolutionnaires puissent progresser, en particulier qu'elles soient commercialisées, et mon collègue a également parlé de la façon dont on peut en tirer profit et s'assurer que ces idées fassent leur chemin rapidement, surtout dans le cas des jeunes scientifiques et de toutes les personnes qui veulent vraiment faire avancer la technologie 3D.

Votre financement est-il adéquat? En quoi est-ce que ce financement influe sur la rapidité avec laquelle on peut faire aboutir les idées qui sont proposées? C'étaient là mes premières questions, et j'aimerais que vous les commentiez tous les trois.

Mme Aubin : Je crois que votre question contenait une partie de la réponse. Il y a tellement de bonnes idées. J'ai expliqué que nous essayons d'obtenir du financement « dans le cadre des concours », et il est évident que tous souhaitent vivement que toutes ces bonnes idées se concrétisent, mais, pour obtenir ce financement, les gens doivent faire quelques pirouettes.

Le pourcentage des idées proposées aux IRSC qui obtiennent du financement est une information publique. Dans notre milieu, nous parlons par exemple de « taux de réussite globaux » ou du nombre de personnes au pays que nous finançons, et je crois que ces chiffres répondent à la question que vous soulevez.

Dr Szumski : Comme je l'ai déjà mentionné, le CNR est un organisme d'aide « concrète », non pas un organisme d'aide « financière » à proprement parler, pour ce qui concerne la recherche. Nous estimons que les crédits qui nous sont versés sont appropriés, et nous nous assurons d'établir un bon processus de sélection afin de ne retenir que les idées les plus prometteuses que nous pouvons faire avancer.

En ce qui concerne le PARI, ses niveaux de financement ont augmenté de manière assez importante au fil des ans. On sait que ce programme offre un rendement de 11 $ environ pour chaque dollar versé, à l'échelle du pays, et le programme est reconnu internationalement. Il est même copié par d'autres pays.

Mme Aubin : Je n'ai pas répondu à votre question sur les chercheurs en début de carrière, mais j'aurais dû le faire. Le budget de 2016 accordait 30 millions de dollars de plus aux IRSC, et nous avons décidé d'utiliser cette somme uniquement pour les chercheurs en début de carrière, définis comme des personnes qui ont terminé leurs études universitaires moins de cinq ans plus tôt.

Mme Hamelin : Je n'essayais pas d'éluder la question.

Pour commencer, le budget du CRSNG n'a pas changé depuis cinq ou dix ans; il est resté très stable. Toutefois, le coût de la recherche, vous le savez, augmente de façon phénoménale. Je vais vous donner un exemple. Le CRSNG compte quelque 11 000 professeurs, dont 70 p. 100 sont financés grâce au programme de subventions à la découverte du CRSNG. Les subventions sont en moyenne de 35 000 $. Alors, même si vous n'avez besoin d'acheter que deux ou trois ordinateurs, parce que vous travaillez dans le domaine des TI, ce n'est pas beaucoup, puisque vous avez besoin d'un serveur.

Quand nous parlons de la capacité que cette recherche exige, nous devons nous demander si nous la finançons suffisamment. Je ne dirais pas cela. Nous avons été très heureux d'apprendre que le CRSNG allait recevoir cette somme de 30 millions de dollars, au dernier exercice, mais faites le calcul à l'échelle de la collectivité. C'est une différence de 1 000 $ par enseignant.

J'aimerais ajouter deux choses. Ce qui nous aide, en ce qui concerne les partenariats de recherche — et si je parle comme Jane, je parlerais de deux enveloppes, l'une pour la découverte, l'autre pour les partenariats de recherche —, c'est que l'industrie contribue énormément à la recherche et verse du financement directement au laboratoire du chercheur.

Le CRSNG investit 300 millions de dollars par année dans les partenariats de recherche, et, en contrepartie, les entreprises qui s'intéressent à ces technologies versent 200 millions de dollars. Tout cet argent est versé au laboratoire du chercheur. C'est donc utile et, en plus, cela permet à l'utilisateur final de formuler ses commentaires, un avantage appréciable pour notre milieu.

J'aimerais parler d'un projet de collaboration entre le CRSNG et les IRSC, le Programme de projets de recherche concertée sur la santé dans le cadre duquel le financement du gouvernement fédéral nous permet d'investir exactement à ce carrefour entre les sciences informatiques, les sciences naturelles, le génie et la recherche en santé. Bon nombre des projets dont nous avons parlé sont financés grâce à ce Programme, lequel suppose que chaque organisme débourse 10 millions de dollars pour distribuer des subventions d'environ 200 000 dollars par chercheur. Ce sont donc de belles subventions. Elles sont plus importantes parce que nous travaillons en partenariat, mais, je le répète, la recherche coûte de plus en plus cher par rapport aux budgets qui nous sont accordés.

La sénatrice Merchant : Il y a tellement de bonnes idées. Je vais faire preuve d'esprit de clocher. J'ai dit plus tôt que je venais de la Saskatchewan. Nous sommes très fiers de tout le travail qui se fait en Saskatchewan, et en particulier à Saskatoon. Premièrement, nous avons à Saskatoon le synchrotron, et vous pourriez peut-être expliquer comment cet outil peut contribuer à tout ce dont nous parlons au sujet de notre étude.

Deuxièmement, je suis certaine que vous connaissez les travaux du Dr Ivar Mendez, à Saskatoon. Pourriez-vous expliquer plus clairement ce qu'il a fait, car il a fait quelques découvertes très importantes, reconnues dans le monde entier, dans le domaine de la neurochirurgie? Vous pourriez peut-être nous parler de ses travaux, car j'aurais aimé entendre parler de quelqu'un de Saskatoon, dans le cadre de notre étude.

Le président : Il figure sur notre liste, mais j'aimerais connaître le point de vue de l'organisme qui accorde les subventions.

Le sénateur Meredith : Que nous l'invitions ou non.

Le président : Nous pourrions changer d'idée.

La sénatrice Merchant : Dites quelque chose de gentil.

