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LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : NOUS SOMMES MENACÉS

Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts

RAPPORT  INTÉRIMAIRE


CHAPITRE 5:

LES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR L’EAU  

            « L’eau est, en fait, une ressource rurale. »

M. Mohammed Dore, Université Brock[1]

            « L'anomalie climatique la plus préoccupante est, certes, la sécheresse. »

M. Dave Sauchyn, Université de Regina[2]

Le climat touche tous les aspects du cycle hydrologique. Par conséquent, les changements climatiques risquent fort de toucher l’approvisionnement et la demande en eau, de même que les écosystèmes dont les besoins en eau sont constants. Les témoins se sont exprimés sur les impacts qu’ont les changements climatiques sur les écosystèmes, l’approvisionnement, la demande, l’agriculture, les forêts et les collectivités rurales et proposé des stratégies d’adaptation.

A. Impacts des changements climatiques sur les ressources hydriques 

Les changements climatiques peuvent influer sur la quantité, la qualité, la régularité saisonnière, l’endroit et la fiabilité des sources d’eau. Le réchauffement du climat viendra altérer la magnitude et le calendrier des précipitations. Par ailleurs, l’air chaud contient davantage d’humidité et augmente l’évaporation de l’humidité de surface. Plus l’atmosphère est humide, plus les précipitations ont tendance à être extrêmes, ce qui augmente les risques de phénomènes extrêmes, comme les inondations. M. Sauchyn, coordonnateur, région des Prairies, Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l'adaptation (C-CIARN), a déclaré à ce sujet: 

« Nous prévoyons que la fréquence des tempêtes augmentera et que, par conséquent, les tempêtes de pluie… d'une certaine ampleur seront plus fréquentes. »[3]  

Cependant, de tous les aspects des changements climatiques étudiés, comme la température, les précipitations sont les plus mal comprises. Il nous est très difficile de prédire la façon dont les régimes de précipitations changeront. M. Sauchyn poursuit:   

« Les prévisions en ce qui concerne les précipitations… fluctuent entre une légère diminution et une forte augmentation. La plupart des données scientifiques laissent prévoir une augmentation des averses de pluie et de neige dans les provinces des Prairies. Cependant, à cause des températures plus élevées, la perte d'eau par évaporation sera beaucoup plus élevée, ainsi que la perte d'eau par transpiration des végétaux. Les principales conséquences du changement climatique dues à un accroissement de la perte d'eau dans les provinces des Prairies sont une perte d'humidité du sol et d'eaux superficielles. Si l'allongement de la saison de croissance est un avantage, le principal inconvénient des conséquences du changement climatique sera la perte d'eau. La perte par évaporation sera de loin supérieure aux précipitations accrues prévues. »[4]

Madame Rhonda McDougal de Canards Illimités a présenté un aperçu régional des effets sur l’agriculture pour la région des fondrières des Prairies où se retrouve la grande majorité de l’activité agricole du Canada : 

« Dans les Prairies, un pourcentage élevé de familles d'agriculteurs et de localités rurales dépendent de sources d'eau en surface pour leur eau potable, celle de leur bétail et tous les autres besoins en eau. C'est donc une préoccupation réelle partout dans les Prairies où, tous les ans, mais surtout ces dernières années, l'eau se fait rare. »[5]

Autre chose pourrait inquiéter davantage les secteurs agricole et forestier :

« … le cycle hydrologique sera plus variable et certaines années seront pluvieuses. En fait, nous prévoyons des années où la pluviosité sera supérieure au niveau normal mais aussi des années où la sécheresse sera très supérieure au niveau normal. »[6]

Au Canada, la neige et la glace sont les principales sources de ruissellement qui approvisionnent les lacs et les rivières. L’accumulation de neige dans les montagnes ne changera pas nécessairement de façon graduelle; on peut même s’attendre à un changement radical du fait du radoucissement des hivers. Pour les Prairies, les conséquences seront particulièrement marquées. En effet, les réserves d’eau de la Saskatchewan et de l’Alberta proviennent surtout des glaciers et de la fonte des neiges des Montagnes rocheuses. L’eau provenant de la fonte des neiges est la principale source d’irrigation pour le Sud de l’Alberta et l’Ouest de la Saskatchewan, tandis que toutes les villes de ces deux provinces s’approvisionnent directement ou indirectement des Montagnes rocheuses. Or, les scientifiques prédisent que les glaciers des Rocheuses disparaîtront d’ici une centaine d’années.

Des changements semblables se produisent ailleurs dans le monde. Le Mont Kilimandjaro, par exemple, englacé depuis 11 000 ans, deviendra libre de glace d’ici 20 ou 30 ans. D’un autre côté, M. Peter Johnson, conseiller scientifique du C-CIARN Nord, a déclaré que le réchauffement observé dans l’Atlantique Nord et les pays nordiques avait augmenté la quantité de neige, ce qui avait fait grossir davantage les énormes glaciers de Scandinavie. Dans ce cas, on note un lien entre le réchauffement climatique, l’augmentation de l’évaporation des eaux libres et l’augmentation de la quantité de neige.

Toujours selon M. Sauchyn, « …l'impact dominant du changement climatique sur les provinces des Prairies [est] l'agrandissement du territoire aride couvert de graminées et la diminution de la superficie de terres humides où poussent des arbres. On peut aisément imaginer les conséquences de cette tendance pour l'agriculture et pour le secteur forestier ».  Cette perte d’eau de surface va affecter les écosystèmes des marais comme les habitats fauniques :

« Avec l'assèchement des terres humides et leur disparition dans les Prairies, nous voyons également disparaître des espèces de plantes rares. Nous constatons une perte d'habitat, la perte de brise-vent et de saulets autour de ces systèmes. Par conséquent, nous allons perdre l'habitat d'espèces à risque, d'espèces qui utilisent ces endroits pour s'abreuver et se protéger des prédateurs à divers moments dans leurs cycles de vie. » (Canards Illimités)[7]

Mme Cheryl Bradley, de la Fédération des naturalistes d’Alberta, nous a parlé des modèles d’écoulement des eaux conçus dans le cadre du plan de gestion du bassin de la rivière Saskatchewan-Sud. Selon ces modèles, nous avons déjà atteint ou dépassé les limites d’allocation des eaux pour les rivières Bow, Oldman, Saskatchewan-Sud ainsi que leurs tributaires, limites fixées pour garantir le débit minimal requis pour la qualité de l’eau, le poisson, les habitats riverains et l’entretien des canaux. M. Petrus Rykes, vice-président du Comité des terres et de l’environnement du Conseil des associations touristiques de la Colombie-Britannique, a avoué que même dans sa région de Chilcotin-Ouest, entourée de gros glaciers, la nappe d’eau était en train de s’assécher. Par conséquent, si les manteaux neigeux ne peuvent pas se reconstituer, on peut s’attendre à des conflits en matière d’allocation des eaux.

B. Stress hydrique pour l’agriculture, les forêts et les collectivités rurales

« Sans l'eau, il est difficile de vendre la terre. »

M. Petrus Rykes, vice-président du Comité des terres et de

l’environnement du Conseil des associations touristiques de la

Colombie-Britannique[8]

Même si l’on ne connaît pas encore parfaitement les changements subis par les schèmes de précipitations, on sait qu’ils obligeront les Canadiens à modifier leur façon d’utiliser l’eau. Étant donné les besoins en eau de l’agriculture, du secteur forestier et des ménages ruraux et urbains, on peut s’attendre à une intensification des conflits dans l’utilisation de l’eau.

Photo 3 : En haut : fleuve Saint-Laurent en 1999 – niveau extrême inférieur d’un mètre. En bas : 1994 – moyenne des 30 dernières années. Si 1999 représentait la moyenne, quels seront les extrêmes?

Source : Alain Bourque.  Mémoire présenté au Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts, Ottawa, 12 décembre 2002.

Au Canada, d’un océan à l’autre, l’agriculture, les forêts et les collectivités rurales sont confrontées au stress hydrique. Au Canada atlantique, par exemple, M. Jean-Louis Daigle, du Centre de conservation des sols et de l'eau de l'Est du Canada, a mentionné qu’un groupe d’experts-conseils avait entrepris un examen initial de la disponibilité de l’eau en consultation avec le secteur agricole. Ils ont conclu que les quatre provinces des Maritimes ne subiraient pas nécessairement une pénurie nette d’eau chaque année. Ils ont toutefois soulevé des points essentiels, dont la disponibilité de l’eau pendant les périodes critiques pour l’agriculture, les conflits potentiels en termes d’allocation des ressources et la qualité de l’eau servant à l’irrigation et au bétail.  

Par ailleurs, on enregistre plus de pluie et moins de neige dans le Nord de la Colombie-Britannique. Si ce phénomène entraîne des inondations printanières, le niveau des rivières est toutefois extrêmement bas plus tard dans l’année. Les agriculteurs en souffrent, mais pas tous de la même façon. On nous a par exemple rapporté qu’une agricultrice de Prince George, qui avait l’habitude d’arroser ses cultures aux deux semaines, n’avait arrosé qu’une seule fois en douze mois l’an passé. Un autre agriculteur de la vallée du Bulkley, en Colombie-Britannique, a quant à lui observé que malgré l’abondance de pluie l’été dernier, il a quand même dû irriguer ses terres parce qu’elles ne conservaient pas leur humidité.  

De plus, comme l’a souligné Canards Illimités, avec la migration vers le nord de l'activité agricole nous verrons l'agriculture s'implanter dans des régions d'une plus grande densité de terres humides. En effet, la densité des terres humides est encore plus élevée dans les régions limitrophes de la forêt boréale au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta. La concurrence pour ces ressources augmentera les incidences dans ces régions.

Nombre de secteurs de l’économie dépendent des forêts. Les groupes d’écotourisme, par exemple, sont vulnérables aux changements climatiques. En 2000, pour la Colombie-Britannique seulement, on comptait pas moins de 1 100 établissements de tourisme d’aventure exploitant plus de 27 000 lacs et cours d’eau. Mme Carol Patterson, présidente de Kalahari Management, a donné des exemples de difficultés auxquelles sont confrontés les opérateurs d’écotourisme. Dans le cas des activités qui dépendent du ruissellement, comme le kayak et le rafting en eau vive, le faible niveau d’eau force certains opérateurs à diminuer leurs services, vu qu’ils ne peuvent plus y naviguer aussi longtemps qu’avant (un mois contre trois habituellement).  

Les collectivités rurales qui dépendent de l’agriculture ou de la foresterie subiront le même stress hydrique. Si nos secteurs agricole et forestier sont incapables de réagir aux transformations que subissent les ressources et la qualité de l’eau, l’économie mais aussi la qualité de vie des collectivités rurales s’en ressentiront.  

Si le réchauffement climatique risque d’entraîner des pénuries d’eau pour certaines régions du Canada, on peut s’attendre à l’effet inverse ailleurs. Des témoins des quatre coins du pays prévoient des orages plus violents et des précipitations plus intenses. Cela pourrait accroître l’érosion du sol et affecter la qualité des eaux de surface et la quantité d’eaux usées à traiter. Au Canada atlantique, l’érosion et les inondations inquiètent vivement les intervenants, tout comme la perte de milieux humides sur le littoral, milieux qui jouent un rôle prépondérant dans les besoins généraux d’énergie et de biodiversité des écosystèmes océaniques. De plus, on craint l’intrusion d’eau salée dans les écosystèmes d’eau douce et les sources d’eau potable, en raison de l’instabilité accrue des conditions climatiques.  

Si ces schèmes perdurent, les divers utilisateurs d’eau devront se faire concurrence et la qualité de l’eau risque d’être compromise. Il est essentiel de disposer d’un approvisionnement suffisant d’eau de qualité pour le bétail, l’irrigation, la consommation humaine et l’industrie.

C. Stratégies d’adaptation pour les ressources hydriques 

Plusieurs témoins soutiennent que le principal impact des changements climatiques se ferait surtout sentir sur les ressources en eau du Canada, ce qui pourrait compromettre notre capacité à répondre aux besoins de la population.  Bien que les témoins n’aient suggéré que peu de stratégies d’adaptation, les membres du Comité sont conscients que celles-ci seront différentes pour les secteurs agricoles ou forestiers, ou pour les collectivités rurales, à cause des besoins différents de ces secteurs.  Il y aura aussi des disparités selon les régions, les provinces et entre le Nord et le Sud parce les effets du changement climatique varieront à la grandeur du pays.  

