Projet de loi sur le Mois du patrimoine ukrainien
Deuxième lecture--Ajournement du débat
19 octobre 2023
Propose que le projet de loi S-276, Loi instituant le Mois du patrimoine ukrainien, soit lu pour la deuxième fois.
— Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi S-276, Loi instituant le Mois du patrimoine ukrainien. Quand il sera adopté, le mois de septembre de chaque année sera reconnu comme Mois du patrimoine ukrainien, partout au Canada. Ce mois sera l’occasion de célébrer d’un océan à l’autre les contributions des Canadiens d’origine ukrainienne à la mosaïque culturelle de notre pays.
Nous savons tous ce que le mot « patrimoine » signifie, mais il convient de prendre un instant pour songer à son importance. Notre patrimoine, c’est ce que nous avons hérité du passé, ce sont des choses qui nous sont chères, que nous aimons encore aujourd’hui et que nous nous efforçons de préserver et de transmettre aux générations futures.
Le patrimoine est un ensemble de différentes choses qui peut reposer sur des idées, des souvenirs et des souhaits. Chacun d’entre nous peut y contribuer afin d’enrichir le tissu social canadien. Il nous aide à mieux connaître et respecter notre société ainsi qu’à mieux faire connaître celle-ci aux autres. Il aide les compagnons de voyage à mieux se connaître et à se respecter en échangeant sur leur patrimoine respectif. En résumé, le patrimoine est une célébration de ce que nous sommes et de ce que nous voulons être. Il fait partie de ce qui nous unit les uns aux autres.
Je présente ce projet de loi pour honorer mon patrimoine ukrainien, avec le soutien et les encouragements du Congrès ukrainien canadien, de la diaspora ukrainienne, des nouveaux arrivants ukrainiens qui cherchent refuge au Canada et du député Yvan Baker, qui a présenté un projet de loi semblable à l’autre endroit.
Dans ce contexte, je saisis aussi l’occasion pour confirmer à tous ceux qui sont à l’écoute que je respecte leur patrimoine et que je veux en apprendre davantage sur le sujet — dans ce parcours axé sur les découvertes mutuelles, nous pouvons espérer mieux nous comprendre et, par le fait même, définir et bâtir un avenir commun meilleur.
J’ai le privilège de raconter au Sénat l’histoire de mes parents et de mes grands-parents. Ils ont quitté l’Ukraine pour s’installer au Canada après avoir perdu tous leurs biens, bon nombre de leurs amis et la plupart de leurs proches aux mains des forces russes et nazies qui cherchaient à les détruire, à démolir leur identité et à briser leur avenir. Ils faisaient partie des nombreux Ukrainiens qui ont trouvé refuge au Canada après la Deuxième Guerre mondiale. Ils y ont trouvé un lieu sûr pour leurs familles, un endroit où elles pouvaient vivre dans la paix, sans peur, et s’épanouir pendant des générations.
Une fois ici, ils se sont intégrés à une vaste diaspora ukrainienne bien établie qui remonte à l’appel pour trouver des « hommes vêtus de manteaux de peau de mouton » lancé par Clifford Sifton, alors ministre de l’Intérieur, qui a choisi d’accueillir des agriculteurs de l’Europe de l’Est au Canada dans le cadre d’une stratégie d’immigration pour coloniser l’Ouest du pays de 1896 à 1902. On se souvient de ses propos selon lesquels il croyait que, pour coloniser les Prairies, le Canada avait besoin de « paysans robustes, vêtus de manteaux de peau de mouton, nés de la terre, dont les ancêtres sont agriculteurs depuis dix générations ».
Des milliers de personnes ont répondu à cet appel pour se rendre dans l’Ouest du Canada et, grâce à leur dur labeur, elles ont contribué à faire du Canada la puissance agricole qu’il est aujourd’hui. D’ailleurs, les origines de certains sénateurs remontent à cette époque.
Le lien qui unit le Canada et l’Ukraine a été tissé au fil des décennies et continue de se renforcer. Depuis février 2022, tous les Canadiens ont pris conscience des liens qui unissent le Canada et l’Ukraine.
La guerre génocidaire et illégale de la Russie contre l’Ukraine nous rappelle les tragédies du passé que nous croyions révolues depuis longtemps, mais qui refont surface aujourd’hui. Cette invasion menace non seulement l’existence de l’Ukraine, mais elle constitue également une attaque contre les valeurs communes qui nous unissent, comme le respect des droits de la personne, de la démocratie et de la primauté du droit dans le monde.
