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Projet de loi concernant la modernisation de la réglementation

Deuxième lecture

28 avril 2022


L’honorable Larry W. Smith [ + ]

Honorables sénateurs, je prends la parole en qualité de porte-parole au sujet du projet de loi S-6, Loi concernant la modernisation de la réglementation.

L’objectif déclaré du projet de loi est de modifier ou d’abroger des dispositions dans diverses lois qui sont devenues des « obstacles à l’innovation et à la croissance économique » et d’ajouter certaines dispositions en vue d’encourager l’innovation et la croissance économique. Plus important encore, le projet de loi propose de modifier, au moyen de plus de 40 modifications, 29 lois, notamment la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, la Loi sur l’inspection de l’électricité et du gaz et la Loi sur les pêches, pour ne nommer que celles-là.

Les changements proposés, qui semblent à première vue être mineurs et techniques, élimineraient, comme l’a très bien exprimé le sénateur Woo, « des irritants législatifs » qui augmentent le fardeau administratif non seulement du gouvernement, mais aussi du secteur privé.

Par exemple, le projet de loi S-6 modifie la Loi sur les arpenteurs des terres du Canada afin de simplifier la manière dont le public peut porter plainte, et afin d’harmoniser les versions française et anglaise de la loi pour en uniformiser le libellé.

À l’instar du sénateur Woo, je n’aurai pas le loisir de captiver le Sénat en parlant de chacune des modifications, car je n’aurais pas assez de temps pour le faire. C’est pourquoi je considère qu’une étude plus détaillée de ce projet de loi aux divers comités serait justifiée.

Chers collègues, la réglementation joue un rôle essentiel pour protéger les Canadiens et l’environnement, car elle offre des lignes directrices aux entreprises et aux consommateurs pour assurer le respect des lois et pour remédier aux situations de non-conformité.

Plusieurs personnes pourraient être étonnées d’apprendre à quel point nos vies sont réglementées, qu’il s’agisse des maisons dans lesquelles nous vivons, des voitures que nous conduisons, des produits que nous utilisons, des services que nous exigeons, des aliments que nous consommons ou du contenu que nous visionnons. La réglementation joue un rôle important pour préserver notre sécurité et celle de notre entourage.

Un bref coup d’œil à la Loi canadienne sur la sécurité des produits de consommation, qui est conçue pour protéger le public en s’attaquant aux menaces liées aux produits de consommation, fait ressortir près de 40 règlements, qui concernent les bijoux pour enfants, les berceaux, les couvre-fenêtres, les portes en verre, les bouilloires, les matelas, les casques de hockey et même la céramique émaillée et la verrerie. Dans la plupart de ces cas, la réglementation est primordiale. Sans elle, la santé et la sécurité des Canadiens seraient en jeu.

Néanmoins, il existe des règlements désuets qui nuisent à la productivité, à la compétitivité et à l’efficacité. L’imposition aux entreprises et aux consommateurs de règlements périmés, inefficaces et coûteux occasionne des dépenses d’ordre administratif inutiles.

Par exemple, les entreprises qui sont visées par la Loi sur l’Agence canadienne d’inspection des aliments doivent, selon le texte de la loi, interagir avec l’agence au moyen de transactions papier. Vous avez bien entendu. En 2022, l’Agence canadienne d’inspection des aliments administre et applique les dispositions de la loi en utilisant le papier. Heureusement, le projet de loi S-6 modifie la Loi sur l’Agence canadienne d’inspection des aliments en éliminant la nécessité d’utiliser des transactions papier et en permettant à l’agence d’administrer et d’appliquer la loi par voie électronique.

C’est précisément ces types de processus réglementaires désuets et, bien honnêtement, lents qui minent la compétitivité des entreprises canadiennes, mais qui compliquent aussi la tâche aux entreprises étrangères qui veulent investir ici.

