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Le discours du Trône

Motion d'adoption de l'Adresse en réponse--Suite du débat

21 mai 2024


L’honorable Donald Neil Plett (leader de l’opposition)

Honorables sénateurs, je prends la parole aujourd’hui pour poursuivre ma réponse au discours du Trône. Comme vous le savez, j’utiliserai ce temps pour passer en revue ce que sera l’héritage de Justin Trudeau. Aujourd’hui, je me concentrerai sur un autre élément important de cet héritage, soit la création d’un Canada divisé.

Je sais que beaucoup d’entre vous seront tentés de quitter la Chambre pendant mon discours, mais je tiens à ce que vous sachiez tous, chers collègues, que je ne le prononce pas à votre intention. Je le fais pour le million de téléspectateurs qui ont regardé le dernier discours que j’ai prononcé sur l’héritage de M. Trudeau. Je le fais pour les quelque 6 millions de conservateurs qui ont voté en faveur des conservateurs et d’un autre premier ministre lors des dernières élections, et je le fais pour les 3 millions d’électeurs supplémentaires qui veulent voter pour quelqu’un d’autre que Justin Trudeau aux prochaines élections.

Chers collègues, en 2015, Justin Trudeau et le Parti libéral du Canada ont formé le gouvernement en promettant l’unité nationale et des voies ensoleillées. Comme vous le constaterez, leur bilan se résume à un échec lamentable. Il serait injuste de ne pas reconnaître que le monde est très divisé. Au cours de la dernière décennie, le climat politique — en tout cas, dans les démocraties occidentales — a favorisé l’adoption d’idéologies radicales, dont les doctrines ont été intégrées dans des politiques.

La montée de la politique identitaire divise les citoyens en fonction du genre, de la race, de la religion et du niveau d’oppression perçu. La réduction du spectre de la pensée acceptable nuit à ceux qui sortent du cadre. Cette situation a suscité des révoltes populistes de la part de ceux qui se sentent abandonnés et négligés par les élites bien établies. De plus en plus de gens s’opposent au système, ce qui attise la division. Le Canada n’a pas été épargné par ces forces. Cependant, un dirigeant intègre ou sensé reconnaîtrait le climat politique, il rappellerait aux citoyens qui nous sommes en tant que pays, nos objectifs et nos principes communs, et il se concentrerait sur la mise en place de politiques susceptibles de nous rassembler.

Justin Trudeau a fait exactement le contraire. Il joue au jeu de la division en adoptant une position idéologique très prévisible dans chaque querelle, puis en insultant et en rejetant littéralement ceux qui ne sont pas d’accord avec lui, tout en prêchant l’unité au moyen d’un discours creux.

En 2024, il devrait être clair pour tous les Canadiens que le pays est aujourd’hui bien plus divisé qu’il ne l’était à l’arrivée de notre premier ministre aux voies ensoleillées. Y a-t-il une personne au Canada qui puisse honnêtement dire que nous sommes plus unis qu’avant l’entrée en fonction de Justin Trudeau?

Chers collègues, notre pays est sens dessus dessous, et je crains que ce ne soit pas un hasard. Il semblerait que la politique « diviser pour mieux régner » de Justin Trudeau attise intentionnellement le feu de la division. Il s’agit d’une tentative calculée de détourner l’attention des Canadiens des échecs de son gouvernement. S’ils détestent leurs voisins ou s’ils sont associés à des identités collectives distinctes, ils peuvent se rejeter mutuellement la responsabilité des problèmes du Canada. S’ils ont peur, ils oublieront peut-être la myriade de crises qui se déroulent simultanément aux quatre coins du pays et qui s’infiltrent dans nos foyers, comme l’incapacité de payer les factures et de mettre du pain sur la table.

Lorsqu’il a récemment tenté de défendre une cause indéfendable — dans ce cas précis, l’augmentation inopportune de la taxe sur le carbone — Justin Trudeau a déclaré : « Être populaire ne fait pas partie de ma description de tâches. »

Non, cela n’en fait pas partie, monsieur le premier ministre. Cependant, ce n’est pas non plus votre rôle de nourrir la polarisation et d’ostraciser les segments de la population canadienne qui ne sont pas d’accord avec vous.

En octobre, John Ibbitson a écrit dans le Globe and Mail :

[...] la priorité absolue de chaque premier ministre devrait être de laisser la fédération plus forte, ou à tout le moins, pas plus faible qu’il ne l’a trouvée.

Il a ajouté que « selon cette mesure, le mandat de M. Trudeau a été un échec ».

Honorables sénateurs, permettez-moi de passer en revue quelques-unes des nombreuses façons dont notre unité nationale s’est effritée sous la gouverne de M. Trudeau.

La pandémie de COVID-19 a effectivement été une période difficile pour les dirigeants du monde entier. Leurs citoyens devaient composer avec la perte d’êtres chers ou la peur d’en perdre, l’incertitude économique découlant des mesures de confinement, les conséquences de l’isolement sur la santé mentale, et l’incapacité de pleurer ensemble la perte de membres de la famille, entre autres. Lorsque les vaccins sont finalement arrivés, des craintes sont apparues. Nombreux sont ceux qui se sont interrogés : « Quelle est l’efficacité de ces vaccins pour prévenir la transmission? », « Quels sont les risques? », « Est-il sûr et conseillé de vacciner les enfants? » Les avis médicaux à cet égard étaient très variés.

Les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis, l’Organisation mondiale de la santé et les agents de santé publique faisaient des recommandations en s’appuyant sur les données qu’ils considéraient comme les plus complètes et les plus pertinentes. Pourtant, d’autres scientifiques et professionnels de la santé avaient des recommandations différentes. De nombreux Canadiens étaient d’avis que les recherches et les données présentées par d’autres sources étaient convaincantes et ils n’étaient pas prêts à faire aveuglément confiance à leurs autorités de santé publique respectives. Cette situation a été exacerbée lorsque des recommandations et des affirmations antérieures des responsables de la santé publique ont été jugées inexactes ou ont été abandonnées. De nombreux experts en santé mentale nous ont mis en garde contre une pandémie parallèle de maladies mentales et ils nous ont prévenu des effets négatifs sur les enfants et leur apprentissage, étant donné les fermetures d’école.

La division croissante était palpable. Pour certains, ceux qui ne voulaient pas se faire vacciner n’étaient rien d’autre qu’un groupe d’incultes, d’extrémistes religieux, d’antivaccins et de complotistes. À l’autre bout du spectre, d’autres publiaient des photos sur les médias sociaux pour se moquer des personnes qui portaient un masque à l’extérieur ou qualifiaient de « moutons » tous ceux qui suivaient les directives des autorités sanitaires américaines.