Bien que le décès de ma mère des suites de la COVID dans un foyer pour personnes âgées au plus fort de la pandémie m’ait profondément bouleversé, je suis en quelque sorte soulagé que sa mort soit survenue avant l’invasion russe. Je ne peux imaginer à quel point il aurait été douloureux pour elle, à son grand âge, de revivre les traumatismes de son enfance et le souvenir de la terrible souffrance des membres de sa famille qui ont survécu à la guerre, sous Staline et les dictateurs russes qui lui ont succédé.
Cette histoire fait partie du patrimoine qui définit les Canadiens d’origine ukrainienne et qui les lie aux autres personnes qui vivent au Canada et dont le patrimoine comprend des souvenirs similaires. Cette histoire a des racines profondes et tragiques : environ 4 millions de personnes ont perdu la vie pendant l’Holodomor, la famine provoquée par Staline, et entre 8 et 14 millions de personnes ont été tuées pendant la Seconde Guerre mondiale.
Comme l’a dit notre ancien collègue le sénateur Paul Yuzyk dans le discours qu’il a prononcé dans cette enceinte en 1964, c’est :
[...] l’esprit vivant de vérité, de justice et de liberté qui doit régner en Ukraine et parmi tous les peuples opprimés qui luttent pour s’affranchir de l’impérialisme communiste de la Russie. Les pays libres du monde, y compris le Canada, doivent mobiliser l’opinion mondiale contre ce vaste empire totalitaire [...]
Malheureusement, chers collègues, nous sommes toujours confrontés à ce défi aujourd’hui.
De nos jours, plus de 1,3 million de personnes d’origine ukrainienne vivent au Canada, soit près de 4 % de notre population. Ma famille compte parmi ce groupe, notamment mes grands‑parents, mes parents, moi-même, mes deux frères et nos enfants et petits-enfants. Quand j’étais enfant, j’ai commencé à parler anglais uniquement à l’école primaire. Comme c’était le cas dans de nombreux foyers de réfugiés, la langue maternelle était la langue du foyer. Dans notre cas, c’était l’ukrainien. Comme mes grands‑parents n’ont jamais appris à parler anglais, c’est la langue qui me liait à eux.
Les années ont passé, et, en raison de circonstances familiales et de la réalité économique, je me suis de plus en plus éloigné de ma langue maternelle. Ma familiarité avec ma langue et ma culture était alimentée par ma baba et mon dido, soit ma grand-mère et mon grand-père. Malheureusement, après leur mort, j’ai arrêté de parler l’ukrainien. Il n’y avait plus personne dans ma vie avec qui je devais utiliser ma langue maternelle.
Depuis que la guerre génocidaire de la Russie contre l’Ukraine a éclaté et que le Canada a commencé à accueillir des Ukrainiens déplacés, j’ai eu le privilège de rencontrer de nouveau de nombreuses personnes de ma patrie qui cherchaient refuge sur nos rivages. J’ai appris à connaître un certain nombre de ces nouveaux arrivants, et ces événements m’ont encouragé à renouveler mes liens culturels. C’est la raison pour laquelle je présente ce projet de loi.
Ces événements ont également été une occasion de me réapproprier ma langue maternelle. Ils m’ont permis de reprendre conscience de mes racines et ont ravivé mon intérêt à mieux comprendre les contributions que les Ukrainiens ont apportées à l’histoire et au tissu du Canada. En fait, chers collègues, je suis des cours d’ukrainien donnés par une jeune professionnelle, qui, avec sa famille, changent les choses pour le mieux grâce à leur travail et à leur engagement communautaire depuis leur arrivée au Canada. Je m’améliore à chaque cours et j’espère être bientôt capable de parler l’ukrainien à 71 ans presque aussi bien que je le parlais à 6 ans.
Une partie de ce que j’espère accomplir en présentant ce projet de loi à la Chambre, c’est de nous encourager tous à en apprendre davantage sur notre propre patrimoine, comme j’ai appris sur le mien, et à utiliser ce cheminement afin de nous aider à mieux nous connaître et à mieux nous comprendre les uns les autres.
