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PÉRIODE DES QUESTIONS — Les affaires étrangères

Les relations sino-canadiennes

18 avril 2023


L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition)

Sénateur Gold, la semaine dernière, les membres du conseil d’administration et la présidente-directrice générale de la Fondation Pierre-Elliott-Trudeau ont démissionné en bloc à la suite du cadeau de 200 000 $ du Parti communiste de Pékin. Lorsqu’on lui a posé des questions sur les démissions de mardi dernier, voici ce que le premier ministre a répondu, sénateur Gold : « Je n’ai aucun lien direct ou indirect avec la fondation qui porte le nom de mon père. »

C’est une déclaration ridicule de la part du premier ministre Trudeau. Le gouvernement qu’il dirige peut nommer des membres de la fondation, tout comme sa famille. Le National Post a rapporté que la fondation a utilisé son nom dans du matériel promotionnel jusqu’en septembre 2014, soit un an et demi après qu’il a été nommé chef des libéraux. Son frère est directement impliqué dans la fondation et la réception du cadeau de 200 000 $.

Monsieur le leader, pourquoi le premier ministre persiste-t-il à prétendre qu’il n’y a aucun lien alors que ce n’est absolument pas le cas?

L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Je vous remercie de la question. Le premier ministre a indiqué clairement à plusieurs reprises — et je vais le répéter encore une fois — qu’il a cessé d’entretenir des liens avec la fondation lorsqu’il est devenu chef du Parti libéral et qu’il n’en a eu aucun depuis. La fondation est une organisation indépendante. Comme pour toute organisation, nous nous attendons à ce qu’elle agisse de bonne foi. Bien franchement, il est évident que toute question au sujet des activités de la fondation doit être adressée à celle-ci et non au premier ministre ou à moi.

Je trouve étrange de me faire répondre : « Ne me posez pas la question à moi; posez-la plutôt à quelqu’un d’autre ».

Chaque jour, de nouvelles révélations font surface au sujet de l’ingérence étrangère par le régime en place à Pékin et de ce que le premier ministre savait. Celui-ci a toujours affirmé qu’il y a un mur entre lui et la Fondation Trudeau. Or, la semaine dernière, La Presse a rapporté qu’un haut responsable au Cabinet du premier ministre avait communiqué avec la fondation Trudeau en novembre 2016 au sujet du « don chinois ». Le mur semble bien mince, monsieur le leader. Un ancien membre du conseil d’administration a déclaré à La Presse la semaine dernière que la prétendue polarisation politique que la fondation et le premier ministre ont invoquée pour justifier les démissions n’était — tenez-vous bien — qu’un « ramassis de mensonges ».

Monsieur le leader, les Canadiens méritent de connaître la vérité. Une enquête publique s’impose. De toute évidence, le premier ministre n’abonde pas dans ce sens, car autrement il aurait lui-même ordonné la tenue d’une telle enquête.

Mais quelle excuse a son cabinet? Pourquoi les gens qui y sont en place ne comprennent-ils pas qu’une enquête publique est la seule voie à suivre au point où en sont les choses? Enfin, monsieur le leader, comment qualifie-t-on une personne qui débite un paquet de mensonges? Comment qualifieriez-vous de tels propos?

Le sénateur Gold [ + ]

Je vous remercie de la question.

Les mots ont de l’importance. Ils ont de l’importance dans le discours public, notamment dans cette enceinte. L’utilisation de termes de plus en plus hostiles pour entacher la réputation de nos institutions — institutions sur lesquelles repose le Canada — est profondément troublante et a tout lieu d’inquiéter l’ensemble des Canadiens.

Je répète que le premier ministre n’a jamais été mêlé aux activités de la fondation depuis qu’il assume la direction de son parti. Toute tentative pour remettre en question l’intégrité de la fondation ou celle du premier ministre est regrettable et, avec tout le respect que je vous dois, malavisée.

Le rapporteur spécial, l’honorable David Johnston, a été chargé de conseiller le gouvernement en ce qui concerne les mesures qui pourraient s’imposer, et le gouvernement s’est pour sa part engagé à respecter et à accepter les recommandations qui lui seront faites. Nous connaîtrons ces recommandations très bientôt.

