Aller au contenu

DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le jour J et la bataille de Normandie

6 juin 2024


L’honorable Marc Gold (représentant du gouvernement au Sénat) [ + ]

Honorables sénateurs, c’est aujourd’hui le 80e anniversaire du jour J et une journée de commémoration des 14 000 héros canadiens qui ont pris d’assaut la plage Juno. Cela fait également 80 ans que le vent a tourné dans la Seconde Guerre mondiale. Au nombre des régiments canadiens qui ont débarqué le 6 juin 1944, il y avait le Royal Winnipeg Rifles, le 1st Hussars, le Queen’s Own Rifles of Canada, le Fort Garry Horse, le Royal Regina Rifles et le North Shore New Brunswick Regiment.

Avant le débarquement, 450 membres du 1er Bataillon canadien de parachutistes, parmi lesquels de nombreux Canadiens français, ont été largués derrière les lignes ennemies et ont été les premiers à entrer en contact avec la Résistance française.

En un jour, 359 Canadiens ont perdu la vie et 715 de nos soldats ont été blessés ou capturés. La bataille de Normandie s’est poursuivie pendant 12 semaines et le Canada a perdu plus de 5 000 jeunes hommes au total, dont certains étaient à peine plus âgés que des enfants puisqu’ils n’avaient que 18 ou 19 ans. Ils ne le savaient pas à l’époque, mais ils ont changé le cours de la Seconde Guerre mondiale et, par conséquent, le cours de l’histoire.

Quatre-vingts ans plus tard, il ne reste pratiquement plus d’anciens combattants pour raconter leur histoire. Le plus jeune ancien combattant participant aux cérémonies de cette année a 98 ans. À mesure qu’ils disparaissent, il est impératif que leur histoire et leurs expériences continuent d’être enseignées et racontées.

Le débarquement en Normandie a marqué le début de l’offensive des Alliés britanniques, canadiens, américains et français sur le front de l’Est. Cette offensive a conduit à la chute du Troisième Reich et à la victoire finale de la guerre.

Chers collègues, pour citer George Santayana : « Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter. » Il faut continuer à relater cette histoire afin que ce fléau du milieu du XXe siècle ne se répète jamais.

Nous, nos enfants et nos petits-enfants devons en grande partie nos libertés et notre mode de vie à ces hommes courageux qui ont fait le sacrifice ultime. Toutefois, nous ne devons pas non plus oublier ceux qui sont rentrés chez eux, puis qui ont été hantées pendant des décennies par les souvenirs de cette journée, par les semaines qui ont suivi et par les visages des amis qu’ils ont perdus. Pendant de nombreuses années, le 6 juin 1944 est resté gravé dans l’esprit de dizaines de milliers d’anciens combattants.

Maintenant, alors qu’il reste si peu d’anciens combattants de cette guerre, il est de notre devoir de les remercier, de nous souvenir d’eux et de leur rendre hommage.

Merci.

L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition)

Honorables sénateurs, je prends également la parole aujourd’hui pour commémorer un moment charnière de l’histoire : le débarquement des Alliés en Normandie, le 6 juin 1944, communément appelé le « jour J ».

Ce jour fatidique, de courageux soldats du monde entier se sont embarqués dans une mission visant à libérer l’Europe de l’emprise de la tyrannie. Parmi ces valeureux soldats, il y avait ceux du Royal Winnipeg Rifles, un bataillon d’infanterie originaire du grand pays qu’est le Canada, plus précisément, de ma province, le Manitoba. Après des années d’entraînement rigoureux, ces hommes ont affronté l’ennemi en débarquant sur les plages de Normandie. Leur courage et leur détermination inébranlables ont contribué à lancer le rétablissement de la liberté en Europe.