Les meilleures stratégies d’adaptation sont sans doute issues du secteur agricole, étant donné que les agriculteurs ont appris à s’adapter aux variations météorologiques au cours des ans. Des témoins ont évoqué des pratiques déjà en cours, comme le travail de conservation du sol et les cultures de couverture. Par contre, ils n’ont pas pu donner d’exemples concrets de mesures d’adaptation pour le secteur forestier, à part la plantation d’arbres hybrides. Or, on nous a avisés que ces hybrides étaient exigeants – du point de vue de l’irrigation, notamment -, ce qui nous fait douter de leur utilité dans un contexte où l’eau devient plus problématique.  

Plusieurs témoins avancent qu’en matière d’eau, les mesures d’adaptation seraient surtout une affaire d’ingénierie et d’infrastructure, comme la conception de grands systèmes d’irrigation et de barrages à grande échelle. Certains témoins ont toutefois tenu à préciser que les plans de conceptions de tels ouvrages devaient avoir une vision à long terme. Comme l’a mentionné M. Dore, professeur à l’Université Brock, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) préconise une « politique sans regret », c’est-à-dire qui engendrera des avantages sociaux nets, qu’il y ait ou non des changements climatiques d’origine anthropique.  Il vaudrait mieux alors élaborer de nouvelles techniques pour économiser l’eau.  

Les collectivités rurales disposent de ressources limitées pour la planification à long terme des changements climatiques. M. Dore a déclaré que la hausse des précipitations dans l’Est du Canada toucherait surtout le traitement des eaux usées. Les infrastructures actuelles ne suffiront peut-être plus à traiter les eaux de ruissellement si les précipitations augmentent. En outre, si le débit d’eaux usées est élevé en période de fortes précipitations et de ruissellement printanier, les eaux contourneront le système d’assainissement mixte et aboutiront dans les lacs et les rivières sans avoir été traitées. Il faudra donc rénover les canalisations pour garantir la qualité et la disponibilité des ressources hydriques. Par conséquent, il conviendra d’allouer des fonds de transition et d’ajuster les programmes de certaines régions pour maintenir leur base économique et leur qualité de vie.  

Enfin, des témoins ont fait savoir que pour préserver la santé de nos rivières tout en composant avec la croissance de la population humaine et la diversification économique, il y aurait lieu d’encourager la conservation de l’eau et de répartir les ressources en fonction d’utilisations à valeur ajoutée. En juin 2002, le gouvernement de l’Alberta a autorisé le transfert d’allocations en eau ainsi que les retenues sur les allocations à des fins de conservation. Les agriculteurs ont déjà emprunté cette voie : en 2001, les producteurs de betterave sucrière de l’Alberta, à qui le gouvernement avait alloué des quantités précises d’eau par exploitation, les ont réservées à la betterave, puisqu’il s’agit d’une culture rentable par rapport aux céréales. Si les conflits d’utilisation de l’eau s’intensifient, nos dirigeants devront déterminer ce qui constitue une utilisation appropriée ou non, et décider de la meilleure façon d’allouer les ressources en eau.

Résumé  

Les ressources en eau risquent d’être les plus affectées par le changement climatique.  Même si on ne peut prédire exactement comment le niveau des précipitations sera modifié, on peut s’attendre à ce qu’il ait des années plus pluvieuses que la moyenne, d’autres moins et à une propension plus élevée de tempêtes et de sécheresses.  Les mesures d’adaptation seront surtout axées sur les infrastructures et les travaux d’ingénierie comme des plans d’irrigation et des usines de traitement d’eau, mais aussi sur les technologies visant à accroître l’efficacité de l’utilisation de l’eau.  Les approches choisies ne seront pas toutes les mêmes selon les régions et les secteurs, agricole, forestier ou touristique.  Comme l’agriculture, l’industrie forestière et les ménages en milieux urbain et rural sont en compétition pour l’utilisation de l’eau, on peut s’attendre à un accroissement des tensions.  Si tel est le cas, les décideurs auront à déterminer ce qui est juste en matière d’utilisation et d’allocation de l’eau. 


CHAPITRE 6:

LES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES COLLECTIVITÉS RURALES

Lors des audiences du Comité, les discussions concernant les effets du changement climatique sur les collectivités rurales sont revenues fréquemment, même si la notion de « collectivité rurale » semble varier selon la définition donnée au terme « rural ».  La population rurale demeure un concept vague qui comprend un pourcentage de la population canadienne se situant entre 22 p. 100 – selon Statistique Canada[9] – et 33 p. 100 selon l’Organisation de Coopération et de Développement économique.  Reste que le commun dénominateur de toutes les régions rurales est une économie qui repose sur l’exploitation des ressources.  À ce titre, le Canada rural contribue grandement à l’économie du pays grâce à un Produit intérieur brut de 15 p. 100 et des exportations représentant 40 p. 100 des exportations totales du Canada.

Le gros des recherches sur les impacts des changements climatiques porte surtout sur les problèmes environnementaux, comme la croissance des forêts, les cultures et l’eau. Il serait toutefois important de souligner que la vulnérabilité des secteurs agroalimentaire et forestier vont bien au-delà de la menace environnementale. En effet, les impacts biophysiques des changements climatiques entraîneront aussi des répercussions financières et économiques. Si quelque chose menace la viabilité financière des exploitations agricoles et forestières, des moulins et des autres secteurs fondés sur les ressources naturelles, la viabilité des collectivités rurales qui en dépendent se trouve tout aussi menacée.  

On a fait grand cas de la nécessité de diversifier leur économie pour qu’elles soient moins vulnérables aux impacts des changements climatiques. Cependant, n’oublions pas que le tourisme, la chasse, la pêche, les sports d’hiver et la culture autochtone sont aussi touchés par l’évolution du climat (voir encadré 11). Autrement dit, les changements climatiques ne sont pas qu’un problème environnemental théorique; ils ont aussi des répercussions économiques sur le gagne-pain de nombreux Canadiens.  

Par exemple, M. Barry Smit rapporte que les économistes de la Commission canadienne du blé ont estimé à 5 milliards de dollars les coûts de la sécheresse de 2001. Celle de 2002, qui a touché de nombreuses régions du pays, s’est avérée encore plus coûteuse. Selon M. Bart Guyon, vice-président de l’Association des districts municipaux et des comtés de l’Alberta, la sécheresse de 2002 aurait coûté au bas mot 100 millions de dollars au Canadien National en pertes de produits.  

L’impact des variations climatiques est encore pire quand les collectivités n’y sont pas préparées. Relatant sa propre expérience, M. Guyon a décrit comment, en 2002, il avait dû creuser quatre puits et deux fosses-réservoirs sur son ranch à cause de la sécheresse. Sur ce type d’exploitation, il faut réagir promptement en cas de pénurie d’eau et de pâturage, et parfois adopter des mesures draconiennes. Le Comité reconnaît qu’il est impossible d’imputer une sécheresse en particulier aux changements climatiques; toutefois, les recherches scientifiques prouvent clairement que nous pouvons nous attendre à ce que les phénomènes météorologiques extrêmes changent de fréquence. Les sécheresses qui ont récemment frappé les agriculteurs illustrent bien la gravité de tels phénomènes pour des collectivités qui n’auraient pas pris de précautions à cet égard.  

Les municipalités rurales de la Saskatchewan tirent une part considérable de leurs recettes fiscales des terres agricoles. Dans certains cas, il n’existe aucune autre industrie, et l’assiette fiscale se compose à 100 p. 100 de propriétés agricoles. Par conséquent, tout ce qui nuit à la productivité des terres commerciales nuit aussi à la capacité des contribuables de payer leurs taxes municipales. Non seulement les municipalités risquent de perdre des revenus en raison des changements climatiques, mais elles pourraient aussi encourir de plus grosses dépenses. M. Neal Hardy, président de l’Association des municipalités rurales de la Saskatchewan, donne comme exemple le nombre accru de feux de forêt résultant de la sécheresse de 2002. Plusieurs municipalités rurales ont dû débourser d’énormes sommes pour les combattre : 920 000 de dollars pour la seule municipalité de Loon Lake – le double de ses recettes fiscales. M. Dore, professeur à l’Université Brock, a ajouté que les municipalités avaient aussi des responsabilités en matière de gestion des eaux. Comme le schème des précipitations est en pleine transformation, elles devront prévoir des dépenses pour mettre leurs infrastructures à niveau : entreposage de l’eau, traitement des eaux usées et systèmes d’égout.

Les trois organisations rurales ayant comparu devant nous au cours de notre visite dans l’Ouest canadien s’entendent pour dire que certains facteurs influent déjà sur les moyens de subsistance des habitants ruraux, comme la faiblesse des prix des produits et les différends commerciaux, le bois d’œuvre, par exemple. Les mauvaises conditions météorologiques viennent parfois compliquer les choses; c’est le cas des sécheresses successives dans les Prairies. Mme Sue Clark, de la North Central Municipal Association (Colombie-Britannique), précise toutefois que les habitants ruraux ne font pas nécessairement de liens entre ces phénomènes météorologiques et les changements climatiques. En outre, les petites municipalités rurales ne voient pas nécessairement les changements climatiques comme une menace particulière, en raison de la multitude d’autres problèmes pressants qu’elles doivent régler en comptant sur des ressources limitées.  

Depuis quelques dizaines d’années, la population et la composition des collectivités rurales du Canada - surtout celles qui reposent sur l’agriculture - ont subi de profonds bouleversements suivant la migration et la transformation structurale du secteur agricole. Aujourd’hui, les jeunes ne sont plus attirés par l’agriculture, étant donné les risques, les investissements en capitaux et la difficulté qu’implique le travail agricole. Dans certaines régions, d’autres industries, comme celle du pétrole en Alberta, réussissent à compenser les pertes subies dans le secteur agricole. Pour illustrer cette évolution, M. Guyon a rapporté que dans sa collectivité, en Alberta, de 85 p. 100 à 90 p. 100 des agriculteurs avaient un deuxième emploi. En l’an 2000, par exemple, le revenu tiré d’un emploi extérieur à la ferme représentait 56 p. 100 du revenu total agricole Ce type de diversification connaîtra sans doute une hausse, au fur et à mesure que les habitants des régions rurales chercheront des façons de se protéger contre les risques économiques que peuvent aggraver les changements climatiques. En conclusion, il semble évident que le réchauffement entraînera des conséquences qui, combinées aux autres pressions exercées sur les collectivités rurales du Canada, viendront accélérer le processus de transformation qui s’opère actuellement dans le monde rural.  

Les changements climatiques amèneront aussi leur part de conséquences sociales. Par exemple, M. Brian Stocks, du Service canadien des forêts, a affirmé qu’une entreprise forestière pouvait décider de ne pas exploiter une région en particulier parce qu’elle avait peu de chances d’y faire pousser des arbres jusqu’à 80 ans sans qu’ils ne soient détruits prématurément par le feu, les ravageurs ou autre chose. L’entreprise se déplacera alors dans une autre région ou un autre pays, mais la collectivité qui dépend de l’exploitation forestière n’est pas aussi mobile. Si le triangle de Palliser devient trop aride pour l’agriculture, que devrons-nous faire de l’infrastructure céréalière installée là-bas? Ce type de situation hypothétique soulève d’épineuses questions pour le Canada rural et son économie, fondée sur les ressources naturelles. S’il n’existe pas de réponse toute faite, il n’en demeure pas moins que ces collectivités doivent commencer à se préparer en étant conscient des modifications que le changement climatique pourrait engendrer pour leur région et en planifiant en conséquence.  

