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DÉCLARATIONS DE SÉNATEURS — Les cérémonies de citoyenneté
20 avril 2023
Honorables sénateurs, l’une des grandes réussites du Canada réside dans sa capacité à créer une vision commune dans un pays aussi vaste, où les liens entre le Nord et le Sud sont souvent plus étroits que ceux qui unissent l’Est et l’Ouest. Si la notion de terre de liberté est associée avec les États-Unis, c’est également le cas du Canada, grâce à la bravoure de ses soldats pendant les deux guerres mondiales, la guerre de Corée, et la guerre en Afghanistan. Nous célébrons le jour du Souvenir pour rendre hommage à ceux dont le sacrifice a permis de préserver les libertés dont nous jouissons et qui font l’envie de millions de personnes.
Pour les néo-Canadiens, prêter serment en public lors des cérémonies de citoyenneté constitue un engagement à servir leur nouvelle patrie. Bien que ce soit souvent un choix difficile à faire, ils se montrent prêts à accepter le changement, la froidure de l’hiver, l’apprentissage de nouvelles langues et de pratiques étranges dont bon nombre ont lieu sur la glace. On n’a qu’à penser au curling.
Après 76 ans d’existence, paradoxalement à partir du 1er juillet, il n’y aura plus de serment en public ni de cérémonies de citoyenneté. Les néo-Canadiens n’auront plus qu’à aller sur Internet pour cocher une case. C’est scandaleux. Après avoir attendu des années et travaillé sans relâche pour obtenir cette chance, ils se voient privés de la possibilité d’affirmer fièrement et publiquement leur nouvelle citoyenneté aux côtés d’autres néo-Canadiens qui ont choisi le même parcours. C’est peut-être la raison pour laquelle ce sont eux qui sont les plus contrariés par ceux qui passent illégalement devant les autres.
Le serment est une étape importante vers l’appartenance. Demander qu’on coche une case insignifiante en ligne mine le concept même de la citoyenneté; un pays se doit d’être honnête et clair quant à son identité.
Nous nous croyons encore les gardiens de la paix de la planète, mais nous n’avons pas l’équipement requis. Nous sommes généreux quand il s’agit de l’argent des autres. Nous ne versons pas notre dû à l’OTAN. Nous obéissons aux règles, jusqu’à rester arrêtés à un feu rouge à 2 heures du matin même s’il n’y a personne d’autre dans les rues. Nous excuser est pour nous pratiquement un réflexe, mais cela a souvent du bon quand on réfléchit au passé et qu’on s’efforce de changer les choses pour un avenir meilleur. Or, déboulonner les statues, bannir l’histoire et mettre un terme aux cérémonies de citoyenneté n’est utile à personne, pas même aux néo-Canadiens. Nous avons le devoir de leur dire la vérité. Nous sommes tous le produit du passé, pour le meilleur et pour le pire. Il faut que cesse le dénigrement constant du dur labeur des milliers de personnes qui ont bâti des huttes de terre, trouvé de quoi vivre et survécu à la cruauté de l’hiver, donné naissance à des enfants, élevé des familles et cultivé la terre — des gens de toutes les origines et de toutes les croyances qui se sont bâti une vie, qui ont édifié les collectivités du pays et contribué à l’identité de ce dernier.
Tirons-nous des leçons de notre passé? Bien sûr, et les nouveaux arrivants le font aussi. D’ailleurs, c’est souvent pour cela qu’ils sont venus ici, pour fuir la tyrannie, pour obtenir la liberté de parole et de pensée, et pour enfin connaître le sentiment de sécurité et d’abondance. Au bout du compte, c’est une question d’engagement les uns envers les autres en tant qu’habitants d’un espace commun, peu importe que ce soit une ferme, un village de pêcheurs, un appartement en ville ou une collectivité des Premières Nations.
Alors, conservons le serment et la cérémonie de citoyenneté. Nous devrions peut-être tous penser à renouveler notre engagement envers notre citoyenneté. Engageons-nous envers le Canada, car notre pays est la preuve que le changement est possible.