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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le décès d'Alexa McDonough, O.C., O.N.S.
8 février 2022
Honorables sénateurs, je m’adresse à vous aujourd’hui depuis les terres non cédées du peuple mi’kmaq.
Honorables sénateurs, même une personne dont on ne se douterait jamais peut faire preuve de leadership. Il n’est pas nécessaire d’être bruyant ou vantard. Il faut plutôt avoir une dignité calme qui, une fois qu’on l’a reconnue et qu’on lui a donné la chance de s’épanouir, peut être une source d’inspiration pour tout le monde. Telle fut la vie et la carrière politique d’Alexa McDonough. Malheureusement, Alexa est décédée le 15 janvier dernier. Même si elle a livré une longue lutte contre la maladie d’Alzheimer ces dernières années, nos souvenirs de sa vie et de ses réalisations demeurent intacts.
Alexa a commencé sa carrière en tant que travailleuse sociale en Nouvelle-Écosse. Dans le cadre de son travail, elle a été exposée aux vrais besoins et dilemmes sociaux avec lesquels beaucoup devaient composer et elle a eu un aperçu des écarts entre le travail sur le terrain et les politiques connexes. C’est cet apprentissage qui l’a amené à entamer une carrière en politique, mais, en réalité, son implication dans l’activisme social a commencé longtemps auparavant. Alexa a découvert les politiques progressistes grâce à son père, Lloyd Shaw, qui était un homme d’affaires.
À l’âge de 14 ans, Alexa a amené son groupe confessionnel à faire connaître les conditions de vie dans Africville, un quartier d’Halifax abritant une communauté à prédominance noire à faible revenu.
Après avoir obtenu son diplôme de l’Université Dalhousie, Alexa est devenue travailleuse sociale. En 1979 et en 1980, elle a tenté de se lancer en politique pour la première fois. Elle s’est portée candidate pour le Nouveau Parti démocratique dans la circonscription d’Halifax, mais elle a été défaite. Plus tard en 1980, même si elle n’avait pas de siège à l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse, Alexa a participé à la course à la direction du Nouveau Parti démocratique de la Nouvelle-Écosse, et elle a été élue haut la main. Aux élections suivantes, elle a remporté un siège comme représentante de la circonscription d’Halifax-Chebucto. Pendant les trois années qui suivent, elle a été la seule femme et la seule néo-démocrate à l’assemblée législative provinciale.
Il n’était pas facile de se trouver dans une telle position, mais Alexa n’était pas du genre à se défiler. Elle a souvent dénoncé les attaques misogynes et sexistes qu’elle a subies au cours de ces années, et elle a attiré l’attention sur l’absence de toilettes distinctes pour les députées provinciales. Elle a démissionné de son poste de cheffe du NPD provincial en 1994.
Même si elle n’avait aucune idée de ce que l’avenir lui réservait quand elle a quitté ce poste, elle a décidé de participer à la course à la direction du NDP fédéral en 1995. Déjouant de nouveau tous les pronostics, elle a remporté cette course. Elle a été élue pour la première fois à la Chambre des communes en 1997. Elle est demeurée cheffe du NPD jusqu’en 2003, puis a quitté la vie politique en 2008.
Tout au long de sa carrière politique, Alexa est demeurée une championne des programmes sociaux solides et de l’égalité des genres. En 2009, elle est devenue présidente intérimaire de l’Université Mount Saint Vincent et a été nommée Officier de l’Ordre du Canada. Elle a reçu l’Ordre de la Nouvelle-Écosse en 2012.
Honorables sénateurs, Alexa a été sous-estimée à tout bout de champ, mais elle a néanmoins persévéré. Sa détermination et, en fait, l’ensemble de sa vie sont une source d’inspiration pour tous les Canadiens et, plus particulièrement, pour les Canadiennes.
Mes pensées accompagnent la famille et les amis d’Alexa McDonnough. Je sais qu’ils sont fiers de l’héritage de leadership qui est la sienne.
Honorables sénateurs, on peut évaluer à sa juste mesure l’héritage d’Alexa McDonnough par l’une des leçons de vie qu’elle a données à ses fils, Travis et Justin. La voici : « Le véritable indicateur pour juger du caractère d’une personne est sa façon de traiter ceux qui ne peuvent rien lui donner en retour. » Il s’agit, je crois, d’une leçon pour nous tous. Merci.
Honorables sénateurs, je prends la parole au Mi’kma’ki pour rendre hommage à Alexa McDonough. Lorsque j’ai appris son décès le 15 janvier, j’ai publié ce message sur les réseaux sociaux :
Je me joins à mes concitoyens de la Nouvelle-Écosse et aux admirateurs d’Alexa McDonough d’un océan à l’autre pour vanter les mérites et pour pleurer la douloureuse perte de cette femme remarquable et accomplie.
Alexa a fait œuvre de pionnière en ouvrant la voie pour permettre à tant de gens de faire avancer notre société, que ce soit du point de vue de la politique, de l’activisme social, de son domaine tant aimé du travail social, de l’éducation ou de toute autre voie menant à l’amélioration de la condition humaine.
Alexa voulait améliorer les choses, surtout pour les plus vulnérables et pour les exclus, et elle souhaitait le faire avec intégrité, gentillesse, respect et un véritable engagement envers l’inclusion.
