Table des matières
Cest parce quelles sont dangereuses que les drogues sont illégales
Tendances de la consommation de drogue chez les Canadiens
La drogue et le crime organisé au Canada
Nous ne sommes pas en train de perdre la guerre à la drogue
Enseignements tirés de lexpérience des autres pays
Réduction des préjudices : des messages contradictoires
Prévention : la réduction de la demande
Mai 28, 2001
Renforcer le besoin dune approche équilibrée de la consommation
de drogue au Canada
Les tenants de la légalisation et de la dépénalisation prétendent que les drogues illégales devraient être traitées comme un problème de santé plutôt que comme une question de respect des lois. Pareille attitude suggère à tort quil sagit dapproches équivalentes. En réalité, la Stratégie antidrogue du Canada repose sur léquilibre entre la réduction de lapprovisionnement et la demande. La prévention est considérée comme lapproche la plus économique. On y trouve aussi un accent marqué sur le traitement et la réhabilitation.1
Lhonorable David Kilgour,
Député et secrétaire dÉtat (Amérique latine et Afrique)
LAssociation canadienne des policiers et policières (ACP) se réjouit davoir loccasion de comparaître devant le Comité sénatorial spécial sur les drogues illicites. Incorporée en 1948, lACP est le porte-parole national des quelque 30 000 membres des corps policiers du Canada. Nos membres, qui se répartissent en 12 organismes affiliés, comprennent le personnel des services de police des plus petits villages et villes du Canada tout comme ceux qui uvrent auprès des services de police des plus grandes villes. Notre conseil dadministration se compose dun président et dun vice-président exécutif élus, de vice-présidents de toutes les provinces et de vice-présidents représentant respectivement la police des chemins de fer du CNCP, lAssociation des membres de la GRC et lAssociation des policiers des Premières nations.
LACP est reconnue comme le porte-parole national du personnel policier dans le cadre de la réforme de lappareil canadien de justice pénale. Elle a tenu un rôle de premier plan dans la défense des progrès de la sécurité publique dans des domaines comme :
- les délinquants à risque élevé,
- les mandats de perquisition dADN et la banque nationale de données génétiques,
- la réforme des libérations conditionnelles et de la détermination de la peine,
- la réforme de la Loi sur les jeunes contrevenants,
- lexpulsion des criminels étrangers,
- la simplification du Code criminel,
- la fuite (les poursuites à haute vitesse),
- le crime organisé.
À nen pas douter, les gens peu favorables aux lois et stratégies canadiennes de dissuasion du recours aux drogues illégales tenteront de marginaliser la participation de lACP aux présents débats en laissant entendre que son apport est, en quelque sorte, lié à un désir dappuyer lattribution de ressources policières aux programmes antidrogue, mais nous nous proposons de démontrer dans le présent mémoire que ce nest pas le cas.
En leur qualité de professionnels respectés responsables de lobservation de la loi et de la prévention du crime dans leurs collectivités, les policiers canadiens, qui sont aux premières lignes, confèrent une perspective exclusive et importante à la question de lusage des drogues illégales au Canada et de ses effets sur la sécurité collective. Les policiers ne sont pas que des agents officiels du respect de lordre : ils prennent un intérêt actif au bien-être de leur collectivité avant et après les heures de travail en tant que parents, bénévoles, entraîneurs, grandes surs et grands frères et chefs de file dans leur milieu.
Les policiers sont motivés par un désir marqué :
- daméliorer la sécurité et la qualité de la vie des habitants des collectivités canadiennes;
- de faire partager leur expérience précieuse du travail aux premières lignes;
- de promouvoir des politiques dintérêt public reflétant les besoins et attentes des Canadiens respectueux de lordre public;
- de faire en sorte que les enfants et les jeunes du Canada soient protégés du danger et de la destruction qui sassocient à la consommation des drogues illégales.
Lors de plusieurs assemblées générales annuelles de lACP, les délégués nationaux ont adopté à lunanimité des résolutions appuyant une approche équilibrée du contrôle des drogues illégales au Canada. Nous démontrerons, dans les pages qui suivent, que le Canada doit résister aux tentations que lui tend le lobby habile des drogues. En dépit de leur imperfection, les stratégies actuelles se sont révélées efficaces dans le contrôle de la propagation des drogues au pays. Nous montrerons que la stratégie à long terme la plus efficace consiste à renforcer lapproche équilibrée de réduction de loffre et de la demande tout en conservant des possibilités de réadaptation et de traitement.
Résolution relative à la réforme de lappareil judiciaire
Application des lois sur les drogues illégales2
Attendu |
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Il est résolu |
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Cest parce quelles sont dangereuses que les drogues sont illégales
Les drogues ne sont pas dangereuses du fait de leur illégalité : elles sont illégales en raison des dangers quelles posent. Le concept des drogues douces et des drogues dures est dénué de fondement et il nexiste pas de critères de différenciation de ces définitions. Les gens qui utilisent ces expressions ne saisissent pas la vraie nature de la drogue ou cherchent à adoucir les attitudes envers la consommation de certains stupéfiants. Dune façon générale, la marijuana (cannabis) et ses dérivés sont ainsi décrits pour les distancier des préjudices connus associés aux autres drogues illicites. Cette approche, en dépit de ses dangers, fonctionne et contribue à lincompréhension, à la désinformation et à laccroissement de la tolérance envers la consommation de marijuana.
La marijuana est une drogue puissante aux effets variés. Ses consommateurs sont sujets à toute une gamme de conséquences néfastes pour leur santé :
- lésions respiratoires,
- réduction de la coordination,
- préjudices à la grossesse et au développement postnatal,
- réduction de la mémoire et des fonctions cognitives,
- effets psychiatriques.
La consommation de marijuana est associée à la médiocrité au travail et en classe de même quaux problèmes dapprentissage chez les jeunes. Elle est internationalement reconnue comme drogue dintroduction. Ses facteurs de risque dassuétude sont comparables à ceux des autres formes de toxicomanie et largement supérieurs à ceux de lalcool.
La conduite automobile dans létat de stupeur que provoque la drogue réduit le jugement et la coordination motrice. Dans une étude portant sur des pilotes davion, dix pilotes brevetés, vingt-quatre heures après avoir fumé un joint contenant 19 mg de THC, soit une dose relativement légère, se sont soumis à des tests en simulateur : tous les dix ont fait des erreurs à latterrissage et lun dentre eux est passé complètement à côté de la piste.
La communauté internationale en est venue à un consensus visant à placer la marijuana, tout comme les autres intoxicants, sous contrôle. Cette décision repose sur des preuves de sa nocivité pour la santé humaine et de son potentiel de création dune dépendance.
Tendances de la consommation de drogue des Canadiens
Le déclin de la perception du risque propre à la consommation de drogue ainsi que de la désapprobation de la société envers cette consommation, de concert avec laugmentation de la disponibilité perçue des drogues, se sont soldés par des taux accrus de consommation chez les étudiants du secondaire. Un accroissement de la dépendance et des problèmes de toxicomanie est aussi signalé chez les jeunes gens.
La marijuana demeure la drogue la plus consommée au Canada. La consommation dalcool, bien quelle soit plus courante, présente beaucoup moins de cas de consommation problématique et de consommation fréquente que les drogues. Les étudiants qui recourent à la drogue courent un plus grand risque den consommer de façon itérative et fréquente et den faire en peu de temps un aspect important de leur vie. Il est beaucoup plus probable que ces jeunes se présenteront en classe intoxiqués, participeront à des sports dans cet état et consommeront de la drogue dès le matin.
La drogue et le crime organisé
Le lien entre le crime organisé et le commerce clandestin de la drogue au Canada et ailleurs est indéniable. Le Canada a une réputation internationale de consommateur et dimportant fournisseur de marijuana et de méthamphétamine aux États-Unis. Un cannabis canadien dont la puissance va croissant et dont la teneur en THC est élevée vient de faire son apparition sur le marché noir.
Le trafic de la drogue poursuit sa montée au Canada. En plus du cannabis et de la cocaïne introduits en contrebande depuis des pays comme le Mexique, il sest également produit une hausse de la quantité dhéroïne ainsi introduite au Canada.
Le crime organisé, qui nest pas souvent contrarié, prospère et ses membres se font de plus en plus crâneurs. Au Québec, 150 personnes, dont un enfant et deux gardiens de prison, ont été assassinées par des gangsters. Le journaliste Michel Auger a subi six blessures par balle lors dune tentative de meurtre, des fermiers ayant refusé de cultiver du cannabis et des politiciens ayant mis au jour des activités criminelles ont reçu des menaces. Les manuvres de violence et dintimidation se sont répandues dans tout le Canada, notamment les actes de violence et les menaces envers les enquêteurs et les autres membres de lappareil judiciaire.
Nous ne sommes pas en train de perdre la guerre à la drogue
Nous ny participons pas et ny avons jamais participé.
Daprès les statistiques, moins dune accusation en rapport avec la drogue est portée par policier canadien chaque année. Alors que les efforts dapplication de la loi saxent sur la production, le trafic et limportation de drogue, les accusations de possession simple sont ordinairement portées par suite denquêtes sur dautres délits. Les policiers et les membres de lappareil judiciaire sen remettent souvent, dans le cadre législatif existant, à des moyens substitutifs dans le cas des jeunes contrevenants, de délinquants primaires et des infractions comme la possession simple.
Les effets des efforts des organismes canadiens dobservation de la loi sont réduits par lappareil judiciaire. Les coupables de crimes graves, comme les trafiquants, les importateurs et les producteurs de drogue, ne reçoivent que des sanctions légères, ou pas de sanctions du tout, et il est difficile de les décourager de reprendre leurs activités illicites.
Les corps policiers font face depuis dix ans à des contraintes financières et leurs efforts sont limités en conséquence. La tolérance perçue des chefs de file de la collectivité, à linclusion de députés, de sénateurs, déditorialistes et même de certains chefs de police, envers la consommation de drogue contribue à lélévation des seuils propres aux enquêtes, arrestations, poursuites, condamnations et sentences. En bout de ligne, lefficacité des programmes dapplication de la loi et des stratégies de prévention des toxicomanies sera proportionnelle aux ressources et à la détermination que nous y mettrons.
Enseignements tirés de lexpérience des autres pays
Les preuves que les expériences de libéralisation de divers pays ont eu des conséquences néfastes sont accablantes. Dans bien des pays dEurope de lOuest, la dépénalisation de la possession de petites quantités de cannabis pour usage personnel a eu lieu ou a été mise en uvre par voie dusage.
Létude de ces expériences indique nettement que des politiques laxistes avivent le désir et la consommation de drogues illicites. Il ny a pas à sétonner de constater que la tolérance envers la consommation de drogues a eu un effet directement proportionnel de hausse de loffre et de la demande. La disponibilité des drogues a augmenté en Europe. Dans plusieurs pays, la prévalence et la hausse de la disponibilité de stimulants de type amphétamine ne cèdent le pas quà lintoxication au cannabis. Dans les pays qui ont adopté des politiques larges envers la consommation, les crimes violents et les activités criminelles organisées ont augmenté en proportion du commerce de la drogue.
Les pays où il y a eu dépénalisation montrent le taux le plus élevé de consommation de drogue et de mort par surdose dEurope. La Suède, à linverse, qui a opté pour une politique de refus social et dinterdiction des drogues, a lincidence de toxicomanie la plus faible de lUnion européenne.
Ses expériences de politiques laxistes des années 1960 et 1970 ayant échoué, la Suède a conclu que labus de drogues était relié à loffre et à la demande. Selon les autorités suédoises, si les drogues sont faciles daccès et que la société ferme les yeux, le nombre de personnes qui en font lessai augmente. Quand les drogues sont difficiles à trouver et quil existe un danger darrestation, ce nombre diminue.
LAlaska constitue un autre exemple de léchec de la libéralisation. De 1980 à 1990, la consommation et la possession de haschisch ne constituaient pas là-bas une infraction criminelle. Au cours de cette période, lintoxication au haschisch, particulièrement parmi les adolescents, a monté en flèche. En 1988, la proportion des fumeurs adolescents de haschisch alaskiens représentait le double de celle des autres États américains. En 1990, la mesure de dépénalisation a été abrogée par référendum.
La réduction des préjudices, qui est devenue le point central des stratégies dEurope de lOuest en matière de drogues, a débordé dans dautre pays. À linsu de la majorité de ses citoyens, le Canada est aussi passé de mesures visant lélimination de la drogue à lapproche de réduction des préjudices. Ce mouvement sest fait sans bruit et avec le temps, les Canadiens, pour la plupart, nétant que peu intervenus, ou pas du tout. LACP se préoccupe vivement de messages contradictoires et propices à la confusion que reçoivent les jeunes, eux qui sont les cibles premières des trafiquants.
La prévention par la réduction de la demande
Les gouvernements jouent un rôle critique et légitime dans létablissement de lois et de politiques définissant les normes comportementales et les valeurs de la société. Des mesures législatives et dapplication de la loi sont nécessaires aux stratégies proactives de dissuasion des comportements qui placent les gens dans des situations dangereuses.
Le succès des mesures législatives sur le port de la ceinture de sécurité indique que les stratégies législatives sont efficaces dans lappui au changement de comportement. Avant que de telles lois nentrent en vigueur au Canada, seulement un total estimé de 15 % à 30 % des Canadiens bouclaient leur ceinture. De nos jours, plus de 90 % dentre eux le font. Ces résultats illustrent linfluence que peuvent exercer des mesures législatives externes au secteur de la santé sur la santé des Canadiens.
La crainte dêtre arrêté et de subir de lourdes conséquences constitue également un élément intégral des stratégies fructueuses de réduction de la conduite avec facultés affaiblies au Canada. Bien que la lutte en vue de lélimination de la conduite sous linfluence de lalcool puisse ne pas être promise à une victoire totale, il ne subsiste aucun doute quant au fait que ces stratégies soient parvenues à modifier les comportements et à réduire les risques.
Des exemples dinitiatives comparables damélioration de la sécurité publique comprennent les lois régissant le port du casque de sécurité à bicyclette et en motocyclette, les arrêts complets en présence dautobus scolaires et la sécurité nautique. Le succès est déterminé par le niveau dengagement soutenu envers les programmes combinant la conscientisation de la population, léducation du public, les dispositions législatives et les mesures dapplication de la loi.
