Projet de loi sur la stratégie nationale sur les soins oculaires
Deuxième lecture--Suite du débat
28 mai 2024
Honorables sénateurs, je suis heureuse de prendre la parole pour appuyer le projet de loi C-284, qui vise à mettre en place une stratégie nationale sur les soins oculaires. On compte actuellement 1,2 million de Canadiens qui vivent avec une perte de vision et plus de 8 millions qui vivent avec une maladie oculaire pouvant mener à la cécité.
Ce problème touche des Canadiens de tous âges, y compris mon père. N’ayant pas eu accès à de l’information sur la prévention, et donc à une intervention précoce, il doit vivre avec une dégénérescence maculaire à un stade avancé qui le prive prématurément du plaisir de lire et de filmer des activités familiales; certains membres de la famille ne s’ennuient pas nécessairement de cette dernière occupation. Cela prive aussi cet homme qui, auparavant, conduisait pour gagner sa vie, de la liberté de conduire lui-même, y compris pour s’adonner à son passe-temps favori, qui est d’acheter du matériel d’entretien paysager et des meubles de jardin usagés.
Sa famille s’ennuie également du temps où il avait cette possibilité. Nous redoutons tous le moment où il téléphonera pour nous demander d’aller lui chercher une autre table, une autre tondeuse à gazon, une autre balançoire ou quoi que ce soit d’autre qu’on peut rarement faire entrer dans nos véhicules, ce qui nous oblige à sillonner la vallée de l’Outaouais dans un véhicule aussi chargé que la voiture des Clampett dans Les arpents verts. Vous voyez le tableau, mais je m’écarte du sujet.
L’augmentation constante du temps passé devant les écrans a des effets sur la santé oculaire des jeunes. La population vieillissante du Canada doit aussi faire face à des risques accrus, notamment en ce qui concerne la perte de vision et la cécité. Pour ces raisons, il est plus important que jamais de rendre les soins oculaires accessibles et abordables au Canada. La mise en œuvre d’une stratégie nationale doit être une priorité.
Malgré l’existence d’un système de santé au Canada, l’accès aux soins oculaires n’est pas gratuit pour la plupart des Canadiens. La couverture offerte par la plupart des provinces ne comprend que les soins oculaires médicalement nécessaires, ce qui n’inclut pas les examens de la vue de routine. Parmi les groupes de la population qui sont les moins couverts, il y a les nouveaux arrivants, à 47,3 %, les personnes racisées, à 49,3 %, ainsi que les aînés. D’ailleurs, malgré les besoins et les risques plus élevés chez les Canadiens les plus âgés, seulement un aîné sur trois dispose d’une assurance privée.
La promotion de la santé oculaire par la santé publique est rare et sporadique. Cela augmente les risques de dommages qui pourraient souvent être évités par une détection précoce et entraîne des coûts humains et financiers plus élevés en raison des traitements correctifs et des coûts de réadaptation plus onéreux qui en résultent.
La dégénérescence maculaire liée à l’âge peut avoir un impact considérable sur les activités quotidiennes, telles que la lecture ou la conduite, et elle constitue la principale cause de perte de vision et de cécité chez les Canadiens de plus de 55 ans. Bien que, comme son nom l’indique, cette maladie soit liée à l’âge, le risque de la développer peut être réduit par des mesures de précaution et un dépistage précoce grâce à des examens ophtalmologiques réguliers.
L’accès à un spécialiste des soins oculaires est loin d’être équitable dans l’ensemble du pays, surtout en ce qui concerne les collectivités rurales et les communautés autochtones. L’Association canadienne des optométristes souligne, à juste titre, que le fait que les peuples autochtones ne bénéficient pas d’un accès équitable à des soins de la vue constitue un problème de santé publique urgent. Selon Statistique Canada, les Autochtones sont moins susceptibles de consulter un professionnel des soins oculaires. D’ailleurs, le tiers des Autochtones n’ont pas subi un examen de la vue dans les deux dernières années. Un trop grand nombre d’Autochtones doivent surmonter de nombreux obstacles pour accéder à ces services, y compris le manque de moyens de transport, les contraintes financières et la situation généralement lamentable au Canada lorsqu’il s’agit de financer des soins de santé adéquats dans les réserves.
De plus, les Premières Nations qui vivent dans les réserves affichent le plus fort taux de diabète au Canada. Au cours des 20 dernières années, le nombre d’Autochtones qui vivent avec le diabète a augmenté de 20 %. Vous vous demandez peut-être ce que cela a à voir avec ce projet de loi?
Le diabète augmente le risque de souffrir de rétinopathie diabétique, ce qui peut mener à une perte de vision. C’est la maladie oculaire liée au diabète la plus répandue, et elle coûte environ 1,2 milliard de dollars par année au système de santé. C’est aussi une maladie qu’on peut prévenir. En effet, le dépistage précoce peut réduire de 95 % le risque de perte de vision. Compte tenu des coûts du système sur le plan humain, sanitaire et financier, comment peut-on être contre l’accès aux soins oculaires?
