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Projet de loi instituant la Journée canadienne de l'alimentation

Troisième lecture--Ajournement du débat

26 avril 2022


Propose que le projet de loi S-227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation, soit lu pour la troisième fois.

 — Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi S-227, qui vise à désigner le samedi de la longue fin de semaine d’août en tant que Journée canadienne de l’alimentation.

D’entrée de jeu, j’aimerais remercier la sénatrice Simons de m’avoir remplacé à la présidence du Comité de l’agriculture et des forêts afin de me permettre d’agir comme témoin au sujet du projet de loi S-227. Je tiens à remercier les sénatrices Poirier et McCallum d’avoir pris la parole au sujet de cet important projet de loi, et j’ai hâte de les entendre dans un avenir rapproché. Enfin, j’aimerais remercier l’industrie agricole pour son appui généralisé à ce projet de loi, ainsi que les témoins qui ont comparu devant le Comité de l’agriculture et des forêts pour partager leurs réflexions sur l’institution d’une journée nationale de l’alimentation au Canada.

Chers collègues, vous m’avez entendu à maintes reprises souligner l’importance de l’industrie agricole et agroalimentaire au Canada. La nourriture est au cœur de nos foyers, de nos collectivités et de notre économie, et l’un des aspects positifs de la pandémie est que de nombreux Canadiens, en particulier ceux qui ne vivent pas dans des collectivités rurales et agricoles, s’intéressent maintenant beaucoup plus à savoir où et comment leurs aliments sont cultivés.

Pour ce qui est de l’accès à la nourriture, nous sommes extrêmement chanceux ici au Canada. En fait, le Canada est l’un des principaux producteurs et exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires au monde. De nombreuses personnes, dont moi et les intervenants de l’industrie, estiment qu’il est grand temps de reconnaître l’important rôle que jouent l’agriculture et l’industrie alimentaire locale au Canada, dans le cadre d’un événement national.

La création de la journée canadienne de l’alimentation renforcerait la fierté et la confiance que nombre d’entre nous avons et que davantage de Canadiens doivent avoir dans les aliments produits au Canada, non seulement pour la consommation nationale, mais aussi pour le marché international. Un tel événement favorisera les discussions sur la souveraineté et la sécurité alimentaires.

Même si j’ai dit que nous sommes extrêmement chanceux d’avoir un secteur agroalimentaire aussi abondant, il n’en demeure pas moins que des Canadiens continuent d’avoir de la difficulté à se procurer des aliments abordables et nutritifs. Il faut s’attaquer à cette question. Aucun Canadien ne devrait avoir faim.

Pendant la séance du Comité de l’agriculture et des forêts sur ce projet de loi, on nous a dit combien il est important pour les générations à venir de comprendre que les agriculteurs, les producteurs, les transformateurs et les détaillants agroalimentaires travaillent fort pour produire de bons aliments. Les Canadiens, jeunes et vieux, doivent constater eux-mêmes que les collectivités agricoles prennent soin de la terre, des produits qu’elles cultivent et des animaux qu’elles élèvent.

Nos ressources naturelles sont parmi les meilleures; notre industrie compte d’innombrables chefs de file talentueux; et nous possédons une technologie et de l’équipement hautement novateurs pour nourrir notre pays et le monde.

Il est clair que le fait d’instaurer une journée canadienne de l’alimentation peut aider nos amis, nos voisins et les générations futures à comprendre qu’il y a tant à apprendre au sujet de l’agriculture et de la production alimentaire dans notre pays.

Le Comité de l’agriculture et des forêts a aussi entendu des témoins parler de la valeur d’un tel hommage rendu aux aliments canadiens et aux excellentes personnes qui travaillent au sein du système alimentaire, ainsi que de l’incommensurable valeur de cet appui positif et de cette confiance à l’égard des aliments et du secteur agricole canadiens, en particulier à la lumière de tout ce que nous avons appris au sujet de notre système alimentaire national pendant la pandémie.

