La Loi sur les aliments et drogues
Projet de loi modificatif--Troisième lecture--Ajournement du débat
3 décembre 2024
Honorables sénateurs, j’étais en train de parler du code de l’industrie et des commentaires formulés sur le code par les témoins qui ont comparu devant le comité. J’ai dit que le code ne tenait pas compte de la santé des enfants et qu’il n’en parlait nulle part. C’est mon premier point.
En outre, la portée du code de l’industrie exclut de nombreuses techniques de marketing. L’emballage des produits, le marketing aux points de vente, l’utilisation de personnages de bandes dessinées et de promotion, les primes et d’autres techniques de marketing sont exclus du code.
La portée du code exclut les médias sociaux, les sites Web, les applications et d’autres médias numériques qui sont populaires auprès des enfants sans pour autant leur être expressément destinés, mais la réglementation de Santé Canada inclurait ces médias. Il est également très important de comprendre que le code de l’industrie utilise des critères nutritionnels moins stricts que ceux de Santé Canada pour un certain nombre d’aliments comme les céréales, où la teneur en sucre autorisée par le code est beaucoup plus élevée que celle proposée par Santé Canada. Les céréales sucrées pour le déjeuner sont parmi les produits les plus souvent annoncés dans la publicité destinée aux enfants, et le code ne fait pas grand-chose pour protéger ces derniers contre cette exposition.
De plus, le code est truffé de dispositions facultatives. Ils « peuvent » faire ceci, ou ils « peuvent ne pas » faire cela. Par exemple, si un annonceur ne se conforme pas à la demande de suppression d’une publicité qui contrevient au code, les Normes de la publicité « peuvent » demander aux médias de la retirer. Eh bien, il se peut qu’elles ne le demandent pas. Tout cela est volontaire et facultatif. Le document est rempli de ce genre de formulation. Le code ne prévoit aucune surveillance de l’écosystème publicitaire. Comment peut-on savoir si les entreprises s’y conforment et comment elles le font? Il n’y a qu’un processus de plainte. Il n’y a pas de processus de surveillance du système, alors qu’en vertu du projet de loi C-252, l’écosystème serait surveillé par les autorités.
Enfreindre une disposition du code n’entraîne aucune sanction — imaginez cela —, alors qu’il y en aurait selon la réglementation de Santé Canada. Les sanctions imposées par Santé Canada comprendraient des amendes, et il pourrait y avoir des poursuites judiciaires dans les cas très graves. À l’inverse, aucune sanction n’est prévue pour avoir enfreint le code de l’industrie. C’est une autre façon de voir les choses.
Voilà donc des aspects du code qui amènent les experts à croire qu’il ne peut pas régler les problèmes dont nous parlons, à savoir l’exposition des enfants à ces publicités.
Sur le plan positif, malgré ces différences et le désir de l’industrie de continuer à s’autoréglementer, j’espère que le dialogue et les solutions seront possibles dans le futur. Devant le comité, les représentants de Santé Canada ont exprimé leur volonté de rencontrer et de consulter l’industrie après l’adoption du projet de loi C-52, tout comme les témoins provenant de l’industrie d’ailleurs.
« Nous sommes tout à fait disposés à travailler avec eux » si le projet de loi C-252 est adopté tel quel, a déclaré Andrea Hunt, présidente et cheffe de la direction de l’Association canadienne des annonceurs. Ce sentiment est partagé par Catherine Bate, présidente et cheffe de la direction de Normes canadiennes de la publicité, qui s’est dite prête à collaborer régulièrement avec Santé Canada une fois le projet de loi C-252 adopté. Je pense que cela représente une possibilité de dialogue et de discussion après l’adoption du projet de loi.
Chers collègues, permettez-moi de souligner que ce projet de loi bénéficie d’un solide soutien dans le milieu de la santé. La coalition Arrêtons la pub destinée aux enfants est composée de 10 organismes de premier plan du secteur de la santé, de 92 autres organisations et de 22 experts en santé renommés, qui demandent instamment l’adoption du projet de loi C-252. Parmi ces organisations figurent Cœur+AVC, la Childhood Healthy Living Foundation, l’Alberta Policy Coalition for Chronic Disease Prevention, la BC Alliance for Healthy Living Society, la Société canadienne du cancer, l’Association dentaire canadienne, l’Alliance pour la prévention des maladies chroniques au Canada, Diabète Canada, le Réseau pour une alimentation durable, et le Collectif Vital. Des représentants de la coalition et de ces organisations ont comparu devant le comité. Ils nous demandent d’adopter le projet de loi en troisième lecture.
