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Les communautés du Nord sur la ligne de front des changements climatiques : sénatrice Anderson

Un complexe de quatre logements en construction à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest.

Crédit photo : Sénatrice Margaret Dawn Anderson

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Légende photo : Un complexe de quatre logements à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest. Cette communauté d’environ 667 habitants, située dans la région de Beaufort-Delta, est confrontée à d’importants problèmes causés par le changement climatique, selon la sénatrice Margaret Dawn Anderson.


L’Arctique, qui revêt une immense importance environnementale, géopolitique et culturelle, est sur la ligne de front du réchauffement rapide de la planète. Dans les dernières décennies, nous avons constaté des changements considérables, notamment la fonte de la calotte glaciaire, le déplacement des écosystèmes et un nombre grandissant de revendications de souveraineté sur l’Arctique. Ces changements mettent en évidence les problèmes profonds causés par le changement climatique. Il devient de plus en plus urgent d’agir à mesure que celui-ci s’accélère.

Les problèmes causés par le réchauffement de l’Arctique ne sont pas hypothétiques; ils touchent déjà les communautés. La ville de Norman Wells, dans les Territoires du Nord-Ouest, en est un bon exemple. En mai 2024, les Services de transport maritime ont annulé le service de transport par barge en raison des faibles niveaux d’eau du fleuve Mackenzie. Même si elle était prévue, cette situation fâcheuse met en évidence la diminution constante des niveaux d’eau du fleuve, qui va en s’aggravant depuis des années. Elle a eu des répercussions immédiates sur la communauté, étant donné qu’il a fallu faire venir du carburant par avion, ce qui a fait passer les prix de l’essence et du pétrole de chauffage à 4,65 $ et à 5,19 $ le litre, respectivement. La hausse des coûts a un effet domino dévastateur non seulement sur le transport et le chauffage, mais également sur le prix des aliments et des biens de première nécessité, ce qui signifie qu’il est encore plus difficile pour les habitants de joindre les deux bouts.

En raison de ces épreuves, la ville de Norman Wells a présenté une pétition à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest afin de demander la déclaration de l’état d’urgence pour faire face à la crise humanitaire, un montant de 1,84 million de dollars en remises pour compenser les coûts exorbitants de transport du diesel et une collaboration avec le gouvernement fédéral en vue de fournir une aide financière ou logistique immédiate jusqu’à l’ouverture de la route d’hiver. L’accès de la communauté à la route d’hiver est devenu encore plus précaire, puisque celle-ci n’est désormais praticable que pendant de cinq à six semaines par année. Le gouvernement territorial est intervenu pour soutenir Norman Wells, mais la ville compte toujours sur la saison 2025 de la route d’hiver pour se réapprovisionner, ce qui laisse les habitants dans une situation précaire.

Aklavik, une petite communauté d’environ 667 habitants située dans la région de Beaufort-Delta, aux Territoires du Nord-Ouest, est confrontée à d’importants problèmes causés par le changement climatique, ce qui aggrave encore les difficultés d’une municipalité déjà mise à rude épreuve sur le plan financier.   

La détérioration des infrastructures est considérable dans cette communauté située dans une zone inondable, où les maisons sur pieux sont construites sur le pergélisol et où les routes sont en gravier. La piscine communautaire est fermée en raison de moisissures et de bois en décomposition, tandis qu’un tout nouveau complexe de quatre logements a été vidé en raison de moisissures, ce qui aggrave encore les problèmes de logement de la communauté. Les coûts en carburant des édifices municipaux ont triplé, et la communauté n’a plus de piscine depuis près d’une décennie. La serre, qui a un grand potentiel, demeure vide et inutilisée, ce qui met encore plus en évidence la difficulté de la communauté à utiliser au mieux les ressources dont elle dispose. Il n’y a plus de gravier pour réparer les routes ou les entrées et, en l’absence de financement pour l’entretien, la ville a dû dépenser un montant de 800 000 $ qu’elle n’a pas, ce qui a encore creusé son déficit.