Les coûts de la dépénalisation seront astronomiques
Les statistiques canadiennes montrent clairement que ce que le Canada dépense en contrôle de lalcool et du tabac représente plus de treize fois son investissement dans le contrôle des drogues. Lapplication des lois sur les crimes relatifs à lalcool sélève à trois fois la facture des lois sur les drogues. Les coûts directs en soins de santé relatifs à lalcool et à la cigarette sont cinquante fois plus élevés que ceux des drogues illicites. Les coûts de lapplication des lois sur les drogues, à linclusion des tribunaux, du système correctionnel et de la protection des frontières, ne représentent que 2 % des coûts totaux relatifs à lalcool, au tabac et aux drogues illicites au Canada.
La principale raison de cet état de fait se constitue simplement dun usage moins répandu. Comme la dépénalisation et le laxisme feront sensiblement augmenter la consommation et labus, les coûts en soins de santé, en prévention, en perte de production et en mesures dapplication augmenteront proportionnellement.
Une stratégie équilibrée de contrôle des drogues néliminera pas entièrement la consommation, mais elle sera économique et profitable à la société car elle recourra à la dissuasion de la consommation et affectera les ressources disponibles à la prévention, au traitement et à la réadaptation du petit pourcentage de la population qui en a le plus besoin.
LACP soppose à la dépénalisation.
Il existe un corpus imposant dindications prouvant que les tenants de la dépénalisation cherchent à « normaliser » la consommation de stupéfiants par la promotion de programmes comme la réduction des préjudices de préférence aux stratégies de réduction de loffre et de la demande. Pourtant, lapproche équilibrée du Canada envers la consommation de drogues continue davoir des effets positifs dimportance. Il ne faut pas perdre de vue le fait que, dans leur très grande majorité, les Canadiens nont jamais consommé de drogues illégales dans toute leur existence.
Hélas, ce sont les membres les plus jeunes et les plus vulnérables de la société qui courent le plus de risques. Les membres dorganisations criminelles continuent de viser les jeunes comme principal marché pour la vente des drogues illégales au Canada.
Le Bureau du contrôle des drogues et de la prévention du crime des Nations Unies a fait lors du Sommet international sur le contrôle de la drogue, en février 2000, un exposé sur les stimulants de la famille de lamphétamine, offrant une approche de prévention à quatre volets :
- Hausse de la conscientisation
- Réduction de la demande
- Fourniture dinformation exacte
- Restriction de lapprovisionnement
- Renforcement des contrôles
La réduction de la demande est au cur de la prévention. Si lon laisse entendre aux jeunes gens que la consommation de cannabis est inoffensive ou peut être sécuritaire, alors même quune abondante documentation scientifique prouve le contraire, on manque de cohérence. Le traitement et la réadaptation devraient être accessibles à ceux qui souffrent dassuétude.
LACP sopposera vigoureusement aux efforts de dépénalisation de la possession de drogue. Les seules instances où la possession sera admise seront les cas dordonnances légitimes à des fins médicales.
Il est temps pour les meneurs de la société de sengager dans le débat, pour les figures de proue de la collectivité doffrir des modèles positifs aux jeunes, daugmenter la conscientisation de la population quant aux préjudices que cause la consommation de stupéfiantes et de mettre un terme à lérosion de lopinion publique consécutive à la désinformation et à lintérêt personnel. Nous nous devons de renforcer notre approche équilibrée de compréhension des conséquences lourdes et proportionnelles des crimes graves, combinée à des mesures de renforcement des comportements souhaitables chez les jeunes gens.
Cest parce quelles sont dangereuses que les drogues sont illégales
Selon les scientifiques, le terme drogue désigne toute substance, autre que les aliments, qui est absorbée pour modifier la façon dont le corps ou lesprit fonctionne.3
Santé Canada
Les drogues ne sont pas dangereuses du fait de leur illégalité : cest parce quelles sont dangereuses quelles sont illégales. Le concept des « drogues douces » et des « drogues dures » na pas de fondement et il nexiste pas de critères véritables permettant de différencier ces désignations. La marijuana est une drogue puissante dont les effets sont variés. Les gens qui parlent de drogues dures ou douces ne saisissent généralement pas la vraie nature des drogues ou alors, ils cherchent à tiédir les attitudes envers lusage de certaines drogues illégales. De façon générale, la marijuana (cannabis) et ses dérivés sont décrits dans un tel contexte afin de les distancier du tort reconnu associé aux autres drogues illégales. Cette approche, avec les risques quelle comporte, trouve un auditoire et contribue à la désinformation, à lincompréhension et à la tolérance croissante accordée à la consommation de marijuana.
Daprès un rapport de Santé Canada :4
La concentration et la mémoire à court terme sont nettement affaiblies et la perception sensorielle semble sintensifier : les couleurs sont plus vives, les sons plus distincts et le sens du temps et de lespace se trouble. Lappétit augmente, particulièrement lenvie de sucre. Certaines personnes se retirent ou ont un sentiment de peur, danxiété, de dépression; quelques-unes vont jusquà la panique, à la terreur ou à la paranoïa, particulièrement quand elles ont absorbé une forte dose. Chez certaines personnes, labsorption de fortes doses mène à des hallucinations et les symptômes saggravent chez celles qui souffrent de désordres psychiatriques, particulièrement de schizophrénie.
La fumée (de marijuana) endommage le système respiratoire : un seul joint de marijuana produit beaucoup plus de goudron quune cigarette forte. Le goudron contenu dans la fumée de cannabis contient des quantités plus grandes de substances cancérogènes que le goudron de la fumée du tabac. Des études laissent entendre que des retards de développement peuvent se produire chez les enfants dont la mère a fait une importante consommation de drogues pendant la grossesse.
Le rapport indique également que :
Le THC, le principe actif (du cannabis) a été détecté dans les corps de nombreux conducteurs et piétons mortellement blessés au Canada et aux États-Unis.
Selon la Drug Identification Bible5, les effets physiques les plus courants de la consommation de marijuana sont les suivants :
- accélération du rythme cardiaque pendant 10 à 30 minutes après lingestion; le rythme augmente ordinairement de 30 % à 50 % de la normale;
- hausse modérée de la tension artérielle;
- rougeur des yeux, un effet que peut réduire ou éliminer le recours aux gouttes ophtalmologiques;
- légère baisse de la température corporelle;
- sécheresse de la bouche et de la gorge; des cloques et un film épais, blanchâtre ou verdâtre, peuvent apparaître sur la langue et le fond de la gorge si la marijuana a été absorbée par inhalation.
Les effets subjectifs et psychologiques de la marijuana peuvent varier beaucoup dune personne à lautre ou même dune utilisation à lautre par la même personne. Le degré et lintensité du « high » psychologique relève de la dose : plus on ingère de THC, plus le « high » est prononcé et varié. Dans le cas de linhalation, le « high » psychologique atteint son summum en 15 à 45 minutes et dure de deux à six heures, selon la personne et la dose. Quand le THC sert dingrédient dans un aliment, le « high » est atteint de une à quatre heures plus tard et peut durer jusquà six heures.
La réaction à lingestion de marijuana dépend de la personne et de la dose, mais les effets les plus courants demeurent :
- un agréable sentiment de bien-être et deuphorie;
- une impression de relaxation qui se traduit souvent par une réduction de lactivité physique;
- de rapides changements dhumeur, passant dune sociabilité très bavarde à des rires et à un silence contemplatif;
- un accroissement de la perception sensorielle de la vue, de lolfaction, du goût et de louïe et une distorsion du sens du temps;
- dans certains cas, une panique ou une anxiété soudaine;
- une réduction de la capacité de concentration,
- une faiblesse de la mémoire récente.
Certains consommateurs vivent de légères expériences hallucinatoires ou psychédéliques.
Lintoxication à la marijuana réduit manifestement le jugement et la coordination motrice. Les personnes sous son influence ont de la difficulté à suivre un stimulus mouvant et à y donner la réponse motrice appropriée. Cet état dure de quatre à huit heures, longtemps après la disparition de la sensation dintoxication et peut donner à lutilisateur un faux sentiment de sécurité sur sa capacité de conduire un véhicule motorisé ou de faire fonctionner un autre type de machine.
La National Highway Traffic Safety Administration américaine a financé une étude menée par lUniversité de Maastricht (Hollande) sur les effets quont sur la conduite automobile le THC seul, lalcool seul et la combinaison de lalcool et du THC. Le rapport détude offre les conclusions suivantes :
- une inhalation de marijuana produisant une dose basse à modérée de THC de 100 à 200 ug/kg réduit la capacité dobserver la route et de suivre les autres voitures;
- les effets dépendent des doses et persistent, ou parfois augmentent, pendant une période de deux heures et demie après lingestion;
- bien que la réduction de la capacité de conduite attribuable au THC ne soit pas nécessairement grande, elle peut avoir des conséquences graves dans des situations routières inhabituelles; toute combinaison de THC et dalcool a le potentiel daffecter gravement la performance au volant.
[ ] Lintoxication à la marijuana peut causer un certain nombre de problèmes dapprentissage, particulièrement chez les personnes jeunes. Le pouvoir de concentration diminue et il se produit souvent une perte de mémoire à court terme. La période dattention du consommateur sabrège et il a de la difficulté à résoudre des problèmes et à former des concepts.
La Drug Identification Bible résume ainsi les résultats dune étude portant sur les pilotes davions :6
Dans le cadre dune étude où des avions étaient utilisés, on a donné à dix pilotes brevetés un joint de marijuana contenant 19 mg de THC, soit une quantité relativement modeste. Vingt-quatre heures après avoir fumé le joint, les pilotes ont subi des tests dans un simulateur de vol. Tous les dix ont commis des erreurs à latterrissage et lun dentre eux a complètement raté la piste. Des résultats comparables ont été signalés dans un autre test auquel participaient neuf pilotes. Dans ce cas, chacun a reçu un joint contenant 20 mg de THC et a été mis à lépreuve dans un simulateur vingt-quatre heures après la consommation. Sept des neuf pilotes ont exhibé un certain degré de déficience. Un seul dentre eux se rendait compte du fait quun joint fumé vingt-quatre heures plus tôt influait encore sur son rendement. Ces tests et dautres essais similaires indiquent que la marijuana peut nuire à la capacité dune personne de faire fonctionner un véhicule moteur longtemps après que les effets de la drogue se sont évanouis.
Selon le Centre canadien de lutte contre lalcoolisme et les toxicomanies :7
Il ny a guère lieu de douter des effets néfastes de la consommation de cannabis sur la santé publique et la sécurité des Canadiens. La santé des consommateurs de cannabis est affectée négativement de diverses façons, que nous résumons plus loin, et la consommation de cannabis est liée à la médiocrité du travail et du rendement scolaire. Bien que les preuves faisant du cannabis un facteur causal dans les crimes violents ou les crimes dacquisition soient minces, il figure parmi les causes dun nombre petit mais réel daccidents routiers. Qui plus est, des études nationales et provinciales récentes indiquent que lusage du cannabis est en hausse chez les jeunes.
Le rapport aborde les conséquences de la consommation de cannabis :8
Il circule en ce moment une quantité appréciable de fausse information sur les conséquences physiologiques de la consommation de cannabis. Même si lusage occasionnel na souvent que peu, voire pas, deffets négatifs subjectifs sur lutilisateur, il est faux de croire quil sagit dune drogue inoffensive. Aucun doute ne subsiste sur les conséquences négatives qua sa consommation massive sur la santé. Les plus importants de ces effets figurent ci-dessous.
Détérioration du système respiratoire
La fumée de la marijuana, si on la compare à la fumée du tabac, contient des concentrations plus élevées des éléments constitutifs du goudron, sa température est supérieure quand elle vient en contact avec les poumons et, d'ordinaire, elle est inhalée plus profondément et gardée dans les poumons plus longtemps. La recherche a démontré lexistence dun lien entre lusage intensif chronique de la marijuana et une dégradation du système respiratoire comparable à celle que cause le tabac. Les effets respiratoires néfastes du cannabis sont, bien sûr, reliés à linhalation comme mode dingestion et ne se produisent pas quand le cannabis est avalé ou autrement absorbé.
Lhabitude à long terme de fumer de la marijuana est associée à une lésion épithéliale de la trachée et des bronches souches ainsi quà des altérations des cellules de transmission de la réponse immunologique des poumons, soit des modifications qui prédisposent les poumons aux lésions et à linfection. La consommation intense et habituelle a été reliée à la bronchite. Bien quaucun lien nait été fermement établi entre linhalation de la marijuana et le cancer, on a signalé des cas de cancer de la voie aérodigestive chez les jeunes adultes ayant un historique de consommation. Ces cas sont dautant plus importants que de telles tumeurs se manifestent rarement chez les gens de moins de 60 ans.
Coordination physique
Le cannabis porte atteinte à la coordination, ce qui entraîne un risque de blessure et de décès dans diverses circonstances ou par suite de conduite avec facultés affaiblies. Les études nord-américaines déchantillons sanguins de conducteurs impliqués dans des accidents de voiture indiquent de façon uniforme quun résultat positif à la détection du THC, le principal composé psychotrope du cannabis, ne cède le pas quà lalcool. Les niveaux sanguins de THC, néanmoins, ne démontrent pas nécessairement que le conducteur était en état dintoxication au moment de laccident. Dautre part, plusieurs conducteurs dont les tests sanguins ont révélé la présence de cannabis étaient aussi sous linfluence de lalcool.
Grossesse et développement postnatal
La consommation de cannabis par une femme enceinte peut avoir des effets sur le ftus. Cette consommation a été liée à un abrègement de la gestation et à un poids moindre du nouveau-né. Les conséquences postnatales à plus long terme de la consommation maternelle de cannabis semblent subtiles. Des recherches récentes ont permis de croire que lexposition au cannabis in utero peut nuire au développement mental de lenfant quelques années plus tard. Pendant les trois premières années de vie, par exemple, il semble ny avoir pas de conséquences à la consommation. Vers quatre ans, les enfants de consommatrices habituelles de cannabis donnent des signes dune mémoire et dune capacité verbale moindres et, à lâge scolaire, ces déficiences se compliquent dun niveau dattention inférieur et dune impulsivité supérieure chez les enfants des utilisatrices les plus sérieuses.
