DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le ramadan
20 avril 2021
Honorables sénateurs, j’interviens aujourd’hui pour parler du ramadan. Tôt ce matin lorsque je me suis levée, je me suis sentie liée à tous les musulmans du Canada et du monde qui, comme moi, s’astreindraient à une journée de jeûne. Ce lien s’accompagnait d’un sentiment d’appartenance qui a amenuisé dans une large mesure l’éloignement et l’isolement créés par la pandémie.
Comme bon nombre d’entre vous le savez, dans l’islam, le mois sacré du ramadan, qui exige un jeûne absolu, a commencé il y a une semaine. Les musulmans s’abstiennent de manger et de boire, y compris de l’eau, de l’aube au crépuscule — soit pendant environ 15 heures dans la plupart des régions canadiennes. Pendant le ramadan, outre l’abstinence alimentaire, les musulmans évitent la colère, la malhonnêteté et la médisance. C’est une période où les pratiquants doivent se consacrer particulièrement à la prière et aux actes de charité, et les personnes incapables de jeûner sont invitées à donner à des gens dans le besoin l’équivalent de ce qu’elles dépensent mensuellement pour la nourriture.
Le jeûne aide à purifier le corps. Il donne l’occasion de renouveler la foi et de demander pardon. Il raffermit la discipline par la maîtrise des désirs. Il permet la manifestation d’une plus grande compassion envers les nécessiteux. Chaque jour de jeûne — alors qu’on sait que la faim et la soif se termineront au crépuscule — renforce l’empathie envers ceux qui ont faim pour des raisons indépendantes de leur volonté et pour qui cette privation n’a pas de fin.
Personnellement, quand je jeûne, je sens comme un grand calme qui m’enveloppe. Mes sens s’aiguisent. J’ai tellement conscience de mon corps que je peux sentir mon cœur battre. Quand j’étais enfant, le ramadan était une période festive. Nous attendions tous avec impatience le milieu de la nuit pour partager notre repas avec notre famille et nos amis et préparer le festin du lendemain, au coucher de soleil.
Il se dégage un sentiment de joie et de proximité quand on partage sa nourriture. Il arrive même que ce soit avec de purs étrangers. Hélas, c’est la deuxième fois que nous devons célébrer le ramadan à distance. Il s’agit évidemment d’une réalité pour de nombreuses religions, et nous sommes nombreux à prier pour que ce soit différent l’année prochaine.
Il y a malgré tout moyen de célébrer ensemble. C’était la première fois la semaine dernière que j’assistais à une cérémonie virtuelle de rupture du jeûne, et elle était animée par l’honorable Erin O’Toole. Quand nous rompons le jeûne en compagnie de nos amis et de nos proches, nous sommes unis par la prière. Cette année, qui demeure difficile individuellement, collectivement et nationalement, le ramadan me rappelle un passage du Coran où Dieu dit : « À côté de la difficulté est, certes, une facilité! » Merci, et Ramadan Moubarak.