DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le Mois national de l'histoire autochtone
13 juin 2024
Honorables sénateurs, certains disent que la culture fait partie de la langue. J’interviens aujourd’hui pour parler du Mois national de l’histoire autochtone. Les peuples autochtones adorent raconter leurs histoires. Je tisserai quelques histoires au cours de mon discours.
La semaine dernière, j’ai passé du temps avec mon cher ami Doug. Doug a perdu sa mère, Kathlin Sorbey, le 24 mai dernier. Mme Sorbey a fréquenté plusieurs externats indiens et, plus tard, le pensionnat autochtone de Shubenacadie. Malgré cela, elle était considérée comme une ambassadrice linguistique et culturelle des Mi’kmaqs.
Le frère de Mme Sorbey était le Grand Keptin Alex Denny du Grand Conseil des Mi’kmaqs. Fervent défenseur de la langue mi’kmaq, il disait souvent que chacun peut retourner dans son pays d’origine et apprendre sa langue maternelle. C’est-à-dire tout le monde sauf les Mi’kmaqs.
J’ai grandi à Paqtnkek aux côtés de ma kiju — ma grand-mère —, Kaloline Prosper. Son anglais était très limité, ce qui correspondait à ce que je comprenais du mi’kmaq. Nos rencontres maladroites m’ont donné l’impression d’être stupide, inadéquat et déconnecté de mon identité en tant que personne mi’kmaq.
La langue mi’kmaq est façonnée par le temps, l’esprit et la géographie de nos terres traditionnelles, appelées Mi’kma’ki.
Mme Sorbey, la mère de Doug, parlait très bien le mi’kmaq et l’anglais. Chaque fois que je discutais avec elle, je me sentais ancré et connecté. Lors de la dernière fête des Mères, Doug a rendu visite à sa mère à l’hôpital. Il lui a donné ce poème, qui se lit comme suit :
MAMAN
J’ai parfois honte de ne pas pouvoir te réconforter dans la langue mi’kmaq, me faire enseigner cette langue et me faire raconter ton histoire en mi’kmaq. Cependant, aujourd’hui, je tiens à te rappeler que ce que tu m’as donné de plus précieux n’est pas quelque chose qu’on peut décrire avec des mots, que ce soit en anglais ou en mi’kmaq. Ce qui m’est le plus cher, ce sont les valeurs que tu m’a inculquées :
La modération, dans une communauté qui a grand besoin de guérison;
La générosité et la bonté, malgré la pauvreté;
Le courage et la détermination, face à la violence des institutions;
L’égalité, dans un monde que le racisme a contaminé;
La gaieté, dans un monde qui manque cruellement de légèreté.
Wela’lioq. Merci beaucoup.