PÉRIODE DES QUESTIONS — Les finances
Le budget de 2019
4 avril 2019
Honorables sénateurs, ma question s’adresse au leader du gouvernement au Sénat.
Monsieur le sénateur Harder, nous savons tous jusqu’où le premier ministre est prêt à aller pour sauver des emplois. Cela lui a même coûté deux ministres chevronnées. Le mois dernier, le ministre Morneau a présenté un budget plein d’artifices pour épater la galerie.
Pouvez-vous me dire pourquoi le ministre Morneau, qui est un homme très intelligent, a choisi d’ignorer les fondements d’une bonne planification financière? Je pense à la productivité — nous savons tous que le Canada est derrière les autres pays du G7 sur le plan de la productivité — et à la compétitivité fiscale. De plus, il n’y a rien dans le budget visant à attirer les investissements au Canada. Nous savons que les investissements étrangers connaissent un net recul au Canada. S’agit-il d’un problème qui sera légué au prochain gouvernement?
Je remercie l’honorable sénatrice de sa question, surtout la partie, dans son préambule, où elle dit que je suis un génie. Je n’ai pas souvent l’occasion de remercier les sénateurs de leurs préambules.
Permettez-moi de répéter que, en cette période d’anxiété dans les milieux de travail, le gouvernement a comme priorité de faire des investissements. Grâce aux sommes prévues dans les quatre derniers budgets, le Canada affiche la croissance la plus élevée parmi les membres du G7. Le ratio dette-PIB diminue constamment. C’est l’objectif. Le taux de chômage n’a pas été si bas depuis plusieurs années. Les investissements permettent de stabiliser les marchés du travail et de stimuler la croissance économique, ce qui ne serait pas arrivé autrement.
L’honorable sénatrice mentionne avec raison la préoccupation de longue date au Canada concernant la productivité et l’innovation dans le secteur privé. Elle saura qu’il y a eu, dans les quatre derniers budgets, des fonds alloués au secteur de l’innovation. Il s’agit d’un financement ciblé qui renforce la capacité du gouvernement du Canada à collaborer avec le secteur privé et les innovateurs, non seulement pour commercialiser leurs produits, mais aussi pour trouver de nouveaux marchés et investir dans du personnel hautement qualifié, une exigence essentielle des marchés novateurs et très concurrentiels.
Ce sont des projets en cours qui s’étalent sur plusieurs années et qui — bien franchement — sont l’œuvre de plusieurs gouvernements. Ils recevront plus d’attention dans les budgets à venir.
Honorables sénateurs, ma question s’adresse aussi au leader du gouvernement au Sénat.
Sénateur Harder, dans le dernier budget, le gouvernement a une fois de plus ciblé l’industrie albertaine, mais de façon très discrète et même sournoise, selon certains journalistes. Il s’en prend cette fois-ci à l’industrie touristique de l’Alberta. À la page 347 du dernier budget, on peut lire que le gouvernement a éliminé le projet du sentier des Glaciers dans le parc national Jasper, un projet de 7 millions de dollars. Il a été discrètement éliminé.
Autre nouvelle tout aussi importante, à la page 381, le gouvernement indique son intention de proposer des modifications à la Loi sur les parcs nationaux du Canada afin de modifier les limites des centres de ski dans le parc national de Banff. Cette annonce fait malheureusement suite à de longues négociations infructueuses entre le gouvernement et l’industrie.
Le PDG de Sunshine Village, l’un des meilleurs centres de ski de l’Amérique du Nord, comme le savent plusieurs sénateurs, a déclaré qu’ils avaient l’intention d’investir 75 millions de dollars dans ce centre au cours des cinq prochaines années. Si les menaces du gouvernement se concrétisent, les investissements risquent de fondre pour atteindre 5 millions de dollars pour les 20 prochaines années.
Monsieur le leader, il ne s’agit vraiment pas d’un investissement considérable dans les stations de ski ou le tourisme. Les emplois en pâtiront, le tourisme aussi, et la compétitivité des entreprises canadiennes continuera de décliner.
Monsieur le leader, pourriez-vous demander à Environnement Canada de confirmer qu’il défendra les intérêts des citoyens et de l’industrie touristique de l’Alberta et qu’il reviendra sur cette décision?
Je remercie l’honorable sénateur de sa question.
Je tiens à lui assurer, ainsi qu’à tous les sénateurs, que Parcs Canada est déterminé à ce que le ski alpin soit pratiqué dans les parcs nationaux. Le ski alpin constitue une pierre angulaire pour les régions où les touristes vont skier l’hiver, comme le sénateur le sait, s’étant lui-même adonné à ce genre d’activité.
Les modifications proposées dans le budget sont de nature administrative, et elles reflètent ce qui a été élaboré et convenu avec la station de ski de Lake Louise lors de la mise au point de ses lignes directrices pour la gestion du site, en collaboration avec Parcs Canada. Dans chaque cas, les exploitants de la station de ski ont accepté d’apporter d’importantes améliorations environnementales, ce qui réduit les limites du terrain loué sans nuire à l’expérience des visiteurs. Ces modifications sont bien connues des exploitants des stations de ski touchées et soutiennent les engagements qu’ils ont pris à l’égard du processus de planification des stations de ski de Parcs Canada.
Comme l’honorable sénateur le sait, je m’attends à ce qu’un comité sénatorial mène une étude préalable du projet de loi d’exécution du budget, puis que ce dernier soit renvoyé dans cette enceinte plus tard dans la session. Je l’inviterai donc, au besoin, à éclaircir la question à ce moment. Je souhaite et j’espère avoir réussi à lui faire comprendre les intentions derrière ces modifications.