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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le logement abordable

13 juin 2023


Chers collègues, la crise de l’habitation est bien réelle alors que partout, il y a de graves pénuries de logements abordables. La situation est également critique dans le marché immobilier. Il est particulièrement difficile pour nos jeunes d’accéder à la propriété, alors que le coût moyen d’une hypothèque atteignait 34 % du revenu disponible des ménages dans la région de Montréal en 2022, comparativement à 20 % en 2016.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement, 3,5 millions de logements de plus sont requis d’ici 2030 pour rétablir un équilibre dans le marché. Pour le Québec, c’est une commande de 1,13 million de logements, soit 620 000 de plus que ce qui avait été projeté.

Pour faire face à ce défi immense, il est absolument nécessaire que les trois ordres de gouvernement puissent collaborer. Il est important de rappeler que les gouvernements fédéral et provinciaux se sont grandement désengagés de la construction de logements sociaux depuis les années 1990.

On connaît le problème de l’itinérance et des logements inadéquats dans les grandes villes. C’est en soi une tragédie. Il y a aussi l’impact économique de la crise du logement sur nos régions. Par exemple, à Rimouski, des centaines d’étudiants ne pourront suivre leurs cours universitaires à la rentrée de 2023, faute de logements disponibles. Comment voulez-vous attirer des travailleurs spécialisés ou du personnel de la santé quand le taux d’inoccupation des logements est de 0,4 % et que le marché immobilier surchauffe?

Soyez assurés que les élus municipaux confrontés à cette réalité au quotidien se démènent pour trouver des solutions. Le droit au logement est un droit fondamental. Il faut que tous les secteurs concernés puissent travailler ensemble. Il faut reconnaître que les villes étant responsables de l’aménagement du territoire, elles ont un rôle central et déterminant à jouer.

Au-delà du financement, il m’apparaît primordial, par exemple, que l’on modifie la taxation municipale afin de favoriser la densification urbaine et que l’on facilite l’acquisition de terrains par les municipalités qui pourraient alors faire la promotion de projets immobiliers à des fins non spéculatives. Au lieu de menacer les municipalités et de sortir le bâton, on doit maintenant les accompagner.

En ce sens, le nouveau Fonds pour accélérer la construction de logements annoncé dans le budget de 2022 a été déployé cet été et s’avère un premier pas dans la bonne direction, notamment pour induire le changement vers la nécessaire densification de nos villes. Doté d’une enveloppe de 4 milliards de dollars, ce fonds financera le plan d’action des municipalités visant à augmenter rapidement l’offre de logements. Une municipalité qui assouplirait sa réglementation pour favoriser les logements accessoires, par exemple, pourrait recevoir des fonds, à condition que cet assouplissement se traduise effectivement par des résultats concrets.

Madame la Présidente, la crise de l’habitation que l’on connaît est sans précédent. Elle exige une réponse de la même ampleur. Sans financement supplémentaire, sans assouplissement réglementaire et sans collaboration de tous les acteurs publics et privés, on n’en viendra pas à bout.

Merci.

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