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Le Canada est un allié solide en ces temps troublés : sénateur Dean

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L’élection de Donald Trump pour un second mandat à la présidence des États-Unis est perçue dans certains milieux comme pouvant compliquer, voire saper, les efforts de l’OTAN pour faire face à la belligérance militaire et économique croissante de la part de la Russie et de la Chine. Il est opportun de revenir sur ces menaces et dans quelle mesure le Canada doit reconsidérer à la fois sa position et ses avantages stratégiques dans un contexte d’alliances géopolitiques potentiellement mouvantes.

Le Nord canadien est militairement exposé, économiquement sous-développé et menacé par les changements climatiques. Les menaces militaires se sont accrues en raison du renforcement des forces et des infrastructures russes dans l’Arctique russe. On parle notamment de nouvelles pistes d’atterrissage et de bases en eau profonde abritant des sous-marins à propulsion nucléaire, qui peuvent être immergés pendant de longues périodes sous les glaces de l’Arctique et sont dotés d’une capacité de missiles balistiques.

La Russie (tout comme probablement la Chine) a mis au point de nouvelles générations de missiles hypersoniques et hyperkinétiques qui se déplacent plus rapidement que leurs prédécesseurs et adoptent des trajectoires erratiques, ce qui les rend plus difficiles à cibler. Les stratèges militaires et les experts en matière de défense s’accordent à dire que les missiles russes sont probablement conçus pour se déplacer à travers l’Arctique vers des cibles américaines clés, ce qui rend essentielle la détection précoce par de nouvelles générations de capteurs canadiens au sol et dans l’espace pour la sécurité du continent. Pour ce faire, les capteurs terrestres transhorizon modernisés du Canada devront être déplacés plus au nord en vue d’améliorer le temps de réponse, l’analyse étant complétée par une capacité d’intelligence artificielle, un domaine dans lequel le Canada est de plus en plus considéré comme un chef de file.

La Russie et la Chine s’intéressent également aux minéraux de terres rares et au gaz naturel dans l’Arctique, des matières qui intéressent tout autant les alliés du Canada, y compris, et peut-être surtout les États-Unis.

Comme l’ont entendu les membres du Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants en 2023, l’Arctique se trouve à un point d’inflexion où la région a pris une importance stratégique essentielle.

Les partenariats historiques du Canada avec les États-Unis en matière d’économie et de défense restent solides, interdépendants et inégaux, mais l’alliance s’est maintenue. Les membres du comité ont pu le constater de première main au siège du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), à Colorado Springs (Colorado), en assistant au passage fluide du commandement opérationnel américain au commandement opérationnel canadien dans cette structure de commandement interarmées unique au monde. Il est peu probable que les séances de photos de Donald Trump avec le président russe Vladimir Poutine changent la donne, mais le Canada ne peut rien tenir pour acquis à l’heure actuelle.

C’est une bonne nouvelle que nos alliés de l’OTAN considèrent les investissements du Canada dans la défense et la sécurité de l’Arctique comme faisant partie de l’engagement de 2 % du PIB pour les dépenses de défense, mais il est peu probable que cela impressionne le futur président des États-Unis. Comme le souligne une récente lettre d’opinion d’Edward Greenspon, de Janice Gross Stein et de Drew Fagan dans le Globe and Mail (en anglais), le président élu pourrait s’intéresser au maintien de l’approvisionnement fiable du Canada en uranium et en potasse, ainsi que par des coentreprises dans l’exploration et le développement de ses minéraux critiques. Cette mesure et une contribution accélérée de 2 % à l’OTAN pourraient constituer un partenariat productif et réduire la menace de droits de douane nuisibles et d’autres mesures belliqueuses.

En plus de la guerre de la Russie contre l’Ukraine et ses alliances avec la Chine dans l’Arctique, ces deux pays sont parmi les plus actifs dans le domaine de la cybercriminalité, de la cyberingérence et de la désinformation. De façon plus détaillée, la guerre en Ukraine a permis de voir le déploiement omniprésent de la cyberinterférence, non seulement pour suivre les mouvements des téléphones portables, mais aussi pour relayer la propagande et les appels frauduleux, prétendument émis par des êtres chers, incitant à abandonner et à rentrer chez soi.

Les agents russes participent aussi à de vastes campagnes de désinformation, principalement dans les médias sociaux, destinées à saper la confiance du public dans les institutions démocratiques. Dans ce domaine, le Canada est considéré par ses principaux alliés comme un chef de file dans le suivi et la compréhension de ces activités insidieuses, ainsi que dans la riposte par des contre-mesures. Le Centre de la sécurité des télécommunications du gouvernement fédéral est considéré par ses homologues des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie comme étant à l’avant-garde pour ses compétences en matière de cybersécurité et de lutte contre la cyberingérence et la cybercriminalité.

Le Canada est peut-être menacé, mais il dispose de chefs d’entreprise intelligents, de ressources précieuses, d’une capacité technologique et sécuritaire avancée, ainsi que d’une expérience et d’une influence dans les domaines de la défense et de la sécurité. Nous avons également la chance de disposer d’un système de gouvernance démocratique. Nous devrons travailler dur pour qu’il en demeure ainsi.

Entre-temps, le Canada reste un allié solide et fiable.


Le sénateur Tony Dean a présidé le Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants de décembre 2021 à novembre 2024. Il représente l’Ontario au Sénat.

Cet article a été publié le 20 novembre 2024 dans le journal Hill Times (en anglais seulement).

