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« C’est un privilège : » Le sénateur Maltais prend sa retraite

Il est connu pour ses discours passionnés et non écrits à la Chambre rouge et en tant que militant pour l’industrie de la pêche au saumon de l’Atlantique. Le sénateur Ghislain Maltais a été nommé au Sénat le 6 janvier 2012 et a siégé à plusieurs comités durant son mandat à la Chambre haute, notamment à la présidence du Comité sénatorial de l'agriculture et des forêts. 

Le sénateur Maltais dit au revoir au Sénat et ferme le livre sur plus de 36 années passées au service de la population. SenCAplus a demandé au sénateur Maltais de partager ses réflexions sur son passage au Sénat.

Le sénateur Ghislain Maltais avec les sénateurs Jean-Guy Dagenais, Diane F. Griffin, Terry M. Mercer et Robert Black visitent Nk’Mip Cellars, le premier vignoble autochtone en Amérique du Nord.

En 2014, le sénateur Ghislain Maltais a été nommé colonel honoraire du 62e Régiment d’artillerie campagne de Shawinigan. Il est aussi membre de la Fondation des artilleurs de la Mauricie.

Le premier ministre Stephen Harper vous a nommé au Sénat en 2012. Comment vous êtes-vous senti à ce moment?

La question qu’on pose aux premiers ministres quand ils nous appellent c’est : « Pourquoi moi? » Le premier ministre m’a répondu : « Moi, je recherche quelqu‘un qui connaît la population. Ton parcours montre que tu travailles avec la classe moyenne et j’ai besoin de quelqu’un qui connaît ce monde ».

Ce fut l’une des raisons principales et aussi parce que j’avais déjà beaucoup d’expérience avec la législation. M. Harper m’a répété que c’était pour ces raisons qu’il me nommait, parce qu’il avait besoin de quelqu’un comme moi.

J’étais très heureux parce que c’est un privilège. C’est un privilège d’être nommé au Sénat et on doit bien l’honorer et l’accepter, pas pour nous en tant qu’individus, mais bien parce qu’on peut rendre service à la population canadienne. C’est ça qui est important pour moi.

Sur notre certificat d’assermentation, on représente notre région, notre province et notre pays, il ne faut jamais l’oublier. On ne va pas au Sénat pour être des vedettes. Non, chaque geste qu’on pose a des répercussions jusqu’au plus petit d’entre nous. Et c’est ça qui est important. La législation c’est pour tous les Canadiennes et Canadiens.

Vous souvenez-vous d'un projet qui a été particulièrement enrichissant?

J’ai travaillé sur beaucoup de causes et l’une d’entre elles était en lien avec ma passion. On avait alors un problème au Canada — c’était la disparition du saumon de l’Atlantique. À l’époque, alors que j’étais moi-même pêcheur de saumon, je voyais disparaître la ressource de plus en plus. J’ai des enfants et des petits-enfants qui profitent de ce sport extraordinaire et nous relâchons nos prises pour préserver la ressource. Nous utilisons aussi des hameçons belges qui ne blessent pas le poisson lors de la remise à l’eau.

À l’heure actuelle, le phoque dans le golfe du Saint-Laurent détruit les ressources de saumon et de morue. Et malheureusement, les phoques n’ont plus de prédateurs depuis que les hommes le chassent moins. Je trouvais donc important de militer pour protéger les rivières de saumons qui sont une source de revenus importants pour plusieurs villages de l’Est du pays. Ça, c’est un dossier qui m’intéresse énormément.

J’ai aussi travaillé longtemps dans le domaine de l’agriculture et c’est important pour moi, parce que s’il n’y a pas d’agriculture, on ne mange pas. On a commencé à faire différents rapports sur la technologie agricole et l’évolution de l’agriculture, pour arriver jusqu’en 2019.

Au cours des dix prochaines années, les méthodes agricoles vont devoir changer tout en respectant l’environnement. Aujourd’hui, les agriculteurs sont ceux qui en font le plus pour la protection de l’environnement et c’est ceux qui émettent le moins de GES (gaz à effet de serre). On a d’ailleurs parcouru le Canada pour entendre ce que les agriculteurs avaient à dire à ce sujet.