À la fin de l’année 2021, l’Agence de la santé publique du Canada a annoncé que les prestataires de services essentiels, dont les camionneurs, devraient être entièrement vaccinés au plus tard le 15 janvier 2022. On estime que cette exigence a empêché 26 000 camionneurs non vaccinés, appelés à traverser fréquemment la frontière, de faire leur travail. Comme nous le savons tous, la réaction des camionneurs de tout le pays a pris la forme de ce qu’on a appelé le « convoi pour la liberté ».

Les manifestants ont occupé le centre-ville d’Ottawa, demandant au premier ministre de se manifester afin de lui parler, et ils ont annoncé qu’ils ne partiraient pas tant que les exigences relatives à la vaccination ne seraient pas levées. Des milliers de manifestants partageaient certainement les préoccupations des camionneurs, et la manifestation s’est rapidement transformée en un appel à l’action plus large concernant les restrictions liées à la COVID-19 en général et leur incidence sur l’autonomie des Canadiens, leur santé mentale et leur liberté de gagner leur vie.

Les camionneurs, que M. Trudeau avait, ironiquement, félicités dans les premiers jours de la pandémie dans un message accompagné du mot-clic nullement sincère « ThankATrucker », sont finalement devenus la cible et l’ennemi politique de M. Trudeau. Les camionneurs, qui passent leur journée seuls dans la cabine de leur véhicule, étaient soudainement devenus une menace pour la santé publique s’ils n’étaient pas vaccinés.

Bien sûr, lorsqu’on leur a demandé à la Chambre des communes de produire des données établissant un lien entre les camionneurs et les infections à la COVID-19 au Canada, ni le ministre de la Santé, ni l’administratrice en chef de la santé publique n’ont été en mesure de le faire. Ces femmes et ces hommes se battaient littéralement pour leur droit au travail. Ils exerçaient leur droit de manifester dans la capitale nationale, et ils s’étaient joints à d’autres Canadiens inquiets afin de s’opposer à l’ingérence du gouvernement qui devenait généralisée.

Un dirigeant, s’il est le moindrement compétent ou intègre, est capable de se pencher sur le fossé profond qui divise le pays et de répondre à la situation en reconnaissant les tiraillements qui existent entre les Canadiens et la difficulté de s’y retrouver dans les renseignements changeants et contradictoires. Ce dirigeant peut rappeler aux Canadiens que nous avons un objectif commun, qui est de réduire au minimum le risque de décès et de maladie chez les Canadiens et de reprendre une vie normale, y compris la capacité de gagner sa vie le plus rapidement possible.

Qu’a fait Trudeau? A-t-il reconnu les craintes de nombreux Canadiens qui s’inquiétaient de leur santé mentale, ou de leur capacité à gagner leur vie ou de leur autonomie en ce qui concerne leurs choix en matière de soins de santé? A-t-il donné aux manifestants qui avaient fait tout ce chemin et qui se sentaient exclus de la conversation la possibilité de se faire entendre? Non. Il a fui le problème, se cachant littéralement des Canadiens et attendant la bonne occasion d’attaquer.

Comme c’est le cas dans presque toutes les manifestations à grande échelle, quelques mauvais acteurs se sont présentés pour promouvoir un message de haine qui n’avait rien à voir avec la manifestation elle-même. Dès que les médias ont donné à ces individus haineux l’occasion de s’exprimer, le premier ministre a sauté sur l’occasion. Les reportages dans les médias étaient tout ce dont Trudeau avait besoin pour rejeter et insulter les camionneurs et les millions de Canadiens qui les soutenaient.

Deux ans après les faits, il est encore difficile de croire — même pour le premier ministre, pour qui semer la division est un véritable modus operandi — qu’il a traité des millions de Canadiens de racistes, de misogynes, d’insurgés et de membres d’une minorité marginale, pour reprendre ses mots. Il a même qualifié leurs opinions d’intolérables. Dans un discours télévisé, il a demandé aux Canadiens comment nous pouvions tolérer ces gens. Je répète : à propos des gens qui s’opposent à lui, le premier ministre demande : « Comment pouvons-nous les tolérer? »

Bien sûr, le premier ministre savait que les quelques idiots racistes ne parlaient pas au nom des camionneurs et ne représentaient pas leurs préoccupations légitimes. Au lieu d’utiliser sa position de pouvoir pour unir les gens au plus fort des tensions engendrées par la COVID-19, il a balayé du revers de la main les préoccupations des Canadiens qui se sentaient exclus de la conversation, impuissants et désespérés, et il les a insultés. Il les a intentionnellement tous mis dans le même panier pour tenter de justifier son incapacité à dialoguer avec eux.

Comme l’a déclaré Jennifer Laewetz dans un article spécial pour le National Post :

C’était comme si le chef avait versé de l’essence sur un feu déjà vif. Notre dirigeant ne voyait aucun inconvénient à créer un environnement d’intolérance pour tous ceux qui ne rentraient pas dans le rang [...]

Ses députés et ses partisans ont commencé à faire la même chose, ce qui n’a rien arrangé. Je poursuis la citation :

Un gouvernement qui s’était engagé à sévir contre le harcèlement en ligne rendait acceptable le fait que des Canadiens harcèlent leurs voisins parce qu’ils avaient fait un choix médical différent du leur.

Même le député libéral Joël Lightbound a exprimé son malaise face à la situation en déclarant :

Je ne peux pas m’empêcher de constater, à regret, que tant le ton que les politiques de mon gouvernement ont changé drastiquement à l’aube de la dernière campagne électorale et pendant la dernière campagne.

D’une approche positive et rassembleuse, une décision a été prise d’adopter une approche qui divise et qui stigmatise. [...]

[...] Nous avons maintenant l’une des populations les plus vaccinées au monde et nous n’avons jamais été aussi divisés.

Il s’agit là d’une déclaration percutante de la part d’un membre du caucus libéral.

La semaine suivant les déclarations de M. Lightbound, en réponse à une question posée par Melissa Lantsman, une députée juive, le premier ministre a réitéré sa caractérisation des manifestants en déclarant :

[...] les députés conservateurs peuvent s’afficher aux côtés de gens qui arborent la croix gammée et qui brandissent le drapeau confédéré.

C’est bien notre premier ministre qui s’exprimait ainsi, chers collègues. Imaginez : Justin Trudeau a associé une députée juive à la croix gammée. Il était tellement déterminé à diviser le monde entre bons et méchants — en plaçant bien sûr ses adversaires politiques du côté des méchants — qu’il a oublié à qui il s’adressait. Tel est Justin Trudeau : il n’hésite jamais à insulter un adversaire. Il n’hésite jamais à exagérer et à qualifier de méchants ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. Il considère ceux-ci non pas comme des adversaires politiques, mais bien comme des ennemis et, comme il représente le Canada, ses ennemis sont les ennemis du Canada. En raison de cette attitude, il lui est impossible de simplement débattre et de parvenir à un compromis ou à un accord : c’est toujours le bien, c’est-à-dire lui, contre l’autre côté, donc le mal.