L’élection de Donald Trump pour un second mandat à la présidence des États-Unis est perçue dans certains milieux comme pouvant compliquer, voire saper, les efforts de l’OTAN pour faire face à la belligérance militaire et économique croissante de la part de la Russie et de la Chine. Il est opportun de revenir sur ces menaces et dans quelle mesure le Canada doit reconsidérer à la fois sa position et ses avantages stratégiques dans un contexte d’alliances géopolitiques potentiellement mouvantes.

Le Nord canadien est militairement exposé, économiquement sous-développé et menacé par les changements climatiques. Les menaces militaires se sont accrues en raison du renforcement des forces et des infrastructures russes dans l’Arctique russe. On parle notamment de nouvelles pistes d’atterrissage et de bases en eau profonde abritant des sous-marins à propulsion nucléaire, qui peuvent être immergés pendant de longues périodes sous les glaces de l’Arctique et sont dotés d’une capacité de missiles balistiques.

La Russie (tout comme probablement la Chine) a mis au point de nouvelles générations de missiles hypersoniques et hyperkinétiques qui se déplacent plus rapidement que leurs prédécesseurs et adoptent des trajectoires erratiques, ce qui les rend plus difficiles à cibler. Les stratèges militaires et les experts en matière de défense s’accordent à dire que les missiles russes sont probablement conçus pour se déplacer à travers l’Arctique vers des cibles américaines clés, ce qui rend essentielle la détection précoce par de nouvelles générations de capteurs canadiens au sol et dans l’espace pour la sécurité du continent. Pour ce faire, les capteurs terrestres transhorizon modernisés du Canada devront être déplacés plus au nord en vue d’améliorer le temps de réponse, l’analyse étant complétée par une capacité d’intelligence artificielle, un domaine dans lequel le Canada est de plus en plus considéré comme un chef de file.

La Russie et la Chine s’intéressent également aux minéraux de terres rares et au gaz naturel dans l’Arctique, des matières qui intéressent tout autant les alliés du Canada, y compris, et peut-être surtout les États-Unis.

Comme l’ont entendu les membres du Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants en 2023, l’Arctique se trouve à un point d’inflexion où la région a pris une importance stratégique essentielle.

Les partenariats historiques du Canada avec les États-Unis en matière d’économie et de défense restent solides, interdépendants et inégaux, mais l’alliance s’est maintenue. Les membres du comité ont pu le constater de première main au siège du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), à Colorado Springs (Colorado), en assistant au passage fluide du commandement opérationnel américain au commandement opérationnel canadien dans cette structure de commandement interarmées unique au monde. Il est peu probable que les séances de photos de Donald Trump avec le président russe Vladimir Poutine changent la donne, mais le Canada ne peut rien tenir pour acquis à l’heure actuelle.

C’est une bonne nouvelle que nos alliés de l’OTAN considèrent les investissements du Canada dans la défense et la sécurité de l’Arctique comme faisant partie de l’engagement de 2 % du PIB pour les dépenses de défense, mais il est peu probable que cela impressionne le futur président des États-Unis. Comme le souligne une récente lettre d’opinion d’Edward Greenspon, de Janice Gross Stein et de Drew Fagan dans le Globe and Mail (en anglais), le président élu pourrait s’intéresser au maintien de l’approvisionnement fiable du Canada en uranium et en potasse, ainsi que par des coentreprises dans l’exploration et le développement de ses minéraux critiques. Cette mesure et une contribution accélérée de 2 % à l’OTAN pourraient constituer un partenariat productif et réduire la menace de droits de douane nuisibles et d’autres mesures belliqueuses.

En plus de la guerre de la Russie contre l’Ukraine et ses alliances avec la Chine dans l’Arctique, ces deux pays sont parmi les plus actifs dans le domaine de la cybercriminalité, de la cyberingérence et de la désinformation. De façon plus détaillée, la guerre en Ukraine a permis de voir le déploiement omniprésent de la cyberinterférence, non seulement pour suivre les mouvements des téléphones portables, mais aussi pour relayer la propagande et les appels frauduleux, prétendument émis par des êtres chers, incitant à abandonner et à rentrer chez soi.

Les agents russes participent aussi à de vastes campagnes de désinformation, principalement dans les médias sociaux, destinées à saper la confiance du public dans les institutions démocratiques. Dans ce domaine, le Canada est considéré par ses principaux alliés comme un chef de file dans le suivi et la compréhension de ces activités insidieuses, ainsi que dans la riposte par des contre-mesures. Le Centre de la sécurité des télécommunications du gouvernement fédéral est considéré par ses homologues des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie comme étant à l’avant-garde pour ses compétences en matière de cybersécurité et de lutte contre la cyberingérence et la cybercriminalité.

Le Canada est peut-être menacé, mais il dispose de chefs d’entreprise intelligents, de ressources précieuses, d’une capacité technologique et sécuritaire avancée, ainsi que d’une expérience et d’une influence dans les domaines de la défense et de la sécurité. Nous avons également la chance de disposer d’un système de gouvernance démocratique. Nous devrons travailler dur pour qu’il en demeure ainsi.

Entre-temps, le Canada reste un allié solide et fiable.


Le sénateur Tony Dean a présidé le Comité sénatorial de la sécurité nationale, de la défense et des anciens combattants de décembre 2021 à novembre 2024. Il représente l’Ontario au Sénat.

Cet article a été publié le 20 novembre 2024 dans le journal Hill Times (en anglais seulement).

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