Parmi les solutions qui s’offrent aux collectivités rurales, on retrouve en premier plan la nécessité de communiquer aux résidents que le changement climatique se produit déjà et qu’ils devront composer avec ce phénomène comme ils le font avec d’autres types de risques liés aux activités économiques.  Les autorités de ces collectivités devront identifier leurs priorités selon les conditions biophysiques qui prévalent et leurs industries – agriculture, forestière ou autre – et leurs priorités, qui seront différentes d’une région à l’autre pourraient être de s’assurer d’avoir des systèmes de traitement et de collecte des eaux bien adaptés.  Les collectivités rurales devront recevoir du financement suffisant pour développer leurs stratégies d’adaptation, dont la source proviendrait soit de leur assiette fiscale, soit de la province, soit du gouvernement fédéral.  Pour être efficaces, leurs stratégies devront respecter leurs particularités locales.  Enfin, les collectivités devront compter sur les habilités de chacun pour mener à bien leurs stratégies d’adaptation.

Bien des chercheurs laissent entendre que les changements climatiques constituent essentiellement un phénomène social, qui fera des gagnants et des perdants, principalement en raison de ses impacts – directs et indirects – sur l’agriculture, la foresterie et d’autres secteurs de l’économie rurale. Ces impacts seront différents selon les régions, les horizons prévisionnels et les personnes. En planifiant des mesures d’adaptation, nous pourrons tenter de maximiser le nombre de gagnants et de réduire le nombre de perdants. Les chercheurs qui se penchent sur les mesures d’adaptation ont clairement fait comprendre au Comité que les collectivités rurales avaient aussi besoin d’être renforcées. M. Mehta a affirmé au Comité qu’il existait un lien entre la capacité d’adaptation d’une collectivité et sa cohésion sociale.  Par exemple, si les tensions pour l’utilisation de l’eau augmentent, certains utilisateurs pourraient être incapables d’utiliser certaines stratégies d’adaptation comme l’irrigation, ce qui mettra en péril l’équilibre de la société.  C’est pourquoi nous devons, si nous souhaitons réellement améliorer notre capacité d’adaptation à l’échelle humaine, nous fabriquer un tissu social solide.

Résumé  

À cause de sa grande dépendance économique envers l’exploitation des ressources naturelles, le Canada rural sera plus vulnérable aux effets du changement climatique.  Des changements structuraux et une migration des industries des ressources naturelles ont marqué le développement des collectivités rurales au cours des dernières décennies.  De faibles prix pour les produits de base et des conflits commerciaux comme le bois d’œuvre ont nui à la qualité de vie des Canadiens du milieu rural.  En générant de nouveaux défis, le changement climatique va venir amplifier cette situation.  Le changement climatique va avoir des incidences économiques et financières notables sur les industries qui reposent sur l’exploitation des ressources naturelles, tandis que les infrastructures vont être mises à l’épreuve par des conditions climatiques plus extrêmes.  Si elles désirent être en mesure d’affronter ces changements, les collectivités rurales devront prendre en considération les effets du changement climatique dans leurs plans de développement.


CHAPITRE 7:

LES EFFETS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES

Ce rapport ne serait pas complet s’il restait silencieux sur les impacts potentiels des changements climatiques sur les peuples autochtones du Canada. Le Comité s’est entretenu avec des représentants élus de la Nation métisse de l’Alberta et de la tribu Kainah  (aussi appelés Gens-du-Sang). Des représentants du C-CIARN Nord ont aussi exposé la situation des Inuits. Selon ces trois groupes, les Autochtones constatent de plus en plus de manifestations tangibles des changements climatiques. Les représentants du C-CIARN Nord nous ont rappelé qu’on reconnaissait aujourd’hui amplement la légitimité et l’exactitude du savoir écologique fondé sur l’expérience, et qu’il était particulièrement crucial dans les régions où l’on collecte peu de données scientifiques. Les observations locales peuvent compléter les données scientifiques en offrant une perspective à long terme plus régionale et holistique de certains changements en cours. M. Rafique Islam, conseiller sectoriel de la Nation métisse de l’Alberta, confirme que le savoir et l’expérience pratique des aînés métis correspondent étroitement aux découvertes scientifiques récentes dans le domaine du changement climatique. Selon les aînés, ces changements sont palpables et risquent d’aggraver les dommages environnementaux causés par l’industrie énergétique ainsi que l’exploitation forestière et minière aux terres traditionnellement utilisées et occupées par les Autochtones. 

Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a conclu que les peuples autochtones du Nord sont plus sensibles aux changements climatiques que les non-autochtones parce que les territoires qui leur appartiennent et où ils chassent seront directement touchés. Les changements à la glace marine, à la saisonnalité de la neige et de l’habitat et à la diversité du poisson et de la faune pourraient menacer les traditions et les modes de vie des Autochtones. Dans certaines régions du Nord, ils ont déjà commencé à modifier leurs pratiques de chasse pour s’adapter aux nouveaux régimes de glace et à la nouvelle distribution des espèces.  

M. Andy Blackwater, de la tribu des Kainah, nous a aussi confié que les aînés de sa tribu avaient remarqué les changements climatiques et leurs conséquences. Les Autochtones ont l’habitude d’observer la nature pour prédire le temps sur quelques jours. Dans la culture Kainah, il existe ce qu’on appelle « le mois de l’oie »; mais aujourd’hui, on observe des canards et des oies à d’autres moments de l’année. Les orages de mars étaient aussi facilement prévisibles, et les gens s’y préparaient en conséquence; aujourd’hui, ces orages surviennent de moins en moins souvent à la même époque. Les Autochtones craignent aussi de ne pas pouvoir fabriquer leurs médicaments traditionnels s’ils ne trouvent plus les racines et les végétaux dont ils ont besoin pour se soigner. Ils sont très conscients des bouleversements du temps et de tout ce qui touche leur environnement. Cela leur va droit au cœur, parce que l’évolution des conditions météorologiques vient perturber leur savoir traditionnel et éroder la pierre angulaire de leur culture : un savoir sur lequel ils se sont toujours fiés pour orienter leurs décisions de vie.  

Selon les scénarios actuels de changements climatiques, il serait possible de développer un tant soit peu l’agriculture dans le Nord. Toutefois, l’approvisionnement alimentaire dépendra surtout des conséquences des changements climatiques sur les activités de subsistance, comme la pêche et la chasse. Ailleurs au pays, cependant, les peuples autochtones pratiquent déjà l’agriculture comme moyen de subsistance. Il y a par exemple les agriculteurs et grands éleveurs métis et de la tribu des Kainah. La réserve des Kainah compte 330 586 acres de terres agricoles, dont 21 373 sont irriguées. Comme bien d’autres producteurs, ils subiront aussi les répercussions des changements climatiques sur leur exploitation, comme ils ont subi les répercussions des sécheresses des l’années 2001 et 2002.  

L’accès aux programmes gouvernementaux, qu’ils portent sur le soutien agricole, la formation ou la recherche, est un sujet d’importance pour les peuples autochtones. Les représentants du C-CIARN Nord ont mentionné que les scientifiques, les Premières nations et les collectivités du Nord étaient de plus en plus intéressés, depuis quelques dizaines d’années, à former des partenariats entre eux. Le gros des connaissances locales et traditionnelles attestées a été recueilli dans des régions où les scientifiques avaient concentré leurs recherches. Il y aurait lieu, maintenant, d’aller de l’avant en améliorant l’accès des Autochtones aux programmes qui les aideront à s’adapter aux changements climatiques. Maintenant que les Autochtones acquièrent des droits en matière de gestion des ressources et de propriété foncière, leurs organisations cherchent à jouer un rôle plus concret dans la recherche, les activités de sensibilisation et les négociations internationales sur les changements climatiques.

Résumé  

Les peuples autochtones sont des témoins du changement climatique : grâce à leur savoir et leur expérience, les anciens pu faire des observations qui correspondent à ce que la science a trouvé en matière de changement climatique.  Les échanges entre les chercheurs et les peuples autochtones se sont accrus au cours des derniers dix ans dans les domaines où la recherche scientifique s’est concentrée, mais l’accès des peuples autochtones à des programmes d’adaptation demeurent marginal.  Comme les peuples autochtones possèdent des droits sur la gestion des ressources et la propriété du territoire, leurs organisations demandent à jour un rôle plus prépondérant dans le développement de mesures pour pallier aux effets du changement climatique.


CHAPITRE 8:

que devons-nous faire pour nous adapter?

Les chercheurs qui ont comparu devant le Comité lui ont fourni beaucoup de renseignements précieux sur les effets potentiels du changement climatique sur l’agriculture, les forêts et les collectivités rurales du Canada.  Ils lui ont également dit que ces effets commenceraient à vraiment se faire sentir entre 2030 et 2060.  Les pays circumpolaires comme le Canada et les tropiques sont les deux régions qui seront affectées en premier et le plus visiblement.  

Comme l’a mentionné la Fédération canadienne de l’agriculture (FCA), cependant, notre compréhension des implications reste à un niveau général.  Nous n’avons pas encore une idée claire de ce qu’auront l’air les divers aspects de notre agriculture, de nos forêts et de nos collectivités rurales sous l’effet du changement climatique.  Nous sommes loin de pouvoir, par exemple, offrir aux agriculteurs et aux entreprises forestières avis et conseils sur les cultures ou les essences d’arbre pouvant convenir aux futures conditions climatiques.  Cela étant, une grande question se pose aux décideurs publics : quand faut-il engager des ressources financières et autres pour aider les collectivités et mettre en œuvre des stratégies d’adaptation pour nos industries agricole et forestière.  

Le Comité est d’accord qu’il vaut mieux planifier l’adaptation que de laisser les collectivités trouver elles-mêmes les moyens de se tirer d’affaire.  Une stratégie recommandée serait de stimuler la recherche sur le changement climatique, d’explorer des options d’adaptation concrètes et de mettre en œuvre un certain nombre de politiques et de mesures «sans regret», c'est-à-dire capables d’améliorer notre résistance au changement climatique tout en procurant des avantages sociaux nets peu importe que le climat change ou non.  Il pourrait s’agir, par exemple, d’élaborer de meilleurs outils de gestion des risques en agriculture, de conserver les zones protégées (corridors nord-sud) et d’augmenter la capacité d’épuration des eaux usées.  

L’élaboration de stratégies d’adaptation exige la collaboration de toutes les parties prenantes, des niveaux de gouvernement, des industries et des chercheurs. Le cadre d’adaptation national issu de la réunion des ministres de l’Environnement fédéral et provinciaux de mai 2002 constitue un bon point de départ aux initiatives de collaboration. Ce chapitre présente et examine trois sphères d’action proactive en matière de changement climatique : la recherche, la communication et les programmes publics.  

A. Recherche  

«Le Canada compte certains des meilleurs chercheurs au monde en climatologie […] il est indéniable que les meilleurs scientifiques du monde se trouvent ici, au Canada.»

M. Steve Lonergan, Université de Victoria[10]

«Étant donné nos incertitudes incroyables, nous avons énormément besoin de connaissances approfondies, et je dirais que la façon d'y arriver consiste à accroître la capacité de recherche. Nous avons désespérément besoin de ces nouvelles connaissances qui doivent être axées sur l'avenir. »

M. Peter N. Duinker, gestionnaire, région de l'Atlantique,

Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l'adaptation[11]

Dès le début de cette étude, il est devenu évident que la recherche sur les impacts et l’adaptation en matière de changement climatique en est à ses balbutiements.  Le Comité est impressionné toutefois par la qualité des recherches menées chez nous.  À l’échelle internationale, le Canada est reconnu comme un leader sur le plan de l’adaptation au changement climatique et les chercheurs canadiens ont beaucoup contribué aux initiatives internationales en la matière. M. Barry Smit a été l'un des rédacteurs principaux de la section sur l'adaptation du troisième rapport d'évaluation du GIEC.  Le Canada est à l’avant-garde dans ce domaine et il doit le rester puisque notre pays qui ressent déjà certains effets, sera sans doute l’un de ceux qui subiront le plus les effets du changement climatique. 

