Rencontre avec la sénatrice Mary Jane McCallum

Première femme autochtone à devenir dentiste au Canada, la sénatrice Mary Jane McCallum a consacré 45 ans de sa vie à prodiguer des soins dentaires aux communautés des Premières Nations au Manitoba et en Saskatchewan avant de se joindre au Sénat en 2017.
Découvrez la carrière remarquable de la sénatrice, son travail de militante pour la justice sociale et la manière dont elle fait entendre les voix des Autochtones au Sénat.
Vous êtes membre de la Barren Lands First Nation à Brochet, au Manitoba, près de la frontière avec la Saskatchewan. Comment décririez-vous votre communauté?
La communauté est enracinée dans ces terres. Nous perfectionnons des compétences grâce à l’apprentissage inspiré de la terre, allant du trappage à la pêche, et grâce à notre connexion avec les personnes qui vivent au sein de cette communauté. Nous portons la communauté en nous, et cela nous donne un but.
Ayant grandi à Brochet, je savais que ma langue et ma culture faisaient partie intégrante de ma communauté. J’ai appris mon éthique de travail et mes valeurs de ma mère et de mon père, qui m’ont donné une direction dans la vie sans jamais m’asseoir à un pupitre.
J’ai ensuite été envoyée dans un pensionnat à l’âge de cinq ans, ce qui m’a brusquement arrachée à ma communauté. Je me suis retrouvée dans une institution totalement étrangère.
J’ai été dépossédé de mon identité, de ma langue et de ma culture. Le pensionnat que je fréquentais était catholique, et l’on me disait que je péchais et que j’étais une sauvage, alors que je n’étais qu’une enfant. Vous connaissez l’expression « tuer l’Autochtone dans l’enfant »? Eh bien, j’ai commencé à tuer l’Autochtone en moi. C’est ainsi que fonctionne l’assimilation. J’ai fréquenté ce pensionnat pendant 11 ans avant de partir pour l’école secondaire.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir dentiste?
Après l’école secondaire, j’ai étudié la sténographie, mais ce n’était pas assez pour moi. Je me suis donc dirigée vers l’assistance dentaire. J’ai eu l’occasion de travailler dans des réserves au Nord, et j’ai découvert que j’étais très compétente dans ce domaine. Les dentistes avec qui j’ai travaillé m’ont tous encouragée à continuer dans cette voie. J’ai donc suivi un programme de soins dentaires avant d’obtenir un diplôme en traitement dentaire, puis un doctorat en médecine dentaire.
J’ai travaillé dans près de 30 cliniques au Manitoba, y compris dans ma propre communauté. Mon travail à Brochet a été déterminant pour façonner la personne que je suis aujourd’hui. C’est dans cette communauté que j’ai appris à décoloniser la dentisterie, plutôt que de suivre l’approche traditionnelle « soigne, nettoie et facture ».
J’ai aussi présidé un comité scolaire et participé à des initiatives en matière de logement. J’ai commencé à m’intéresser aux déterminants sociaux de la santé et à leur rôle essentiel dans les soins dentaires. Certains dentistes se demandent pourquoi leurs patients ne se brossent pas les dents, mais si le patient n’a rien à manger, pourquoi se brosserait-il les dents?
J’ai dirigé un programme de soins dentaires destiné aux enfants. Au lieu de me concentrer uniquement sur leurs dents, je vérifiais s’ils avaient bien dormi le soir d’avant, s’ils avaient mangé, s’ils avaient reçu un câlin le matin et s’ils étaient habillés convenablement selon les conditions météorologiques. Ils m’ont beaucoup appris.
Vous avez rejoint la Chambre rouge en 2017. Pour quelle raison souhaitiez-vous devenir sénatrice?
À l’origine, je voulais devenir gouverneure générale, mais mon mari m’a dit que je ne pourrais pas accomplir ce que je souhaitais dans ce rôle. Il m’a plutôt suggéré de devenir sénatrice. Cela était en 2016, au moment où Justin Trudeau, alors premier ministre, a lancé le processus de nomination.