Un rapport publié par Deloitte en 2019 sur l’état de la réglementation, La réglementation en tant qu’avantage concurrentiel, souligne que le contexte réglementaire du Canada est une grande faiblesse. C’est un sentiment que partageait la Banque mondiale qui, en 2019, a classé le Canada au 23e rang de son indice de la facilité de faire des affaires, une dégringolade de 18 places depuis 2006. De plus, le Forum économique mondial a classé le Canada au 53e rang parmi 140 pays où l’on a évalué le fardeau de la réglementation gouvernementale.

Enfin, selon les indicateurs de réglementation des marchés de produits de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Canada, en 2019, a eu des résultats inférieurs à ses pairs, qu’ils fassent partie de l’OCDE ou non, en ce qui concerne la réglementation des activités commerciales.

On a aussi rapporté que le Canada a été deux fois moins concurrentiel que la moyenne de l’OCDE en ce qui a trait au fardeau administratif imposé aux jeunes entreprises. Les délais et les coûts associés à l’approbation des demandes de permis et de licences en sont des exemples.

Honorables sénateurs, étant donné le bilan du Canada en matière de réglementation, il n’est pas difficile de concevoir que notre pays n’est pas des plus attractifs pour les investissements étrangers.

L’indice de restrictivité de la réglementation à l’investissement direct étranger est une base de données de l’OCDE qui mesure la restrictivité des règlements d’un gouvernement en matière d’investissements étrangers dans divers secteurs. D’après cet indice, le Canada était le pays le plus restrictif de l’OCDE en la matière en 2020, avec le Mexique, l’Islande et la Nouvelle-Zélande.

D’autres données provenant de la Banque mondiale suggèrent que les entrées nettes d’investissements directs étrangers au Canada — exprimées en pourcentage du PIB — représentaient toujours 1,6 % en 2020. Dans ce classement, le Canada vient après des pays comme la Suède, l’Allemagne et l’Espagne, qui sont des pays classés comme étant moins restrictifs en matière d’investissements étrangers.

Toutefois, après mes échanges avec des fonctionnaires du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, et après avoir écouté le sénateur Woo, je suis heureux d’apprendre que d’autres révisions réglementaires auront lieu en parallèle de l’examen législatif prévu dans le projet de loi S-6.

En plus de l’engagement à produire des examens législatifs annuels, comme le projet de loi S-6, d’autres révisions de la réglementation sont en cours à l’interne au sein de la fonction publique fédérale. D’après le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, les ministères et les organismes ont été chargés de réaliser des feuilles de route pour la révision, la mise à jour et l’épuration des règlements qui sont de leur ressort.

De surcroît, le gouvernement a pris note des collaborations avec les provinces et territoires dans le cadre de la Table de conciliation et de coopération en matière de réglementation pour uniformiser les règlements entre le gouvernement fédéral et les provinces et territoires.

Pour finir, il existe divers forums bilatéraux et multilatéraux sur la coopération en matière de réglementation auxquels le gouvernement participe pour remédier aux racines mêmes des problèmes qui entravent les investissements.

Ensemble, toutes ces initiatives permettront au gouvernement fédéral de se fixer des objectifs ambitieux. Il nous incombe de vérifier que le gouvernement atteindra ses cibles. En tant que Chambre de second examen objectif, le Sénat doit sans cesse procéder à des contrôles et demander des comptes au gouvernement à cet égard.

Le projet de loi S-6 constitue un pas, bien que modeste, dans la bonne direction. C’est pourquoi je pense qu’il faut l’envoyer au comité pour générer de plus amples discussions et pour donner la possibilité aux sénateurs de collaborer afin d’étudier certains processus réglementaires qui nuisent à notre productivité, à notre efficacité et à notre croissance.

Merci à tous.

Honorables sénateurs, je prends la parole à l’appui du projet de loi S-6, Loi concernant la modernisation de la réglementation.

Le projet de loi S-6 s’inscrit dans le cadre d’une initiative de modernisation de la réglementation visant à remédier à des problèmes soulevés par les entreprises et les Canadiens concernant des exigences trop compliquées, incohérentes ou dépassées qui font obstacle à l’innovation et à la croissance économique. Vous ne serez pas étonnés d’apprendre que j’estime qu’il s’agit d’une très bonne initiative.