Des experts du domaine de la recherche ont aussi témoigné devant le comité. La professeure Monique Potvin Kent, de l’Université d’Ottawa, la professeure Charlene Elliott, de l’Université de Calgary, et la professeure adjointe Lindsey Smith Taillie de l’Université de Caroline du Nord — toutes des témoins expertes — sont très favorables à l’adoption de ce projet de loi. Quant à l’organisme UNICEF Canada, il nous a vivement encouragés à adopter une approche législative et réglementaire fondée sur les droits des enfants et à adopter ce projet de loi.
Il y a un autre segment important de la société canadienne qui accueillera ce projet de loi avec enthousiasme, soit les parents. Je me souviens très bien de tous les efforts que j’ai dû faire lorsque mes enfants étaient jeunes afin de contrer les messages publicitaires destinés aux enfants qui faisaient la promotion de jouets, d’aliments, de vêtements et plus encore. Je me rappelle aussi que je me réjouissais grandement qu’on ne puisse pas faire de publicité sur le tabac et l’alcool destinée aux enfants.
Pendant ma carrière dans le secteur privé, j’ai dirigé au fil des ans plusieurs projets de recherche sur la lutte contre le tabagisme pour le compte de Santé Canada, et je comprends très bien que de telles mesures sont indispensables pour les parents. En ce qui concerne le tabac, par exemple, les restrictions visant la publicité font partie des nombreuses mesures qui ont contribué à réduire de façon radicale le tabagisme au pays. Ce projet de loi va aussi aider les parents à faire les bons choix en matière d’alimentation. Selon un sondage mené par Environics pour le compte de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC, c’est la raison pour laquelle 85 % des parents d’enfants âgés de 4 à 18 ans sont favorables aux restrictions visant la publicité destinée aux enfants qui fait la promotion de boissons et d’aliments mauvais pour la santé.
Chers collègues, c’est la cinquième fois que le Parlement examine un tel projet de loi. Les quatre versions précédentes sont mortes au Feuilleton, dont une au Feuilleton du Sénat. Certains collègues se souviendront de l’initiative la plus récente, le projet de loi S-228, parrainé par l’ancienne sénatrice Nancy Greene Raine en 2016. Ce projet de loi a été adopté ici à l’étape de la troisième lecture, en septembre 2017, puis a été renvoyé à l’autre endroit, où il a été adopté avec des amendements et été renvoyé ici pour l’étude du message. Il est mort au Feuilleton au moment du déclenchement des élections de 2019. Devant le comité, un témoin a qualifié cela de tragédie.
J’ai communiqué et discuté avec l’ancienne sénatrice Greene Raine, qui m’a dit être très enthousiaste au sujet du projet de loi C-252 et de ses perspectives. Je dois avouer que je le suis aussi. L’urgence de ces mesures n’a fait que croître, les taux d’obésité infantile ayant triplé au cours des dernières décennies, sans parler de l’augmentation des maladies cardiaques, de l’hypertension infantile, des accidents vasculaires cérébraux et des pratiques de marketing de plus en plus sophistiquées et omniprésentes.
Le projet de loi C-252 représente un pas en avant essentiel. Après une étude approfondie et l’audition de toutes les parties, votre Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie a adopté la semaine dernière ce projet de loi à l’unanimité et sans amendement la semaine dernière. Chers collègues, il s’agit des enfants et de leur santé. Je vous exhorte à voter en faveur de ce projet de loi sans amendement. Ayons tous ensemble une incidence bénéfique sur les générations à venir. Merci.
Oui. La sénatrice Dasko accepterait-elle de répondre à une question?
Oui.
Merci de votre discours. Je vous remercie également d’avoir expliqué le raisonnement du comité. J’aimerais vous poser une question sur le processus après l’adoption du projet de loi, lorsque viendra le temps d’élaborer des règles sur la surveillance de la publicité inappropriée pour les enfants.
Santé Canada a-t-il déjà établi des critères sur les limites pour le sodium, les sucres, les gras trans et ainsi de suite, ou le travail n’est‑il pas encore terminé à cet égard?
Merci de la question. Les représentants de ce ministère ont proposé des critères et des domaines qu’ils espèrent réglementer. Le travail est bien avancé, mais on parle d’une proposition à ce moment-ci. Rien n’a été mis en œuvre. Ils ont l’intention de poursuivre les consultations si le projet de loi est adopté. S’il ne l’est pas, je ne sais pas exactement ce qui se passera. Voilà où ils en sont en ce moment.
Merci. Vous avez indiqué que dans au moins un domaine, le code de l’industrie laisse à désirer; je pense qu’il s’agissait de la quantité de sodium dans les céréales. Peut-être que dans d’autres domaines, le code de l’industrie correspond davantage à celui de Santé Canada? Je n’en sais rien. C’est en partie une question.
