Les sénateurs entendent des messages de résilience de jeunes leaders autochtones
Karlee Johnson était en neuvième année lorsqu’un camarade de classe lui a dit que, pour mener une vie meilleure, elle ferait bien de quitter sa réserve des Premières Nations, à l’île du Cap-Breton.
Troublée par ces paroles, elle a demandé le soir même à sa mère de changer d’école. Sa mère a insisté pour qu’elle reste, en lui expliquant pourquoi elle devait poursuivre ses études à Eskasoni.
Aujourd’hui, à 23 ans, Karlee se souvient des paroles de sa mère : « Les enseignants et les gens parlent mi’kmaq. Des anciens de cette école ont connu de grandes réussites. »
Elle a suivi les conseils de sa mère et obtenu son diplôme d’études secondaires. Avec une moyenne de 98 % à sa dernière année, elle a figuré parmi les 100 élèves reçus au baccalauréat en science (sciences médicales) à l’Université Dalhousie. En juin dernier, après avoir terminé le programme, Karlee est retournée dans sa communauté pour mettre en pratique ses connaissances universitaires à titre de responsable du développement des capacités pour l’apprentissage sur le cancer avec le conseil tribal local, l’Union of Nova Scotia Indians.
Karlee, dont la langue maternelle est le mi’kmaq, a réalisé tout ce parcours en conservant sa culture et sa langue, avec l’aide de sa famille et des membres de sa communauté.
Elle est venue raconter son histoire au Comité sénatorial des peuples autochtones parce qu’elle souhaite que le gouvernement fédéral encourage les Autochtones à s’approprier leur culture riche et diversifiée et pour que les Autochtones reçoivent le soutien nécessaire pour s’épanouir au sein de leurs communautés.
Les sénateurs du comité ont entendu son témoignage lors de la journée Vision autochtone au Sénat, tenue plus tôt ce mois-ci. Dans le cadre de la quatrième édition de l’événement, huit jeunes leaders autochtones de différentes régions du Canada ont exposé leurs visons sur la façon dont le Canada peut établir une nouvelle relation avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis. C’était d’ailleurs le sujet d’une étude récente du Sénat.
Elle croit également que le gouvernement devrait mettre en œuvre des programmes qui facilitent la guérison des peuples autochtones et leur permettent de renforcer leurs capacités.
Les sénateurs ont appris que ce ne sont pas tous les jeunes qui, comme Karlee, ont grandi motivés par leur sentiment d’appartenance à leur communauté. Dans son témoignage, Aurora Leddy, 22 ans, a déclaré qu’en tant que Métis, elle s’était souvent sentie invisible à l’école.
« Je m’en suis rendu compte dès mon plus jeune âge. Pour diverses raisons, les Métis ont toujours eu une place plus effacée. Peut-être parce que nous avons été ciblés après la résistance de la rivière Rouge ou parce que nous n’avions tout simplement pas les mêmes droits. Pendant longtemps en Alberta, nous n’avions même pas de droits de récolte. Ces droits nous avaient été enlevés. Heureusement, ils nous ont été restitués, mais ils demeurent limités. »
« Pour aller de l’avant, il faut que nous soyons entendus et traités sur un pied d’égalité. »
Même Jukipa Kotierk, 24 ans, Inuite du Nunavut, a déclaré qu’elle avait pensé refuser de témoigner à l’événement Vision autochtone au Sénat, « parce que j’avais le sentiment de ne pas être à ma place ».
« Et c’est justement pour cette raison que je suis ici », a-t-elle ajouté.
Comme Karlee, elle doit son bien-être au soutien reçu de sa communauté d’Iqaluit, dans cette région où le taux de suicide est de 5 à 25 fois supérieur à celui du reste du Canada.
« C’est inacceptable. Le Canada doit assumer sa responsabilité. Les Inuits doivent exercer leur autonomie gouvernementale et leur souveraineté et recevoir le soutien du Canada. »
Jukipa a expliqué aux sénateurs qu’elle s’efforce de lutter contre le taux de suicide élevé en travaillant comme bénévole à la ligne d’assistance du Nunavut et pour la campagne We Matter, une plateforme multimédia organisée par de jeunes autochtones et qui, selon elle, « véhicule un message d’espoir, de force et de culture ».
Les thèmes d’autonomisation, d’appartenance et de fierté, abordés par les huit participants, ont trouvé écho chez les sénateurs, émus par leurs témoignages inspirants et par le leadership qu’ils ont démontré au sein de leurs communautés.
« Ces jeunes leaders remarquables sont une grande inspiration pour leurs pairs et c’est un privilège d’avoir pu entendre leurs points de vue, a déclaré la sénatrice Lillian Eva Dyck, présidente du comité. La perspective des jeunes autochtones — qui représente le segment de la population qui affiche la croissance la plus rapide au Canada — est essentielle pour répondre à leurs besoins et à leur espoir d’un avenir meilleur. »
« Chaque année, je suis émerveillé par les expériences que ces jeunes viennent partager au Sénat », a déclaré le sénateur Scott Tannas, vice-président du comité.
« Ils rappellent aux sénateurs la relation compliquée qu’ont entretenue le Canada et les peuples autochtones et, surtout, le travail essentiel qu’il nous reste à accomplir pour améliorer cette relation. »
Visionnez un enregistrement de la réunion du comité.