L’honorable Leo Housakos [ + ]

Ce n’est pas nous qui contestons l’intégrité du premier ministre, monsieur le leader du gouvernement; c’est son inaction à l’égard d’un sujet très grave qui remet en cause son intégrité et son jugement.

Sénateur Gold, nous avons appris hier que le FBI avait arrêté deux personnes qui géraient un poste de police secret à New York pour le compte du régime communiste de Pékin. Selon le département de la Justice des États-Unis, ces deux personnes ont conspiré pour travailler en tant qu’agents du Parti communiste chinois et elles ont reçu des ordres du régime afin de traquer et de réduire au silence des dissidents chinois vivant aux États-Unis.

Sénateur Gold, nous savons que plusieurs de ces postes de police clandestins opèrent ici même au Canada, en violation de la souveraineté et de la législation canadiennes. D’ailleurs, une des personnes arrêtées hier par le FBI avait dans son téléphone des photos de l’un de ces postes de police clandestins opérant ici même au Canada.

Sénateur Gold, savons-nous si cette personne est venue ici au Canada? La GRC a-t-elle pris des mesures pour interroger cette personne en rapport avec les postes de police clandestins au Canada? Par ailleurs, pouvez-vous me dire pourquoi aucune accusation n’a encore été portée dans cette affaire au Canada? Quelqu’un a-t-il été expulsé du Canada à la suite de l’enquête? Y a‑t-il eu des conséquences pour les agents communistes qui se comportent de la sorte ici même au Canada?

Le sénateur Gold [ + ]

Merci pour vos nombreuses questions.

Il s’agit d’un enjeu important dont le gouvernement s’est saisi et pour lequel il a pris de nombreuses mesures.

En ce qui concerne vos questions, les enquêtes qui sont menées par la GRC et d’autres, ou qui pourraient l’être, sont des sujets à propos desquels je ne peux pas faire de commentaires et qui porteront leurs fruits lorsque ces enquêtes seront terminées.

Le sénateur Housakos [ + ]

Monsieur le leader du gouvernement, vous avez raison. Il y avait plusieurs volets à ma question. C’est parce que les questions ne cessent de s’accumuler, car nous ne recevons aucune réponse concrète, et je n’en ai pas obtenu davantage dans la réponse que vous venez de donner.

Sénateur Gold, selon les allégations, les deux individus en question auraient notamment ciblé le Falun Gong en réunissant des membres de la diaspora chinoise et en les emmenant en autobus à des contre-manifestations lors de manifestations favorables au Falun Gong, et le consulat chinois aurait payé 60 $ à chacun de ces participants.

Cela ressemble étrangement aux allégations sur ce qui se serait passé lors d’une réunion concernant une certaine candidature libérale, n’est-ce pas?

Selon d’autres allégations, les deux agents déjà mentionnés auraient traqué des dissidents chinois qui vivent aux États-Unis et les auraient menacés ainsi que leurs familles de les forcer à retourner en Chine pour qu’ils y soient arrêtés par les autorités du régime communiste. Encore une fois, cela correspond exactement à ce que nous avons entendu de la part de certains Canadiens d’origine chinoise.

Par conséquent, sénateur Gold, pourquoi le gouvernement n’essaie-t-il pas d’en faire davantage pour protéger ces gens au Canada? Vous dites que nous ne voulez pas que les membres des diasporas aient peur. Le premier ministre a dit la même chose à maintes occasions. Or, les gens de ces communautés ont déjà peur, et le gouvernement ne fait rien pour y remédier. Vous vous souciez davantage de protéger les gens dont les Canadiens d’origine chinoise ont peur.

Quand le premier ministre cessera-t-il de tergiverser à l’égard de l’influence exercée par le régime de Pékin à l’extérieur de la Chine?

Le sénateur Gold [ + ]

Le premier ministre n’est pas en train de tergiverser. Vous avez peut-être de nombreux talents, sénateur Housakos, mais je doute que vous soyez télépathe, alors vous ne pouvez pas savoir ni prétendre savoir ce qui se passe dans la tête des autres.

Le gouvernement prend l’affaire au sérieux. Des enquêtes sont en cours. Les institutions existantes, comme le comité de parlementaires, entre autres, continuent d’étudier la situation, comme le fait le rapporteur spécial. Les Canadiens peuvent avoir l’assurance que le gouvernement a leurs intérêts, ainsi que nos intérêts, à cœur.

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