Ma question plus importante est de savoir si vous envisagez la possibilité pour l’industrie de jouer un rôle plus actif dans l’élaboration de ces règlements et, par la suite, peut-être aussi dans la mise en œuvre de certaines mesures, parce que la réglementation a un coût. Les choses ne se font pas par magie. Le meilleur type de réglementation implique que l’industrie assume une part de responsabilité dans les mesures que le public considère comme bénéfiques.
Qu’en pensez-vous?
Oui. Je vous remercie de la question, sénateur Woo.
Il y a une possibilité de dialogue. C’est la façon dont j’ai formulé mes observations. L’industrie et Santé Canada sont loin de s’entendre sur certains points, peut-être plus sur d’autres, mais je pense que l’industrie a la possibilité de faire connaître son point de vue. Il y a quelques aspects qui, à mon avis, posent problème, et je pense que le dialogue sera bénéfique pour les deux parties.
J’ai bon espoir que ce qu’ils ont tous dit au comité — Santé Canada d’un côté et l’industrie de l’autre — reflète la façon dont ils ont l’intention d’aller de l’avant si le projet de loi est adopté. Il y a une occasion pour eux de travailler ensemble afin d’essayer de régler les plus grandes difficultés entre eux. Je pense que c’est possible.
Je vous remercie, sénatrice Dasko. Je n’ai qu’une question.
À la fin de votre discours, vous avez fait allusion au fait qu’il faudrait envisager l’adoption de cette mesure assez rapidement, parce qu’elle a obtenu le consentement unanime à l’autre endroit. Je ne peux qu’être d’accord avec cela. Cependant, où placez-vous la barre? S’il y avait l’unanimité moins une voix à l’autre endroit, penseriez-vous toujours qu’il faudrait adopter le projet de loi rapidement au Sénat également ou le pensez-vous seulement s’il y a unanimité?
Je vous remercie, sénateur Plett. En fait, je n’ai pas dit que le projet de loi avait reçu un appui unanime à l’autre endroit. Je ne me souviens pas du vote. J’ai dit que nous avions l’appui unanime à la séance de notre Comité des affaires sociales, un groupe très éclairé. Il s’agissait donc d’une considération relative au travail de notre comité. Nous avions l’appui unanime à la séance du comité.
Je ne me souviens pas du vote à l’autre endroit.
Je vous remercie de la précision. Je n’ai pas d’autres questions, si ce n’est pour dire que j’aimerais que le Comité de l’agriculture soit un groupe aussi éclairé que le Comité des affaires sociales.
Sénatrice Dasko, je suis ravie que le Canada suive l’exemple du Québec dans ce dossier. Plus sérieusement, je sais que vous aimez les données. Existe-t-il des données qui montrent que l’expérience du Québec a eu un effet sur l’obésité ou la santé des enfants? Je sais que la santé des enfants dépend de nombreux facteurs, mais je me demande si nous disposons de données qui nous permettraient d’affirmer que c’est la voie à suivre. En ce qui concerne le principe, je crois que c’est la voie à suivre, mais avons-nous des preuves que cette approche fonctionne?
Merci, madame la sénatrice. C’est une excellente question. Au comité, on a posé cette question à un témoin, qui nous a transmis des informations selon lesquelles le taux d’obésité est plus faible chez les enfants québécois, ce qui pourrait être attribuable à l’absence de publicité.
Nous savons également que l’interdiction de la publicité de produits est plus efficace dans les communautés francophones parce que les communautés anglophones ont accès aux réseaux de télévision de langue anglaise du reste du Canada et des États-Unis. L’interdiction est donc moins efficace chez les anglophones que chez les francophones.
Il existe également des preuves selon lesquelles la loi a une incidence sur les dépenses de malbouffe des consommateurs. Il s’agit là d’un autre élément d’information, d’un autre élément de preuve à l’appui de la loi québécoise. Il y avait trois éléments.
La sénatrice Dasko accepterait-elle de répondre à une autre question?
Oui.
Lorsqu’il a commencé à être question d’une telle loi — je ne crois pas me tromper en disant que cela fait 5, 10 ou 15 ans —, les enfants étaient plus susceptibles de regarder ce qu’on appelle la télévision câblée. En tant que membre de la génération X, j’ai grandi en regardant les dessins animés du samedi matin et en mangeant de mauvaises céréales. Or, de nos jours, comme le souligne le sommaire du projet de loi, les enfants regardent rarement la télévision; ils consomment principalement du matériel audiovisuel sur des plateformes comme YouTube.