Mme Aubin : Il est évident que je vais dire quelque chose de gentil, puisque, sur les dizaines de milliers de chercheurs en santé du pays, dont je ne connais pas toujours le nom, je le connais, lui, de nom. C'est déjà ça.

Pour le moment, je ne saurais rien dire du tout sur ses travaux, et il n'aimerait pas m'entendre dire cela, puisque, il y a trois ou quatre mois, nous étions ensemble, dans la même pièce, et nous poursuivions une discussion importante, mais il y avait beaucoup d'autres gens dans la même pièce, et je me ferais un plaisir de reparler avec lui de ses travaux.

En ce qui concerne le synchrotron, il s'agit d'un modèle de partenariat, et les fonds proviennent du CRSNG, des IRSC et d'autres partenaires, notamment la FCI, la Fondation canadienne pour l'innovation, et d'autres partenaires provinciaux.

On utilise de plus en plus le synchrotron pour des applications liées à la recherche en santé, et c'est une bonne chose, à notre avis, car nous avons constaté qu'il n'était peut-être pas utilisé autant que nous pensions qu'il le serait pour des applications liées à la santé. Nous avons demandé à nos membres de faire une promotion plus ciblée du synchrotron, nous avons fait la même chose et nous avons demandé aux responsables du synchrotron de le faire aussi, et nous avons maintenant des exemples fabuleux de ce que cela donne dans le domaine de la santé et dans d'autres domaines.

La sénatrice Merchant : Pourriez-vous nous donner des exemples de ce qu'il est possible de faire avec le synchrotron?

La sénatrice Stewart Olsen : Pourriez-vous donner quelques détails à l'intention des gens qui nous regardent et ne savent pas ce que c'est, un synchrotron?

Le président : Pourriez-vous rappeler aux membres du comité et aux téléspectateurs de quoi il s'agit, en tant que technologie?

Mme Aubin : Il s'agit de faisceaux à haute énergie qui peuvent servir à toutes sortes d'applications. Je m'excuse auprès de quiconque connaît mieux cet appareil que moi; il peut être utilisé de toutes sortes de manières, il permet de créer de nouvelles molécules qui serviront de réactifs pour les isotopes utilisés dans les applications médicales et l'imagerie, et il peut en outre servir à l'imagerie elle-même, dans le cas d'animaux entiers, de personnes entières ou de parties d'un organisme humain. Ces deux utilisations sont clairement liées à la santé.

Mme Hamelin : J'allais parler de la capacité dans le domaine de l'imagerie, soit l'application pertinente pour la santé. Je n'ai rien de plus à ajouter, mais nous pourrions certainement fournir davantage d'information sur les applications.

Le président : Je crois que nous avons compris. J'ajouterais seulement, pour le bénéfice des membres du comité, que le plan de travail, tel que nous sommes en train de l'établir, réservera des sections entières aux experts de tous ces domaines, du Canada comme de l'étranger, et aujourd'hui nous recevons les organismes de financement dans le but de connaître de manière générale leur opinion, et c'est pourquoi nous n'allons pas nous intéresser aux expertises individuelles. Nous aurons l'occasion de voir quelques exemples assez frappants, émanant des principaux centres du Canada, pendant notre étude, et je crois que je vais repousser à plus tard vos autres questions à ce sujet.

[Français]

La sénatrice Petitclerc : Je vous remercie d'être parmi nous.

[Traduction]

Ma question nous amène dans une autre direction, mais pas, je l'espère, à l'extérieur de votre zone de confort. Cependant, puisque nous en sommes au début de notre étude, j'essaie de me faire une idée de ce domaine, de manière générale. J'étais curieuse d'entendre vos commentaires et d'avoir quelques exemples. Vous faites affaire avec des idées magnifiques, avec des innovations; tout cela est fascinant et stupéfiant. Je serais curieuse de savoir s'il y a, dans ce domaine, des effets secondaires difficiles. Si nous pensons à l'aspect social, est-ce que des gens perdent leur emploi à cause de cela? Est-ce que les professionnels de la santé doivent retourner aux études pour pouvoir se servir des dispositifs? Vous n'avez pas besoin de donner des détails, tenez-vous-en aux aspects sociaux ou aux effets secondaires.

Robert Diraddo, chef du groupe, Simulation et santé numérique, Dispositifs médicaux, Conseil national de recherches Canada : J'aimerais ajouter quelque chose au sujet de NeuroVR. L'un des principaux facteurs qui ont motivé la mise au point du simulateur neurochirurgical utilisé pour la formation, c'était le fait que les résidents faisaient des semaines de travail de 80 heures et que cela n'est pas viable. La mise au point de nouvelles techniques chirurgicales et de nouveaux appareils médicaux mettait davantage de pression sur les résidents, qui devaient apprendre toutes sortes de nouvelles choses en sept ans.

La technologie que nous avons mise au point est avantageuse, de ce point de vue, car elle permet aux résidents de s'instruire par eux-mêmes, à l'extérieur des salles d'opération, sans perte pour le système de santé, mais avec l'avantage de réduire la charge de travail qui peut atteindre 80 heures par semaine. C'est un exemple des avantages de la simulation interactive ou de l'automatisation.

Mme Aubin : Je ferais un autre commentaire à ce sujet pour dire que, habituellement, il ne s'agit pas tant d'une perte sèche au chapitre de l'emploi que du fait que le travail se fait différemment. Nous avons parlé des téléphones intelligents et de la robotique. Nous avons donné des exemples. Cette information est retransmise aux professionnels de la santé et à d'autres intervenants, qui l'utilisent pour un patient en particulier ou une personne qui en a besoin, mais elle peut également déboucher sur des innovations supplémentaires, qu'il faudra mettre au point lorsque toute l'information sera réunie. Donc, à mon avis, il ne s'agit pas tant de pertes d'emplois que de changements des façons de faire notre travail, voire, peut-être, de la création de tout nouveaux emplois visant à mettre en œuvre une partie de ce dont nous parlons.