Septembre est un mois important pour les Canadiens d’origine ukrainienne, comme il l’a été il y a plus de 125 ans, à l’époque où les premiers immigrants ukrainiens seraient arrivés au Canada. Comme je l’ai mentionné plus tôt, le Canada faisait alors la promotion de l’immigration d’agriculteurs d’Europe de l’Est pour qu’ils s’établissent dans l’Ouest. Ivan Pylypiw et Vasyl Eleniak sont arrivés au Canada le 7 septembre 1891. Cette journée est célébrée en Alberta, au Manitoba et en Ontario comme la Journée du patrimoine ukrainien.
La désignation du mois de septembre comme mois national inclurait ces journées tout en permettant la tenue de célébrations d’un océan à l’autre à des moments qui répondraient aux besoins de diverses collectivités.
Bon nombre de ces premiers arrivants se sont installés dans les provinces des Prairies et ont pratiqué l’agriculture avant de déménager en milieu urbain et d’occuper d’autres emplois. Beaucoup ont servi dans les Forces armées canadiennes pendant les deux guerres mondiales et, comme les membres de tant d’autres groupes ethnoculturels au pays, ils ont payé de leur sang leur place au Canada.
Il y a également de nombreuses histoires sur l’aide qu’apportaient les Autochtones aux premiers colons ukrainiens dans les Prairies. En effet, le foulard de Kokum est le symbole de ce lien entre les communautés autochtones et leurs voisins ukrainiens. J’ai remarqué, comme beaucoup d’entre vous dans cette enceinte, que certains de nos collègues portent ce symbole de reconnaissance et de respect mutuel.
Nous avons la chance, au Canada, de faire partie d’une mosaïque qui a été confectionnée par de nombreuses mains. Les importantes contributions que les Canadiens d’origine ukrainienne ont apportées tout au long de notre histoire et jusqu’à aujourd’hui ont aidé à bâtir le pays dans lequel nous vivons aujourd’hui.
Ce projet de loi est l’occasion de reconnaître cet héritage et de célébrer le rôle important que les Canadiens d’origine ukrainienne ont joué dans notre patrimoine social, économique, politique et culturel. Il offrirait également la possibilité d’apprendre et d’enseigner les valeurs communes de la gouvernance et de la démocratie fondée sur des règles, sur lesquelles repose le soutien du Canada à l’Ukraine en cette période difficile.
Un nombre incalculable de Canadiens d’origine ukrainienne ont apporté des contributions au Canada dans les domaines des sciences, des arts, des Forces armées canadiennes, des sports, des affaires et de la politique. Ils ont leur place dans la mosaïque canadienne d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Je vais prendre un instant pour parler de quelques-unes de ces personnes :
Je pense à des personnes comme Roberta Bondar, une neurologue qui est la première femme et la deuxième personne du Canada à s’être rendue dans l’espace et qui est une pionnière de la recherche en médecine spatiale. Elle est également une photographe de la nature accomplie. La Dre Bondar est un modèle pour bien des gens qui ont de grands rêves.
Sylvia Fedoruk est une autre pionnière de la médecine qui était physicienne médicale dans le domaine de l’utilisation d’isotopes radioactifs et du traitement du cancer. Elle a été professeure et la première femme à obtenir le poste de chancelière de l’Université de la Saskatchewan en 1986. Mme Fedoruk était également excellente au baseball, en athlétisme et au curling. Elle a été intronisée au Temple de la renommée du curling du Canada et elle a été présidente de l’Association canadienne féminine de curling. La petite-fille du sénateur Plett occupera peut-être un jour ce poste. Véritable défricheuse, Mme Fedoruk a réalisé de nombreuses premières au cours de sa vie. Elle a notamment été la première lieutenante-gouverneure de la Saskatchewan, en 1988. Elle a posé de nombreuses pièces de la mosaïque historique du Canada.
Ray Hnatyshyn était également Saskatchewanais. Son père a été le premier sénateur canadien d’origine ukrainienne. M. Hnatyshyn a été député à la Chambre des communes de 1974 à 1988, il a été membre des Cabinets de Joe Clark et de Brian Mulroney. Le 29 janvier 1990, il a été assermenté au poste de gouverneur général du Canada et il a transformé cette fonction afin qu’elle corresponde à sa vision, soit que le gouverneur général appartient aux citoyens du Canada.
Pendant des décennies, les Canadiens ont mis leurs connaissances à l’épreuve en regardant le jeu télévisé Jeopardy, animé par Alex Trebek. M. Trebek, dont le père était arrivé de l’Ukraine alors qu’il n’était qu’un garçon, a travaillé à la CBC avant de devenir l’animateur de Jeopardy.