Ce projet de loi a été renvoyé au Comité des affaires sociales et non au Comité des transports et des communications. Je me demande, parce que le projet de loi ne dit rien à ce sujet, comment on compte réglementer la publicité sur les médias sociaux et les plateformes numériques, puisque c’est là où la plupart des enfants consomment désormais du contenu pour se divertir.
C’est une excellente question, sénatrice. Oui, on va réglementer la publicité sur les médias sociaux, sur les sites Web et sur les plateformes. Il y a une liste des médias sociaux qui seront réglementés.
Nous avons siégé en même temps au Comité des transports et des communications, vous et moi. Nous savons donc, grâce à notre travail sur le projet de loi C-11, que c’est parfois plus facile à dire qu’à faire.
A-t-il été question de la façon dont on entend procéder pour la réglementation, particulièrement, comme vous l’avez mentionné, en ce qui concerne la télévision de langue anglaise au Québec et le fait que bon nombre des services de diffusion en continu ne sont pas en territoire canadien?
Vous posez une excellente question, sur l’emplacement des services. On ne peut rien faire contre les publicités en provenance des États-Unis, mais le ministère semble déterminé à arriver à réglementer les médias sociaux et les applications en ligne.
Il a établi des critères relatifs au média, par exemple les émissions pour enfants, les plateformes pour enfants et ainsi de suite, ainsi que d’autres genres de médias et d’applications qui sont plus généraux, mais qui, en réalité, ciblent les enfants. Il semble avoir poussé assez loin la façon dont il compte traiter cet enjeu.
Cela dit, vous avez raison de mentionner les défis associés à l’influence étrangère. Ce ne sera pas facile à gérer.
Sénatrice Dasko, j’ai écouté vos arguments concernant le projet de loi. Il est intéressant de constater que le sage Comité des affaires sociales a, bien sûr, appuyé ce projet de loi à l’unanimité. Je présume — et j’espère — que vous ferez preuve du même enthousiasme que les autres sages membres du comité en vous vous opposant à l’initiative du gouvernement qui vise à supprimer la TPS sur la malbouffe pour les deux prochains mois. Est-ce le cas?
Je vous remercie de votre question, sénateur. Je regrette, mais je ne peux pas parler au nom des membres du comité.
Honorables collègues, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi C-252, la Loi sur la protection de la santé des enfants.
Je tiens à remercier la sénatrice Dasko pour son travail inlassable sur cet important projet de loi. Je suis fière d’être associée au travail de l’ancienne sénatrice Nancy Greene Raine, une figure emblématique et un modèle dans le sport et dans cette enceinte. Il y a huit ans, elle a reconnu la nécessité d’être une voix pour les enfants et de les aider à apprendre à faire de meilleurs choix nutritionnels, et, espérons-le, cette vision deviendra bientôt loi.
Je plaide en faveur de la santé et de l’activité physique des enfants et des jeunes au Canada depuis plus de 30 ans. J’appuie sans réserve l’adoption du projet de loi C-252, qui reflète directement notre responsabilité collective d’être des gardiens dignes de confiance de la santé et du bien-être de nos enfants.
Partout au Canada, les enfants sont constamment exposés à des publicités pour des aliments préjudiciables à la santé, des produits à forte teneur en sucre, en sel, en acides gras malsains, et des aliments ultratransformés. Ces publicités sont souvent conçues précisément pour captiver les publics jeunes en utilisant des couleurs vives, des personnages populaires et des slogans accrocheurs pour influencer leurs préférences. Elles façonnent les choix des enfants avant même qu’ils sachent que ce sont des choix et qu’ils ont des conséquences persistantes sur leur santé.
Les enfants de moins de 13 ans sont particulièrement vulnérables à ce genre de marketing, parce qu’ils n’ont pas les compétences essentielles pour reconnaître l’application des tactiques de marketing. Ils font confiance à ce qu’ils voient sur leurs écrans, et leurs choix alimentaires reflètent cette influence. Selon les recherches, y compris les conclusions de l’étude du Comité sénatorial des affaires sociales sur l’obésité, ce type de marketing incite à la consommation d’aliments malsains et contribue ainsi à l’augmentation des taux d’obésité juvénile, de diabète et d’autres maladies évitables. Si nous voulons vraiment protéger l’avenir de nos enfants, nous devons prendre des mesures pour limiter la commercialisation d’aliments malsains destinés aux moins de 13 ans.