Lorsqu’on lui a demandé de s’excuser pour les propos qu’il avait tenus à l’égard de Mme Lantsman, il a refusé et a quitté la Chambre. Il n’était pas prêt à renoncer à sa vision des Canadiens selon laquelle il y a des gens à l’intérieur du groupe et d’autres à l’extérieur. Au lieu d’essayer de comprendre les répercussions qu’ont les mesures de son gouvernement sur les citoyens qu’il est chargé de représenter et les préoccupations à ce sujet, il s’est servi de son pouvoir pour les faire taire.

Comme je l’ai dit lors du débat sur la motion relative à la Loi sur les mesures d’urgence en février 2022 :

L’actuel premier ministre n’apprécie guère l’opposition. Il admire la dictature chinoise. Il n’écoute pas; il prêche. Il ne débat pas; il insulte. Il ne convainc pas; il impose.

Lorsque le premier ministre a déchaîné son instrument le plus consternant pour semer la discorde — le recours à la Loi sur les mesures d’urgence et le gel des comptes bancaires des manifestants et de tous ceux qui les appuyaient —, cela a l’effet d’un soufflet qui active les flammes de la division à un point tel que nous sommes encore en train de nous en remettre aujourd’hui. Cette décision a embarrassé notre pays sur la scène internationale et elle constituera une tache dans l’histoire du Canada.

Bien que la Cour fédérale du Canada a statué que le recours à la Loi sur les mesures d’urgence était déraisonnable et une violation de la Charte, les conséquences se font encore sentir. Selon un sondage effectué par le centre canadien pour la recherche appliquée et sociale de l’Université de la Saskatchewan, 40 % des personnes interrogées ont affirmé avoir diminué leurs interactions avec des amis ou des membres de leur famille en raison d’une divergence d’opinions au sujet de la pandémie. J’ai d’ailleurs fait référence à l’un de ces exemples pas plus tard que la semaine dernière. C’est près de la moitié du pays, chers collègues. Le premier ministre a non seulement divisé les Canadiens en fonction de leur région, de leur allégeance politique et de leur statut vaccinal, mais ses discours et ses actions qui sèment la discorde déchirent littéralement des familles et des amitiés.

Un an après l’entrée en vigueur des exigences relatives à la vaccination, et un an après que le gouvernement a imposé la Loi sur les mesures d’urgence — après ce qui aurait pu être une année de réflexion —, M. Trudeau a déclaré dans une apparition publique qu’il n’avait pas forcé qui que ce soit à se faire vacciner, mais qu’il avait plutôt « encouragé » les gens à le faire. Les internautes se sont empressés de lui rafraîchir la mémoire en fournissant des clips où le premier ministre disait, entre autres, ceci :

Que faut-il retenir?

Une preuve de vaccination sera exigée d’ici la fin du mois pour tous les employés fédéraux.

Et d’ici la mi-novembre, des mesures d’application en place permettront de veiller à ce que tout le monde soit vacciné.

Personnellement, je ne parlerais pas d’encouragement ici.

L’aspect coercitif de la situation n’a pas troublé le premier ministre. Il a continué à diviser pour régner, à alimenter la peur et la discorde et à agir comme si lui et son gouvernement étaient inatteignables.

Par dessus le marché, il a eu le front de déclencher des élections en pleine pandémie. Il a essayé d’obtenir la majorité qu’il n’avait pas obtenue deux ans plus tôt. Bref, il s’est servi de la COVID-19 comme cheval de bataille.

Chers collègues, de nombreux Canadiens ont abordé la pandémie dans des conditions sanitaires et sociales différentes, en ayant des points de vue différents quant à la manière de gérer la situation et quant la réaction qu’ils attendaient de leurs concitoyens. C’est normal. C’est là toute la beauté d’une société pluraliste.

Les choses ont dérapé quand le premier ministre — qui répète que la diversité fait notre force — a soudain pensé que tous les citoyens devaient penser exactement de la même manière en ce qui concerne les questions cruciales, et qu’il s’est ensuite moqué de ceux qui s’écartaient de la ligne de pensée qu’il prônait et qu’il les a insultés et pénalisés.

Pendant la pandémie, Justin Trudeau n’a agi ni en chef de file ni en rassembleur. Il a plutôt choisi de diviser les Canadiens pour son seul bénéfice politique. Voilà, chers collègues, ce qu’il nous laissera en héritage.

Je me penche maintenant sur l’immigration. De tous les dossiers que le gouvernement Trudeau a bâclés, on pourrait dire que c’est celui-ci qui remporte la palme, même si l’application ArriveCAN figure certainement dans la liste des gâchis.

Les Canadiens sont fondamentalement favorables à l’immigration. Notre culture et notre économie ont été enrichies et renforcées par l’immigration, et notre diversité a toujours été une source de fierté pour le Canada. Il est donc très grave — et vraiment tragique — qu’un gouvernement puisse si mal gérer ce dossier crucial en huit ans qu’il amène les Canadiens à commencer à s’opposer à l’immigration.

Selon un récent sondage Focus Canada mené auprès de 2 002 Canadiens pour déterminer leur position à l’égard des immigrants et des réfugiés — un échantillon qui, d’après les chercheurs, permet d’obtenir des résultats exacts à 2,2 points de pourcentage près —, les Canadiens sont aujourd’hui beaucoup plus nombreux qu’il y a un an à dire qu’il y a trop d’immigration dans notre pays. Il s’agit là d’un renversement spectaculaire de la tendance observée depuis des décennies. Pour la première fois, un nombre croissant de Canadiens s’interrogent sur le nombre d’immigrants qui arrivent dans notre pays. Selon le sondage :

Cette opinion de plus en plus répandue selon laquelle le Canada accueille trop d’immigrants s’explique en grande partie par les préoccupations croissantes concernant la contribution possible des nouveaux arrivants à la crise du logement […]

D’après le sondage, les Canadiens de première génération figurent parmi les citoyens les plus inquiets.

La situation de l’immigration dans notre pays, chers collègues, est véritablement désastreuse. Même Justin Trudeau a déclaré lors d’une conférence de presse au début du mois d’avril :

Au cours des dernières années, nous avons observé une hausse gigantesque de l’immigration temporaire […], qui a augmenté à un rythme bien supérieur à ce que le Canada est en mesure d’absorber.

Il a donné un exemple : en 2017, les immigrants temporaires représentaient 2 % de la population du Canada; aujourd’hui, c’est 7,5 %. C’est une situation que nous devons reprendre en main, a-t-il dit, et il a ajouté que l’immigration temporaire était à l’origine d’une forte pression dans nos communautés.

