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ILLE - Comité spécial

Drogues illicites (spécial)

 

N.B. Puisque le document original fut créé en format Microsoft PowerPoint et il s'agit d'un travail laborieux de le convertir au complet, ce document html en représente les grandes lignes. Veuillez consulter l'original afin d'en obtenir la version intégrale.


La relation drogue-crime

Par  

Serge Brochu Ph.D.
Professeur titulaire
Directeur

Centre international de criminologie comparée
Co-directeur
Recherche et intervention sur les substances psychoactives – Québec (RISQ)
Collectif d’intervention et de recherche sur les aspects socio-sanitaires de la toxicomanie (CIRASST)
Université de Montréal 

Novembre 2001


Dans les écrits scientifiques nord-américains, l’alcool et les drogues illicites constituent des substances psychoactives très souvent associées à la perpétration d’actes criminels divers. Un indice de la notoriété acquise par ces phénomènes se mesure par le nombre ahurissant d’études publiées sur la question. En dix ans d’existence, le groupe de Recherche et d’intervention sur les substances psychoactives – Québec (RISQ) a répertorié près de 2 973 articles et rapports scientifiques traitant de la question des drogues illicites et de la criminalité. La très grande majorité d’entre eux proviennent des États-Unis. La pléthore d’information accessible n’est cependant pas un gage de clarté quant aux relations qui lient les phénomènes de la consommation de drogues et de la criminalité (Brochu et Schneeberger, 2001). Bien que plusieurs études se soient attardées à observer la relation drogue-crime, rien n’est moins certain que la nature exacte des rapports ici en cause.

De ces études se dessine toutefois un certain consensus; les liens drogues-crimes sont  complexes et se modifient en fonction de l’interaction synergique entre le produit consommé, les caractéristiques du consommateur et le contexte d’utilisation.  La compréhension de la relation drogue (incluant l’alcool) crime doit passer par une explication tripartite (Goldstein, 1985) mettant en cause (1) l’effet psycho-pharmacologique du produit consommé et les attentes du consommateur, (2) les coûts élevés de certaines drogues pour la personne qui en devient dépendante, et (3) le milieu illicite dans lequel se transigent les drogues prohibées. 

(1)Les aspects psycho-pharmacologiques et les attentes du consommateur.

Les contrevenants présentent en général un fort taux de prévalence de consommation de substances psychoactives. Alors qu’ils rapportent un usage légèrement plus important d'alcool que dans la population générale, leur consommation de drogues illicites est sans commune mesure avec leur concitoyens canadiens.  Ainsi, selon Brochu et al., (sous presse) 95% des détenus fédéraux indiquent avoir consommé au moins une fois de l'alcool au cours de leur vie tandis que 63% en ont fait un usage régulier.  Quatre détenus sur cinq  avouent avoir consommé des drogues illicites au moins une fois dans leur vie et un peu plus de la moitié (52%) en avoir fait un usage régulier, à raison d'au moins une fois par semaine pendant une certaine période. Les études de prévalence à vie s’avèrent généralement d’une utilité fort limitée lorsqu’il est question de comprendre la relation drogue-crime. Il est alors préférable de s’attarder à la consommation au cours de la journée du délit. Ainsi, toujours selon Brochu et al., (sous presse) 21% des détenus fédéraux rapportent avoir consommé de l’alcool le jour du délit, 16% affirment avoir consommé des drogues illicites et 13% disent avoir consommé à la fois de l’alcool et des drogues illicites. Les drogues illicites les plus souvent consommées au cours de la journée du délit sont la cocaïne (12%) et le cannabis (7%) (Pernanen et al., 2001). Bien plus, les trois quarts des détenus qui ont consommé une substance psychoactive indiquent que cette consommation a favorisé leur comportement criminel (Brochu et al., 1999 et sous presse).