Pourquoi un plus grand nombre de Canadiens devraient-ils se préoccuper de ce qui se passe au Sénat?

Il y a beaucoup de décisions qui sont basées sur les rapports du Sénat. Parce que ceux qui les étudient sont un groupe de personnes qui n’est pas homogène, mais qui donne des idées. Parmi nous, il y a des légistes, des avocats, d’anciens juges, et l’expérience de tous ces gens se retrouvent dans les projets de loi et dans les rapports qu’on produit, donc ce sont des rapports qui sont vraiment utiles si l’on s’en sert bien. Les groupes agricoles canadiens avec qui je corresponds attendent nos rapports comme ils attendent la revue agricole parce que cela reflète ce qu’ils ont demandé.

Les pères de la Confédération ont pensé à ça. On a un gouvernement de style Westminster, avec une chambre d’élus, mais il faut des gens pour réfléchir sur les lois des élus. Et c’est notre travail. Alors, on doit le faire avec parcimonie, on doit le faire avec justice, et on doit le faire avec la population canadienne en tête.

Les sénateurs Norman E. Doyle, Jean-Guy Dagenais et Ghislain Maltais écoutent le témoignage de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada.

Lorsqu’on retourne un projet de loi à la Chambre des communes avec des amendements, c’est parce qu’on a fait des audiences à la grandeur du pays, on a écouté des gens, et les gens nous ont dit ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. Alors, le Sénat a un rôle primordial dans ce système démocratique.

Vous étiez connu pour vos discours non écrits au Sénat. Pourquoi pensez-vous que c'était un moyen efficace de s'adresser à la Chambre haute?

C’est ma formation. J’ai une formation classique et au classique on apprend à manier la langue française. Je pense que l’art oratoire c’est un art qui se développe à partir de connaissances, de la langue et de sujets, alors je n’ai pas besoin de notes pour ça. Si je connais le sujet, si j’ai lu sur le sujet, je suis capable de développer.

J’ai plusieurs années d’expérience dans la vie publique, alors me faire écrire un discours, ce n’est pas mon genre. Je le fais avec facilité, ce n’est pas un problème; juste trois ou quatre notes sur un bout de papier me convient. C’est un art que j’ai pratiqué à l’Assemblée nationale (du Québec) continuellement, et puisque j’ai passé ma vie dans le secteur public, s’exprimer devant des groupes devient courant, et même facile.

Habituellement, on remet une copie de nos discours pour faciliter l’interprétation, mais comme je n’ai pas discours, je parle lentement pour permettre aux interprètes de bien saisir.

Au cours des derniers mois, plusieurs nouveaux sénateurs ont été nommés, et les 105 sièges sont maintenant comblés au Sénat. Quel conseil donneriez-vous aux nouveaux sénateurs?

De lire le Règlement du Sénat et de relire tous les jours leur certificat d’assermentation. De se rappeler qu’ils ne sont pas là pour eux, mais qu’ils sont là pour la population canadienne. Ça, c’est le meilleur conseil que je peux leur donner. À chaque geste qu’ils vont poser, ils doivent se demander « Qu’est-ce que cela va donner à la population canadienne? »

Quels sont vos projets pour la retraite?

La retraite c’est bon pour deux types de personnes : les vieux et les riches. Je ne suis ni l’un ni l’autre.

Le 1er mai, je recommence à travailler, pas par obligation, mais par plaisir. Je retourne comme consultant et je vais travailler environ huit mois par année. Je vais travailler à contrat et l’été je ne travaillerai pas, je vais aller à la pêche avec mes enfants et mes petits-enfants. J’ai cinq petits-enfants qui sont d’excellents pêcheurs de saumon.

Le sénateur Ghislain Maltais dans son bureau avant sa retraite.

Le sénateur Ghislain Maltais est heureux à l’idée de faire des sorties de pêche avec sa famille pendant sa retraite.