Chers collègues, comparons l’alimentation des enfants à la préparation d’un feu de camp. Un feu fort et sain nécessite un bon équilibre de matériaux pour produire des braises chaudes. Il faut d’abord du papier froissé et du bois d’allumage pour allumer le feu, puis de petites et moyennes branches pour stabiliser et transférer la flamme vers des bûches plus grandes et plus robustes qui fourniront de l’énergie et de la chaleur à long terme. Si j’essaie de faire un feu avec seulement du papier et du bois d’allumage, le feu va prendre rapidement, brûler vivement et s’éteindre avant d’avoir pu générer de la chaleur. Je peux continuer à ajouter du papier et du bois d’allumage en espérant que le feu prenne de l’ampleur — je sais que vous l’avez tous fait —, mais le résultat sera le même : aucune chaleur réelle et aucune énergie durable ne seront produites.
De la même façon, saturer l’alimentation d’un enfant avec des aliments malsains ultra-transformés perturbe sa croissance et diminue sa vitalité. Consommer trop d’aliments peu rassasiants les laisse affamés, et ils en veulent alors davantage. Comparons cela à une alimentation saine et équilibrée qui procure un sentiment de satiété et une énergie constante. L’alimentation d’un enfant nécessite un juste équilibre de nutriments, de glucides, de protéines et de bons gras, qui contiennent tous des vitamines et des minéraux essentiels qui stimulent la croissance et le développement cognitif.
Cela ne signifie pas que les enfants ne devraient jamais consommer des ingrédients comme le sucre, et qu’ils ne peuvent pas s’en délecter pendant les deux semaines du temps des Fêtes. Chez moi, comme la plupart des enfants, ma fille adore manger un bol de céréales au miel et aux noix pour le déjeuner ou un paquet de Sour Patch comme collation l’après-midi. Par contre, il est important d’aborder la consommation d’ingrédients malsains avec modération tout en favorisant de saines habitudes qui contribuent à un mode de vie équilibré. Enseigner aux enfants à faire des choix alimentaires judicieux dès leur plus jeune âge les aide à établir une bonne relation avec la nutrition. Comment se sentent-ils quand ils mangent? Quand savent-ils qu’ils ont assez mangé?
En fixant des limites claires et en montrant l’exemple, les parents peuvent donner à leurs enfants les moyens de prendre des décisions plus saines au fur et à mesure qu’ils grandissent, et ce projet de loi est essentiel pour atteindre cet objectif. Il ne s’agit pas seulement de limiter la publicité, mais aussi de donner à la prochaine génération les moyens de vivre sainement. Des pays comme le Royaume-Uni et le Chili ont déjà mis en œuvre des mesures similaires avec un succès quantifiable. En adoptant ce projet de loi, nous pourrons suivre leur exemple et réduire le nombre de maladies évitables, alléger la charge qui pèse sur notre système de santé à long terme et favoriser l’émergence d’une génération plus forte et en meilleure santé.
Comme toute mesure législative, le projet de loi C-252 a ses détracteurs. Ceux-ci affirment que les règlements pourraient limiter la liberté des entreprises et étouffer la créativité et l’innovation dans le secteur de la publicité. D’autres craignent qu’ils ne restreignent même la capacité d’une entreprise du secteur alimentaire à promouvoir des produits plus sains.
Bien que je comprenne ces préoccupations, je tiens à être claire : l’objectif de ce projet de loi n’est pas de restreindre la liberté d’entreprise ni la créativité. Il n’y a aucune raison pour que la publicité en faveur d’une alimentation et d’un mode de vie sains ne soit pas attrayante et innovante. Par ailleurs, chers amis, traverser l’allée des céréales ou des confiseries aux couleurs attrayantes continuera de susciter d’âpres négociations entre parents et enfants, tout comme passer en voiture devant un établissement de restauration rapide. L’objectif est de veiller à ce que les campagnes de publicité destinées aux enfants ne puissent pas, sans restriction, promouvoir des produits nocifs pour leur santé.
On craint également une réglementation excessive. Certains soutiennent que le fait de définir ce qui constitue un aliment malsain pourrait involontairement limiter l’accès à des choix que les parents jugent acceptables. Cependant, ce projet de loi ne vise pas à dicter ce que les enfants peuvent ou ne peuvent pas manger, mais à limiter l’énorme influence de la publicité d’aliments malsains.
Comme l’a dit la sénatrice Dasko, il est difficile d’enseigner à un enfant à faire des choix nutritionnels équilibrés, et cela prend du temps. La tâche est encore plus difficile pour les parents et les enseignants quand l’attention de l’enfant est attirée par des publicités conçues pour lui par des professionnels. Les parents, les éducateurs et les enseignants méritent de pouvoir lutter à armes égales. Ce projet de loi contribuerait à créer les conditions nécessaires pour apprendre à faire des choix plus sains.