Si elle était instaurée, cette célébration annuelle contribuerait non seulement à réunir les Canadiens pour célébrer notre industrie alimentaire — y compris les gens qui produisent les aliments, de la ferme à la table —, mais aussi à encourager les Canadiens à mieux connaître notre secteur agroalimentaire. Ce serait une occasion de mettre en évidence les divers produits alimentaires nutritifs auxquels nous avons accès et de souligner leur importance dans notre vie.

Les entreprises du secteur agroalimentaire jouent un rôle essentiel non seulement dans notre pays, mais aussi dans le monde entier. Il ne faut pas oublier qu’il est absolument primordial d’accroître la sensibilisation à l’échelle planétaire à l’égard des produits alimentaires canadiens et des cultures de qualité que nous produisons dans le cadre des efforts que nous déployons pour atteindre les cibles énoncées dans le rapport Barton, qui a été publié il y a quelques années.

Honorables collègues, parler des produits alimentaires locaux, c’est aussi parler des gens qui partagent notre quotidien. Ce sont les agriculteurs qui cultivent les champs le long des autoroutes sur lesquelles nous circulons d’un bout à l’autre du Canada, les entreprises agroalimentaires qui produisent les aliments qui se retrouvent sur les tablettes à l’épicerie, les chefs et les restaurateurs qui nous nourrissent ainsi que les viticulteurs et les brasseurs qui fabriquent le vin, la bière et les spiritueux que nous savourons.

Les produits alimentaires locaux, ce n’est pas seulement ce que nous mangeons; c’est aussi le vie des Canadiens. Si le projet de loi S-227 était adopté, les Canadiens auraient l’occasion de se réunir chaque été pour célébrer à la fois le secteur agroalimentaire et toutes les personnes qui participent à la grande chaîne d’approvisionnement alimentaire d’un océan à l’autre.

Je souligne avec plaisir que ce projet de loi a bénéficié d’un solide appui de tous les partis à l’autre endroit. J’espère que nous l’adopterons rapidement ici, à la Chambre rouge, afin que la Journée canadienne de l’alimentation puisse être célébrée cet été.

Cela dit, peu importe le sort que connaîtra mon projet de loi, je vous remercie tous, à l’avance, de célébrer les aliments canadiens à l’année longue, d’un océan à l’autre.

Merci, meegwetch.

L’honorable Terry M. Mercer [ + ]

Le sénateur Black accepterait-il de répondre à une question?

Bien sûr.

Le sénateur Mercer [ + ]

Sénateur, je vois dans cette initiative une occasion de continuer à faire participer les Canadiens à la défense du secteur agricole canadien, un secteur d’une grande importance.

Ne pourrions-nous pas en profiter pour inviter les Canadiens à demander à leur épicier pourquoi on trouve sur les tablettes des produits de l’étranger alors que le Canada cultive ces mêmes produits?

C’est moi qui fais l’épicerie dans notre famille. Je vous prie donc de me pardonner si j’entre trop dans les détails. Imaginons que je vais acheter des tomates cerises pour faire l’une de mes recettes. Je lis l’étiquette, comme toujours, et je vois que les tomates viennent du Mexique ou du Sud des États-Unis. Le Canada compte pourtant d’immenses serres. Il y en a une, par exemple, juste au nord de Trois-Rivières, au Québec, dont la superficie correspond à cinq terrains de football canadien. On n’y cultive que des tomates cerises.

Bref, si je vais dans une épicerie Sobeys de la Nouvelle-Écosse pour acheter des tomates cerises, je pourrais demander au gérant des fruits et légumes pourquoi on y vend des tomates cerises du Mexique alors que le Québec et l’Île-du-Prince-Édouard en cultivent en grande quantité.

La création d’une journée canadienne de l’alimentation ne serait-elle pas l’occasion d’inviter nos concitoyens à militer pour que nos épiciers ne choisissent pas, par paresse, d’acheter des aliments d’autres pays quand ces mêmes aliments sont aussi cultivés ici?

