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L'avenir de CBC/Radio-Canada

Interpellation--Suite du débat

1 octobre 2024


Chers collègues, je prends la parole aujourd’hui sur l’interpellation du sénateur Cardozo, qui porte sur l’avenir de CBC/Radio-Canada. Bien que je considère que Radio-Canada répond mieux à mes besoins parce qu’il diffuse du contenu en français, j’ai un très grand respect pour la CBC, qui relève des défis beaucoup plus importants sur le plan de la compétitivité et de la pertinence de ses contenus.

En 1932, on a mis sur pied la Commission canadienne de la radiodiffusion, l’ancêtre de CBC/Radio-Canada. L’année suivante, en 1933, le premier bulletin d’information radiophonique est diffusé. En 1936, une société d’État est créée pour gérer un système national de radiodiffusion. Elle est baptisée CBC/Radio-Canada.

En 1939, des matchs de hockey des Canadiens de Montréal sont régulièrement diffusés en direct depuis le Forum de Montréal. La couverture débute également avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. À l’époque, la radio reste le moyen le plus rapide et le plus accessible de suivre l’actualité.

La première chaîne de télévision est entrée en ondes en 1952 à Montréal et à Toronto. Trois ans plus tard, 66 % de la population a accès aux réseaux de télévision canadiens. En 1955, l’ouverture de la session parlementaire et la lecture du discours du Trône sont télévisées pour la première fois à l’occasion du premier voyage de la reine Elizabeth II au Canada, en tant que souveraine.

En 1966 s’ouvre une nouvelle ère technologique et CBC/Radio-Canada commence à diffuser en couleur. En 1993, les premiers services en ligne sont lancés sur cbc.ca, puis sur radio-canada.ca en 1995.

En 2005, la radio par satellite SiriusXM Canada est lancée, avec les chaînes ICI Radio-Canada Première et CBC Radio One. En 2018, suivent les plateformes de visionnement en ligne ICI TOU.TV et CBC Gem, et, en 2019, les deux applications mobiles Radio-Canada OHdio et CBC Listen.

De nos jours, CBC/Radio-Canada est présente sur 27 chaînes de télévision et 88 stations de radio. Son contenu est accessible dans tout le Canada, même dans les zones rurales. Elle diffuse un contenu diversifié en anglais, en français et dans huit langues autochtones, et a un rayonnement international.

L’une des caractéristiques les plus importantes de CBC/Radio-Canada est la grande qualité de son contenu en matière d’actualités et d’affaires publiques. Le contenu est recherché, bien documenté et appuyé par des données factuelles, ce qui en fait un radiodiffuseur hautement qualifié pour notre pays. À une époque où la confiance des Canadiens est mise à rude épreuve par la mésinformation et la désinformation sur les médias sociaux, il est rassurant de pouvoir compter sur un radiodiffuseur public qui respecte son public.

Pour l’exercice 2024-2025, CBC/Radio-Canada comptera sur 1,38 milliard de dollars en subventions du gouvernement fédéral, ce qui représente environ 70 % de son budget. Le reste viendra essentiellement des recettes publicitaires.

Selon le sénateur Cardozo — et je cite un extrait traduit de l’allocution qu’il a prononcée dans cette Chambre le 21 mai dernier :

Il est important de noter que le volet francophone de CBC/Radio-Canada est plus populaire que le volet anglophone et qu’il joue un rôle culturel plus important au Québec que dans le monde francophone canadien. Il y a au moins deux raisons à cela.

En Amérique du Nord, où le contenu est principalement anglophone, les programmes français ont d’excellentes cotes d’écoute au sein des téléspectateurs francophones, tandis que le volet anglophone de CBC/Radio-Canada doit se mesurer à un nombre considérable de concurrents. Les Canadiens anglophones disposent d’un vaste choix au Canada et aux États-Unis, tandis qu’il y a comparativement moins de réseaux français qui intéressent le public québécois et canadien. Radio-Canada est d’ailleurs réputée pour la qualité de ses émissions.

Selon les recherches du sénateur Cardozo, et je le cite de nouveau :

Environ 21,3 millions de Canadiens utilisent les services numériques de CBC/Radio-Canada chaque mois. En outre, les émissions radiophoniques locales de CBC/Radio-Canada sont les plus écoutées dans 21 des 30 marchés du pays. Dans les neuf autres, elles arrivent en deuxième place.

Je répète : 21,3 millions de Canadiens utilisent les services numériques de CBC/Radio-Canada chaque mois. C’est plus de la moitié de la population canadienne.

Comme vous le savez tous, je suis une Franco-Ontarienne. Je suis née ici même à Ottawa, où j’ai vécu pendant 37 ans. J’habite dans le Nord de l’Ontario depuis 1996. J’ai passé 6 ans à Sudbury et j’entame ma 23e année à North Bay. Je suis issue d’une famille francophone, avec une mère québécoise, originaire de la ville de Hull — on appelait ma mère un « bébé d’Hull » — et un père franco-ontarien originaire de la ville de Cochrane, dans le nord-est de l’Ontario. Mes racines familiales sont profondément ancrées dans la langue et la culture francophones. J’ai reçu une éducation entièrement en français, que ce soit dans mon milieu familial, dans mon parcours scolaire ou dans mes choix d’émissions de télévision ou de radio. J’ai fait une carrière de 38 ans en français en Ontario, dans le milieu des coopératives financières francophones.