Selon les résultats rapportés dans Brochu et al., (sous presse), les crimes violents apparaissent principalement associés avec l’usage d’alcool au cours de la journée du délit. Ainsi, les détenus fédéraux condamnés pour voies de fait (38%), homicides (31%) ou agressions sexuelles (30%) sont proportionnellement plus nombreux que les auteurs d’autres crimes à divulguer un usage d'alcool seul, le jour du délit. Les conduites avec facultés affaiblies pour leur part sont quasi invariablement associées à un usage d’alcool au cours de la journée du délit. Les drogues illicites, consommées seules ou en combinaison avec l’alcool, le jour du délit sont plus fortement associées à des délits acquisitifs : ainsi les auteurs de vols (47%), vols avec violence (42%) et vols par effraction (36%) se révélant proportionnellement plus nombreux que les auteurs d’autres types de délits à affirmer avoir consommé une drogue illicite (seule ou en combinaison avec l’alcool) au cours de la journée.

           

TABLEAU 1

Proportion de détenus fédéraux rapportant avoir consommé de l’alcool, des drogues illicites ou  les deux le jour de la commission du crime le plus important pour lequel ils ont été incarcérés,

 par type de crime[1]

 

Alcool

Drogues illicites

Les deux

Aucune substance

Conduite avec facultés affaiblies

83%

1%

10%

6%

Voies de fait

38%

9%

22%

31%

Homicides

31%

8%

19%

42%

Délits sexuels

30%

3%

11%

55%

Vol par effraction

20%

24%

12%

44%

Vols

19%

30%

17%

34%

Vols avec violence

15%

25%

17%

44%

Fraude

10%

10%

2%

78%

Délits de drogue

5%

18%

6%

72%

Total

21%

16%

13%

49%

         

Comment expliquer ce rapport entre la consommation de substances psychoactives le jour du délit et la commission du crime ?

Certaines drogues, les substances psychoactives, possèdent la propriété d’agir sur des zones particulières du système nerveux, dont la zone frontale et le système limbique, emplacements où se situeraient les centres de l’agressivité et de l’impulsivité. L’alcool arrive bon premier dans l’identification des substances qui pourraient induire de telles réponses émotivo-comportementales. Ainsi, la recherche a clairement établi que la consommation d'alcool précède ou accompagne environ la moitié des crimes violents tels les voies de fait, les agressions sexuelles, les homicides, sans oublier les très nombreux cas de violence familiale (Brochu, 1999).  La recherche a également démontré que l’alcool pouvait induire de l’agressivité lorsque les sujets étaient placés dans des situations menaçantes ou provocantes (Phil et Ross, 1987). Des manifestations agressives ont également été observées chez les consommateurs de cocaïne (particulièrement sous ses formes dérivées que sont le crack et la freebase) et d’amphétamines (Brochu et Parent, en préparation).

On attribue également l’association intoxication/violence au phénomène de désinhibition.  Ainsi, l’intoxication à une substance psychoactive aurait pour résultat de vaincre la force des contraintes internes et pourrait laisser libre cours aux penchants criminels socialement étouffés (Brochu, 1994).

La personnalité, les règles culturelles et éducatives ainsi que l'écologie situationnelle jouent également un rôle important au niveau de la résultante que façonnera l’intoxication à une substance psychoactive. Ainsi, un individu qui présente des dispositions antisociales pourra rechercher la consommation comme une façon socialement permise (selon les normes culturelles informelles) d’exprimer ses tendances agressives. Il pourra alors utiliser des drogues de façon fonctionnelle : calmer la nervosité ou se donner le courage nécessaire à la réalisation d’un crime déjà planifié. D’autres encore, influencés par l’association symbolique et culturelle attribuée à certaines substances, pourraient trouver dans l’intoxication une excuse commode ou encore l’exonération face à la responsabilité d’un acte socialement réprouvé. Les comportements de ces personnes intoxiquées seront tout de même fonction des caractéristiques physiques et psychologiques de l’individu, des liens symboliques préalablement établis avec le produit, des rapports et de l'attitude des acteurs sociaux en présence, du niveau de permissivité de la situation et de la présence de contrôles sociaux formels ou informels, du lieu où se déroule l'interaction, de la disponibilité d'armes et des conséquences anticipées.