Ce qui est paradoxal, comme Robyn Urback le fait remarquer dans le Globe and Mail, c’est que c’était à la suite de ce genre de remarques au sujet de l’immigration que M. Trudeau avait accusé les conservateurs de tenir des propos alarmistes. Par exemple, quand le député conservateur Steven Blaney a posé une question au sujet de l’énorme arriéré dans les demandes d’immigration en 2018, M. Trudeau a répondu : « [...] il est complètement irresponsable de la part des conservateurs de soulever des peurs et des inquiétudes par rapport à notre système d’immigration et de réfugiés. » M. Trudeau a ensuite fait porter le blâme de la gestion irresponsable du système d’immigration aux conservateurs du gouvernement Harper.

Comme l’écrit Robyn Urback :

Depuis — devons-nous en déduire —, le système d’immigration a été géré de manière responsable, et la preuve en est que le gouvernement libéral tente maintenant frénétiquement de faire volte-face en revenant sur ce qu’il faisait il y a tout juste quelques mois.

Chers collègues, en novembre 2022, le gouvernement a publié son plan visant à accueillir près de 1,5 million de nouveaux résidents permanents d’ici 2025, alors que, comme nous le savons maintenant, un rapport interne à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, avait averti la sous-ministre, parmi d’autres, que la croissance démographique était plus forte que celle de l’offre de logements et qu’elle continuerait à exercer une pression sur les services de santé du Canada.

Cela s’est produit après la réponse malavisée de Justin Trudeau à Donald Trump sur Twitter, réponse qui équivalait essentiellement à ouvrir grand les portes à l’afflux de migrants au Canada. Après le message publié sur Twitter par le premier ministre en 2017, plus de 18 000 migrants sont entrés illégalement par la frontière. Après être arrivés illégalement au pays, ils ont demandé l’asile à titre de réfugiés et ils ont pu rester au Canada et avoir accès à la myriade de programmes sociaux que le pays a à offrir, notamment en matière d’éducation, d’aide sociale, de logement et de santé. Le nombre de migrants a poursuivi sa croissance fulgurante l’année suivante.

Cela fera partie du legs de Justin Trudeau. Il a adhéré à l’Initiative du siècle, dont la proposition irresponsable est de faire passer la population du Canada à 100 millions de personnes d’ici 2100 — sans aucun plan ou investissement dans les infrastructures et les systèmes sociaux pour l’intégration des nouveaux arrivants. Quand il a réalisé que le Canada risquait de recevoir un afflux aussi massif d’arrivants, comme ses fonctionnaires l’en avaient prévenu, Justin Trudeau a commencé à jeter le blâme sur ces immigrants. Il vient de partir en croisade pour réduire le nombre de demandeurs d’asile, de travailleurs temporaires et d’étudiants étrangers, alors que c’est son gouvernement qui a augmenté ce nombre. Il n’essaie pas seulement de se dissocier de ses politiques nuisibles en matière d’immigration, il veut les annuler. Justin Trudeau a réussi à mettre fin au consensus canadien vieux de plus de 125 ans concernant les avantages de l’immigration.

Lorsque Justin Trudeau s’est trouvé à court d’excuses pour expliquer les difficultés rencontrées par les Canadiens, surtout en matière de logement, il a commencé à rejeter la faute sur les immigrants. Il a ciblé les étudiants étrangers et les travailleurs étrangers temporaires, comme si ce n’était pas lui qui avait permis à tous ces gens d’entrer au Canada en premier lieu.

Par son incompétence, Justin Trudeau a réussi à changer la vision positive des Canadiens à l’égard de l’immigration. Puis, il a décidé de monter les Canadiens contre les immigrants pour son propre bénéfice politique. Ce sera son héritage.

Comme je l’ai dit, les politiques de division de M. Trudeau ont touché presque tous les domaines. Je vais maintenant me concentrer sur sa politique énergétique et sur la façon dont il s’est sans cesse mis à dos l’Ouest canadien.

Nous sommes nombreux ici à nous souvenir de l’approche hostile de Pierre Elliott Trudeau à l’égard de l’industrie pétrolière en plein essor dans l’Ouest dans les années 1970 et au début des années 1980. Le gel des prix du pétrole, l’imposition de taxes sur les exportations de pétrole afin de subventionner les importations pour les raffineurs de l’Est et le désastreux Programme énergétique national, ou PEN, sont autant d’exemples. Les tensions étaient si vives entre le gouvernement fédéral et l’Ouest que Peter Lougheed, alors premier ministre de l’Alberta, avait qualifié la taxe à l’exportation de « mesure la plus discriminatoire prise par un gouvernement fédéral à l’encontre d’une province dans toute l’histoire de la Confédération ».

Le fameux Programme énergétique national qui a suivi a été présenté par le gouvernement comme un moyen de redistribuer une partie de la richesse pétrolière de l’Alberta tout en maintenant des prix bas pour les Canadiens. En réalité, il s’agissait d’un moyen pour le gouvernement de réduire une partie de son déficit de 14,2 milliards de dollars ainsi que le haut taux d’inflation, et il a ouvert la voie à une bataille entre les provinces de même qu’à l’aliénation de l’Ouest. Ce programme a conduit à la première montée du séparatisme de l’Ouest et il a contribué à l’effondrement d’une économie jusque-là florissante. Des milliers de Canadiens ont perdu leur emploi et leur logement, ce qu’ils ont attribué directement au programme. Lorsque le Programme énergétique national a été lancé, comme l’a indiqué la CBC dans un article de 2020 :

[...] c’était plus qu’une simple perte financière ou une impression que le gouvernement fédéral outrepassait ses limites constitutionnelles pour se mêler des ressources de l’Alberta. Ce fut une décharge d’adrénaline en plein cœur de l’aliénation de l’Ouest.

Wow, quelle analyse de la CBC.

Heureusement, avec l’élection de feu le grand et très honorable Brian Mulroney et l’annonce que le Canada était « prêt à faire des affaires », le Programme énergétique national a été officiellement supprimé dans son intégralité.

Chers collègues, la mise en place du Programme énergétique national a eu lieu il y a plus de 40 ans. Cependant, pour de nombreuses raisons, les Albertains ont encore l’impression que c’était hier. L’histoire de ce programme rappelle trop bien ce qui est possible, surtout de nos jours avec un autre Trudeau au pouvoir qui a confirmé l’adage tel père, tel fils.