Je ne connaissais pas très bien le Sénat. J’avais fait du bénévolat auprès de l’Assemblée des chefs du Manitoba, ce qui m’a permis de mieux comprendre comment les politiques et les lois influencent nos vies. Mon bénévolat m’a également enseigné l’importance de collaborer avec les organismes communautaires. En effet, chaque projet de loi que j’ai soumis au Sénat provenait des communautés.
La sénatrice Mary Jane McCallum, deuxième à partir de la droite, en tant qu’élève au pensionnat Guy Hill, à The Pas, au Manitoba. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Mary Jane McCallum)
La sénatrice McCallum prodigue des soins dentaires à un patient sur cette photo datant de 1978, alors qu’elle occupait le poste d’infirmière dentaire. C’est à cette époque qu’elle a commencé à envisager sa profession comme un service public, et non strictement comme un commerce. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Mary Jane McCallum)
La sénatrice McCallum obtient son doctorat en médecine dentaire de l’Université du Manitoba, en 1990. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Mary Jane McCallum)
La sénatrice McCallum prend part à sa cérémonie d’assermentation avec le sénateur Peter Harder et l’ancienne sénatrice Lillian Eva Dyck.
La sénatrice McCallum, deuxième à droite, a rejoint en 2018 le Comité sénatorial des peuples autochtones dans le cadre d’une mission d’étude auprès des communautés autochtones du Nord et de l’Ouest. Des membres du comité sont photographiés aux côtés de membres de la communauté d’Old Crow, au Yukon.

En 2022, le Sénat a adopté votre projet de loi désignant le 4 janvier Journée nationale de la jupe à rubans. Que symbolise une jupe à rubans et pourquoi est-il important d’honorer sa signification lors d’une journée nationale?
Le projet de loi s’inspire de l’histoire d’Isabella Kulak, une fillette de 10 ans de la Saskatchewan, qui a été humiliée parce qu’elle portait une jupe à rubans à l’école. La jupe à rubans n’est pas qu’un vêtement de mode : elle possède une dimension spirituelle. Elle incarne l’honneur, ainsi que le respect de sa culture et de soi.
Chaque 4 janvier, je le passe avec Isabella et ses parents. Des personnes de partout au pays nous envoient des photos de leurs jupes à rubans. Pour moi, la Journée nationale de la jupe à rubans représente l’unité, la fierté, la connexion, la création de liens et le cheminement vers la justice.
Vous travaillez maintenant à établir une journée commémorative pour Thanadelthur, une jeune femme denesuline ayant joué un rôle clé dans le commerce de la fourrure du Nord-Ouest. Parlez-nous davantage de Thanadelthur et pourquoi son héritage devrait-il être mieux connu?
Thanadelthur a été kidnappée par les Cris lorsqu’elle avait 16 ans. Malgré des obstacles immenses, elle a réussi à réunir les tribus cries et dénées, alors en guerre, et à négocier la paix afin de permettre la prospérité du commerce de la fourrure.
Je suis moi-même Crie, et ma communauté est à la fois dénée et crie. À l’occasion du 100e anniversaire du Traité no 10, qui concerne 10 communautés cries et dénées, j’ai présenté des excuses aux Dénés pour la manière dont les Cris les avaient traités. L’un des chefs m’a dit qu’il n’aurait jamais cru entendre un jour les mots « Je suis désolée ».
Nous souhaitons maintenant mettre en place un traité de paix moderne, guidé par nos communautés plutôt que par une simple voie législative. C’est là tout l’héritage de Thanadelthur.
Vous avez parlé de votre expérience des pensionnats pour sensibiliser le Canada à cette partie de son histoire. Comment votre rôle au Sénat vous a-t-il permis de continuer à défendre les survivants?
En tant que membre du Comité sénatorial des peuples autochtones, j’ai visité des communautés du Nord et de l’Ouest pour élaborer un rapport sur la façon dont le Canada peut restaurer ses relations avec les peuples autochtones. Ce travail a été très important pour moi. Pour moi, la première étape d’une consultation est d’aller dans une communauté pour comprendre comment les gens vivent. Le Sénat m’a donné le temps et les ressources pour réaliser ce travail; un véritable privilège. Le travail des sénateurs dans les communautés est parfois plus important que celui qu’ils accomplissent dans la Chambre rouge.