Certains croient que ce projet de loi n’aurait pas l’effet escompté sur les habitudes alimentaires des enfants. Même si aucune solution ne peut à elle seule résoudre le problème de l’obésité juvénile, ce projet de loi est un élément essentiel d’une stratégie plus vaste qui vise à favoriser l’éducation, l’accès à des choix alimentaires plus sains et les initiatives communautaires. Le projet de loi C-252 est une pièce essentielle du casse-tête, mais certainement pas la seule.
Lors de la réunion du Comité des affaires sociales, des représentants de l’industrie ont présenté leur nouveau code d’autoréglementation pour la publicité destinée aux enfants. Avec tout le respect que je leur dois, il s’est avéré inefficace de s’en remettre à l’autoréglementation de l’industrie pour s’attaquer à ce problème. La professeure Monique Potvin Kent, de l’École d’épidémiologie et de santé publique de l’Université d’Ottawa, a déclaré que le nouveau code d’autoréglementation n’était qu’une piètre imitation de la Loi sur la protection du consommateur au Québec. Elle a donné un exemple montrant comment le nouveau code autorise le marketing auprès des enfants quand leur présence dans l’auditoire est inférieure à 15 %. Il s’agit là, mes amis, des enfants les plus vulnérables : des enfants qui ne regardent pas ce que la plupart des enfants regardent. Le contraste est saisissant avec le modèle québécois où le marketing ciblant les enfants n’est jamais autorisé, quelle que soit la composition de l’auditoire.
La professeure Potvin Kent a également souligné que les normes sanitaires du nouveau code sont inadéquates, notamment en ce qui concerne les céréales sucrées et la restauration rapide — qui sont souvent classées comme étant plus saines qu’elles ne le sont en réalité —, et que le code ne prévoit pas de contrôles de conformité ni de mécanismes d’application.
Chers collègues, en l’absence d’une application adéquate ou de sanctions significatives, ces lignes directrices dictées par l’industrie sont loin d’offrir une protection réelle. La protection de la santé de nos enfants ne peut être laissée à la bonne volonté des entreprises. Elle nécessite une réglementation forte, appliquée par le gouvernement, qui donne la priorité au bien-être à long terme de nos enfants.
Je vous exhorte, collègues, mais aussi tous les Canadiens, à appuyer ce changement essentiel. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que nos enfants tirent le maximum de leur potentiel et de leur énergie, alimentés par une nourriture adéquate et libérés de la publicité manipulatrice. La santé et l’avenir de nos enfants et du pays en dépendent. Merci.
Honorables sénateurs, c’est un honneur de prendre la parole aujourd’hui pour aborder l’une des responsabilités les plus importantes que nous avons en tant que législateurs, à savoir assurer la santé et le bien-être de nos enfants. Le projet de loi C-252, dont le titre abrégé est Loi sur la protection de la santé des enfants, représente une occasion charnière de prendre des mesures concrètes afin de favoriser chez la prochaine génération une vie plus saine et plus épanouissante.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à la députée Patricia Lattanzio et à la sénatrice Dasko pour leur engagement indéfectible et leur leadership à l’égard de ce projet de loi. Je tiens également à remercier le Comité des affaires sociales de son examen approfondi des dispositions du projet de loi, ainsi que les témoins experts et les Canadiens qui nous ont fait part de leurs réflexions, de leurs expériences et de leurs préoccupations. Leurs voix ont joué un rôle déterminant dans l’élaboration des arguments en faveur de ce projet de loi essentiel.
Fondamentalement, le projet de loi C-252 vise à mettre fin à la publicité de boissons et d’aliments malsains destinée aux enfants de moins de 13 ans, comme les produits bourrés de sucre, de gras saturés et de sodium. Il ne s’agit pas seulement de réglementer la publicité, chers collègues; il s’agit de placer la santé de nos enfants au-dessus des marges de profit d’industries multimillionnaires.
Pourquoi ce projet de loi est-il si important? Les Canadiens savent que favoriser un mode de vie sain chez les enfants est indispensable à la santé et au bien-être à long terme de ces derniers. Pourtant, les tactiques publicitaires utilisées pour cibler les jeunes enfants ne sont pas seulement persuasives, elles sont aussi manipulatrices. Les jeunes enfants ne possèdent pas les capacités neurodéveloppementales nécessaires pour évaluer d’un œil critique les publicités. Ils ne peuvent pas faire la distinction entre une tactique publicitaire et la valeur nutritionnelle réelle d’un produit. Ils sont donc particulièrement vulnérables aux publicités manipulatrices conçues pour les inciter à faire des choix malsains. Les preuves sont flagrantes et indéniables.
