DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Le système d'alerte Silver
8 juin 2022
Honorables sénateurs, nombre d’entre nous connaissent la peur de perdre un être qui nous est très cher comme une mère, un père ou un mentor.
Je me rappelle ma grand-mère, qui, il y a de nombreuses années, quittait la maison, valise à la main, en plein jour, quand le froid de l’hiver saskatchewanais vous mordait la peau, à la recherche d’un souvenir perdu ou d’une ancienne période de sa vie. On appelle ce comportement « égarement », et c’est un symptôme commun des personnes atteintes de démence. Ma famille était dans un état de panique constante — ma mère et mon père quittaient souvent leur travail en toute urgence ou ils devaient se résigner à se fier à la gentillesse de leurs amis ou même de parfaits étrangers pour ramener ma grand-mère à la maison en toute sécurité.
Malheureusement, d’autres familles n’ont pas toujours cette chance. Il existe trop d’histoires de personnes atteintes de démence qui s’égarent et ne reviennent jamais à la maison. Si une personne égarée n’est pas retrouvée dans les 12 premières heures, elle risque d’être blessée ou de perdre la vie dans 50 % des cas. Environ six personnes atteintes de démence sur dix souffrent d’épisodes d’égarement.
La démence — ou l’alzheimer — est une condition médicale atroce qui ne fait aucune discrimination. Au Canada, plus de 700 000 personnes en souffrent, sans compter les conséquences pour les membres de la famille, et on prévoit que ce chiffre doublera dans les 15 prochaines années. En outre, cette maladie ne connaît aucune limite et tout le monde peut en être atteint un jour ou l’autre — comme l’ont été Ronald Reagan, Robin Williams et Rosa Parks — et perdre toute possibilité d’avenir.
Les problèmes de démence causent souvent des situations difficiles, et ils nous touchent tous d’une façon ou d’une autre. Tard dans la soirée du 31 mai 2018, le Sénat a adopté à l’unanimité une motion demandant au gouvernement de travailler avec les provinces et les territoires à la mise sur pied d’un cadre national pour les alertes Silver. Je remercie d’ailleurs le sénateur Plett d’avoir agi comme comotionnaire.
Semblable à l’alerte Amber qui sert à retrouver les enfants enlevés, l’alerte Silver aide à retrouver des personnes atteintes d’un trouble neurocognitif important qui sont portées disparues ou qui courent un danger imminent. Comme les deux systèmes sont semblables, il serait facile de les intégrer, et l’alerte Silver serait donc une stratégie efficiente pour retrouver des êtres chers égarés. Les statistiques recueillies dans les villes et les États américains montrent la grande efficacité de l’alerte Silver.
J’ai donc été ravie de voir que le gouvernement du Québec avait annoncé, hier, le lancement de trois projets pilotes qui auront lieu à Joliette, Val-d’Or et Drummond. C’est un excellent début. Notons que l’Alberta et le Manitoba ont aussi adopté des lois pour la mise en place de ces alertes. Cela dit, un réseau fédéral permettrait aux différents systèmes provinciaux et territoriaux de communiquer et de collaborer. J’espère que le gouvernement constatera les résultats positifs de ces projets et décidera de prendre les choses en main, comme nous le lui demandons.