Le changement climatique risque d’exercer une énorme influence – en bien ou en mal – sur l’avenir de nos collectivités rurales et sur d’importants secteurs de l’économie nationale.  Une meilleure compréhension est essentielle à notre capacité de préparation et d’adaptation.  La recherche sur le changement climatique a eu et conserve sa part de crédits publics dans le cadre du Fonds d’action pour le changement climatique et d’autres organismes; mais le gros de cet argent va à l’atténuation du changement climatique.  RNCan consacre environ 48 millions de dollars à son programme Impacts et Adaptation liés au changement climatique pour la période 1998-2006.  Sur ce montant, environ 8 millions de dollars ont été jusqu’ici affectés à la recherche.  Cependant, bien avant la négociation et l’adoption du protocole de Kyoto, le Service canadien des forêts de RNCan menait des recherches sur l’impact potentiel du changement climatique sur les forêts et sur l’adaptation aux changements déjà observés à la fin des années 1980.  Le ministère estime que le financement de base de la recherche a plus que doublé au cours des cinq dernières années, notamment par le truchement du Fonds d’action pour le changement climatique et du Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l’adaptation (C-CIARN).

Néanmoins, plusieurs témoins souhaitent qu’on accorde plus d’attention aux questions d’impact et d’adaptation.  Certains réclament un meilleur équilibre budgétaire entre atténuation et adaptation sans aller jusqu’à proposer d’affecter à l’adaptation une proportion donnée des crédits de changement climatique.  Il y a aussi d’autres contraintes.  Par exemple, les doyens de faculté de génie forestier d’un bout à l’autre du pays signalent que, bien plus que le manque de crédits de recherche, c’est le manque d’installations et, en particulier, de diplômés aptes à faire de la recherche qui devient un facteur limitatif.

Les témoins estiment que, si nous voulons aider les industries agricole et forestière, et les collectivités rurales à s’adapter au changement climatique et mener des recherches sur les stratégies d’adaptation, nous devons cibler nos crédits de recherche en ce sens.  Sinon, comme l’a dit M. Brklacich, «les mesures d'adaptation au changement climatique continueront à être la cinquième roue du carrosse».  Il semble évident à beaucoup de témoins que, sans ciblage des fonds, les chercheurs vont continuer de travailler dans des domaines où il existe déjà une capacité institutionnelle.  Si l’objectif est de mieux comprendre l’adaptation, il faut inciter les chercheurs à travailler là-dessus.

1. Nécessité d’une recherche intégrée

Il faut étudier le changement climatique de façon intégrée afin de comprendre les effets sociaux et économiques sur les collectivités et identifier des mesures d’adaptation efficaces.  Comme il a déjà été dit, le changement climatique va affecter les écosystèmes naturels, mais l’adaptation est un processus social.  Quand le changement climatique affecte une localité, il ne fera pas de distinction entre les divers éléments comme l’agriculture, l’eau, l’infrastructure, etc. Il va affecter les ressources qui définissent l’endroit, les interactions entre ces ressources et les comportements de la population humaine. Il ne faut pas examiner les impacts isolément; il faut également étudier les liens qui existent entre les enjeux et entre les intervenants (Encadré 12).  Les interactions entre ces trois piliers, environnement, économique et social, sont peu comprises et étudiées au Canada.

Les témoins conviennent qu’il est extrêmement difficile d’obtenir de l’argent pour des approches intégrées.  Selon M. Steve Lonergan de l’Université de Victoria, le Canada compte certains des meilleurs chercheurs au monde en climatologie, mais leur influence est diffuse faute d'efforts concertés pour les regrouper dans le cadre de travaux subventionnés de recherche intégrée.

2. Domaines de recherche

Pendant leurs discussions avec le Comité, les chercheurs et les groupes de l’industrie ont indiqué un certain nombre de domaines qu’il est essentiel de mieux étudier.  Cette section passe en revue les quatre sujets qui retiennent le plus l’attention des témoins : l’amélioration des modèles à l’échelle nationale ou régionale, l’étude des ressources en eau, des études plus détaillées des effets du changement climatique sur l’agriculture et les forêts, et une meilleure compréhension de la perception et des actions des agriculteurs et gestionnaires de la forêts vis à vis du changement climatique.  

Il y a d’abord la mise au point de modèles.  Selon les témoins, les modèles en usage ont une large résolution parce que seuls des modèles pour une analyse globale ont été développés et sont utilisés pour modéliser ce qui pourrait se produire localement.  Par exemple, ces modèles généraux ne prennent pas en compte des éléments comme les Grands Lacs et les montagnes Rocheuses.  Cependant, lorsqu’on diminue l’échelle des résultats pour examiner les effets du changement climatique dans un petit secteur, le niveau d’incertitude augmente.  S’il y avait ainsi un modèle développé spécifiquement pour l’Amérique du Nord, les projections sur ce qui pourrait arriver en Saskatchewan par exemple seraient plus précises.  Nous avons donc clairement besoin de données climatiques calibrées à une échelle spatiale utile pour l’agriculture et la foresterie.  M. Nigel Roulet de l’Université McGill estime nécessaire de réduire les incertitudes inhérentes aux modèles.  Selon lui, les spécialistes des sciences sociales devraient collaborer avec les chercheurs en modélisation climatique et en modélisation du carbone en vue d’évaluer les impacts socio-économiques et inclure des options d’adaptation dans leurs modèles.  

L’eau est le deuxième sujet d’intérêt pour la recherche.  Les changements dans la configuration des précipitations modifient l’offre d’eau tandis que les changements dans l’utilisation des sols et l’allongement des saisons de croissance influent sur la demande.  Ces facteurs réunis vont compliquer la gestion des eaux, d’où la nécessité d’augmenter la recherche intégrée sur les disponibilités en eau et la gestion de l’eau.  En outre, comme les conflits au sujet de l’utilisation de l’eau vont probablement se multiplier, M. Byrne (qui travaille avec le Water Institute for Semi-Arid Ecosystems) estime qu’il faudrait financer de façon indépendante la recherche intégrée de façon que les chercheurs puissent travailler sans craindre d’offenser tel ou tel groupe d’intérêts.  

La FCA et d’autres témoins recommandent que AAC lance une étude globale sur les effets du changement climatique sur l’agriculture canadienne.  Cette recherche donnerait aux agriculteurs une meilleure idée des cultures auxquelles ils pourront se livrer, des pratiques qu’ils devront employer et des insectes, des parasites ou des mauvaises herbes dont leurs cultures sont le plus susceptibles de souffrir.  Jusqu’à présent, de telles études ont été fragmentaires, limitées à quelques régions et à quelques cultures.  Une évaluation systématique permettrait de mieux comprendre les effets et les options d’adaptation qui s’offrent aux Canadiens.  

Il faudrait mener une étude sur les forêts.  L’Association des produits forestiers du Canada observe que l’industrie ne peut pas faire grand-chose tant que ne sera pas mieux compris l’impact probable sur les forêts.  Elle suggère de mettre au point un système de surveillance de l’évolution de nos forêts.  Les études devraient s’orienter sur les aspects techniques de l’adaptation et c’est surtout aux gouvernements et aux établissements de recherche comme les universités qu’il incombe de fournir cette information.  

Selon M. Christopher Bryant de l’Université de Montréal, il est impossible de comprendre pleinement l’adaptation si l’on étudie seulement les impacts du changement climatique et les aspects techniques de l’adaptation; c’est pourtant dans ces domaines où le Canada investit le plus.  Notre capacité de recherche s’emploie à évaluer la sensibilité des cultures aux changements climatiques alors qu’il faut beaucoup plus pour comprendre comment les producteurs peuvent s’adapter aux risques climatiques.  À l’heure actuelle, les connaissances sur l’adaptation sont lacunaires simplement parce qu’on ne cherche guère à comprendre ce que savent les agriculteurs et les collectivités rurales et les options d’adaptation qui s’offrent à eux.  M. Smit a énuméré un certain nombre de questions à étudier, par exemple, les vulnérabilités du secteur agroalimentaire, l’efficacité des stratégies de gestion des risques et la prise en compte des risques d’ordre climatique dans les pratiques de gestion.  L’étude de ces questions obligerait les chercheurs à apprendre de l’expérience des producteurs – y compris les propriétaires de boisés – au lieu de se limiter à modéliser les options d’adaptation dans leur laboratoires.  

En plus d’indiquer ces quatre pistes de recherche, le Comité souhaite préciser que la recherche sur le changement climatique ne doit pas se faire aux dépens de la recherche sur d’autres aspects de l’agriculture et de la foresterie.  En fait, une bonne partie de la recherche sur l’amélioration des cultures et des essences d’arbre, les pratiques de conservation des sols et des eaux comme la micro-irrigation et le rehaussement de la fertilité et les pratiques d’aménagement intensif des forêts, par exemple, génère de l’information qui peut servir à l’adaptation au changement climatique même si elle n’est pas menée précisément dans ce but.

3. Encouragement à la recherche

Tout en s’entendant sur la nécessité de mieux cibler les fonds en faveur de la recherche intégrée sur les impacts et l’adaptation, les témoins proposent quatre moyens fort différents de l’encourager : améliorer la capacité de recherche au sein des gouvernements, faciliter les partenariats entre institutions de recherche, visé la recherche dans les universités et créer un centre national de recherche sur le changement climatique.

Le gouvernement fédéral doit être un leader en matière de promotion de la recherche. Le Canada peut compter sur une grande diversité de compétences scientifiques, techniques et administratives, au niveau des fonctions publiques comme des universités, dans ses efforts pour s’attaquer aux problèmes environnementaux, sociaux et économiques sans doute les plus difficiles auxquels il ait jamais fait face – ceux qui tiennent au changement climatique et à l’accélération du réchauffement de la planète. Dans ce contexte, RNCan peut jouer un rôle décisif en prenant les devants en matière de changement climatique et d’adaptation à l’échelle nationale.  Il peut compter sur un grand nombre de scientifiques de classe internationale pour obtenir des informations et des connaissances utiles sur les multiples aspects de la question.  Son expertise s’étend aux sciences de la terre, à l’énergie, aux forêts, aux minéraux et aux métaux.  En tant que participants à la recherche sur le changement climatique, le Service canadien des forêts et d’autres secteurs de RNCan en collaboration avec tous les intervenants de l’industrie forestière peuvent contribuer à la recherche de moyens de profiter du changement climatique si possible et d’en réduire les effets si nécessaire.  

L’industrie forestière croit fermement que la recherche fondamentale sur l’impact du changement climatique sur les forêts canadiennes relève du gouvernement tandis que lui incombe davantage la recherche appliquée sur l’adaptation des techniques forestières.  Le Comité est d’accord jusqu’à un certain point avec elle là-dessus, mais il croit que l’industrie et le gouvernement doivent prendre une part active à la recherche sur l’évolution des écosystèmes compte tenu de leur rôle dans la planification à long terme des opérations forestières.  

Chose sûre, il reste de la recherche fondamentale à faire sur le changement climatique; et comme la recherche à long terme exige un engagement à long terme, certains témoins recommandent de renforcer la capacité scientifique de nos pouvoirs publics. Les gouvernements fédéral et provinciaux pourraient améliorer leur capacité de recherche en augmentant les ressources humaines et en finançant les activités permanentes (services votés) vouées aux impacts du changement climatique et à l’adaptation de l’agriculture et de l’industrie forestière.  

Une autre stratégie consisterait à faciliter les partenariats entre les établissements de recherche et de renforcer la capacité des universités à aider les industries et les collectivités rurales par la recherche sur l’adaptation. Il faudrait encourager les conseils subventionnaires nationaux et les fonds gouvernementaux spéciaux comme le Fonds d’action pour le changement climatique à augmenter leur aide financière à la recherche intégrée sur les vulnérabilités et l’adaptation au changement climatique en agriculture et en foresterie.  

Le Water Institute for Semi-arid Ecosystems (WISE) de Lethbridge offre un exemple de partenariat entre des organisations fédérales, provinciales, universitaires et privées, dont l’Université de Lethbridge, AAC, Alberta Environment et la Alberta Irrigation Projects Association.  Le WISE réunit des chercheurs dans le cadre de recherches stratégiques et pluridisciplinaires.  Le Semi-arid Systems Research Collaborative est un réseau de chercheurs de diverses disciplines oeuvrant dans sept universités et les grands centres de recherche provinciaux et fédéraux des quatre provinces de l’Ouest.  Il constitue un centre virtuel de coordination de l’expertise de plusieurs organismes de recherche. Des investissements stratégiques dans de tels partenariats sont également proposés pour le changement climatique; un Réseau de centres d’excellence sur le changement climatique, par exemple, favoriserait la collaboration et la recherche intégrée.  