Je me sens privilégiée d’avoir connu Alexa et d’avoir appris de cette figure emblématique qui m’a soutenue. Par-dessus tout, elle était une personne très chaleureuse et aimante.
À la fois leader et pionnière du Nouveau Parti démocratique de la Nouvelle-Écosse et de celui du Canada, Alexa s’est servie de son pouvoir et de son influence à bon escient. Qu’il s’agisse de défendre Donald Marshall fils quand il a été condamné à tort, les familles des victimes de la tragédie de la mine Westray, Maher Arar, les travailleurs de la santé ou les mères seules, Alexa était déterminée dans sa quête de justice.
Dans le sillage de la tragédie du 11 septembre et de l’islamophobie qui s’en est suivie, Alexa a déclaré au Parlement :
Les Canadiens doivent savoir que Oussama est un prénom canadien, tout comme Mohammed, et que le fait de visiter une mosquée est une tradition canadienne.
Alexa était du bon côté de l’histoire, même si les positions qu’elle a adoptées n’étaient pas toujours populaires à l’époque.
Chers collègues, le cuir chevelu d’Alexa était sûrement couvert de cicatrices étant donné tous les plafonds de verre qu’elle a fracassés. Elle a souvent ouvert de nouvelles voies avec d’autres personnes, nouvelles voies dont beaucoup de gens ont pu profiter.
Honorables sénateurs, l’héritage d’Alexa McDonough est toujours présent dans la vie que nous menons dans notre province et notre pays, ainsi que dans la multitude de jeunes femmes et de jeunes filles qu’elle a inspirées et soutenues — des femmes comme Alexis MacDonald, Flora Murphy, Megan Leslie, Sionnach Hendra, Betsy MacDonald, Moraig MacGillivray et Lindsay Alexa Murphy, qui portait le même nom qu’elle. Elle était pour ces femmes un abri dans la tempête.
Elle est toujours présente dans l’esprit de ses amis, de son frère, Robbie Shaw, et de la magnifique famille qu’elle a élevée et dont elle était si fière : ses fils, Justin et Travis, et ses petits-enfants si précieux, Abbie Jean, Lauchlan, Taylor, Saoirse, Elizabeth, Griffin et Charlie. Alexa aimait et était aimée. Qu’elle repose en paix en sachant qu’elle a véritablement changé les choses. Merci.
Honorables sénateurs, permettez-moi d’abord de remercier les sénatrices Cordy et Coyle pour leurs si beaux hommages à Alexa. Sénatrice Coyle, comme vous avez dit la moitié de ce que je voulais dire, je vais simplement parler avec mon cœur. Je ne parle pas souvent du rôle que j’ai déjà joué dans la politique partisane, mais j’ai passé de nombreuses années avec le Nouveau Parti démocratique. Sa cheffe, Alexa, y occupait certainement une place immense.
En passant, les médias continuent de parler d’elle comme de la première femme élue à la direction d’un grand parti politique en Nouvelle-Écosse. Je ne veux pas lui retirer le mérite qui lui revient, mais ce n’est pas tout à fait vrai. C’est Hilda Watson, du Yukon, qui a été la première femme à diriger un parti politique provincial à titre de cheffe du Parti conservateur du Yukon.
J’ai eu l’occasion de participer à la campagne à la direction d’Alexa. J’étais une ardente partisane. Je croyais dans sa vision de la justice sociale, de l’équité et du féminisme. Je croyais dans tout ce qu’elle pouvait apporter en matière de débats réfléchis, posés et importants sur les sujets du jour.
C’était une bonne âme dotée d’une volonté de fer d’aller de l’avant, mais elle adorait tout le monde, comme mes collègues ont déjà pu en témoigner.
Nous avons tant perdu au cours des dernières années. Il est difficile dans le monde inquiétant dans lequel nous évoluons de nos jours de s’arrêter pour prendre un moment de réflexion. Toutefois, j’ai pu le faire quand j’ai appris la nouvelle au sujet d’Alexa, et cela m’a amenée à penser à Audrey McLaughlin, une autre femme que j’adore parmi les leaders fédéraux au sein du NPD. Cette dernière était une amie proche d’Alexa et j’ai également eu la chance de collaborer avec elle lors de sa course à la direction du parti.
Cependant, j’ai appris une autre perte douloureuse. Samedi soir, l’écran de mon téléphone cellulaire a affiché l’annonce du décès de John Honderich, à l’âge de 75 ans. John était l’ancien éditeur du Toronto Star et il avait même occupé la présidence du conseil d’administration. En mon for intérieur, je me suis encore dit : « Comment une personne aussi débordante de vie et remplie d’amour peut-elle nous avoir quittés? » John était un de mes mentors. Nous avons travaillé ensemble au sein de l’organisme Centraide. Il m’avait aidée à apprendre mes fonctions au Conseil de presse de l’Ontario et au Conseil national des médias du Canada. Il adorait tisser des liens avec les gens. Il adorait potiner et faire les liens entre les gens et leurs histoires. Il adorait la ville de Toronto. Il adorait le Canada. Beaucoup d’entre nous avaient une affection profonde à son égard. Je pleure le décès de ces deux Canadiens remarquables. Pour toutes les personnes endeuillées, sachez que je suis de tout cœur avec vous et que je vous transmets mes sincères condoléances. Merci beaucoup.