Nous avons parlé de la question de la responsabilisation du patient. Oui, cela se peut très bien, et cela évite déjà aux patients le désagrément d'avoir à se rendre dans un établissement de santé particulier, mais cela ne veut pas dire que l'on peut tout simplement arrêter de les surveiller et de faire un suivi au fil du temps. Je crois que c'est un aspect important, qui doit être abordé pendant notre discussion.

La sénatrice Petitclerc : Vous diriez donc que, de manière générale, c'est positif?

Mme Hamelin : Puisque l'on parle de l'évolution des emplois, les organismes de financement ont entre autres mandats celui de financer la formation, et je crois que nous assurons tous le financement de la formation dans ce domaine particulier. Pour vous donner un exemple qui, en fait, est on ne peut plus pertinent, le Collège Algonquin, ici, à Ottawa, vient tout juste d'ouvrir un centre de soins de santé et de bien-être pour les personnes âgées; en fait, il s'agit d'une résidence réaménagée en fonction de la domotique et qui est utilisée dans la formation des étudiants du milieu de la santé. La résidence accueille en fait aussi, aujourd'hui, de professionnels de la santé, qui travaillent déjà sur le terrain, mais qui suivent une formation afin de se familiariser avec certaines des nouvelles technologies. Et nous finançons cela aussi.

Le sénateur Neufeld : J'ai moi-même pu constater les résultats de certaines de ces technologies sur mon corps, j'en suis heureux. J'en suis en fait tout à fait heureux. Ça fonctionne bien. Je suis encore ici. Mais je connais très peu ce domaine, alors je vous prierais de ne pas l'oublier lorsque je vais poser ma question.

Quand je lis qu'on est « en train d'adapter le système d'intelligence artificielle COACH pour aider les gens, dans leur foyer, à accomplir d'autres gestes du quotidien grâce à des robots mobiles », et vos questions sont similaires, est-ce que c'est parce que l'on envisage la possibilité qu'un jour, dans les résidences — c'est parce que vous en avez un peu parlé —, ce sera en fait des robots qui prendront soin des gens? Est-ce que je simplifie un peu trop ou est-ce que cela peut réellement un jour se produire? J'aimerais connaître les répercussions sociales de cette situation et, si la possibilité est réelle, comment allons-nous concrètement convaincre les gens qui auront mon âge à ce moment-là du fait que, même si on les aime bien, on demandera à un robot de prendre soin d'eux?

Mme Aubin : Je ne peux pas prédire ce que l'avenir nous réserve...

Le sénateur Neufeld : Mais oui, vous le pouvez.

Mme Aubin : Eh bien, je le peux peut-être, mais, tant que les robots ne seront pas capables de se réparer eux-mêmes, lorsqu'il y a une défaillance, ce qui pourrait peut-être un jour être possible, il sera toujours nécessaire qu'un humain intervienne, mais on pourrait voir les choses autrement.

Jusqu'ici, nos travaux dans le domaine de l'intelligence artificielle, pour ce type d'applications, ne nous ont pas encore permis de nous passer de l'intervention humaine, de la surveillance par des humains, et cetera. Se peut-il qu'un jour les robots soient seuls responsables? Personnellement, j'en doute, mais je ne peux pas l'affirmer.

Le sénateur Neufeld : Mais il y aura un mélange des deux?

Mme Aubin : À mon avis, il y aura toujours un mélange des deux, pour la raison dont nous sommes en train de parler, principalement. L'innovation en santé, c'est un phénomène qui se poursuit depuis des siècles, et l'innovation va se poursuivre. Comme je le disais plus tôt, plus nous utilisons ces technologies, plus nous en apprenons sur les problèmes de santé et les maladies, et nous utilisons ces nouvelles connaissances pour mettre au point de nouvelles innovations et de meilleures façons de faire les choses.

Je ne crois pas, vraiment, que l'intervention humaine puisse jamais être éliminée. C'est mon avis personnel. Est-ce que les robots vont constamment s'améliorer et est-ce que l'intelligence artificielle va constamment s'améliorer? Oui.

Le président : La semaine prochaine, nous recevons des experts des soins aux aînés, et ils pourront peut-être donner d'autres exemples ayant trait justement à votre question.

Le sénateur Dean : Merci, vos exposés étaient fantastiques.

J'aimerais revenir sur la question de l'efficience et de la qualité, vous en avez un peu parlé. Pourriez-vous en dire un peu plus en donnant des exemples ou en exposant les critères qui, dans le monde d'aujourd'hui, constitueraient les meilleures approches à adopter si l'on veut assurer la qualité des soins et en même temps stabiliser... ce qu'on pourrait appeler la courbe des coûts. Nous pourrions trouver de nombreux autres exemples. Des choses qui permettraient de stabiliser les coûts, ou même, de les réduire. Si cela veut dire qu'il faut éviter d'hospitaliser les gens, si c'est cela la solution, eh bien, soit.

Ensuite, sur le même sujet, si nous reculons d'une ou de deux générations, au chapitre des progrès technologiques, pourriez-vous nous dire où nous en sommes pour ce qui est de la numérisation et du partage des dossiers des patients? N'aurions-nous pas crié victoire trop tôt? Est-ce que nous touchons au but ou, sinon, à quel moment allons-nous y toucher? Nous parlons ici de choses absolument superbes et intéressantes, mais j'aimerais savoir si nous avons mené à terme un projet commencé il y a plus d'une dizaine d'années, qui consistait, en somme, à utiliser la technologie pour augmenter la qualité et réduire les coûts, si ces questions sont légitimes.

Le président : Je vais devoir intervenir. Votre dernière question concerne un des aspects les plus importants pour nous, en tant que pays, et notre comité l'a étudiée avec une grande attention, et nous avons présenté par écrit nos recommandations à ce sujet; donc, si vous ne pouvez pas faire de lien avec la question de l'intelligence artificielle, avec tout le respect que je vous dois, nous n'en parlerons pas. C'est d'une importance capitale, pour le pays, et c'est bien ce que disent nos rapports, je ne veux rien minimiser; toutefois, il s'agit d'une question distincte et importante, sauf en ce qui a trait à la façon dont nous utilisons l'intelligence artificielle, étant donné que l'information réunie d'un côté peut servir de l'autre côté. Et si nous pouvons y aller, nous allons nous en tirer.

