PÉRIODE DES QUESTIONS — Les affaires étrangères
Le coût de la délégation aux funérailles de Sa Majesté la reine Elizabeth II
3 novembre 2022
Sénateur Gold, hier, pendant la période des questions, vous avez dit :
[...] dans l’intérêt des autres personnes qui veulent poser des questions, sans doute beaucoup moins importantes que la vôtre, je n’ai rien d’autre à ajouter à ma réponse.
Sénateur Gold, ces commentaires sont scandaleux. Pourtant, ils reflètent directement l’un des principes fondamentaux du gouvernement Trudeau, c’est-à-dire le mépris du processus parlementaire canadien.
Sénateur Gold, notre système parlementaire repose sur la prémisse voulant qu’il y ait un parti au pouvoir et un parti d’opposition. Or, l’opposition a une responsabilité, et c’est de demander des comptes au gouvernement. Nous le faisons en posant des questions. Bien que le gouvernement prétende être plus transparent et plus responsable, la réalité est tout autre, sénateur Gold, et vos réponses évasives à nos questions le montrent très clairement.
Sénateur Gold, permettez-moi d’essayer à nouveau, puisque je vous ai donné un préavis de cette question. J’espère que vous m’en remercierez, comme vous le faites habituellement lorsque l’on vous fournit un préavis.
Qui a séjourné dans la tristement célèbre River Suite de l’hôtel Corinthia à Londres?
Je vous remercie de la question et du préavis que vous m’avez envoyé.
La mort de la reine Elizabeth II a été un événement tragique marquant pour tous les Canadiens. D’anciens premiers ministres et la gouverneure générale ont fait le voyage pour représenter le Canada et rendre hommage à la souveraine dont le règne a couvert près de la moitié de notre histoire en tant que pays indépendant.
Comme il a été rapporté dans les médias, chers collègues, le prix des hôtels a bondi de façon marquée en vue des funérailles de la reine. De nombreux hôtels affichaient complet à Londres en raison de la demande élevée. La disponibilité était limitée compte tenu de la nature inattendue de l’événement et de la forte demande pour loger les 500 chefs d’État et dignitaires étrangers, ainsi que leur personnel et leurs délégations officielles.
La délégation canadienne, qui comptait 56 personnes, était plus imposante que la moyenne en raison de l’importance de représenter le Canada à cet événement historique. La délégation officielle a séjourné dans un seul hôtel à Londres pour permettre la participation efficace aux activités officielles à la Maison du Canada et aux funérailles d’État. Tous les membres de la délégation officielle ont séjourné dans le même hôtel, y compris la gouverneure générale, l’ancien premier ministre Stephen Harper, l’ancien premier ministre Paul Martin, l’ancienne première ministre Kim Campbell et l’ancien premier ministre Jean Chrétien, ainsi que leur personnel.
Pourtant, ils n’ont pas tous séjourné dans la même chambre d’hôtel. S’il y avait eu 56 personnes dans cette chambre d’hôtel, je reconnaîtrais que c’était une solution très économique.
Sénateur Gold, nous sommes tous les deux assez âgés pour nous souvenir des vieux vinyles et de la façon dont l’aiguille sautait, rejouant sans cesse le même bout de chanson. Vous me faites penser à ces vinyles.
Nous savons combien de gens étaient là-bas. Nous savons qu’il y avait des premiers ministres, mais nous savons aussi que la gouverneure générale et Stephen Harper n’ont pas séjourné dans cette chambre d’hôtel. Dites-moi si Paul Martin y a séjourné. Dites-moi si Jean Chrétien l’a fait. Si c’est ce que vous insinuez, sénateur Gold, j’accepterais votre réponse.
Les Canadiens méritent de connaître la vérité. Ils méritent d’être entendus, et ils méritent de la transparence de la part du premier ministre. C’est pourquoi je vous pose ces questions.
Oui, le séjour à l’hôtel était coûteux. J’ai entendu qu’il y avait des chambres qui coûtaient 1 700 $ la nuit, mais pas la chambre en question. Cette dernière a coûté 7 300 $ la nuit pour cinq nuits, sénateur Gold. Cela représente une facture de 36 500 $ uniquement pour une chambre. Sénateur Gold, 36 500 $ est le salaire annuel d’une personne qui travaille 40 heures par semaine pour 18,25 $ l’heure.
Comment diable le premier ministre Trudeau peut-il penser qu’une telle dépense est raisonnable et appropriée quand, au bout du compte, il ne paie pas la note, mais s’attend plutôt à ce que les Canadiens le fassent?
Sénateur Gold, hier, la langue du premier ministre Trudeau a fourché et il a pratiquement admis à la Chambre des communes que tout cela ne concernait que lui. Je demande au gouvernement et à vous-même, sénateur Gold, de dire la vérité aux contribuables canadiens. Est-ce le premier ministre Trudeau qui a séjourné dans cette chambre?
Je me souviens des disques vinyle, sénateur Plett, et je me souviens de leur caractère innovant : la chanson changeait selon l’endroit où vous laissiez tomber l’aiguille.
Dois-je aller vous chercher un disque?
Je vous ai donné une réponse différente aujourd’hui par rapport à hier.
Je voudrais simplement préciser que la façon de dépenser les fonds publics est cruciale et que les Canadiens souffrent en ce moment.
Pas Trudeau.