D’abord, j’aimerais remercier le sénateur Woo, qui a décrit de façon exceptionnelle l’importance des 47 modifications visant 29 lois qui sont proposées dans ce projet de loi. Je n’aurais jamais pu en faire autant, je vous l’assure. J’ai particulièrement aimé qu’il ait qualifié le projet de loi de premier pas important dans la bonne direction. Vous constaterez dans mon discours que je suis entièrement d’accord avec lui sur ce point.

J’ai également aimé que le sénateur Smith nous rappelle avec brio l’importance de la réglementation intelligente et le fardeau que les règlements représentent pour les entreprises, notamment les entreprises en démarrage. Sénateur Smith, merci.

Les modifications proposées rejoignent d’importants thèmes économiques et sociaux, notamment faciliter les affaires, assouplir et adapter la réglementation et améliorer l’intégrité du régime réglementaire. Ce sont là des objectifs incroyablement importants. Cela dit, je dirais, humblement, qu’un quatrième s’impose, soit celui de veiller à ce que nos lois et règlements ne soient pas anticoncurrentiels. J’y reviendrai plus tard.

Le projet de loi S-6 est la deuxième mouture d’un nettoyage annuel dirigé par le Conseil du Trésor. Il s’agit du premier projet de loi annuel de modernisation de la réglementation provenant du Sénat. Je crois que cela lui confère une réelle importance.

Les 47 modifications législatives qu’il contient visent à régler certains irritants concernant des questions non controversées, comme l’a souligné le sénateur Woo, qui limitent la capacité d’adapter les règlements connexes à l’évolution de la science, de la technologie et des modèles d’affaires, entre autres. Ce sont des modifications dont la nécessité est largement reconnue, alors je ne vais pas en parler dans mon discours à l’étape de la deuxième lecture.

Je vais plutôt axer mon intervention sur le point qui me semble le plus pressant et le plus crucial et sur lequel nous devrions porter notre attention. Il s’agit du fait que ces 47 modifications législatives ne constituent qu’une fraction des changements nécessaires pour la modernisation du fardeau réglementaire au Canada, qui, comme l’a souligné le sénateur Smith, améliorera la compétitivité et la productivité du pays et assurera la prospérité de nos petits-enfants.

Je proposerais que, à l’avenir, on nomme ce projet de loi « Loi de l’élimination des irritants réglementaires », parce qu’il fait un excellent travail, vraiment, un excellent travail. Cela dit, il est très loin de relever le défi de taille qu’est la modernisation de la réglementation au Canada.

En effet, le taux de croissance potentiel du Canada — le taux de croissance qui est possible sans déclencher l’inflation — est en baisse. À mon avis, c’est parce que, trop souvent, les innovations qui pourraient rendre l’économie plus productive ne sont pas intégrées à nos façons de faire des affaires au Canada, que l’on pense au secteur privé, au secteur public, au secteur universitaire ou à d’autres encore.

Si nous ne modifions pas de toute urgence notre façon de légiférer, de réglementer et de s’approvisionner, les innovations canadiennes continueront de s’appliquer ailleurs, ce qui pousse souvent les entreprises qui en sont la source à déménager à l’étranger, en emportant avec elles les emplois bien rémunérés.

Selon les données de 2018 de l’OCDE, le Canada arrive au premier rang des pays de l’OCDE en ce qui a trait à la réglementation de type « commandement et contrôle ». Ce n’est pas une bonne nouvelle. La réglementation de type « commandement et contrôle » sert à définir le processus à suivre pour obtenir un résultat réglementaire donné. En raison de leur conception même, ce type de législation et les règlements qui en découlent éliminent simplement la possibilité d’innover.

Prenons un exemple bien concret : inscrire dans la loi et dans les règlements l’utilisation d’une technologie en particulier, comme le télécopieur, ce qui est encore le cas dans de nombreuses administrations. Cette approche rend les vendeurs canadiens de télécopieurs très heureux, mais elle limite la croissance de notre productivité et, par conséquent, notre compétitivité et notre prospérité.