Le sénateur Dean : J'aimerais, à titre de nouveau membre du comité, puisque je ne suis peut-être pas au courant de tous les rapports précédents, que vous répondiez à ce moment-là à la première partie de ma question et, s'il vous est possible de réponse à la seconde partie, faites-le, je vous en prie.

Mme Aubin : Je crois que nous avons déjà des exemples des façons dont on peut changer la courbe des coûts, faire diminuer les coûts. S'il est possible de faire en sorte que les gens n'aient plus à se présenter dans un établissement de santé pour recevoir des soins actifs ou des soins répétitifs, ceux qu'on appelle les grands utilisateurs du système, si vous pouvez utiliser ces technologies pour les tenir loin du système, c'est déjà important en soi.

Mais j'aimerais présenter les choses autrement et dire qu'il est aussi question ici de la qualité de vie des patients qui peuvent demeurer chez eux, qui sont soumis à un stress moindre parce qu'ils savent que les technologies mises à leur service sont surveillées et qu'elles peuvent, dans bien des cas, leur dire à quel moment ils devraient consulter, ce qui leur évite d'avoir à se présenter à n'importe quel moment. Tout cela, ce sont des avantages très importants, et nous savons que la qualité de vie à la maison est meilleure qu'ailleurs. Il est difficile de chiffrer cela, mais nous savons qu'il en est ainsi.

Le sénateur Dean : Merci.

Dr Szumski : Les chercheurs qui mettent ces technologies au point sont très souvent motivés par le désir d'améliorer la qualité de la vie. C'est leur but, dans la vie.

Vous êtes à même de constater, pour en revenir à l'exemple que j'ai donné, l'entreprise qui fabrique des lentilles cornéennes, que, s'il est possible de surveiller l'état d'une personne diabétique de manière continue, en lui évitant le désagrément de se faire des piqûres, cela coule de source, cela améliore sa qualité de vie. C'est ça, la motivation.

Quant à l'efficience, il faut savoir que, au bout du compte, avec une meilleure prise en charge, le moment où des complications vont se présenter et où le patient devra aller à l'hôpital sera retardé. C'est ça qui se passe.

Mme Hamelin : J'ajouterai rapidement que nous, les bailleurs de fonds, ne sommes pas des experts du contenu, mais nous connaissons les projets. J'ai sous les yeux trois exemples : la surveillance des données en nuage des appareils mobiles des patients, c'est-à-dire les plateformes robotiques de la télémédecine, la surveillance active des patients à la maison et la mobilisation rapide des patients après un AVC. Toutes ces interventions permettent au patient de rester à la maison, lui évitent d'avoir à se présenter à l'hôpital et permettent des économies de coûts. De nombreux travaux sont en cours, et ils sont financés par nos organismes.

Il n'y a pas ici aujourd'hui de représentants du Conseil de recherches en sciences humaines, un autre organisme de financement, mais nous collaborons avec eux. Il est évident que ces enjeux les occupent, eux aussi, et ils sont eux aussi tout à fait concernés. Ce serait peut-être une bonne idée de les inviter à venir vous parler de certaines des recherches qu'ils soutiennent.

La sénatrice Raine : Merci beaucoup. C'est fascinant. Toute cette étude est très intéressante, mais nous devons apprendre très vite. J'ai une question.

C'est surtout dans les centres urbains que les recherches sont menées et que les technologies sont mises au point, et c'est pourquoi je me demandais si les organismes de financement, les universités et tous les intervenants du milieu universitaire étaient sensibilisés au fait qu'il faudrait peut-être trouver une façon d'offrir certaines de ces technologies en milieu rural, des milieux qui n'ont peut-être pas accès à Internet à haute vitesse et à des choses comme cela. Est-ce que vous travaillez avec les magnifiques entreprises de télécommunication du Canada, qui sont réellement à l'avant- garde, dans le monde? Est-ce que ces entreprises participent aussi à ce type de projets?

M. Diraddo : J'aimerais ajouter quelque chose. Nous avons mentionné, dans les premières discussions, le projet que nous avons réalisé avec l'hôpital d'enseignement du Ghana et l'Université de Toronto. L'une de nos motivations, dans ce projet, c'est que nous pensions pouvoir ramener le savoir-faire et l'expertise au Canada, étant donné que la population du Canada est très disséminée. C'était l'une de nos motivations.

Une bonne partie de notre travail dépend, évidemment, des progrès des technologies liées à Internet et aux largeurs de bande, tout cela, et certaines compagnies québécoises, comme TELUS, s'intéressent de très près à ce type d'enjeux liés au système de santé.

La sénatrice Raine : La télémédecine est un élément de ce tout. Je vous écoute, et je vous entends parler des priorités pour le financement de la recherche. Comment déterminez-vous ces priorités? Je crois que les IRSC, en particulier, ont un programme pour lequel c'est eux qui établissent les priorités. Y a-t-il quelque chose de prévu quant au transfert de la technologie vers les régions rurales?

Mme Aubin : Oui, en un mot. Sur cette question, nous ne nous contentons pas d'établir les priorités en vase clos, entre nous. C'est un processus qui s'appuie sur divers mécanismes, que je n'ai peut-être pas bien expliqués, plus tôt; cela se fait souvent dans le cadre de discussions avec des partenaires, avec les autres bailleurs de fonds, avec les collectivités — j'ai parlé de la Stratégie de recherche axée sur le patient — y compris avec les collectivités éloignées.

Je crois qu'un très bon point a été soulevé, il y a une minute, au sujet de ce que nous pouvons apprendre du financement des priorités mondiales en matière de santé. Il y a beaucoup de travail d'exploration à faire, et le Canada pourrait tirer profit des résultats; nous devrions porter davantage attention à cet aspect.