Mémoire et cognition
Les effets du cannabis sur la mémoire semblent varier et peuvent dépendre du test utilisé. Globalement, ils semblent modestes. Cela dit, il nest pas encore possible de savoir si la consommation chronique produit de graves déficits mémoriels, particulièrement quand cette consommation a lieu pendant le développement. Des études menées il y a quelques décennies sur des consommateurs adultes de cannabis laissent entendre quil na que peu deffet sur la fonction cognitive. Des recherches plus récentes démontrent que la consommation à long terme produit des lacunes dans la capacité dorganiser et dintégrer linformation complexe et que cela peut provenir de dégradations de la mémoire ou de lattention.
Effets psychiatriques
La consommation de cannabis a été liée à un certain nombre deffets psychiatriques, le plus important de ceux-ci étant le syndrome dassuétude au cannabis. Les personnes accoutumées au cannabis persistent à en consommer en dépit de ses conséquences néfastes sur leur santé physique, sociale et psychologique. La perte du contrôle comportemental propre à la dépendance, tout comme les déficits cognitifs et motivationnels connexes, peuvent nuire à la productivité au travail ou en classe. Le risque de dépendance croît avec lusage : on a signalé quentre un tiers et la moitié des personnes qui consomment chaque jour du cannabis pendant de longues périodes sy accoutument.
Dautres désordres psychiatriques ont été liés au cannabis. Il existe un lien clair entre la consommation de cannabis et la schizophrénie, mais on ne sait pas encore en quoi la consommation précipite la maladie, ni si lassociation relevée indique une augmentation de lutilisation de drogues, dont le cannabis, en conséquence de la schizophrénie. Des observations cliniques ont dautre part identifié une gamme de soi-disant « psychoses du cannabis » à la suite dune consommation intensive. Ces symptômes sestompent après quelques jours dabstinence. Plus la teneur en THC est élevée, plus il y a risque de complications dordre psychiatrique. Ces désordres demeurent mal définis et on ne sait trop sils diffèrent des effets de doses massives de la drogue. Certains de ces cas peuvent se produire si des problèmes psychotiques préexistants sont mis à jour par la consommation. On a aussi fait référence à lexistence dun syndrome amotivationnel résultant dun long usage du cannabis. Bien quil existe des indications raisonnables selon lesquelles la consommation de cannabis touche la motivation, la production dun syndrome à symptômes identifiables dépassant la période dusage et de retrait reste à démontrer. La question peut avoir été obscurcie par des études sur les effets de la consommation de cannabis sur le rendement scolaire dadolescents au cours desquelles des sujets très susceptibles de recourir à la drogue ont peut-être montré une motivation moindre à réussir leurs études.
Autres effets négatifs sur la santé
La recherche a démontré que le cannabis peut aussi toucher la production hormonale et modifier le système immunitaire et la fonction cardiovasculaire. Les implications de ces constatations pour la santé humaine ne sont pas claires à lheure actuelle.
Dans un rapport de 1999 évaluant lassise scientifique du recours à la marijuana à des fins médicales, les préjudices associés à son usage excessif font lobjet dun passage qui vient appuyer la constatation voulant que les drogues définies, au sens de la chimie, comme des cannabinoïdes, soient préférées pour lusage médical, par opposition à la marijuana inhalée :9
- La marijuana nest pas une substance entièrement inoffensive. Cest une drogue puissante dont les effets sont variés.
- Du point de vue dune éventuelle utilisation médicale, les effets nocifs de la marijuana sur les gens ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux de lusage abusif de la drogue.
- Pour la plupart des gens, les conséquences négatives de la consommation intensive de marijuana se constituent dune réduction du fonctionnement psychomoteur. Il est donc déconseillé dutiliser un véhicule ou une machine potentiellement dangereuse quand on se trouve sous linfluence de la marijuana, du THC ou de toute drogue cannabinoïde à effets comparables.
- Les effets chroniques de la marijuana ont plus dimportance au sens de lusage médical et sinsèrent dans deux catégories : les effets de lhabitude de fumer et les effets du THC. Linhalation de marijuana est associée à des anomalies des cellules qui tapissent les voies respiratoires humaines. La fumée de marijuana, tout comme celle du tabac, est associée à une augmentation du risque de cancer, à des lésions pulmonaires et à la faiblesse des nouveau-nés. Bien que des études cellulaires, génétiques et humaines laissent toutes deviner que la fumée de marijuana constitue un facteur de risque important dans le développement des cancers respiratoires, il faut attendre les résultats détudes bien structurées pour avoir la preuve que linhalation habituelle de la fumée de marijuana constitue une cause de cancer.
- La dépendance envers les effets psychoactifs du THC est une deuxième préoccupation associée à la consommation chronique de marijuana. Peu dutilisateurs de marijuana développent une dépendance, mais leur nombre nest pas de zéro. Les facteurs de risque de lassuétude à la marijuana sont semblables à ceux des autres formes dabus dintoxicants. Entre autres choses, les désordres quexpriment un comportement et une personnalité antisociaux sont associés de près à labus dintoxicants.
Selon une étude américaine, le nombre de cas appelant des soins en salle durgence dans 488 hôpitaux soumettant des statistiques a augmenté de 455 % de 1990 à 1999 :10
Certaines autorités maintiennent que la toxicomanie est lune des principales raisons pour lesquelles les visites aux salles durgence sont passées de 15 706 en 1990 à 87 150 en 1999.
Les gens qui défendent la légalisation de la marijuana persistent à nier le lien manifeste qui existe entre la marijuana et les autres drogues illégales. La marijuana est connue partout au monde comme la « drogue dintroduction » des jeunes gens à lusage et à labus de drogues.
Les modèles de progression de la consommation de drogue de ladolescence à lâge adulte sont remarquablement stables. On ne sétonnera pas que la marijuana, la drogue illicite la plus largement consommée, soit la première drogue illégale rencontrée. La plupart des utilisateurs de drogues illégales ont dabord essayé la marijuana. De fait, la plupart des consommateurs de drogue font précéder la marijuana de lalcool et de la nicotine ordinairement avant lâge de la majorité.11
Les autorités internationales ont reconnu le danger du recours à la marijuana lors de leurs travaux de formulation des politiques, conventions et traités sur le contrôle des drogues. Selon le rapport de 19999 de lOrgane international de contrôle des stupéfiants :12
La communauté internationale, par consensus, a mis sous contrôle international le cannabis, tout comme dautres substances. Cette décision reposait sur des preuves de sa nocivité pour la santé humaine et de sa capacité de créer une dépendance. Labus de cannabis ne devrait daucune façon être considéré comme inoffensif ni inévitable. Les gouvernements doivent continuer dinsister sur les dangers de la consommation abusive de cannabis dans le contexte de leurs activités de réduction de la demande de drogues illégales et ils ne doivent pas permettre que sinstallent des attitudes permissives envers cet abus, particulièrement maintenant quun cannabis de puissance croissante, dont la teneur en THC est élevée, fait son apparition sur le marché noir.
Tendances de la consommation de drogue chez les Canadiens
Le déclin de la perception du risque de préjudice propre à la consommation de drogue ainsi que de la désapprobation morale de la consommation de drogue, couplé à laugmentation de la disponibilité perçue des drogues, ont mené à une hausse des taux de consommation parmi les étudiants de niveau secondaire13. Un étudiant du secondaire sur trois, en Ontario, indique avoir utilisé une substance illégale au cours des 12 mois précédents.14
La consommation dalcool continue de dépasser celle des drogues illégales, mais la marijuana demeure la drogue illégale la plus utilisée au Canada15. Même si lalcool est de consommation plus courante, sa consommation problématique et fréquente se rencontre moins souvent que dans le cas des drogues illégales. Les étudiants qui utilisent des drogues sont enclins à y recourir à répétition, plus fréquemment et à en faire rapidement un aspect important de leur vie. Ils risquent davantage de se présenter en classe intoxiqués, de sadonner dans cet état à des sports et de se droguer le matin.16
Parmi les problèmes auxquels font face les adolescents canadiens, lusage excessif de drogue et dalcool forment le problème numéro un (71 % des jeunes interrogés), relativement aux questions dordre sexuel (60 %), destime de soi (51 %), aux difficultés scolaires (49 %) et aux problèmes de violence et dintimidation (49 %).17
LInstitut de recherche sociale de lUniversité York administre lOntario Student Drug Use Survey18 pour le compte du Centre de toxicomanie et de santé mentale de la Fondation de la recherche sur la toxicomanie de lOntario. Il sagit de létude continue sur la consommation de drogue des adolescents la plus ancienne au Canada. Le sondage de 1999 a permis de relever un certain nombre de sujets de graves préoccupations :
- Le nombre de drogues consommées a augmenté : en 1999, 17,4 % des étudiants utilisaient quatre drogues ou plus, relativement à 13,4% en 1997. De même, un nombre moindre détudiants (26,8 %) ne consommaient aucune drogue relativement à 1997 (34,3 %).
- Après le long déclin des années 1980, les années 1990 ont connu un retour de la consommation de drogue chez les adolescents. Depuis 1993, les substances suivantes ont montré des hausses soutenues :
Alcool |
de 56,5 % à 65,7 % |
Consommation épisodique abusive dalcool |
de 17,7 % à 28,2 % |
Cigarettes |
de 23,8 % à 28,3 % |
Cannabis |
de 12,7 % à 29,2 % |
MDA (Ecstasy) |
de 0,6 % à 4,8 % |
PCP |
de 0,6 % à 3,2 % |
Hallucinogènes |
de 3,1 % à 13,6 % |
Cocaïne |
de 1,5 % à 4,1 % |
Étudiants consommant quatre drogues ou plus |
de 8,0 % à 17,4 % |
Inversement, le pourcentage détudiants ne consommant aucune drogue a baissé | de 36,3 % à 26,8 % |
- Plus détudiants ont indiqué en 1999 quen 1997 être incapables de cesser de consommer des drogues (6,5 % c. 2,9 %).
- En dépit des hausses récentes, ce ne sont pas tous les étudiants qui consomment de la drogue. Un quart dentre eux (25%) nen a utilisé aucune (pas même lalcool ni le tabac) au cours de la dernière année et un autre quart (24 %) a limité sa consommation à lalcool ou au tabac. Un peu plus dun étudiant sur trois (38 %) signale avoir consommé une substance illégale au cours des 12 derniers mois.
- Parmi les consommateurs dalcool et de cannabis, il ne sest pas produit de changement notable dans le pourcentage de nouveaux consommateurs entre 1997 et 1999. Cela dit, parmi les fumeurs de cigarettes, on a noté entre 1997 et 1999 une chute importante du pourcentage des jeunes ayant signalé leur première consommation dans les 12 mois précédents (de 27,1 % à 20,3 %).
- 57,2 % de tous les consommateurs de cannabis montrent au moins trois indices de dépendance.
- Environ deux fois plus de consommateurs de cannabis présentent en 1999, par comparaison à 1997, une consommation incontrôlée et dautres indices de dépendance (10,6 % c. 5,5 %).
- Plus détudiants ont signalé en 1999 quen 1997 leur incapacité à cesser de consommer des drogues (6,5 % c. 2,9 %)
Consommation de drogue des étudiants ontariens au cours de
lannée
précédente selon le sexe et lannée scolaire 1999 19
(en pourcentage)
Drogue | Total |
M |
F |
7 |
8 |
9 |
10 |
11 |
12 |
13 |
Alcool | 67,5 |
70,7 |
64,2 |
39,7 |
53,7 |
63,1 |
74,9 |
82,0 |
84,6 |
83,0 |
Cannabis | 29,3 |
33,5 |
25,1 |
3,6 |
14,9 |
25,5 |
36,4 |
48,1 |
39,4 |
43,3 |
Cigarettes | 29,2 |
29,8 |
28,6 |
7,4 |
17,8 |
27,8 |
37,4 |
41,7 |
38,6 |
38,0 |
Hallucinogènes | 13,8 |
16,2 |
11,4 |
0,9 |
6,7 |
10,2 |
19,3 |
22,7 |
18,1 |
24,7 |
Barbituriques M | 12,3 |
12,6 |
12,0 |
11,1 |
13,9 |
11,1 |
13,7 |
13,6 |
12,5 |
9,4 |
Stimulants NM | 7,8 |
6,1 |
9,5 |
1,8 |
6,3 |
6,9 |
8,4 |
10,7 |
10,0 |
12,8 |
Solvants | 7,1 |
6,1 |
8,1 |
12,1 |
11,2 |
8,4 |
4,6 |
4,9 |
3,9 |
1,4 |
LSD | 6,8 |
8,0 |
5,5 |
1,2 |
3,9 |
6,8 |
10,4 |
10,7 |
7,8 |
6,9 |
Stimulants M | 6,8 |
7,4 |
6,2 |
4,7 |
6,3 |
6,9 |
7,8 |
8,8 |
7,5 |
4,3 |
Méthamphétamine | 5,3 |
6,6 |
4,0 |
1,5 |
3,1 |
3,5 |
6,1 |
8,2 |
8,4 |
8,4 |
Ecstasy (MDA) | 4,4 |
4,5 |
4,2 |
0,6 |
1,9 |
2,3 |
4,4 |
9,8 |
4,8 |
7,8 |
Barbituriques NM | 4,4 |
4,1 |
4,7 |
2,5 |
4,4 |
3,2 |
5,2 |
7,0 |
3,9 |
4,9 |
Cocaïne | 3,7 |
4,2 |
3,2 |
2,5 |
2,0 |
3,2 |
3,8 |
5,4 |
3,6 |
6,4 |
Colle | 3,6 |
3,7 |
3,5 |
6,8 |
6,3 |
4,3 |
1,1 |
2,1 |
2,0 |
1,2 |
Tranquillisants M | 3,3 |
3,5 |
3,1 |
1,9 |
3,5 |
3,8 |
3,1 |
3,1 |
4,0 |
4,2 |
PCP | 3,0 |
3,2 |
2,8 |
0,7 |
2,7 |
3,1 |
3,5 |
5,4 |
2,3 |
3,0 |
Tranquillisants NM | 2,4 |
2,3 |
2,5 |
* |
1,9 |
1,7 |
1,3 |
3,1 |
4,1 |
5,8 |
Crack | 2,4 |
2,9 |
1,8 |
0,6 |
1,6 |
3,0 |
3,8 |
3,6 |
2,4 |
1,1 |
Héroïne | 1,9 |
2,4 |
1,3 |
0,5 |
2,8 |
2,5 |
1,5 |
1,8 |
2,2 |
1,6 |
Ice (méthamphétamine en cristaux) | 1,4 |
2,0 |
0,8 |
* |
1,2 |
1,1 |
0,9 |
3,2 |
1,6 |
0,9 |
Remarque : NM = usage non médical; M = usage médical; *estimé à moins de 0,5 %
Le Réseau communautaire canadien de lépidémiologie des toxicomanies (RCCET) signale que :
Labus de cannabis peut mener à une hospitalisation pour assuétude au cannabis et pour consommation de cannabis sans dépendance. [ ] En ce qui a trait au traitement de la dépendance, bien quune proportion importante des sujets traités pour une toxicomanie admette avoir utilisé du cannabis, celui-ci nest identifié comme drogue à la source de problèmes importants que par une petite partie des clients adultes. Par comparaison, un large pourcentage dadolescents traités pour intoxication a identifié le cannabis comme étant son problème de drogue. À Calgary, le cannabis a le plus souvent été désigné comme « drogue consommée le plus souvent » par des adolescents en traitement en 1996. 20
Plus encore que de lusage croissant que font les jeunes des drogues illégales, il faut sinquiéter des modèles de consommation et de la consommation problématique des adolescents dâge scolaire. Dans une étude qui a fait lobjet dun article du Press Journal of the America Academy of Child and Adolescent Psychiatry,21 des chercheurs ont examiné la consommation problématique de drogues illégales au sein dun échantillon dadolescents de 14 à 17 ans couvrant toute une province (le Québec). La consommation problématique de drogues illégales a également été comparée à celle de lalcool. Les tableaux qui suivent illustrent les résultats statistiques de létude.