Somme toute, il ne s’agit pas de mettre en présence deux personnes intoxiquées pour que la violence naisse de leurs rapports. La réponse comportementale manifestée à la suite de la consommation d'une substance psycho-active découle de la rencontre d'une personne avec une drogue dans un contexte bien précis. Il ne s'agit pas ici de nier l'effet pharmacologique du produit consommé, mais de le mettre en relation avec des facteurs psycho-sociaux trop souvent laissés pour compte qui viendraient en diminuer ou en intensifier l'action.

(2)Les aspects reliés au coût d’achat élevé.

Pour les substances illicites, le rapport drogue/criminalité le plus prégnant passe par l’aspect économique relié à l’achat de certaines drogues. En effet, les drogues telles que l'héroïne ou la cocaïne peuvent devenir dépendogènes pour un certain nombre d’usagers. Un consommateur qui a établi une dépendance à l'un de ces produits en consomme habituellement à plusieurs reprises au cours d'une même journée afin d'éviter l’apparition d’un sevrage physiologique ou psychologique. Une telle accoutumance fait en sorte que ces substances deviennent terriblement onéreuses pour le toxicomane. L’implication criminelle de certains usagers qui n’arrivent plus à bien gérer leur consommation peut donc alors être attribuée au besoin d'argent engendré par la dépendance envers des drogues qui se transigent sur le marché illicite à des prix élevés ; trop élevés pour leurs revenus de sources licites. Ainsi, les deux-tiers des détenus fédéraux canadiens qui rapportaient avoir consommé une drogue illicite au cours de la journée durant laquelle ils avaient commis leur crime (29%) indiquaient que leur geste délinquant tirait son origine de leur besoin en drogue[2] (Brochu, et al.,  1999).

De façon générale, ces personnes qui s'engagent dans la criminalité dans le but de balancer leur budget tout en se procurant leurs drogues se limitent à un petit trafic auprès de « connaissances » ou à des vols. Le marché illicite de la drogue, qu’ils connaissent bien pour l’avoir fréquenté assidûment, leur fournit alors les contacts nécessaires afin de les accompagner et de les soutenir dans leurs premières initiatives criminelles (Brochu et Parent, en préparation).  Les autres, ceux qui se compromettent dans une criminalité plus importante ont, pour la majorité, débuté cette implication illégale avant même de s’initier aux drogues onéreuses telles la cocaïne ou l’héroïne (Brochu, 1995). On peut donc concevoir un lien entre cette dépendance physiologique ou psychologique importante, des drogues qui se transigent à des prix élevés, des revenus qui n’arrivent pas à satisfaire le besoin en drogue et l'implication dans une criminalité de nature lucrative.

Toutefois, tous les consommateurs d’héroïne ou de cocaïne ne s’accrochent pas au produit de façon pathologique (Faupel, 1991 ; Zinberg, 1984). Parmi ceux qui développent une dépendance, certains possèdent les revenus suffisant pour satisfaire leur consommation, d’autres trouveront les moyens pour réduire leur usage, utiliseront des produits substituts moins coûteux ou arrêteront, pour une période plus ou moins longue, de consommer. La relation économico-compulsive drogue/crime n’est donc pas la réalité de tous les consommateurs, ni même de tous les dépendants. En somme, la consommation de drogues ne constitue pas une raison nécessaire, ni suffisante, pour expliquer la criminalité. Il faut plutôt croire, à l'instar de Hunt (1991) que l'implication criminelle des consommateurs de substances psychoactives illicites sera fonction: a) des revenus de l'usager en rapport avec le prix du produit; b) de la fréquence d'utilisation de drogues, de même que de l'implication dans un style de vie toxicomane; et c) des antécédents délinquants. De ce fait, la relation économico-compulsive ne s'appliquerait qu'aux personnes qui consomment de façon excessive par rapport à leur revenu.

(3)Les aspects reliés au marché illicite des drogues.