Je vous remercie de votre question, sénateur Mercer. Pour répondre brièvement : oui, absolument.

J’ai bon espoir que célébrer une journée canadienne de l’alimentation encouragerait les gens à poser ces questions aux épiciers du pays, ce jour-là et toute l’année. Je sais que, durant les périodes froides de l’année, on n’a pas accès à des fruits et légumes cultivés au Canada.

Nous devons certainement nous poser ces questions plus souvent qu’à notre tour. Je suis ravi que vous le fassiez en tant qu’acheteur de produits alimentaires dans votre famille. Je fais la même chose. Parfois, je les agace beaucoup, mais je pense que c’est très important.

L’honorable Mary Jane McCallum [ + ]

La réconciliation par l’alimentation.

Pour citer Harry S. Truman : « À long terme, aucune nation n’est en meilleure santé que ses enfants, ou plus prospère que ses agriculteurs [...] »

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi S-227, qui vise à instituer la Journée canadienne de l’alimentation.

Je tiens à remercier le sénateur Black pour son engagement indéfectible à défendre la terre, la sécurité des sols et la communauté agricole de l’île de la Tortue.

L’agriculture a toujours été et continue d’être un élément clé de la solution visant à produire des aliments nutritifs et élevés en liberté pour les Canadiens. Mon intérêt pour l’agriculture est issu d’une relation personnelle. Mon mentor et père de substitution, le Dr Robert Glenn, avait une ferme aux environs de Russell, dans la région d’Interlake, au Manitoba.

Un jour, alors qu’il avait près de 80 ans, il m’a parlé de sa ferme tandis que nous nous trouvions à la clinique dentaire. Je lui ai demandé :

Dr Glenn, pourquoi continuez-vous à accomplir ce dur labeur qui commence à quatre ou cinq heures du matin et se poursuit jusqu’à tard dans la soirée, sans être certain d’en tirer un revenu à la fin de la saison?

Il a répondu : « C’est dans le sang, ma fille. » C’est à ce moment qu’est né mon profond respect pour les agriculteurs et leur travail difficile et acharné — et souvent peu apprécié et ingrat.

D’après ce que j’en sais maintenant, l’agriculture est une source d’enseignements liée à la terre. Comme le savoir autochtone, cette activité est une source de connaissances et de sagesse qui ne s’acquièrent pas dans les manuels et les classes d’école.

Honorables sénateurs, peu de gens savent que l’une des plus importantes contributions des peuples autochtones d’Amérique a trait à l’agriculture. Nombre d’aliments comme le chocolat, la pomme de terre, le maïs et la tomate sont originaires des Amériques et ont d’abord été cultivés ou sélectionnés par des agriculteurs autochtones.

Les cultures qu’on appelle les trois sœurs, soit le maïs, le haricot et la courge, étaient habituellement produites ensemble par les agriculteurs autochtones. Dès les premiers contacts entre les Autochtones et les Européens, ces derniers se fondaient souvent sur les connaissances des peuples autochtones au sujet des aliments et du territoire pour assurer leur survie dans ces contrées étrangères.

L’article de l’Encyclopédie canadienne sur les Premières Nations dit notamment que, pendant les années 1600, la technologie et le savoir autochtones en ce qui a trait à la chasse, au piégeage, à l’orientation, à l’alimentation et aux maladies se sont avérés essentiels à la survie des Européens et à la prospérité des premières économies et sociétés coloniales.

Sans le partage du savoir et des ressources des Autochtones, ainsi que de leurs connaissances entourant les techniques de préparation des aliments, comme la récolte du riz sauvage à l’automne et la production du sirop d’érable au printemps, les colonies des Européens n’auraient pas survécu et n’auraient certainement pas pu se développer.