Vous aurez compris que je suis profondément attachée à la langue française, à sa culture et à son héritage. Si vous me parlez de musique, je peux vous parler de Vigneault, Leclerc, Charlebois, Dufresne, Ferland, Ferré, Brassens, Mathieu, Harmonium, la Chicane, les Cowboys fringants. Si vous me parlez de lecture, je peux vous parler de Beauchemin, Morency, Desbiens, Roy, Laferrière. Si vous me parlez d’émissions de télé, celles de mon enfance, je peux vous parler de Bobino, La Boîte à surprise, Moi et l’autre, Rue des pignons, Les beaux dimanches, Rue de l’anse et La vie qui bat.

Si vous me parlez d’émissions de radio, toujours celles de mon enfance, je peux vous parler du chapelet diffusé le soir à 19 heures, de l’émission Les joyeux troubadours, diffusée du lundi au vendredi à midi, ou encore des contes de Tante Lucille, diffusés le samedi matin à 10 heures.

Comme je l’ai mentionné plus tôt, je vis à North Bay, à quatre heures au nord-est d’Ottawa. Pour les résidants de ma grande région, il y a très peu de radios francophones et à North Bay, il n’y a qu’une seule station accessible par l’entremise des réseaux non payants. Cette station, vous l’aurez compris, c’est Radio-Canada.

Radio-Canada ICI PREMIÈRE est donc mon compagnon de route lorsque je fais le trajet entre North Bay et Ottawa. J’ai accès à des contenus comme Pénélope, une émission au contenu varié qui aborde des sujets fort intéressants, Midi info, qui décortique l’actualité du jour, Il restera toujours la culture, qui combine de l’information musicale et littéraire, et Moteur de recherche, qui donne des explications faciles à comprendre sur des questions scientifiques. Lorsque je suis dans les zones de diffusion locale, j’ai accès aux émissions de Sudbury et d’Ottawa. Dans les secteurs hors zones, entre Deux-Rivières et Deep River, j’écoute de la musique classique.

Toutes les émissions que j’écoute sur le réseau de la Première chaîne sont uniques, recherchées, factuelles, instructives et intéressantes. Que dire de plus? C’est, à mon avis, ce qui différencie ce diffuseur public de tous les autres et en fait son unicité, sa légitimité et sa valeur pour notre pays.

J’aimerais vous parler d’un autre de mes compagnons de route, que j’utilise avec plaisir lors de mes promenades quotidiennes, soit la plateforme numérique OHdio.

J’ai découvert cette plateforme durant la pandémie. Elle contient un nombre important de livres audios, notamment des biographies, des romans et des livres pour enfants. Le répertoire est varié et très intéressant. Qu’il s’agisse du grand Leonard Cohen, du Dr Stanley Vollant, de la Famille royale de Stéphane Rousseau, du peintre Paul-Émile Borduas, de France Castel, de Renée Claude, d’Édith Butler ou encore de l’entraîneur Pierre Gervais, les récits que j’écoute sont passionnants, les narrations intéressantes et les montages sonores exceptionnels.

Le site OHdio renferme des trésors d’information évoquant la période de la Révolution tranquille et l’époque de la crise d’Octobre au Québec, et il contient des reportages, d’anciennes émissions et nombre de balados.

Qu’il s’agisse de parler de grandes enquêtes policières, d’histoire, d’art, de culture, de biologie, de science, d’humour, tout y est. Depuis que je suis devenue une adepte de ce site, j’y consacre pas moins d’une quinzaine d’heures d’écoute par semaine.

Il y a aussi le site ICI.TOU.TV. Je ne suis pas une grande passionnée des émissions de télévision, car mon emploi du temps ne me permet pas d’être captive d’un horaire de diffusion inflexible. Je préfère regarder des émissions en rattrapage et mon répertoire est très limité. Il m’arrive de regarder des segments de l’émission Tout le monde en parle ou de l’émission Infoman.

Durant les Jeux olympiques de Paris, j’ai suivi les meilleurs moments sur la plateforme TOU.TV. J’ai grandement apprécié les condensés qui y étaient présentés. Il faisait beaucoup trop beau dehors pour regarder les Jeux olympiques en continu pendant des heures. J’aime avoir accès aux films en français, ceux qui sont disponibles dans le répertoire, et visionner certaines émissions sur ICI Explora.

Qu’en est-il de CBC? Je me tiens informée grâce à ce réseau. Je regarde The National tous les jours. Je reçois des nouvelles du Canada et de l’étranger. Si je ne suis pas en mesure de regarder en direct le bulletin de nouvelles, je le revois en rattrapage. J’apprécie plus particulièrement le segment du jeudi At Issue, avec les journalistes Rosemary Barton, Chantal Hébert, Andrew Coyne et Althia Raj. Leurs analyses sont toujours intéressantes et empreintes de connaissance, et les expériences qu’ils ont acquises au cours de leurs longues carrières dans les milieux politiques rendent leurs discussions fort instructives et informatives.

J’apprécie également le segment About That, qui offre des explications recherchées sur des histoires qui nous touchent quotidiennement. On ne cherche pas le sensationnel, mais bien le factuel. On nous pousse à réfléchir sur les problèmes complexes de notre société et on nous offre des pistes de réflexion intéressantes.

Selon les informations que nous a fournies le sénateur Cardozo, il en coûterait 33 $ par habitant pour avoir accès aux services de CBC/Radio-Canada. Je constate que c’est un bien petit prix à payer pour avoir accès à du contenu juste, de qualité supérieure et sur lequel nous pouvons compter. Pour moi, qui suis francophone et qui ai un accès limité à du contenu en français dans ma région, Radio-Canada est un choix de première importance, mais surtout de première qualité.

Je tiens à remercier CBC/Radio-Canada. Vous prenez les Canadiens pour ce qu’ils sont : des personnes intelligentes, qui sont avides de connaissances et d’information. Nous avons tout intérêt à conserver ce joyau de notre pays.

Je vous remercie de votre attention.

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