En fait, il est intéressant de voir que cet aspect de l'Internet et le travail de collaboration avec les grandes entreprises de TI sont abordés ici. Je n'exagère rien en disant que nous avons abordé le sujet hier à l'interne avec notre groupe de partenaires. Nous avons parlé de ce que nous pouvions vouloir de plus au chapitre des partenariats en tant qu'organisme. Il y a déjà certaines de ces entités qui collaborent avec des gens que nous finançons, comme l'a mentionné aussi Bettina. Il y a de nombreuses façons d'amener cet élément dans le continuum de recherche et d'application des connaissances.

Mme Hamelin : Si je peux apporter quelques précisions, nous vous fournirons notre liste de Réseaux de centres d'excellence. Par exemple, nous finançons ArticNet. C'est un réseau nordique. L'une de ses composantes importantes est la santé, et la télésanté en fait partie. Il y a certainement des projets d'envergure qui sont actuellement financés.

Le Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada aide l'Université Laval et le Centre pour le Nord, qui possède aussi un volet sur la santé dans le Nord. Les régions rurales constituent donc réellement une priorité pour de nombreux chercheurs. Nous disposons d'un programme de réseaux d'application des connaissances qui utilise différentes technologies et les intègre vraiment dans ces types de collectivités.

Enfin, je suis en train d'examiner l'un des programmes collaboratifs de recherche et de développement du Dr Mihailidis. Il est établi à Toronto et collabore avec une entreprise qui s'appelle CrossWing; elle travaille sur une plateforme robotique de télémédecine dans le but de servir les régions rurales. Une série de programmes sont financés afin d'aborder ces questions.

La sénatrice Raine : Quel était le nom du médecin?

Mme Hamelin : Alex Mihailidis.

Le président : Juste avant de passer à la deuxième série de questions, j'aimerais insister sur les conseils subventionnaires dans leur ensemble et me pencher sur les cinq principaux conseils dans ce domaine. Nous avons évidemment les trois conseils en plus de la FCI et du CNRC.

Vous arrive-t-il de vous réunir et d'envisager l'avenir, de discuter de ce qui se passera? Nous entendrons des experts qui nous diront que le monde changera d'une façon inimaginable, même si nous venons tout juste de vivre une révolution technologique. Si cette possibilité est déjà envisagée, que nous nous appuyons sur le savoir pour composer avec la situation, et que vous administrez collectivement les fonds qui favorisent l'acquisition de ces connaissances au pays, une question se pose. Ces cinq groupes que j'ai rencontrés ont-ils fait une séance de remue-méninges pour penser à l'avenir et essayer de formuler des recommandations — à l'intention des gouvernements, dans votre cas —, quant à la façon dont le Canada doit se positionner au chapitre de la recherche fondamentale dans ces domaines et, en fin de compte, à l'égard des applications? Un certain nombre de collègues se sont interrogés sur la façon d'appliquer cela dans les processus d'élaboration des percées dont bénéficieront les gens à l'avenir.

Je ne souhaite pas engager une longue discussion artificielle. Je veux simplement savoir : y a-t-il de telles séances de remue-méninges en groupe parmi les conseils subventionnaires?

Mme Aubin : En bref, la réponse est oui. Le faisons-nous de la façon la plus efficace dans le but de formuler des conseils en tant que groupe? Peut-être pas. Nous tenons de nombreuses séances de réflexion en groupe et nous faisons des exercices de visualisation. Les vice-présidents se rencontrent. Je dois dire que nous ne rencontrons pas toujours le CNRC, mais les conseils — la FCI et Génome Canada — tiennent souvent ce genre de discussions. Les présidents et les vice-présidents en tiennent assez régulièrement. Certaines des collaborations dont nous avons discuté sont le résultat de telles séances de remue-méninges. Je dois dire que nous avons ce genre de discussions avec le CNRC, et l'initiative Innovations en cybersanté est encore une fois un exemple de ce type de collaboration. Pouvons-nous aller au-delà de cela? Nous pouvons probablement améliorer notre façon de le faire.

Le sénateur Eggleton : J'aimerais regarder d'un peu plus près le niveau approprié d'investissement du gouvernement en ce qui a trait à ces programmes de recherche. Le Dr Szumski a dit qu'il obtenait un montant approprié, mais Mme Hamelin dit que ce n'est pas suffisant. Je commencerais peut-être avec Mme Aubin, mais je ne demande pas si vous voulez plus d'argent. Je présume que oui. Bien sûr que vous en voulez plus. Mais je veux avoir une idée de ce qu'est un niveau approprié et pour ce faire, je pense qu'il faut savoir combien de demandes vous financez parmi toutes celles que vous recevez. Une sur cinq, une sur vingt, qu'en est-il? Parmi celles que vous financez, quel est le pourcentage de financement? Est-ce un petit pourcentage, un gros pourcentage? Vous pouvez répondre sur cette base ou non; j'essaie seulement d'avoir une idée de ce qui pourrait être un niveau approprié de financement public dans ce domaine. J'ai parlé d'automatisation, et cela peut englober beaucoup de choses, mais bien sûr, nous nous focalisons sur la robotique, l'intelligence artificielle et l'impression 3D. Vous avez la parole.

Mme Aubin : Dans nos deux grandes enveloppes, les projets de recherche libre, qui émanent de la base de chercheurs... et nous sommes en train de faire la transition de certains de nos programmes, je dois le préciser... nous affichons un taux de réussite de 13 p. 100 pour les projets de recherche libre. Quant aux prévisions, comme l'a mentionné Bettina, les coûts de la recherche sont à la hausse, et le niveau de financement a été stable dans son ensemble. Donc, en valeur réelle...

Le sénateur Eggleton : Il y a une diminution?

Mme Aubin : Oui, une diminution. Dans notre domaine, nous pensons que les taux de réussite seront plus bas de façon générale.