Ross Munro, journaliste de première ligne et journaliste à la Presse canadienne, a décrit l’essence de leur lutte :

Des combats sanglants ont fait rage tout le long des plages. À droite, les Winnipegois ont dû se battre pour aller au-delà de 5 grands blockhaus en béton et de 15 postes de tir à la mitrailleuse aménagés dans les dunes, qui ont exigé un long balayage de la plage. De dune en dune, le long du réseau de tranchées allemandes et dans les tunnels, ces soldats manitobains se sont battus jusqu’au bout. Ils sont entrés de force dans les blockhaus et ont débusqué les mitrailleurs au moyen de mitrailleuses, de grenades, de baïonnettes et de couteaux. Les Canadiens ont été la cible de tirs croisés. Ils ont été bombardés et attaqués au mortier même dans les positions allemandes, mais se sont acharnés et ont poursuivi leur chemin vers l’ennemi. Après une lutte [...] acharnée et brutale [...] les Winnipegois ont réussi une percée dans l’espace dégagé derrière la plage.

Chers collègues, les soldats du Royal Winnipeg Rifles savaient que c’était leur heure. Ils ont affronté l’ennemi avec détermination, conscients que la victoire leur coûterait cher. En effet, sur les 650 soldats du bataillon qui ont débarqué le 6 juin, 57 ont été tués et 71 ont été blessés. Les actions de ces soldats illustrent l’esprit courageux des militaires canadiens : inébranlables, inflexibles et dévoués à la cause de la liberté.

Alors que nous réfléchissons aux sacrifices consentis par le Royal Winnipeg Rifles et tous ceux qui ont pris d’assaut les plages ce jour-là, rendons hommage à leur mémoire et leur héroïsme.

Il y a quelques semaines, chers collègues, on m’a rappelé non seulement les importantes contributions des soldats canadiens, mais aussi l’importance de défendre les familles qui ont été directement touchées par la guerre. De nombreux soldats ne sont pas revenus. Des familles ont perdu des êtres chers, souvent sans connaître exactement les détails de la mort de leurs proches. D’autres ont vu leur proche transformé à jamais à son retour de la guerre. Que leur résilience, leur engagement et leurs contributions à notre pays restent à jamais dans les mémoires, qu’ils soient honorés et qu’ils nous servent d’inspiration pour porter ces valeurs dans nos rôles respectifs.

Cette année, alors que nous célébrons le 80e anniversaire du jour J et de la fin de la bataille de Normandie, puissions-nous garder à jamais leur héritage dans nos cœurs.

L’honorable Manuelle Oudar [ + ]

Honorables sénateurs et sénatrices, je prends la parole aujourd’hui au nom du Groupe des sénateurs indépendants en ce jour du 80e anniversaire du débarquement de Normandie.

Le 6 juin 1944, les troupes canadiennes donnèrent l’assaut et furent les premières à fouler le sol de la Normandie. Ce fut l’une des plus grandes opérations militaires de l’histoire.

Prenons le temps de commémorer ce jour important, car c’est l’avenir du monde qui se jouait à ce moment-là. Le sénateur Aucoin et les sénatrices Busson et Greenwood assistent aux commémorations qui se tiennent aujourd’hui en Normandie en signe de solidarité. Des vétérans survivants sont aussi présents là‑bas et partout au Canada. Ils ont entre 98 ans et 106 ans. Nous leur rendons hommage.

Sur la plage normande de Juno, 14 000 soldats canadiens ont débarqué le 6 juin 1944. Des jeunes hommes de partout au Canada, y compris des Québécois, des Acadiens et des membres des Premières Nations, ont pris part au débarquement. Tristement, 359 d’entre eux y ont laissé leur vie ce jour-là.

Sur cette terre française, 45 000 Canadiens morts au combat durant cette guerre les ont rejoints. Plusieurs reposent aujourd’hui dans le cimetière de Bény-sur-Mer sous des milliers de stèles ornées de croix blanches, pas très loin de l’endroit où je suis née 20 ans plus tard, dans le département voisin, où ma famille Oudar vit encore. Ma vie, celle de ma famille et celles de millions de Français et de Françaises auraient été tout autres aujourd’hui sans le sacrifice de ces soldats canadiens.

Que l’on se souvienne que plus d’un million de Canadiens ont servi durant cette guerre, que l’on se souvienne de ceux qui ont survécu et de ceux qui ont péri, de ceux qui ont été blessés ou ont été faits prisonniers pour permettre la libération de toute l’Europe.