Voilà la situation dans deux de nos 33 communautés sur un territoire qui a déjà connu des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des feux et des inondations. Les difficultés vécues par Aklavik et Norman Wells ne sont pas isolées, mais interreliées, puisque l’ensemble de la région se débat avec les répercussions du changement climatique. Les vulnérabilités d’une communauté se propagent aux autres, en particulier sur un territoire où le transport, les infrastructures et les ressources sont interdépendants. S’il y a une défaillance des infrastructures ou une pénurie de fournitures dans une communauté, il s’ensuit une réaction en chaîne qui s’étend aux communautés voisines et à l’ensemble du réseau. Les répercussions se font sentir au-delà des frontières locales et touchent l’ensemble de l’économie, de la culture et du bien-être des Territoires du Nord-Ouest.

Les problèmes que connaissent les communautés des Territoires du Nord-Ouest, qu’il s’agisse de la hausse des coûts du carburant ou de la détérioration des infrastructures, nécessitent une intervention urgente. Investir dans le Nord constitue non seulement une priorité économique, mais est également essentiel pour la sécurité nationale. Le changement climatique amplifie les risques existants, et l’Arctique doit être considéré comme un atout stratégique pour la défense du Canada.

Pour s’attaquer à ces problèmes, il faut une stratégie équilibrée qui donne la priorité aux infrastructures, notamment les routes et le logement, et qui garantit un accès à des services essentiels comme la sécurité alimentaire et les soins de santé. Une aide à court terme est nécessaire, mais l’avenir de la région sera déterminé par des plans à long terme axés sur la stabilité et la résilience au changement climatique. Les administrations municipales, territoriales, autochtones et fédérale doivent collaborer afin de trouver des solutions qui permettront aux communautés du Nord de prospérer dans un monde en évolution.


La sénatrice Margaret Dawn Anderson est une fière Inuvialuite. Dans le cadre de son rôle de sénatrice représentant le Nord, elle s’engage à mieux faire connaitre les enjeux liés à l’Arctique, aux Inuits et aux Autochtones à travers le Canada, afin d’assurer une représentation égale et équitable qui tienne compte du caractère unique et de la diversité du territoire, en particulier lorsqu’il s’agit de législation.

Cet article a été publié dans le Hill Times le 2 décembre 2024 (en anglais seulement).

Légende photo : Un complexe de quatre logements à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest. Cette communauté d’environ 667 habitants, située dans la région de Beaufort-Delta, est confrontée à d’importants problèmes causés par le changement climatique, selon la sénatrice Margaret Dawn Anderson.


L’Arctique, qui revêt une immense importance environnementale, géopolitique et culturelle, est sur la ligne de front du réchauffement rapide de la planète. Dans les dernières décennies, nous avons constaté des changements considérables, notamment la fonte de la calotte glaciaire, le déplacement des écosystèmes et un nombre grandissant de revendications de souveraineté sur l’Arctique. Ces changements mettent en évidence les problèmes profonds causés par le changement climatique. Il devient de plus en plus urgent d’agir à mesure que celui-ci s’accélère.

Les problèmes causés par le réchauffement de l’Arctique ne sont pas hypothétiques; ils touchent déjà les communautés. La ville de Norman Wells, dans les Territoires du Nord-Ouest, en est un bon exemple. En mai 2024, les Services de transport maritime ont annulé le service de transport par barge en raison des faibles niveaux d’eau du fleuve Mackenzie. Même si elle était prévue, cette situation fâcheuse met en évidence la diminution constante des niveaux d’eau du fleuve, qui va en s’aggravant depuis des années. Elle a eu des répercussions immédiates sur la communauté, étant donné qu’il a fallu faire venir du carburant par avion, ce qui a fait passer les prix de l’essence et du pétrole de chauffage à 4,65 $ et à 5,19 $ le litre, respectivement. La hausse des coûts a un effet domino dévastateur non seulement sur le transport et le chauffage, mais également sur le prix des aliments et des biens de première nécessité, ce qui signifie qu’il est encore plus difficile pour les habitants de joindre les deux bouts.