En 2021, vous êtes devenue la première femme et personne autochtone à être nommée chancelière de l’Université de Brandon. Que représente cet honneur pour vous?
Quand on m’a informée de ma nomination, j’ai immédiatement senti que j’étais au bon endroit, comme lorsque je suis arrivée au Sénat. En tant que chancelière, je soutiens les initiatives, les stratégies et les priorités de l’Université. Je travaille en étroite collaboration avec la présidente, les vice-recteurs à l’enseignement et à la recherche, ainsi que les doyens. Je les aide à comprendre comment le système éducatif a nui aux Premières Nations par le passé, et je les accompagne dans leurs efforts de décolonisation de l’éducation. Je rencontre également le groupe autochtone de l’Université, des étudiants internationaux et la communauté universitaire. Nous travaillons ensemble pour progresser.
Avez-vous été surprise par quelque chose au sujet du Sénat?
Au début, j’ai été surprise par le manque d’implication des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans la plupart des comités. Lorsque j’ai rejoint le comité de l’énergie, la plupart des témoins que nous invitions aux réunions venaient de l’industrie pétrolière et gazière; les voix des Premières Nations étaient rares. Mais lorsque nous avons étudié le projet de loi C-69, la loi sur l’évaluation d’impact, un Aîné qui assistait à l’audience a déclaré qu’il était étonné du nombre de fois où il avait entendu le mot « Autochtone » lors de l’audience. Aujourd’hui, nous parlons des enjeux autochtones chaque jour au Sénat.
Parfois, je me sens découragée, car je voudrais plus de changements. Parfois, je me demande ce que je fais ici. Je parle des mêmes projets qu’il y a six ans. Mais ensuite, je me rappelle tous les changements positifs accomplis, et je pense aussi à mes ancêtres, à tout le travail qu’ils ont effectué pour préparer le chemin sur lequel je marche aujourd’hui. Et je leur suis profondément reconnaissante.
Le bureau de la sénatrice McCallum est décoré d’anciens équipements de trappage et de fourrures provenant de chez elle, ainsi que d’œuvres d’artistes autochtones originaires du Manitoba.
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Découvrez la carrière remarquable de la sénatrice, son travail de militante pour la justice sociale et la manière dont elle fait entendre les voix des Autochtones au Sénat.
Vous êtes membre de la Barren Lands First Nation à Brochet, au Manitoba, près de la frontière avec la Saskatchewan. Comment décririez-vous votre communauté?
La communauté est enracinée dans ces terres. Nous perfectionnons des compétences grâce à l’apprentissage inspiré de la terre, allant du trappage à la pêche, et grâce à notre connexion avec les personnes qui vivent au sein de cette communauté. Nous portons la communauté en nous, et cela nous donne un but.
Ayant grandi à Brochet, je savais que ma langue et ma culture faisaient partie intégrante de ma communauté. J’ai appris mon éthique de travail et mes valeurs de ma mère et de mon père, qui m’ont donné une direction dans la vie sans jamais m’asseoir à un pupitre.
J’ai ensuite été envoyée dans un pensionnat à l’âge de cinq ans, ce qui m’a brusquement arrachée à ma communauté. Je me suis retrouvée dans une institution totalement étrangère.
J’ai été dépossédé de mon identité, de ma langue et de ma culture. Le pensionnat que je fréquentais était catholique, et l’on me disait que je péchais et que j’étais une sauvage, alors que je n’étais qu’une enfant. Vous connaissez l’expression « tuer l’Autochtone dans l’enfant »? Eh bien, j’ai commencé à tuer l’Autochtone en moi. C’est ainsi que fonctionne l’assimilation. J’ai fréquenté ce pensionnat pendant 11 ans avant de partir pour l’école secondaire.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir dentiste?
Après l’école secondaire, j’ai étudié la sténographie, mais ce n’était pas assez pour moi. Je me suis donc dirigée vers l’assistance dentaire. J’ai eu l’occasion de travailler dans des réserves au Nord, et j’ai découvert que j’étais très compétente dans ce domaine. Les dentistes avec qui j’ai travaillé m’ont tous encouragée à continuer dans cette voie. J’ai donc suivi un programme de soins dentaires avant d’obtenir un diplôme en traitement dentaire, puis un doctorat en médecine dentaire.