Afin de combattre l’approvisionnement ou la distribution illicite de certaines drogues, la très grande majorité des pays occidentaux ont signé la Convention unique sur les stupéfiants (1961, modifiée en 1972) ainsi que la Convention contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes (1988). Ces conventions internationales utilisent la criminalisation afin de circonscrire la culture, la production, le commerce, la distribution, de même que la possession ou l’usage de certaines substances psychoactives à l’exception de celles utilisées à des fins médicales ou de recherche, de l’alcool, du tabac et du café. Sous l'élan des États-Unis, ces engagements servirent de tremplins pour la mise en place de politiques et de stratégies nationales de « guerre à la drogue ».  Depuis le début du XXe siècle, la succession de Conventions internationales sur les drogues a donc défini de nouvelles formes de criminalité.

Parallèlement à la répression des drogues interdites, un système de distribution illicite de ces substances s’est organisé selon une structure pyramidale ou tous et chacun espèrent recevoir une partie des importants profits de ce commerce illicite. Ce système de distribution illicite des drogues génère à son tour son lot de criminalité. Ainsi,  en plus de favoriser le rapprochement entre les consommateurs et les milieux de la délinquance[3], il constitue la toile de fond de nombreuses altercations entre vendeurs et clients concernant la qualité ou le prix du produit ; entre différentes organisations criminelles rivales qui convoitent le même marché lucratif ; ou encore à l’intérieur d’une même organisation pour le remboursement des quantités de drogue avancées. Dans ce marché illicite où la personne qui se sent lésée ne peut avoir recours au système pénal, les représailles sont choses communes (Goldstein, 1985). On peut également faire l’hypothèse que les individus enclins à la violence perçoivent dans les méthodes utilisées par ce milieu une attirance certaine puisqu'ils pourront y mettre à profit leurs aptitudes et leur supériorité physique tout en recevant des compensations financières importantes. Toutefois, il faut bien noter que la brutalité reliée au système de distribution de la drogue s’avère beaucoup plus fréquemment identifiée dans les grandes villes de l’Amérique du Nord, et plus particulièrement aux Etats-Unis, que dans les grands centres urbains européens, ce qui laisse croire que le contexte socio-politique n’est pas totalement étranger à cette violence.

 

Conclusion

Quoique les caractéristiques de l’usager et des conditions de consommation constituent des éléments essentiels à une bonne compréhension des liens drogue-crime,  il n’en demeure pas moins que les substances psychoactives jouent rôle important dans ces rapports à l’étude.  L’intoxication peut désinhiber ou fournir un prétexte pour commettre un acte illégal. La dépendance à une drogue illicite dispendieuse peut servir de motivation pour s’impliquer dans une criminalité lucrative. Le système de distribution illicite des drogues peut favoriser l’emploi de la violence en tant qu’instrument de gestion des conflits.  Parfois, ces rôles se recoupent. Ainsi, un certain nombre de personnes qui commettent des délits en état d’intoxication sont des toxicomanes qui ont un urgent besoin d’argent.

Les crimes reliés aux drogues sont également intimement liés aux politiques mises en place pour les combattre.  Toutefois, il apparaît que la répression des usagers et des contrevenants toxicomanes n’est pas suffisante pour mettre un terme à leur consommation de drogues. En effet, les résultats des tests d’urines pratiqués par les autorités correctionnelles présentent des taux de consommation qui dépassent bien souvent les 25% (Groupe d’étude sur l’interdiction des drogues, 1995). La situation est prévisible puisque la détention regroupe en un même lieu vendeurs et acheteurs de drogues. Ainsi, une étude récente Plourde & Brochu (accepté pour publication) a permis de constater que: 1) toutes les drogues sont généralement disponibles en détention; 2) le prix de ces drogues y est beaucoup plus élevé que sur la rue; 3) la consommation de drogues diminue durant l=incarcération (entres autres étant donné leur prix élevé); 4) le contexte carcéral s=avère plus propice à la consommation de produits de nature « calmante » tels le cannabis, que de produits stimulants tels la cocaïne; enfin 5) il apparaît que dans un contexte de privation de liberté, la consommation correspond à une forme d'échappatoire, un moyen d'adaptation utilisé en vue de vivre moins douloureusement la réalité de l=enfermement. 