Consommation dalcool et de drogues illégales chez les adolescents
québécois 22
(en pourcentage)
Garçons |
Filles |
|
ALCOOL |
||
|
79,7 |
82,3 |
|
55,8 |
55,9 |
|
62,2 |
62,2 |
DROGUES |
||
|
44,4 |
50,1 |
|
32,4 |
32 |
|
||
|
44,2 |
49,9 |
|
19,1 |
20,5 |
|
3,2 |
6,1 |
|
4,8 |
5,4 |
|
2,9 |
3,9 |
|
1,8 |
3,7 |
|
1,4 |
1,6 |
|
0,3 |
0,3 |
|
0 |
0,4 |
Problèmes dalcool et fréquence de la consommation chez les adolescents ayant consommé de lalcool plus de cinq fois au cours de leur existence 23 (en pourcentage)
PROBLÈMES DALCOOL | Garçons |
Filles |
Sest adonné(e) à des sports comme le vélo, le patin à roues alignées ou la natation sous linfluence de lalcool | 44,7 |
26,9 |
A consommé de lalcool le matin | 33,6 |
25,5 |
Sest déjà présenté(e) ivre en classe | 16,1 |
13 |
Sest déjà battu(e) sous linfluence de lalcool | 14,6 |
6 |
A déjà conduit un véhicule motorisé sous linfluence de lalcool | 13,8 |
4,9 |
A eu des disputes avec ses parents à cause de lalcool | 12 |
9,7 |
A eu des démêlés avec les policiers à cause de lalcool | 6,4 |
4,3 |
A eu des disputes avec ses amis à cause de lalcool | 4,7 |
7,9 |
A cherché de laide pour réduire sa consommation dalcool | 1,1 |
1,4 |
Nombre de problèmes dalcool (décompte des problèmes susmentionnés) : | 19,1 |
20,5 |
|
29,2 |
47,7 |
|
29,9 |
25,7 |
|
21,7 |
15,8 |
|
10,1 |
4,9 |
|
5,2 |
3,7 |
|
3,9 |
2,1 |
Fréquence de la consommation à son sommet | 0 |
0,4 |
|
21,5 |
34,2 |
|
50,8 |
45 |
|
17,2 |
11,4 |
|
5,9 |
3,5 |
|
4,8 |
6,0 |
Problèmes de drogue et fréquence de consommation des adolescents ayant
utilisé des drogues plus de cinq fois au cours de leur existence 24
(en pourcentage)
PROBLÈMES DE DROGUE | Garçons |
Filles |
Drogué(e) ou « high » en classe | 79,1 |
69,4 |
Sest adonné(e) à des sports comme le vélo, le patin à roues alignées ou la natation sous linfluence de la drogue | 75,2 |
53,3 |
A consommé de la drogue le matin | 68 |
55,7 |
A eu des disputes avec ses parents à cause de la drogue | 28,1 |
26,5 |
A déjà conduit un véhicule motorisé sous linfluence de la drogue | 26,6 |
9,3 |
A eu des démêlés avec les policiers à cause de la drogue | 18,3 |
10,3 |
Sest déjà battu(e) sous linfluence de la drogue | 18 |
12 |
A eu des disputes avec ses amis à cause de la drogue | 13,7 |
23,7 |
A cherché de laide pour réduire sa consommation de drogue | 10,4 |
12,4 |
Nombre de problèmes de drogue (décompte des problèmes susmentionnés) : | ||
|
6,1 |
15,1 |
|
10,1 |
17,5 |
|
15,8 |
15,8 |
|
19,4 |
16,2 |
|
23 |
16,2 |
|
25,6 |
19,3 |
Fréquence de la consommation à son sommet | ||
Une fois par semaine, à loccasion | 6,7 |
5,7 |
Une fois par semaine | 24,9 |
29,9 |
Deux fois par semaine | 17,5 |
17,8 |
Trois fois par semaine | 11,5 |
11,7 |
Quatre fois par semaine ou plus | 20,4 |
15,6 |
Sept fois par semaine ou plus | 19 |
19,3 |
Les chercheurs à lorigine de cette étude ont comparé la répartition des comportements personnels à problèmes selon que les écarts de comportement survenaient tant lors de la consommation dalcool que de drogue, lors de la consommation de drogue seulement ou lors de la seule consommation de drogue chez les sujets ayant consommé de lalcool et de la drogue plus de cinq fois au cours de leur existence.
Type de consommation dintoxicants chez les adolescents à problèmes ayant consommé de lalcool ET de la drogue25
Alcool et drogue |
Drogue seulement |
Alcool seulement |
||
Garçons |
Intoxication en classe | 25,1 |
71,5 |
3,4 |
Consommation matinale | 44,9 |
45,5 |
9,6 |
|
Participation à des sports en état dintoxication | 60,2 |
32,3 |
7,5 |
|
Conduite automobile en état dintoxication | 43 |
45,6 |
11,4 |
|
Bagarres en état dintoxication | 40,3 |
23,6 |
36,1 |
|
Démêlés policiers attribuables à lintoxication | 13,1 |
65,6 |
21,3 |
|
Filles |
Intoxication en classe | 26,7 |
75,9 |
3,6 |
Consommation matinale | 41,5 |
48,8 |
9,7 |
|
Participation à des sports en état dintoxication | 47,5 |
43,1 |
9,4 |
|
Conduite automobile en état dintoxication | 34,3 |
42,8 |
22,9 |
|
Bagarres en état dintoxication | 36,4 |
36,4 |
27,3 |
|
Démêlés policiers attribuables à lintoxication | 14,6 |
53,7 |
31,7 |
Létude en vient à conclure que la consommation « normative » de drogue constitue une consommation problématique :
Cet énoncé repose sur les observations qui suivent. Dabord, presque tous les adolescents ayant admis avoir consommé des drogues plus de cinq fois dans leur vie ont parlé dune consommation problématique. Autrement dit, une très faible proportion des sujets ayant indiqué avoir utilisé des drogues plus de quelques fois ne se sont pas présentés à lécole en état dintoxication, nont pas pratiqué de sports dans cet état et nont pas consommé de drogues le matin. Deuxièmement, un pourcentage relativement élevé dadolescents (environ un tiers) a usé de drogues illégales plus de cinq fois : il ne sagit pas dune petite minorité très marginale. Troisièmement, dans la majorité, ces sujets avaient 15 ou 16 ans et ne sétaient tournés que très récemment vers la consommation de drogue, ayant rapidement progressé jusquà en faire un aspect important de leur vie, comme lindique le modèle de consommation problématique et la fréquence dusage.
Il est intéressant de mettre en contraste le modèle de consommation problématique des drogues illégales et celui de lalcool. Même si la consommation dalcool est plus répandue, la consommation problématique et la consommation fréquente le sont beaucoup moins que dans le cas des drogues illicites. Qui plus est, parmi ceux qui ont usé tant dalcool que de drogues illégales, on discerne une spécificité appréciable de la consommation problématique seulement ou de la consommation dalcool et de drogue (les bagarres étant apparemment lunique exception). Ces constatations suggèrent que des caractéristiques propres aux drogues illégales, et non seulement à ladolescent lui-même, expliquent la consommation problématique.
Quelles sont les drogues illégales responsables de la consommation problématique? Certaines inférences peuvent être tirées [des tableaux précédents]. Premièrement, plus du tiers des sujets nont consommé que de la marijuana, mais la plupart de ces adolescents ont signalé au moins un problème attribuable à lusage de marijuana et une proportion substantielle dentre eux a eu de multiples problèmes. Par surcroît, presque tous les sujets ayant indiqué, sur leur existence entière, la consommation de drogues autres que la marijuana, ont classé celle-ci parmi les drogues utilisées au cours de la période de consommation maximale. La marijuana constitue une source importante de problèmes dans ce segment de la population. Deuxièmement, un quart des sujets a dit ne consommer que de la marijuana et des hallucinogènes. Le pourcentage dutilisateurs à problèmes est encore plus élevé parmi ce groupe, une majorité dentre eux signalant trois problèmes ou plus. La marijuana et les hallucinogènes sont associés à un usage problématique considérable. Les sujets, finalement, qui ont dit consommer dautres drogues en plus de la marijuana et les hallucinogènes exhibent les niveaux les plus élevés de consommation problématique. La conclusion la plus prudente que nous puissions tirer de ces observations est que toutes les drogues ingérées (à linclusion de la marijuana) sont associées à la consommation problématique mais que plus il y a de drogues utilisées, plus la consommation problématique gagne en fréquence.
Ces constatations soulèvent des questions difficiles quant au diagnostic des désordres relatifs à la consommation de drogues chez les adolescents. La consommation normative de cet échantillon était la suivante : plusieurs ingestions par semaine, présence en classe en état dintoxication, participation à des sports en état dintoxication et consommation matinale.
[ ] Assister à ses cours en état dintoxication, pratiquer des sports dans cet état, consommer des drogues plusieurs fois par semaine et se droguer le matin à 15 ou 16 ans constituent automatiquement des problèmes du point de vue du développement. Le temps passé « high » sur les bancs décole ne constitue pas du temps dacquisition du savoir, létat dintoxication dans la pratique des sports (ou au volant) expose le sujet à des blessures, le temps consacré à la recherche de drogue ou les périodes dintoxication partagées avec ses pairs ne mène pas à létablissement de bonnes relations entre égaux. Qui plus est, nos constatations, au chapitre des problèmes de drogue, quant au lien entre la fréquence de consommation et les modèles de problèmes laissent entrevoir un syndrome cohérent plutôt quun simple assemblage de problèmes sociaux relatifs au recours à la drogue.
Dans un rapport publié en 1999, le Centre canadien de lutte contre lalcoolisme et les toxicomanies26 examine la fréquence et les modèles de consommation de lalcool et des drogues :
- 76,8% des Canadiens de 15 ans ou plus ont consommé de lalcool au cours des douze derniers mois;
- presque un adulte canadien sur 10 (9,2 %) dit avoir des problèmes de consommation dalcool;
- on estime que 6503 Canadiens (4681 hommes et 1823 femmes) ont perdu la vie par suite de la consommation dalcool en 1995, tandis que 80 946 personnes ont été hospitalisées (51 765 hommes et 29 181 femmes) pour la même raison en 1995-1996;
- les accidents de la route, la cirrhose hépatique alcoolique et le suicide ont constitué le plus grand nombre de décès attribuables à lalcool, tandis que les chutes accidentelles, le syndrome dalcoolodépendance et les accidents de la route ont représenté le plus grand nombre dhospitalisations reliées à lalcool;
- la conduite avec facultés affaiblies est une importante cause de décès; il y avait de lalcool dans le sang de 42 % des conducteurs ayant subi des blessures mortelles en 1996 et 35 % dentre eux avaient un taux dalcool sanguin dépassant la limite légale de 0,8 %.
Létude montre au contraire des taux beaucoup plus modestes pour les drogues illicites :
- environ un Canadien sur quatre (23,9 %) dit avoir utilisé une drogue illicite au moins une fois dans toute son existence;27
- une proportion de 7,7 % indique avoir consommé une drogue illicite au cours de lannée précédente et, parmi ces drogues, le cannabis est la plus courante (7,4 %); la consommation dautres drogues illégales au cours de lannée précédente na été signalée que par 1 % des répondants ou moins;
- le pourcentage de Canadiens ayant consommé du cannabis au cours de la dernière année est passé de 4,2 % en 1993 à 7,4 % en 1994;
- en 1994, les drogues identifiées le plus souvent au sujet de la consommation de la vie entière et de la consommation au cours de lannée précédente étaient le cannabis (respectivement 23,1 % et 7,4 %), le LSD, la méthamphétamine ou lhéroïne (5,9 % et 1,1 %) et la cocaïne (3,8 % et 0,7 %).
- en 1995, 804 décès (695 hommes et 108 femmes) attribuables aux drogues illégales sont survenus au Canada. Les suicides (329 cas) et lempoisonnement par opiacés (160 décès) ont représenté presque les deux tiers de toutes les morts associées aux drogues. En 1995-1996, il y a eu 6947 hospitalisations attribuables aux drogues illicites.
Source : Centre canadien de lutte contre lalcoolisme et les toxicomanies; Canadian Profile; Alcohol Tobacco and Other Drugs, 1999.
La drogue et le crime organisé au Canada
LOrganisation des Nations Unies a estimé les revenus annuels du crime organisé à un billion de dollars. Le niveau dactivité et de criminalité des organisations criminelles a augmenté au cours des dernières années au Canada, ce qui constitue un grave risque pour la sécurité publique. Daprès le Service canadien des renseignements criminels (SCRC), pratiquement toutes les organisations criminelles denvergure au monde sont actives au Canada.
