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Beauté patinée : Restauration de la façade centenaire de l’édifice du Centre

Gros plan sur un mur de grès à la texture rugueuse.

Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada

En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare ferroviaire bâtie en 1912. Le Sénat occupera cet emplacement temporaire pendant la réhabilitation de l’édifice du Centre du Parlement, demeure permanente du Sénat.

L’édifice du Centre est fermé pendant les travaux, mais le public peut continuer d’admirer son architecture et ses œuvres d’art grâce à une visite virtuelle immersive du Sénat.


Environ 365 000 blocs de pierre composent la façade de 20 000 mètres carrés de l’édifice du Centre sur la Colline du Parlement et chacun d’entre eux sera examiné à la loupe.

L’édifice, qui surplombe la rivière des Outaouais, a été malmené pendant des décennies par des tempêtes, de la neige, de la glace, des polluants atmosphériques et même des tremblements de terre.

Restaurer la façade centenaire est un projet titanesque, selon Jeff Meek, gestionnaire de projet chez Services publics et Approvisionnement Canada, le ministère qui supervise le projet de restauration de l’édifice du Centre.

« Nous toucherons à la maçonnerie extérieure dans sa totalité. Cela comprend toutes les façades de l’édifice du Centre (nord, est, ouest et sud), trois cours et quatre tours, de même que l’emblématique Tour de la Paix. »

L’édifice est entièrement revêtu de grès – du sable qui s’est compacté pendant des millions d’années pour former une roche sédimentaire à grains fins résistante aux intempéries. Le grès est principalement composé de quartz, le minéral cristallin qui reste lorsque le socle rocheux s’érode, ce qui en fait un matériau de construction particulièrement durable.

Le grès de Nepean (qui provient d’une carrière qui se situait à la périphérie ouest d’Ottawa) forme la majeure partie de la façade et donne à l’édifice du Centre sa riche couleur de miel.

La pierre a commencé à se former il y a 500 millions d’années, à la fin de l’ère cambrienne, lorsque le sol où se trouve maintenant Ottawa était une plage désolée à l’extrémité d’un ancien paléocontinent appelé Laurentie.

De rares créatures d’apparence extraterrestre s’aventuraient peut-être près de la berge – un trilobite fortement carapacé ou un euthycarcinoidea ressemblant à un mille-pattes – mais la terre elle-même était tout à fait stérile.

Un travailleur de la construction assemble des échafaudages le long de la façade nord de l’édifice du Centre, avec la Bibliothèque du Parlement visible en arrière-plan. L’extérieur de l’édifice du Centre est restauré de fond en comble, alors que celui de la Bibliothèque a été remis à neuf au début des années 2000. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)Un travailleur de la construction assemble des échafaudages le long de la façade nord de l’édifice du Centre, avec la Bibliothèque du Parlement visible en arrière-plan. L’extérieur de l’édifice du Centre est restauré de fond en comble, alors que celui de la Bibliothèque a été remis à neuf au début des années 2000. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Des bâches de protection (sur lesquelles on a imprimé la façade de l’édifice du Centre en trompe-l’œil) enveloppent des échafaudages autour de l’édifice. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)Des bâches de protection (sur lesquelles on a imprimé la façade de l’édifice du Centre en trompe-l’œil) enveloppent des échafaudages autour de l’édifice. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Un maçon reconstruit une section du mur de briques qui se trouve derrière la façade en grès, ce qui renforce le soutien structurel. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Il n’y avait pas d’arbres, pas de fougères, pas de fleurs, même pas de mousse au sol. Les végétaux terrestres n’allaient apparaitre que 50 millions d’années plus tard.

Sur une période d’un demi-milliard d’années, cette ancienne plage s’est lentement affaissée, ensevelie sous des dépôts successifs de sable alors qu’elle se compactait et se soudait pour former une couche de grès qui traverse l’Est de l’Ontario, le Québec, l’État de New York et le Vermont.

