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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Elsie Reford

8 mars 2023


Honorables sénateurs, dans le cadre de la Journée internationale des femmes, les Jardins de Métis et les éditions Umanium lancent ce mercredi le livre Elsie Reford : 150 objets de passion.

Le lancement officiel aura lieu ce soir à 19 heures, à Bibliothèque et Archives Canada, en présence d’Alexander Reford, auteur, historien, directeur des Jardins de Métis et arrière-petit-fils d’Elsie Reford.

Elsie Reford, née Mary Elsie Stephen Meighen en 1872, est surtout connue pour avoir fondé les Jardins de Métis dans le Bas‑Saint-Laurent. Autodidacte, elle entreprend en 1926, à l’âge de 54 ans, l’élaboration de jardins thématiques autour de la villa Estevan, un domaine de plus de 20 hectares. Passionnée et méticuleuse, elle devient une spécialise des plantes et en vient à publier dans de nombreuses revues horticoles au Canada et à l’étranger.

Ouverts au public depuis 1962, ses jardins sont classés comme site patrimonial en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec depuis 2012. Les visiteurs peuvent y admirer plus de 3 000 espèces et variétés de plantes, dont le fameux pavot bleu de l’Himalaya. Je vous invite fortement à visiter ce lieu magique.

Je m’en voudrais de passer sous silence le travail du directeur actuel des Jardins, M. Alexander Reford, qui donne un second souffle au domaine depuis 1995. M. Reford a d’ailleurs été nommé, en 2021, membre de l’Ordre du Canada pour souligner son leadership dans la communauté horticole canadienne, son soutien au développement du tourisme régional et sa contribution à la conservation du patrimoine et de l’environnement.

On connaît l’héritage horticole de Mme Reford, mais j’aimerais aussi souligner, en cette journée spéciale, sa contribution à l’avancement de la condition féminine. Préoccupée par le manque d’occasions pour les femmes de s’informer sur les débats politiques, économiques et sociaux de son époque, Mme Reford a fondé en 1907 le Cercle canadien des femmes de Montréal, en collaboration avec Julia Drummond. Ce club avait pour objectif de promouvoir l’unité canadienne et de fournir des informations aux femmes.

Au fil des ans, des personnalités éminentes telles que le gouverneur général Earl Grey, des politiciens et des premiers ministres tels que Wilfrid Laurier et Arthur Meighen, des écrivains illustres et des philanthropes ont été invités à s’exprimer devant le Women’s Canadian Club.

L’engagement politique et social d’Elsie Reford s’est exprimé sous plusieurs formes : discours, bénévolat, lobbying, écriture. Elle prendra notamment la plume pour dénoncer le traité de libre‑échange Canada—États-Unis de 1911 et participera à différentes tribunes publiques pour défendre la conscription en 1917. On raconte qu’elle a même tenté de convaincre Henri Bourassa des mérites du mouvement fédératif de l’Empire britannique. On peut certainement dire qu’elle avait confiance en ses moyens pour s’attaquer à pareille tâche.

Impliquée socialement, elle participe notamment au financement du tricentenaire de Québec et au projet de création d’un parc national sur les plaines d’Abraham. Elle aidera aussi les familles de militaires canadiens éprouvées par la guerre en s’impliquant dans le Fonds patriotique canadien.

En conclusion, féministe avant l’heure, Elsie Reford, née il y a plus de 150 ans, n’a pas hésité à occuper chaque parcelle de la liberté d’action qui lui était accordée, un peu comme ses magnifiques jardins qui ont fini par faire leur place à travers une forêt d’épinettes.

Je vous souhaite une magnifique Journée internationale des femmes et j’espère que cette journée sera porteuse de solidarité et de respect.

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