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Les sénateurs entendent des messages de résilience de jeunes leaders autochtones
Karlee Johnson était en neuvième année lorsqu’un camarade de classe lui a dit que, pour mener une vie meilleure, elle ferait bien de quitter sa réserve des Premières Nations, à l’île du Cap-Breton.
Troublée par ces paroles, elle a demandé le soir même à sa mère de changer d’école. Sa mère a insisté pour qu’elle reste, en lui expliquant pourquoi elle devait poursuivre ses études à Eskasoni.
Aujourd’hui, à 23 ans, Karlee se souvient des paroles de sa mère : « Les enseignants et les gens parlent mi’kmaq. Des anciens de cette école ont connu de grandes réussites. »
Elle a suivi les conseils de sa mère et obtenu son diplôme d’études secondaires. Avec une moyenne de 98 % à sa dernière année, elle a figuré parmi les 100 élèves reçus au baccalauréat en science (sciences médicales) à l’Université Dalhousie. En juin dernier, après avoir terminé le programme, Karlee est retournée dans sa communauté pour mettre en pratique ses connaissances universitaires à titre de responsable du développement des capacités pour l’apprentissage sur le cancer avec le conseil tribal local, l’Union of Nova Scotia Indians.
Karlee, dont la langue maternelle est le mi’kmaq, a réalisé tout ce parcours en conservant sa culture et sa langue, avec l’aide de sa famille et des membres de sa communauté.
Elle est venue raconter son histoire au Comité sénatorial des peuples autochtones parce qu’elle souhaite que le gouvernement fédéral encourage les Autochtones à s’approprier leur culture riche et diversifiée et pour que les Autochtones reçoivent le soutien nécessaire pour s’épanouir au sein de leurs communautés.
Les sénateurs du comité ont entendu son témoignage lors de la journée Vision autochtone au Sénat, tenue plus tôt ce mois-ci. Dans le cadre de la quatrième édition de l’événement, huit jeunes leaders autochtones de différentes régions du Canada ont exposé leurs visons sur la façon dont le Canada peut établir une nouvelle relation avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis. C’était d’ailleurs le sujet d’une étude récente du Sénat.
Elle croit également que le gouvernement devrait mettre en œuvre des programmes qui facilitent la guérison des peuples autochtones et leur permettent de renforcer leurs capacités.
Les sénateurs ont appris que ce ne sont pas tous les jeunes qui, comme Karlee, ont grandi motivés par leur sentiment d’appartenance à leur communauté. Dans son témoignage, Aurora Leddy, 22 ans, a déclaré qu’en tant que Métis, elle s’était souvent sentie invisible à l’école.
« Je m’en suis rendu compte dès mon plus jeune âge. Pour diverses raisons, les Métis ont toujours eu une place plus effacée. Peut-être parce que nous avons été ciblés après la résistance de la rivière Rouge ou parce que nous n’avions tout simplement pas les mêmes droits. Pendant longtemps en Alberta, nous n’avions même pas de droits de récolte. Ces droits nous avaient été enlevés. Heureusement, ils nous ont été restitués, mais ils demeurent limités. »
« Pour aller de l’avant, il faut que nous soyons entendus et traités sur un pied d’égalité. »
Même Jukipa Kotierk, 24 ans, Inuite du Nunavut, a déclaré qu’elle avait pensé refuser de témoigner à l’événement Vision autochtone au Sénat, « parce que j’avais le sentiment de ne pas être à ma place ».
« Et c’est justement pour cette raison que je suis ici », a-t-elle ajouté.
Comme Karlee, elle doit son bien-être au soutien reçu de sa communauté d’Iqaluit, dans cette région où le taux de suicide est de 5 à 25 fois supérieur à celui du reste du Canada.
« C’est inacceptable. Le Canada doit assumer sa responsabilité. Les Inuits doivent exercer leur autonomie gouvernementale et leur souveraineté et recevoir le soutien du Canada. »
Jukipa a expliqué aux sénateurs qu’elle s’efforce de lutter contre le taux de suicide élevé en travaillant comme bénévole à la ligne d’assistance du Nunavut et pour la campagne We Matter, une plateforme multimédia organisée par de jeunes autochtones et qui, selon elle, « véhicule un message d’espoir, de force et de culture ».
Les thèmes d’autonomisation, d’appartenance et de fierté, abordés par les huit participants, ont trouvé écho chez les sénateurs, émus par leurs témoignages inspirants et par le leadership qu’ils ont démontré au sein de leurs communautés.
« Ces jeunes leaders remarquables sont une grande inspiration pour leurs pairs et c’est un privilège d’avoir pu entendre leurs points de vue, a déclaré la sénatrice Lillian Eva Dyck, présidente du comité. La perspective des jeunes autochtones — qui représente le segment de la population qui affiche la croissance la plus rapide au Canada — est essentielle pour répondre à leurs besoins et à leur espoir d’un avenir meilleur. »
« Chaque année, je suis émerveillé par les expériences que ces jeunes viennent partager au Sénat », a déclaré le sénateur Scott Tannas, vice-président du comité.
« Ils rappellent aux sénateurs la relation compliquée qu’ont entretenue le Canada et les peuples autochtones et, surtout, le travail essentiel qu’il nous reste à accomplir pour améliorer cette relation. »
Visionnez un enregistrement de la réunion du comité.