Je n’ai jamais ignoré ces questions ni dénigré l’importance de demander des comptes au gouvernement.
Étant donné qu’un grand nombre de sénateurs sont relativement nouveaux dans cette enceinte, permettez-moi de vous rappeler ce que l’on fait habituellement — et peut-être pas de manière inappropriée...
Venez-en à la question. C’est la période des questions.
Alors, sans...
Ce n’est pas le temps des déclarations.
Sans préciser davantage le contexte, au cours de l’année 2012, le premier ministre Harper a effectué deux voyages, à la tête d’une délégation. Il est allé à Davos en 2012 pour représenter le Canada. Cela a coûté 566 000 $. En tenant compte de l’inflation, cela représenterait 709 000 $. La même année, le premier ministre Harper est allé en Chine, accompagné d’une délégation de 30 dirigeants d’entreprise canadiens. Ce voyage a coûté 972 000 $. Le gouvernement du Canada, sous le premier ministre Harper, a assumé les dépenses de ces 30 dirigeants d’entreprise canadiens. Quelle frugalité!
Il est fantastique que le leader du gouvernement s’inspire du passé. Je rappelle aux nouveaux sénateurs qu’avant l’ère Trudeau, des sénateurs libéraux faisant partie de l’opposition vérifiaient les comptes publics et demandaient des comptes quotidiennement au gouvernement. Il reste bien peu de ces sénateurs parmi nous, mais vous vous souvenez sans doute de cette époque. Le sénateur Mitchell faisait certainement partie de cette équipe.
Monsieur le leader du gouvernement, permettez-moi de vous dire autre chose à propos de cette époque révolue. Lorsqu’une ministre se rendait quelque part, comme à Londres, par exemple, et dépensait 16 $ pour un verre de jus d’orange, l’opposition se faisait un point d’honneur de demander des comptes. Savez-vous ce qui est arrivé à cette ministre? Quelques jours plus tard, elle a été démise de ses fonctions. Voilà ce qu’on appelle l’obligation de rendre des comptes, que nous devrions tous mettre en pratique.
Je reviens sur la réponse que vous avez donnée plus tôt. On vient de vérifier, et le tarif de la suite River, qui, selon vous, avait augmenté à l’occasion des funérailles de la reine, était toujours de 6 000 $ la nuit il y a quelques jours. Cette excuse ne tient donc pas la route.
Le temps est venu d’élire un gouvernement plus transparent qui se consacre pleinement à celles et ceux qu’il représente.
Il s’agit d’une citation, monsieur le leader du gouvernement. Je ne sais pas si vous la reconnaissez, sénateur, mais elle est tirée de la plateforme libérale de 2015 de Justin Trudeau.
Sénateur Gold, appuyez-vous l’objectif de rendre le gouvernement plus transparent? Si c’est le cas, comment justifiez-vous que votre gouvernement et vous cherchiez à cacher la réponse à cette question simple, soit qui a séjourné dans la suite à 35 000 $? Une fois que nous saurons qui est cette personne, pourquoi a-t-elle choisi cette suite? Il y a peut-être une explication légitime. J’aimerais bien l’entendre. On parle de 35 000 $ pour six nuits. Qui a dormi dans cette suite et pourquoi? C’est une question toute simple et cela concerne les comptes publics. Les contribuables ont besoin de le savoir.
Merci de votre question. Je reconnais qu’elle est légitime. Comme je l’ai déjà dit — j’ai l’impression de me répéter comme le vinyle dont on a parlé plus tôt —, j’ai donné toutes les informations que je suis en mesure de vous donner. Sur cette question, sénateur, je n’ai rien à vous dire de plus que ce que j’ai répondu au sénateur Plett.
Sénateur Gold, ce serait déjà assez grave s’il s’agissait d’une erreur de jugement isolée de la part du premier ministre, mais ce n’est pas le cas. C’est une habitude. Au cours des sept dernières années, Justin Trudeau a enfreint la loi en passant des vacances sur l’île d’un milliardaire et en faisant des allers-retours d’un bout à l’autre du pays aux frais de la princesse pour aller surfer, faire du saut à l’élastique et côtoyer des célébrités. Enfin, pour couronner le tout, il a séjourné dans une suite luxueuse à 7 000 $ la nuit avec majordome privé, afin de pouvoir s’amuser avec Gregory Charles au piano-bar, le tout aux frais des contribuables. Bien entendu, c’était pour assister aux funérailles de la reine.
Sénateur Gold, ne pensez-vous pas que c’est une question qui mérite une réponse pour ceux qui ont payé la facture? Après tout, vous êtes le leader du gouvernement au Sénat et membre du Conseil privé. Cependant, vous êtes également notre représentant dans cette Chambre. Par ailleurs, vous siégez au Conseil privé pour une raison : nous donner des réponses transparentes à nos questions.
En toute franchise, il est tout simplement inacceptable, compte tenu de votre rôle ici, de passer des jours et des semaines sans donner de réponse aux contribuables. Qui a séjourné dans cette chambre? Ce n’est pourtant pas une question compliquée.
Je vous remercie de la question et de l’observation qui l’a précédée. Je répète encore une fois — même si je sais que vous n’êtes pas satisfait de la réponse — que j’ai fourni toute l’information que je suis en mesure de fournir et que je n’ai rien à ajouter à ma déclaration.