Dans son livre intitulé A Brief History of Indigenous Agriculture, Diana Bizecki Robson, du Musée du Manitoba, dit ceci :

Après l’arrivée des Européens dans les Amériques, des cultures de « l’Ancien Monde » (comme le blé, l’orge et l’avoine) ont été apportées sur ce continent, tandis que des cultures des Amériques ont été transportées jusqu’en Afrique, en Asie et en Europe. Ce processus fait partie de ce qu’on appelle l’échange colombien.

Cela dit, honorables collègues, il faut mentionner que, malgré les contributions des peuples autochtones dans le domaine de l’agriculture, les rapports que nous avons entretenus avec ce chapitre méconnu de l’histoire des Autochtones sont complexes au Canada.

Dans le livre intitulé Lost Harvests, Prairie Indian Reserve Farmers and Government Policy, l’autrice connue Sarah Carter affirme :

L’agriculteur indien s’est vu accorder un rôle insignifiant dans l’histoire des Prairies canadiennes. Même si les Indiens des Plaines étaient parmi les premiers et les plus importants groupes à tenter l’agriculture à l’ouest de la colonie de la rivière Rouge, c’est habituellement les immigrants venus d’Europe et des plus anciennes provinces canadiennes qu’on qualifie de pionniers de l’agriculture dans les Prairies. Non seulement les Indiens ont été exclus des histoires de défricheurs, mais on ne leur a même pas reconnu la capacité de travailler la terre.

Elle poursuit :

[...] les Cris des plaines avaient hâte d’acquérir les compétences et les outils qui leur permettraient de cultiver la terre, mais ils ont fini par abandonner l’agriculture en raison de la réglementation gouvernementale restrictive, notamment le système de permis, la subdivision des réserves et l’interdiction d’utiliser de la machinerie.

Chers collègues, la raison pour laquelle les agriculteurs autochtones n’ont pas eu autant de succès que les colons est la suivante, comme l’indique Sarah Carter :

[...] ce n’est pas que la culture des Indiens limitait leur capacité pour l’agriculture, mais que, en plus des obstacles environnementaux, les agriculteurs indiens ont été assujettis à une réglementation qui les empêchait d’avoir les possibilités technologiques et financières nécessaires pour prospérer dans ce domaine.

L’autrice résume bien le problème en écrivant :

Le consensus voulant que les Indiens de l’Ouest canadien n’aient pas réussi à s’adapter à l’agriculture en raison de leurs traditions culturelles doit être revisité.

Les gens qui insistent pour dire que le problème fondamental était la réticence des Indiens à devenir des agriculteurs en raison de leur culture ou de leur tempérament ont ignoré ou minimisé les facteurs économiques, juridiques, sociaux et climatiques. Les agriculteurs des réserves ont fait face aux mêmes adversités et malheurs que leurs voisins blancs, mais ils ont en plus été assujettis à des politiques gouvernementales qui avaient tendance à aggraver plutôt qu’à améliorer la situation déjà sombre dans laquelle se trouvaient tous les agriculteurs.

Honorables sénateurs, j’ai donné un très bref aperçu de l’histoire des peuples autochtones relativement à la nourriture et à l’agriculture. Cela inclut leur volonté de faire part de leurs idées sur la production alimentaire et d’offrir de la nourriture aux premiers colons, leurs capacités, leur ingéniosité et leur volonté de prospérer dans le secteur agricole, ainsi que les nombreux obstacles qu’ils ont dû surmonter au début, des forces insurmontables qui nuisaient à leur succès dans ce domaine.

Chers collègues, j’aimerais maintenant aborder la question de la sécurité alimentaire et sa dépendance à l’égard d’un environnement sain et de la biodiversité.

Dans l’ouvrage Saving Farmland : The Fight for Real Food, l’autrice cite la description des droits de la nature donnée par Vandana Shiva.