Pendant les discussions du comité, nous avons entendu le témoignage de la professeure Potvin Kent, qui nous a fait part des résultats de sa récente étude financée par l’Organisation mondiale de la santé. Cette étude révèle que les enfants âgés de 6 à 17 ans qui utilisent un appareil mobile 30 minutes chaque jour sont exposés à plus de 4 000 publicités d’aliments et de boissons par année, un nombre ahurissant. Pire encore, 87 % des produits annoncés ne respectent pas les normes nutritionnelles de Santé Canada.
Si on ajoute l’exposition à la télévision, à la radio, aux panneaux d’affichage extérieurs et aux étalages des magasins — sans parler des réseaux sociaux —, le nombre total de publicités devient ahurissant. Même les parents les plus vigilants qui encouragent sans relâche une alimentation saine sont manifestement dépassés par le barrage incessant de campagnes de publicité menées par l’industrie.
Charlene Elliott, qui est professeure à l’Université de Calgary, a dit ce qui suit à propos de la Loi sur la protection du consommateur du Québec :
[Elle] est fondée sur le principe selon lequel les très jeunes enfants ne peuvent pas reconnaître l’intention de la publicité. La publicité qui leur est destinée est, en soi, de la manipulation.
Ce constat souligne l’urgence éthique de s’attaquer à la question qui nous occupe aujourd’hui, chers collègues. Les recherches de Mme Elliott révèlent que, entre 2009 et 2023, les campagnes de publicité destinées aux enfants ont augmenté, mais aussi, fait alarmant, que 97,5 % des produits annoncés ne respectent pas les recommandations nutritionnelles de Santé Canada. Ces publicités font la promotion de produits à teneur plus élevée en sucre, en sodium et en gras saturés et sont délibérément conçues pour influencer les jeunes esprits vulnérables et impressionnables.
Chers collègues, je n’ai pas besoin de vous le dire, mais c’est évidemment inacceptable.
Le Dr Tom Warshawski, de la Childhood Healthy Living Foundation, a mis en lumière l’épidémie de surpoids chez les enfants et les adolescents, en soulignant le rôle des publicités ciblées dans la montée en flèche de l’obésité liée au diabète, à l’hypercholestérolémie et à l’hypertension. Bien que ces problèmes ne soient pas causés uniquement par la publicité, il est indéniable que toutes les publicités d’aliments et de boissons malsains influencent considérablement les choix des enfants, les poussant à désirer et à consommer davantage d’aliments malsains. Les 1,1 milliard de dollars dépensés chaque année en publicité ciblée sont l’un des principaux facteurs responsables de ces tendances inquiétantes, et il est temps que nous reconnaissions l’effet néfaste de ces publicités et que nous agissions.
Le diabète de type 2, autrefois pratiquement inexistant chez les enfants, a désormais atteint des niveaux épidémiques. Les communautés autochtones sont touchées de manière disproportionnée. Les familles autochtones sont de plus en plus ciblées par des publicités pour des aliments et des boissons malsains, ce qui contribue à de mauvais choix nutritionnels et à un risque plus élevé de développer un diabète de type 2. On s’attend à ce que 85 % des femmes autochtones développent un diabète de type 2 au cours de leur vie, une statistique renversante qui met en évidence les effets à long terme des mauvaises habitudes alimentaires acquises dès le plus jeune âge.
L’hypertension — ou la haute pression, comme nous l’appelons aussi — est également de plus en plus fréquente chez les enfants. Elle menace non seulement la santé cardiaque, mais aussi le développement cognitif et la réussite scolaire. Des taux élevés de lipides exposent même les jeunes enfants à des risques de maladies cardiovasculaires à long terme.
Les conséquences d’une mauvaise alimentation ne se limitent plus à des problèmes de santé futurs; les enfants souffrent déjà de ces problèmes, ce qui met en évidence l’urgence d’agir.
Chers collègues, vous vous demandez peut-être pourquoi le projet de loi C-252 est nécessaire étant donné que le Code des pratiques responsables en matière de publicité sur les aliments et les boissons destinée aux enfants de l’Association canadienne des annonceurs existe déjà. Établi en 2021 et révisé en 2023, ce code reconnaît que les enfants constituent « un auditoire particulier ». Il restreint la publicité pour les aliments à teneur élevée en gras, en sodium et en sucre destinée aux enfants de moins de 13 ans. Bien qu’il s’agisse d’un pas dans la bonne direction, le code n’en fait pas assez pour protéger nos enfants de l’influence omniprésente de la publicité sur les aliments malsains. Les intervenants de l’industrie attestent que le code est obligatoire. Toutefois, il est présenté au public comme un guide d’autoréglementation. De plus, dans leur description du code, les sites Web et les documents de l’industrie utilisent abondamment un langage incontestablement permissif. On y utilise des mots tels que « peut », « volontaire » et « autoréglementation », sans mentionner la nature prétendument obligatoire du code.