M. Peter Duinker, professeur de l’Université Dalhousie et gestionnaire de C-CIARN Atlantique, propose la création de chaires financées dont la charge d’enseignement serait faible et l’obligation de recherche élevée en vue d’attirer les meilleurs chercheurs dans le domaine de l’adaptation climatique.  Il propose aussi l’établissement de bourses de recherche pour étudiants diplômés en vue de rendre les professeurs d’un bout à l’autre du Canada mieux à même de mener des recherches sur les impacts et l’adaptation.  Selon lui, l’établissement d’une chaire de recherche financée et de quatre ou cinq bourses de recherche dans chacune des six régions du C‑CIARN coûterait seulement 1,8 million de dollars par an – un minimum de 200 000 $ par chaire et 20 000 $ à 25 000 $ par bourse d’étudiant.  Cette initiative créerait un important réseau et stimulerait la recherche tant nécessaire sur les impacts et l’adaptation.  

D’autres témoins estiment que le rassemblement d’un grand nombre de personnes sous un même toit engendre des synergies fructueuses.  Parlant d’expérience, M. James Byrne de l’Université de Lethbridge a observé que des collègues travaillant dans la même ville depuis plusieurs années ont beau s’intéresser tous au changement climatique, ils n’ont pas l’occasion de travailler ensemble parce qu’ils sont trop absorbés par leurs autres responsabilités.  M. Ned Djilali convient que le financement actuel ne tient pas compte de la notion de masse critique et que la dispersion des ressources est moins efficace puisqu’elle entraîne des dépenses beaucoup plus élevées.  M. Weaver a fait remarquer que les avancées scientifiques se produisent souvent à la suite de rapprochements qui se font spontanément lorsque des chercheurs se trouvent au même endroit en même temps.  Il suggère la création d’un institut national où des chercheurs de diverses disciplines travailleraient sur le changement climatique de manière intégrée.  Le Hadley Centre for Climate Prediction and Research, le principal centre de recherche britannique sur le changement climatique, a été cité plusieurs fois pour la qualité de sa recherche.  Interrogés sur les raisons de ce succès, des responsables de ce Centre ont invoqué deux facteurs : le regroupement de nombreux spécialistes de divers domaines sous un même toit et la stabilité du financement gouvernemental.  Dans d’autres pays, ont-ils fait remarquer, il y a souvent plus d’un centre et l’expertise doit souvent être importée d’autres établissements.  

Il existe diverses approches, mais le Comité estime qu’elles sont complémentaires.  Un organisme centralisé pourrait mener des recherches sur les modèles et les effets biophysiques en collaboration avec AAC et le Service canadien des forêts ou des établissements de recherche comme WISE.  Cette approche apporterait une focalisation nationale au changement climatique et permettrait la conduite d’études d’envergure nationale sur l’agriculture, les forêts et les ressources en eau.  En revanche, les stratégies d’adaptation varient selon les conditions locales.  Par conséquent, la recherche sur l’adaptation pourrait être confiée surtout à des chaires ou à des réseaux régionaux.  Le Comité souhaite également souligner que la stabilité de financement est essentielle à la génération de connaissances à long terme efficaces et pertinentes.

Résumé  

Davantage de recherche sur les impacts et l’adaptation va améliorer notre compréhension sur les conséquences biophysiques et économiques du changement climatique; sur la vulnérabilité de l’agriculture, des forêts et des collectivités rurales; sur les stratégies d’adaptation gagnantes, notamment au niveau local.  Bien que l’accroissement des budgets de recherche fasse partie de la solution pour encourager la recherche, il faut aussi solidifier notre capacité de recherche.

B. Communication 

«Je tiens à souligner que l'adaptation ne se résume pas à la seule prestation de données scientifiques exactes. On doit aussi mobiliser les intervenants. L'adaptation est une affaire de sensibilisation et de compréhension. C'est une affaire de volonté politique, et je ne vise pas uniquement les niveaux fédéral et provinciaux. Les administrations municipales doivent elles aussi se mettre de la partie.»

M. David Pearson, président, région de l'Ontario,

Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l'adaptation[12]

Suivant une étude publiée par AAC en mars 2003, un tiers des producteurs agricoles croient qu’ils n’ont pas à se préoccuper du changement climatique.  Une proportion légèrement plus petite (30 p. 100) croit que le changement climatique aura un effet positif tandis que 26 p. 100 croient que l’impact global sera négatif.  M. Jean-Louis Daigle du Centre de conservation des sols et de l'eau de l'est du Canada note que la situation a évolué ces dernières années et que les agriculteurs sont plus nombreux à vouloir entendre parler d’adaptation.  Étant donné l’importance d’autres questions immédiates comme les prix, les contrats et la protection du revenu agricole, on peut comprendre que les effets à long terme du changement climatique ne soient pas actuellement une priorité pour les agriculteurs.  Beaucoup d’entre eux, cependant, intègrent déjà différentes stratégies dans leurs pratiques agricoles souvent par suite des sécheresses ou des pluies dévastatrices qu’ils connaissent depuis deux ou trois ans.

L’industrie forestière a réagi au changement climatique très tôt.  Ses émissions de GES sont actuellement inférieures de 26 p. 100 au niveau de 1990 alors que sa production a augmenté de 20 p. 100.  D’autre part, bien qu’elle reconnaisse l’importance de l’impact potentiel du changement climatique sur elle et les collectivités forestières, l’industrie a adopté une attitude attentiste en soutenant que personne ne sait au juste ce qui va arriver. M. Dan Smith, professeur au laboratoire de dendroclimatologie de l’Université de Victoria, a déclaré que l’industrie forestière du nord de l’île de Vancouver prévoit des cycles de rotation des récoltes de 500 ans; cependant, elle ne prend pas en compte les changements climatiques susceptibles de se produire et suppose que les conditions resteront les mêmes.

Comme l’information scientifique est intrinsèquement complexe, il a souvent été question de sa diffusion dans toutes les audiences publiques.  Comment transmettre l’information aux agriculteurs, à l’industrie forestière et aux collectivités rurales afin qu’ils puissent prendre les mesures d’adaptation qui s’imposent?  Étant donné que les effets à long terme du changement climatique ne sont pas actuellement une priorité, toute stratégie de communication devra traiter du moment où intervenir et du genre de message à transmettre à tel ou tel moment.

1. Un message clair au bon moment

Comme il subsiste des incertitudes quant aux effets précis du changement climatique à une échelle qui puisse interpeller les agriculteurs et les exploitants forestiers, le message qu’il faut livrer, c’est que le changement climatique est réel et qu’il y aura vraisemblablement des impacts.  Pour celui qui n’est pas climatologue, il est très déroutant d’entendre dire un jour que le changement climatique est réel et le lendemain qu’il ne l’est pas.  Il faudrait d’abord transmettre un message cohérent qui fait ressortir les avantages et les risques susceptibles de résulter du changement climatique.  Par exemple, l’objectif de l’étude du Comité est de faire prendre conscience aux gens que le changement climatique risque d’affecter sensiblement le Canada rural.  Le Comité ne veut pas sensationnaliser la question ni effrayer inutilement le public; néanmoins, nous aurions tort d’ignorer ce que nous ont dit clairement les témoins, à savoir que le Canada va probablement connaître à brève échéance des changements beaucoup plus grands que ceux qu’il a connus au cours des cent dernières années.  Il est légitime de se préoccuper de l’avenir.

À mesure que la collectivité des chercheurs éclaircira la question, le message pourra véhiculer une information plus concrète permettant d’étayer les décisions d’entreprise au Canada rural.  En prenant le secteur agricole comme exemple, M. Mendelsohn de l’Université Yale propose de publier des prévisions climatiques à long terme révisées à tous les dix ans, c'est-à-dire que les chercheurs dresseraient, à tous les dix ans, un portrait de ce que sera le climat canadien au cours d’une période donnée et de rapporter cette information aux opportunités et aux risques de l’agriculture.  À cette fin, nous pourrions constamment mettre à jour nos connaissances et l’information qui est diffusée.  Par exemple, comme il est difficile aujourd’hui de prédire convenablement ce que le secteur agricole devrait faire en 2050, il serait peut-être plus utile de faire ces prédictions en 2030 ou 2040.  En outre, les agriculteurs sont habitués à composer avec l’incertitude.  Ils ne peuvent pas être sûrs des conditions qui prévaudront dans la prochaine saison de croissance et encore moins dans plusieurs décennies; ils ne peuvent pas non plus prédire les prix, les politiques commerciales ni la demande.  Néanmoins, ils doivent prendre des décisions et faire des investissements en fonction de variables inconnues.  L’incertitude climatique fait partie des risques qu’ils doivent gérer.

2. Une stratégie de communication nationale

Bien que des scientifiques de l’Université de Guelph et de l’Université de la Saskatchewan soient parvenus à partager leurs résultats avec l’industrie agricole, les chercheurs reconnaissent que la communication avec le public intervient en général après la recherche et l’enseignement.  Contrairement aux universités américaines dotées de concessions de terre, les universités canadiennes n’ont pas de personnel de vulgarisation.

M. Burton rattache le manque de sensibilisation de la collectivité agricole aux effets du changement climatique à la capacité limitée des services de vulgarisation agricole au niveau des provinces. La capacité des services de vulgarisation agricole à renseigner les exploitations agricoles et les producteurs s’est gravement rétrécie au cours des 20 à 30 dernières années.  Au Centre de conservation des sols et de l'eau de l'est du Canada, par exemple, il n’y a que quatre personnes chargées de communiquer avec les organisations de producteurs.  Dans l’industrie forestière, l’Association canadienne des propriétaires de boisés note que, depuis l’élimination des ententes forestières fédérales-provinciales au milieu des années 1990, la plupart des provinces ont réduit ou annulé leur personnel de vulgarisation forestière.  Certaines ont rétabli entièrement ou partiellement les programmes, mais pas toutes.

Certains témoins proposent les stratégies suivantes pour assurer des communications efficaces entre les chercheurs et les intervenants :

·        établissement de groupes de vulgarisation qui vont contribuer à maintenir l’implication des chercheurs;

·        augmentation du nombre des forums de discussion au sujet des défis que pose le changement climatique à l’intention des agriculteurs et des exploitants forestiers; et

·        affectation de plus de ressources aux programmes d’éducation et de conscientisation.

Les services de vulgarisation agricole et forestier répondent aux besoins de l’industrie, mais il faut aussi examiner le rayonnement en direction des collectivités rurales.  Comme de nombreux témoins, le Comité croit que, dans le cas du changement climatique, la responsabilité incombe en définitive aux collectivités.  Ceux qui devront vivre et composer avec les effets du changement climatique, comme les conseillers municipaux, les agriculteurs et les exploitants forestiers, participent rarement à des discussions avec les chercheurs.  En outre, beaucoup de projets de recherche ne présentent pas un intérêt immédiat pour eux.

S’il va de soi que l’information doit descendre des chercheurs vers les industries et les collectivités, le Comité estime également important que les chercheurs se mettent à l’écoute des producteurs et de la population rurale. La collectivité des chercheurs pourra ainsi incorporer des connaissances plus complètes dans l’étude de questions comme la façon dont les agriculteurs gèrent actuellement les risques ou la façon dont les collectivités prennent leurs décisions en matière de gestion de l’eau. Cette circulation des renseignements et des connaissances dans les deux sens assure à la recherche sur l’adaptation un meilleur enracinement dans les contextes locaux.

Le Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l'adaptation (C-CIARN) a pour objectif, entre autres, de rassembler les décideurs de l’industrie, des collectivités et des organisations non gouvernementales. En novembre 2002, le C-CIARN Ontario a organisé un grand atelier axé sur les collectivités.  L’atelier portait sur les impacts et le potentiel d’adaptation sous quatre rapports : la santé de l’écosystème, la santé humaine, les ressources en eau et l’infrastructure.  Sur les cent participants, environ 25 p. 100 étaient des fonctionnaires municipaux et les autres des représentants d’organisations non gouvernementales et des chercheurs du monde universitaire et du secteur public.  Le C‑CIARN Forêts a organisé en mars 2003 à Prince George, en Colombie-Britannique, un atelier où étaient représentés de petites collectivités ainsi que des groupes environnementaux, l’industrie forestière, les Premières Nations, des consultants, des gouvernements provinciaux et territoriaux, des organismes de recherche et le Service canadien des forêts.