Son proche voisinage des États-Unis rend le Canada extrêmement vulnérable et lui donne beaucoup dattrait pour le crime organisé, dont les activités montrent des tendances inquiétantes :
- une augmentation de la violence, à linclusion des attentats à la bombe, des meurtres et du recours à la menace, à lintimidation et à la violence à lendroit des victimes, des témoins, des personnalités publiques et des médias;
- la collaboration : tout criminel raffiné sait que la collaboration est le chemin de la réussite;
- la mondialisation des opérations;
- lexploitation de la technologie;
- La contrebande internationale, tant à lexportation quà limportation :
Ressortissants étrangers sans visa Alcool et tabac
Véhicules volés Blanchiment dargent
Drogues illicites
La mondialisation et la technologie de masse ont ouvert bien des possibilités et présenté bien des défis aux Canadiens. Les criminels, particulièrement ceux qui font partie dorganisations internationales, nont pas de respect pour les limites traditionnelles, quil sagisse de frontières internationales, de délinéation des compétences ou de limites des collectivités, et nen ressentent aucune contrainte. Le crime organisé transcende les bornes géographiques et exige des organismes dobservation de la loi quils travaillent en coopération à atteindre leur objectif partagé de lutte au crime organisé.
Dans son mémoire au Sous-comité de la Chambre des communes sur le crime organisé28, lACP défendait lélaboration et la mise en uvre dune réponse stratégique nationale au crime organisé accordant un degré plus élevé de priorité, de financement et de coordination aux compétences policières locales, provinciales et fédérales dans la lutte au crime organisé dans le cadre dun effort concerté avec Citoyenneté et Immigration Canada, Douanes et Accise, les services nationaux de police et le SCRC, avec le concours des ministères provinciaux et fédéral de la Justice et des procureurs du ministère public.
Il existe un lien indiscutable entre le crime organisé et le trafic des drogues illégales au Canada et ailleurs. Le Canada sest acquis une réputation internationale tant de consommateur que de grand fournisseur de marijuana et de méthamphétamine aux États-Unis :
La culture prohibée du cannabis demeure lune des questions les plus épineuses du domaine du contrôle des drogues dans les trois pays dAmérique du Nord. En plus de faire lobjet dune vaste contrebande vers le Canada, le cannabis est cultivé au pays même. La production annuelle canadienne de cannabis clandestin semble se situer dans les 800 tonnes, soit plus de 60 % de la quantité qui pénètre dans le marché noir américain. Dans les provinces canadiennes de la Colombie-Britannique, du Manitoba et du Québec, le cannabis à teneur élevée en THC est cultivé à lintérieur. En Colombie-Britannique, la culture intérieure clandestine du cannabis est devenue une entreprise répandue et lucrative. Les impacts des efforts délimination du cannabis déployés par les organismes dobservation de la loi du Canada ont été réduits par les tribunaux canadiens, qui ont fait montre de clémence à lendroit des producteurs et des livreurs de cannabis.
Le trafic de drogue continue daugmenter au Canada. En plus du cannabis et de la cocaïne passés en contrebande au Canada depuis des pays comme le Mexique, il sest produit une augmentation de la quantité dhéroïne introduite en fraude. En 2000, les organismes dobservation de la loi du Canada ont intercepté un chargement dhéroïne pesant 156 kilos, la plus importante saisie dhéroïne au pays.
[ ] On trouve au Canada des indices de la hausse de la fabrication illicite de méthamphétamine. Les organismes dobservation de la loi ont découvert un nombre record de laboratoires clandestins au cours de la dernière année. Des laboratoires de MDA (Ecstasy) ont été découverts dans des banlieues de classe moyenne, particulièrement dans les provinces centrales. Ces laboratoires étaient gérés par des gens sans antécédents ni liens criminels. Dans certaines provinces, laugmentation marquée du nombre de décès attribuables au MDA reflète la hausse de labus de cet intoxicant.29
Les policiers des provinces centrales indiquent que le MDA est devenu un produit dexportation lucratif pour les trafiquants canadiens, ne cédant le pas quau cannabis. Les profits à tirer de la production de drogue sont impressionnants :
La Colombie-Britannique est devenue un important fournisseur de marijuana, exportant apparemment les trois quarts de sa récolte aux États-Unis. En raison du volume de drogues, le corridor I-5 entre la Colombie-Britannique et la Californie est considéré comme une zone de trafic de drogues à densité élevée.
Les propriétaires dinstallations hydroponiques de la Colombie-Britannique ont élaboré une variété de marijuana appelée « BC Bud ». Daprès divers rapports, la teneur en THC de ce végétal se situe habituellement dans les 15 % à 20 %, léchantillon testé le plus fort ayant affiché un taux de 27 %. Les pouvoirs locaux estiment quil peut y avoir 10 000 entreprises de culture hydroponique en Colombie-Britannique, chacune ayant une moyenne de 500 plants et produisant trois récoltes chaque année. Aux États-Unis, le BC Bud se vend de 4000 $ à 6000 $ la livre tandis quau Canada, on en obtient de 1000 $ à 2400 $ la livre.
[ ] Les exploitations denvergure sont là pour largent : un jardin professionnel ne comptant que 100 grands plants peut générer des bénéfices de lordre de 300 000 $ à 500 000 $ par récolte.30
Le crime organisé étant florissant et rarement contrecarré, ses membres se font plus crâneurs et recherchent la confrontation. Au Québec, quelque 150 personnes, dont un enfant innocent et deux gardiens de prison, ont été tuées par des gangsters; le journaliste Michel Auger a reçu six coups de feu dans le cadre dune tentative dassassinat; des fermiers qui ont refusé de cultiver de la marijuana et des politiciens qui ont mis au jour des activités illicites ont fait lobjet de menaces.
La violence et les tactiques dintimidation se sont répandues dans tout le Canada, à linclusion des menaces et actes de violence contre les enquêteurs de la police et les autres membres de lappareil judiciaire.
Lan denier, lACP a effectué un sondage auprès des enquêteurs de première ligne qui se chargent des enquêtes criminelles de leur territoire. Elle a reçu des réponses détaillées de plus de 50 enquêteurs, dont lexpérience combinée, dun océan à lautre, sélève à plusieurs centaines dannées.
Les enquêteurs de tout le pays sont essentiellement daccord sur ces faits :
- à lheure actuelle, les corps policiers canadiens sont inefficaces dans le contrôle du crime organisé au Canada; selon un enquêteur chevronné : « même si nous avons eu de belles réussites, cest tout juste si nous nous débrouillons »;
- les tribunaux canadiens nont pas recouru aux mesures législatives existantes ni aux moyens disponibles pour faire efficacement face aux criminels reconnus coupables dactivités criminelles organisées;
- le projet de loi C-95 na pas produit un soutien législatif suffisant à combattre le crime organisé;
- les dispositions législatives existantes sur limmigration et sur lapplication de la loi ne suffisent pas à répondre à la menace que posent les criminels dorigine étrangère;
- les services de police ne disposent pas dun financement adéquat pour les enquêtes sur les organisations criminelles. Selon un enquêteur dexpérience, « les budgets sont une source majeure dinquiétude; des contraintes financières nous attendent à chaque tournant et elles ont des conséquences négatives sur nos efforts »;
- il faut donner une priorité plus grande à la formation et à laccès à une technologie à jour aux enquêteurs qui sintéressent au crime organisé;
- même si la coopération entre les enquêteurs de première ligne est perçue comme une bonne chose et quelle saméliore, des problèmes de territoire, de ressources et de partage de linformation continuent de surgir entre les organismes dobservation de la loi et leurs chefs.
Alors que la plupart (plus de 75 %) des répondants croit que les dispositions législatives actuelles ne sont pas adéquates quant à la lutte au crime organisé, certains dentre eux sont davis que cest lapplication de ces lois par les tribunaux qui constitue le vrai problème.
Le gouvernement canadien a réagi par un nouveau projet de loi (C-24), de nouvelles stratégies de poursuite et des ressources supplémentaires. Nous sommes heureux des progrès accomplis jusquici, mais tous les niveaux dapplication de la loi et lappareil judiciaire doivent faire preuve de vigilance dans la lutte au crime organisé.
Dans sa réponse au sondage, un officier exprime limmense colère quil éprouve quand, après avoir investi des mois, sinon des années, defforts dans la poursuite dune affaire criminelle, il constate que les résultats sont loin dêtre significatifs au moment de la sentence. Un autre enquêteur note : « sil se livre vraiment une guerre à la drogue et au crime organisé, cest sans munitions que nous nous battons ».
Nous ne sommes pas en train de perdre la guerre à la drogue
Le fait est que le Canada ne livre pas, et na jamais livré, de guerre à la drogue.
Les statistiques montrent que, pour chaque policier canadien, moins dune accusation relative à la drogue est portée par année. Alors que les efforts dapplication de la loi saxent sur la production, le trafic et limportation des drogues, les accusations de possession simple sont habituellement portées en conséquence denquêtes sur dautres crimes ou plaintes. Les policiers et les membres de lappareil judiciaire sen remettent fréquemment, dans notre cadre législatif, à des mesures substitutives dans le traitement des jeunes contrevenants, des délinquants primaires et des infractions mineures comme la possession simple.
Selon lOrgane international de contrôle des stupéfiants :
Les fruits des efforts des organismes canadiens dobservation de la loi envers lélimination du cannabis, néanmoins, demeurent restreints; dans certaines parties du pays, les producteurs clandestins de cannabis ne reçoivent pour la plupart que des peines légères et il est difficile de les dissuader de reprendre leurs activités illégales.31
Les ressources policières ont subi au cours de la dernière décennie des contraintes financières et les efforts dobservation de la loi se sont limités en conséquence. La tolérance perçue des chefs de file de la collectivité, dont des députés, des sénateurs, des éditorialistes et même certains chefs de police, envers la consommation de drogue a contribué à la hausse des seuils propres aux enquêtes, arrestations, poursuites, déclarations de culpabilité et sentences. En bout de ligne, lefficacité des programmes dapplication de la loi et des stratégies de prévention du trafic et de la consommation de drogue est proportionnelle au niveau des ressources et de lengagement dont ils font lobjet.
Enseignements tirés de lexpérience des autres pays
De nos jours, la Suède a selon les standards internationaux une politique sévère à légard des drogues, mais il nen a pas toujours été ainsi. Nous avons fait lessai dune forme répressive et dune forme libérale de politique sur la drogue. La stratégie actuelle, dont lélément central est une interaction serrée entre les mesures de réduction de laccessibilité des drogues illicites et les mesures de diminution de la demande de ces drogues, est une conséquence de notre expérience passée.32
Jakob Lindberg
Directeur général adjoint
Institut national suédois de santé publique
Il nest pas rare que les tenants de la libéralisation des drogues citent divers pays dEurope de lOuest comme modèles de la création de politiques progressives en la matière. Dans bon nombre de ces pays, dont la Grande-Bretagne, la dépénalisation de la possession de petites quantités de cannabis pour usage personnel sest faite ou a été mise en uvre par la force des choses33. On comprend vite, cependant, à létude de ces expériences, que des politiques libérales sur les drogues attisent le goût et la consommation de drogues et on ne sétonne pas de constater que la tolérance a eu des effets proportionnels sur loffre et la demande, selon le rapport de 1999 de lOrgane international de contrôle des stupéfiants :34
La disponibilité du cannabis en Europe sest sensiblement accrue, en partie à cause de la culture intensive qui se pratique dans des pays dEurope du sud, surtout lAlbanie, et aussi par suite de la facilitation de la culture intérieure, qui est en plein essor, grâce à la vente sans contrainte de graines de cannabis et de matériel de culture par les soi-disant « boutiques de chanvre » et sur Internet. La disponibilité croissante et, dans bien des cas, incontrôlée du cannabis, combinée à lattitude de tolérance qui règne envers cette substance, a mené à une hausse de son abus. La plupart des pays européens ont signalé que les cas dabus du cannabis se multiplient. Une étude, par exemple, entreprise en Suisse en 1998, a révélé que la prévalence de labus de cannabis parmi les élèves de 15 ans des écoles secondaires a quadruplé au cours des 12 dernières années. À moins que les gouvernements ne prennent des mesures contre la culture intérieure du cannabis, il continuera de se produire des augmentations tant de labus que de la vente du cannabis sur le marché noir.
Les saisies de cocaïne ont augmenté dans toute lEurope. Des saisies importantes, sélevant à plus dune tonne chacune, ont été faites dans plusieurs pays dEurope occidentale, ce qui indique que la demande de cette substance demeure élevée. Bien que seulement quelques études exhaustives aient été menées sur sa prévalence, les sondages effectués dans les écoles secondaires dEurope de lOuest ont montré une tendance à la hausse dans la consommation de cocaïne que lon doit, en partie, à la baisse des prix.
La consommation de drogues synthétiques, particulièrement lamphétamine et les stimulants de la même famille, a augmenté. Bien que labus de MDA (« ecstasy ») naugmente plus dans ceux des pays dEurope de lOuest où ellel est apparue en premier, on note une tendance à la hausse dans labus damphétamine dans presque tous les pays de la région. Les mesures de prévention de labus de ces substances ont été difficiles à mettre en uvre car la plupart des drogues synthétiques sont perçues par les jeunes, qui constituent le principal groupe de consommateurs de telles substances, comme inoffensives et à la mode. Labus des drogues synthétiques est vu comme un phénomène répandu par beaucoup de jeunes gens qui fréquentent les lieux de danse. Les mortalités résultant de cet abus, bien quelles soient encore peu nombreuses, ont connu une hausse notoire.
LOrgane croit que les gouvernements européens doivent faire plus defforts pour inverser les tendances négatives susmentionnées afin datteindre lobjectif établi par lAssemblée générale lors de sa vingtième séance spéciale, qui était consacrée à la lutte au problème de la drogue dans le monde, en 1998.