La recherche en santé coûte cher si nous voulons soutenir la concurrence internationale. Cela se reflète sur notre taux de réussite.

En ce qui concerne l'enveloppe destinée aux projets de recherche priorisée, il est difficile de vous donner des chiffres puisqu'il y a de multiples initiatives en cours et que les pressions liées aux demandes et les taux de réussite diffèrent. À ma connaissance, ce ne sont pas tous les chercheurs qui peuvent, du jour au lendemain, arriver avec une idée et obtenir du financement; c'est un fait.

Comme je l'ai dit plus tôt, une bonne partie de l'argent des IRSC est amassée grâce à des partenariats de toutes sortes, pas seulement avec les autres bailleurs de fonds fédéraux, mais avec les provinces et d'autres bailleurs de fonds, y compris des organisations, des organismes de bienfaisance provinciaux dans le domaine de la santé, et cetera.

Le sénateur Eggleton : Aidez-vous les chercheurs à obtenir ces fonds supplémentaires?

Mme Aubin : Oui. De deux façons, comme je l'ai mentionné plus tôt. Dans certains cas, nous les aidons à trouver des partenaires et, dans d'autres cas, nous essayons de favoriser des rencontres en organisant des activités comme des ateliers où nous réunissons des partenaires potentiels avec des candidats potentiels pour que les demandes se fassent conjointement. Nous le faisons donc de plusieurs façons.

Mme Hamelin : Cela varie selon les différentes enveloppes de financement. Le CRSNG a pris la décision de financer 70 p. 100 de la clientèle, et cela a donné lieu à des subventions moyennes de 20 000 $ et de 35 000 $, mais il finance 70 p. 100 de la collectivité.

Une grande part de ce raisonnement tient au fait que la collectivité du CRSNG inclut des physiciens théoriciens et des mathématiciens, des disciplines qui ne sont pas si près des partenaires industriels, par exemple. Donc elle est moins en mesure d'obtenir ces fonds pour explorer d'autres possibilités. Le seul financement auquel ont accès ces gens vient du CRSNG.

Si on regarde certains autres projets, comme ceux touchant les réseaux stratégiques et les projets stratégiques, qui sont des projets où il y a une sorte de recherche perturbatrice, sur une période de 10 ans, ils sont très concurrentiels, et le taux de réussite est d'environ 20 à 25 p. 100. Pour ce qui est des Réseaux de centres d'excellence, le taux de réussite est environ de 15 à 20 p. 100, selon l'année. Tout dépend de l'argent que nous obtenons cette année-là en particulier. Ces programmes sont très concurrentiels.

Nos chercheurs en santé ont souvent des possibilités, mais d'autres groupes en ont également. Les ingénieurs font du bon travail avec les entreprises, et ils ont donc une possibilité d'obtenir des fonds du gouvernement fédéral pour attirer du financement industriel. Nous avons justement eu une discussion très intéressante à ce sujet cet après-midi. Certains membres des groupes sont plus en mesure d'obtenir du financement externe.

Mais je dirais qu'environ 40 p. 100 de notre budget général est hautement concurrentiel, et que le taux de réussite est de 20 à 25 p. 100.

Dr Szumski : J'ajouterais que la commercialisation d'un produit est un processus très complexe et tortueux. En plus de toutes les activités qui s'effectuent durant la phase d'invention et la phase de recherche, en définitive, un produit doit ensuite être financé par des programmes comme ceux des organismes de développement régionaux et le PARI. En fin de compte, les produits doivent sortir et aller vers le secteur privé, auquel cas il vous faut des fonds de capital de risque pour faire avancer votre entreprise. Si vous avez un produit qui obtient du succès et qui a reçu une approbation réglementaire, vous devez vous retrouver dans le programme d'achat d'un hôpital, ou, si c'est dans une province, il peut s'agir d'un barème de droits pour les médecins qui adopteront la nouvelle technologie. En définitive, cela dépend de l'acceptation par le patient. Les patients voudront-ils qu'un robot prenne soin d'eux en fin de compte? Il faut examiner les nombreuses étapes que suppose la mise en place d'un produit.

La sénatrice Seidman : Je vais tenter de poser une question à laquelle vous pouvez répondre brièvement. Je vais essayer de la circonscrire le plus possible. J'aimerais seulement vous questionner au sujet de quelque chose qui s'est produit dans ma ville natale. Il y a quelques mois de cela, on a investi la somme colossale de 200 millions de dollars à Montréal pour la création d'un centre d'apprentissage destiné à l'intelligence artificielle et aux données massives. Puis, récemment, Google a aussi ciblé Montréal et a dit qu'il voulait transformer la ville en ce qu'il appelle une « super grappe » de connaissances en intelligence artificielle qui attirera de gros investisseurs, de jeunes entreprises et des chercheurs.

Maintenant que c'est en place et que nous savons à quel point il est difficile pour ceux qui exercent ce genre d'activités de maintenir leur position et de devenir très concurrentiels à l'échelle mondiale, en d'autres mots, de donner au Canada une longueur d'avance et d'en faire un vecteur de changement en innovation, ma question est la suivante : quel rôle jouent les conseils? C'est peut-être vous, docteur Szumski qui avez le plus de choses à dire à ce sujet. Je ne suis pas certaine, je ne fais que supposer. Quel rôle, le cas échéant, joueraient les conseils pour aider ces types de grappes à demeurer à la fine pointe de la technologie?

Dr Szumski : Les grappes qui réussissent englobent généralement le spectre complet, y compris une participation très importante des chercheurs et du secteur universitaire comme source d'idées nouvelles. Elles ont toujours des acteurs clés très solides, si vous voulez, ou de grands joueurs de l'industrie qui font partie de la combinaison et qui créent ensuite toutes sortes de mécanismes novateurs pour recruter de petits intervenants « perturbateurs », qui progressent bien souvent plus rapidement que de plus grandes entreprises, et réussir. C'est un processus très complexe qui s'est produit dans les premières grappes, comme Silicon Valley, de façon spontanée en apparence, et les gens cherchent maintenant à recréer ce phénomène partout dans le monde, après avoir appris tout ce qu'ils pouvaient de ces grappes originales.