J’ai travaillé dans près de 30 cliniques au Manitoba, y compris dans ma propre communauté. Mon travail à Brochet a été déterminant pour façonner la personne que je suis aujourd’hui. C’est dans cette communauté que j’ai appris à décoloniser la dentisterie, plutôt que de suivre l’approche traditionnelle « soigne, nettoie et facture ».
J’ai aussi présidé un comité scolaire et participé à des initiatives en matière de logement. J’ai commencé à m’intéresser aux déterminants sociaux de la santé et à leur rôle essentiel dans les soins dentaires. Certains dentistes se demandent pourquoi leurs patients ne se brossent pas les dents, mais si le patient n’a rien à manger, pourquoi se brosserait-il les dents?
J’ai dirigé un programme de soins dentaires destiné aux enfants. Au lieu de me concentrer uniquement sur leurs dents, je vérifiais s’ils avaient bien dormi le soir d’avant, s’ils avaient mangé, s’ils avaient reçu un câlin le matin et s’ils étaient habillés convenablement selon les conditions météorologiques. Ils m’ont beaucoup appris.
Vous avez rejoint la Chambre rouge en 2017. Pour quelle raison souhaitiez-vous devenir sénatrice?
À l’origine, je voulais devenir gouverneure générale, mais mon mari m’a dit que je ne pourrais pas accomplir ce que je souhaitais dans ce rôle. Il m’a plutôt suggéré de devenir sénatrice. Cela était en 2016, au moment où Justin Trudeau, alors premier ministre, a lancé le processus de nomination.
Je ne connaissais pas très bien le Sénat. J’avais fait du bénévolat auprès de l’Assemblée des chefs du Manitoba, ce qui m’a permis de mieux comprendre comment les politiques et les lois influencent nos vies. Mon bénévolat m’a également enseigné l’importance de collaborer avec les organismes communautaires. En effet, chaque projet de loi que j’ai soumis au Sénat provenait des communautés.
La sénatrice Mary Jane McCallum, deuxième à partir de la droite, en tant qu’élève au pensionnat Guy Hill, à The Pas, au Manitoba. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Mary Jane McCallum)
La sénatrice McCallum prodigue des soins dentaires à un patient sur cette photo datant de 1978, alors qu’elle occupait le poste d’infirmière dentaire. C’est à cette époque qu’elle a commencé à envisager sa profession comme un service public, et non strictement comme un commerce. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Mary Jane McCallum)
La sénatrice McCallum obtient son doctorat en médecine dentaire de l’Université du Manitoba, en 1990. (Crédit photo : Bureau de la sénatrice Mary Jane McCallum)
La sénatrice McCallum prend part à sa cérémonie d’assermentation avec le sénateur Peter Harder et l’ancienne sénatrice Lillian Eva Dyck.
La sénatrice McCallum, deuxième à droite, a rejoint en 2018 le Comité sénatorial des peuples autochtones dans le cadre d’une mission d’étude auprès des communautés autochtones du Nord et de l’Ouest. Des membres du comité sont photographiés aux côtés de membres de la communauté d’Old Crow, au Yukon.

En 2022, le Sénat a adopté votre projet de loi désignant le 4 janvier Journée nationale de la jupe à rubans. Que symbolise une jupe à rubans et pourquoi est-il important d’honorer sa signification lors d’une journée nationale?
Le projet de loi s’inspire de l’histoire d’Isabella Kulak, une fillette de 10 ans de la Saskatchewan, qui a été humiliée parce qu’elle portait une jupe à rubans à l’école. La jupe à rubans n’est pas qu’un vêtement de mode : elle possède une dimension spirituelle. Elle incarne l’honneur, ainsi que le respect de sa culture et de soi.
Chaque 4 janvier, je le passe avec Isabella et ses parents. Des personnes de partout au pays nous envoient des photos de leurs jupes à rubans. Pour moi, la Journée nationale de la jupe à rubans représente l’unité, la fierté, la connexion, la création de liens et le cheminement vers la justice.
