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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La crise en Afghanistan

9 mai 2023


Honorables sénateurs, j’aimerais parler aujourd’hui de la souffrance ininterrompue des Afghans depuis que les talibans ont repris le pouvoir. Je vous ai souvent parlé de la manière dont les femmes ont été effacées de la société afghane, de la famine qui sévit et qui cause la mort de nombreuses personnes innocentes et du mépris total des talibans pour les droits de la personne les plus élémentaires.

Je vous ai aussi raconté mes souvenirs d’Afghanistan, un pays magnifique où régnaient la musique et les arts et où fusaient les rires. Kaboul a déjà été ma destination de vacances préférée.

Dernièrement, alors que nous pensions que la situation ne pouvait plus se dégrader, nous avons entendu dire que des bébés meurent un peu partout au pays parce qu’ils souffrent de maladies qu’il est possible de prévenir. Selon l’UNICEF, au moins 167 bébés afghans perdent la vie chaque jour à cause de maladies qui peuvent être traitées si on utilise le bon médicament et qui devraient l’être. Les hôpitaux afghans sont débordés. Ils manquent de personnel, les chambres sont remplies d’enfants malades — souvent à deux dans un même lit — et ne peuvent compter que sur deux infirmières pour prendre soin de 60 enfants.

Chers collègues, nous assistons à l’effondrement complet du réseau afghan de la santé, qui dépendait jusqu’ici des fonds étrangers et dont le financement décline depuis que les talibans ont interdit aux femmes de travailler dans les ONG. Les travailleurs de la santé doivent utiliser ce qu’ils ont sous la main, c’est-à-dire bien peu. Les infirmières font souvent des quarts de 24 heures et sont incapables de se rendre au chevet des bébés qui sont dans une situation critique. Certains enfants meurent par simple manque d’oxygène, car les hôpitaux n’ont du courant que la nuit et n’ont pas ce qu’il faut pour produire de l’oxygène sur place.

Certains ne peuvent pas se rendre à l’hôpital à temps en raison de l’état des routes. D’autres ne peuvent pas faire le trajet. Dans certains cas, les parents préfèrent ramener leurs enfants mourants à la maison parce que l’hôpital ne peut pas les aider. Ils préfèrent mourir entourés de leurs proches.

Les familles ont du mal à se nourrir et un père, regardant sa fille lutter pour respirer, a affirmé qu’il n’avait même pas les moyens d’acheter une tasse de thé. S’il ne manquait pas d’argent, son enfant n’aurait pas à souffrir de la sorte.

Honorables sénateurs, les hôpitaux afghans ne sont plus des lieux où l’on soigne et guérit des gens, mais des lieux où ils vont mourir. Merci.

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