Un an plus tard, lOrgane faisait les observations suivantes sur le commerce de la drogue en Europe :35
La disponibilité des drogues a augmenté en Europe. Bien que labus de cannabis semble être demeuré stable dans la plupart des pays, la disponibilité et labus des drogues synthétiques et de la cocaïne ont continué daugmenter dans la plupart des pays de la région. Dans plusieurs pays, la prévalence et laugmentation des stimulants de type amphétamine ne le cèdent quà labus de cannabis. En dépit des préoccupations publiques au sujet des drogues synthétiques et bien quil ait été scientifiquement démontré quelles sont nocives pour les consommateurs occasionnels, peu de mesures ont été prises pour en prévenir labus. Il semble que certaines autorités dEurope de lOuest soient fermement convaincues quon ne peut empêcher labus de telles drogues. Les mesures de réduction de la demande illicite de ces drogues tendent conséquemment à se composer de conseils aux consommateurs sur l« utilisation sécuritaire » de ces substances et de la fourniture dinstallations de test lors dévénements où les drogues synthétiques sont consommées. De telles mesures, bien quelles procèdent des meilleures intentions, lancent des messages ambigus et confus. Ainsi, bon nombre de consommateurs de drogues ne savent pas quil nexiste pas de consommation sécuritaire de ces drogues. 36
[ ] La dépénalisation des drogues nest pas considérée comme une option politique en Europe, mais il y a dans plusieurs pays membres de lUnion européenne un mouvement en faveur de la dépénalisation de la consommation de drogue, particulièrement quand elle est perçue comme ayant un lien avec la dépendance. La dépénalisation na pas lappui du grand public, pas même des jeunes gens.
En Hollande, des études menées au début des années 1990 illustrent limpact négatif de la tolérance envers les drogues illicites37 :
- le nombre de boutiques (des « cafés ») qui tirent leurs revenus de la vente de haschisch depuis la dépénalisation de 1990 est passé de 20 à 400 à Amsterdam en 1991 à plus de 2000 dans toute la Hollande;
- de 1984 à 1988, le nombre de fumeurs de haschisch de plus de 15 ans a doublé en Hollande; de 1988 à 1992, le nombre de fumeurs de 14 à 17 ans a encore doublé, et celui des consommateurs de 12 et 13 asn a triplé;
- le taux de crimes violents commis en Hollande est le plus élevé dEurope et il continue de monter.
Selon des études dont a fait état lInternational Drug Strategy Institute, les fusillades ont augmenté de 40 %, les vols à main armée de 60 % et le taux hollandais de meurtres équivaut à trois fois celui des États-Unis38. Des policiers qui sont allés à Amsterdam signalent que la libéralisation des politiques sur la marijuana a débouché sur la tolérance de la consommation dhéroïne et de cocaïne, à linclusion de transactions ouvertes et de consommation dans les lieux publics. Le crime organisé a beaucoup prospéré en Hollande avec louverture du marché au commerce illicite de la drogue.
Ainsi que lindique lInternational Alliance for the United Nations Single Convention:39
En Italie, en Espagne et en Suisse, la consommation et la possession dhéroïne ou de cocaïne sont légales. Ces pays ont le taux le plus élevé de consommation de drogues illicites et de décès par surdose per capita en Europe. Inversement, la Suède, qui a adopté une politique de rejet social et dinterdiction de drogues, montre la plus basse incidence dabus de drogues de lUnion européenne.
Dans le cadre dun référendum tenu en Suisse en 1998, 73,2 % des votants ont rejeté la dépénalisation des drogues chez eux. Illustrant la disparité entre les décideurs et lensemble de la population, ils ont clairement dénoncé les stratégies de « réduction des préjudices » par la dépénalisation de leur pays.40
La Suède, ayant fait lessai, sans succès, de divers types de politiques laxistes sur les drogues dans les années 1960 et 1970, conclut que:41
La toxicomanie dépend de loffre et de la demande. Si les drogues sont faciles daccès, la société adopte une attitude permissive et le nombre de personnes qui en font lessai augmente. Autrement dit, même les personnes jouissant dune situation sociale et psychologique favorable en viennent à consommer de la drogue. Si, par contre, il est très difficile de sen procurer et quil existe un danger darrestation, le nombre de personnes susceptibles dessayer la drogue se réduit à celles qui, pour des motifs psychologiques et sociaux, se trouvent dans une zone dont les risques sont plus élevés. Si, par surcroît, la société peut offrir à ce groupe vulnérable des mesures dappui et de traitement, il est très vraisemblable que la toxicomanie peut être contrôlée.
Ainsi, le principe fondamental de la politique sur les drogues se retrouve dans le devoir dintervention de la société contre le trafic de drogue dans les lieux publics, dans lappui aux jeunes personnes qui font lessai des drogues et dans loffre de traitement à celles que leur toxicomanie détruit.
La politique suédoise sur la drogue repose sur lhypothèse que les personnes qui essaient et consomment du cannabis pendant leurs années décole constituent la base de recrutement de ceux qui, plus tard, deviendront des consommateurs sérieux.
La Suède nest pas une société entièrement exempte de drogue, mais elle a atteint sa cible en ceci que la consommation de drogue en Suède est faible selon les standards internationaux. La consommation expérimentale de cannabis et dautres drogues est maintenant très modeste et le recrutement en vue dune consommation intensive parmi les jeunes gens est depuis plusieurs années très limité (sic). Le développement de la toxicomanie, en Suède, dépend de plus en plus des événements du monde extérieur. La croissance du trafic international des drogues et lavènement prochain dune Europe sans frontières, tout comme les tendances à louverture des politiques des autres pays, soumettent la politique suédoise sur les drogues à des pressions croissantes.
La Suède conserve une politique strictement restrictive qui vise à favoriser les attitudes publiques appuyant la réalisation dune société sans drogues.
La politique suédoise sur les drogues se préoccupe surtout de prévenir la propagation de la consommation. La fourniture de drogues, par conséquent, est considérée comme lune des infractions les plus graves.
La Loi sur les stupéfiants de la Suède repose sur les conventions internationales quelle a ratifiées.
Selon les dispositions actuelles de ce texte législatif, la fourniture, la production, lacquisition (dans le but den faire le commerce), lobtention, le traitement, le transport, lemmagasinage, la possession et la consommation de stupéfiants sont des actes punissables.
Les contraventions à la Loi sur les stupéfiants se répartissent en trois degrés : les infractions mineures, les infractions simples et les infractions qualifiées. Léchelle des peines relatives aux infractions mineures en matière de drogue se constitue damendes ou dun emprisonnement maximal de six mois; pour les infractions simples, les peines vont de un à trois ans demprisonnement et, pour les infractions graves, elles sont dau moins deux ans et peuvent atteindre dix ans demprisonnement.
Malgré la tendance apparente à la dépénalisation en Europe, les autorités internationales demeurent inquiètes de ces pratiques, comme le montrent les extraits suivants du rapport de 1999 de lOrgane international de contrôle des stupéfiants:42
En avril 1999, un projet de loi stipulant que les consommateurs de drogue recevraient des amendes plutôt que des peines demprisonnement a été approuvé au Portugal. En vertu de cette nouvelle loi, la consommation et la possession de drogues pour usage personnel ne constituent plus un crime, mais simplement une infraction administrative. Comme lOrgane la déclaré à maintes reprises, cela ne cadre pas avec les traités internationaux de contrôle des stupéfiantes, qui exigent que la consommation de drogues se limite aux fins médicales et scientifiques et que les États signataires fassent de la possession de stupéfiants une infraction criminelle. Il faut noter que lexercice de la compétence criminelle est facultatif et que les gouvernements peuvent offrir aux contrevenants de solutions substitutives à la condamnation et à la peine.
[ ] LOrgane constate avec regret que des projets de loi déposés en Allemagne et au Luxembourg visent à permettre létablissement de salles dinjection de drogues, communément appelées « piqueries ».
[ ] LOrgane continue de sinquiéter du programme de la Suisse au chapitre de lhéroïne et de sa politique de prescription dhéroïne. LOrgane nencourage pas les autres gouvernements à permettre la prescription dhéroïne aux victimes de toxicomanie opiacée.
Il ny a pas quen Europe quon trouve des exemples de dépénalisation ratée:43
LAlaska peut aussi servir dexemple de léchec de la dépénalisation de la consommatin de drogues. De 1980 à 1990, la consommation et la possession de haschisch ny constituaient pas une infraction criminelle. Pendant cette période, lintoxication au haschisch, particulièrement chez les adolescents, a dramatiquement augmenté. En 1988, la proportion de fumeurs adolescents de haschisch en Alaska a été deux fois celle de tous les autres États américains. En conséquence, un référendum tenu en 1990 a amené labrogation de la mesure de dépénalisation.
En Asie, au XIXe siècle, la Chine a surmonté la toxicomanie opiacée de masse (25 % de la population) en recourant au refus social et à lappui de la communauté internationale. Dans le Japon de l'après-guerre, les épidémies de toxicomanie par amphétamine et héroïne injectées ont été vaincues par la réduction de lapprovisionnement. La République de Singapour a combattu une épidémie dinhalation dhéroïne par des lois fiscales strictes et une réadaptation obligatoire et gratuite44. Selon lInternational Alliance for the United Nations Single Convention, « ces succès ont été atteints de haute lutte et à un prix élevé, au coût de la répression sévère des principaux contrevenants et de mesures extrêmement coûteuses de réadaptation ».
Pour résumer lexpérience mondiale, nous désirons souligner la conclusion à laquelle en sont venus les tenants suisses de la prohibition des drogues illicites à la suite de leur étude des pratiques internationales45:
Les preuves montrant que les expériences de dépénalisation de divers pays ont eu des conséquences négatives sont accablantes. Une approche de politique prudente devrait permettre de tirer un enseignement des erreurs des autres.
Réduction des préjudices : des messages contradictoires
La soi-disant réduction des préjudices est devenue le point de concentration des stratégies antidrogue dEurope occidentale, qui se répandent dans les autres pays. À linsu de la majorité de ses citoyens, le Canada sest aussi écarté de son approche délimination des drogues pour adopter la tendance à la réduction des préjudices. Ce glissement sest opéré doucement, avec le temps, et la plupart des Canadiens nont eu quune mince chance dintervenir. La CPA sinquiète sérieusement des messages contradictoires et prêtant à confusion que reçoivent les jeunes gens, eux qui constituent la cible principale du commerce illégal de la drogue.
Il existe dabondantes preuves de la volonté des tenants de la dépénalisation de « normaliser » la consommation de drogues illégales grâce à la promotion de programmes comme la réduction des préjudices de préférence aux stratégies de réduction de loffre et de la demande :
Les principes de léducation à lusage des drogues visant la réduction des préjudices reposent sur la prémisse que la consommation de drogue est normale et quelle sassortit de risques autant que de bénéfices, quelle ne peut être entièrement éliminée mais que les préjudices qui en découlent peuvent être amoindris, que bon nombre de jeunes gens cessent de consommer de la drogue avec le temps, que léducation devrait se faire sans que des jugements soient posés, quelle requiert un dialogue ouvert avec les jeunes et le respect des personnes de prendre elles-mêmes leurs décisions. Cette éducation insiste dautre part sur le soutien des pairs, au contraire du fractionnement.
[ ] [Ces principes] reconnaissent que léducation à la réduction des préjudices est plutôt pro-drogue quantidrogue. Lenseignement commence dès les premières années avec des substances familières qui ne sont pas des drogues et elle insiste sur le fait que la plupart des choses que lon consomme ont le pouvoir de faire du bien ou du mal, selon la façon dont on y recourt.46
La World Conference on Drug Related Issues, que parraine le Hassela Nordic Network, sest réunie à Visby (Suède) du 3 au 6 mai 2001. Elle rassemblait des experts reconnus des politiques antidrogue de 25 pays venus évaluer les défis qui se posent en ce moment à ces politiques. Selon lInstitute on Global Drug Policy, les délégués à la conférence en sont venus à la conclusion suivante :
Laffaiblissement de la politique antidrogue baptisé « réduction des préjudices » a été désigné comme un échec de premier ordre des politiques antidrogue internationales. Les exemples de politiques sans effet qui ont fait lobjet de discussions incluent la dépénalisation de certaines drogues, la distribution ou léchange de seringues, les thérapies dentretien à lhéroïne, les traitements sans abstinence et les messages de prévention qui acceptent ou encouragent la consommation adolescente de drogues en la qualifiant dinévitable (implicitement ou explicitement). La politique de réduction des préjudices a produit une hausse de la consommation de stupéfiants et des activités criminelles à léchelle des pays qui lont mise en uvre. Plus précisément, le Canada, la Hollande, la Suisse, lAustralie et certaines villes américaines ont assisté à une aggravation de leurs problèmes de drogue en vertu de ces politiques édulcorées. Il est clair que les retombées de telles politiques représentent une menace spécifique au bien-être des adolescents. Au contraire, les politiques restrictives de certains pays, comme la Suède, ont obtenu des succès substantiels au chapitre de la réduction de la consommation.
Alors que la politique des États-Unis demeure largement restrictive et porte fruit, certaines politiques de réduction des préjudices sont recommandées par des groupes et des personnes à la recherche dun assouplissement de la politique antidrogue. Les décideurs américains devraient tenir compte des mises en garde relatives aux problèmes qui ont accompagné les politiques de réduction des préjudices dans dautres pays. Le Dr Eric Voth, président de lInstitute on Global Drug Policy, qui a présenté un exposé lors de la conférence, remarquait qu« il est de plus en plus clair que les politiques de réduction des préjudices devraient plutôt être considérées comme des politiques de production des préjudices. Une politique antidrogue bien inspirée tient de la prévention et de lélimination des préjudices ».
Dans son rapport de 2000, lOrgane international de contrôle des stupéfiants publiait les observations suivantes sur les politiques de réduction des préjudices observées en Europe de lOuest :47
Les discussions sur les politiques antidrogue, en Europe de lOuest, ont porté sur la mise en uvre dactivités de réduction des préjudices comme létablissement de piqueries ou lefficacité des traitements dentretien à lhéroïne. À la suite de lattention accordée en Europe de lOuest à la réduction des préjudices, il semble que certains pays dEurope centrale et de lEst aient aussi commencé à donner plus dimportance à la réduction des préjudices.
