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Le savoir-faire néerlandais au service des cloches du Parlement

En février 2019, le Sénat a déménagé à l’édifice du Sénat du Canada, une ancienne gare ferroviaire construite en 1912. Le Sénat occupera cet emplacement temporaire pendant la réhabilitation de l’édifice du Centre du Parlement, demeure permanente du Sénat.

Bien que l’édifice du Centre soit fermé pendant les travaux de réhabilitation, les Canadiens peuvent toujours découvrir 
son art et son architecture grâce à la visite virtuelle immersive du Sénat.


Les cloches de la Colline du Parlement sont temporairement silencieuses. 

Elles ont été envoyées aux Pays-Bas, là où le premier carillon a été construit il y a presque 400 ans et où l’art complexe d’assembler et de réparer ces instruments extraordinaires est toujours florissant. Lorsqu’elles seront nettoyées, remises à neuf, puis renvoyées, leur timbre sera aussi clair que jamais.

Les travaux de réhabilitation de l’édifice du Centre figurent parmi les plus importants projets de rénovation d’édifices patrimoniaux du Canada. C’est à cette occasion que cinq conservateurs d’une des plus grandes fonderies de cloches du monde qu’est la fonderie Royal Eijsbouts sont venus à la Colline du Parlement au printemps pour en évaluer le carillon

Les conservateurs ont inspecté l’ensemble de l’instrument, boulon par boulon, levier par levier – de la cloche de 10 tonnes appelée bourdon, jusqu’aux pédales de la console de bois complexe, qui se trouve au cœur de l’instrument.

Des dizaines de composants ont par la suite été démontés et envoyés au siège de la fonderie à Asten, aux Pays-Bas, où ils seront restaurés. Les plus grosses cloches ont été laissées attachées à la poutre de soutien et seront remises en état sur place.

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Niché bien haut dans la Tour de la Paix, le carillon fait partie des nombreux éléments dans l’édifice du Centre qui rendent hommage aux sacrifices du Canada pendant la Première Guerre mondiale.

L’idée d’un carillon a germé dans l’esprit du sénateur George H. Bradbury, un Manitobain qui commandait le 108e bataillon du Corps expéditionnaire canadienne durant la Première Guerre mondiale. Arrivé dans le nord de la France en 1916 puis envoyé directement à la bataille de la Somme, le lieutenant-colonel Bradbury gardait le moral en écoutant le carillon des églises à proximité dont le tintement résonnait à travers le champ de bataille réduit en cendres. 

En 1917, peu après son retour de la guerre, il a été nommé au Sénat. 

Ottawa bouillonnait d’activité. Le nouvel édifice du Centre, construit sur les fondations de l’édifice du Parlement d’origine qui avait été la proie des flammes en 1916, prenait alors forme, et son clocher commençait à être érigé. Le sénateur Bradbury s’est donné comme mission de voir à l’installation d’un carillon qui rendrait hommage à ses frères d’armes dans ce qui serait baptisé la « Tour de la Paix ». 

Comme le sénateur Bradbury l’a si bien dit à ses collègues, avec un carillon, « nous rendrons immortelle la renommée des hommes qui ont participé à la guerre, … nous rendrons immortels les principes pour lesquels ils ont combattu et donné leur vie ».

Les cloches parrainées par le sénateur Bradbury sont des figures familières dans le paysage de la Colline du Parlement depuis leur inauguration le 1er juillet 1927, au 60e anniversaire de la Confédération. À cette occasion, elles ont captivé les 60 000 personnes réunies sur la Colline et les milliers de Canadiens qui écoutaient la première émission radiophonique diffusée en direct sur tout le territoire canadien.

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Entre-temps, les cloches ont résisté à un siècle d’hivers canadiens et d’utilisations répétées. Ils montrent quelques signes de leur âge mais restent étonnamment en bon état, selon les restaurateurs de la fonderie Royal Eijsbouts qui se sont rendus en avril 2022.

L’équipe a emballé les cloches et les composants à réparer dans des caisses sur mesure. Le tout a été transporté outre-mer à bord d’un avion-cargo de la Défense nationale. 

Aux Pays-Bas, les pièces mécaniques usées seront remplacées par des composants en acier inoxydable et en métal galvanisé plus silencieux et plus légers. Quant aux cloches, elles seront nettoyées, réparées et accordées de sorte à rester parfaitement mélodieuses.

Les grands battants seront nettoyés au jet de sable, puis les 17 cloches plus petites recevront des battants de fonte neufs afin d’éliminer toute déviation quand ils percuteront la cloche.

La revitalisation d’un instrument aussi imposant et complexe implique un travail colossal, de l’avis de Jaap Leyten, ingénieur en chef de la fonderie Royal Eijsbouts et responsable du projet de la Colline du Parlement. 

Selon M. Leyten, le jeu en vaut la chandelle surtout si le carillon est considéré comme un trésor national.

« C’est avec plaisir que je reviendrais dans quelques années pour replacer les cloches remises à neuf. La partie préférée de mon travail reste le moment où le client est satisfait. »

Un technicien de la fonderie de cloches Royal Eijsbouts retire l’une des 53 cloches du carillon de la Tour de la Paix de la poutre de soutien. Les boulons, les rondelles et les écrous d’origine seront remplacés par d’autres en acier inoxydable. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)
Un technicien détache le câble qui relie le battant d’une cloche au clavier du carillon, qui se trouve dans une petite pièce sous le beffroi. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)
Les 53 cloches de la Tour de la Paix pèsent en tout 54 tonnes. Vingt-trois d’entre elles seront remises en état à la fonderie de cloches Royal Eijsbouts, aux Pays-Bas.

Cinquante-deux des 53 battants ont été retirés aux fins de nettoyage et de restauration. Les plus lourds, faits en fonte, seront nettoyés et remis à neuf afin qu’ils retrouvent leur état original. Les dix-sept plus petits battants seront carrément remplacés.

Le clavier a été démontée petit à petit, et tous ses morceaux ont été emballés et envoyés aux Pays-Bas. Là-bas, tous les composants mécaniques d’origine seront remplacés par des pièces en acier inoxydable ou en métal galvanisé : ils deviendront ainsi durables, sensibles et pratiquement silencieux.

Les techniciens ont retiré 23 des plus petites cloches pour les envoyer aux Pays-Bas. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Un technicien retire l’une des plus petites cloches du carillon pour l’inspecter. Les 17 plus petites cloches seront équipées de tout nouveaux battants. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

Tous les composants du carillon qui feront l’objet d’une restauration à l’étranger ont été emballés dans des caisses sur mesure, puis envoyés aux Pays-Bas à bord d’un avion-cargo de la Défense nationale.

L’expert en acoustique de la fonderie de cloches Royal Eijsbouts, Miguel Carvalho, évalue l’état des réparations d’une des grandes cloches du carillon, en plus d’en numériser l’intérieur en trois dimensions. (Crédit photo : Services publics et Approvisionnement Canada)

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