De plus, la répression n’affecte qu’une minorité de consommateurs et se pratique inégalement d’une province à l’autre. A titre d’illustration, comparons le nombre d’usagers révélés de cannabis et le nombre de personnes accusées pour un crime relié à l’usage de cette drogue (e.g. possession, culture, trafic…)[4].  Le tableau 2 permet de constater que même si 1 722 979 Canadiens ont révélé avoir consommé du cannabis au cours de l’année 1994, seulement 24 056 accusations criminelles reliées au cannabis furent identifiés (1,4%). De plus, la proportion d’usagers accusés varie selon les provinces (Terre-Neuve = 2,5%; Québec = 0,7%).   

Tableau 2

Usagers auto-révélés et personnes accusées en rapport avec le cannabis au Canada et dans chaque province canadienne, 1994[5] 

Pays et provinces

Population - 15 ans et plus (milliers)

Pourcentage d’usagers de cannabis auto-révélés[6]

Nombre estimatif d’usagers

Adultes accusés en rapport avec le cannabis[7]

Proportion des personnes accusées en rapport avec le nombre d’usagers

Canada

 

Ontario

Québec

Colombie-Brit.

Alberta

Manitoba

Saskatchewan

Nouvelle-Écosse

N. Brunswick

Terre-Neuve

I.P.E.

23,283.5

 

8,719.2

5,869.0

2,943.9

2,091.7

885.7

779.0

751.2

609.0

462.8

105.3

7.4%

 

5.1%

8.6%

11.6%

8.4%

9.1%

6.6%

8.0%

6.2%

3.8%

5.6%

1,722,979

 

444,679

504,734

341,492

175,703

80,599

51,414

60,096

37,758

17,586

5,897

24,056

 

8,717

3,723

4,755

2,870

869

821

995

454

444

90

1,4%

 

2,0%

0,7%

1,4%

1,6%

1,1%

1,6%

1,7%

1,2%

2,5%

1,5%

  Prenons encore quelques minutes pour analyser comment des changements politiques pourraient affecter les trois relations drogue-crime préalablement analysées.

D’entrée de jeu, il s’avérerait important de diriger nos efforts répressifs vers les substances dont la consommation/intoxication est liée à la criminalité la plus violente. L’alcool représente certainement ici cette substance la plus souvent associée à la violence et qui demanderait un plus grand contrôle social ; beaucoup plus que le cannabis ou que tout autre dépresseur (voir Pernanen et al., 2001). L’alcool étant très facilement accessible, très peu de gens commettent des crimes dans le but de se procurer ce produit, ils les commettent plutôt parce qu’ils y ont eu accès et qu’ils n’ont pas su gérer convenablement leur consommation. Un meilleur contrôle social face à cette substance pourrait donc avoir un effet direct sur la criminalité. L’efficacité des campagnes canadiennes contre la conduite en état d’ébriété constitue une preuve éclatante des possibilités de mieux contrôler des comportements socialement inacceptables reliés à l’intoxication.

Une bonne proportion des crimes commis par les usagers de drogues illicites l’est dans le but de satisfaire leur consommation. La répression semble peu affecter ce type de crime si l’on en croit les usagers (voir Brochu, 1995 ainsi que Brochu et Parent, en preparation) si ce n’est qu’indirectement par l’augmentation des prix des drogues qui requiert alors une plus grande implication criminelle. Le but recherché par ces toxicomanes n’est pas tant de s’impliquer dans la criminalité que de calmer leur dépendance. En ce sens, il apparaît important de favoriser les « sorties » de la toxicomanie ou l’accès à un produit moins coûteux. Les programmes de désintoxication, de réadaptation, de substitution ou de prescription de drogues ont fait leur preuve et produisent un impact sur la criminalité beaucoup plus important que la simple judiciarisation des toxicomanes (voir Brochu et Schneeberger, 2000 et 2001).