Comme le C-CIARN est une entité relativement nouvelle, il ne s’agit là que d’un début, mais ce sont les discussions de ce genre qu’il faut encourager entre les chercheurs et les intervenants. M. Peter Johnson du C-CIARN Nord estime également que nous devons trouver des moyens plus efficaces de développer nos liens et de dialoguer avec les collectivités rurales, surtout dans le Nord, où il faut faire partie de la collectivité pendant un certain temps avant de la comprendre.

La diminution des services de vulgarisation agricole et forestier et le défi que pose l’intervention dans les collectivités rurales font ressortir clairement le besoin d’une stratégie nationale de communication et de rayonnement axée sur les collectivités rurales et leur économie, y compris l’agriculture et la foresterie.  Cette stratégie va grandement aider les collectivités rurales, les agriculteurs et les exploitants forestiers à préparer leur adaptation au changement climatique.

Le Comité craint qu’un seul plan monolithique ne suffise pas à atteindre les collectivités rurales.  M. Bryant recommande plutôt un processus dans le cadre duquel les gens travaillent dans les collectivités, interagissent avec les agriculteurs, les propriétaires de boisés et les fonctionnaires municipaux et les rassemblent en petits groupes.  Pour y arriver, il faudrait revitaliser les groupes de vulgarisation agricoles et forestiers, et se servir des différents réseaux de la collectivité agricole aux niveaux provincial et local. 

Les groupes régionaux, y compris les organisations de producteurs, les clubs agro-environnementaux au Québec, les groupes de conservation des sols (comme le Centre de conservation des sols et de l'eau de l'est du Canada), l’Administration du rétablissement agricole des Prairies, entre autres, ont tous des réseaux.  Si les membres clés de ces réseaux croient à l’importance et à la pertinence de certaines idées ou informations, il leur est alors relativement facile de les communiquer à un large segment de la population rurale.  Il importe également d’avoir plus d’un point d’entrée dans une région parce qu’il arrive que certaines organisations se concentrent davantage sur certains secteurs à certains moments ou que les agriculteurs appartiennent à des organisations qui ne partagent pas leurs préoccupations.  Comme l’a déclaré M. Bryant, il y a sur le terrain une abondance énorme de ressources dont nous pourrions nous servir pour mieux communiquer avec la collectivité agricole.  En comprenant et en utilisant bien les divers réseaux d’une région, on peut diffuser assez rapidement l’information parmi les agriculteurs.

Quant au message, il doit fournir une orientation aux diverses organisations.  Pour cela, il peut devoir insister non seulement sur l’importance du changement climatique, mais sur la nécessité pour les agriculteurs et d’autres décideurs de lancer des processus de planification stratégique en prévision de l’incertitude et du changement. 

En plus de ces mécanismes de communication, les canadiens vivant en milieu rural doivent avoir la capacité d’aller chercher eux-même l’information.  L’utilisation de l’Internet est de plus en plus répandu en milieu rural mais et infrastructure de télécommunication ne sont pas toujours adéquates (lignes partagées, accès à l’Internet par lignes téléphoniques seulement, etc.).  L’accès aux technologies à large bande est donc essentiel dans les collectivités.  Le Comité tient à rappeler la recommandation suivant qu’il a faite au gouvernement en 2002 :

Que le gouvernement s'associe à des entreprises privées pour garantir que la totalité des Canadiens auront accès à des services Internet à haute vitesse en s'inspirant d'un plan comme celui de Supernet, en Alberta, et en branchant tous les établissements publics. [13]


En outre, le Comité tient à rappeler combien il importe de sensibiliser le public urbain aux contributions économiques et sociales du Canada rural au-delà de la production de nourriture et de bois.  Un volet de la stratégie nationale doit donc cibler le Canada urbain.  Les incidences sur la collectivité agricole et le Canada rural vont se répercuter sur tous les Canadiens.  Par exemple, il s’exercera des pressions accrues sur les ressources en eau; et le Comité ne veut pas que le Canada rural soit laissé pour compte au moment où les décideurs tranchent la question de savoir qui a des droits légitimes sur l’eau.  Il est essentiel que le reste du pays reconnaisse l’importance de l’adaptation au Canada rural.

Résumé  

À cause de la complexité des enjeux pour la collectivité rurale, la communication va être un élément clé pour l’adaptation au changement climatique.  En matière d’adaptation il vaut mieux planifier plutôt que de réagir aux changements, un plan de communication va par conséquent faire prendre conscience au milieu rural que le changement climatique est un phénomène réel qui nécessite une réflexion immédiate pour identifier nos faiblesses et améliorer nos moyens d’adaptation.  La stratégie de communication devrait reposer sur une revitalisation des services de vulgarisation agricole et forestier et sur les réseaux actuels des collectivités afin de s’assurer que l’information circule partout.  L’accès aux technologies à large bande est également essentiel pour permettre aux Canadiens qui vivent dans les collectivités rurales d’aller chercher l’information par eux même. 

C. Politiques et programmes gouvernementaux

«Pour ce qui est de l'adaptation, nous nous rendons compte qu'il se pourrait bien que nous ne puissions qu'être conscients de la possibilité que cela se produise. »

M. Brian Stocks, Chercheur scientifique principal,  
Feux de forêt et changements à l'échelle du globe,

Ressources naturelles Canada[14]

Les politiques et les programmes gouvernementaux comme la protection du revenu agricole, les crédits d’impôt et les règlements sur les assurances influent grandement sur les pratiques agricoles et forestières et sur la façon dont ces secteurs réagissent aux diverses pressions ou situations.  C’est donc un domaine qu’il faut examiner de près.  Les politiques gouvernementales devraient avoir pour objectif général d’encourager l’adoption de stratégies d’adaptation au changement climatique ou à tout le moins éviter d’empêcher l’adoption de ces stratégies.

1. Programmes conçus expressément pour encourager l’adaptation

Les économistes qui ont comparu devant le Comité ont recommandé que le gouvernement mette en place un cadre qui permette aux agriculteurs et aux exploitants forestiers de répondre aux signaux.  Dans l’industrie agricole, il s’agirait de permettre aux agriculteurs de faire les ajustements qu’ils estiment nécessaires et, à mesure qu’ils voient le climat changer, leur permettre d’apporter à leurs opérations les changements nécessaires.  Dans l’industrie forestière, il s’agirait de faire en sorte que les accords de concession ne soient pas rédigés en termes à ce point rigides que, si les conditions devaient changer, les concessionnaires ne pourraient pas modifier leurs pratiques.  D’autres témoins estiment que, pour s’adapter de façon proactive au changement climatique, les industries agricole et forestière ont besoin d’incitatifs à long terme qui puissent contrebalancer les incitatifs à court terme que procurent les marchés concurrentiels.  En outre, les industries seraient ainsi sensibilisées aux avantages de l’adaptation planifiée.

Le Comité a entendu déclarer que RNCan et Environnement Canada sont chargés au premier chef de concevoir les mesures et les programmes à l’appui des buts et des objectifs de la gestion du changement climatique.  RNCan croit cependant qu’il serait prématuré de mettre en œuvre des incitatifs ou des règlements fondés sur l’état actuel de nos connaissances.  Il affirme ne pas encore avoir terminé la recherche nécessaire pour élaborer des mesures propres à aider le secteur de l’exploitation des ressources naturelles à s’adapter au changement climatique tels que incitatifs, mesures fiscales à long terme ou investissements dans l’innovation axée sur l’adaptation.  Dès que les résultats de recherche commenceront à indiquer où des mesures d’adaptation peuvent être nécessaires, le gouvernement examinera l’opportunité de prendre des mesures comme règlements à base d’incitatifs visant à aider les secteurs forestier et agricole à s’adapter. Pour ces deux secteurs, le gouvernement fédéral devra travailler en étroite collaboration avec les provinces à l’élaboration de ces mesures.

2. Prise en compte du changement climatique dans les politiques et les programmes existants 

Les programmes gouvernementaux comme l’assurance-récolte influent déjà sur l’adaptation des producteurs.  Les politiques en vigueur peuvent, en fait, entraver ou encourager les efforts d’adaptation. Par exemple, l’assurance favorise certains comportements. Pendant sa dernière tournée dans l’Ouest canadien, le Comité a appris que des agriculteurs dans certaines régions fondaient leurs décisions culturales sur ce qu’ils peuvent attendre de l’assurance-récolte.  En revanche, l’assurance-récolte est un moyen populaire d’atténuer certains problèmes associés à la variabilité du climat.  M. Barry Smit propose d’accorder une grande priorité à l’examen des risques du changement climatique dans les programmes existants. Ces mesures appartiendraient à la catégorie des mesures «sans regret», c'est-à-dire des mesures qui procurent des avantages peu importe que le climat change ou non.  

Quant aux programmes de protection du revenu agricole, M. Cecil Nagy de l’Université de la Saskatchewan estime qu’il est difficile à l’heure actuelle de savoir s’ils pourront s’adapter aux problèmes du changement climatique à long terme. Il faut répondre à des questions comme les suivantes:

·      Ces programmes encourageront-ils les agriculteurs à adopter les options d’adaptation?

·      Ces programmes vont-ils entraver ou appuyer les agriculteurs dans l’adoption des options d’adaptation?

·      En termes de financement à long terme, les programmes actuels sont-ils conçus pour relever le défi que pose le changement climatique?

·      Ces programmes peuvent-ils être adaptés à l’évolution des conditions?

Pour illustrer ce point, M. Nagy a pris l’exemple des nouvelles cultures.  Si une culture n’est plus viable dans une région, il importe de déterminer si les agriculteurs seront autorisés à en changer sans perdre les avantages de leurs programmes actuels.  Il faudrait donc envisager un mécanisme qui permette de désigner des nouvelles cultures comme appropriées à une région et de les ajouter à la couverture de l’assurance-récolte.

L’élaboration par AAC du Cadre stratégique pour l’agriculture (CSA) offre une excellente occasion d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans la politique agricole canadienne.  Par l’assurance-production, le nouveau Compte de stabilisation du revenu agricole et les désignations pour le report de l’impôt[15], le CSA offre des options de gestion des risques de l’entreprise.  Le volet «renouveau» du CSA traitera de formation et d’aide à l’adaptation aux changements.  Comme les détails du CSA ne sont toujours pas connus au moment de la présente étude, les témoins ne pouvaient pas dire dans quelle mesure le CSA traite de l’adaptation au changement climatique.

Concernant le secteur forestier, M. John Innes de l’Université de la Colombie-Britannique estime que la réglementation provinciale empêche certaines mesures d’adaptation au changement climatique.  Le règlement sur le transfert de semences, par exemple, détermine l’endroit où peuvent être plantées les semences provenant d’une région.  Une semence plantée près de Prince George doit provenir des environs et non de régions beaucoup plus au sud.  M. Innes a déclaré que le règlement avait été assoupli un peu compte tenu de la question du changement climatique, mais qu’il devait l’être davantage.

La Colombie-Britannique est en train de préparer une nouvelle loi sur les forêts.  Certains témoins doutent de l’aptitude de la province à apporter des modifications permettant l’adaptation aux futures conditions climatiques parce que ceux qui élaborent les politiques ne sont peut-être pas au courant de bon nombre des dimensions du changement climatique.  Selon le C‑CIARN Forêts, il faut encourager les provinces et les territoires à élaborer une loi et une politique sur la gestion forestière qui tiennent compte de la réalité du changement climatique et à créer un cadre et une culture à l’intérieur desquels l’adaptation au changement climatique est possible et encouragée.  