Alors, en plus de notre voix au Sénat du Canada, je joins la mienne à celle de la France, berceau de mon enfance, et à celle de tous les parlementaires de la République française et de tous les Français et Françaises pour remercier le Canada du fond du cœur pour le sacrifice suprême qui a été consenti pour libérer la France. La France et le Canada ont un lien fraternel depuis plus de quatre siècles et ils ont énormément de valeurs en commun, dont la soif de liberté et la foi en l’humanité.

Je conclus en affirmant que ces soldats ne sont pas morts en vain et qu’on doit apprendre des leçons qu’ils nous ont laissées.

L’histoire donne de la perspective et doit nous apprendre, aujourd’hui plus encore, à bien comprendre que rien n’est acquis. Toutefois, réconciliés, des adversaires d’hier peuvent s’unir et défendre ensemble la liberté, comme celle qui nous a été apportée depuis ces plages. Merci, Votre Honneur et honorables sénateurs et sénatrices.

L’honorable Rebecca Patterson [ + ]

Honorables sénateurs, Utah, Omaha, Gold, Sword et, bien sûr, Juno. Ce sont les noms de code des cinq plages de Normandie, où, il y a 80 ans aujourd’hui, environ 150 000 soldats alliés ont débarqué, par bateau ou parachute. Les soldats, comme ceux du 1er Bataillon canadien de parachutistes, le même régiment dont le soldat George Cooper faisait partie. Vous vous souviendrez probablement que M. Cooper a récemment célébré son 100e anniversaire de naissance et qu’il est venu nous visiter ici, au Sénat, le mois dernier. Il reste très peu de ces anciens combattants.

Parmi les autres unités ayant participé au jour J, mentionnons les Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders, de Cornwall, en Ontario — la ville bien-aimée de la sénatrice Clement —, dont 733 soldats ont débarqué sur la plage Juno ce jour-là.

Parmi les chanceux qui ont survécu au jour J, rappelons-nous d’Earl Kennedy, qui, il y a cinq ans, a dit ceci en prévision de son voyage en France à l’occasion du 75e anniversaire :

Les jeunes gars aux genoux noueux et aux joues reluisantes essayaient de sortir des péniches de débarquement pour accéder à la plage. Ils étaient déterminés à combattre pour chasser les Allemands. Ils n’en ont malheureusement pas eu la chance. En mettant le pied sur la plage, ils ont été pulvérisés par l’ennemi.

Veuillez excuser ce mot. Quand on lui a demandé pourquoi il s’était enrôlé, M. Kennedy avait tout simplement répondu : « Je croyais que ce qu’Hitler faisait était impardonnable. »

Bien sûr, c’était le cas.

Chers collègues, beaucoup d’entre nous ont un lien direct avec le jour J. Mon propre grand-père, qui était membre de la Royal Air Force, a débarqué le lendemain du jour J. Je me souviens qu’il m’a raconté, lorsque j’étais jeune, que la seule chose qu’il craignait vraiment ce jour-là, c’était de voir surgir le Royal 22e Régiment, qui était connu pour être composé de féroces guerriers, très fiers.

Le père du sénateur Aucoin, Eddie, du Régiment de la Chaudière, était également présent.

Certains d’entre nous ont d’autres liens avec cette journée. Hier, le sénateur Varone a raconté l’histoire de sa famille et l’importance de la campagne italienne, non seulement pour libérer l’Italie, mais également pour empêcher les Allemands de se battre et de renforcer leur position en Normandie.

Cependant, tous les Canadiens ont un lien avec le jour J, et c’est le simple fait que nous jouissons aujourd’hui de notre liberté.

Honorables sénateurs, les nuages sombres d’une guerre mondiale planent à nouveau sur l’Europe. En raison de la guerre en Ukraine, nous voyons une fois de plus un despote menacer nos alliés et tenter de nous entraîner vers une guerre mondiale.

Je voulais vous rappeler les liens avec ces femmes et ces hommes courageux qui ont participé au jour J, car je pense que nous ferions tous bien de nous souvenir de la leçon de M. Kennedy et de la raison pour laquelle il a servi. Les despotes et la tyrannie n’ont pas leur place dans l’humanité. Nous devons tous nous efforcer de préserver la paix qui a été gagnée avec le sang et les sacrifices de Canadiens, les anciens combattants.