Enfin, mentionnons que l’analyse de la situation de la prohibition de l’alcool aux États-Unis permet de croire que la légalisation et la mise en marché contrôlée des drogues auraient comme conséquence de réduire drastiquement la criminalité reliée au système actuel de distribution illicite des drogues.    

 

Références

Brochu, S., (1994). Ivresse et violence: désinhibition ou excuse? Déviance et société,18, 431-445. 

Brochu, S. (1995). Drogue et criminalité : une relation complexe. Montréal : Presses de l’Université de Montréal. 

Brochu, S. (1999). Drogue et violence: deux mots surchargés d’émotion. Conférence d’ouverture prononcée par l’auteur dans le cadre du XXVII Colloque de L’association des intervenants en toxicomanie du Québec, Trois-Rivières, 24-27 octobre 

Brochu, S., Cournoyer, L.G., Motiuk, L., Pernanen, K. (1999) Dugs, Alcohol and Crime: Patterns among Canadian Federal Inmates. Bulletin of Narcotic, LI (1-2). 

Brochu, S., Cousineau, M.M., Pernanen, K., Cournoyer, L.G., Motiuk, L., Gillet, M. (sous presse). Les drogues, l'alcool et la criminalité : Profil des détenus fédéraux canadiens. Forum. 

Brochu, S., Parent, I. (en préparation). Cocaïne et crime. Texte inédit. 327 pages. 

Brochu, S., Schneeberger, P. (2000). Le traitement des toxicomanes dans le contexte carcéral: politique et éthique (chapitre 12). In P. Brisson (Ed). L’usage des drogues et la toxicomanie, vol 3. Chicoutimi : Gaetan Morin. 

Brochu, S., Schneeberger, P. (2001). Drogues et délinquance: regard sur les travaux nord-américains. Paris : GDR Psychotropes, Politiques, Société

Faupel, C. (1991). Shooting Dope. Gainesville: University of Florida Press.

Goldstein, P. J. (1985). The Drugs/Violence Nexus: A Tripartite Conceptual Framework. Journal of Drug Issues, 15(4), 493-506.

Groupe d’étude sur l’interdiction des drogues (1995). Rapport sommaire. Ottawa : Service correctionnel du Canada.

Hunt, D. E. (1991). Stealing and Dealing: Cocaine and Property Crimes. NIDA Research Monograph SeriesThe Epidemiology of Cocaine Use and Abuse Vol. 110 (pp. 139-150). Rockville, MD: National Institute on Drug Abuse. 

Pernanen, K., Cousineau, M.M., Brochu, S., Sun, F. (2001). Proportion of Crime Associated with Alcohol and Other Drugs in Canada. Ottawa: Centre canadien de lutte à la toxicomanie. 

Pihl, R. O., & Ross, D. (1987). Research on Alcohol Related Aggression: A Review and Implications for Understanding Aggression. Drugs and Society, 1(4), 105-126. 

Plourde, C., Brochu, S. (accepté pour publication). Drugs in Prison : A Break in the Pathway. Drug Use and Misuse, 37

Zinberg, N. E. (1984). Drug, Set and Setting: The Basis of Controlled Intoxicant Use. New Haven: Yale University Press.


[1] Tableau tiré de Brochu et al., (sous presse)

[2] En d’autres mot, il s’agit de 20% de tous les détenus fédéraux.

[3] Un trafiquant pourra mettre en contact un consommateur qui accumule des dettes avec une opportunité criminelle lucrative.

[4] Cette illustration est tirée de Pernanen et al., (2001)

[5] Tiré de Pernanen et al., (2001).

[6] Ces chiffres représentent probablement une sous-estimation de la consommation réelle de cannabis au Canada : certains usagers révèlent difficilement leur consommation de drogues illicites ; les consommateurs les plus réguliers sont difficilement rejoints par les grands sondages.

[7] Toutes les personnes accusées relativement  aux lois sur les drogues ne sont pas nécessairement des usagers.


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