« C’est un privilège : » Le sénateur Maltais prend sa retraite

Il est connu pour ses discours passionnés et non écrits à la Chambre rouge et en tant que militant pour l’industrie de la pêche au saumon de l’Atlantique. Le sénateur Ghislain Maltais a été nommé au Sénat le 6 janvier 2012 et a siégé à plusieurs comités durant son mandat à la Chambre haute, notamment à la présidence du Comité sénatorial de l'agriculture et des forêts. 

Le sénateur Maltais dit au revoir au Sénat et ferme le livre sur plus de 36 années passées au service de la population. SenCAplus a demandé au sénateur Maltais de partager ses réflexions sur son passage au Sénat.

Le sénateur Ghislain Maltais avec les sénateurs Jean-Guy Dagenais, Diane F. Griffin, Terry M. Mercer et Robert Black visitent Nk’Mip Cellars, le premier vignoble autochtone en Amérique du Nord.

En 2014, le sénateur Ghislain Maltais a été nommé colonel honoraire du 62e Régiment d’artillerie campagne de Shawinigan. Il est aussi membre de la Fondation des artilleurs de la Mauricie.

Le premier ministre Stephen Harper vous a nommé au Sénat en 2012. Comment vous êtes-vous senti à ce moment?

La question qu’on pose aux premiers ministres quand ils nous appellent c’est : « Pourquoi moi? » Le premier ministre m’a répondu : « Moi, je recherche quelqu‘un qui connaît la population. Ton parcours montre que tu travailles avec la classe moyenne et j’ai besoin de quelqu’un qui connaît ce monde ».

Ce fut l’une des raisons principales et aussi parce que j’avais déjà beaucoup d’expérience avec la législation. M. Harper m’a répété que c’était pour ces raisons qu’il me nommait, parce qu’il avait besoin de quelqu’un comme moi.

J’étais très heureux parce que c’est un privilège. C’est un privilège d’être nommé au Sénat et on doit bien l’honorer et l’accepter, pas pour nous en tant qu’individus, mais bien parce qu’on peut rendre service à la population canadienne. C’est ça qui est important pour moi.

Sur notre certificat d’assermentation, on représente notre région, notre province et notre pays, il ne faut jamais l’oublier. On ne va pas au Sénat pour être des vedettes. Non, chaque geste qu’on pose a des répercussions jusqu’au plus petit d’entre nous. Et c’est ça qui est important. La législation c’est pour tous les Canadiennes et Canadiens.

Vous souvenez-vous d'un projet qui a été particulièrement enrichissant?

J’ai travaillé sur beaucoup de causes et l’une d’entre elles était en lien avec ma passion. On avait alors un problème au Canada — c’était la disparition du saumon de l’Atlantique. À l’époque, alors que j’étais moi-même pêcheur de saumon, je voyais disparaître la ressource de plus en plus. J’ai des enfants et des petits-enfants qui profitent de ce sport extraordinaire et nous relâchons nos prises pour préserver la ressource. Nous utilisons aussi des hameçons belges qui ne blessent pas le poisson lors de la remise à l’eau.

À l’heure actuelle, le phoque dans le golfe du Saint-Laurent détruit les ressources de saumon et de morue. Et malheureusement, les phoques n’ont plus de prédateurs depuis que les hommes le chassent moins. Je trouvais donc important de militer pour protéger les rivières de saumons qui sont une source de revenus importants pour plusieurs villages de l’Est du pays. Ça, c’est un dossier qui m’intéresse énormément.

J’ai aussi travaillé longtemps dans le domaine de l’agriculture et c’est important pour moi, parce que s’il n’y a pas d’agriculture, on ne mange pas. On a commencé à faire différents rapports sur la technologie agricole et l’évolution de l’agriculture, pour arriver jusqu’en 2019.

Au cours des dix prochaines années, les méthodes agricoles vont devoir changer tout en respectant l’environnement. Aujourd’hui, les agriculteurs sont ceux qui en font le plus pour la protection de l’environnement et c’est ceux qui émettent le moins de GES (gaz à effet de serre). On a d’ailleurs parcouru le Canada pour entendre ce que les agriculteurs avaient à dire à ce sujet.