Malheureusement, bon nombre de ceux qui ont combattu ou ont soutenu les combattants à l’occasion du jour J sont décédés. Les liens vivants qui nous rattachent à cette époque ont presque tous disparu. C’est pourquoi je me réjouis de voir autant d’anciens combattants faire le pèlerinage en France cette année. Bon nombre d’entre eux n’étaient que des garçons au moment du débarquement et sont aujourd’hui des vieillards.

Je me souviens d’avoir soigné des anciens combattants canadiens de la Seconde Guerre mondiale quand j’étais jeune infirmière militaire, au début de ma carrière. Je suis maintenant moi-même une vétérane, et je me demande qui racontera leur histoire lorsqu’ils seront tous partis.

En tant que parlementaire, je m’efforcerai de raconter leur histoire. En tant que Canadienne, je me souviendrai d’eux.

L’honorable Leo Housakos [ + ]

Honorables sénateurs, il y a 80 ans aujourd’hui, plus de 14 000 hommes et garçons courageux d’un peu partout au Canada — certains âgés de seulement 14 ans, ayant menti à propos de leur âge pour s’enrôler — se sont livrés à l’un des plus incroyables exploits de bravoure humaine de l’histoire moderne.

Le souvenir de leur sacrifice sur la plage Juno, le 6 juin 1944, reste encore aujourd’hui gravé dans nos cœurs et nos esprits. L’attaque des alliés en Normandie a été la plus grande invasion maritime jamais tentée. Les soldats ont pris d’assaut les plages fortifiées avec une détermination sans faille pour libérer nos alliés de la tyrannie qui avait gagné l’Europe.

Il y a eu 1096 victimes canadiennes ce jour-là, et 381 jeunes Canadiens ont été tués. Ils ont consenti le sacrifice ultime pour que nous puissions vivre dans la liberté, la démocratie, la primauté du droit et la dignité pour tous.

Nous ne comprendrons jamais vraiment l’horreur dont ils ont été témoins ce jour-là. Beaucoup de ceux qui sont revenus n’ont pas voulu en parler. Et, avec le passage des années, ils sont de moins en moins nombreux à être encore en vie.

Hélas, nous venons de perdre un autre vétéran de la Deuxième Guerre mondiale avec le décès de William Cameron, survenu le lundi 3 juin au matin. Il se préparait à se rendre en France pour participer à la cérémonie de commémoration d’aujourd’hui. Que lui et tous les autres vétérans connaissent la paix éternelle, et que leur service pour le pays ne soit jamais oublié.

Toutefois, chers collègues, honorer leur mémoire et leurs sacrifices ne se limite pas à organiser des cérémonies et à faire des déclarations. Alors que la guerre sévit à nouveau aux frontières de l’Europe et que les forces tyranniques s’enhardissent dans le monde entier, cet anniversaire nous rappelle tout particulièrement les conséquences de la guerre, mais aussi l’importance de la lutte pour la démocratie et la liberté partout et à tout moment où elles sont menacées.

Pendant que nous songeons au prix atroce payé en vies humaines sur les plages de Normandie, nous devrions nous rappeler que nous ne devons jamais considérer notre mode de vie comme acquis. Ce combat commence chez nous, en veillant à ce que notre pays et notre société restent un phare pour ces idées.

Toutefois, nos obligations morales et éthiques s’étendent également à l’étranger. Le Canada et les Canadiens ont la responsabilité de faire figure d’exemples dans la lutte mondiale contre la tyrannie autoritaire.

L’esprit et l’héritage de ceux qui ont combattu en Normandie demeurent en nous. Ils nous appellent à nous opposer fermement aux menaces qu’ils ont combattues. Nous défendons aujourd’hui la liberté et la démocratie au nom de ceux qui nous ont précédés et de ceux qui nous succéderont. Honorons leur mémoire en poursuivant leur combat avec le même courage et la même détermination dont ils ont fait preuve sur ces plages il y a 80 ans.

N’oublions jamais. Merci, chers collègues.

Haut de page