DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Nigar Nazar
17 juin 2025
Honorables sénateurs, certains artistes peignent la beauté, d’autres peignent la vérité, mais de temps à autre, l’un d’entre eux prend un crayon et dessine une voie à suivre. Nigar Nazar est l’une de ces artistes. Elle est la première femme caricaturiste au Pakistan et la première femme caricaturiste dans le monde musulman. Une force tranquille qui a redessiné la carte avec des traits d’espoir, d’empathie et d’imagination.
Elle a commencé des études de médecine, mais a trouvé sa vocation non pas dans les stéthoscopes, mais dans les carnets de croquis. Dans un pays où l’illustration de bandes dessinées n’était pas officiellement enseignée, elle a appris par elle-même. Pour bien des gens, elle est simplement connue comme la créatrice de Gogi.
Je me souviens que lorsque j’étais jeune femme, je feuilletais le journal du matin et je tombais sur Gogi, qui est intelligente, audacieuse et toujours à notre image. Elle exprimait ce que beaucoup d’entre nous pensaient, mais n’osaient pas encore dire. Elle n’était pas seulement un personnage de bande dessinée. Elle était une voix, un miroir, une sorte de révolution tranquille. Mme Nazar utilisait Gogi pour parler de sujets difficiles : l’éducation des filles, la santé et les inégalités. On voyait ses bandes dessinées dans les journaux, dans les autobus, sur les murs des hôpitaux, sur les portes des écoles, et même dans les camps de réfugiés. Partout où les gens avaient besoin d’une raison de réfléchir ou d’espérer, Gogi était là.
Quand les écoles ont fermé pendant la pandémie de COVID-19, Mme Nazar n’a pas attendu que les cours reprennent. Elle a apporté l’éducation aux enfants. Elle a chargé des livres de Gogi sur un chameau, puis elle s’est rendue dans un village dans le désert. Elle a baptisé son chameau Roshan, qui signifie « l’illuminé ». Comme elle l’a dit, elle voulait allumer une bougie pour dissiper l’obscurité de l’analphabétisme. Roshan a apporté des histoires aux enfants et il leur a donné un moyen de continuer à apprendre dans des endroits où les autobus ne pouvaient pas se rendre.
Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les programmes d’action communautaire de Mme Nazar ont permis de distribuer plus de 34 000 livres. On raconte que les parents d’une petite fille avaient décidé qu’elle n’irait plus à l’école. Cette dernière a lu à ses parents une bande dessinée de Gogi sur l’importance de l’éducation, puis son père a décidé qu’elle devait continuer à aller à l’école.
Toutefois, le véritable héritage de Mme Nazar ne se limite pas à ses livres. Il vit dans chaque enfant qu’elle a touché, chaque frontière qu’elle a effacée et chaque sourire qu’elle a dessiné.
Honorables sénateurs, aujourd’hui, nous rendons hommage non seulement à une artiste, mais aussi à une porte-flambeau et à une pionnière. Elle n’est pas seulement célébrée dans son pays. Elle a exposé sa vision dans le monde entier, des salles de classe d’Islamabad aux rendez-vous de la bande dessinée en Turquie et au Népal. Comme l’a dit une personne étudiante : « Gogi est le symbole de la féminité au Pakistan. »
Mme Nazar est une boursière Fulbright. Elle a reçu la plus haute distinction civile et fait partie du classement des 100 femmes inspirantes de la BBC. Elle nous rappelle que, parfois, les révolutions les plus puissantes commencent par une détermination et un engagement tranquilles. Je vous remercie.