Sur Terre, les organismes vivants et les collectivités humaines sont confrontés à de multiples crises de changement climatique, d’extinction massive des espèces, de déforestation endémique, de désertification, d’effondrement des stocks de poissons et de contamination toxique, dont les conséquences sont tragiques pour toute forme de vie. Dans le système juridique actuel, la nature est considérée comme un objet ou comme une propriété dont le propriétaire a le droit de détruire les écosystèmes en contrepartie d’un gain financier. La doctrine juridique des droits de la nature reconnaît que les écosystèmes et les espèces végétales et animales ne peuvent être considérés comme de simples objets, mais qu’ils sont des entités ayant le droit inhérent d’exister. La population, les collectivités et les autorités ont la responsabilité de garantir ces droits au nom de la nature. Ces lois correspondent aux concepts de droit naturel et de directives originales des peuples autochtones, ainsi qu’à la vision voulant que les humains fassent partie de la nature et qu’ils ne constituent qu’un brin dans la toile de la vie.

Chers collègues, il est maintenant compris et accepté que la santé de l’environnement naturel qui nous entoure a des conséquences directes et profondes sur notre propre santé. La perte de diversité, qu’elle soit culturelle, biologique ou environnementale, qui se poursuit au Canada nuit à l’approvisionnement et à la production alimentaires.

Lorsque ces chaînes d’approvisionnement fondamentales sont compromises, nous vivons une rupture dans notre lien avec la terre, ainsi qu’avec les animaux, qui font partie intégrante d’une biodiversité saine et vigoureuse.

Il faut noter également que la sécurité alimentaire prend souvent différentes formes selon le segment de la population. Vu le mode de vie traditionnel fondé sur la terre que de nombreux peuples autochtones pratiquent encore et s’efforcent de préserver, il n’est pas étonnant que ces derniers soient plus vulnérables à la menace liée à l’insécurité alimentaire. Cette réalité est décrite dans un article intitulé « The History of Food in Canada Is the History of Colonialism » publié dans le magazine en ligne The Walrus. Voici un passage :

Dans les grandes villes, les choix alimentaires sont horizontaux. Comme dans un buffet, tous les éléments sont indépendants les uns des autres. Souvent, dans les systèmes alimentaires autochtones, le menu est vertical. Comme dans un jeu de Jenga, où plusieurs pièces soutiennent l’édifice, enlever un élément peut tout faire basculer. Dans ce type de système alimentaire, un animal comme le phoque n’est pas seulement une source de protéines, mais peut aussi servir à la fabrication de combustible, de vêtements et d’outils. Les produits du phoque peuvent également être commercialisés. Tout cela a été anéanti en 2009, lorsque l’Union européenne, sous la pression de militants environnementaux, a banni l’importation des produits du phoque.

Chers collègues, la réalité et l’importance du phoque ne sont qu’un exemple qui illustre l’imbrication et l’intersectionnalité de la biodiversité pour un très grand nombre de peuples autochtones au pays.

Honorables sénateurs, bon nombre de Canadiens ont l’impression que nos systèmes alimentaires sont sûrs tant que les tablettes des épiceries sont bien remplies, et ils ne se soucient souvent pas de la provenance des produits ou des processus d’approvisionnement. Il est pourtant crucial que nous nous posions des questions. Quelle est notre relation avec la nourriture? Il est dans notre intérêt de chercher à savoir comment le blé a été cultivé ou comment le bétail a été élevé, par exemple. Les produits sont-ils biologiques? Les animaux ont-ils été élevés en liberté? S’agit-il d’une production locale? A-t-on eu recours à des manipulations génétiques?

Pour mieux soutenir les entreprises d’ici et, plus particulièrement, les agriculteurs locaux, il est important de poser de telles questions. Appuyer et comprendre les entreprises locales nous aide à prendre pleinement conscience que les aliments nutritifs ne doivent pas être tenus pour acquis. Ils sont le résultat de la rencontre entre une saine biodiversité et les personnes qui la protègent et la cultivent.