Le gouvernement manque à un grand nombre de ses obligations à l’égard des peuples autochtones. En ce qui concerne l’accès adéquat aux soins de la vue, un aspect important de la santé et du bien-être en général, le Canada accuse du retard par rapport aux États-Unis et à l’Australie pour ce qui est de rendre ces services disponibles aux peuples autochtones.
Le Canada manque à ses obligations aux termes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en particulier les articles 21, 23, 24.2 et 29.3. Ces articles soulignent l’obligation du gouvernement d’assurer le « meilleur état possible de santé physique et mentale » et de veiller à ce que des programmes visant à maintenir et à rétablir la santé des peuples autochtones soient mis en œuvre.
Cette lacune en matière de soins ne respecte pas non plus l’appel à l’action 19 de la Commission de vérité et réconciliation, qui demande au gouvernement fédéral « d’établir des objectifs quantifiables pour cerner et combler les écarts dans les résultats en matière de santé ». L’appel à la justice 3.2 de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées demande également au gouvernement de « veiller à ce que des services de santé et de bien-être soient offerts et accessibles dans les communautés autochtones » afin que les Autochtones ne soient pas obligés de s’installer ailleurs pour avoir accès à un traitement.
Ce cadre stratégique national, en particulier les exigences relatives aux consultations auprès des peuples autochtones, peut et doit amener le Canada à établir une collaboration de nation à nation avec les gouvernements autochtones et à améliorer l’accès aux soins oculaires pour les peuples autochtones. Cette collaboration doit également tenir compte des répercussions de cette stratégie sur les communautés inuites et des Premières Nations dans le cadre du Programme des services de santé non assurés.
La stratégie nationale doit également tenir compte du nombre limité d’optométristes au Canada, étant donné qu’il n’y a actuellement que deux écoles d’optométrie au pays : une à Waterloo et une à Montréal.
Les avantages des soins oculaires vont bien au-delà du système de santé. La déficience visuelle est associée à un isolement social accru, à une plus faible participation à la vie communautaire et à des pressions sur les aidants naturels. L’investissement dans une stratégie nationale sur les soins oculaires profite à tout le monde, car l’amélioration de la vision des Canadiens se traduit par des possibilités d’éducation accrues, des taux d’emploi plus élevés et un renforcement de la productivité et de la croissance économique.
En 2019, la perte de vision a entraîné des coûts de 32,9 milliards de dollars pour le Canada. Les coûts directs pour le système de santé de 9,5 milliards de dollars comprennent les frais associés aux hôpitaux, aux interventions chirurgicales, aux services fournis par des ophtalmologistes, des optométristes ou des opticiens, aux produits pharmaceutiques et aux lunettes. Les coûts liés à la baisse de productivité au travail, à la perte de revenus futurs et à la perte de revenus des aidants naturels ont ajouté 6,1 milliards de dollars a cette somme. La perte de bien-être a entraîné des coûts de 17,4 milliards de dollars. Si rien ne change, le coût de la perte de vision au Canada devrait atteindre 56 milliards de dollars en 2050.
En cette période économique difficile, trop de gens ont du mal à accéder à un logement, à de la nourriture, à des soins de santé et à d’autres produits essentiels. Abandonner à leur sort les gens en difficulté n’est pas seulement immoral, c’est aussi irresponsable sur le plan financier. Cela crée des crises évitables et coûteuses dans le système de soins de santé et d’innombrables autres secteurs.
Le projet de loi C-284 est une autre illustration de la vérité simple, mais que l’on oublie trop souvent, voulant que toute la population soit gagnante, sur les plans financier et social ainsi qu’en matière de santé, quand nous veillons à ce que personne ne soit laissé pour compte ou dans le besoin.
Une stratégie nationale sur les soins oculaires peut contribuer à renforcer le filet de sécurité sociale du Canada dans le cadre des efforts déployés pour instaurer un régime national d’assurance-médicaments à payeur unique, une prestation financée adéquatement pour les personnes handicapées, un revenu de subsistance garanti à l’échelle nationale et beaucoup d’autres politiques qui favorisent l’égalité et ouvrent la voie vers un avenir où la santé d’un Canadien ne dépend pas de son compte en banque.
Des mesures doivent être prises pour concevoir et mettre en œuvre les politiques nécessaires afin d’améliorer l’accès à des soins oculaires adéquats partout au Canada. La création d’une stratégie nationale sur les soins oculaires est une étape importante vers la prévention et la détection précoce des maladies de l’œil. Cela permettrait aussi de faire respecter le principe que la santé est un droit fondamental.