Plus préoccupant encore, l’OCDE a prédit récemment que l’économie canadienne accuserait les pires résultats de toutes les économies avancées jusqu’en 2030, et au cours des trois décennies suivantes. Je sais que beaucoup d’entre nous se préoccupent de cette question depuis longtemps, notamment ceux qui ont participé, l’an dernier, au Groupe d’action pour la prospérité du sénateur Harder.

C’est préoccupant, mais je trouve cela surtout très, très frustrant parce que le Canada abrite la deuxième grappe d’innovation en importance en Amérique du Nord, qui y connaît aussi la croissance la plus rapide : le corridor Toronto-Waterloo. Nous sommes des novateurs et des inventeurs de calibre mondial, mais les gouvernements de toutes les allégeances et de tous les ordres ont tous été incapables d’accomplir le travail difficile d’intégrer ces innovations dans notre façon de légiférer, de réglementer et de s’approvisionner.

Voilà donc ce sur quoi j’espère que nous pourrons nous concentrer lorsque sept comités sénatoriaux étudieront le projet de loi S-6. Penchons-nous sur le processus qui sous-tend la modernisation réglementaire annuelle du gouvernement et trouvons des moyens d’élargir substantiellement ce processus et de lui assurer plus de ressources à l’avenir, afin de répondre au besoin urgent de moderniser la réglementation à l’échelle du Canada.

Quand je parle de ressources adéquates, est-ce que je suggère d’augmenter encore davantage les dépenses du gouvernement? La réponse est non. On a annoncé vouloir investir des milliards de dollars dans l’innovation dans le dernier budget. Je suis convaincu qu’on peut prélever une infime fraction de ces investissements pour financer la réforme réglementaire obligatoire et permettre au Canada d’avoir plus d’agilité réglementaire. En octroyant seulement une petite fraction de ces ressources à cette fin, on pourrait améliorer significativement l’innovation et la croissance des entreprises.

Le constat est simple. Lorsque votre économie dépend de lois et de règlements qui obligent le recours à des télécopieurs et qui limitent l’utilisation de drones ou d’autres technologies, vous choisissez que votre économie périclite alors que nous progressons dans l’ère du numérique. Les Canadiens deviendront les victimes des perturbations au lieu d’être les perturbateurs.

Je pense que ces difficultés donnent une occasion inédite au Sénat de jouer un rôle pour faire avancer ce processus au gouvernement. Si je dis cela, c’est parce que la volonté politique de l’autre endroit n’a pas pris la forme de résultats concrets.

Si c’était le cas, nous n’aurions pas besoin du projet de loi S-6. Pour prouver ce que j’avance, laissez-moi vous lire certaines déclarations du gouvernement dans l’autre endroit.

Voici la première citation :

[L]a clé de la prospérité réside dans l’augmentation de notre productivité [...]

Nous devons nous adapter aux nouvelles réalités mondiales ou nous condamner à voir stagner ou diminuer notre prospérité future.

Cependant, les Canadiens s’inquiètent de plus en plus de notre capacité concurrentielle.

Les gouvernements se doivent de créer un climat propice à la croissance d’entreprises compétitives.

En voici une autre :

Les tracasseries administratives et la lourdeur des réglementations font obstacle à la croissance économique, notamment aux créations d’emplois, en drainant les énergies des PME [...]

Il faudra consulter étroitement les autres pouvoirs publics pour alléger et rationaliser les réglementations et supprimer celles qui font double emploi.

Voici la dernière citation :

Pour promouvoir la création d’emplois et améliorer les conditions propices aux investissements des entreprises, le gouvernement a adopté un éventail de mesures afin [...] d’améliorer le climat de réglementation, de promouvoir la compétitivité des entreprises [...]

Ce document a également proposé de « [moderniser] la réglementation et la législation pour mieux protéger les investisseurs et les contribuables [...] »

Je parie que vous avez remarqué que ces citations sont un peu répétitives. Il est intéressant de noter que la première est tirée du budget de 1991 du gouvernement Mulroney. La deuxième est tirée de la plateforme des libéraux pour les élections de 1993, qui a été rédigée par Paul Martin et mise en œuvre dans une certaine mesure par le gouvernement Chrétien. La troisième est tirée du budget de 2014 du gouvernement Harper.

