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La décimation des frayères du saumon atlantique

Interpellation--Ajournement du débat

20 février 2020


Ayant donné préavis le 4 février 2020 :

Qu’il attirera l’attention du Sénat sur la décimation des frayères du saumon atlantique sur la Miramichi, la Restigouche et leurs affluents.

—Honorables sénateurs, je vais vous parler de ma préoccupation constante pour le saumon atlantique et des ravages qu’il subit dans nos eaux. Je vais donc une fois de plus porter ce sujet à notre attention. J’espère que, cette fois-ci, on interviendra peut-être.

Je ne saurais trop insister sur la crise qui touche actuellement le saumon atlantique et sur le fait que, à moins d’une intervention immédiate pour remédier à la situation, toute une espèce, un mode de vie, des centaines d’emplois et des millions de dollars seront perdus dans les bassins hydrographiques à saumons de la côte Est, plus particulièrement la Miramichi et la Restigouche et leurs affluents. Le déclin observé depuis quelques années est non seulement inquiétant; il est ahurissant. La population de géniteurs a diminué principalement dans les bras principaux de la Miramichi Nord-Ouest et de la Miramichi Sud-Ouest au Nouveau-Brunswick, mais toutes les rivières sont atteintes.

Nous avons tenté par plusieurs moyens d’atténuer le phénomène. Nous avons récemment pu obtenir un moratoire de 12 ans de la pêche du Groenland; nous avons mis fin à la capture de saumons par les pêcheurs à la ligne en insistant pour qu’ils remettent les saumons à l’eau et nous avons utilisé des écloseries pour relâcher des saumoneaux dans les bassins hydrographiques, en espérant que les taux de survie augmenteront.

Néanmoins, le saumon dans les rivières fait maintenant face à un prédateur implacable et vorace. Ce prédateur est protégé par notre propre ministère des Pêches, qui le dorlote depuis des années. En conséquence, sa population a tellement augmenté qu’il fait non seulement concurrence au saumon, mais menace aussi de l’anéantir. Je parle du bar rayé, qui fraye dans la rivière Miramichi Nord-Ouest. Protégé depuis des années, il est devenu une véritable nuisance. On a fait bien peu pour régler la situation, et les préoccupations exprimées sont reçues dans la plus grande indifférence.

Il s’agit, du moins en partie, d’un problème créé par l’homme, qui a manipulé une espèce afin de rétablir les stocks de bar rayé dans le détroit de Northumberland et la voie maritime du Saint-Laurent, en faisant complètement fi de l’incidence de ce prédateur vorace sur les stocks actuels de saumon. Ce n’est pas la première fois que le ministère des Pêches et des Océans feint de ne pas voir un problème, mais il n’a jamais balayé la situation du revers de la main avec autant de cynisme.

Le problème ne semble peut-être pas très grave aux yeux des citadins du Canada, mais il est tout aussi dévastateur pour le saumon de l’Atlantique, pour un mode de vie tout entier et pour l’identité d’un peuple que les coupes à blanc et le réchauffement de la planète. Actuellement, près d’un million de bars rayés se rendent dans les eaux de la rivière Miramichi pour se reproduire. Par conséquent, cette année, les saumoneaux — les jeunes saumons qui doivent rejoindre la mer et qui sont grandement nécessaires pour assurer la survie des rivières à saumon — risquent fort de ne jamais se rendre en eau libre.

Les Premières Nations ont exprimé des préoccupations aussi inquiétantes que les nôtres, et leurs prévisions sont aussi terribles que les miennes. Comme toujours, le ministère des Pêches et des Océans est aveugle et peu enclin à agir — c’est terrible et exaspérant. Les deux plus récents ministres des Pêches n’ont rien fait.

Les guides des pêcheurs de saumon et les pourvoyeurs affirment que le même problème se produit dans la rivière Restigouche et ses affluents.

Le ministre des Pêches doit être plus actif. Le ministère des Pêches doit autoriser les pêcheurs à la ligne à pêcher l’achigan et permettre aux Premières Nations de Red Bank et Eel Ground de pêcher l’achigan à des fins commerciales. Cela pourrait représenter un début, mais il faut que cela se fasse maintenant, et non dans trois ans.

Honorables sénateurs, la Miramichi et le saumon de l’Atlantique sont deux réalités indissociables. Cette rivière est le centre du monde du saumon de l’Atlantique, de ses frayères et de ses eaux de frai historiques. Le saumon de l’Atlantique fait partie de l’ADN de notre rivière et de nos vies. Sa perte entraînera non seulement des pertes financières, mais aussi des pertes spirituelles. Le saumon de l’Atlantique est d’une importance capitale pour tout un peuple et tout un mode de vie. Il faut faire tout ce qui est possible. Je ne peux pas exprimer l’inquiétude que m’inspire la situation, car les mots me manquent.

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