Projet de loi instituant le Jour commémoratif de la pandémie
Troisième lecture--Suite du débat
3 mai 2022
Chers collègues, je prends la parole aujourd’hui pour prononcer un discours sur le projet de loi S-209, Loi instituant le Jour commémoratif de la pandémie, présenté par la sénatrice Mégie.
Dans son discours à l’étape de la deuxième lecture, la sénatrice Mégie a mis de l’avant trois raisons pour ce projet de loi : le devoir de se souvenir, le devoir de s’en sortir et le devoir d’être prêt pour une future pandémie. L’ampleur de l’impact qu’a eu et qu’a encore aujourd’hui la pandémie sur nos vies, notre santé et notre économie justifie certainement la nécessité de se rappeler et de se souvenir. En plus du coup dur qu’ont subi notre système de santé et nos foyers de soins de longue durée, la perte humaine qui a ébranlé nos communautés ne doit jamais être oubliée.
Cependant, j’aimerais concentrer mon intervention sur la troisième raison : celle d’être prêt pour une future pandémie. Le Canada a été durement touché par la pandémie de COVID-19, et nous étions mal préparés pour une crise sanitaire de cette ampleur. Au début, plus de 80 % des décès liés à la pandémie étaient concentrés dans les établissements de soins de longue durée et les maisons de retraite. Nos systèmes de santé ont été submergés par l’augmentation de la demande et les pénuries de main-d’œuvre.
Nos gouvernements se sont fait prendre par surprise, n’ayant pas de programmes adéquats pour assurer un filet de protection sociale dans le contexte d’une pandémie et d’un confinement généralisé. On nous a demandé d’adopter d’urgence des projets de loi pour offrir de l’aide aux Canadiens alors qu’ici même, au Parlement, nous n’avions pas de plans pour assurer la continuité du processus législatif en temps de pandémie. Nous avons dû créer tous ces plans sur place; pourtant, si nous avions été mieux préparés, nous aurions pu éviter une énorme partie de ces impacts.
Du côté commercial et industriel, le Canada se trouvait encore une fois derrière plusieurs autres nations. Le Canada bénéficiait auparavant d’une industrie locale à l’avant-garde du développement de vaccins, mais celle-ci a graduellement décliné jusqu’à sa disparition, en partie attribuable à l’importance accordée à la recherche de profits et aux considérations politiques, selon le Dr Earl Brown, professeur émérite en biochimie, microbiologie et immunologie à l’Université d’Ottawa. Résultat : le Canada était dépendant de la production de vaccins dans d’autres pays.
Rappelons-nous que, la distribution initiale de vaccins à un moment clé de la lutte contre la COVID-19 a été retardée parce que d’autres pays ont eu la priorité sur le Canada et que l’augmentation de la production à l’échelle mondiale a été lente.
Le gouvernement et les Canadiens ont depuis reconnu l’importance de recommencer à fabriquer des vaccins au Canada. Par conséquent, le gouvernement a investi plus de 1 milliard de dollars pour combler cette lacune. Considérons qu’il est de bon augure que les futures installations de Moderna situées à Montréal feront du Canada un chef de file dans la production de vaccins à ARN messager.
La pandémie de grippe H1N1 est survenue il y a à peine un peu plus de dix ans. Elle n’a peut-être pas frappé aussi durement la société canadienne que la COVID-19, mais elle aurait dû servir de leçon aux décideurs politiques, spécialement compte tenu du fait que les scientifiques nous avaient mis en garde des risques accrus d’émergence de nouvelles maladies infectieuses et de pandémies.
Les lacunes en matière de préparation aux situations d’urgence au Canada semblent un thème récurrent. Que ce soit en ce qui concerne la COVID-19, les phénomènes météorologiques extrêmes ou les changements climatiques, le Canada semble toujours réagir plutôt que prévenir. Évidemment, il est impossible d’être complètement préparé à une crise, mais une planification proactive et des mesures préventives fondées sur les données scientifiques peuvent minimiser les conséquences des crises et seraient extrêmement bénéfiques pour l’ensemble des Canadiens.
En fait, selon l’Organisation mondiale de la santé, le coût de la lutte contre la COVID-19, estimé à des dizaines de billions de dollars, pourrait s’élever à plus de 500 fois plus que le coût d’investir dans des mesures pour limiter la transmission de nouvelles maladies.
Honorables sénateurs, c’est facile de dire que nous n’oublierons jamais la dévastation qu’a causée la pandémie dans la vie des gens. Cependant, nous avions déjà vécu des pandémies auparavant, et nous n’étions tout de même pas préparés. Quand on oublie, on devient complaisant et on commence à négliger son devoir de préparer le Canada à affronter les prochaines crises.
Si la Journée commémorative de la pandémie contribue à nous rappeler la nécessité d’être préparés et d’adopter des mesures préventives efficaces, cela pourrait nous permettre de laisser un bel héritage aux générations à venir, dans l’espoir que nous les aurons aidés à minimiser les répercussions de la prochaine pandémie mondiale.
Merci, meegwetch.