Depuis près de 40 ans, tous les gouvernements fédéraux tentent d’améliorer la croissance de la productivité. Pendant ce temps, le fardeau réglementaire du Canada continue de s’alourdir et la productivité continue de diminuer.

Je veux m’arrêter ici et être très clair. Je ne parle pas de déréglementation. Je parle de faire en sorte que notre réglementation n’entrave pas notre capacité à innover et à nous améliorer, à être de plus en plus concurrentiels au niveau mondial et à accroître la prospérité des générations futures.

Le fait est qu’une entreprise cause des perturbations ou les subit. Cela se produit beaucoup, beaucoup plus vite aujourd’hui qu’il y a dix ans. Nos organismes de réglementation ont le devoir absolu d’appuyer l’innovation et de contribuer à ce que notre économie soit du bon côté du clivage entre ceux qui causent et ceux qui subissent les perturbations. Nous devons nous attaquer sérieusement à la modernisation de la réglementation, dès maintenant.

Je demande donc aux sept comités qui étudient des parties du projet de loi S-6 de considérer ce projet de loi comme une première étape importante. Nous avons toutefois besoin de bien plus. Veuillez choisir quelques témoins et réserver quelques questions afin d’examiner la manière dont le gouvernement pourrait mettre en place un processus de modernisation de la réglementation beaucoup plus large, plus rigoureux et plus transparent.

Je crois qu’au Sénat, nous sommes peut-être beaucoup mieux placés pour examiner l’authenticité du processus qui a donné lieu aux 47 modifications incluses dans le projet de loi S-6 que pour tenter de déterminer la pertinence de chacune de ces modifications législatives de nature hautement procédurale. Plus le processus est efficace, plus nous pouvons avoir confiance dans les modifications qui en résultent.

Par conséquent, chers collègues, je vous demande d’envisager d’examiner ce qui suit :

Premièrement, le processus de sélection. En ce moment, les ministères proposent des modifications par l’entremise d’une lettre d’appel du Secrétariat du Conseil du Trésor. Les Canadiens et les entreprises peuvent partager des suggestions, mais il est probable que ce processus pourrait être plus rigoureux et consultatif. Il est possible que les lobbyistes, qui représentent invariablement les candidats les plus établis, saturent le processus, submergeant et diminuant l’influence de nouveaux candidats innovateurs.

Deuxièmement, penchons-nous sur le processus d’examen lui-même. J’aimerais maintenant que vous teniez compte des trois points suivants :

Premièrement, l’approche utilisée est-elle fondée sur des principes et définit-elle clairement les risques qu’il faut gérer plutôt que de définir une manière particulière de résoudre le problème? Nous devons donner aux entreprises canadiennes la latitude nécessaire pour innover.

Deuxièmement, je vous demande d’envisager s’il est possible de créer un processus transparent de modernisation de la réglementation à partir de normes techniques sous contrôle public et vérifiables, ce qui pourrait limiter le processus et le rendre moins risqué pour les organismes de réglementation, et par conséquent plus souple.

Troisièmement, je vous demande d’envisager la possibilité d’incorporer un outil utile élaboré par le Bureau de la concurrence en 2019. Cette liste de vérification en cinq étapes comprend une évaluation visant à s’assurer qu’un règlement n’est pas anticoncurrentiel. Une approche semblable pourrait être appliquée à cet examen.

En dernier lieu, je vous demande d’examiner les limites potentielles sur le plan des capacités. Réfléchissez aux obstacles et aux limites, réels ou éventuels, — par exemple, le nombre limité de rédacteurs législatifs — qui ont pu apparaître au fil des étapes du projet de loi S-6 ou qui pourraient créer un effet de goulot d’étranglement à la fin du processus qui, je l’espère, deviendra un processus public beaucoup plus vaste et de plus en plus inclusif et efficace.

Chers collègues, si nous voulons agir sérieusement pour accorder la priorité à des changements durables dans ce domaine, nous devons adopter une approche de réforme de la réglementation qui est systématique, inclusive et fondée sur des principes et qui met l’accent sur une réglementation visant l’atteinte de résultats plutôt que le contrôle de processus.

