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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les pertes d'emplois à TVA

7 novembre 2023


L’honorable Julie Miville-Dechêne

Le Québec a vécu, jeudi dernier, une catastrophe médiatique lorsque le Groupe TVA a annoncé le licenciement de 547 employés, soit près du tiers de ses effectifs. Il s’agit de la télé la plus écoutée chez nous, davantage que Radio-Canada.

C’est un drame pour tous ceux qui perdent leur emploi, mais c’est aussi tout un pan de l’information régionale qui s’écroule au Saguenay—Lac-Saint-Jean, en Estrie, en Mauricie, dans le Bas-du-Fleuve, en Gaspésie et sur la Côte-Nord.

TVA dit vouloir protéger l’information régionale en gardant trois ou quatre journalistes à Saguenay, Trois-Rivières, Sherbrooke et Rimouski. Cela lui permettra aussi de respecter minimalement les conditions qui lui sont imposées par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes et qui concernent l’information régionale.

Dans chacune de ces quatre villes, les stations de TVA qui comptaient au moins une trentaine d’employés vont disparaître. Les bulletins de fin de journée destinés à ces régions seront produits en chaîne à Québec; un produit édulcoré donc, sans couleur locale. On peut difficilement imaginer comment trois journalistes pourront couvrir, par exemple, un territoire aussi vaste que la Côte-Nord, le Bas-du-Fleuve et la Gaspésie réunis.

Il s’agit d’une atteinte directe à la démocratie, car ces bulletins étaient très regardés. Les premiers à s’en plaindre, ce sont les élus eux-mêmes. Les échevins, les maires et les préfets n’aiment pas toujours les journalistes, mais ils reconnaissent que leur travail est essentiel et que les conseils de ville fonctionnent mieux lorsque leurs décisions sont scrutées par les entreprises de presse.

Ces élus soulignent aussi que chacune de leurs régions fait face à des enjeux économiques ou sociaux qu’on n’évoque jamais ou presque dans les téléjournaux nationaux diffusés à partir de Montréal. Comment cette information pourra-t-elle émerger et se rendre jusqu’aux citoyens si les moyens pour ce faire n’existent plus?

On le sait, les médias traditionnels d’information, dans toutes les régions du pays, font face à une crise. Pour TVA, il est trop tard. Le groupe comptait sur une entrée en vigueur rapide de la loi C-18 pour renflouer ces coffres, mais Meta a déjà quitté le navire et Google n’a rien garanti. C’est une grosse perte.

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