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La fleur de lys, la salamandre et le chardon : Les symboles royaux du Parlement, troisième partie

Une fleur de lys est sculptée dans l’arc au-dessus d’une porte dans l’édifice du Centre.

Dans le dernier d’une série de trois articles, nous explorons trois des symboles royaux les plus fréquemment vus dans la Cité parlementaire.

En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare ferroviaire construite en 1912. Le Sénat occupera cet emplacement temporaire pendant la réhabilitation de l’édifice du Centre du Parlement, demeure permanente du Sénat.

Bien que l’édifice du Centre soit fermé pendant les travaux de réhabilitation, les Canadiens peuvent toujours découvrir son art et son architecture, et ceux de l’édifice du Sénat du Canada, grâce à la visite virtuelle immersive du Sénat.


L’histoire du Parlement du Canada trouve son origine dans les grands conseils des premiers rois d’Angleterre et de France au début du Moyen Âge.

Ces conseils triés sur le volet (le Witan de l’Angleterre anglo-saxonne et le Conseil du roi de France) ont évolué pour devenir les premiers parlements. Ils ont commencé à s’imposer au 13e siècle, alors qu’ils se réunissaient au mépris des ordres du roi et insistaient pour que celui-ci rende des comptes au peuple.   

Si vous regardez bien, vous verrez cette épopée millénaire représentée en images sur les murs des édifices du Parlement. Les centaines de symboles royaux qui apparaissent un peu partout racontent comment ses institutions médiévales sont devenues les solides parlements actuels du Canada, de la France et du Royaume-Uni.

« Nous affichons ces symboles et nous accomplissons ces anciens rites parlementaires pour démontrer notre lien avec cette chose plus grande que chacun d’entre nous », affirme Johanna Mizgala, conservatrice de la Chambre des communes. « Nous jouons un rôle dans cette tradition et nous la faisons évoluer je l’espère, mais elle a une histoire à laquelle nous devons constamment donner un nouveau souffle. »

Voici quelques symboles que vous pouvez essayer de repérer.


Fleur de lys

La fleur de lys est un emblème héraldique très fréquent surtout associé à la France que vous trouverez un peu partout sur la Colline du Parlement. Elle symbolise les 230 années pendant lesquelles la France a gouverné le territoire qui allait devenir le Canada.  

« La fleur de lys est un symbole de pureté et de force », explique Mme Mizgala. « Dans la mythologie, elle est remise aux personnes destinées à de grandes choses et elle ne se fane jamais. »

Son lien avec la royauté remonte à Clovis, un roi païen qui a vécu au 6e siècle et qui a fondé la première dynastie royale de France. Selon la légende, Clovis est parti au combat avec un bouclier portant son emblème ancestral, soit trois grenouilles sur fond bleu. La veille de la bataille, l’emblème s’est miraculeusement transformé en lys sur fond bleu et Clovis l’a emporté.

Sa femme, Clotilde, a interprété ce miracle ainsi : les trois fleurs représentaient la Sainte Trinité, et Clovis devait sa victoire au Dieu des chrétiens. Clovis s’est converti, et la fleur de lys est devenue le symbole de son droit divin de régner.

Louis VI a adopté l’emblème au 12e siècle. Pendant des siècles, la France a eu pour armoiries royales des douzaines de fleurs de lys d’or sur un bouclier bleu. En 1376, Charles V a réduit le nombre de fleurs à trois.


Salamandre

Timide, visqueuse et sans défense, la simple salamandre peut sembler quelconque, mais c’est une tout autre histoire en héraldique.

L’humble amphibien s’est taillé une place de choix dans les bestiaires médiévaux en tant que créature mi-divine ayant le pouvoir magique de résister aux flammes. Cette croyance s’explique probablement par l’habitude de certaines espèces d’hiberner dans des rondins en décomposition. Les paysans de l’époque médiévale, qui se chauffaient avec du bois ramassé sur le sol de la forêt, voyaient probablement avec stupéfaction les salamandres sortir du feu à toute allure. Grâce à la protection temporaire offerte par leur peau moite, les salamandres pouvaient en effet s’en sortir indemnes.  

