Selon le rapport d'un comité sénatorial, l'éducation
des Premières nations est en situation de crise,
mais l'argent seul ne peut régler les problèmes
(Le 7 décembre 2011) Ottawa – L'éducation des Premières nations est en situation de crise, et il faut complètement la revoir, affirme-t-on dans le dernier rapport publié par le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones, intitulé : La réforme de l'éducation chez les Premières nations : de la crise à l'espoir.
Contrairement aux écoles partout ailleurs au Canada, les écoles des Premières nations dans les réserves font cavalier seul et fonctionnent sans l'aide essentielle à l'éducation dont a besoin un système d'éducation moderne qui répond aux besoins du XXIe siècle. Étant donné que jusqu'à sept enfants sur dix ne terminent pas leur secondaire, ce modèle d'éducation est inefficace et désuet et laisse tomber les enfants des Premières nations.
On recommande dans le rapport une loi sur l'éducation des Premières nations prévoyant l'établissement et la reconnaissance juridique d'autorités éducatives des Premières nations qui seraient responsables, d'abord et avant tout, devant les parents et les membres de la communauté et qui pourraient conclure des ententes contractuelles avec les systèmes scolaires provinciaux et territoriaux au sujet des services d'éducation essentiels.
« Les enfants des Premières nations n'obtiennent pas des services d'enseignement comparables à ceux de leurs voisins qui ne font pas partie des Premières nations et qui vivent un kilomètre plus loin. Cependant, l'argent seul ne peut corriger ce qui cloche, de dire le sénateur Gerry St. Germain, C.P., président du comité. Partout ailleurs, il y a les conseils scolaires, les ministères de l'Éducation, les lois en matière d'éducation. Il faut aller au-delà des 518 écoles dirigées par des bandes et exploitées individuellement et créer un système d'éducation des Premières nations qui puisse appuyer ces écoles afin de fournir une éducation de haute qualité dans les réserves. »
En plus de changements structuraux, on recommande dans le rapport la réforme du financement de l'éducation des Premières nations. Il faut un financement prescrit par la loi, fondé sur les principaux facteurs exerçant une influence sur les prix, conclut le rapport, afin de remplacer le système actuel de paiements annuels au titre des contributions que les Premières nations reçoivent du ministère des Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien. La formule actuellement en place, qui remonte à 1996, ne compte pas d'argent pour les bibliothèques, les ordinateurs ou les laboratoires de technologie, les infrastructures sportives et les coûts d'immobilisation. Par conséquent, les Premières nations se retrouvent endettées ou ne peuvent fournir les services d'éducation de base considérés comme acquis ailleurs.
« Ce que le comité a eu le plus de mal à comprendre, c'est que, de nos jours, d'innombrables jeunes autochtones d'un bout à l'autre du pays reçoivent une éducation qui est loin d'être équivalente à celle offerte aux non-Autochtones. Les taux alarmants de décrochage et la faible réussite scolaire continuent de compromettre l'avenir de nombreux jeunes autochtones, affirme la sénatrice Lillian Dyck, vice-présidente du comité. Nous avons appris, entre autres, que des enfants fréquentent des écoles qui tombent en ruine, qui sont infestées de moisissure noire ou encore qui sont construites sur des terrains contaminés. La plupart de ces enfants utiliseront des manuels qui ne correspondent pas à ce qu'ils sont ou à ce qu'ils peuvent devenir. Avec le temps, des élèves s'égareront et deviendront étrangers à leur famille, à leur collectivité et à notre pays. »
Le rapport reconnaît qu'il sera sans doute difficile de renouveler et de réformer l'éducation des Premières nations. Néanmoins, il existe une bonne volonté et un sérieux de la part de toutes les parties à l'égard de la réforme. Selon le rapport, le moment est venu de prendre des mesures audacieuses afin de remplacer un système d'éducation désuet par un système moderne qui suscite un véritable espoir en l'avenir.