Chers collègues, le préambule du projet de loi S-227 indique ce qui suit :

[...] la population canadienne tirera avantage d’une journée de l’alimentation destinée à célébrer les aliments locaux, qui constituent l’une des caractéristiques les plus fondamentales de chacune des cultures qui forment notre nation [...]

C’est un aspect important du projet de loi. Les célébrations où la nourriture est à l’honneur font partie intégrante de la vie des Premières Nations et d’autres Canadiens. Souvent, elles prennent la forme de festins qui ont toujours été une occasion de se réunir, de fêter et de partager, au son des rires et dans la joie.

Autour de la nourriture, les gens se rassemblent pour partager des histoires, pour s’écouter, pour apprendre et pour guérir. Ainsi, les festivités autour de la nourriture contribuent à créer des liens et à gommer les différences. De telles festivités soulignent aussi l’importance du travail collectif, que ce soit pour récolter, pour chasser ou pour cueillir. La nourriture est toujours un moyen de passer du temps ensemble et de partager notre humanité.

Honorables sénateurs, l’importance de la nourriture n’est pas à démontrer, mais l’idée de célébrer et de commémorer son passé, son présent et son futur au Canada est une initiative intéressante. Je souhaite féliciter tous les agriculteurs du Canada pour leur formidable travail, ainsi que tous les petits commerces qui proposent des produits, des articles et des aliments locaux, sans oublier les chefs cuisiniers qui contribuent à la découverte des aliments locaux, à la maison comme dans les restaurants.

Pour conclure, chers collègues, j’aimerais citer les propos de Frances Moore Lappé :

L’objectif de la protection des biens communs, c’est de prévenir le mal avant qu’il n’arrive. Cela signifie qu’il faut apprendre à penser comme un écosystème.

Ainsi, les richesses naturelles ne nous apparaissent plus comme de simples biens à partager entre nous, mais comme des offrandes protégées par des limites que nous instaurons et que nous respectons, et nous savons que toute forme de vie dépend de leur intégrité.

Kinanâskomitin. Merci.

Sénatrice McCallum, je vous remercie d’avoir fait ce discours important. J’aimerais savoir comment vous pensez que ce projet de loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation contribuera à la santé de notre environnement.

La sénatrice McCallum [ + ]

Pour de nombreux Canadiens, tant que les épiceries sont bien remplies, les systèmes alimentaires du pays fonctionnent, peu importe d’où vient la nourriture. Il suffit pourtant de penser à ce qui s’est produit en Colombie-Britannique lors des inondations qui ont isolé la ville de Vancouver pour réaliser à quel point l’approvisionnement alimentaire est fragile.

Dans son livre intitulé Saving Farmland, Mme Chambers affirme ceci :

D’ailleurs, sur l’île de Vancouver, il y a de la nourriture pour nourrir la population pendant seulement trois jours environ si l’approvisionnement de l’extérieur de l’île est interrompu et, à même l’heure actuelle, beaucoup de gens n’ont pas de quoi se nourrir suffisamment. Une crise nous guette et elle a même commencé à se faire sentir alors que nous continuons à accaparer les meilleures terres agricoles pour faire du développement et à endommager les zones de production alimentaire déjà restreintes.

Soutenir les entreprises locales nous aide à réaliser que la nourriture n’est pas un luxe. Manger local réduit l’empreinte de carbone, parce que la nourriture ne vient pas d’aussi loin.

Selon une étude menée par le Leopold Center for Sustainable Agriculture de l’Université d’État de l’Iowa, une carotte produite localement ne parcourt que 27 miles, alors que la carotte provenant des sources conventionnelles doit faire 1 838 miles avant d’arriver dans notre assiette. Manger local fait en sorte que l’argent demeure dans l’économie locale et que les entreprises locales peuvent prospérer au lieu des grandes sociétés.

Les terres agricoles hébergent de larges pans des écosystèmes...

Son Honneur la Présidente intérimaire [ + ]

Sénatrice McCallum, je suis désolée, votre temps est écoulé.

La sénatrice McCallum [ + ]

Merci.

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