La carrière de Nepean a fermé en 1962, c’est pourquoi les maçons qui restaurent l’édifice du Centre ont dû trouver un site de remplacement. Leur recherche les a amenés à St-Canut, près de Mirabel, au Québec.

« St-Canut fait partie de la même formation géologique », a souligné M. Meek. « C’est ce qui se rapproche le plus du grès original de Nepean. »

La section endommagée d’un bloc de grès a été découpée et remplacée par une insertion choisie avec soin — une réparation complexe appelée « enchâssement ». (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Les travaux de restauration de la façade de l’édifice du Centre ont commencé en 2018 avec des relevés aériens par drones et des sondes exploratoires dans le mur derrière la façade, qui visaient à évaluer sa condition.

Des échafaudages ont ensuite été érigés derrière des bâches de protection et les restaurateurs ont commencé à évaluer chaque pierre, à examiner la façade de près pour repérer les dommages superficiels ou pour déceler des signes de détérioration importante de la structure.

Par la suite, les maçons ont raclé les joints pour retirer tout le vieux mortier en mauvais état de la façade.

« Au fil des ans, le mortier a été remplacé sur l’édifice ici et là », a indiqué M. Meek. « Nous procédons maintenant à une restauration complète; nous retirons entièrement l’ancien mortier pour que le nouveau, une fois appliqué, offre une continuité – la même solidité et la même consistance – sur l’ensemble de l’édifice. »

Au besoin, les maçons démontent des sections de la façade pour consolider le soutien de briques qui forme le mur porteur intérieur. Ils s’attaquent ensuite aux blocs de grès à l’extérieur, les remplacent ou les réparent sur place, selon l’ampleur des dommages.

« La structure d’une pierre pourrait être compromise par une fracture en plein centre », a indiqué M. Meek. « Nos restaurateurs et consultants proposent souvent de la remplacer dans cette situation. »

Les maçons remplacent le mortier d’assise, la colle qui lie les pierres ensemble de façon stable et résiliente, puis se concentrent sur le rejointoiement en remplissant les interstices entre les pierres avec du mortier frais.

L’édifice a étonnamment bien résisté à un siècle d’usure.

« Nous nous attendions à remplacer de 15 à 20 % des pierres », a indiqué M. Meek. « Cependant, il y a eu moins de 5 % de pierres remplacées du côté nord, et c’est une façade qui est particulièrement exposée. »

« Cela en dit long sur la condition de la maçonnerie. »

Lorsque l’équipe intervient, elle respecte le principe d’intervention minimale. Il s’agit de travailler minutieusement, tout en respectant l’histoire de l’édifice.

« Nous tentons de conserver le plus de matériaux patrimoniaux possible », a indiqué M. Meek. « Parallèlement, nous remettons l’édifice dans un état qui lui permettra de résister encore au moins cinquante ans, voire plus. »

Une section de la façade en grès de l’édifice du Centre a été retirée afin d’exposer le mur intérieur en briques. Le grès a été décoloré après avoir été en contact pendant des décennies avec de la moisissure, des algues et des polluants atmosphériques. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)Une section de la façade en grès de l’édifice du Centre a été retirée afin d’exposer le mur intérieur en briques. Le grès a été décoloré après avoir été en contact pendant des décennies avec de la moisissure, des algues et des polluants atmosphériques. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Lorsque le mortier original a été retiré et que les réparations sont terminées, un maçon scelle les interstices entre les pierres avec du mortier frais, un processus appelé « rejointoiement ». (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)Lorsque le mortier original a été retiré et que les réparations sont terminées, un maçon scelle les interstices entre les pierres avec du mortier frais, un processus appelé « rejointoiement ». (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Le nettoyage au laser est une étape importante de la restauration de la façade. L’extérieur est nettoyé de haut en bas à l’aide d’une lumière concentrée à haute densité qui brûle doucement la saleté se trouvant à la surface de la pierre. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)Le nettoyage au laser est une étape importante de la restauration de la façade. L’extérieur est nettoyé de haut en bas à l’aide d’une lumière concentrée à haute densité qui brûle doucement la saleté se trouvant à la surface de la pierre. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

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