Je remercie le sénateur Ravalia et la députée Judy Sgro de leur leadership à cet égard. Meegwetch. Merci.
Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi C-284, Loi prévoyant l’élaboration d’une stratégie nationale sur les soins oculaires, parrainé au Sénat par notre honorable collègue le sénateur Mohamed-Iqbal Ravalia et à l’autre endroit par l’honorable Judy Sgro, députée de Humber River—Black Creek.
Tout d’abord, j’aimerais souligner que ce projet de loi prévoit assurer l’accès de tous les Canadiens à des soins oculaires de qualité. Il vise également à désigner un mois de sensibilisation à la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Grâce à cette sensibilisation, le projet de loi C-284 souligne également l’importance de promouvoir la recherche et d’améliorer la collecte de données sur la prévention et le traitement des maladies oculaires afin d’améliorer les progrès en matière de soins oculaires.
La dégénérescence maculaire, la cataracte, le glaucome et la rétinopathie diabétique sont les principales affections oculaires qui touchent des millions de Canadiens. Elles ont une incidence disproportionnée sur notre population vieillissante.
La dégénérescence maculaire touche environ 2,5 millions de Canadiens. Une sensibilisation accrue et la promotion de mesures préventives peuvent réduire considérablement sa prévalence. La cataracte, qui est la principale cause de perte de vision, peut être traitée efficacement grâce à des techniques chirurgicales modernes. Le glaucome, souvent non diagnostiqué en raison de l’absence de symptômes précoces, nécessite une sensibilisation accrue du public et des dépistages réguliers.
Plus de 8 millions de Canadiens souffrent de l’une de ces quatre maladies oculaires courantes et courent un risque élevé de perdre la vue. Selon l’Association canadienne des optométristes, « [...] un adulte canadien sur trois n’a pas eu recours à des soins de la vue ou acheté des lentilles correctrices en raison du coût », et 75 % des pertes de vision peuvent être évitées ou traitées grâce à des mesures préventives appropriées.
Il s’agit d’une statistique consternante. En 2019, la perte de vision a coûté 32,9 milliards de dollars à l’économie canadienne. La santé visuelle est cruciale pour presque tous les aspects de notre vie quotidienne, de la lecture à la conduite en passant par le travail et la participation à des activités. La perte de vision peut avoir un impact profond sur la qualité de vie, réduire l’autonomie et augmenter les risques d’accident. Elle peut également contribuer à l’isolement social et à la dépression.
Chers collègues, je n’ai pas besoin de souligner l’importance que revêt la santé visuelle pour les Canadiens. Le projet de loi C-284 vise à réduire les obstacles rencontrés par de nombreux Canadiens quand ils souhaitent accéder à des soins oculaires de qualité. Nous devons aussi veiller à ce que le projet de loi C-284 ne comporte pas de lacunes dans des domaines clés. Nous devons notamment veiller à la responsabilité financière, à la transparence et à l’élaboration d’une stratégie claire et réalisable conçue pour informer le public et garantir l’accessibilité aux soins oculaires pour tous les Canadiens, en particulier ceux qui vivent dans des communautés éloignées et mal desservies.
Il est impératif que ce projet de loi s’attaque aux disparités régionales et aux problèmes d’accès aux soins que vivent souvent les communautés éloignées et mal desservies. Il est impératif qu’un cadre national comble ces lacunes et garantisse que tous les Canadiens, qu’ils vivent dans des centres urbains ou des zones rurales, bénéficient d’un accès équitable.
Il est également important que ce projet de loi respecte l’équilibre entre les rôles fédéraux et provinciaux et que le gouvernement fédéral n’empiète pas sur les pouvoirs provinciaux. La collaboration avec les provinces et les territoires est essentielle pour éviter les chevauchements et garantir une mise en œuvre harmonieuse du cadre.
Il est également important de renforcer la collaboration entre le gouvernement fédéral et les experts de la vue du secteur privé, tels que les ophtalmologues, les optométristes et les chercheurs, afin d’élaborer des stratégies fondées sur des données probantes. Il sera ainsi possible d’élaborer une approche globale et efficace qui répondra aux besoins des Canadiens.
Il est essentiel d’établir un cadre pour le suivi et l’évaluation des impacts du projet de loi C-284 afin d’en mesurer la réussite avec précision et de cerner les éléments qui doivent être améliorés.
En conclusion, le projet de loi C-284 répond à un important problème de santé publique et représente une occasion d’améliorer l’accès aux soins oculaires de façon à protéger et à améliorer la santé oculaire des Canadiens. La création d’un cadre pour faire le suivi et l’évaluation des données et de la recherche et l’établissement d’une stratégie claire de sensibilisation sont des étapes essentielles pour améliorer ce secteur du système de santé au Canada au profit de tous les Canadiens.
Merci.