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Trois façons dont le Canada peut soutenir les courageux manifestants iraniens: sénatrices Miville-Dechêne et Omidvar

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Depuis septembre, les manifestations en Iran – et leur répression violente – font la manchette. C’est l’arrestation de la jeune Mahsa Amini, pour un voile mal porté, et sa mort en détention, aux mains des forces de l’ordre, qui a mis le feu aux poudres.

Les Iraniennes ont pris d’assaut les rues en se dévoilant pour dénoncer le harcèlement et l’oppression dont elles sont victimes. Puis, cette « révolution féministe » s’est élargie à tous les Iraniens, hommes et femmes, majoritairement jeunes, qui veulent la fin d’un régime qui les étouffe. Selon les estimations de groupes de défense des droits de la personne, près de 470 manifestants seraient morts, dont plusieurs dizaines d’enfants, et entre 16 000 et 18 000 autres auraient été arrêtés.

Face aux grèves et aux soulèvements, le régime a cherché à faire quelques concessions, mais il a finalement maté la résistance par la force. La crise est ainsi entrée dans une nouvelle phase.

Les « tribunaux révolutionnaires » ont tenu une série de procès, condamnant à mort des dizaines de manifestants sans même qu’ils aient pu choisir leur avocat. Deux jeunes hommes ont été pendus publiquement un mois après leur arrestation.

L’information nous arrive par bribes et souvent sans confirmation, mais les histoires font frémir.

Des gardiens de prison auraient sévèrement battu la jeune Elham Modaresi parce qu’elle a entamé une grève de la faim; selon sa famille, sa vie est en danger. Une autre jeune femme, Sepideh Qalandari, serait morte sous la torture après son arrestation à Téhéran; son corps aurait été remis à sa famille contre la promesse de silence. Une étudiante de 23 ans, Fatemeh Gorji, a été condamnée à un an de prison et 74 coups de fouet pour avoir participé aux manifestations. Le jeune Arshia Takdastan, 18 ans, vient d’être condamné à mort pour avoir « dirigé » des manifestations dans le nord du pays. Mohammad Mehdi Karami, un champion de karaté de 22 ans, et Seyed Mohammad Hosseini, un entraîneur bénévole pour enfants, ont été exécutés pour leur participation aux manifestations.

La torture, la répression des manifestations et le déni de justice fondamentale pour les détenus ont été dénoncés à travers le monde.

Le Canada a peu d’influence sur le régime iranien. Les relations économiques et diplomatiques entre les deux pays sont très limitées. Cela ne signifie pas pour autant que nous soyons complètement impuissants.

Déjà, plus de 300 parlementaires en Allemagne, en France et en Autriche ont accepté de « parrainer » symboliquement des condamnés à mort, afin d’attirer l’attention sur leur sort. Au Canada, nous sommes une vingtaine de parlementaires à nous être joints au mouvement. Nous, les deux signataires de ce texte, marrainons une jeune enseignante de Téhéran, Mona Afsami, arrêtée le 19 octobre et accusée de collusion contre la sécurité nationale.

Le gouvernement canadien pourrait également s’inspirer d’autres pays et accentuer la pression sur le régime iranien. Trois pistes sont envisageables.

Le Canada a déjà imposé des sanctions économiques contre 86 individus et 28 entités iraniennes soupçonnés d’être complices de violations systématiques des droits de la personne. Les personnes visées font l’objet d’une interdiction de transactions, mais des sanctions plus sévères sont possibles, notamment la saisie des actifs pour redistribution aux victimes du régime iranien ou à des groupes qui leur viennent en aide, en vertu de la loi Magnitski.

Deuxièmement, le Canada pourrait suivre l’exemple des États-Unis et de la Grande-Bretagne et déclarer que le Corps des gardiens de la révolution islamique constitue un groupe terroriste. Cette désignation aurait pour effet de faciliter le travail des procureurs qui recherchent des condamnations criminelles.

Enfin, la diaspora iranienne dénonce depuis longtemps que des alliés du régime iranien puissent immigrer au Canada sans problème. Le gouvernement fédéral devrait donc resserrer ses vérifications pour s’assurer que ses politiques d’accueil et d’immigration profitent aux victimes du régime iranien, plutôt qu’à ses bénéficiaires.

Après les soubresauts violents de 2022, l’année 2023 sera déterminante pour le peuple iranien qui rêve de liberté et pour ceux, incluant des millions de Canadiens, qui lui ont manifesté leur solidarité. Il est temps pour le Canada de déployer tous ses moyens pour soutenir les aspirations de nos amis d’Iran : femme, vie, liberté.

 

La sénatrice Julie Miville-Dechêne représente le district sénatorial d’Inkerman au Québec.

La sénatrice Ratna Omidvar représente l’Ontario au Sénat. Elle est arrivée au Canada d’Iran en 1981.

Une version de cet article a été publié le 7 janvier 2023 dans le journal La Presse.

Avis aux lecteurs : L’honorable Ratna Omidvar a pris sa retraite du Sénat du Canada en novembre 2024. Apprenez-en advantage sur son travail au Parlement.