« La salamandre est associée à la renaissance et à la résistance au feu », indique Mme Mizgala. « Elle revêt une importance particulière pour l’édifice du Parlement, puisqu’elle rappelle l’incendie dévastateur de 1916. »

François Ier, seizième roi de France connu pour avoir fait entrer la renaissance italienne en sol français, s’est saisi de l’idée de ce symbole puissant et a fait de la salamandre son emblème, accompagné de la devise en latin Nutrisco et extinguo (je nourris et j’éteins).

François Ier a un lien particulier avec la Colline du Parlement. Il est l’instigateur de l’exploration du Nouveau Monde par la France et il a été le premier souverain de la Nouvelle‑France, berceau du Canada.


Chardon

La légende racontant comment l’épineux chardon violet qui tapisse les Highlands est devenu l’emblème de l’Écosse remonte à une bataille décisive au Moyen Âge.

Du 8e au 13e siècle, le nord de l’Écosse faisait partie du Royaume de Norvège des Vikings. Au 13e siècle, l’ambitieux roi écossais Alexandre III a commencé à annexer ces territoires et à les réunir sous la bannière écossaise. En guise de représailles, le roi de Norvège Haakon a assemblé une flotte en 1263.

Les Norvégiens comptaient lancer une attaque-surprise de nuit contre la force écossaise à Largs, près de Glasgow. Selon la légende, les Norvégiens ont enlevé leurs bottes et avancé silencieusement à la faveur de la nuit. L’un des soldats de Haakon a posé le pied sur un chardon et juré à haute voix, réveillant ainsi les Écossais, qui chargèrent et éliminèrent ainsi définitivement la menace norvégienne.

Que cette histoire soit vraie ou non, le chardon était un emblème national bien établi de l’Écosse au 15e siècle. En 1470, le roi James III a fait émettre des pièces frappées d’un chardon. En 1540, son petit‑fils, James V, a créé l’Ordre du Chardon, l’équivalent écossais de l’Ordre de la Jarretière de l’Angleterre. Sa fille, Marie, reine d’Écosse, a ajouté le chardon au Grand Sceau de l’Écosse.

Le charbon apparait à quelques endroits dans l’édifice du Centre, notamment sur le spectaculaire plafond en vitrail du foyer du Sénat, où il représente la contribution que les premiers immigrants écossais ont apportée au Canada.

Sur le plafond à caissons doré de la Chambre du Sénat dans l’édifice du Centre, on peut voir plusieurs symboles liés à la royauté, dont la fleur de lys. Sur le plafond à caissons doré de la Chambre du Sénat dans l’édifice du Centre, on peut voir plusieurs symboles liés à la royauté, dont la fleur de lys.

On peut voir l’emblème de François I<sup>er</sup>, la salamandre, sur une plaque de cheminée dans le Salon de la Francophonie de l’édifice du Centre. La plaque a été conçue par Gamble Sheridan Lemasnie et coulée par Paul Beau, l’équipe qui a réalisé la plupart des travaux de ferronnerie dans l’édifice du Centre.

Dans le Salon de la Francophonie (une salle de réunion et de réception située dans l’édifice du Centre), on peut voir les portraits des rois de France qui ont régné sur la Nouvelle France de 1534 à 1763 et les symboles royaux qui leur sont associés.

Un tympan dans la Chambre du Sénat dans l’édifice du Centre réunit la couronne, l’écu et les fleurs de lys des armoiries de France moderne, une version des armoiries royales de France créée en 1515, sous le règne de François I<sup>er</sup>.
Un chardon écossais sur le plafond en vitrail du foyer du Sénat dans l’édifice du Centre.

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