Le Canada a-t-il une possibilité d'avoir quelques super grappes? La réponse est probablement oui. Nous en avons déjà quelques-unes. Les activités de commutation photonique qui se déroulent à Ottawa sont certainement un bon exemple. Il y en a d'autres. Je vais laisser la parole à mes collègues.

Mme Aubin : Je pense que vous avez bien décrit la situation.

Les conseils peuvent créer des conditions et des programmes qui aident à faire la promotion de ce dont nous parlons. Le type de partenariats et les programmes réalisés en partenariat que nous avons déjà mentionnés sont l'une des façons d'y arriver. Que ce soit à l'échelle locale ou régionale, si vous décidez que vous ne pouvez pas tout faire et que vous choisissez les domaines dans lesquels vous voulez vous concentrer, cela vous aidera à réaliser exactement ce dont vous parlez. Ce n'est pas partout qu'on peut reproduire tous les aspects.

Je connais l'exemple que vous avez donné au sujet de Montréal. Il y a quelques autres centres dans le pays où l'accent serait mis sur ce dont vous parliez à propos des autres partenaires, et Google en fait partie.

Pour revenir à ce que nous disions plus tôt, en nous assurant de les lier d'une façon qui les dynamise aussi plutôt que de les reproduire, tout s'accélérerait parce que nous maintenons ces interactions; c'est un aspect important également. C'est ce que le gouvernement fait bien, et nous sommes reconnus pour cela, pas seulement par l'entremise des programmes des RCE, mais grâce à tous les autres types de réseautage que nous faisons. Nous sommes connus comme un pays de chercheurs et de collaborateurs en réseau. D'autres pays nous regardent et nous disent : « D'accord, comment y arrivez-vous? » Le fait de nous assurer que nous ne créons pas d'obstacles qui nous empêchent d'avoir ces excellentes idées et d'être en mesure d'établir des partenariats lorsqu'il est nécessaire de le faire est une partie importante de la solution. Je pense que nous y parvenons dans une certaine mesure.

Mme Hamelin : J'aimerais ajouter que le monde est un milieu très concurrentiel. Pour que des entreprises comme Google viennent au Canada, qu'elles investissent et financent les chercheurs ici, elles doivent procéder à une analyse de rentabilisation interne au sein de leur entreprise afin de déterminer pour quelle raison le financement devrait aller au Canada et pas ailleurs.

Nous avons justement eu une conversation avec les gens de Google, de Qualcomm et d'autres cet après-midi. Je leur ai demandé dans quelle mesure il était important pour eux d'avoir l'argent du gouvernement canadien pour appuyer leur investissement ici. Ils ont dit que c'était absolument essentiel. C'est ainsi qu'ils se font remarquer, mais cela montre aussi que le Canada est sérieux au sujet de ces chercheurs, qu'il veut les soutenir. C'est ce que cherchent les entreprises.

En tant que conseils, notre responsabilité est d'établir les bonnes priorités, d'investir dans les meilleurs chercheurs, de cibler ces domaines et de travailler ensemble de manière à convaincre les entreprises de venir ici. C'est notre seul moyen de créer des super grappes au Canada et de les préserver.

Le président : Merci. J'espère que nous aurons l'occasion d'en entendre davantage au sujet de l'exemple de Montréal, parce que Montréal a fait de l'intelligence artificielle une priorité pour l'avenir. Manifestement, la ville joue un rôle à cet égard, et nous espérons en entendre parler davantage. Votre question est l'une des plus pertinentes pour le pays à l'heure actuelle.

Le sénateur Meredith : Encore une fois merci des exposés que vous avez présentés cet après-midi. La prochaine question est pour vous madame Hamelin, elle concerne les bassins de financement et les universités. Dans votre exposé, vous avez parlé des universités, et je suis curieux d'en savoir davantage au sujet de la collaboration entre les universités. Il arrive parfois qu'un chercheur vienne vous voir et vous dise : « Voici mon idée. » L'université que je fréquentais, celle de Ryerson, effectuait un projet de recherche au sujet d'un bras prosthétique qui fonctionne à l'aide d'ondes cérébrales. Les chercheurs ont utilisé une technologie de pointe, leurs réalisations et leur collaboration me fascinent. Dites-m'en un peu plus. Il se peut qu'ils viennent vous voir avec une idée de financement. Par exemple, l'Université de la Colombie- Britannique met quelque chose au point. Comment établissez-vous un lien entre ces universités? Cela ne fait peut-être pas partie de votre portefeuille, mais de quelle manière vous assurez-vous que les connaissances ne se perdent pas d'une certaine façon? Précisez votre pensée à cet égard. Je vous poserai ensuite une autre question.

Mme Hamelin : Tout dépend de la façon dont le programme de recherche est présenté au CRSNG. Si c'est un professeur d'une université de recherche qui présente une demande au titre de nos concours de subventions de recherche, celle-ci sera examinée par des pairs, et il y aura peu de jumelage.

Si ce programme est présenté, par exemple, au titre de notre programme de subventions de recherche et développement coopérative, et que nous nous apercevons que certains de nos programmes sont très semblables, le travail se fera par l'entremise de nos bureaux régionaux. Le CRSNG compte cinq bureaux régionaux à l'échelle du pays, et les bureaux régionaux sont enchâssés pas seulement dans les universités et les collèges, mais aussi dans les entreprises locales. Ils nous aideront avec le jumelage. Nous voulons absolument éviter le chevauchement des mêmes travaux et nous voulons créer des liens entre les universités.

Pour revenir à la situation de Montréal et à l'intelligence artificielle, c'est au Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada administré par le Secrétariat des programmes interorganismes à l'intention des établissements, qui est un secrétariat interorganismes, que nous participons. C'est un programme intéressant puisque les universités arrivent avec de grandes demandes de financement.