LOrgane a reconnu il y a plusieurs années, dans son rapport de 1993, que la réduction des préjudices a un rôle à jouer en tant que stratégie tertiaire de prévention aux fins de la réduction de la demande. Il attirait aussi lattention sur le fait que les programmes de réduction des préjudices ne pouvaient pas être considérés comme des substituts aux programmes de réduction de la demande. LOrgane désire réitérer son affirmation : les programmes de réduction des préjudices peuvent jouer un rôle dans le cadre dune stratégie globale de réduction de la demande, mais ils ne sauraient être menés à bien aux dépens dautres activités importantes de réduction de la demande de drogues illicites, comme les activités de prévention de labus des stupéfiants.
Comme certaines mesures de réduction des préjudices sont controversées, la discussion de leurs avantages et inconvénients a dominé le débat public sur la politique antidrogue. Le fait que ces programmes ne devraient constituer quune composante de stratégies plus vastes et plus complètes de réduction de la demande de drogues illégales a sombré dans loubli. LOrgane se désole que la discussion des piqueries et de certaines autres mesures de réduction des préjudices ait éloigné lattention (et, dans certains cas, le financement) des gouvernements des importantes activités de prévention de la demande, comme la prévention primaire ou les traitements par abstinence.
Les parents qui cherchent à décourager la consommation de drogues des enfants se sont montrés moins subtils dans leur description de l« illusion de la réduction des préjudices »48:
La preuve de léchec de cette politique est écrasante et sa fabrication par la soi-disant culture de la drogue la discrédite totalement. Le mouvement vers la libéralisation en fait une promotion internationale dans le cadre des conférences sur la réduction des préjudices où elle est assimilée à la dépénalisation.
Il est absurde de laisser entendre que les gens (particulièrement les jeunes gens) seront dissuadés dutiliser les drogues illicites si on leur dit quils peuvent y recourir de façon responsable ou en toute sécurité. Cela ne peut se justifier par largument selon lequel la consommation de drogue est un comportement normal quil est futile dessayer dempêcher. Il est tout aussi absurde de suggérer que, dans tout traitement antidrogue, le but premier ne doit pas être de faire cesser la consommation mais bien de réduire les préjudices qui en découlent. Cela signifie, par équation, que le but premier ne consiste pas à faire cesser la consommation. Au mieux, cela pourrait constituer un but secondaire. Le but premier doit être linterruption de la consommation, qui est la meilleure réduction des préjudices que lon puisse viser. La réduction des préjudices, par conséquent, na pas sa place comme politique dominante, que lon parle de prévention ou de traitement. Elle est laxiste parce quelle tolère la consommation de drogues. Cest une politique dabandon.
Les personnes dépendantes, pour la plupart, quelles soient accoutumées à la drogue, à lalcool ou au tabac, vous diront quil est plus difficile de ramener sa consommation à un niveau modéré que de sabstenir complètement de consommer. Pourquoi, alors, concentrerions-nous nos politiques sur l« utilisation sécuritaire » de drogues non sécuritaires plutôt que sur la promotion de labstinence?
Prévention : la réduction de la demande
Les gouvernements tiennent un rôle légitime et critique détablissement des lois et politiques qui définissent les normes comportementales et les valeurs de la société. Les mesures législatives et les activités dobservation de la loi sont des stratégies proactives nécessaires à la dissuasion de conduites qui mettent les gens en danger.
Dans Toward a Healthy Future: Second Report on the Health of Canadians49, les auteurs démontrent que des approches larges de la politique et de la loi peuvent avoir un impact dramatique sur le comportement des personnes.
Laugmentation, par exemple, du tabagisme parmi les jeunes après la réduction des taxes confirme le fait bien connu que le tabagisme chez les jeunes dépend très étroitement du prix. Le succès des dispositions législatives sur le port de la ceinture de sécurité (et, dans une certaine mesure, sur celui du casque de vélo) permet de croire que les stratégies législatives peuvent être aussi efficaces, peut-être même plus efficaces, que léducation publique au sujet de la santé dans lappui au changement de comportement. Une combinaison de stratégies serait probablement le moyen le plus productif.
Le rapport décrit les effets de la loi sur le port de la ceinture de sécurité :
Parmi les conducteurs de voiture, le taux dutilisation de la ceinture était de 92 %, une hausse relativement aux 82 % de la décennie précédente. Avant lavènement des mesures législatives sur le port de la ceinture de sécurité au Canada, on estimait que seulement 15 % à 30 % des Canadiens en faisaient usage. Ces résultats, de concert avec limpressionnante réduction des décès résultant daccidents de la route au Canada, reflètent linfluence profonde que des mesures législatives externes au secteur de la santé peuvent avoir sur la santé des Canadiens.
Les risques dêtre arrêté et de subir de lourdes conséquences ont été des éléments intégraux des stratégies fructueuses de réduction de la conduite en état divresse au Canada. Le succès de ces programmes reposait sur :
- une conscientisation vaste et léducation du public sur les risques de livresse au volant. Selon MADD Canada50, laugmentation de la prise de conscience de la population sur les dangers de lalcool au volant en tant que stratégie critique de prévention des décès et des blessures;
- la menace darrestation exprimée par des programmes enrichis et très visibles dapplication, comme les contrôles routiers;
- en conjonction avec des poursuites actives et des conséquences significatives, dont des amendes minimales, la révocation du permis de conduire et lincarcération dans le cas de infractions graves ou répétées.
Ces principes figurent à la déclaration de principe de MADD: 51
- Un programme vigoureux de défense des mesures législatives et des politiques dintérêt public est essentiel à la réalisation de la mission de MADD Canada.
- Un programme équilibré de conscientisation, déducation, de législation et dapplication rigoureuse par les forces policières, les procureurs du ministère public et les tribunaux est essentiel à lélimination de la conduite en état divresse.
- Bien que la décision personnelle de consommer de lalcool relève du domaine privé, la conduite automobile subséquente à cette consommation est du domaine public.
- Les conducteurs ivres et les autres personnes qui contribuent directement au crime de la conduite en état débriété doivent être tenus responsables de leur comportement.
- La réadaptation proactive des conducteurs ivres est essentielle.
- La conduite automobile est un privilège, non un droit.
- Les accidents résultant de la conduite en état divresse ne sont pas vraiment des accidents.
Bien que la lutte à la conduite en état débriété puisse ne jamais déboucher sur une victoire, aucun doute ne subsiste sur le fait que les stratégies utilisées se sont révélées utiles dans la modification des comportements et dans la réduction du risque. Les exemples dinitiatives comparables damélioration de la sécurité publique incluent les lois sur le port du casque de bicyclette et de motocyclette, darrêt complet en présence dautobus scolaires et de sécurité nautique. Le niveau dengagement soutenu envers tous les éléments requis détermine le degré de succès de la stratégie :
- notoriété publique,
- éducation,
- législation,
- application.
Comme le laissait entendre un observateur :
Demandons-nous si la médecine gagne la guerre à la mort. Bien sûr que non : lunique règle fondamentale de lexistence humaine demeure, hélas, que nous mourons tous, même si 14 % du produit intérieur brut des États-Unis est consacré à la lutte contre la mort. Y a-t-il jamais eu une guerre perdue à un prix plus élevé? Devrions-nous, alors, abolir les écoles de médecine, les hôpitaux et les ministères de la Santé? Si toute personne est appelée à mourir, le moment fatidique importe peu.
La guerre à la drogue est peut-être perdue, mais il en va de même de la guerre au vol, à la vitesse au volant, à linceste, à la fraude, au viol, au meurtre, à lincendie criminel et au stationnement interdit. Bien peu, sil en est, de ces guerres peuvent être gagnées, aussi devrions-nous faire ce qui nous semble juste .52
Le coût de la dépénalisation sera astronomique
Les statistiques canadiennes montrent clairement que le coût relatifs à la consommation canadienne dalcool et de tabac sont plus de treize fois plus élevés que les coûts relatifs à la consommation de drogues illicites :53
- les coûts des activités dobservation de la loi relatives aux crimes pertinents à lalcool représentent le triple du coût des activités équivalentes dans le domaine des drogues illégales;
- les coûts directs de soins de santé relatifs à lalcool et à la cigarette sont cinquante fois plus élevés que ceux qui relèvent des drogues illicites;
- la perte de productivité est plus de dix fois plus élevée;
- les pertes en milieu de travail sont trois fois plus élevées;
- seulement un dollar est investi dans les programmes de prévention et de recherche sur la drogue pour chaque tranche de quatre dollars dépensée en alcool et en tabac.
La principale raison pour laquelle les coûts relatifs aux drogues sont si modestes se constitue simplement dune consommation moins répandue. Les dépenses en activités dapplication de la loi dans le cas des drogues illégales, à linclusion des frais de tribunal et de la protection des frontières, ne représentent que deux pour cent des coûts totaux quencourent les Canadiens dans les domaines de lalcool, du tabac et des drogues illégales.
Comme la dépénalisation et le laxisme se solderont par une hausse marquée de lusage et de labus des drogues, les coûts pertinents en soins de santé, en services sociaux, en prévention, en perte de productivité et en activités dapplication de la loi augmenteront en proportion directe et seront une source importante dépuisement des moyens de la société.
Source : Centre canadien de lutte contre lalcoolisme et les toxicomanies, 1992.
Coûts de la consommation dalcool, de tabac et de drogues
illégales
au Canada en 1992
(en millions de dollars)
Alcool |
Tabac |
Drogue |
Total |
|
1. Total des soins directs de santé | 1 300,6 $ |
2 675,5 $ |
88,0 $ |
4 064,1 $ |
|
666,0 |
1 752,9 |
34,0 |
2 452,9 |
|
29,0 |
|
4,3 |
33,3 |
|
72,0 |
|
4,7 |
76,7 |
|
21,8 |
57,2 |
1,1 |
80,1 |
|
180,9 |
|
20,9 |
201,8 |
|
82,1 |
|
7,9 |
90,0 |
|
127,4 |
339,6 |
8,0 |
475,0 |
|
95,5 |
457,3 |
5,8 |
558,5 |
|
26,0 |
68,4 |
1,3 |
95,8 |
2. Pertes directes associées au milieu de travail | 14,2 |
0,4 |
5,5 |
20,1 |
|
14,2 |
0,4 |
3,5 |
18,1 |
|
S/O |
|
2,0 |
2,0 |
3. Coûts administratifs directs des paiements de transfert | 52,3 |
|
1,5 |
53,8 |
|
3,6 |
|
S/O |
3,6 |
|
48,7 |
|
1,5 |
50,2 |
|
S/O |
S/O |
S/O |
S/O |
4. Coûts directs de prévention et de recherche | 141,4 |
48,0 |
41,9 |
231,1 |
|
21,6 |
34,6 |
5,0 |
61,1 |
|
118,9 |
13,4 |
36,7 |
168,9 |
|
0,9 |
S/O |
0,2 |
1,1 |
|
S/O |
S/O |
S/O |
S/O |
5. Coûts directs dapplication de la loi | 1 359,1 |
|
400,3 |
1 759,4 |
|
665,4 |
S/O |
208,3 |
873,7 |
|
304,4 |
S/O |
59,2 |
363,6 |
|
389,3 |
S/O |
123,8 |
513,1 |
|
S/O |
S/O |
9,0 |
9,0 |
6. Autres coûts directs | 518,0 |
17,1 |
10,7 |
545,8 |
|
35,2 |
17,1 |
S/O |
52,3 |
|
482,8 |
|
10,7 |
493,5 |
7. Coûts indirects de la perte de productivité | 4 136,5 |
6 818,8 | 823,1 |
11 778,4 |
7.1 Pertes de productivité par morbidité | 1 397,7 |
84,5 | 275,7 |
1 757,9 |
7.2 Pertes de productivité par décès | 2 738,8 |
6 734,3 | 547,4 |
10 020,5 |
7.3 Pertes de productivité consécutives à des activités criminelles | |
| S/O |
S/O |
Total | 7 522,1 |
9 559,8 | 1 371,0 |
18 452,9 |
Total en tant que % du PIB | 1,09 |
1,39 | 0,20 |
2,67 |
Total par personne | 265 $ |
336 $ | 48 $ |
649 $ |
Total en tant que % de tous les coûts relatifs à labus dintoxicants | 40,8 |
51,8 | 7,4 |
100,0 |
Source : Centre canadien de lutte contre lalcoolisme et les toxicomanies
Les taxes générées par lalcool et le tabac sont loin de couvrir la simple valeur monétaire, et moins encore le coût humain véritable, de la consommation excessive de tabac et dalcool. Cest faire preuve de naïveté que de croire que la situation serait différente dans le cas des drogues illégales.
Une stratégie antidrogue équilibrée néliminera pas complètement la consommation, mais elle sera économique et avantageuse pour la société par la dissuasion de lutilisation des drogues et par la concentration des ressources disponibles dans la prévention, le traitement et la réadaptation du petit pourcentage de la population qui en a le plus besoin. Ce sera beaucoup plus efficace que de faire reposer nos politiques dintérêt public, qui touchent tous les Canadiens, sur les besoins perçus dune petite proportion de la population qui souffre dassuétude aux drogues illégales et résiste à la réadaptation et au traitement.
Les tenants de la libéralisation sont très habiles à soulever des doutes quant à lefficacité des stratégies légitimes de contrôle des stupéfiants. Ils recourent pour ce faire à la diffusion dinformation provocante minant lassise des stratégies de contrôle acceptées dans le monde entier.
LACP a relevé dix de ces grands mythes sur les drogues illégales et les activités dapplication de la loi.
Mythe 1 : La marijuana pose moins de risques que lalcool ou le tabac
Réalité : Le tabac, bien quil cause une dépendance, ne nuit pas à létat de conscience et nentrave pas les fonctions cérébrales. On peut en dire autant de lalcool sil est consommé avec modération. Il nexiste pas de consommation sécuritaire des drogues illicites, pas même de la marijuana. Celle-ci perturbe les fonctions cérébrales, réduisant le jugement, la concentration et la mémoire à court terme ainsi que la capacité daccomplir des tâches routinières. La fumée de la marijuana attaque les poumons plus que celle du tabac. Les gens qui consomment des drogues illégales, dont la marijuana, ont une propension plus marquée à adopter des comportements toxicomanogènes ou à risque.
Mythe 2 : Les dispositions législatives de contrôle des drogues causent plus de tort que les drogues elles-mêmes
Réalité : Un programme équilibré de conscientisation de la population, déducation du public, de mesures législatives et dactivités dobservation de la loi des corps policiers, des procureurs du ministère public et des tribunaux est essentiel à la réduction des véritables préjudices associés à la consommation de drogues illégales.
