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Les enjeux concernant l'Arctique

Interpellation--Suite du débat

20 février 2020


Honorables sénateurs, hier, j’ai pris la parole afin de participer à l’interpellation de la sénatrice Bovey attirant l’attention du Sénat sur la nécessité de renouveler et approfondir son intérêt pour les enjeux concernant l’Arctique de même que pour appuyer la suggestion de la sénatrice voulant que le Sénat envisage d’établir un comité d’une certaine envergure — probablement un comité spécial — afin de poursuivre l’important travail de notre ancien comité.

Aujourd’hui, je vais clore mon propos en citant de nouveau les quatre remarquables dirigeantes et chefs de file de l’Arctique que j’ai mentionnées hier.

La Nunavimmiut Sheila Watt-Cloutier, ancienne présidente à l’international du Conseil circumpolaire inuit et auteure de l’ouvrage Le droit au froid, a dit :

Pour les Inuits, la glace est beaucoup plus que de l’eau gelée, elle constitue nos routes, notre terrain d’entraînement et notre force vitale.

Elle a également dit :

En protégeant l’Arctique, vous sauverez la planète. Ce qui se passe dans l’Arctique ne reste pas dans l’Arctique. Tout est relié parce que nous partageons la même atmosphère, mais aussi parce que nous sommes reliés par l’esprit et par l’humanité.

Une autre dirigeante du Nunavik, Mary Simon, a publié, en 2017, son rapport sur un nouveau modèle de leadership partagé dans l’Arctique. Dans le rapport, Mary Simon dit ceci :

À maintes reprises, on m’a parlé de l’incidence du réchauffement de l’Arctique sur la sécurité alimentaire, l’infrastructure, le logement et la sécurité au sol et sur l’eau. Le message était très clair : dans ses engagements à l’égard du changement climatique, le Canada doit faire de l’établissement d’une stratégie d’adaptation et d’un plan de mise en œuvre une priorité nationale.

Aluki Kotierk, la présidente de Nunavut Tunngavik Inc, m’a récemment envoyé un courriel pour dire ceci :

Je suis heureuse d’apprendre que vous tentez de relancer le Comité spécial sur l’Arctique. L’Arctique fait partie du Canada et comprend la zone côtière la plus longue du pays. Il a aussi marqué profondément l’identité canadienne. Les Inuits ont servi en quelque sorte de drapeaux humains pour assurer la souveraineté du Canada. Le Canada se montre aussi fier de symboles identitaires issus de la culture inuite, comme l’inukshuk et le kayak.

Elle ajoute :

Les Inuits sont Canadiens. Les déterminants sociaux de la santé montrent toutefois qu’ils affichent des résultats considérablement inférieurs à ceux des autres Canadiens en ce qui concerne la sécurité de l’approvisionnement alimentaire, les diplômes d’études secondaires, l’accès aux soins de santé, l’emploi, et cetera, et des chiffres beaucoup plus élevés quand on regarde le nombre de décès par suicide, l’incarcération, la violence, et cetera. Il faut porter une attention spéciale à ces enjeux pour pouvoir s’y attaquer sans détour et faire en sorte que tous les Canadiens jouissent d’une qualité de vie semblable.

Nous savons que 7 enfants inuits sur 10 se couchent tous les soirs le ventre creux. Il faut donc voir à ce que la croissance économique amène plus d’argent dans les poches des Inuits.

Une autre chef de file de l’Arctique, la première ministre des Territoires du Nord-Ouest, Caroline Cochrane, a dit ceci :

Je suis arrivée à la table en me demandant non seulement ce que nous pourrions faire pour le Nord, mais aussi ce que le Nord pourrait faire pour le reste du Canada.

Pensons-y.

Chers collègues, comme je le mentionnais hier, il y a un nouveau Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord du Canada comprenant huit objectifs. Ce cadre orientera les investissements et les activités du gouvernement sur les dix prochaines années. Il découle d’un processus collaboratif et l’intention est de mettre en œuvre sa vision, ses buts et ses objectifs au moyen de partenariats. Ce sera essentiel. Il faudra un engagement soutenu envers la coopération ouverte, ainsi que des investissements très importants.

Dans le cadre de son étude, le Comité sénatorial de l’Arctique s’est rendu au Nunavik, au Nunavut, dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon — nous n’avons pas pu atterrir à Nain, au Nunatsiavut, en raison du brouillard. Toutefois, partout où nous allions, on nous répétait partout que l’autodétermination et la prise de décisions par la communauté étaient les clés de la réussite.

« Dans le Nord, par le Nord et pour le Nord », voilà l’état d’esprit qui régnait autant chez les Inuits, les Premières Nations et les Métis que chez les habitants non-Autochtones de l’Arctique.

On nous a également répété à plusieurs reprises que les jeunes constituaient la plus grande richesse.

Dans le nouveau cadre, on peut lire ceci :

Le Canada entrevoit un avenir où les résidents de l’Arctique et du Nord participeront pleinement à la société canadienne et auront accès aux mêmes services, possibilités et niveaux de vie que ceux dont jouissent les autres Canadiens. Pour réaliser une telle ambition, il faudra davantage d’efforts, de concentration, de confiance et de collaboration entre les partenaires.

Les gens de l’Arctique veulent des changements transformateurs pour combler les nombreux écarts qui existent et pour être en mesure de réaliser leurs propres projets à la fois ambitieux et variés. Chers collègues, nous avons un rôle important à jouer afin d’assurer que le nouveau cadre atteigne ses objectifs et d’aider nos voisins de l’Arctique à réaliser leurs ambitions. Un comité sénatorial spécial de l’Arctique serait un moyen adéquat et utile de permettre au Sénat du Canada d’accomplir cette tâche et de montrer son engagement. J’espère que vous serez d’accord avec moi.

Nakurmiik. Qujannamik. Ma’na. Quana. Quayanaini. Kooyanine ee. Merci.

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