En 2019, Justin Trudeau a présenté le projet de loi C-69, la Loi sur l’évaluation d’impact, surnommée plus tard la « loi anti‑pipelines », qui a créé une nouvelle autorité chargée d’évaluer les projets industriels — comme les pipelines, les mines et les routes interprovinciales — en fonction de leurs effets sur la santé publique, l’environnement et l’économie. En réalité, cette loi a alourdi les tracasseries administratives liées à la mise sur le marché du pétrole canadien et elle a donné au gouvernement fédéral le pouvoir d’annuler des projets majeurs, comme des mines de sables bitumineux et des projets d’exploitation des sables bitumineux, s’il estime qu’ils ne sont pas dans l’intérêt public. C’était un empiétement flagrant sur une compétence exclusivement provinciale qui a depuis été jugé inconstitutionnel par la Cour suprême du Canada.

En 2021, Trudeau a annoncé pour la première fois le plafonnement des émissions de gaz à effet de serre que son gouvernement allait imposer à un seul et unique secteur : le secteur pétrolier et gazier. Aucun autre secteur de l’économie n’a dû s’engager à réduire ses émissions à ce moment-là, pas même celui du transport, qui est responsable de presque autant d’émissions que le secteur pétrolier et gazier.

Le règlement proposé a été présenté en décembre dernier et, comme promis, il cible le secteur pétrolier et gazier et exempte les 73,4 % des émissions de gaz à effet de serre produites par les autres secteurs. Au mieux, c’est injustifiable sur le plan scientifique. Au pire, c’est une attaque directe contre l’Ouest canadien.

Comme la professeure de science politique Lydia Miljan l’a souligné dans un article paru dans le Globe and Mail après l’annonce :

Le pétrole et le gaz continueront d’être en demande. Nous vivons dans un pays vaste, froid et peu peuplé et nous comptons sur le gaz naturel et le mazout pour nous chauffer et sur l’essence et le diésel pour nous déplacer. Plafonner les émissions n’aura aucun effet sur la demande. Cela aura simplement pour effet de changer nos sources d’approvisionnement. Au lieu de nous approvisionner au Canada, nous allons nous tourner vers les pays qui sont prêts à nous vendre du pétrole et du gaz.

C’est une honte. Dans le même ordre d’idées, des analystes de l’Institut Fraser ont déclaré, dans une lettre d’opinion publiée dans le Calgary Herald :

[…] toutes les prévisions crédibles concernant la consommation d’énergie à l’échelle planétaire montrent que le pétrole et le gaz continueront de dominer l’offre énergétique mondiale pendant des décennies.

Ils poursuivent ainsi :

[…] restreindre la production et les exportations de pétrole et de gaz au Canada ne fera que déplacer la production vers d’autres régions, possiblement vers des pays où les normes concernant la protection de l’environnement et le respect des droits de la personne sont moins élevées qu’ici […]

Le sentiment d’aliénation de l’Ouest canadien a été exacerbé par la taxe sur le carbone, surtout par l’exemption accordée aux provinces de l’Atlantique alors que les demandes de répit en provenance de l’Ouest restaient sans réponse. L’exemption de taxe sur le carbone de Trudeau a accordé un congé de taxe de trois ans aux résidants du Canada atlantique qui se chauffent au mazout en forçant les ménages qui se chauffent autrement à payer. Pour Justin Trudeau, les gens qui protestent contre sa taxe sur le carbone sont des adeptes des théories du complot et des extrémistes. On voit à quel point il est ouvert à la discussion sur ses politiques.

Ajoutons à cela les exigences sur l’électricité propre qui ciblent l’Alberta, et le portrait est complet. Comme son père avant lui, Justin Trudeau punit l’Ouest canadien, et surtout l’Alberta, dans l’espoir que le reste du Canada l’en remerciera. La seule différence est que ce qui était présenté comme une politique énergétique en 1980 est aujourd’hui déguisé en politique environnementale. Là aussi, comme son père avant lui, Justin Trudeau dresse les régions du Canada les unes contre les autres pour des raisons bassement politiques. Comme son père, Justin Trudeau quittera son poste après s’être mis l’Ouest canadien à dos.

Il a décidé de dresser les régions les unes contre les autres pour faire des gains politiques. La division du Canada sera son legs.

Le mandat de Pierre Elliot Trudeau a entraîné la création et la montée de mouvements séparatistes, d’abord au Québec, puis dans l’Ouest canadien. L’histoire se répète : nouveau Trudeau, même résultat.

Dans un article paru dans le Globe and Mail intitulé « L’unité canadienne mise à mal sous le gouvernement Trudeau », John Ibbitson brosse un portrait éloquent d’un Canada uni avant que Justin Trudeau ne devienne premier ministre et explique bien les divisions provinciales et la recrudescence des mouvements séparatistes au Canada.

Je vais citer un extrait de cet article, car je crois que l’argument qu’il fait valoir est fondamental :

Quand les libéraux ont formé un gouvernement majoritaire en octobre 2015, ils avaient une occasion en or de faire oublier des décennies d’impopularité des libéraux dans l’Ouest. Les libéraux avaient remporté 17 sièges en Colombie-Britannique, 7 au Manitoba, 4 en Alberta et 1 en Saskatchewan. Ils étaient en bonne position pour élargir leur électorat avec des politiques qui mettaient l’accent sur la consultation au lieu de l’imposition, qui reconnaissaient l’importance de l’économie de l’Ouest axée sur l’exploitation des ressources, et qui respectaient les sociétés distinctes des Prairies et de la Colombie-Britannique.

Il poursuit ainsi :

M. Trudeau a hérité d’une fédération en paix. Au Québec, le Parti québécois n’était plus au pouvoir et était en déclin, alors qu’au fédéral, le Bloc québécois était décimé, n’ayant remporté que 10 sièges lors des élections de 2015. Les choses étaient plus calmes sur le front fédéral-provincial qu’elles ne l’avaient jamais été depuis les années 1950. Le moment était certainement venu de renforcer les liens à l’échelle du pays — entre les anglophones et les francophones, entre le Centre et l’Ouest.

M. Ibbitson poursuit en soulignant la récente résurgence du Bloc québécois, les tensions croissantes entre francophones et anglophones, ainsi que le sentiment d’aliénation encore plus fort en Alberta. Il note que les clivages s’accentuent et que, selon les sondages, les conservateurs l’emporteraient sur les libéraux si des élections avaient lieu aujourd’hui.

Il poursuit ainsi :

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné? En un mot : l’autoritarisme. Les libéraux ont imposé des conditions aux provinces avant de leur accorder des fonds pour la santé. Ils ont imposé une taxe sur le carbone aux provinces qui n’atteignaient pas les cibles fédérales de réduction des émissions de carbone. Le projet de loi C¬ 69 a imposé des conditions tellement intrusives à l’exploitation des ressources que la Cour suprême a jugé la loi inconstitutionnelle.