Le scénariste et écrivain George Ryga nous parle de l’expérience canadienne dans ses écrits. Élevé dans une petite collectivité agricole du Nord de l’Alberta, il est devenu célèbre même s’il a peu fréquenté l’école. Ses pièces Rita Joe et The Other Plays décrivent le sort des peuples autochtones qui peinent à se faire entendre.
Des musiciens de tous genres s’inspirent de leurs origines ukrainiennes. Je songe par exemple à Randy Bachman, Paul Brandt, Chantal Kreviazuk, LUBA, ainsi qu’à Ivan et Stefan Doroschuk de Men Without Hats. Mon voisin de banquette les connaît bien, j’en suis sûr.
D’innombrables athlètes d’origine ukrainienne ont représenté le Canada, en particulier des joueurs de la LNH comme Wayne Gretzky ou mon propre cousin, Mark Osborne. Mark est beaucoup moins connu que M. Gretzky et, malheureusement, il a passé plus de 15 ans à jouer pour les Maple Leafs. Que peut-on y faire? Cela aurait être les Canadiens.
Honorables sénateurs, plusieurs sénateurs de descendance ukrainienne se trouvent en ces murs, et il y en a eu beaucoup d’autres avant nous. Je me souviens d’avoir rencontré la sénatrice Andreychuk avant sa retraite.
L’un de ces distingués sénateurs est Paul Yuzyk, qui a joué un rôle de leader au sein de la communauté ukrainienne au Canada et qui s’est mérité le titre de « père du multiculturalisme ». Il a jeté les assises du changement de perception des valeurs ethnoculturelles qui sous-tendent le Canada moderne. D’ailleurs, son premier discours à la Chambre rouge était axé sur le concept du multiculturalisme. Il avait insisté sur le fait que tous les groupes ethniques méritent d’être reconnus comme des partenaires dans la mosaïque du Canada. Dans un autre discours qu’il a prononcé le 3 mars 1964, intitulé « Le Canada : Une nation multiculturelle », il a souligné que les peuples autochtones vivaient au Canada bien avant l’arrivée des colonisateurs français et anglais. Il considérait que notre réalité culturelle se traduit par « l’unité dans notre diversité », et il a invité notre pays à accepter et à célébrer cette réalité. Il avait également mentionné que cet objectif, s’il était atteint, serait non seulement bénéfique pour le Canada, mais pour le monde entier. Je le cite :
Si nous réussissons […] à réaliser l’unité dans la diversité […] nous donnerons l’exemple [un modèle] aux autres pays du monde […] Ce sera l’apport du Canada au monde.
J’espère que tous les sénateurs reconnaissent à sa juste valeur notre modèle d’unité dans notre diversité. Nous avons le devoir d’apprendre comment nous pouvons mieux tirer parti des liens qui nous unissent, tout en évitant de tomber sous l’influence de ceux qui nous inciteraient à utiliser notre diversité comme justification pour nous diviser.
La vychyvanka est le symbole de cet appel à la compréhension, au respect et à la volonté de travailler ensemble pour le bien commun. Traditionnellement, la vychyvanka est une blouse confectionnée à la main, cousue avec des matériaux naturels et brodée avec des fils de différentes couleurs. Les Ukrainiens croient que la broderie a une signification de talisman, qu’elle a le pouvoir de protéger une personne du mal et de lui porter chance.
La vychyvanka est un symbole de la beauté qui naît du tissage de fils de différentes couleurs. Elle symbolise le fait que chacun d’entre nous peut s’associer à d’autres pour créer quelque chose de bien plus grand que la somme de ses éléments.
Honorables sénateurs, nous vivons à une époque qui appelle à célébrer davantage les choses qui nous unissent en dépit de celles qui nous éloignent les uns des autres. Voilà pourquoi je sollicite votre soutien pour que ce projet de loi célébrant le patrimoine ukrainien soit rapidement adopté par le Sénat et transmis à l’autre endroit.
Dyakouyou. Merci. Wela’lioq.
Merci, sénateur Kutcher, pour ce discours et pour avoir présenté ce projet de loi. Je pense que les mois du patrimoine consacrés à diverses communautés sont extrêmement importants, car ils nous permettent d’inclure véritablement la communauté concernée dans le Canada, au lieu de souligner simplement la journée nationale d’un autre pays, par exemple.