Le sénateur Meredith : Elles sont sous-financées.

Mme Hamelin : Oui, elles sont sous-financées aussi, manifestement. En fait, il y a eu un cas cette année où de multiples universités, même des universités de la même province, sont arrivées avec des propositions très semblables d'une valeur de 100 millions de dollars chacune, et le secrétariat, après voir adopté un processus mûrement réfléchi au sujet de la procédure à suivre, a communiqué avec les universités et leur a dit : « Vous travaillez dans le même domaine et vous n'avez pas vraiment discuté avec vos collègues. Discutez ensemble, puis nous reconsidérerons la demande. » Ces liens sont très importants pour nous.

Le sénateur Meredith : Docteur Szumski, en ce qui concerne les simulations, vous avez parlé du Ghana. Je parle du fait que nous établissons un lien entre cela et la technologie de la cybersanté, et ainsi de suite, et de la façon dont l'information est transmise. De quelle nature sont les autres collaborations que vous entretenez avec d'autres pays africains au sujet des essais et l'enseignement? Je sais qu'il y a un médecin qui travaille à Toronto avec des chirurgiens et qui les amène ici pour des raisons de formation, parce que, encore une fois, il est plus facile de les former ici que de déplacer notre équipe là-bas. Parlez-moi de la façon dont le CNRC pourra étendre la portée de la communication des connaissances et des pratiques exemplaires en ce qui a trait à l'Afrique. Nous avons tous examiné le développement du point de vue international. Comment pouvons-nous aborder cet aspect en ce qui a trait à l'efficacité des technologies qui sont élaborées ici pour favoriser une plus grande portée mondiale, pour ainsi dire?

Dr Szumski : Je vais renvoyer la question à mon collègue, Robert, mais je veux d'abord faire un commentaire général. Le système médical et le système de formation canadiens sont extrêmement respectés dans le monde. Notre organisme d'attribution de permis et de réglementation pour les spécialistes, le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, diffuse activement sa méthode de formation de spécialistes dans d'autres pays. C'est une des forces du Canada. Je vais laisser Robert en dire davantage.

M. Diraddo : Merci de poser la question. Je dirais que le projet avec le Ghana s'est fait sous la direction du Dr Allan Okrainec, du Réseau universitaire de santé. Nous ne prétendons pas être des experts dans la formation de chirurgiens. Le projet s'est fait sous sa direction. Le Dr Okrainec travaille beaucoup à l'aide de la télésimulation pour donner de la formation dans de nombreux pays en Afrique. Ce serait la bonne personne pour se pencher sur la question d'un point de vue intercontinental, du continent africain. Si le Dr Okrainec a besoin de nous pour travailler avec lui sur un de ses projets, nous sommes prêts à le faire.

La sénatrice Petitclerc : Lorsqu'on compare la santé, la prévention et le processus de diagnostic par rapport au traitement et à la guérison, je me pose une question. Lorsque vient le temps de choisir un projet ou d'investir des fonds, quelle proportion approximative va à la prévention et à l'intervention médicale, respectivement? La décision se prend- elle selon la priorité générale? Est-ce fait au cas par cas? Comment cela se passe-t-il?

Mme Aubin : Je dois avoir les chiffres pour pouvoir vous donner les pourcentages exacts que les IRSC seraient prêts à investir dans les domaines du traitement/diagnostic et dans celui de la prévention.

De façon générale, je peux vous dire que le domaine de la prévention a été sous-représenté dans notre financement au moyen de la recherche libre ou de la recherche qui émane de la base de chercheurs, à partir de cette enveloppe. Sachant cela, et après avoir analysé les renseignements, nous avons fait de la recherche sur la prévention l'un des domaines prioritaires à l'égard de notre enveloppe prioritaire ou stratégique. Vous verrez cela dans notre plan stratégique, et donc nous mettons en place davantage d'initiatives du côté de la prévention, en reconnaissant que ce ne peut pas être durable si on ne se préoccupe que du traitement. Je vais devoir trouver les chiffres pour vous.

J'aurais dû mentionner quelque chose plus tôt. Nous avons parlé des partenariats entre les conseils et les entités privées. Les IRSC établissent également des partenariats avec d'autres entités gouvernementales, y compris l'Agence de la santé publique du Canada, où nous essayons également de faire de la prévention, donc il y a un certain nombre de programmes du genre au sujet desquels je peux vous fournir des renseignements.

C'est une excellente question, et c'en est une qui porte beaucoup sur l'avenir pas seulement des IRSC en tant que bailleur de fonds en santé, mais de nombre de nos bailleurs de fonds partenaires aux quatre coins du monde.

Le président : Nous espérons que cette question sera soulevée au cours de l'étude sur la façon dont l'intelligence artificielle et la robotique jouent un rôle majeur dans la détection et la prévention des problèmes liés aux maladies. Nous espérons pouvoir faire ressortir cela de certains domaines particuliers.

Je veux vous remercier d'avoir été présents et d'avoir répondu aux questions. Il a été permis de poser des questions allant au-delà de l'intelligence artificielle directe, de la robotique et de l'impression 3D parce qu'elles traitent d'enjeux à venir, de la manière dont ces trois sujets peuvent avoir eu une incidence sur eux.

J'aimerais que vous réfléchissiez aux questions qui ont été posées pour mener à l'orientation stratégique d'aujourd'hui, soit les perspectives de collaboration avec les conseils. Si vous pensez à quoi que ce soit après votre départ, vous pourrez faire part de tout renseignement supplémentaire à la greffière.

J'aimerais remercier mes collègues de leurs questions. Nous sommes sur le point d'en arriver à une approche souple aujourd'hui et nous commencerons à discuter de certaines applications importantes financées par quelques-unes de ces personnes et leurs organisations.

Roman, je tiens à souligner le rôle qu'a joué le PARI depuis longtemps au pays, et de fait, la machine génétique, qui m'est chère, qui en a bénéficié ces quelque 30 dernières années.

(La séance se poursuit à huis clos.)

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