En plus du cadre législatif des pratiques d’aménagement forestier durable, les marchés exercent une influence croissante sur la gestion forestière par les appels à la certification des forêts.  Selon le C-CIARN Forêts, il faudrait que les normes d’homologation des produits forestiers écologiques incorporent l’adaptation au changement climatique pour conserver leur pertinence et rester assez souples pour admettre les stratégies d’adaptation à la réalité du changement climatique.  Il faut donc encourager les organismes nationaux de certification des forêts à inclure l’adaptation au changement climatique parmi les objectifs qui président à l’élaboration des normes.

Le Comité souhaite souligner plusieurs autres domaines où des politiques «sans regret» pourraient être adoptées :

·      À l’occasion de la réorganisation de ses activités, le Service météorologique du Canada devrait envisager de couvrir le territoire canadien d’un réseau de stations météorologiques.  La mise en place de systèmes de surveillance du climat et de prévision météorologique constitue notre première ligne de défense contre les effets possibles du changement climatique.

·      Alors qu’elles devront fournir une bonne partie des efforts d’adaptation, les municipalités n’ont peut-être pas encore les moyens.  Il faudra s’assurer qu’elles sont en mesure d’augmenter la résistance de leurs infrastructures dans les domaines susceptibles d’être affectés par le changement climatique comme l’épuration des eaux usées.

·      Le changement climatique pourrait également être pris en compte dans la création et la gestion des zones protégées. Le Sierra Club du Canada propose la création de corridors nord-sud le long desquels les espèces peuvent migrer vers de nouveaux habitats.

Ces mesures d’adaptation au changement climatique visent d’autres objectifs.  Un mécanisme permettant l’inclusion rapide de nouvelles cultures dans les programmes d’assurance-récolte est une mesure d’adaptation au changement climatique, mais il s’appliquerait aussi aux nouvelles cultures issues de la recherche ─ indépendamment des nouvelles conditions climatiques.  La création de corridors nord-sud protégés permettrait au Canada de parachever un réseau représentatif de zones protégées.  En regardant systématiquement nos politiques dans l’optique du changement climatique, nous rendrons nos industries, nos écosystèmes et nos collectivités moins vulnérables aux changements climatiques tout en les aidant à s’adapter à d’autres pressions.

Résumé 

Les programmes et politiques publics ne doivent pas entraver la possibilité pour les entreprises d’utiliser les stratégies d’adaptation disponibles.  Lorsque nécessaire les facteurs relatifs au changement climatique doivent intégrer aux programmes et politiques gouvernementaux.  Ainsi, les programmes publics portant sur le filet de sécurité du revenu agricole, ceux sur le reboisement et les politiques sur l’eau et les espaces protégés, devront être développés pour permettre de faire face aux risques associés au changement climatique.  Les programmes actuels et futurs devraient faire l’objet d’un examen méthodique afin de s’assurer que les élément relatifs à ce type de risques y sont intégrés.


CHAPITRE 9:

CONCLUSION – QUELQUES LEÇONS

« Le changement climatique est en définitive un enjeu social et pas un enjeu scientifique; il doit par conséquent occuper une place importante dans la politique gouvernementale. Nous avons créé le problème, ou du moins accru la cadence, du changement climatique et nous devons maintenant faire face à ses répercussions. »

            M. Dave Sauchyn, coordonnateur, C-CIARN Prairies.[16]

Le changement climatique aura des répercussions sur la vie des Canadiens et influera de façon sensible sur le Canada rural, à la fois favorablement et défavorablement.  Il existe maintenant suffisamment de preuves qui indiquent que la tendance au réchauffement de la planète observée au cours du siècle dernier est causée par l’activité humaine, notamment par les industries qui rejettent des gaz à effet de serre tels que le CO2 dans l’atmosphère.  Il est vraisemblable que cette tendance se maintiendra à un rythme sans précédent dans l’histoire de l’humanité.  Le réchauffement global de la planète aura une incidence au niveau régional sur les températures, la configuration des précipitations et des vents, et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes.

Le Protocole de Kyoto est actuellement le seul instrument politique international qui pourrait permettre d’attenuer le changement climatique.  Dans la mesure où ce changement touche la planète entière, la coordination internationale est nécessaire, mais à lui seul, le Protocole de Kyoto ne permettra pas de freiner et encore moins de renverser la tendance au réchauffement planétaire.  Les moyens nécessaires pour stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui préviendra les conséquences dangereuses pour l’humanité impliquent des mesures qui dépassent de beaucoup celles qui seront mises en œuvre pour respecter les exigences du Protocole de Kyoto.  Une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre passe obligatoirement par une transition des combustibles riches en carbone vers des combustibles pauvres en carbone tels que l’hydrogène, un processus que l’on appelle la « décarbonisation » des systèmes énergétiques.  Il ne faut pas oublier que l’atténuation de la tendance au réchauffement est inséparable de l’adaptation aux effets du changement climatique.  Pendant que les systèmes énergétiques suivront le processus de « décarbonisation » et que le climat s’ajustera en fonction de niveaux moindres de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous devrons de notre côté nous adapter à de nouvelles conditions climatiques. 

Les pays de la zone circumpolaire comme le Canada seront particulièrement vulnérables, puisque l’effet de réchauffement sera plus prononcé dans les régions situées à des latitudes élevées.  De fait, certains effets se font déjà sentir dans les régions nordiques du pays.  Il est donc important que le Canada développe sa propre expertise, car il ne pourra pas tirer profit de l’expérience des pays situés plus au sud comme les États-Unis.  Ces pays observeront plutôt avec intérêt les mesures prises par le Canada pour s’adapter, parce qu’ils seront plus tard eux-mêmes appelés à s’adapter aux effets du réchauffement. 

Bien que des saisons de croissance plus longues et des températures plus élevées puissent avoir pour effet d’augmenter la productivité de l’agriculture et des forêts canadiennes, les répercussions de la disponibilité des ressources hydriques, des méfaits des ravageurs et d’une plus grande variabilité du climat pourraient en revanche annuler voire dépasser ces avantages.  Chaque région du pays subira des effets différents et, alors que certaines en tireront des avantages, d’autres pourront subir des pertes.  L’agriculture et l’industrie forestière canadiennes sont tributaires des marchés mondiaux, et le changement climatique n’épargnera pas les autres acteurs sur ces marchés.  Comme de nombreux prix sont déterminés sur les marchés mondiaux, les conséquences économiques pour ces deux secteurs dépendront du rapport entre la productivité canadienne et celle du reste du monde.  En définitive, c’est la manière dont les agriculteurs, les entreprises forestières, les collectivités rurales et les canadiens vivant dans les zones urbaines vont réagir et s’adapter qui déterminera l’impact réel du changement climatique. 

Les agriculteurs canadiens font déjà preuve d’innovation et s’adaptent à de nombreux facteurs tels que la variabilité des conditions météorologiques, l’évolution des politiques commerciales, les fluctuations des prix des produits agricoles, etc.  Les agriculteurs de l’Ouest Canadien adoptent ou généralisent certaines pratiques comme le semis direct (sans travail du sol) dans le but de protéger la couche arable en période de sécheresse, de garder l’humidité dans le sol et de réduire la quantité de gaz à effet de serre rejetée dans l’atmosphère.  Cependant, ils s’inquiètent moins du changement des conditions climatiques moyennes que de l’augmentation appréhendée de la variabilité des conditions météorologiques, car il est plus difficile de s’adapter à une telle variabilité.  Certains phénomènes récents – tels que la sécheresse de 2001, dont toutes les provinces ont ressenti les conséquences – ont forcé les secteurs de l’agriculture et de l’industrie forestière ainsi que les collectivités rurales à prendre conscience de leur vulnérabilité et du fait qu’ils doivent commencer à s’adapter à de nouvelles conditions climatiques. 

Les ressources hydriques seront un point névralgique de ce processus d’adaptation.  Le changement climatique, par l’intermédiaire de régimes de précipitation différents, aura des répercussions sur la disponibilité de l’eau.  Alors que certaines mesures d’adaptation pourraient permettre de surmonter de possibles pénuries, d’autres, telles que l’irrigation, auront un effet direct sur la demande d’eau.  L’eau touche toutes les industries du Canada rural – l’agriculture, la foresterie, les pêches, le tourisme – et ces industries feront concurrence aux zones urbaines pour obtenir cette ressource.  Plus que pour toute autre ressource, les solutions aux problèmes liés à l’eau devront faire intervenir toutes les couches et tous les secteurs de la société.

Il est encore trop tôt pour voir clairement quelles mesures d’adaptation seront efficaces.  S’il est vrai que celles qui le seront devront être ajustées aux réalités locales, nous ne connaissons pas encore le changement climatique avec suffisamment de précision pour comprendre ses effets au niveau local.  Il existe cependant des domaines où l’action gouvernementale est possible:

·        La recherche : Le fait d’accroître l’effort de recherche sur l’incidence du changement climatique et l’adaptation qu’il nous imposera améliorera notre compréhension de ses effets biophysiques et économiques, des vulnérabilités de l’agriculture, de l’exploitation forestière et des collectivités rurales, et des stratégies d’adaptation qu’il conviendra d’adopter.

·        La communication : Une stratégie nationale de communication est indispensable pour amener le Canada rural à prendre davantage conscience de la réalité du changement climatique et de la nécessité de commencer à penser à nos vulnérabilités et aux moyens de renforcer notre capacité d’adaptation.  La stratégie de communication devra faire usage de services de vulgarisation agricole et forestier améliorés et des réseaux qui existent déjà au sein des collectivités rurales et du milieu agricole pour favoriser une diffusion efficace de l’information. 

·        Les politiques gouvernementales : Il est important que les politiques et programmes gouvernementaux n’empêchent pas les industries et la collectivité d’adopter les mesures d’adaptation qui sont ou seront disponibles.  Les considérations d’ordre climatique doivent figurer dans ces politiques et programmes lorsqu’il y a lieu.  Les politiques publiques – le filet de sécurité du revenu agricole, les programmes de plantation d’arbres, les politiques de l’eau et des zones protégées, pour ne nommer que celles-là – devront être conçues pour nous permettre de faire face aux éventualités et aux risques du changement climatique.  Un examen systématique des programmes nouveaux et existants pourra être effectué pour déterminer si ces programmes tiennent compte des risques liés au changement climatique.

Il s’agit là de stratégies qui aborderont non seulement nos vulnérabilités au changement climatique, mais aussi nos vulnérabilités aux autres sources de changement avec lesquelles nos industries et nos collectivités sont aux prises.  De telles stratégies « sans regret » rapporteront des avantages, que le changement climatique se produise ou non.  Une recherche bien ciblée, une stratégie de communication axée sur la réalité du changement climatique et des politiques gouvernementales qui intègrent les risques liés à celui-ci créeront un cadre qui permettra aux agriculteurs, aux industries forestières et aux collectivités rurales de réduire les risques et de tirer profit des possibilités qu’amènera le changement climatique. 