Comme vous l’avez brièvement souligné, car vous auriez pu en parler pendant des heures, les contributions de la communauté ukrainienne du Canada sont appréciables. Évidemment, en 1964, la contribution en matière de multiculturalisme de notre regretté collègue, le sénateur Paul Yuzyk, a été importante pour développer ce qui était alors la politique de multiculturalisme, adoptée en 1971, et la Loi sur le multiculturalisme canadien de 1988, il me semble.
Je pense qu’il est juste de dire que pendant les années de domination soviétique en Ukraine, la langue et la culture ukrainiennes étaient plus vivantes, mieux protégées et davantage en croissance au Canada qu’en Ukraine. Et nous voici à nouveau dans une situation où la Russie tente d’éradiquer la culture, la langue et le peuple ukrainiens. Sommes-nous revenus au même point? Y a-t-il une triste similitude avec cette période? Selon vous, quel est le rôle les Canadiens d’origine ukrainienne, dans cette situation, mais également pour nous rappeler notre rôle en tant que citoyens du monde afin de comprendre différentes cultures?
Je vous remercie, monsieur le sénateur. L’un des aspects les plus importants de l’appréciation culturelle, c’est qu’apprendre à apprécier notre propre patrimoine nous amène à apprécier tout autant celui des autres. Comme l’a souligné le sénateur Yussuff, c’est l’une des richesses que le Canada peut offrir au monde.
On connaît trop bien les événements qui se sont produits à différents endroits dans le monde, et certains qui ont eu lieu au cours de notre propre histoire, où on a piétiné vigoureusement d’autres cultures, on n’a pas traité les autres avec dignité et respect, on les a ostracisés, et on a minimisé leur humanité, leur langue et leur identité. Nous pouvons faire mieux.
Nous ne pouvons pas empêcher que de tels événements aient marqué l’histoire du Canada et qu’ils se reproduisent, encore et toujours, sur la planète. Par contre, nous pouvons affirmer que nous pouvons tirer des leçons de ces terribles atrocités et des difficultés du passé, et que nous avons la responsabilité, ici au Canada, de réparer les torts que nous avons causés. Comme vous le soulignez, il est aussi important de soutenir les pays qui sont confrontés à des situations semblables.
Je vous remercie de votre question.
C’était un excellent discours. Je l’ai beaucoup aimé. Je souhaite toutefois apporter une précision. Vous dites que, parfois, l’identité n’est pas prise au sérieux. Vous avez parlé des Français et des Anglais, mais vous auriez probablement dû dire les Français et les Britanniques, car bien que les Anglais soient Britanniques, les Britanniques ne sont pas nécessairement Anglais. Les Britanniques sont un peuple multiculturel. Je le sais, car la plupart de mes ancêtres sont Britanniques, mais très peu d’entre eux sont Anglais.
En ce qui concerne l’éradication de la culture et de la langue, le Cap-Breton a été le théâtre de l’éradication de ces deux éléments. Mes grands-parents parlaient tous couramment le gaélique. C’est la troisième langue européenne la plus répandue au pays. En fait, c’était la troisième langue la plus répandue dans le pays à l’époque de la Confédération. Au Cap-Breton, la langue de mon père et de tous mes grands-parents a été réprimée.
Voici l’une des choses les plus remarquables à ce sujet. En général, la personne qui exerçait la répression à l’école parlait elle‑même la langue, ce qui donnait lieu à une étrange dichotomie. Je tenais à le dire officiellement.
Êtes-vous d’accord?
Je vous remercie de cette question, sénateur MacDonald.
Vous avez souligné de façon très émouvante à quel point c’est important, et je vous en remercie.
La sénatrice Cordy et moi avons eu le privilège d’assister, la semaine dernière, à l’ouverture du Celtic Colours International Festival. Il est formidable et joyeux de voir la renaissance de la culture gaélique et l’incroyable richesse que cette culture nous apporte à tous.
C’est avec une grande déception que nous constatons que cette culture s’est perdue. Que l’on songe seulement à ce que nous aurions pu devenir si nous ne l’avions pas perdue. Il faut maintenant nous employer à la récupérer.
Merci.
Merci beaucoup, sénateur Kutcher, pour votre discours éloquent sur l’importance de la culture, la culture ukrainienne, bien sûr, mais aussi la culture de façon générale. J’ai eu le grand privilège d’accueillir dans ma région francophone un groupe d’Ukrainiens qui sont arrivés chez nous, au Nouveau-Brunswick. Au moyen de la musique, nous sommes arrivés à créer une telle adhésion de nos deux communautés.