Les activités dapplication de la loi confirment le fait que lusage de la drogue est préjudiciable et nest pas accepté par la société. Elles permettent les interventions nécessaires, dissuadent les citoyens respectueux de lordre de se laisser tenter par les comportements à risque et réduisent les souffrances attribuables aux drogues illicites et aux activités criminelles dont elles saccompagnent.
Mythe 3 : Il y a de lourdes conséquences à la possession de cannabis
Réalité : Les mesures imposées aux jeunes gens trouvés en possession de petites quantités de cannabis, quand il sagit dune première infraction, se constituent souvent davertissements, de mesures substitutives ou de la participation à des programmes de déjudiciarisation. La nouvelle Loi sur les jeunes contrevenants embrasse cette approche. Les personnes poursuivies pour des crimes légers, dont les accusations de possession de drogue, font souvent lobjet dune absolution inconditionnelle ou conditionnelle, purgent leur peine sous forme de service communautaire ou se voient imposer des sentences conditionnelles et/ou des amendes. Ces contrevenants sont rarement, sinon jamais, incarcérés. Les transgresseurs reconnus coupables peuvent demander une absolution sils nencourent pas dautres déclarations de culpabilité criminelle. La prison demeure le fief des récidivistes qui commettent des crimes graves.
Lapproche du Canada face à de tels crimes est loin dêtre sévère et beaucoup de jeunes gens considèrent que ces pratiques sont insignifiantes, ce qui confirme le besoin dassortir de lourdes conséquences la consommation de drogue.
Mythe 4 : Dautres pays ont prouvé que les lois sur le contrôle des drogues ne sont pas nécessaires
Réalité : Voilà qui est faux! Certains pays, et même quelques États américains, ont fait lessai des politiques de libéralisation de la consommation de drogue et cest leur expérience qui démontre quen pareille situation, la consommation augmente, tout comme la demande de drogues chimiques et lactivité criminelle. À la longue, le concept de la prohibition gagne la faveur du public.
Mythe 5 : Jamais nous ne pourrons éliminer la consommation de drogues; pourquoi ne pas la réglementer, alors?
Réalité : Parce quil nexiste pas de consommation sécuritaire des drogues illicites. Même sil est vrai que cette consommation existera toujours, il nous est possible den réduire les effets négatifs par des programmes de réduction de la demande. Lexpérience du Canada dans la lutte à livresse au volant démontre que, en maintenant le niveau déveil de la population au sujet du problème, en procédant à des activités déducation publique, en adoptant des mesures législatives et en appliquant des programmes dobservation de la loi, nous pouvons modifier les opinions, influer sur les comportements des jeunes gens et des adultes et, en bout de ligne, réduire le risque de préjudice.
Mythe 6 : La dépénalisation réduit lassuétude
Réalité : Le fait de faciliter laccès à des drogues nocives ne peut quaccroître la consommation et la dépendance. Lalcool en est un exemple de premier choix, tout comme les médicaments prescrits. Il y a bien plus dalcooliques que de narcomanes au Canada mais, proportionnellement, beaucoup plus de consommateurs de drogues illégales que de buveurs dalcool développent une accoutumance.
Mythe 7 : La légalisation réduit le taux de criminalité
Réalité : Lexpérience des pays qui sy sont essayés démontre que le crime, la violence et la consommation dalcool forment un ensemble. La dépénalisation ne change pas les effets toxiques des drogues sur les gens et sur leur conduite et laugmentation de la demande et/ou de loffre de drogues ne réduit en rien le potentiel de comportement criminel.
Mythe 8 : Le crime organisé accuserait un recul sil y avait dépénalisation
Réalité : Les organisations criminelles, qui ont de tout temps visé membres les plus jeunes et les plus vulnérables de la société, ne se décourageront pas en présence defforts de dépénalisation du commerce extrêmement lucratif de la drogue. Comme on la vu dans les pays où il y a eu une libéralisation, le crime organisé a prospéré par suite de laugmentation de la demande de drogues, exerçant des pressions à lapprovisionnement de drogues nouvelles, moins chères et plus fortes. Les membres des organisations criminelles ne se bornent pas à exploiter des marchés illégaux, comme le démontre la contrebande de cigarettes et dalcool au Canada. La réduction de la demande et des mesures fructueuses dapplication de la loi sont des stratégies efficaces de réduction du crime organisé. De fait, nos dispositions législatives sur les drogues se sont avérées les outils les plus efficaces de la lutte au crime organisé.
Mythe 9 : Les policiers appuient le statu quo car ils craignent de perdre leur emploi
Réalité : En réalité, nous ne sommes pas en faveur du statu quo et nous craignons de voir nos emplois prendre de lampleur avec laugmentation de la consommation de drogue. Nous croyons que le Canada doit reconfirmer sa dénonciation de la consommation de drogues illicites, aviver la conscience de la population et renouveler ses efforts déducation publique sur les effets négatifs des drogues, revoir les pratiques de détermination de la peine de lappareil judiciaire afin de faire prendre conscience de la lourdeur des conséquences, se montrer plus actif au chapitre de la dissuasion et axer les efforts des organismes dobservation de la loi sur la réduction de loffre et de la demande de drogues illégales.
Mythe 10 : Le Canada est en train de perdre la guerre contre les drogues
Réalité : Le Canada na jamais livré de bataille à la drogue. Nos politiques nationales se concentrent sur la conscientisation, léducation et lapplication. Au Canada, 93 % des particuliers ne consomment pas de marijuana, et 75% ne lont jamais essayée, tandis que 98,9 % des gens ne touchent ni à la cocaïne, ni à lhéroïne, ni à lamphétamine, ni au LSD. Il est loin de sagir dun échec, mais nous pouvons, et nous devrions, faire mieux. Il est illusoire de croire que lon peut vaincre les drogues, la conduite en état divresse, le vol dauto, le vol qualifié, les voies de fait ou même le meurtre. Cela ne signifie pas que nous devions pour autant remettre aux criminels les clés de nos villes et villages.
La lutte à la drogue qui est en train de se perdre se livre dans les salles de conférences de la nation, là où le succès des mesures dinterdiction des drogues illégales subissent des assauts. Alors même que nous observons des tendances navrantes dans la consommation de drogue des enfants dâge scolaire et des adolescents, la tolérance perçue des chefs de file de la collectivité transmet aux jeunes des messages contradictoires prêtant à confusion.
Le moment est venu, pour les meneurs, pour les figures de proue de la collectivité, de prendre part au débat, de présenter aux jeunes des modèles positifs, daccroître la conscience du public au chapitre des préjudices associés à la consommation de drogues illégales et de mettre fin à lérosion de linformation publique par le biais de la désinformation et de lintérêt personnel.
On peut et on doit soulever des doutes sérieux quant à la motivation du lobby domestique et extérieur de libéralisation de la consommation de drogue. Qui trouvera un avantage à la dépénalisation de la consommation, à laugmentation de la demande, à laugmentation de loffre? Et aux dépens de qui? Ce sont les générations montantes qui en paieront le prix.
Conclusion : nous devons faire valoir nos succès
Lapproche équilibrée qua adoptée le Canada envers la consommation de drogue continue davoir un effet positif important. Il ne faut pas perdre de vue que :
- neuf Canadiens sur dix nont pas consommé de drogue au cours de la dernière année;
- les trois quarts des Canadiens nont jamais consommé de marijuana;
- la moitié des étudiants du secondaire nont jamais consommé de drogue;
- les deux tiers des étudiants du secondaire nont pas consommé de drogue au cours des douze derniers mois.
Une dure réalité demeure : le crime organisé considère les jeunes Canadiens comme son marché principal de vente des drogues illégales. La consommation de drogue constitue un facteur significatif dans une vaste gamme de crimes, dont les infractions contre les biens, les crimes avec violence, les vols qualifiés, la prostitution et les organisations criminelles.
Certaines personnes ont laissé entendre quune stratégie de dépénalisation de la possession de cannabis et dautres drogues pourrait, en quelque sorte, retirer le marché des mains du crime organisé. Nous croyons quil sagit dune approche à courte vue qui ne tient compte ni des risques associés aux drogues illégales ni de la souplesse dont peut faire preuve le crime organisé dans le choix de ses modes de production afin de générer une nouvelle demande et de nouvelles sources de revenu.
Lexpérience dautres pays illustre le fait que des politiques laxistes ne constituent pas une solution et ne répondent pas aux attentes de la population.
Le Bureau des Nations Unies pour le contrôle des stupéfiants et la prévention du crime, dans un exposé sur les stimulants de la famille de lamphétamine présenté en février 2000 au Sommet international sur le contrôle des stupéfiants, proposait une approche à cinq volets de la prévention de la consommation de drogue :
- Hausse de la conscientisation du public
- Réduction de la demande
- Fourniture dinformation exacte
- Restriction de lapprovisionnement
- Renforcement des contrôles
La prévention se trouve au cur de la réduction de la demande. Si lon transmet aux jeunes un message indiquant que la consommation de cannabis nest pas préjudiciable ou quelle peut être sécuritaire, alors même quil existe une abondance de preuves scientifiques du contraire, on manque de cohérence. Le traitement et la réadaptation devraient être accessibles aux personnes souffrant de dépendance.
LACP recommande, par conséquent, que le gouvernement du Canada, de concert avec elle et avec ses partenaires de lapplication de la loi, effectue une étude significative de lefficacité de lappareil judiciaire actuel dans la lutte à tous les crimes de moindre gravité, dont la possession de drogues illicites. Cette étude devrait comprendre un examen des pratiques de détermination de la peine, des substitutifs et de lefficacité des peines, afin de garantir que les mesures contemporaines correspondent aux attentes de la collectivité.
LACP sopposera vigoureusement aux efforts de dépénalisation de la possession de drogues sauf dans les cas approuvés dordonnance licite à des fins médicales. Une analyse plus poussée semble nécessaire sur lutilité véritable et lapplication de lutilisation médicale de la marijuana.
Dans une lettre expédiée le 7 mai 2001 à M. Allan Rock, ministre de la Santé du Canada, le président de lAssociation médicale canadienne (MC), Peter H. Barrett, déclarait :54
LAMC reconnaît les besoins particuliers dune personne souffrant dune maladie en phase terminale ou dune maladie chronique sur laquelle les thérapies traditionnelles sont sans effet. LAMC reconnaît également les besoins des personnes qui peuvent avoir tiré, ou espèrent tirer, des avantages de la consommation de marijuana dans le soulagement de leurs symptômes, et elle en a de la sympathie. LAMC appuie le recours à toute thérapie dont linnocuité a été prouvée, qui est efficace et fabriquée selon les méthodes appropriées et elle défend depuis longtemps laccès équitable à tous les traitements. Ses membres, néanmoins, ont à lheure actuelle des réserves fondamentales quant à lutilisation de marijuana à des fins médicales.
La marijuana est une herbe et, à ce titre, elle peut être considérée comme un produit naturel. Au contraire de bien dautres produits naturels, cependant, la marijuana peut causer une dépendance, elle a des effets psychoactifs connus et, quand elle est absorbée sous forme de fumée, elle nuit à la santé. Les membres de lAMC sinquiètent également des implications sociales larges de la marijuana comme médicament et de ses répercussions possibles sur la capacité des consommateurs de fonctionner, à la maison ou au travail. LAMC croit que les produits naturels devraient être soumis à la même réglementation fondée sur les preuves que tous les produits pharmaceutiques à mission thérapeutique.
LAMC appuie Santé Canada dans ses efforts détablissement de recherches sur linnocuité et lefficacité de la marijuana et de ses principes actifs et dinstauration dune source sûre et licite de marijuana à partir de laquelle mener ses recherches. Nous espérons que, grâce à une recherche solide, les ingrédients actifs de la marijuana seront jugés inoffensifs et bénéfiques pour les patients qui continuent de souffrir daffections pour lesquelles les traitements actuels se sont montrés inefficaces. Dici là, toutefois, les membres de lAMC sinquiètent de voir la consommation de marijuana à des fins médicales sans assise scientifique adéquate ni contrôles réglementaires créer tant pour les patients que pour les médecins des risques qui, peut-être, ne justifient pas ses avantages à court terme.
Ce nest pas parce quelles sont illégales que les drogues sont dangereuses : ce sont les dangers quelles posent qui les rendent illégales. Nous prétendons quil existe un risque intrinsèque à « réduire les préjudices » des accusations de possession de marijuana, dont un message incontournable voulant que la possession et la consommation de drogue naient pas à être prises au sérieux. Le pratiques de détermination de la peine des tribunaux canadiens ont déjà eu un effet négatif important sur la transmission de tels messages aux jeunes, tout comme aux producteurs, importateurs et trafiquants de drogue.
Il est crucial de bien faire comprendre aux jeunes Canadiens le danger et la destruction que représente la consommation de drogues illicites. Nous devons en venir à une approche équilibrée qui associera des conséquences significatives et proportionnelles aux crimes graves, en conjonction avec des mesures de renforcement des comportements voulus de nos jeunes gens.
Le message transmis aux jeunes Canadiens par laccroissement du laxisme serait également contre-productif. Nous ladmettons, la crainte de larrestation ne constitue pas un élément de dissuasion important pour certaines personnes, mais elle représente un rappel du fait que les Canadiens, dans leur ensemble, ne tolèrent pas labus de drogues illégales. Les attitudes sociales et les inquiétudes relatives à la santé ont plus dimportance dans la dissuasion de la consommation de drogue. Il importe que la consommation ne soit pas vue par les jeunes gens comme une pratique à laquelle souscrit la société et quelle ne soit pas non plus considérée comme « sans danger ». La dépénalisation ne ferait rien dautre que de prévenir la consommation de drogues illicites avant lâge de la majorité. À lheure actuelle, bien que la réglementation sur le tabac en interdise lachat et la consommation aux jeunes, un demi-million de Canadiens de moins de 18 ans fument. La diffusion du message voulant que les drogues ne soient « pas cool » appelle une approche multivolet incluant le recours aux modèles sociaux, à léducation sur la santé et à linterdiction .55
Lhonorable David Kilgour,
Député et secrétaire détat (Amérique latine et Afrique)
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