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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Rétrospective d'une vie

3 octobre 2023


Honorables sénateurs, j’aimerais remercier le Groupe progressiste du Sénat de m’avoir donné sa place aujourd’hui. Je souhaite partager avec vous une petite partie du discours que j’ai prononcé à la Winnipeg Art Gallery le 30 septembre dernier. Il était intitulé Rétrospective d’une vie : mon existence sur sept générations. Je vous parle de la deuxième génération — de l’âge d’un à cinq ans —, alors que j’étais à la maison, sur la terre, avant le pensionnat.

Mon peuple savait où était sa place, sur la terre — l’aski. L’aski est l’endroit où nos cultures, nos communautés et les etinewak s’enracinaient et se définissaient. Au lieu de s’enraciner dans un lieu particulier comme nous le faisons dans les villes et les villages, elles voyageaient sur l’aski pour suivre la nourriture, adapter leur mode de vie à l’environnement et aux saisons, ainsi qu’à l’endroit où ils vivaient leur quotidien. Chaque espace géographique dans lequel nous nous installions était imprégné de sens. Tous les environnements étaient considérés comme des lieux vivants et des endroits idéaux pour vivre, et nous les avons laissés pratiquement intacts. Ces lieux n’ont pas été créés par nous, les humains, et ils ont été influencés par des acteurs non humains. Nos proches — les oiseaux, les animaux, les insectes, les poissons et l’écosystème — occupaient l’aski et jouaient un rôle énorme dans l’évolution et le façonnement continus de notre culture. En fait, la terre était occupée, mais les nouveaux arrivants ne le voyaient pas ainsi. Ils la voyaient comme vierge.

L’aski est importante pour moi. Elle me donne la vie. On ne peut pas l’attacher ni ériger des frontières pour la posséder. En tant que groupes culturels, les Premières Nations se sont définies et elles ont défini leur gouvernance et leurs codes d’éthique en fonction des lieux où elles vivaient sur le territoire depuis des temps immémoriaux. Nous transportons cette notion du foyer dans notre mémoire collective — libres de vivre sur le territoire tout en apprenant, enfants, en observant nos parents perpétuer les traditions et démontrer les aptitudes à la vie quotidienne qui allaient nous permettre de devenir indépendants, mais aussi interdépendants, afin d’occuper la place qui nous revient et d’honorer notre objectif en ce monde terrestre. La croissance n’était pas seulement physique et mentale, mais aussi intellectuelle et spirituelle. C’est ainsi que j’en suis venue à me connaître et à me comprendre. J’ai pu exercer ma créativité et ma curiosité. Rien ne se compare à la vie dans la nature. J’étais chez moi parmi les histoires de mes ancêtres — les récits de trappage, de mes ancêtres vivant leur vie à leur époque, à leur manière, sur la grande aski.

Merci. Kinanâskomitin.

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