La nouvelle exposition du Sénat rend hommage à deux autres artistes noirs canadiens
Le Sénat rend hommage à deux autres artistes noirs d’exception en exposant une de leurs œuvres à l’édifice du Sénat du Canada. Le Sénat souligne ainsi pour la deuxième fois le talent et la contribution d’artistes noirs du Canada.
Light Laureate (2019-2020), une œuvre de techniques mixtes du créateur d’images Tim Whiten, et Wyoming Saddle (2000), une peinture à l’acrylique sur papier de la regrettée peintre trinidado-canadienne Denyse Thomasos, seront exposées dans le foyer du Sénat jusqu’en juillet 2022.
« Les deux artistes explorent en profondeur leurs racines, creusent dans la psyché de leur communauté et vont à la rencontre de la société canadienne afin de mieux faire comprendre leurs histoires et le monde qui nous définit », affirme la sénatrice Patricia Bovey, historienne de l’art, muséologue et ancienne directrice d’une galerie.
La sénatrice Bovey préside le Groupe de travail consultatif sur la collection d’œuvres d’art et de biens patrimoniaux, qui comprend aussi le sénateur Vernon White. La regrettée sénatrice Josée Forest-Niesing avait également été membre du groupe qui a lancé une série en hommage aux artistes noirs du Canada en 2020 dans le cadre d’une initiative globale qui vise à mettre en valeur diverses communautés en exposant leurs œuvres au Sénat.
La première exposition de la série présentait des œuvres de deux artistes de l’Ouest : la poète et artiste de techniques mixtes Chantal Gibson, de Vancouver, et le peintre nigériano-canadien Yisa Akinbolaji, de Winnipeg.
Cette année, la sénatrice Bovey a demandé à des conservateurs d’art noirs de lui recommander des artistes ontariens. Les œuvres de M. Whiten et de Mme Thomasos sont prêtées au Sénat par la galerie Olga Korper, de Toronto.
« De multiples fragments d’idées »
Dans Light Laureate, M. Whiten combine un choix délicat de matériaux : du verre dépoli, un miroir, du bois d’érable et de chêne et des fragments de papier brûlé.
« Je ne me vois pas comme un artiste, mais plutôt comme fabricant d’images et d’objets culturels », écrit M. Whiten.
« En créant des œuvres depuis près de 40 ans, j’explore le territoire de la condition humaine et son potentiel transformateur. Je cherche à exprimer notre présence dans le monde comme une série de passages, et la mortalité comme un seuil. Je cherche à donner forme à des moments transcendants en traçant le contour de l’ineffable. Les matériaux que j’emploie sont le plus souvent présentés sous forme d’objets réducteurs et compressés dans l’intention d’inviter à l’expérience et d’encourager la sensation plutôt que la lecture. »
« Le miroir, ou la réflexion, est un élément fondamental de ce qui fait l’être humain. »
Pour la sénatrice Bovey, cette œuvre est liée à son travail de législatrice.
« Pour moi, il est très intéressant de présenter ces fragments de papier au Sénat parce que les législateurs jouent avec des idées issues de multiples parcelles de la société canadienne et avec de multiples fragments d’idées. »
« J’aime le titre de l’œuvre Light Laureate (Lauréat de la lumière), ajoute-t-elle. Pour la quatrième fois, je vais présenter un projet de loi qui vise à créer le poste d’artiste visuel officiel du Parlement. Je pense que le concept de lauréat, qui cautionne les idées et les gens qui devraient être mis en lumière, est tout à fait pertinent. »
La sénatrice Patricia Bovey admire Wyoming Saddle (2000) de Denyse Thomasos, à gauche, et Light Laureate (2019-2020) de Tim Whiten, qu’elle a fait exposer dans le foyer de l’édifice du Sénat du Canada.
Le créateur d’images canadien Tim Whiten a créé Light Laureate en utilisant une combinaison de matériaux, dont du verre dépoli, un miroir et des fragments de papier brûlé. (Crédit photo : Margherita Matera)
La conservatrice d’art du Sénat Tamara Dolan, à gauche, et la sénatrice Patricia Bovey, à droite, inspectent la caisse contenant Light Laureate, l’œuvre de techniques mixtes, avant son installation dans le foyer du Sénat.