Pour ce faire, nous devrons veiller à ce que les processus prévus, d’une part, pour éliminer les irritants relatifs à la réglementation et, d’autre part, pour moderniser notre réglementation ne soient pas anticoncurrentiels. Autrement dit, ils ne devront pas favoriser les fournisseurs actuels par rapport aux nouveaux fournisseurs. Ils devront aussi être indépendants des technologies, c’est-à-dire ne pas définir l’utilisation de la technologie, peu importe laquelle. Il est possible que vous trouviez d’autres facteurs de risque à prendre considération, et j’espère que ce sera le cas.

J’aimerais conclure avec une anecdote pertinente qui est survenue dernièrement. Comme certains d’entre vous le savent, le réseau Starlink de SpaceX fournit des services à large bande par satellite à l’Ukraine depuis l’horrible invasion par la Russie. La Russie a tenté de contrecarrer le service avec une puissante attaque électromagnétique comme tactique de guerre. Alors que l’attaque faisait rage, les ingénieurs de Starlink ont reprogrammé les codes sur-le-champ, ce qui a immédiatement coupé court à l’attaque qui visait à geler les services. Dave Tremper, directeur de la division de la guerre électronique du Pentagone, a été soufflé par la rapidité incroyable de la réponse de Starlink. M. Temper a expliqué que le Pentagone ne peut pas réagir aussi rapidement. En effet, l’organisme doit attribuer des contrats à des consultants, car il n’a pas les ressources internes permettant de régler les problèmes sur-le-champ.

Les règles sur l’approvisionnement du Pentagone le rendent vulnérable aux perturbations et fragilisent ses mécanismes de sécurité. La façon dont le Pentagone gère son approvisionnement crée des risques au lieu de les éliminer.

C’est tout à l’opposé de ce qu’il veut faire, j’en suis certain.

Le gouvernement doit exploiter la capacité d’innover et la rapidité d’exécution qui caractérisent le secteur privé. Nous devons tous gagner en souplesse, car le monde évolue de plus en plus rapidement. Nous devons changer les règles que nous pouvons contrôler si nous voulons suivre le rythme, demeurer concurrentiels et assurer notre prospérité.

Donnons la priorité aux thèmes de l’initiative annuelle de modernisation de la réglementation, qui a mené à l’élaboration du projet de loi S-6. Nous faciliterons les processus d’affaires, accroîtrons la souplesse et l’agilité de la réglementation et améliorerons notre système de réglementation au pays. Nous nous assurerons également que nos règlements ne sont pas anticoncurrentiels, car la concurrence favorise l’innovation, la croissance de la productivité et la prospérité.

Le gouvernement doit continuer à miser sur les éléments que j’ai énumérés aujourd’hui si le Canada veut atteindre ces objectifs importants ainsi qu’assurer et accroître la prospérité de nos petits-enfants.

J’appuie le projet de loi S-6, plus particulièrement les efforts accrus visant à éliminer les irritants et moderniser les règlements.

Merci, chers collègues.

Son Honneur la Présidente intérimaire [ + ]

Quelqu’un a une question? Il nous reste 30 secondes.

L’honorable Terry M. Mercer [ + ]

J’ai une question rapide. Tout au long du processus, les gens vous proposeront toutes sortes d’éléments à ajouter au projet de loi. S’il vous est impossible de les ajouter au fur et à mesure, vous engagez-vous à prendre note de toutes ces suggestions et à les intégrer à un nouveau projet de loi qui tiendra compte de ce que vous avez appris?

Il me reste quelques années au Sénat, sénateur Mercer. Je verrai ce que je peux faire.

Son Honneur la Présidente intérimaire [ + ]

Les honorables sénateurs sont-ils prêts à se prononcer?

Son Honneur la Présidente intérimaire [ + ]

Vous plaît-il, honorables sénateurs, d’adopter la motion?

Des voix : D’accord.

(La motion est adoptée et le projet de loi est lu pour la deuxième fois.)

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