On sait bien que la culture est de juridiction provinciale, mais ne serait-il pas important que, sur le plan fédéral, nous ayons davantage de programmes pour aider les différentes cultures à se rencontrer, puisque c’est au moyen de cette rencontre que notre pays se solidifie sur le plan culturel? Êtes-vous d’accord avec cette affirmation?
Je vous remercie infiniment de la question, sénateur Cormier, et de faire preuve de leadership pour promouvoir la culture franco-canadienne et la culture canadienne. C’est très important. Je vous en remercie, et je salue vos talents musicaux, que nous aimerions entendre davantage.
La première musique que j’ai apprise quand j’ai commencé à jouer de l’harmonica était, tout à fait par hasard, la kolomeyka, une musique de danse ukrainienne.
Je suis tout à fait d’accord avec vous. Bien honnêtement, j’aimerais voir beaucoup plus d’investissements fédéraux dans tout ce que nous pouvons faire pour nous aider à mieux nous comprendre les uns les autres, et je pense que cela doit passer d’abord par les jeunes. J’aimerais que le Canada fasse des investissements pour que les jeunes de partout au pays puissent aller d’un océan à l’autre pour découvrir la culture d’autres communautés qui ne sont pas comme les gens qu’ils ont l’habitude de côtoyer; il faut que nous apprenions à mieux connaître les gens. Si les gens pouvaient se côtoyer davantage et apprendre à mieux se connaître, je pense qu’il y aurait moins de conflits entre les habitants de ce pays et moins de luttes intestines inutiles.
Merci.
Merci beaucoup, sénateur Kutcher, pour vos excellentes observations. Je partage votre patrimoine ukrainien et j’apprécie beaucoup ce que vous avez dit aujourd’hui, surtout l’accent que vous mettez sur les aspects positifs. De toute évidence, l’Ukraine se trouve dans une situation terrible. Hier soir, nous avons tous deux pris la parole sur le projet de loi de la sénatrice Omidvar concernant la saisie des actifs russes. Je vous remercie d’avoir parlé de l’Holodomor, qui est un exemple de terrorisme soviétique dirigé contre l’Ukraine.
Comme c’est censé être une question, je vais la poser ainsi : le Musée canadien pour les droits de la personne, à Winnipeg, est l’un de plusieurs endroits que je trouve extrêmement inspirants. Ce musée se trouve dans la ville où j’habite. Il propose une merveilleuse exposition sur l’Holodomor, l’Holocauste et bien d’autres histoires de terrorisme.
Encourageriez-vous tous les sénateurs à visiter le Musée canadien pour les droits de la personne dans ma ville, Winnipeg? Merci.
Je vous remercie beaucoup de cette question, sénatrice Dasko.
Bien sûr, je vais répondre « oui », mais j’émettrai une réserve pendant que tout le monde écoute. Je m’attendrais à ce que vous organisiez un savoureux repas de varenyky, holopchi et tout le reste, de sorte qu’il serait beaucoup plus intéressant pour nous de visiter ce musée; sans oublier la musique.
Je vous remercie de votre suggestion et de votre hospitalité.
D’abord et avant tout, permettez-moi de faire écho à l’invitation de la sénatrice Dasko. Même si Winnipeg est sa ville natale, elle l’a quittée — je ne vois pas ce qui l’a poussée à faire une telle chose.
J’y suis toujours. Cela dit, je vous encourage également à venir visiter le merveilleux Musée canadien pour les droits de la personne.
Merci, sénateur Kutcher, de votre discours. J’approuve tout ce que vous y avez dit. Je ne suis pas ukrainien; je suis mennonite. Bien sûr, lorsque les mennonites ont quitté la Hollande, ils se sont installés en Pologne. Ils ont fui le communisme là-bas et se sont rendus en Ukraine; beaucoup d’entre eux ont aussi souffert et perdu la vie pendant l’Holodomor.
Les mennonites et les Ukrainiens ont bien des points en commun — c’est certainement le cas des varenyky.
Sénateur Kutcher, merci. Je veux effectivement prendre la parole à ce sujet. Je salue ce que vous avez dit.
Votre Honneur, dans cet esprit, je vais préparer mes notes pour une prochaine fois. Je voudrais ajourner le débat pour le reste du temps de parole dont je dispose.