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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les 16 jours d'activisme contre la violence fondée sur le sexe

26 novembre 2024


L’honorable Julie Miville-Dechêne

Honorables sénateurs, nous entamons cette semaine les 16 jours de mobilisation pour mettre fin à la violence contre les femmes. Toutes les 10 minutes, une femme dans le monde est tuée par un proche, selon les Nations unies. Cela donne froid dans le dos.

Parmi les violences qui montent en flèche, l’exploitation sexuelle des femmes a beaucoup changé de visage depuis 20 ans. Il est temps que les gouvernements protègent davantage les femmes en ligne, car les histoires d’abus qui sont mises au jour sont affolantes.

Une enquête explosive de Reuters a montré les dessous de ce qui est présenté par OnlyFans, une plateforme très populaire, comme une façon pour les femmes de gagner de l’argent en vendant leur propre matériel pornographique. Pourtant, la réalité, c’est que les trafiquants sexuels utilisent ces plateformes pour exploiter ces femmes.

Selon les procureurs de cet État, pendant deux ans, une jeune femme du Wisconsin a été littéralement tenue captive par son conjoint dans leur maison et forcée à se livrer chaque soir à des performances sexuelles devant une caméra, qui étaient la plupart du temps téléversées sur OnlyFans. Cette femme a tenté de s’enfuir, mais pour l’en empêcher, son bourreau lui a versé de la graisse brûlante sur le corps. Enfin libérée, la victime a déclaré ce qui suit :

Ces deux ans ont été aussi longs que des décennies, et j’avais mal et j’étais seule et prête à mourir [...] Je ne crois pas que je guérirai complètement.

Son agresseur a été condamné à 20 ans de prison. OnlyFans s’en tire sans une égratignure.

OnlyFans prétend donner du pouvoir aux femmes pour qu’elles puissent tirer profit d’images sexuellement explicites de leur corps dans un environnement sécuritaire. Or, l’enquête de Reuters a permis de retrouver une dizaine de femmes qui ont été trompées, terrorisées ou réduites à l’esclavage pour que des trafiquants gagnent de l’argent sur ce site.

Le phénomène est mondial. L’influenceur Andrew Tate, qui a des millions d’adeptes sur les réseaux sociaux, est accusé d’avoir forcé des femmes en Roumanie à produire de la pornographie pour OnlyFans et d’avoir empoché les profits. Tate nie ces allégations.

Pourquoi nos pouvoirs publics ne forcent-ils pas ces plateformes toutes-puissantes, qui diffusent de la pornographie, à obtenir le consentement des personnes impliquées? OnlyFans dit qu’elle demande des preuves de consentement depuis 2022.

Il s’agit d’une industrie légale seulement si les participants sont majeurs et consentants. Or, l’absence actuelle de réglementation fait que les pires abus se produisent et que des vies de femmes et de jeunes filles sont détruites. Au nom de quelle liberté permet-on à des entreprises avides de profits de participer à l’exploitation de femmes et de jeunes filles? Cela me dépasse.

Je le sais, cette réalité est sordide. On préfère ne pas la voir. Toutefois, dans cette Chambre, nous sommes non seulement des sénateurs, mais des parents et des grands-parents. Comme société, nous avons le devoir de permettre aux jeunes femmes de s’épanouir, d’avoir des relations intimes saines et de ne pas tomber aux mains d’exploiteurs cachés derrière des écrans.

Merci.

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