Les libéraux ont décidé que les priorités nationales justifiaient l’utilisation du pouvoir fédéral de dépenser pour dicter des conditions aux provinces. Ils étaient prêts à laisser souffrir le secteur pétrolier et gazier des Prairies afin d’atteindre leurs cibles de réduction des émissions de carbone. Résultat : un ressentiment croissant à l’égard d’Ottawa dans tout le pays.

Il conclut en disant : « Voilà à quoi ressemble le Canada d’aujourd’hui, sous la direction de Justin Trudeau. »

Lorsque Stephen Harper a déclenché les élections de 2015, le Bloc québécois n’avait plus que deux sièges. Il en a aujourd’hui 32. En raison des attaques de Justin Trudeau contre les droits des provinces, le Parti québécois, un parti séparatiste, est aujourd’hui en tête des sondages au Québec et pousse pour la tenue d’un nouveau référendum sur l’indépendance avant la fin de la décennie.

Au lieu de se concentrer sur ce qu’un premier ministre devrait faire — c’est-à-dire les dossiers qui relèvent de la compétence fédérale, comme la justice pénale, la défense nationale, les affaires étrangères et la politique monétaire et économique nationale — Justin Trudeau s’immisce continuellement dans les compétences provinciales. Presque toutes les annonces budgétaires faites par les libéraux ces dernières semaines concernaient un nouveau programme relevant d’une compétence provinciale. N’est-ce pas ironique? Justin Trudeau veut gérer les garderies, prendre en charge les programmes d’alimentation dans les écoles, arbitrer les relations entre locataires et propriétaires et gérer les systèmes de santé des provinces.

Après tout, lui et ses collègues libéraux en savent plus que tous les premiers ministres provinciaux, peu importe leurs couleurs. Oubliez la sagesse et l’expérience des régions. Pour lui, les provinces ne sont que les gestionnaires régionaux de ses politiques. Ce qui est ironique dans son besoin de gérer tous les programmes du pays, c’est qu’il n’est même pas capable de gérer ceux qui relèvent de sa propre compétence. Quand on voit ce qui se passe dans les bureaux des passeports, comment la politique d’immigration du Canada est gérée et comment les forces armées manquent de matériel, on ne peut s’empêcher de retenir son souffle en attendant de voir ce qui va se passer avec tous les nouveaux programmes que l’équipe Trudeau est en train de mettre en place.

Les attaques de M. Trudeau contre les compétences provinciales ont comme objectif de faire oublier ses échecs dans les dossiers de compétence fédérale. Évidemment, en agissant ainsi, il s’est mis à dos les premiers ministres provinciaux de tout le pays. Même les chefs des partis d’opposition provinciaux néo-démocrates et libéraux prennent leurs distances des libéraux fédéraux.

Les libéraux de la Colombie Britannique ont dû changer de nom pour s’assurer que personne ne pense qu’ils soutiennent les politiques de Justin Trudeau.

Se battre avec les provinces était l’un des passe-temps favoris de Pierre Elliott Trudeau. Cela a peut-être été profitable à court terme pour le Parti libéral dans les années 1970, mais cela a failli détruire notre pays. Justin Trudeau utilise la même recette que son père a utilisée à l’époque : se battre avec les provinces. Même le seul premier ministre libéral provincial qui reste, Andrew Furey de Terre-Neuve-et-Labrador, est la cible de Trudeau.

Espérons que les électeurs canadiens mettront bientôt fin au régime libéral afin que Pierre Poilievre puisse recommencer à travailler en collaboration avec les provinces, et non contre elles. Nous reviendrons bientôt à une période de respect mutuel, de dialogue et de collaboration entre les provinces et le gouvernement fédéral, comme cela a toujours été le cas lorsque les libéraux ne sont pas au pouvoir. En attendant, nous savons que ces divisions entre les ordres de gouvernement au Canada et la résurgence du mouvement séparatiste au Québec feront partie de l’héritage de Justin Trudeau.

Chers collègues, aborder des questions controversées est un aspect inévitable du leadership. Il est pratiquement impossible d’obtenir le soutien unanime des citoyens pour les politiques proposées. Pourtant, au Canada, il existait autrefois une croyance commune dans les objectifs ultimes et les valeurs fondamentales. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Sous la direction de Justin Trudeau, les Canadiens sont moins enclins à participer à des débats réfléchis et plus susceptibles de prendre leurs distances par rapport aux personnes avec qui ils sont en désaccord. Après tout, le premier ministre lui-même choisit constamment les gagnants et les perdants, ce qui relève de la vertu et ce qui est moralement inacceptable, pour ensuite faire des remarques désobligeantes à l’endroit de la moitié qui ne partage pas son opinion. En plus d’alimenter la discorde sur les questions pressantes du moment, il a ravivé les divisions sur des sujets que beaucoup d’entre nous pensaient réglés depuis longtemps — par exemple, les divisions fondées sur la religion.

Bon nombre d’entre nous considéraient que le Canada était un pays dont les citoyens pouvaient pratiquer en toute liberté la religion de leur choix, en raison d’un droit garanti par la Charte et d’un principe culturel qui nous est cher. Même si ce droit existe toujours, l’adhésion inébranlable de Justin Trudeau à son idéologie a fait en sorte qu’une plus grande valeur est accordée à certaines religions qu’à d’autres.

Depuis le printemps 2021, True North a dénombré 47 églises ou bâtiments d’église qui ont été brûlés ou détruits par un incendie criminel et 53 autres qui ont été la cible d’actes de vandalisme. Le premier ministre n’a pas dit un mot sur cette situation. Une attaque contre un lieu de culte, quel qu’il soit, est un acte répugnant. Le gouvernement canadien ne peut pas dénoncer vivement les attaques contre certaines religions et rester silencieux lorsque d’autres sont ciblées. C’est néanmoins ce qui se passe au Canada sous la gouverne de Justin Trudeau.

Par exemple, il s’est engagé à retirer le statut d’organisme de bienfaisance aux centres d’aide à la grossesse, qui sont souvent affiliés à la foi chrétienne, parce qu’ils ont une opinion différente de la sienne sur le sujet de l’avortement — ce sont d’autres points de vue intolérables. Il n’a pas encore donné suite à sa promesse, mais la menace plane toujours sur ces organismes. Comme l’ont déclaré certains défenseurs des centres de grossesse, le retrait de leur statut d’organisme de bienfaisance créerait un dangereux précédent qui toucherait bien plus que les seuls centres de crise. Par exemple, cela aurait des répercussions sur les églises, les camps et les bonnes œuvres. Les arguments des libéraux visent tout particulièrement les centres d’aide à la grossesse.