ANNEXE A

DATE

TÉMOINS

21 novembre 2002

D’Environnement Canada:
-      Henry Hengeveld, conseiller scientifique principal, Changement climatiques

26 novembre 2002

D’Environnement Canada:  
-      Norine Smith, sous-ministre adjointe, Politiques et communications

D’Agriculture et Agroalimentaire Canada:  
-      Alrick Huebener, gérant, Développement des politiques, Bureau de l’environnement

De Transport Canada:  
-      Robert Lyman, directeur général, Affaires environnementales

D’Industrie Canada:  
-      John Jaworski, agent principal de développement industriel, Sciences de la vie

De Ressources naturelles Canada:  
-      Neil MacLeod, directeur général, Efficacité énergétique  
-      Paul Egginton, directeur exécutif, Bureau adaptation et impacts des changements climatiques

28 novembre 2002

De Ressources naturelles Canada:  
-      Gordon E. Miller, directeur général, Direction des sciences, Service canadien des forêts  
-      Paul Egginton, directeur exécutif, Direction des impacts et de l’adaptation liés au
changements climatiques  
-      Donald S. Lemmen, gestionnaire de la recherche, Direction des impacts et de l’adaptation liés au changement climatique
-      Darcie Booth, directrice, Service canadien des forêts, Services économiques et statistiques

3 décembre 2002

D’Agriculture et Agroalimentaire Canada:  
-      Gordon Dorrell, sous-ministre adjoint intérimaire, Direction générale de la recherche  
-      Wayne Lindwall, chef du programme national, Santé de l’environnement  
-      Michele Brenning, directrice, Bureau de l’environnement  
-      Phil Adkins, gestionnaire intérimaire, Section de l'Agroclimat des Prairies, Administration du rétablissement agricole des Prairies

5 décembre 2002

Du Réseau canadien de recherché sur les impacts climatiques et l’adaptation:  
-      Aynslie Ogden, gestionnaire, Territoires du Nord  
-      Peter Johnson, conseiller scientifique, Territoires du Nord  
-      David Pearson, président, région de l’Ontario  
-      Gérard Courtin, professeur émérite, Université Laurentienne

12 décembre 2002

Du Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l’adaptation:  
-      Alain Bourque, coordinateur, région du Québec  
-      Peter N. Duinker, gestionnaire, région de l’Atlantique

4 février 2003

Du Réseau canadien de recherché sur les impacts climatiques et l’adaptation:  
-      Dave Sauchyn, coordonnateur, région des Prairies  
-      Stewart Cohen, conseiller scientifique, région de la Colombie-Britannique

6 février 2003

Du Sierra Club du Canada:  
-      Elizabeth May, directrice exécutive  
-      Martin von Mirbach, directeur, Forêts et diversité biologique

11 février 2003

De l’Association des produits forestiers du Canada:  
-      Avrim Lazar, président  
-      Jean Pierre Martel, vice-président, Durabilité d’urgence  

De la Fédération canadienne des propriétaires de lots boisés:  
-      Peter deMarsh, président

13 février 2003

Du Syndicat national des cultivateurs:  
-      Cory Ollikka, président sortant  
-      Janet Duncan

De la Fédération canadienne de l’agriculture:  
-      Geri Kamenz, président, Comité sur l’environnement et la science et vice-président de la Fédération de l’agriculture de l’Ontario  
-      Nicole Howe, analyste des politiques

18 février 2003

De la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère:
-      Gordon McBean, président  
-      Dawn Conway, directrice exécutive

De l’Université McGill:
-      Nigel Roulet, professeur, Département de géographie

20 février 2003

De l’Institut agricole du Canada:  
-      Ed Tyrchniewicz, président  
-      Tom Beach, directeur général intérimaire

De Canards Illimités Canada:  
-      Rhonda McDougal, chargée de recherche associée, Recherche sur le carbone  
-      J. Barry Turner, directeur des relations gouvernementales

24 février 2003

De l’Ecotourism Society of Saskatchewan:
-      Joe Hnatiuk, président

De la Saskatchewan Association of Rural Municipalities:
-      Neal Hardy, président  
-      Arita McPherson, directrice, Politiques agricoles

De l’Université de la Saskatchewan:
-      Michael Mehta, professeur

Du Saskatchewan Research Council and Prairie Adaptation Research Collaborative:  
-      Mark Johnston, conseiller principal en recherche

D’Agriculture et agroalimentaire:
-      Phil Adkins, gestionnaire intérimaire, Section de l’agroclimat des Prairies, Administration du rétablissement agricole des Prairies  
-      Bill Harron, chef de projet, Service national d'information sur la terre et les eaux  
-      Gerry Steraniko, directeur, Division de la planification des opérations

De la Saskatchewan Environment Society:
-      Ann Coxworth, coordinatrice du Programme des bénévoles

De Nature Saskatchewan:
-      Silvia Lac, bénévole  
-      Wayne Pepper, représentant, Saskatchewan Stakeholders Advisory Committee on Climate Change

De l’Université de la Saskatchewan:
-      Andre Hucq, professeur  
-      Roger D.H. Cohen, professeur  
-      Cecil Nagy, professeur

De la Western Canadian Wheat Growers Association:
-      Mark Allan, directeur administratif

Du gouvernement de la Saskatchewan:
-      L’honorable Eric Cline, c.r., ministre de l’Industrie et des Ressources  
-      Gordon Nystuen, sous-ministre, ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Revitalisation rurale
-      Bob Ruggles, sous-ministre adjoint, Division des programmes, ministère de l’Environment  
-      Jim Marshall, sous-ministre adjoint, Ressources et politiques économique, ministère de l’Industrie et des Ressources

De l’Agricultural Producers Association of Saskatchewan:
-      Terry Hilderbrandt, président  
-      Cecilia Olver, vice-présidente  
-      John Clair, président, Société pour la conservation des sols de la Saskatchewan

25 février 2003

De Ressources naturelles Canada:
-      Kelvin Hirsch, agent à la recherche, Centre de foresterie du Nord, Service canadien des forêts
-      Brian Amiro, chercheur scientifique, Centre de foresterie du Nord, Service canadien des forêts  
-      David Price, chercheur scientifique, Modélisation intégrant des effets du changement climatique, Centre de forestière du Nord, Service canadien des forêts  
-      Tim Williamson, économiste du développement durable, Centre de forestier du Nord, Service canadien des forêts

De Kalahari Management Inc.
-      Carol Patterson, présidente

De Wild Rose Agricultural Producers:
-      Keith Degenhardt, directeur

De l’Alberta Research Council:
-      Daniel Archambault, chercheur scientifique

De l’Université d’Alberta:
-      Robert Grant, professeur associé, Département des ressources renouvelables

Du Réseau canadien de recherche sur les impacts climatiques et l’adaptation:
-      Greg McKinnon, coordonnateur du Secteur des forêts  
-      Kelvin Hirsch, directeur scientifique du Secteur des forêts

De l’Alberta Association of Municipal Districts and Counties:
-      Bart Guyon, vice-président

De BioGem:
-      Grant Meikle, vice-président  
-      Larry Giesbrecht, président  

De la Métis Nation of Alberta:
-      Rafique Islam, conseiller sectoriel  
-      Trevor Gladue, vice-président provincial  
-      George Quintal, président régional  
-      Myles Arfinson, agent de développement économique

26 février 2003

De l’Université de Lethbridge:
-      James Byrne, professeur

De la Federation of Alberta Naturalists:  
-      Cheryl Bradley, membre

De la Canadian Sugar Beet Producers’ Association:
-      Gary Tokariuk, vice-président

Du Tribu Kainah:
-      Chris Shade, chef  
-      Andy Blackwater, aîné  
-      Eugene Creighton, conseiller juridique  
-      Elliot Fox, président des terres  
-      Rob First Rider, directeur de la gestion des terres

D’Agriculture et Agroalimentaire Canada, Centre de recherche de Lethbridge:
-      Peter Burnett, directeur par intérim  
-      Henry Janzen, pédologue  
-      Sean McGinn, chercheur  

28 février 2003

De Ressources naturelles Canada:  
-      Paul Addison, directeur général, Centre de foresterie du Pacifique, Service canadien des forêts  
-      Gary Hogan, directeur, Programme de biologie forestière, Centre de foresterie du Pacifique, Service canadien des forêts  
-      Caroline Preston, chercheur principal, Centre de foresterie du Pacific, Service canadien des forêts
-      Ross Benton, chargé de recherches, Climatologie forestière, Centre de foresterie du Pacifique, Service canadien des forêts

De British Columbia Agriculture Council:  
-      Steve Thomson, directeur exécutif  
-      Allan Patton, administrateur

Du Council of Tourism Associations of British Columbia:  
-      Petrus Rykes, vice-président, Land and Environment Portfolio

De l’Université de Colombie-Britannique:  
-      John Innes, professeur, Département d’aménagement forestier  
-      Zoe Harkin, étudiant de troisième cycle

De l’Université de Victoria, Tree Ring Laboratory:  
-      Dan Smith, professeur

De la North Central Municipal Association:  
-      Sue Clark, coordonnatrice exécutive

De l’Université de Victoria:  
-      Andrew Weaver, professeur, École des sciences de la terre et de l’océan  
-      Steve Lonergan, professeur, Faculté de géographie  
-      Ned Djilali, directeur, Institut des systèmes énergétiques integers (IESVic)  
-      G. Cornelis van Kooten, professeur, Faculté d’économie

D’Agriculture et agroalimentaire Canada, Centre de recherches en agro-alimentaire du Pacifique:  
-      Denise Neilsen, chercheuse, Centre de recherche en agroalimentaire du Pacifique  
-      C.A. Scott Smith, chef, Équipe des ressources en terre, Centre de recherche en agroalimentaire du Pacifique

20 mars 2003

De l’Université Carleton:  
-       Michael Brklacich, professeur, Département de géographie et études de l’environnement  

De l’Université de Guelph:  
-       Barry Smit, professeur, Département de géographie

25 mars 2003

De l’Université Yale:  
-      Robert Mendelsohn, professeur  

Du Massachusetts Institute of Technology:  
-      John Reilly, directeur adjoint de la recherche

27 mars 2003

De l’Université de Brock:  
-      Mohammed H.I. Dore, professeur d’économie

1er avril 2003

De l’Université de Toronto:  
-      Jay R. Malcolm, professeur associé  

3 avril 2003

De l’Agriculture et agroalimentaire Canada:  
-      Gilles Bélanger, chercheur scientifique, Physiologie et agronomie des cultures  
-      Samuel Gameda, chercheur scientifique, Sol, eau, air et systèmes de
production  
-      Andy Bootsma, associé de recherche honoraire

29 avril 2003

Par vidéoconférence  
De l’Université du Québec en Abitibi-Témiscaningue:  
-      Yves Bergeron, chaire UQAT/UQAM industrielle en aménagement forestier durable

De l’University of Wyoming:  
-      Siân Mooney, professeur adjoint  

1er mai 2003

De l’Université de Washington:
-      John Perez-Garcia, professeur agrégé, Center for International Trade in Forest products, College of Forest Resources

Du Nova Scotia Agriculture College:
-      David Burton, chaire de recherche en changement climatique

Du Centre de conservation des sols et de l’eau de l’est du Canada:
-      Jean-Louis Daigle, directeur général

6 mai 2003

Des Ressources naturelles Canada:
-      Roger Cox, biologiste, Service canadien des forêts (santé des forêts)  
-      Brian Stocks, chercheur scientifique principal, Incendies de forêts des changement mondial  

De l’Université de Montréal:  
-      Christopher Bryant, président, Commission de l’UGI sur le développement durable et les systèmes ruraux  

8 mai 2003

Par vidéoconférence  

Du Hadley Centre for Climate Prediction and Research:  
-      Peter Cox, directeur, Chimie du climat et écosystèmes, Bureau météorologique  
-      Richard Betts, Scientifique principal (écosystèmes), Bureau météorologique  


ANNEXE B  

Autres mémoires reçus:

From Alberta-Pacific Forest Industries Inc.

-      Shawn Wasel, vice-président, sécurité dans l’entreprise et de l’approvisionnement ligneux

De l’Université Simon Fraser:

-      Ben Bradshaw, professeur de géographie


[1] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 14, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 27 mars 2003.

[2] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 6, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 4 février 2003.

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[5] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 8, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 20 février 2003.

[6] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 6, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 4 février 2003.

[7] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 8, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 20 février 2003.

[8] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 12, 2ème Session, 37ème Parlement, Vancouver, 28 février 2003, séance du matin.

[9] Statistique Canada définit une région rurale comme un territoire peu populeux situé à l’extérieur d’une région urbaine ou encore une population de moins de mille ou avec une concentration maximale de 400 personnes par kilomètre carré.

[10] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 12, 2ème Session, 37ème Parlement, Vancouver, 28 février 2003, séance de l’après-midi.

[11] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 5, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 12 décembre 2002.

[12] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 4, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 5 décembre 2003.

[13] Les agriculteurs canadiens en danger, Rapport du Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Juin 2002. 1ère session, 37ème Parlement. Ce rapport peut être consulté à l’adresse suivante : /fr/Content/SEN/Committee/371/agri/rep/rep10jun02-f.htm

[14] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 16, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 6 mai 2003.

[15] Le report de l’impôt autorise les producteurs des zones de sécheresse désignées à reporter d'un an dans la déclaration de leur revenu une partie de la recette de ventes de bestiaux reproducteurs qu'ils ont été forcés d'effectuer à cause de la sécheresse.

[16] Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts. Fascicule 6, 2ème Session, 37ème Parlement, Ottawa, 4 février 2003.


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