Mme Dolan aide à placer Light Laureate sur le mur à côté du tableau de Mme Thomasos.
« Une âme très dynamique »
Wyoming Saddle est l’une des huit œuvres qui découlent de la période où Mme Thomasos était en résidence artistique au Wyoming. Ses nombreux voyages à l’étranger, son patrimoine et ses travaux de recherche sur les effets des systèmes oppresseurs sur la diaspora noire sont de grandes composantes de son travail.
La peintre trinidado-canadienne utilise souvent le motif abstrait de la cage pour évoquer l’esclavage et le confinement. Ce motif est présent dans Wyoming Saddle avec l’utilisation qu’elle fait des larges traits noirs parmi les autres coups de pinceau colorés.
« À mon avis, Wyoming Saddle est un superbe exemple de ce qui fait l’essence et l’âme de Denyse », affirme Shelli Cassidy-McIntosh, la directrice de la galerie Olga Korper, qui reste le principal vendeur des œuvres de Mme Thomasos.
« Son coup de pinceau est extraordinaire. Il est puissant, énergique… Il exprime la vitalité humaine, souligne la sénatrice Bovey. Elle avait une âme très dynamique, et c’est ce qu’évoquent ses peintures. »
Mme Thomasos, qui a grandi à Toronto et qui s’est installée plus tard à New York, est décédée subitement en 2012, à l’âge de 47 ans. Selon Mme Cassidy-McIntosh, la galerie Olga Korper se réjouit qu’à la veille du 10e anniversaire de son décès, son legs artistique soit célébré en 2022 par la présentation de son œuvre au Sénat ainsi que par de grandes expositions et rétrospectives au pays.
« Son temps est venu. Son point de vue de femme noire est essentiel », affirme Mme Cassidy-McIntosh.
« J’espère que ces circonstances susciteront de l’intérêt pour son œuvre et feront découvrir le talent de cette remarquable Canadienne. »
Présentation de points de vue canadiens
L’exposition de Light Laureate et de Wyoming Saddle fait suite au lancement, en 2021, de deux autres programmes d’arts au Sénat qui visent à faire connaître diverses voix du milieu des arts du Canada et à intéresser davantage les Canadiens à la collection d’œuvres d’art et de biens patrimoniaux de la Chambre haute.
La peintre trinidado-canadienne Denyse Thomasos se tient devant son œuvre Metropolis (2007). Mme Thomasos est décédée subitement en 2012, à l’âge de 47 ans. (Crédit photo : La succession de Denyse Thomasos et la galerie Olga Korper)
L’exposition virtuelle d’œuvres d’art « Cultiver les perspectives » présente l’interprétation que font plusieurs conservateurs d’art des quatre coins du Canada d’œuvres du Sénat. De son côté, le projet Musées au Sénat a fait dernièrement installer huit estampes d’artistes inuits dans une salle de comité de l’édifice du Sénat du Canada.
La sénatrice Bovey fait remarquer à quel point ces projets se rattachent aux questions soulevées dans les études menées par les comités sénatoriaux, notamment dans le rapport de 2019 du Comité spécial sur l’arctique et le rapport sur la diplomatie culturelle du Comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international.
« Nous présentons une série de points de vue, d’histoires, de rêves et de problèmes canadiens, indique la sénatrice Bovey, et nous présentons ces langages visuels en mettant leur sens en valeur. »
L’exposition de ces deux œuvres constitue la deuxième installation de la série du Sénat honorant les artistes noirs du Canada. Les œuvres seront exposées dans le foyer du Sénat jusqu’en juillet 2022.
Cliquez ici pour lire l’article sur la première exposition en hommage aux artistes noirs du Canada.
Avis aux lecteurs : L’honorable Patricia Bovey a pris sa retraite du Sénat du Canada en mai 2023. Apprenez-en davantage sur son travail au Parlement.