Vous travaillez maintenant à établir une journée commémorative pour Thanadelthur, une jeune femme denesuline ayant joué un rôle clé dans le commerce de la fourrure du Nord-Ouest. Parlez-nous davantage de Thanadelthur et pourquoi son héritage devrait-il être mieux connu?
Thanadelthur a été kidnappée par les Cris lorsqu’elle avait 16 ans. Malgré des obstacles immenses, elle a réussi à réunir les tribus cries et dénées, alors en guerre, et à négocier la paix afin de permettre la prospérité du commerce de la fourrure.
Je suis moi-même Crie, et ma communauté est à la fois dénée et crie. À l’occasion du 100e anniversaire du Traité no 10, qui concerne 10 communautés cries et dénées, j’ai présenté des excuses aux Dénés pour la manière dont les Cris les avaient traités. L’un des chefs m’a dit qu’il n’aurait jamais cru entendre un jour les mots « Je suis désolée ».
Nous souhaitons maintenant mettre en place un traité de paix moderne, guidé par nos communautés plutôt que par une simple voie législative. C’est là tout l’héritage de Thanadelthur.
Vous avez parlé de votre expérience des pensionnats pour sensibiliser le Canada à cette partie de son histoire. Comment votre rôle au Sénat vous a-t-il permis de continuer à défendre les survivants?
En tant que membre du Comité sénatorial des peuples autochtones, j’ai visité des communautés du Nord et de l’Ouest pour élaborer un rapport sur la façon dont le Canada peut restaurer ses relations avec les peuples autochtones. Ce travail a été très important pour moi. Pour moi, la première étape d’une consultation est d’aller dans une communauté pour comprendre comment les gens vivent. Le Sénat m’a donné le temps et les ressources pour réaliser ce travail; un véritable privilège. Le travail des sénateurs dans les communautés est parfois plus important que celui qu’ils accomplissent dans la Chambre rouge.
En 2021, vous êtes devenue la première femme et personne autochtone à être nommée chancelière de l’Université de Brandon. Que représente cet honneur pour vous?
Quand on m’a informée de ma nomination, j’ai immédiatement senti que j’étais au bon endroit, comme lorsque je suis arrivée au Sénat. En tant que chancelière, je soutiens les initiatives, les stratégies et les priorités de l’Université. Je travaille en étroite collaboration avec la présidente, les vice-recteurs à l’enseignement et à la recherche, ainsi que les doyens. Je les aide à comprendre comment le système éducatif a nui aux Premières Nations par le passé, et je les accompagne dans leurs efforts de décolonisation de l’éducation. Je rencontre également le groupe autochtone de l’Université, des étudiants internationaux et la communauté universitaire. Nous travaillons ensemble pour progresser.
Avez-vous été surprise par quelque chose au sujet du Sénat?
Au début, j’ai été surprise par le manque d’implication des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans la plupart des comités. Lorsque j’ai rejoint le comité de l’énergie, la plupart des témoins que nous invitions aux réunions venaient de l’industrie pétrolière et gazière; les voix des Premières Nations étaient rares. Mais lorsque nous avons étudié le projet de loi C-69, la loi sur l’évaluation d’impact, un Aîné qui assistait à l’audience a déclaré qu’il était étonné du nombre de fois où il avait entendu le mot « Autochtone » lors de l’audience. Aujourd’hui, nous parlons des enjeux autochtones chaque jour au Sénat.
Parfois, je me sens découragée, car je voudrais plus de changements. Parfois, je me demande ce que je fais ici. Je parle des mêmes projets qu’il y a six ans. Mais ensuite, je me rappelle tous les changements positifs accomplis, et je pense aussi à mes ancêtres, à tout le travail qu’ils ont effectué pour préparer le chemin sur lequel je marche aujourd’hui. Et je leur suis profondément reconnaissante.
Le bureau de la sénatrice McCallum est décoré d’anciens équipements de trappage et de fourrures provenant de chez elle, ainsi que d’œuvres d’artistes autochtones originaires du Manitoba.