Pourquoi un plus grand nombre de Canadiens devraient-ils se préoccuper de ce qui se passe au Sénat?

Il y a beaucoup de décisions qui sont basées sur les rapports du Sénat. Parce que ceux qui les étudient sont un groupe de personnes qui n’est pas homogène, mais qui donne des idées. Parmi nous, il y a des légistes, des avocats, d’anciens juges, et l’expérience de tous ces gens se retrouvent dans les projets de loi et dans les rapports qu’on produit, donc ce sont des rapports qui sont vraiment utiles si l’on s’en sert bien. Les groupes agricoles canadiens avec qui je corresponds attendent nos rapports comme ils attendent la revue agricole parce que cela reflète ce qu’ils ont demandé.

Les pères de la Confédération ont pensé à ça. On a un gouvernement de style Westminster, avec une chambre d’élus, mais il faut des gens pour réfléchir sur les lois des élus. Et c’est notre travail. Alors, on doit le faire avec parcimonie, on doit le faire avec justice, et on doit le faire avec la population canadienne en tête.

Les sénateurs Norman E. Doyle, Jean-Guy Dagenais et Ghislain Maltais écoutent le témoignage de l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada.

Lorsqu’on retourne un projet de loi à la Chambre des communes avec des amendements, c’est parce qu’on a fait des audiences à la grandeur du pays, on a écouté des gens, et les gens nous ont dit ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. Alors, le Sénat a un rôle primordial dans ce système démocratique.

Vous étiez connu pour vos discours non écrits au Sénat. Pourquoi pensez-vous que c'était un moyen efficace de s'adresser à la Chambre haute?

C’est ma formation. J’ai une formation classique et au classique on apprend à manier la langue française. Je pense que l’art oratoire c’est un art qui se développe à partir de connaissances, de la langue et de sujets, alors je n’ai pas besoin de notes pour ça. Si je connais le sujet, si j’ai lu sur le sujet, je suis capable de développer.

J’ai plusieurs années d’expérience dans la vie publique, alors me faire écrire un discours, ce n’est pas mon genre. Je le fais avec facilité, ce n’est pas un problème; juste trois ou quatre notes sur un bout de papier me convient. C’est un art que j’ai pratiqué à l’Assemblée nationale (du Québec) continuellement, et puisque j’ai passé ma vie dans le secteur public, s’exprimer devant des groupes devient courant, et même facile.

Habituellement, on remet une copie de nos discours pour faciliter l’interprétation, mais comme je n’ai pas discours, je parle lentement pour permettre aux interprètes de bien saisir.

Au cours des derniers mois, plusieurs nouveaux sénateurs ont été nommés, et les 105 sièges sont maintenant comblés au Sénat. Quel conseil donneriez-vous aux nouveaux sénateurs?

De lire le Règlement du Sénat et de relire tous les jours leur certificat d’assermentation. De se rappeler qu’ils ne sont pas là pour eux, mais qu’ils sont là pour la population canadienne. Ça, c’est le meilleur conseil que je peux leur donner. À chaque geste qu’ils vont poser, ils doivent se demander « Qu’est-ce que cela va donner à la population canadienne? »

Quels sont vos projets pour la retraite?

La retraite c’est bon pour deux types de personnes : les vieux et les riches. Je ne suis ni l’un ni l’autre.

Le 1er mai, je recommence à travailler, pas par obligation, mais par plaisir. Je retourne comme consultant et je vais travailler environ huit mois par année. Je vais travailler à contrat et l’été je ne travaillerai pas, je vais aller à la pêche avec mes enfants et mes petits-enfants. J’ai cinq petits-enfants qui sont d’excellents pêcheurs de saumon.

Le sénateur Ghislain Maltais dans son bureau avant sa retraite.

Le sénateur Ghislain Maltais est heureux à l’idée de faire des sorties de pêche avec sa famille pendant sa retraite.

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