Certains se sont interrogés sur les termes employés et sur ce qui pourrait être considéré comme une organisation antiavortement. Par exemple, un lieu de culte qui s’oppose à l’avortement pourrait-il être visé? Comme l’a déclaré David Cooke de la Coalition nationale pour la vie :

Chaque fois que le statut d’organisme de bienfaisance est révoqué, les dons diminuent [...] S’ils ne détiennent pas un statut d’exonération fiscale, ils devront commencer à payer l’impôt foncier, ce qui les anéantira et les fera tout simplement disparaître.

Pregnancy Care Canada a aidé des centaines de milliers de femmes en leur fournissant des articles comme des couches, de la préparation pour nourrisson et des vêtements, de l’éducation prénatale, des programmes d’éducation parentale, et même du soutien et des soins après l’avortement. À tous égards, il s’agit d’un organisme de bienfaisance.

Lorsque le National Post a demandé au cabinet de la ministre Freeland si des églises risquaient de perdre leur statut d’exonération fiscale et sur quels critères se fonderait l’Agence du revenu du Canada pour déterminer si une organisation fournit des conseils malhonnêtes, le cabinet n’a pas donné de réponse. Il s’est contenté de réitérer la promesse faite dans le programme libéral.

Rappelons que ce n’est pas la première fois que les libéraux ciblent les groupes pro-vie. En 2017, le gouvernement a exigé que les groupes participant au programme Emplois d’été Canada pour les étudiants déclarent qu’ils n’étaient pas pro-vie, ce qui a empêché des organisations religieuses du pays de recevoir la subvention. Quelques années plus tôt, il a déclaré que tous les candidats libéraux devaient donner leur point de vue sur l’avortement pour se présenter. Quelle pensée progressiste!

Sur une question qui divise les Canadiens, au lieu d’adopter la position des premiers ministres précédents, qui ont déclaré à plusieurs reprises qu’ils ne rouvriraient pas le débat sur l’avortement, Justin Trudeau s’est carrément inséré au milieu du débat, choisissant une fois de plus les gagnants et les perdants, le bon et le mauvais côté, les Canadiens tolérables et les Canadiens intolérables. Dans un débat déjà passionné et émotif, M. Trudeau n’a rien fait pour apaiser les tensions. Au contraire, il a attisé davantage la discorde.

Permettez-moi de citer un article paru le 17 mai dans le Toronto Sun sous le titre « Trudeau is stoking the fires of division », c’est‑à‑dire « Trudeau attise les feux de la division » :

Un autre jour, une autre attaque du premier ministre Justin Trudeau contre un premier ministre conservateur.

Il a attaqué Scott Moe, le premier ministre de la Saskatchewan, au sujet de la taxe sur le carbone. Il attaque Danielle Smith, la première ministre de l’Alberta, sur presque tout.

Cette semaine, Trudeau a ciblé Blaine Higgs, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, le qualifiant de « honte » en matière de droits des femmes et le critiquant sur ses politiques en matière d’identité de genre [...]

Parce qu’il importe la politique américaine, Trudeau alimente le feu de la dissidence [...]

En ce qui concerne la guerre entre Israël et le Hamas, Trudeau a fait de nombreuses déclarations confuses et incompréhensibles dans une tentative de prendre une position publique neutre. Pourtant, il envoie certains députés livrer un message dans des mosquées, tandis qu’il somme d’autres députés à livrer un tout autre message dans des synagogues. Voilà que les libéraux appuient une motion dont le libellé crée une fausse équivalence entre l’État d’Israël et l’organisation terroriste du Hamas. Ce faisant, le gouvernement Trudeau s’est aliéné des membres de son propre caucus, comme le député juif Anthony Housefather, qui a déclaré que la motion dépasse les bornes.

Les positions embarrassantes et incohérentes de Trudeau en matière de politique étrangère et les divisions au sein de son propre caucus ont même attiré l’attention des médias internationaux. Le magazine The Economista publié, en avril, un article qui parle du fait que Justin Trudeau est aux prises avec un parti divisé et un électorat en colère, notant qu’il a dû étouffer plusieurs échanges houleux entre les députés libéraux au sujet du rôle du Canada dans la guerre à Gaza. L’article fait référence à la motion originale du NPD appelant à un cessez-le-feu et à la reconnaissance d’un État palestinien, et souligne que plus de la moitié du caucus de Trudeau a soutenu la motion avant qu’elle ne soit édulcorée. L’article indique que « si la motion originale avait été mise aux voix, le résultat du vote aurait mis en évidence une division au sein des députés libéraux. » Il ajoute que la version amendée « […] a évité une démonstration embarrassante d’incohérence en matière de politique étrangère », mais signale que trois députés libéraux ont rompu les rangs et voté contre la motion, tandis que de nombreux autres ne se sont pas présentés au vote.

Dans ce dossier, M. Trudeau prononce ses platitudes habituelles, demandant aux Canadiens de cesser d’exacerber les divisions et de se rappeler qui nous sommes, mais sa position sur la neutralité et le relativisme moral a contribué à fracturer le Canada. L’absence de leadership du premier ministre et du gouvernement qu’il dirige a des conséquences : il y a quelques jours à peine, ici même, sur la rue Wellington, une horde acclamait le Hamas et célébrait le massacre du 7 octobre.

Le manque de rigueur morale de Trudeau est tout simplement renversant, et il a favorisé la vague d’antisémitisme et de haine envers les juifs que nous observons partout au Canada.

Il est évident que ces mouvements anti-Israël sont coordonnés et financés par des acteurs étrangers. Au lieu de protéger le Canada contre cette nouvelle ingérence étrangère dans le débat public, le gouvernement Trudeau se fait invisible.

Ce manque de leadership et de rigueur morale de Justin Trudeau, combiné aux efforts des libéraux pour séduire l’électorat de certaines communautés, provoque de plus en plus de division parmi par les Canadiens.

Il y a maintenant au Canada des tensions jamais vues entre les communautés musulmanes et juives. C’est la même chose du côté de la communauté chinoise ou des communautés sikhes et hindoues.

Le Canada a été bâti sur le respect entre les communautés. Un vrai leader parlerait sans équivoque : tous les Canadiens seront traités de façon équitable, et les Canadiens doivent se respecter les uns les autres. Or, Justin Trudeau alimente la division à des fins électoralistes et il léguera un Canada plus divisé qu’à son arrivée. Ce sera son legs.

Enfin, selon un rapport récent de la GRC, la crise du logement, en ce qui concerne l’abordabilité en particulier, risque de diviser encore plus les Canadiens jusqu’à provoquer une révolte. En effet, grâce à une demande d’accès à l’information faite par Matt Malone, professeur adjoint de droit à l’Université Thompson Rivers, en Colombie-Britannique, un rapport de la GRC largement caviardé a été rendu public en mars.