Depuis septembre, les manifestations en Iran – et leur répression violente – font la manchette. C’est l’arrestation de la jeune Mahsa Amini, pour un voile mal porté, et sa mort en détention, aux mains des forces de l’ordre, qui a mis le feu aux poudres.

Les Iraniennes ont pris d’assaut les rues en se dévoilant pour dénoncer le harcèlement et l’oppression dont elles sont victimes. Puis, cette « révolution féministe » s’est élargie à tous les Iraniens, hommes et femmes, majoritairement jeunes, qui veulent la fin d’un régime qui les étouffe. Selon les estimations de groupes de défense des droits de la personne, près de 470 manifestants seraient morts, dont plusieurs dizaines d’enfants, et entre 16 000 et 18 000 autres auraient été arrêtés.

Face aux grèves et aux soulèvements, le régime a cherché à faire quelques concessions, mais il a finalement maté la résistance par la force. La crise est ainsi entrée dans une nouvelle phase.

Les « tribunaux révolutionnaires » ont tenu une série de procès, condamnant à mort des dizaines de manifestants sans même qu’ils aient pu choisir leur avocat. Deux jeunes hommes ont été pendus publiquement un mois après leur arrestation.

L’information nous arrive par bribes et souvent sans confirmation, mais les histoires font frémir.

Des gardiens de prison auraient sévèrement battu la jeune Elham Modaresi parce qu’elle a entamé une grève de la faim; selon sa famille, sa vie est en danger. Une autre jeune femme, Sepideh Qalandari, serait morte sous la torture après son arrestation à Téhéran; son corps aurait été remis à sa famille contre la promesse de silence. Une étudiante de 23 ans, Fatemeh Gorji, a été condamnée à un an de prison et 74 coups de fouet pour avoir participé aux manifestations. Le jeune Arshia Takdastan, 18 ans, vient d’être condamné à mort pour avoir « dirigé » des manifestations dans le nord du pays. Mohammad Mehdi Karami, un champion de karaté de 22 ans, et Seyed Mohammad Hosseini, un entraîneur bénévole pour enfants, ont été exécutés pour leur participation aux manifestations.

La torture, la répression des manifestations et le déni de justice fondamentale pour les détenus ont été dénoncés à travers le monde.

Le Canada a peu d’influence sur le régime iranien. Les relations économiques et diplomatiques entre les deux pays sont très limitées. Cela ne signifie pas pour autant que nous soyons complètement impuissants.

Déjà, plus de 300 parlementaires en Allemagne, en France et en Autriche ont accepté de « parrainer » symboliquement des condamnés à mort, afin d’attirer l’attention sur leur sort. Au Canada, nous sommes une vingtaine de parlementaires à nous être joints au mouvement. Nous, les deux signataires de ce texte, marrainons une jeune enseignante de Téhéran, Mona Afsami, arrêtée le 19 octobre et accusée de collusion contre la sécurité nationale.

Le gouvernement canadien pourrait également s’inspirer d’autres pays et accentuer la pression sur le régime iranien. Trois pistes sont envisageables.

Le Canada a déjà imposé des sanctions économiques contre 86 individus et 28 entités iraniennes soupçonnés d’être complices de violations systématiques des droits de la personne. Les personnes visées font l’objet d’une interdiction de transactions, mais des sanctions plus sévères sont possibles, notamment la saisie des actifs pour redistribution aux victimes du régime iranien ou à des groupes qui leur viennent en aide, en vertu de la loi Magnitski.

Deuxièmement, le Canada pourrait suivre l’exemple des États-Unis et de la Grande-Bretagne et déclarer que le Corps des gardiens de la révolution islamique constitue un groupe terroriste. Cette désignation aurait pour effet de faciliter le travail des procureurs qui recherchent des condamnations criminelles.

Enfin, la diaspora iranienne dénonce depuis longtemps que des alliés du régime iranien puissent immigrer au Canada sans problème. Le gouvernement fédéral devrait donc resserrer ses vérifications pour s’assurer que ses politiques d’accueil et d’immigration profitent aux victimes du régime iranien, plutôt qu’à ses bénéficiaires.

Après les soubresauts violents de 2022, l’année 2023 sera déterminante pour le peuple iranien qui rêve de liberté et pour ceux, incluant des millions de Canadiens, qui lui ont manifesté leur solidarité. Il est temps pour le Canada de déployer tous ses moyens pour soutenir les aspirations de nos amis d’Iran : femme, vie, liberté.

 

La sénatrice Julie Miville-Dechêne représente le district sénatorial d’Inkerman au Québec.

La sénatrice Ratna Omidvar représente l’Ontario au Sénat. Elle est arrivée au Canada d’Iran en 1981.

Une version de cet article a été publié le 7 janvier 2023 dans le journal La Presse.

Avis aux lecteurs : L’honorable Ratna Omidvar a pris sa retraite du Sénat du Canada en novembre 2024. Apprenez-en advantage sur son travail au Parlement.

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