DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La crise en Afghanistan
31 mars 2022
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au nom des 24 millions d’Afghans qui sont actuellement menacés par la famine.
Selon le Programme des Nations unies pour le développement, environ 97 % de la population afghane plongera dans la pauvreté d’ici la fin de l’été.
Depuis la prise de contrôle par les talibans l’été dernier, la situation désespérée des Afghans a empiré. Bien que cette situation était malheureusement prévisible, je suis vraiment troublée par la rapidité avec laquelle l’Afghanistan a été oublié parmi les autres crises.
À l’heure actuelle, plus de 3,5 millions d’Afghans sont déplacés à l’intérieur de leur pays et dorment dans les rues ou les parcs publics. Des parents désespérés se voient dans l’obligation de vendre leurs filles à un âge de plus en plus jeune et souvent à des familles qu’ils ne connaissent pas, car ils n’ont pas les moyens de les nourrir.
Le désespoir est palpable. Aziza, une jeune mère de trois enfants, essaie de vendre un de ses reins pour éviter de devoir vendre sa fille d’un an. Une autre femme afghane n’a eu d’autre choix, après avoir vendu ses deux jeunes filles, que de vendre un de ses reins pour nourrir sa famille. La situation est si grave qu’elle a consenti à se faire opérer, même si elle était très malade. Elle a déclaré : « Je leur ai dit que je n’avais pas peur de mourir, mais que je ne pouvais pas tolérer de voir mes enfants affamés et malades. »
Dans un village situé à proximité de la ville de Herat, de nombreux résidants ont vendu leur rein, à un point tel qu’on appelle maintenant cet endroit le « village des personnes à un seul rein ». Les Afghans sont la proie de trafiquants d’organes qui répondent à leur désespoir en achetant leurs reins à bas prix sans égard aux risques pour la santé, puisque ces interventions chirurgicales ne sont pas réglementées.
Le Canada a pris des engagements précis à l’égard des Afghans. En septembre 2021, le gouvernement libéral s’est engagé à aider et à réinstaller 40 000 Afghans. À ce jour, seuls 9 560 Afghans ont été réinstallés. La majorité d’entre eux ont dû quitter le pays par leurs propres moyens et avec l’aide d’organisations non gouvernementales privées. Bon nombre des personnes abandonnées sont celles qui ont risqué leur sécurité pour aider nos forces en Afghanistan.
Le 4 mars, le Comité international de secours a déclaré :
Pendant que l’attention du monde se tourne vers le conflit et la crise de personnes déplacées en Ukraine, le Comité international de secours rappelle au monde de ne pas négliger l’Afghanistan. La communauté internationale doit saisir l’occasion qui se présente en Afghanistan pour prévenir la famine, sauver des vies et mettre fin aux conditions horribles dans lesquelles vivent les femmes et les filles.
Honorables sénateurs, je ne peux demeurer les bras croisés pendant que le gouvernement Trudeau ignore les Afghans affamés et malades abandonnés à leur sort. Le gouvernement libéral peut et doit faire mieux.
Merci.