Le rapport met en garde contre une montée plausible des troubles civils dans un proche avenir, une fois que les Canadiens prendront conscience du désespoir de leur situation économique. Le rapport se lit comme suit :

La prochaine période de récession aura également pour effet d’accélérer le déclin du niveau de vie dont les jeunes générations ont déjà été témoin par rapport aux générations précédentes.

Par exemple, un grand nombre de Canadiens de moins de 35 ans ont peu de chance d’être un jour en mesure d’acheter un endroit où vivre.

Ceci est vraiment triste. Il y a maintenant un fossé entre ceux qui possèdent une maison et ceux qui ne peuvent que rêver d’en avoir une. Les jeunes Canadiens, et plus particulièrement les jeunes familles, sont victimes du problème du logement abordable. Selon The Economist, les jeunes Canadiens occupent le 58e rang de l’échelle mondiale du bonheur, juste avant les jeunes en Équateur, un pays déchiré par la violence liée aux gangs.

Selon les statistiques disponibles, les données du rapport de la GRC sont exactes. Une récente analyse effectuée par la Banque Royale du Canada révèle que l’abordabilité du logement a atteint le pire niveau que le Canada ait jamais connu. Par exemple, à l’heure actuelle, seulement les 26 % des familles canadiennes les plus riches pourront un jour se permettre d’acheter une maison unifamiliale. Lorsque Trudeau est arrivé au pouvoir, un ménage qui gagnait le revenu médian pouvait couvrir les coûts associés au fait d’être propriétaire d’une maison moyenne en dépensant 39 % de son revenu. Ce pourcentage est désormais de 64 %. Il est passé de 39 % en 2015 à 64 % aujourd’hui. Les taux d’intérêt exorbitants et la crise du logement, qui sont tous deux l’œuvre de Trudeau, empêchent les familles canadiennes de posséder une maison.

Comme l’indique le rapport de la GRC, les prévisions économiques pour les cinq prochaines années et au-delà sont sombres.

Nous avons vu des économies mal gérées dans le passé, mais je n’aurais jamais cru voir un jour un gouvernement canadien détruire la sécurité financière de ses citoyens à un point tel que la GRC devrait commencer à planifier en prévision de désordres civils. Chers collègues, voilà le Justin Trudeau et le Parti libéral d’aujourd’hui.

Face à ce mécontentement grandissant, les libéraux ont décidé d’ouvrir deux autres fronts : s’attaquer aux soi-disant riches et tenter de monter les jeunes Canadiens contre leurs parents. C’est toujours la même histoire avec les libéraux de Trudeau : au lieu de travailler à corriger les problèmes, ils trouvent le moyen de rejeter le blâme sur quelqu’un d’autre.

Les socialistes embourgeoisés qui appuient le premier ministre Trudeau ont décidé de se livrer à une guerre des classes. Ils s’attaquent non seulement aux grandes entreprises américaines, mais aussi à Bell et à Rogers. Les libéraux fuient leurs responsabilités en disant que ce sont les chaînes d’épiceries qui sont responsables de l’inflation. Depuis quand? Ces chaînes, qui existent depuis longtemps, seraient maintenant responsables de l’inflation. Maintenant, ils veulent obliger ce qu’ils appellent les ultrariches à payer pour les déficits du premier ministre Trudeau.

Ces gens qui donnent des milliards de dollars à des fabricants de voitures se plaignent que le capitalisme est mauvais. Ces gens qui se plaignent parce que Loblaws fait trop d’argent a quand même donné des millions de dollars à cette entreprise pour qu’elle remplace ses réfrigérateurs. Ces personnes qui se plaignent parce qu’il n’y a pas assez de logements locatifs sur le marché ont décidé de hausser les impôts des gens qui achètent, rénovent et gèrent les petits immeubles d’habitation. Ces gens qui disent qu’ils font tout cela pour les générations futures imposent à celles-ci une dette de plusieurs centaines de milliards de dollars.

Par ailleurs, avec son dernier budget, le gouvernement Trudeau envoie un message on ne peut plus clair : si les jeunes Canadiens n’arrivent pas à trouver un logement, estiment qu’ils sont sous‑employés ou perdent espoir en l’avenir, ce n’est pas à cause des libéraux qui sont au pouvoir depuis des années, mais plutôt à cause des baby-boomers.

Justin Trudeau a décidé de monter les Canadiens les uns contre les autres, selon leur âge et leur revenu, pour son propre intérêt politique. Voilà ce que sera l’héritage de Justin Trudeau.

Chers collègues, définir l’identité canadienne a toujours été une entreprise difficile, mais nous savons qu’elle inclut les idéaux d’optimisme, de tolérance et d’unité. Le leadership de M. Trudeau a indéniablement favorisé la division au sein du Canada, nous laissant dans un état d’unité affaiblie, de colère accrue et, pour beaucoup, d’un sentiment de désespoir, un état contraire à un esprit canadien cohésif.

Si la gestion de questions controversées est un aspect inhérent à la gouvernance, il est inacceptable qu’un dirigeant cultive activement la discorde, sème la division parmi les citoyens ou dénigre les voix dissidentes. Il a créé plusieurs classes de Canadiens, nous divise en fonction de la race, de la sexualité, du statut vaccinal, de la région et de l’âge. Il a déclaré intolérables certains segments de la population. C’est un excellent exemple de la stratégie « diviser pour régner » destinée à détourner l’attention de ses propres échecs en tant que premier ministre du pays. Un Canada plus divisé, tel est l’héritage de Justin Trudeau. Un changement de gouvernement, chers collègues, n’a jamais été aussi crucial.

L’essence de l’esprit canadien demeure, même si elle est fragile. Les souvenirs d’une époque de solidarité et de prospérité persistent. Il reste l’espoir d’un avenir où l’unité sera rétablie, où les gouvernements fédéral et provinciaux collaboreront, où les sentiments séparatistes disparaîtront, où les tensions raciales seront chose du passé, où l’immigration sera considérée comme un enrichissement pour notre société, où les conflits internationaux n’entraîneront pas de débordements dans nos rues et où les politiciens ne prononceront pas des discours populistes de bas étage pour diviser et régner.

Chers collègues, il est manifeste que pour rétablir l’unité nationale, il faut un gouvernement conservateur plein de bon sens dirigé par Pierre Poilievre. Nous aurons à relever d’immenses défis pour remettre le pays sur pied. Cependant, chers collègues, c’est ensemble que nous parviendrons à rebâtir le Canada après neuf longues années d’obscurité.

J’ai conçu ce discours comme une série sur Netflix. Vous venez d’entendre l’épisode 2 de la saison 1. J’ai encore pas mal de choses à dire sur ce sujet, car le premier ministre ne cesse de me donner du matériel. J’aborderai l’épisode 3 dans un avenir très proche.

Sur ce, chers collègues, j’aimerais ajourner le débat pour le temps de parole qu’il me reste. Merci, chers collègues.

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