DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — La Journée internationale contre l'utilisation des enfants soldats
25 février 2020
Honorables sénateurs, le 10 février, j’ai assisté à un événement organisé dans le cadre de l’initiative de Roméo Dallaire sur les enfants soldats. L’événement s’est déroulé à l’Université Dalhousie, en présence de notre ancien collègue le général Roméo Dallaire, de Shelly Whitman, directrice générale de l’initiative, et de deux anciens enfants soldats, Ishmael Beah et le Canadien Omar Khadr.
En 2017, l’Organisation des Nations Unies a révélé que 56 groupes armés non étatiques et 7 forces armées étatiques recrutaient et utilisaient des enfants. Selon les estimations de l’UNICEF, à l’heure actuelle, 300 000 enfants soldats sont exploités activement dans le cadre de divers conflits à l’échelle mondiale. Récemment, au Sénat, la sénatrice Ataullahjan a parlé de réfugiés afghans aussi jeunes que 14 ans qui se font acheter par l’Iran pour participer aux combats que le pays mène en Syrie dans le cadre de son alliance avec le régime Assad.
Alors qu’il était encore un enfant vulnérable, Omar Khadr a été forcé par son père de quitter le Canada, à l’âge de 13 ans, pour prendre les armes en Afghanistan. Lors d’un échange de coups de feu pendant lequel un soldat américain a été tué par une grenade qui aurait été lancée par Omar Khadr, ce dernier a été grièvement blessé, puis il a été détenu à Guantanamo pendant 10 ans.
Le Canada ne s’est pas conformé au droit international, qui dit très clairement que les enfants qui sont recrutés et utilisés comme soldats ne peuvent pas être tenus responsables de leur participation à un conflit armé. Cette affaire a terni la réputation du Canada en tant que protecteur des droits des enfants. Lorsque la Cour suprême a affirmé, dans une décision rendue en 2017, que les droits que la Charte garantit aux citoyens canadiens n’avaient pas été respectés dans le cas de M. Khadr, le Canada lui a présenté des excuses et lui a versé une indemnité.
Ishmael Beah, auteur du livre Le chemin parcouru : Mémoires d’un enfant soldat, n’avait que 13 ans lorsqu’on l’a recruté de force et utilisé comme soldat pendant la guerre civile en Sierra Leone. Il a dit ceci :
Il fut un temps où voir quelqu’un se faire tirer dessus, ou prendre un fusil et tirer sur quelqu’un, était devenu quelque chose d’aussi facile que de boire un verre d’eau.
Contrairement à M. Khadr, M. Beah a été réhabilité au lieu d’être emprisonné. Il a ainsi pu vivre ce qu’il appelle sa deuxième vie.
Tout enfant, qu’il participe à un conflit contre des forces armées en Syrie ou en Sierra Leone, ou encore contre les forces alliées en Afghanistan, est une victime qui doit être protégée et réhabilitée. En 2017, le gouvernement du Canada et l’Initiative pour les enfants soldats de la Fondation Roméo Dallaire ont lancé les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats, qui sont maintenant adoptés par 95 pays.
Le 12 février, c’est la Journée internationale contre l’utilisation d’enfants soldats. Le général Dallaire nous rappelle ceci : « On ne devrait jamais tenir les enfants responsables des atrocités qui ont été orchestrées par les adultes; la haine est un comportement qui est inculqué, et la jeunesse est notre ressource la plus précieuse. »
Honorables collègues, soyons à l’écoute de ces paroles. Merci, wela’lioq.