De plus, après avoir consulté les intervenants de l’industrie, le comité a déterminé que la supervision du code en fonction des plaintes par les membres d’un organisme bénévole, Normes de la publicité Canada, n’a donné lieu à aucune plainte jusqu’à présent. Dans le cas où une plainte est déposée, il n’y a pas de processus normalisé en place pour déterminer les conséquences pour l’acteur fautif, et il n’y a pas de sanctions pécuniaires. Les entreprises n’ont donc aucun véritable incitatif à respecter le code, même si elles prétendent le faire. D’ailleurs, la professeure Monique Potvin Kent a présenté au comité des preuves selon lesquelles les entreprises qui prétendent respecter le code ont commis plus d’infractions qu’un bon nombre des entreprises qui ne font pas cette assertion.
Étant donné le manque de surveillance et de réglementation par rapport à ce code, rien ne permet d’affirmer qu’il fonctionne à l’heure actuelle. Il est donc nécessaire d’adopter une réglementation à l’échelon fédéral, car nous ne pouvons pas simplement attendre en espérant que ce code volontaire se mette à fonctionner comme par magie.
Le projet de loi C-252 est mieux que le code volontaire. Il inscrira dans la loi l’interdiction claire de faire de la publicité auprès des enfants. Conjointement avec d’autres réglementations proposées par Santé Canada, le projet de loi C-252 ouvrira la voie à une surveillance et à une application de la loi rigoureuses, y compris des sanctions financières, que l’industrie elle-même reconnaît ne pas pouvoir imposer.
Dans sa forme actuelle, le code n’indique pas que les enfants sont vulnérables ou sans voix, ou qu’ils ont besoin de protection. Il indique simplement qu’ils constituent « un auditoire particulier ». Que doit-on en comprendre? En outre, le code ne fait aucune mention de la santé des enfants, ce qui est renversant. L’industrie fera toujours passer ses résultats financiers avant les besoins des enfants et des adolescents canadiens.
Bien que les faits démontrent que l’interdiction de la publicité au Québec n’a pas nui à la croissance économique, les intervenants de l’industrie demeurent préoccupés par l’incidence économique du projet de loi. Cependant, nous ne pouvons pas permettre que l’appât du gain ait préséance sur la santé des enfants.
Chers collègues, l’adoption de ce projet de loi permettra-t-elle d’éradiquer l’obésité juvénile? Probablement pas. Il est bien connu que la cause de cette maladie est multifactorielle, ce que je ne conteste pas. Toutefois, je pense que le projet de loi réduira la quantité d’aliments malsains consommés par les enfants canadiens. Il sera plus facile pour les parents d’orienter leurs enfants vers des aliments sains parce qu’ils n’auront pas à rivaliser avec des publicités dynamiques et colorées présentées délibérément à nos enfants.
Si les enfants consomment moins d’aliments malsains, les taux d’obésité, de diabète, d’hypertension et d’hypercholestérolémie diminueront. Nos enfants seront en meilleure santé et deviendront des adultes en meilleure santé.
Même si vous n’êtes pas d’accord avec moi, je tiens à poser les questions suivantes : êtes-vous certains de l’efficacité et des résultats de l’actuel code de l’industrie, de sorte que vous êtes prêts à risquer la santé et le bien-être de millions d’enfants canadiens en vous opposant au projet de loi C-252? Êtes-vous certains que le code à adhésion volontaire fera un meilleur travail qu’une loi?
Chers collègues, les enfants canadiens ont le droit inhérent d’être protégés. Ce projet de loi nous donne l’occasion de les protéger contre les pratiques de marketing abusives et d’accorder la priorité à leur santé et à leur bien-être actuels et futurs. Les données scientifiques sont sans équivoque.
C’est maintenant qu’il faut agir. Je vous exhorte à appuyer sans réserve le projet de loi C-252 et à vous ranger du côté des familles canadiennes pour créer un avenir plus sain pour nos enfants.
Honorables collègues, je vous remercie d’avoir pris le temps d’écouter mon point de vue et d’avoir travaillé d’arrache-pied afin de faire avancer ce projet de loi au Sénat. J’ai hâte d’entendre ce que les autres ont à dire et de voir ce projet de loi devenir loi. Merci, meegwetch.