En raison de ces épreuves, la ville de Norman Wells a présenté une pétition à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest afin de demander la déclaration de l’état d’urgence pour faire face à la crise humanitaire, un montant de 1,84 million de dollars en remises pour compenser les coûts exorbitants de transport du diesel et une collaboration avec le gouvernement fédéral en vue de fournir une aide financière ou logistique immédiate jusqu’à l’ouverture de la route d’hiver. L’accès de la communauté à la route d’hiver est devenu encore plus précaire, puisque celle-ci n’est désormais praticable que pendant de cinq à six semaines par année. Le gouvernement territorial est intervenu pour soutenir Norman Wells, mais la ville compte toujours sur la saison 2025 de la route d’hiver pour se réapprovisionner, ce qui laisse les habitants dans une situation précaire.

Aklavik, une petite communauté d’environ 667 habitants située dans la région de Beaufort-Delta, aux Territoires du Nord-Ouest, est confrontée à d’importants problèmes causés par le changement climatique, ce qui aggrave encore les difficultés d’une municipalité déjà mise à rude épreuve sur le plan financier.   

La détérioration des infrastructures est considérable dans cette communauté située dans une zone inondable, où les maisons sur pieux sont construites sur le pergélisol et où les routes sont en gravier. La piscine communautaire est fermée en raison de moisissures et de bois en décomposition, tandis qu’un tout nouveau complexe de quatre logements a été vidé en raison de moisissures, ce qui aggrave encore les problèmes de logement de la communauté. Les coûts en carburant des édifices municipaux ont triplé, et la communauté n’a plus de piscine depuis près d’une décennie. La serre, qui a un grand potentiel, demeure vide et inutilisée, ce qui met encore plus en évidence la difficulté de la communauté à utiliser au mieux les ressources dont elle dispose. Il n’y a plus de gravier pour réparer les routes ou les entrées et, en l’absence de financement pour l’entretien, la ville a dû dépenser un montant de 800 000 $ qu’elle n’a pas, ce qui a encore creusé son déficit.

Voilà la situation dans deux de nos 33 communautés sur un territoire qui a déjà connu des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment des feux et des inondations. Les difficultés vécues par Aklavik et Norman Wells ne sont pas isolées, mais interreliées, puisque l’ensemble de la région se débat avec les répercussions du changement climatique. Les vulnérabilités d’une communauté se propagent aux autres, en particulier sur un territoire où le transport, les infrastructures et les ressources sont interdépendants. S’il y a une défaillance des infrastructures ou une pénurie de fournitures dans une communauté, il s’ensuit une réaction en chaîne qui s’étend aux communautés voisines et à l’ensemble du réseau. Les répercussions se font sentir au-delà des frontières locales et touchent l’ensemble de l’économie, de la culture et du bien-être des Territoires du Nord-Ouest.

Les problèmes que connaissent les communautés des Territoires du Nord-Ouest, qu’il s’agisse de la hausse des coûts du carburant ou de la détérioration des infrastructures, nécessitent une intervention urgente. Investir dans le Nord constitue non seulement une priorité économique, mais est également essentiel pour la sécurité nationale. Le changement climatique amplifie les risques existants, et l’Arctique doit être considéré comme un atout stratégique pour la défense du Canada.

Pour s’attaquer à ces problèmes, il faut une stratégie équilibrée qui donne la priorité aux infrastructures, notamment les routes et le logement, et qui garantit un accès à des services essentiels comme la sécurité alimentaire et les soins de santé. Une aide à court terme est nécessaire, mais l’avenir de la région sera déterminé par des plans à long terme axés sur la stabilité et la résilience au changement climatique. Les administrations municipales, territoriales, autochtones et fédérale doivent collaborer afin de trouver des solutions qui permettront aux communautés du Nord de prospérer dans un monde en évolution.


La sénatrice Margaret Dawn Anderson est une fière Inuvialuite. Dans le cadre de son rôle de sénatrice représentant le Nord, elle s’engage à mieux faire connaitre les enjeux liés à l’Arctique, aux Inuits et aux Autochtones à travers le Canada, afin d’assurer une représentation égale et équitable qui tienne compte du caractère unique et de la diversité du territoire, en particulier lorsqu’il s’agit de législation.

Cet article a été publié dans le Hill Times le 2 décembre 2024 (en anglais seulement).

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